Fancy meeting you here || Faith

"Fancy meeting you here"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     J’étais assise, le regard rivé vers la fenêtre alors que j’écoutais tout en même temps l’enregistrement de l’instrumentation qu’avait composé mon très récent groupe que m’avait aidé à former le patron du Black Room. Il avait posté des annonces sur le net pour des postes particuliers comme bassiste, guitariste, etc. Les passionnés n’ont pas mis longtemps à se manifester et seul ceux qui semblaient les plus prometteurs, plus talentueux, ainsi que les plus bosseurs ont été retenus. Sur deux mois, on a déjà deux représentations pour le Black Room. Mais par rapport à mon ancien job où je réinterprétais des musiques existante, au Black Room, c’est mes musiciens qui composent leur l’instrumentation et c’est moi-même qui écrit mes chansons, c’était donc un travail qui nous demandait plus de temps. Cela dit, j’étais assez bien payée comme me l’avait promis Zatanna pour ne pas charbonner jusqu’à en perdre l’âme.
     L’instrumentation était sublime, cela dit, je ne trouvais pour l’instant pas l’inspiration. Tout mon être été présentement absorbé par la proposition d’un manager. C’était une chance inespérée de propulser mon jeune groupe à un degré que je n’aurais jamais cru atteindre un jour et démarrer une véritable carrière dans la chanson. Cependant, l’idée de faire partie d’un Label, était en réalité ce qui me faisait peur dans l’histoire. Si c’était un bon moyen d’augmenter une fanbase plus conséquente, c’était aussi un bon moyen d’anéantir une réputation en cas de pépin. Dans un label, tu peux trouver tes meilleurs alliés, comme tes plus dangereux ennemis et rivaux. J’hésitais donc entre continuer ma douce progression au Black Room dont les erreurs impacteront m’a réputation plus que celle du Black Room ou bien forcer le destin et faire une 2pac… C’est-à-dire, me propulser dans la célébrité à l’aide de mon talent et de la réputation du Label, mais risquer de bousiller ma vie et celle de mes camarades si ça tourne mal.

      Oui, la deuxième méthode attirerait forcément la jalousie et le mauvais œil sur moi. Je ne suis pas superstitieuse à l’origine, mais après ce que j’ai découverte avec la magicienne, je pouvais désormais en avoir un peu peur. Je soupirais. « Prenez une pause les gars, il faut que je sorte un moment. » Après ces mots, je me levais de mon siège avant de me diriger vers la sortie, quittant le studio tout enfilant ma veste en cuir. Je ressentais le fort besoin de décompresser, de songer à autre chose. Je me sentais pas bien à trop hésiter, à centrer toute mon attention sur le choix qui se dressait sur mon chemin. Quelques parts, ce que je voulais, c’était juste être en mesure de payer mon loyer sans que le monde m’emmerde. Mais voilà que j’avais réellement envie de chanter, tout simplement parce que j’adorais ça. Je ne me voyais d’ailleurs pas arrêter du jour au lendemain la chanson maintenant que j'y avais mis les pieds. Cependant, je culpabilisais à l’idée de devoir quitter le Black Room quelques mois à peine y avoir commencé à bosser.
     Mais je me disais aussi que le Black Room n’était pas fait pour qu’un groupe vient y chanter tous les mois. Il me fallait quelques choses de plus stable et c’était cette stabilité que proposait le Label malgré les risques qui s’accompagne d’un tel contrat. Mains dans les poches, je déambulais sans me soucier de quoique ce soit autour de moi, bien trop préoccuper par le fait de ne songer à rien justement. Pourtant, une mélodie attire mon attention, je l’avais très vite reconnu pour l’avoir chanté dans mon ancien job à la demande du patron qui en avait eu cette envie d’entendre mon interprétation. Cela avait été une bonne expérience et j’avais continué à la chanter, car les paroles de la chanson était plutôt cool. Je m’approchais alors pour écouter celui ou celle qui en jouait une interprétation. C’était une gamine à première vue du moins, peut-être était-elle plus âgée que ce que mon esprit me suggérait. Je ne me fiais plus à mon apparence... J'avais moi-même l'apparence d'une gamine, j'ai lutté pour ne pas qu'on me mette en dessous de 21 ans sur mon identité, harcelant l'état pour qu'il me foute plus à chaque fois. 27 ans, sur les papiers, c'était ce que j'avais réussi à obtenir au grand maximum et seulement parce qu'en avait marre de voir ma gueule à l'accueil. Bien qu'en apparence je fais moins et que mon âge réel soit monstrueusement plus élevé. J'avais surtout peur qui me foute dans une famille d'accueille, que je ne sois pas en mesure de décider moi-même ce que je veux faire de ma vie si j'étais officiellement trop jeune pour. Bref.

