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 the night we meet again (jinny)

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MessageSujet: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyMar 22 Sep - 22:03


the night we meet again


Okay, alors comment les gens s'habillent quand ils vont faire du camping ? Devant ton armoire, ton menton entre les doigts, tu scrutes chaque vêtement, en quête de celui qui fera l'affaire. Elle a réussi à te rendre nerveux, Jinny, avec sa proposition inespérée. Et c'est précisément parce qu'elle est inespérée qu'elle te met dans un état d'anxiété avancé. Depuis cette nuit au motel vous vous n'êtes revus qu'une seule fois, et pas seuls. Alors tu sais qu'en plus de faire griller des marshmallows au bout d'un bâton, cette soirée sera l'occasion pour vous de faire le point sur votre relation. T'as tenu ta promesse, tu lui as laissé tout le temps dont elle avait besoin, et tu sens que l'attente est terminée. Qu'une décision a été prise. T'inviter à camper avec elle est-ce de bonne augure ? T'aimerais croire que oui, mais tu sais aussi que trop t'avancer pourrait te conduire tout droit vers une cuisante déception. Tout est tellement particulier entre vous que les présomptions sont impossibles. T'as senti qu'elle était nerveuse, elle aussi, pendant vos brefs échanges par téléphone. Et c'est là une anxiété qui peut s'interpréter de plusieurs fois. Fuck. Tu réfléchis trop. Ça suffit. Jamais tu t'es mis dans un tel état, pas même avant des rendez-vous galants, alors c'est certainement pas Jinny Hex et sa dégaine de cowgirl qui vont faire de toi l'un de ces mecs avec confiance perdue devant le miroir. T'optes finalement pour un jean et une chemise à carreaux. Voilà, ça ira parfaitement avec l'ambiance. Une douche rapide, tes affaires enfouies dans un sac à dos, et t'es prêt à partir. Au loin, tu distingues les lumières de la maison familiale, où se tient sans aucun doute le repas du soir. Là où tu devrais avoir ta place. Là où tu t'es tenu pendant trente ans de ton existence. Pas forcément dans cette demeure que tu as racheté tardivement, mais auprès d'eux, ta famille, ta chair et ton sang. Une dévotion absolue qui s'est finalement étiolée dès lors qu'il t'a fallu abattre l'ennemie jurée devenue moitié insoupçonnée. Une confusion qui n'a de cesse de grandir et de te faire vaciller, mais qui t'aura au moins permis d'ouvrir un peu les yeux sur le fardeau qui était le tien. Tu l'as porté assez longtemps, et cette fois encore, tu les laisses tomber, tu les délaisses pour celle qu'ils méprisent tant. Qu'est-ce qu'ils diraient s'ils savaient où tu vas ce soir ? La déception pourrait-elle grandir encore ? La poutre étroite qui te ramène chaque fois vers elle est terrifiante, mais elle vaut toujours mieux que le gouffre sous tes pieds, et dans le quel le nom Turnbull cherche à t'attirer. Un dernier regard. Un dernier soupire. Un dernier regret peut-être aussi. Et tu te téléportes à Metropolis.