      Lorsque son regard se posa sur moi et qu’elle me salua, je lui rendis aimablement son salut. Et puis après un petit laps de temps je m’approchais et lorsque la composition sembla comme reprendre du début dans un coup de guitare dont elle avait peut-être le secret, amusée je participais pour vouloir passer aussi le temps.


      Dos collé contre le mur quelconque, le regard porté vers le ciel. Suivant les notes particulières, je chantais alors aux rythmes qu’elle proposait. Pourquoi pas, c’était un bon moyen d’oublier ce conflit intérieur.
 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Mes rêves, essences de mon trauma passé, sujet dont il était tabou d'en parler, ne serait-ce que d'en faire mention. Je vivais de drogues et de dépressions pour ne pas avoir su accepter une réalité qui me semblait bien trop torturée, bien trop cruelle par la présence de son existence terrible et infecte. Je ne pouvais pas délibérément dormir et sombrer entre les bras morbides et cadavériques de Morphée, car les images issues de sa sainte perversion onirique étaient pour moi des cris d'agonie provenant des enfers. J’étais celle qui ne pouvait guère y faire face, celle qui ne pouvait trouver cette bravoure qu’en noyant son esprit dans l’alcool. Je priais Dieu dans l’espoir qu’il arrache mon âme à ses ténèbres horribles, mais jamais il ne m’a répondu. Allez savoir pourquoi j’ai cru bon de me tourner vers lui, malgré ma perte de mémoire. Peut-être suis-je une idiote, une lâche et perdante n’ayant rien d’autre que la fuite pour réponse.
      Et puis un jour, elle a débarqué dans ma vie, cette anomalie qui m’a forcé à ouvrir les yeux sur un monde que je fuyais inconsciemment. J’y ai découvert le fait que je n’étais peut-être humaine qu’en apparence, qu'en réalité je n’étais rien d’autre qu’une entité, la même qui m’angoissait la nuit venue. Oui. J’ai découvert que j’étais le propre monstre que je fuyais et que mes blessures n’étaient rien de plus que le fruit de mon propre pouvoir. Je sais maintenant que si Dieu ne me répond guère, ce n’est que parce que je suis son ennemie naturelle, l’impie, le démon. Désormais… Je n’ai plus peur de faire face à mes rêves à cause de ce sentiment d’abondant qui m’habite le cœur et qui fait naître cette lassitude me rendant indifférente à la mort. Ce n’est pas de la bravoure, juste de la lâcheté, car je me fous de ce qui peut m’arriver et quelque part, car je sais… Oui, je sais qu’il ne me laissera pas mourir. Je le sais car j’ai vécu longtemps pour cette raison.

       Je fixais la blonde alors qu’elle engagea la conversation avec moi, je restais silencieuse à l’écouter. Une réaction qui fut provoquée par l’étonnement, difficile à dire si elle ne me confondait pas tout simplement avec une autre. Mais je trouvais qu’elle était étrangement calme, comme si nous nous étions perdues de vue que trop récemment pour que le doute émerge dans son esprit. Je ne mis pas longtemps à réagir et me redresser, il fallait que je mette les choses au clair. Si je voulais découvrir la vérité ou ne serait-ce que récupérer mes souvenirs, il me semblait inutile de passer par quatre-chemins. « Écoute, j’ignore qui tu es, je suis amnésique depuis moins d’un an. » Je ne l’avais pas lâché du regard, ayant vraisemblablement du mal à cacher mon air choqué. Je me décalais légèrement pour être un peu plus en face d’elle et avoir une conversation dans une position plus agréable.
       Étrangement, la situation faisait naître un stress évident en moi et je sentais mon cœur battre légèrement plus vite. Ce n’était pas dû à une peur, mais au besoin de connaître la vérité. C’était aussi la première fois que je rencontrais une personne ordinaire qui semblait me connaître, l’occasion était donc bien trop belle et trop importante pour que je ferme les yeux dessus. « Tu t'appelles comment ? Sais-tu comment je m’appelle ? Tu m’as rencontrer où ? Est-ce que c’était peut-être récemment dans un bar, j’étais peut-être ivre ? » Je me stoppais, remarquant l’adrénaline qui me montait à la tête, je me pris alors une inspiration et rajoutais. « Je suis désolée, tu es la première personne qui semble me connaître de manière personnelle depuis mon amnésie. Je suis un peu choquée . »

 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Il y avait eu un silence qui s’était installé après ma première phrase, ma révélation sur le fait qu’à cause de mon amnésie, j’étais incapable de me souvenir d’elle. Son visage ne me disait rien honnêtement, pas même une sorte de sentiment lointain pouvant potentiellement confirmé ses dires. Mais paradoxalement, ce trou noir pouvait logiquement venir de l’amnésie de manière plus cohérente qu'un trou de mémoire superficiel issue de l’ivresse. Et c'est pourquoi j’étais d’autant plus excitée à l’idée de la connaître soudainement, car si je l’avais rencontré avant ma perte de mémoire, elle pourrait m’aider à retrouver une partie de mes souvenirs. Du moins, en faisant attention de ne pas trop en dire trop sur la partie surnaturelle. Je pouvais sentir mon cœur battre dans ma poitrine avec cette excitation que je n’arrivais guère à modérer. Tout dans ma tête se mélangeait, entre ce que je voulais savoir, ce que je devais savoir, ce que j’avais besoin de savoir. Et je ne savais pas par où commencer, c’était la confusion totale dans ma tête.
     Et puis avec une espèce de nonchalance magistrale qui me rappelait étrangement ma propre attitude à certains moments, me faisant comprendre que le karma est une bitch, c’est ainsi que la petite blonde me répondit que ma situation était à chier. Et très soudainement, je ressentis rien d’autre qu’un besoin urgent de contenir un rire qui s’étouffa en un simple pouf d’air. Et je ne pus m’empêcher de songer qu’elle devait être sacrément en marge de la société niveau communication, c’était assez drôle pour le coup de découvrir ça malgré le contexte de notre conversation. Quoiqu’il en soit, mes pensées s’étaient de nouveau éclaircies grâce sa réponse inattendue. Ainsi, j’ai pu lui poser les questions les plus essentielles et courtes pour confirmer des points révélés dans mon rêve, ce voyage onirique que j’ai partagé avec Zatanna, bien que je n’avais pas su calmer mon excitation, posant mes questions sans doute trop vite et avec trop d’enthousiasme.

        Quand j’eus terminé, elle me demanda de ne pas m’excuser, que ma réaction était sans doute normal au vu du contexte, même si selon elle, de son point de vue, j’interprétais avec quiétude le fait qu’une étrangère prétend me connaître. Mais en réalité, pas le moins du monde, je veux dire, elle n’était de toute façon pas au courant que j’étais amnésique au début, donc pas disposer à m’arnaquer… C’était en tout cas mon avis, sur lequel je n’avais pas tellement envie de me pencher plus longtemps. C’est pourquoi, je me contentais de lui répondre d’un simple sourire en hochant les épaules, ce qui doit arriver, arrivera et le moment venu, je tenterai d’agir en conséquence. Je n’étais pas douée pour stresser dans ce genre de situation, après tout avec les horreurs que j’ai vu à cause de mon pouvoir, j’ai fini par être celle qui traînait dans les bars pour se tuer à l’alcool en se foutant éperdument de se faire attraper tard la nuit dans un coin de rue pour être engrossé par un foutu violeur, je devais boire cet alcool. Et encore aujourd’hui, je suis toujours assez folle pour ne pas m’en soucier.
      Je m’étais assise à côté d’elle après qu’elle m’y ait invité, m’étirant avec cette nonchalance dont j’ai le secret maintenant que j’étais assise à nouveau. Mine de rien, j’étais restée debout pas mal de temps depuis que j’avais quitté le studio. Du coup, elle se présenta comme étant Tefé, ce qui n’était pas commun comme appellation, même moi, je pouvais le ressentir malgré ma perte de mémoire. Et finalement, elle lâcha du lourd dès le début dans ses révélations. Elle sait que je m’appelle Finola, si je me souviens bien, dans mon rêve, c’était ainsi que mon père m’avait nommé avant le rituel, avant que je devienne Ahmanet. Est-ce qu’il y a une raison pour laquelle j’ai choisi de continuer à m’appeler Finola, y a-t-il une histoire derrière ce nom ? L’autre grosse bombe qu’elle m’éclata au nez, est le fait qu’elle m’ait rencontré enfant, il y a une quinzaine d’année et que selon elle, j’étais physiquement pareil. Et là mon cœur se m’y à battre un peu plus vite dans ma poitrine, l’excitation devenant angoisse. Je ne vieillis vraiment pas… Ce rêve n’était donc pas issue d’une fantaisie de mon cerveau traduisant à sa manière les couleurs de mes émotions, de mes désirs et besoins inconscients. Oui. C’était sans doute de purs souvenirs.