Ta portée de téléportation s'est considérablement améliorée depuis quelques mois, et sans grande surprise, surtout depuis cette nuit à la Nouvelle-Orléans, où quelque chose s'est définitivement déclenché. Tu ne lui as pas encore dit à Jinny, mais après ton apparition abrupte dans sa chambre, t'as essayé ensuite de tester à nouveau tes capacités. La distance était semblable à celle que tu avais parcouru jusqu'à son motel, et t'as réussi à garder le contrôle. Plusieurs fois. Sur un toit de Gotham après avoir visualisé une photo sur Internet. Un endroit de Metropolis où tu t'es rendu une fois avec Donna. Qu'importe le lieu, tout ce qu'il te fallait, c'était visualiser ton point d'arrivée avant de sauter. Une démarche que tu réemploies maintenant, avec d'autant plus de netteté que d'habitude, car ce diner, tu t'en souviens on ne peut mieux. Là où tout a commencé. Et où une nouvelle étape va s'écrire. Pour le meilleur ou pour le pire, tout reste encore à déterminer. Adossé contre le mur, tu attends patiemment que ta camarade te rejoigne, regardant en même temps les gens passer pour t'occuper. Et parfois, souvent même, tu les envies. T'aimerais toi aussi embrasser cette normalité, où le seul tracas de la soirée est de déterminer si ce sera une entrecôte saignante ou une dorade grillée. T'as pas envie de te fier qu'aux apparences, et bien sûr que chacun a son lot d'emmerdes à porter, mais est-ce qu'ils se sont déjà retrouvés à tourner le dos à leur propre famille pour aller passer quelques heures en compagnie de celle qu'ils étaient censés tuer ? Non, peu de chance. Et même à toi tout te paraît encore insensé. A quel moment Jinny a pris autant de place dans ta vie ? Tout n'était que jeu et manipulation, jusqu'à ce que cela devienne évidence et tellement plus encore. Un sentiment qui te perturbe, qui t'excite, mais qui t'agace beaucoup aussi, toi qui n'a jamais voulu avoir de comptes à rendre à qui que ce soit. Toi qui t'es toujours évertué à ne laisser personne entrer trop longtemps dans ton jardin privé. Elle a tout fracassé à coup de bottes, et maintenant te voilà bourré d'appréhension, à te demander si oui ou non ce soir sera la dernière fois. Est-ce une suite ou une fin ? Une conclusion ou un nouveau chapitre ? T'as horreur d'être dans cette position, celle de celui qui dépend de l'autre et de sa décision, sans avoir de contrôle sur ce qu'il adviendra ensuite. D'être l'outsider plutôt que le leader. Quoi qu'elle choisisse, tu te devras respecter son choix, et ça, là tout de suite, c'est terrifiant.

C'est le bruit du moteur du Colonel qui te tire de tes pensées, alors que Jinny se gare non loin de l'entrée du diner. Dans quoi tu t'es engagé, au juste ? Camper sur le papier ça a l'air sympa, mais t'es pas franchement du genre à dormir sous une tente tout en essayant de te réchauffer près d'un feu qu'il faut entretenir sous peine de le voir rapidement s'éteindre. C'est dans des hôtels quatre étoiles que tu dors, pas à même le sol dans un sac de couchage rudimentaire. Mais alors qu'elle descend du pick-up, tu ne peux t'empêcher de lui sourire, soudainement transporté par quelque chose qui à chaque fois te terrasse, et qui laisse tes doutes définitivement de côté. C'est comme ça chacune fois que vous vous retrouvez, comme une pièce qui s'emboite dans une autre, deux morceaux incomplets qui enfin se rejoignent. Et si c'est toujours aussi déroutant, tu commences malgré tout à t'habituer à la sensation, et le vertige se fait de plus en plus familier à chaque nouvelle retrouvailles. « Hey. » Sac sur le dos, tu t'approches d'elle pour la saluer, sans savoir ce que t'es censé faire. Vous êtes quoi au juste ? Peut-être plus des ennemis, mais certainement pas des amis. L'entre-deux est un peu perturbant, d'autant qu'elle est la seule qui puisse réellement anticiper la suite des événements. C'est elle qui a proposé cette sortie, et toi qui t'es lancé aveuglement dans une aventure dont tu ignores absolument tout, si ce n'est discuter à la belle étoile. « J'ai ramené à manger, à boire, et de quoi fumer. » Parce qu'on ne se refait pas. Et que quitte à passer la nuit en pleine nature, autant la fumer un peu aussi. « Je sais pas dans quoi je me suis engagé, mais je suis prêt. » Elle la ressent la nervosité qui a du mal à te quitter ? Sans doute parce que t'as peur qu'elle découvre à quel point ton passif est dysfonctionnel. Jamais ton père ne t'a emmené dans les bois pour y passer une nuit. Jamais il ne t'a appris à jouer de la guitare ou à suivre la mousse sur les arbres. Ce n'est pas sous ce prisme que tu as appris à découvrir la vie. Et s'il n'est pas encore trop tard, tu crains de t'être trop avancé sur le chemin de ta propre destinée pour faire un demi-tour aussi radical. « Pourquoi moi, d'ailleurs ? » Voilà, elle est posée la fatidique question qui te tourmente depuis que tu as reçu son premier sms. Pourquoi toi alors qu'elle est entourée de tous ses amis de la Young Justice, et de sûrement bien d'autres encore ? Tu restes l'homme qui a cherché à la tuer, pourquoi prendre le risque de passer des heures avec toi dans un endroit aussi reculé ? T'as envie de savoir. T'as envie de comprendre. Quand bien même t'es plus qu'heureux de sa démarche. « Je veux dire, je suis pas franchement le compagnon idéal. » Tant pis si c'est trop brutal, tu préfères en avoir le cœur net tout de suite, pour entamer cette soirée ensemble sous les meilleurs auspices possibles. Et pouvoir construire. Si elle te laisse cette chance.