        Et puis je réalisais soudainement, alors que Tefé me parlait de la Louisiane, qu’elle n’était pas tant que ça affolée de s’adresser à une personne qui n’a pas vieilli en quinze ans. D’ailleurs, même quand elle m’avait parlé la première fois, j’avais juste l’impression que c’était une connaissance récente. Comment peut-elle réagir si calmement ? « Pourquoi, ça ne t’étonne pas que je ne vieillis pas ? Les humains ont peur de ce genre de détail d’habitude. » Je ne m’étais même pas rendue compte que j’avais parlé des humains comme s'ils étaient une espèce différente de la mienne. Après avoir inspiré un bon coup, je me relevais sentant mon estomac crier famine. « J’ai la dalle, viens on va se trouver un endroit où parler en mangeant, c’est moi qui paye. »

 

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Il y avait des mystères autour de mon existence perdue avec ma mémoire, mais plus j’écoutais la jeune blonde à côté de moi et plus je commençais à songer que mes relations et fréquentations passées avaient aussi leur grande part de mystère. Elle aussi avait parlé des humains comme s'il s’agissait d'une espèce autre que la sienne et bien évidemment, je le remarquais cette fois. Quoi qu’il en soit, il fallait nous trouver un endroit où manger et très personnellement, je n’étais pas bien difficile. J’ignore qui j’étais autrefois, mais aujourd’hui je suis Faith et Faith n’a pas des goûts de luxe même si elle fréquente une célébrité comme Zatanna ou qu’elle aspire à en devenir une en faisant carrière dans la musique. Ca ne change rien à ma personnalité honnêtement… Du coup, je la laissais me guider vers un coin où les chiens seraient autorisés, mais bon… J’aurais aussi pu prendre à emporter et manger dehors ou bien chez moi dans le pire de cas. Je ne suis pas bien difficile comme je l’ai dit.
      « Immortelle ? Je ne sais pas. » Je contemple son chien emmerdé les clodos du coin, songeuse, alors qu’elle mentionne la magie qui pourrait être en moi. Sérieusement, je me demandais qui était cette gosse. « Je ne sais pas si je suis mortelle ou non, je souffre et j’ai mal comme tout le monde, et je guéris aussi comme tout le monde si je suis blessée, je suis sensible au froid et à la chaleur et je peux tomber malade. Pourtant, je me suis réveillée sur une table d'autopsie, alors que les légistes étaient sur le point de m’ouvrir la poitrine. » Je me dirige vers le restaurant tout en rajoutant. « Je ne sais pas si je suis immortelle, mais un truc en moi m’empêche certainement de mourir. » Une fois dans le restaurant, je m’installais tranquillement en invitant la gamine à prendre ce qu’elle veut, à la quantité qu’elle le souhaite. J’espérais pour ma part qu’il fasse des burgers et des frittes, c’était le genre de connerie que j’avais uniquement envie de manger à l’heure actuellement.

         « Il paraît que je suis l’épouse d’un dieu que vénérait une secte Akkadienne, mais un démon que les sumériens craignaient pour leur part. » C’était une information que j’avais apprise en faisait un peu de recherche avec l’aide de Zatanna, bien que la secte ne soit qu’une info tirée de mon souvenir direct. Il n’y a aucune preuve que cette secte ait réellement existé, et je suis la première à vouloir crier que ce que j’ai vu en rêve n’était peut-être rien d’autre qu’un rêve. Mais selon Zatanna, je ferais de nouveau que renier la vérité comme je le faisais avant sa rencontre, alors elle recherche ce poignard qui a fait sans doute de moi l’épouse du démon, son existence confirmera au moins que mon rêve était bel et bien un souvenir. Mais il confirmera aussi autre chose me concernant, si le poignard possède un genre de pouvoir sur moi. Est-ce qu’un artefact peu vraiment me forcer à faire des choses contre ma volonté ou bien c’est juste Asakku qui tentait de me faire peur ?
      Pour le moment, c’était une question sans réponse tant qu’on n'avait pas cet objet entre nos mains. Mais le fait que quelqu’un puisse potentiellement confirmer que j’étais peut-être immortelle, pourrait alors effectivement être une confirmation concernant le fait que c’est bien moi cette Ahmanet et non pas juste des souvenirs que j’ai piqué à une autre personne. J’inspire et je commande mon plat tandis que je laisse le soin à cette gamine de choisir ce qu’elle veut. « Bon, et du coup, comment on s'est connue ? Je suis qui pour toi et tu es qui pour moi ? » Je m’installe bien sur ma chaise et rajoute. « Tu n’es pas humaine ? » J’étais intriguée par sa phrase précédente, je fais qu’elle parle des humains comme si elle ne l’était pas elle-même.

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

     Plus je regardais Tefé, plus je ressentais une sensation de bien-être et de sécurité. Rien avoir avec celle que je ressentais avec Zatanna où là, c'est une question de protection, non, ici la sensation était lié à un sentiment de nostalgie. En effet, le ressentir progressivement me confirmait peu à peu que j’étais bien en présence d'une personne à appartenant à mon passé. J’observais la gamine sans le vouloir avec bien trop d’insistance, mais je ne pouvais m’en empêcher. Comment dire, elle avait désormais capté mon cœur en devenant son centre d’intérêt dont la valeur est incalculable à l’heure actuelle. Et pour cause, elle est bien la seule ‘’chose’’ liée à mon passé dont l’existence vient d’être révélée après mon tatouage et la manifestation d’Asakku. Comment dire, je ne peux pas juste offrir un dîner à cette gosse et la laisser repartir sans plus de cérémonie. Mais je ne peux pas non plus la forcer à m’apporter des réponses ou à rester avec moi sous prétexte qu’elle est pour le moment le seul élément de mon passé, ce serait égoïste.
       Je la fixais commander, sans vraiment être gênée ou étonnée de sa commande, je n’accordais pas de valeur à l’argent et aux dépenses, avant ma rencontre avec Zatanna, je tentais de gagner assez pour payer mon loyer et assez de nourriture pour ne pas mourir de faim. Oui. Cependant, tout le reste partait dans l’alcool, une fortune dilapidée à travers divers bar douteux dont un où j’ai terminé chanteuse et où j’ai fait ma rencontre avec la magicienne. Pourquoi étais-je revenue dans ce coin pourri de Gotham, alors que j’ai maintenant assez d’argent pour me payer toutes ces conneries hors prix que s’évertue à consommer le commun des mortels. Oui, pourquoi revenir ici ? C’était comme si le destin avait cherché à forcer ma rencontre avec la gamine. Y a-t-il vraiment une force autre que celle d’Asakku qui souhaiterait me venir en aide ? Dieu ? Le diable ? Les autres divinités ? Les autres démons ? Quel intérêt ? Je n’ai plus d’âme, juste une grâce. Oui, mon tatouage me l’a révélé, mon âme est devenue une grâce, une essence immortelle, une énergie de pur magie, une présence divine ou démoniaque et la mienne semblait bloquée dans cette enveloppe de chair depuis une éternité. La grâce, la raison de mon pouvoir, quand ma grâce s’échappe de mon corps, elle donne vie à mes rêves.

         Mais à cause d’elle, aucun dieu ou démon autre qu’Asakku n’aura d’intérêt pour moi à ma mort. Alors je vois mal une autre entité diriger ma vie sans aucune raison. Et puis je souriais à la phrase de la jeune blonde, me demandant si elle n’était pas bougrement innocente cette petite. Elle venait de gagner dix points pour ‘’attitude méga mignonne’’. Je ne répondis rien, mais je gardais ce sourire apaisant sur mon visage. Je ne sais même plus quand est-ce que j’ai souris pour la dernière fois avec autant de sincérité et de plaisir. Je ne m’en souviens pas, peut-être n'est-ce jamais arrivé. Pourtant, je finis après un moment à perdre mon sourire en repensant aux récits révélés par mon tatouage. « Plus que machiste, les dieux sont cruels, et même elle, même Ahmanet… L’était aussi. » Peut-être était-ce une autre époque avec des mentalités différentes, mais ça n’excuse pas ce que j'ai pu faire autrefois d’après ces récits. Assurbanipal n’était pas le seul roi à qui j’ai prêté ma force égoïstement dans le simple but de tuer les croyants et détruire les cultes des autres divinités. D'après ce récit j'affrontais les dieux pour être adoré des hommes et tuait ce qui persistait à croire en leur divinité. Merde. Et il y avait d’autre roi, d’autre empire que j'ai servi au-delà de la Mésopotamie et de l’Egypte.
        Plus je lis mon tatouage et plus j’ai de moins en moins envie que ma mémoire revienne. Et quand je me dis que je vais cesser de lire ce qu’il y a écrit sur mon corps, la curiosité s'insère à travers mon cœur comme une lame chauffée à fer rouge. Tefé m’expliqua alors ma rencontre, tout d’abord avec son père. M’indiquant par la suite qu’elle devait être une gamine pénible qui me collait et je souriais de plus belle. Lorsqu’elle eut terminé la serveuse apportait tout d’abord le plat de Tefé, elle apporta le mien peu après que la blonde m’ait annoncé qu’à part sa mère, elle ne voyait pas beaucoup de personne. Ce qui était bizarre, pourquoi aurais-je été la seule personne à mettre rendue ou perdue dans les marais ? Pourquoi ce fut si rare pour Tefé de voir des humains ? Quant à ma question. Voir visuellement la réponse, me fit par réflexe porter un regard autour de nous afin de vérifier que personne ne voyait ça. Et puis je contemplai la faculté de Tefé, c’était magnifique ! « Tu es une Nymphe des bois ? » Ahmanet a rencontré des Nymphes par le passé, étrangement les esprits de la nature semblaient l’aimer au point d’obtenir d'elle non pas un, mais une multitude d’enfants. Je crois me souvenir d’ailleurs que c’était la seule partie comique de mon tatouage, Ahmanet fuyant les forêts pour ne pas se faire choper par les satyres en chaleur. Hormis cela, Ahmanet semblait fortement protéger les Nymphes, mais les récits ne disent pas pourquoi elle le faisait et ça m’a un moment intrigué.  