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Dernière édition par Cain Turnbull le Jeu 14 Jan - 20:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptySam 26 Sep - 20:19


the night we meet again


Sur le point de quitter le périphérique pour s’engager dans la sortie en direction du diner, Jinny n’était, en réalité, plus vraiment sûre de rien. Pas qu’elle ait été sûre de grand-chose, quand elle avait envoyé ce premier sms à Cain, mais là, le doute se déchaînait dans son pauvre esprit malmené. Plusieurs semaines qu’elle ne l’avait pas vu, son arche-ennemi, pas depuis ce rendez-vous fortuit sur la plage, où ils n’avaient même pas été tous seuls, alors pourquoi exactement elle avait obéi à cette impulsion de lui écrire pour lui proposer une rencontre… roulé en boule sur le siège passager, Sawyer rouvrit les yeux et les leva sur sa maîtresse en l’entendant pousser un long soupir dépité. Du coup l’œil, Jinny capta le mouvement et lui adressa un regard, puis lui gratta la tête de sa main libre. « Tu penses que c’est une mauvaise idée, toi ? » Patiemment, elle attendit la réponse, sur laquelle le chien sembla méditer un instant, avant d’émettre un geignement incertain et de reposer la tête sur ses pattes. « Ouais, moi non plus j’en sais rien. » Proposer une escapade improvisée à son pire ennemi présumé, on avait vu mieux comme stratégie de survie. Et puis, ça n’était pas exactement comme si les choses s’étaient franchement améliorées depuis leur duel. Enfin, si, mais pas vraiment, maintenant qu’elle y réfléchissait. Cette après-midi sur la plage avait peut-être marqué le retour à un status quo, mais, la blessure à son flanc avait beau être pratiquement guérie, c’était la plaie laissée par tout le reste, qui avait du mal à suivre. Parfois, dans son nouveau lit bien à l’abri au creux du Mont Justice, Jinny avait encore des sueurs froides, en sentant à nouveau l’ombre déformée de Jonah guider sa main plus précise qu’elle ne l’avait jamais été dans cette ferveur meurtrière couplée au plus pur instinct de survie. Parfois, elle avait encore des haut-le-cœur, en revoyant l’expression de Cain juste derrière le canon de ce revolver qu’il avait pointé directement sur elle. Ce qu’elle avait pu lui en vouloir, de l’avoir manipulée comme une marionnette – et quelque part, elle était à peu près sûre de lui en vouloir encore, même si elle était passée de cette colère désespérée, explosive et incontrôlable, à ce qui s’apparentait plus à un ressentiment sourd et résigné. Mais surtout, elle lui en voulait, elle en voulait aux Turnbull, de l’avoir fait mentir. De l’avoir forcée à embrasser cette part de son héritage dont elle avait cru pouvoir se désolidariser, comme si l’on pouvait choisir quoi garder et ce dont on voulait se débarrasser. Douce et naïve innocence. Mais, songeait-elle dans ses fréquents moments de réflexion solitaire, si la colère s’était fondue en ressentiment, alors, peut-être qu’un jour, le ressentiment s’écoulerait, lui aussi, en autre chose. Voire peut-être, finirait par disparaître tout à fait. Retenant un énième soupir, Jinny s’engagea dans le parking du diner, les lumières allumées alors que le soleil commençait à se coucher à l’horizon. Elle ne savait pas complètement ce qu’elle faisait, Jinny ; mais à ce stade, avec Cain Turnbull, elle n’était tellement plus sûre de rien, qu’elle choisissait d’obéir complètement à son instinct. Même si, vu de l’extérieur, celui-ci avait l’air déterminé à l’envoyer à nouveau au casse-pipe. Vu de l’intérieur, elle savait bien, depuis cette nuit au motel, que c’était bien plus compliqué que ça. Comme toujours, avec lui.