          Cela dit, Tefé ne semblait pas trop intéresser par l’idée de séduire les hommes pour leurs semences, j’ai du mal à la voir comme une Nymphe de mes récits. Aussi, les Nymphes peuvent-elles quitter les forêts ? Non, plus important, les Nymphes sont-elles toujours vivantes ? Je commence à mon tour à manger mon plat, d’abord les frittes que j’accompagne d’une bouchée de mon burger. « Les dieux ou les humains sont tous deux des créatures cruelles, alors être l’une ou l’autre au fond, il n’y a aucune différence pour moi. » Je prends une gorgée de ma boisson que je bois à la paille avant de rajouter. « Je ne sais pas comment divorcer avec un dieu, mais je suis certaine qu’il sait qu’il ne peut plus m’avoir dans son lit. » Dis-je en ricanant légèrement.

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

    Il y avait quelque chose de certain dans cette histoire, cette petite avait un appétit de loup. Je ne connaissais rien de sa condition de vie, mais j’imaginais qu'elle ne devait pas vraiment manger à sa faim. Elle n’était pas grosse, pourtant elle ne semblait non plus montrer des signes de malnutrition. C’était intriguant, mais je ne voulais pas trop fouiller dans sa vie, surtout que pour l'heure cela ne semblait pas vraiment vital pour elle de recevoir l'aide d'une inconnue comme moi. D’ailleurs, c'est moi qui l'ai invité, elle semblait bien partie pour payer sa croûte toute seule. Ouais. Je n’avais pas besoin de m’immiscer dans sa vie si elle en avait pour le moment guère besoin. Et puis n’était-ce finalement pas moi dont la vie était sensiblement en danger. Que ferais-je sans les protections de Zatanna quand vient le moment de dormir ? Ouais. Je devrais déjà m’occuper de moi-même et ne pas faire chier le monde avec ma charité à deux balles pour le moment.
   Concernant ma question, elle ne ressemblait pas aux nymphes décrites par mon tatouage, sans prétendre qu’elles sont perverses, elles ont tendance à vouloir procréer afin de nourrir et enrichir les forêts, certaines semblent même extrêmement dangereuses pour les hommes… Elles les séduisent pour les attraper et les consommer jusqu’à la mort, leur énergie vitale renforçant la forêt. Ce n’étaient pas toutes les nymphes qui semblaient aussi dangereuses, toutefois qu’importe la catégorie, cette petite ne semblait pas ressembler à ses créatures mystiques. Je ne fus donc pas tellement surprise lorsqu’elle agita la tête. Par contre, je levai un sourcil intrigué quant à la réponse de la gamine. Une métisse ? Qui était le parent humain dans l’histoire ? Qui était la plante ? Même les enfants issus de l’union d’une Nymphe et d’un humain, donner mystérieusement naissance qu’à une Nymphe, pas de métissage. D’ailleurs, même les humaines envoûtées par les satyres ne donnaient naissance qu’à des satyres. Il doit y avoir une règle magique dans la conception de leurs enfants.