Dans quoi s’étaient-ils engagés, mais quelle bonne question – et franchement, elle n’avait aucune espèce de réponse, encore moins sitôt qu’elle descendit de son pick-up et croisa le regard de Cain sans même avoir eu besoin de le chercher. Avait-il jamais existé autant de dualité, dans ce que l’on pouvait ressentir pour une seule et même personne ? Cet étau qui lui serrait la poitrine, aussitôt contrecarré par ce sentiment surréaliste d’avoir fait exactement ce qu’elle avait à faire, en lui proposant de venir la retrouver. Un glissement, un pas de côté, et la sensation d’être exactement, absolument là où elle était supposée être. Un vertige, un tournis, sans jamais connaître la moindre chute – sauf quand ils étaient, apparemment, assez stupides pour se tirer dessus au lieu de danser sous la pluie de la Nouvelle-Orléans. « Hey. » Elle lui retourna sa salutation, et aussi son sourire, tant qu’à faire ; toujours pas convaincue qu’elle n’était pas en train de faire une belle connerie, mais parfaitement incapable de réprimer cette pointe de joie, et de soulagement, dans sa poitrine en constatant qu’il était venu. Et équipé, en plus. A manger, à boire, à fu – wait. Passé l’instant de surprise, Jinny s’autorisa à rire sous cape. « Encore plus prêt qu’un scout, je constate. » commenta-t-elle. Elle qui n’avait pas touché à quoi que ce soit du genre depuis les années insouciantes de l’adolescence et des premières bêtises – allons, chacun ses vices. Les pouces pendus aux passants de sa ceinture, Jinny réalisait qu’elle avait complètement oublié de préparer son texte – now what ? – incertaine de l’attitude à adopter, sensible, évidemment, à la nervosité de Cain, qu’elle ne s’expliquait qu’à moitié, à la sienne, momentanément déboussolée par cette éternelle double perception du monde dont ils faisaient systématiquement l’expérience en présence l’un de l’autre. Heureusement, Cain avait ses propres questions à lui poser. Pourquoi lui ? Jinny releva les yeux sur son compagnon de voyage, puis, après un moment en suspens, haussa les épaules. « Je sais pas trop. » Ah ça, s’il s’attendait à une réponse définitive pour chasser tous leurs doutes mutuels, il allait devoir repasser, le pauvre. « J’ai eu l’impression que c’était le bon moment, et voilà. Et t’as dit oui, donc j’imagine que tu t’es dit pareil. » Enfin, elle espérait. Et surtout, elle espérait ne pas en venir à le regretter – chat échaudé craint l’eau froide, mais elle avait vraiment, vraiment envie de faire mentir leurs familles respectives, en réussissant à passer une nouvelle soirée avec lui en tête-à-tête sans que ça ne finisse en bain de sang. De se prouver, à elle-même comme à lui, que oui, les bons moments avaient compté aussi.