     Pourtant, cette gamine, elle, était métisse. Je n’y comprends vraiment rien à ce monde mystique. J’attrapais deux frites que j’engloutis sans vraiment lui répondre, sans vraiment chercher à en savoir plus. Je sentais que creuser pour avoir plus d’informations allait me donner un mal de crâne. Je préférerais me dire qu’elle était juste à mettre dans ce sac à bonbon extra-étrange dans lequel on trouve les autres phénomènes de foire tel que Superman, Flash, la Spartiate ou l’autre-là, Fishman. Je me mets aussi dans ce sac avec Zatanna. Bref, je m'égare sans doute un peu trop. « Ouais, je suis humaine. On aura beau me disséquer, on ne trouvera rien d’anormal chez moi, d'un point vue biologique. Hormis le fait que je ne vieillis pas sans doute. » Dis-je peu avant de taper un croc dans mon burger. Je me penchais juste au-dessus de mon assiette de frites sentant la sauce fromage dégouliner. Après avoir fini de mâcher et avaler ce que j’avais en bouche, je rajoutais. « Mais si j’en crois ce qui est écrit sur moi, ce corps n’est qu’un véhicule de chair depuis que mon âme humaine s’est transformé en essence divino-démoniaque. »
       Je repris une bouchée de mon burger que j’accompagnais de deux frites enrobées de sauce. Il y avait d’autre différence aussi, le fait est que je ne grossisse pas, malgré les conneries que je bouffe depuis que je gagne plus de sous que j’en ai besoin. Je suis une flemmarde, je ne cuisine pas, je ne sais pas si je savais cuisiner avant ma perte de mémoire, si c’était le cas, j’ai donc oublié comment faire avec ma perte de mémoire. J’écoutais Tefé me dire comment réagir si mon mari démoniaque voulait son câlin. Je repensais à l’apparence d’Asakku… Et je me demandais si tous les démon était comme lui, j’ai lu que vers le moyenne-âge, ces enfants qui naissaient hermaphrodites étaient tué ou abandonné à la naissance, car selon les gens de cette époque, ces enfants avaient le corps du démon. Baphomet est lui aussi représenté avec les deux sexes. Du coup, faut-il vraiment considérer Asakku comme un homme ou même comme une femme ? Peut-être qu’on devrait simplement ne pas le voir comme l’un ou l’autre, ça ne doit pas être une notion qui lui parle.

        Tefé enchaîna sur une autre révélation intéressante, mais plus je l’écoutais et plus une forme de déception s’accompagnait de mon enthousiasme. « Donc je connaissais aussi ton père… » Je fixais un moment le ciel par la fenêtre, songeuse à tout ce que j’ai pu avoir perdu du jour au lendemain. Ahmanet semblait extrêmement redoutable pour avoir vécu plusieurs millénaires tout en étant la cible d'Asakku, toute cette expérience devait avoir fait d’elle une sorte magicienne extrêmement dure à saisir, ou même à vaincre. Autrement, le culte aurait réussi à s’emparer d’elle des siècles avant cette ère, non ? Gamsiry mon père semblait redoutable, pourtant lui-même avait annoncé que c’est lui qui me craindrait une fois que j’aurais fait mon Ascension. Pourtant… J’ai perdu la mémoire et mes pouvoirs dû à un événement X inconnu. J’ai du mal à croire que Ahmanet aurait baisser sa garde après tout ce temps. Que m’est-il arrivé, il y a moins d’un an ? Ai-je vraiment subi un accident ?
      Plus j’y pense et plus je me dis que ce n’était pas normal qu’on me retrouve nu dans une forêt… Pourquoi nu d’ailleurs ? Ils n’ont retrouvé aucune tache de sang, aucuns sévices sexuels, rien… Juste cette photo de cette femme que je pensais être ma mère… Attendez… je me levais subitement alors que je réalisais une chose que j’aurais dû comprendre depuis un moment. Je fouillais mon sac à la recherche de la photo, légèrement paniqué par l’idée qui m’habitait l’esprit. Et plus j’y pensais et plus étrangement, je sentais mes yeux s’humidifiais pour je ne sais quelle raison. Photo en main, je la contemplais sous un nouveau regard. J’ai toujours cru qu’au vu de mon apparence et la date à laquelle a été prise cette photo, que je ne pouvais être que le bébé sur cette photo et que la femme qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau devait être ma mère, seul preuve de mon passé. Les larmes se mirent alors à couler en repensant à ce Mathias dont m'a parlé Zatanna et surtout à ce bébé qui n’était finalement pas moi. Car si je suis immortelle, cette femme, c’est assurément moi. Alors… alors… qui est l’enfant ?

      « Tu… tu dis qu’il y avait un homme dans l’histoire. » Je déposais la photo sur la table. « N’y avait-il pas un enfant aussi ? » Suis-je mère ? Ou bien ai-je été mère ? Cette enfant qui était apparue dans le manoir de Zatanna était-elle un souvenir de ce bébé sur cette image ayant grandi ? Je me sentais mal, qu’avais-je perdu avec ma mémoire. Est-ce que l’enfant était morte ? Est-ce la raison pour laquelle je n’ai pas de souvenirs d’elle adulte. « Je suis désolée, je vais me rincer le visage, je reviens. » Je devais me reprendre, je devais en parler à Zatanna… Au moins pour savoir si l’enfant n’est pas devenue une victime du culte à cause de moi.

"Fancy meeting you here"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

    Je fixais le miroir, cela me rappelait indéniablement la première fois que je vis apparaître clairement une silhouette dans mon dos. Je pensais que c’était le fruit de ma propre folie, celle qui me rongeait lentement et qui continue encore aujourd’hui à le faire. C’était aussi le soir de ma première rencontre avec une femme énigmatique que j'aurais pu ignorer, car c’était après tout une inconnue à ce moment-là et que je n'ai jamais vraiment été friande des personnes dont je ne connaissais rien. Du moins, depuis que j’ai eu affaire à un type méga louche qui ne m’a pas laissé indifférente. Un mec prétendant être un mercenaire, putain ! Avais-je vraiment la gueule à avoir besoin de l’aide d’un mercenaire ? Il m’aura bien foutu dans l’embarras avec ces conneries. Bref, du temps est passé, et si je dors encore sur mes deux oreilles, c’est grâce aux protections de la magicienne. Je le sens qu’il y a une sensation étrangement désagréable quand mes rêves sont contenus.
        Je me sens en effet rassurer, mais physiquement je me sens aussi progressivement plus lasse. Ce n’est sans doute pas grand-chose, peut-être que je m’inquiète pour rien. Il faut dire que je peux en effet me montrer un peu plus paranoïaque que la plupart des gens et à raison. Un démon en a après moi…  Putain. Ouais juste Putain de bordel de merde ! J’ai sans doute une gosse et je m’en rends compte que maintenant. J’ai envie de me foutre des baffes pour ne pas avoir réfléchi à la question après avoir découvert mon âge. Mais je ne comprends pas pourquoi Finola a pris le risque d’avoir un enfant avec tout le poids qu’elle se trimballait derrière elle. C’était prendre le risque de mettre son enfant en danger, mais aussi son partenaire. Merde. Merde quoi. L’homme que Zatanna a rencontré, il est forcément mort à cause de la décision de Finola. Jamais je prendrais ce risque, jamais je ne pourrais enfanter en sachant que l’enfant pourrait hériter de mon essence magique.

           Ce bébé devait sans doute être une sorcière avec un pouvoir qui pourrait tout comme moi, lui avoir fait vivre l’enfer si elle est toujours vivante. Ou peut-être qu’elle n’est qu’une enfant ordinaire. Enfant. J’arrive pas à me faire à l’idée qu’elle pourrait être sans doute plus âgée que moi physiquement. Bordel. Je mouille mon visage pour la énième fois pour effacer les traces de ces larmes hideuses. En revenant vers la table, je songeais que j’avais peut-être abandonné cet homme Mathias et cette enfant, car c’est ce que j’aurais fait si j’étais à la place de Finola. Je suis un phare dans les ténèbres qui attirent toutes les engeances perverses qui y résident. Oui. Mais maintenant je suis intriguée, j’aimerais savoir ce qui s’est passé exactement. J’aimerais découvrir si oui ou non, cette gosse existe toujours, j’aimerais savoir si oui ou non, je lui ai causé des problèmes, car j’ai commis le péché de lui donner vie.
         Je m’installe de nouveau et récupère précieusement la photo que j’avais laissée sur la table. J’inspirai un bon coup et je demande alors. « Tu veux te prendre autre chose pour plus tard ? » J’étais calmée, mais sans doute incapable de reparler de cette histoire pour le moment. Toutefois, elle était un élément de mon passé et je n’aimais pas l’idée de juste la regarder partir après cette rencontre. « Tu as un téléphone ? Un moyen pour que je puisse te recontacter ? »