« Mets tes affaires à l’arrière, j’arrive. » lui intima-t-elle en s’éloignant vers le diner, avant de se retourner pour lui lancer : « Et ne touche pas la malle ! » Pas tellement une interdiction par manque de confiance – enfin, si, mais c’était à la malle, qu’elle ne faisait absolument pas confiance, pour le coup. Elle ne tenait guère à revenir pour trouver Cain avec un bras en moins. D’un coup d’épaule, elle ouvrit la porte de l’établissement de leur première rencontre, et, accoudée au comptoir, remarqua même la table qu’ils avaient occupée, quelques mois plus tôt. Que les choses avaient changées, depuis. Quelques minutes plus tard, Jinny ressortit, avec un milkshake dans chaque main, et regagna le pick-up, un sourire de retour sur son visage. « Chocolat ou Oréo. A toi l’honneur. » Parce qu’un road trip sans passer par la case milkshake, ça n’était pas un vrai road trip, avait-elle décidé en posant les milkshakes sur le capot. Pendant que Cain faisait son choix, elle le contourna pour ouvrir la portière passagère et faire descendre Sawyer, ravie de constater qu’ils ne s’étaient pas étripés l’un l’autre en son absence, et le faire grimper dans la benne à l’arrière. La bestiole s’exécuta sans protester, se contentant d’adresser un regard d’avertissement au jeune homme qui avait déjà eu l’audace de s’incruster dans leur chambre de motel. Mais sa maîtresse avait la situation sous contrôle. Du moins, Jinny aurait bien aimé le croire. En réalité, elle avançait totalement à l’aveuglette, et elle n’avait même pas l’intention de le cacher. Pas tout à fait sûre de la marche à suive, elle se gratta la tête sous son chapeau, avant de s’adresser à nouveau à Cain. « Et donc… Pennsylvanie, Forest County, ça te va toujours ? On devrait y être en deux heures, trois à tout casser… » Et puis, si arrivés sur place, il changeait finalement d’avis, il n’aurait qu’à se téléporter. Il avait réussi à faire le voyage de Louisiane jusqu’à sa chambre à Metropolis une fois, il devrait être capable de recommencer, non ? Bon dieu, quelle tristesse. Partir en voyage, une petite escapade nocturne, en étant incapable de ne pas songer aux issues de secours, si quelque chose tournait mal. Décidément, sans troisième présence pour les distraire de la menace au-dessus de leurs têtes, l’exercice des retrouvailles était pour le moins délicat. « J’ai des sacs de couchage, de quoi faire du feu, tout ce qu’il faut pour survivre en milieu hostile. Et même une trousse de secours si le citadin en toi se coupe le doigt sur une brindille. » Enfin, elle disait ça, mais si ça se trouve, c’était un campeur émérite, Cain. Même si ça n’était pas tout à fait la vibe qu’il dégageait, depuis le jour où il l’avait invitée dans une chambre d’hôtel quatre étoiles pour la remercier de l’avoir tirée d’un mauvais pas, une vie plus tôt. « Et avant qu’on parte, faut que je te demande… » commença-t-elle en ouvrant sa portière, avant d’interrompre son geste. « Y a aucun risque que quelqu’un t’ait suivi, pas vrai ? Je me doute que non, mais sait-on jamais. » Qu’elle était lourde de sens, cette question. Malheureusement ils ne pouvaient pas y couper. Ils jouaient à un jeu dangereux, qui les dépassait de loin, tous les deux ; ils n’avaient pas le droit de ne pas se montrer prudents. Cain avait peut-être renoncé à presser la gâchette, mais elle avait toujours une cible sur le dos. Et lui, une famille entière qui risquait de lui tourner le leur, s’ils apprenaient ce qui se tramait ce soir. Mais les Turnbull, elle l’espérait, n’étaient pas là ce soir. Pas plus que les Hex. Ce soir, c’était eux deux, quoi que cela veuille dire, et personne d’autre. Et puis finalement, elle avait encore une dernière question. « Et toi, pourquoi t’as dit oui ? » se décida-t-elle finalement à lui demander. Parce qu’avec Cain, elle n’avait plus envie de prendre quoi que ce soit pour acquis.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 4 Oct - 22:24


the night we meet again


Elle te croirait, Jinny, si tu lui disais que sa présence est devenue bien plus familière que celle qui règne dans la demeure des Turnbull ? Que tu te sens plus toi-même quand t'es avec elle que quand t'es avec eux ? Toutes ces années où tu t'es dévoué à leurs exigences, à te plier en quatre pour satisfaire leurs lubies, et maintenant, chaque fois que tu te mets assis à leur table, t'as l'impression de ne plus être à ta place. Et tu le sais que ce n'est pas uniquement ton échec, que c'est toi, comme si t'avais subitement ouvert les yeux sur ce qui était pourtant évident depuis des années et des années. Rencontrer Jinny t'a permis de trouver le recul nécessaire, de te retourner sur ton propre passé et d'enfin y apporter le jugement adéquat. Ce n'est pas le lien, c'est votre complicité, celle qui est née depuis le début et qui n'a pas eu besoin d'une aura mystique pour pleinement s'exprimer. Des relations comme celle-ci tu peux les compter sur les doigts d'une seule main, et celle qui vous unit tout particulièrement est bien évidemment unique. C'est ton ennemie qui se tient devant toi, et c'est ton ennemie qui apporte un peu de chaleur au creux de ta poitrine, aussi inespérée et salvatrice qu'un feu dans des montagnes enneigées. Celle que tu te devais d'assassiner se transforme finalement peu à peu en rédemption, te donnant l'opportunité de faire mieux, de devenir meilleur. T'as raté ta chance avec Tessa, cette amie que tu as blessé et laissé tomber, dans le triste et honteux but d'être le premier sur le podium. A quel point c'est épouvantable que de vouloir absolument devenir l'homme qui tuerait pour sa famille ? Toi qui n'a pourtant jamais eu le meurtre dans le sang, plus utopiste que tyrannique, plus enclin à changer le monde qu'à le condamner à la nuit. Tout ce qu'ils ont voulu faire de toi était à l'exact opposé de ce que tu étais vraiment, et il aura fallu que tu fasses face à Jinny Hex, une arme braquée sur elle, une arme braquée sur toi, pour que tu réalises combien tout ceci était insensé. Tant pis si elle sait pas trop ce qu'elle fait ici, ni pourquoi elle a décidé de t'envoyer ce message, t'es juste content qu'elle soit là et qu'elle ait osé le faire. Alors c'est avec un sourire qui n'a peut-être pas lieu d'être que tu réponds à son incertitude. Le bon moment, c'est une réponse plus que satisfaisante à une question difficile. Vous n'êtes jamais parvenus à mettre des mots sur votre relation, c'est évidemment pas ce soir que vous y arriverez, et ça te va très bien comme ça. Il fait peur parfois ce lien, mais maintenant qu'il s'est frayé une place dans ton existence, c'est d'autant plus effrayant que de l'imaginer disparaître subitement. C'est une bouée dont tu as éperdument besoin pour te sortir de la période la plus dévastatrice de ta vie de trentenaire. Et pourquoi tu ne lui dis pas tout ça ? Sûrement parce que toi aussi, t'attends le bon moment.

Allez, en route, tu jettes ton sac à l'arrière du pick-up, tout en prenant compte de la mise en garde de la jeune texane. Qu'est-ce qu'elle a, cette malle ? T'as enquêté sur elle avant que vos routes ne se croisent, et si tu sais qu'elle la trimballe depuis longtemps, tu n'as en revanche pas la moindre idée de ce qui peut se trouver à l'intérieur. La tentation est grande. Très grande. Mais faisant taire ta curiosité pour une fois, tu t'en éloignes avec prudence, sentant en plus le regard insistant de Sawyer posé sur toi. « Quoi ? J'ai pas touché à la malle. Laisse-moi tranquille. » Bon, il paraît évidemment qu'il ne t'apprécie pas, et t'as pas encore décidé si c'était réciproque ou pas. Un aboiement auquel tu réponds d'un soupire las. « Détends-toi, je vais pas lui faire du mal à ta maitresse. » Vous avez dépassé tout ça. Enfin, normalement. Si tout est encore un peu plus et confus entre vous, de ton côté tu sais que plus jamais tu ne toucheras à un seul de ses cheveux roux. Et en parlant du loup, voilà qu'elle revient vers toi, un milkshake dans chaque main. Mais quelle merveilleuse idée. Choix difficile à faire, mais tu optes finalement pour le chocolat, sentant quelque part que Jinny a elle une préférence pour l'Oreo. Comme ça, personne ne pourra dire que tu n'as rien d'un gentleman. Le chien a l'arrière, tu t'installes sur le siège passager, et ta mémoire te ramène sans surprise à cette première nuit. C'est fou à quel point tout est différent aujourd'hui. T'étais là, assis à cette même place, plein de haine et de mépris, prévoyant déjà de quelle façon tu parviendrais à tes fins. Et maintenant, tu sirotes un milkshake en sa compagnie, tous les deux en route pour faire du camping en tête à tête. Incroyable. « Ça me va toujours, emmène-moi dans les bois pour me zigouiller discrètement. » Quoi ? Vaut mieux en rire que pleurer de votre rivalité qui vous a obligé à mettre un pied dans la tombe. Et si tu ne réponds rien à sa provocation sur ton côté citadin incapable de survivre en milieu hostile, et bien, c'est parce qu'elle a entièrement raison. Tu serais pas foutu de suivre tes propres pas, alors camper et t'improviser Davy Crockett, encore moins. Personne ne peut être bon en tout. T'as des qualités et des facilités non négligeables dans plusieurs domaines, mais celui-ci n'en fait clairement pas partie. Même si t'es un peu trop fier pour l'avouer ouvertement à ta camarade. « T'inquiète pas Juliette, les Capulets n'ont pas pu me suivre, je me suis téléporté. » A nouveau tu préfères employer un ton léger pour contrebalancer la gravité de votre situation dangereuse et particulière. C'est pour l'heure ta seule arme pour museler vos angoisses. « Y a aucun risque. Sois tranquille. » T'es pas certain d'être rassurant, mais à défaut t'espères qu'elle pourra sentir  ta conviction. Ce soir, c'est elle et toi. Réellement. Et au-dessus de vos têtes, aucune ombre, simplement un millier d'étoiles.

Sans surprise, la question t'est retournée, alors que vous entamez ce nouveau road-trip, habitude qui devient doucement mais sûrement le leitmotiv de votre relation. Pourquoi t'as dit oui. Plus simplement, pourquoi t'aurais dit non ? T'as essayé d'être le plus honnête possible avec elle, ce soir-là au motel, et t'estimes avoir atteint ton objectif. T'as pas été à la hauteur – pour ta défense, comment l'être dans une telle circonstance –  mais au moins t'auras dit tout ce que tu avais à lui dire. La fièvre t'a poussé à ouvrir ton cœur. Et c'est exactement ce que tu vas faire une nouvelle fois, être sincère, qu'importe le reste, tout en faisant écho à ce que tu as déjà essayé de lui faire comprendre. « Parce que j'avais envie de te revoir. » C'est aussi simple que ça. Et peut-être que ta confession l'incitera elle aussi à l'admettre ouvertement. Envers et contre ce qui vous oppose, vous aviez envie de vous retrouver. Pour des raisons qui vous sont propres, et qui resteront sans doute mystérieuses pour l'instant. Mais le fait est là. Envie, besoin, tu sais pas comment nommer ce qui s’apparentait à un manque, mais t'as eu assez conscience de son existence – et aussi un peu de sa douleur – pour vouloir y mettre un terme. T'es pas gêné en exprimant le fond de ta pensée, et tu vas même jusqu'à tourner la tête vers elle pour pouvoir accrocher son regard. C'est presque plus facile que de chanter du Shania Twain. « Et aussi parce que j'ai envie de te connaître. » Pas Jinny Hex, ou Jinny de la Young Justice, juste Jinny. Un patronyme par lequel tu l'as identifiée pendant trop longtemps, projetant sur elle une image qui n'était pas la sienne, et d'autant plus une image morte et enterrée depuis des siècles. Ce soir, t'aimerais qu'il n'existe ni Hex, ni Turnbull, et que vous soyez simplement deux jeunes gens qui apprennent à se découvrir autour d'un feu et d'un paquet de marshmallows. « Bon, j'espère que t'as une guitare dans ta mystérieuse malle, parce que du camping sans une guitare, ça n'existe pas. » Comme si tu en savais quelque chose, toi qui refuses de mettre les pieds ailleurs que dans un hôtel quatre étoiles. Disons que c'est ce qu'ils font dans les films, alors il doit y avoir malgré tout un peu de vrai dans tout ça. « Ça fait longtemps que j'en ai pas joué, et j'ai jamais été très doué, mais j'ai quand même réussi à faire tomber quelques filles. » Plus cliché tu meurs. Mais hé, parfois, il y a aussi du vrai dans les clichés. De la musique, c'est d'ailleurs ce qui manque à votre périple, et aussitôt tu allumes la radio en guise de bruit de fond. Pas sûr que tu te relances dans un karaoké, mais sait-on jamais. « Dis-moi, t'emmènes beaucoup de gens camper avec toi ? » Quoi ? Ton milkshake déjà englouti, ça te laisse plus de temps pour toi aussi poser quelques questions. Oui t'as envie d'être un privilégié et de partager quelque chose qui n'appartiendrait qu'à vous, mais bizarrement, t'y crois pas beaucoup. Et non, ce n'est absolument pas une forme précoce de jalousie envers de potentielles personnes que tu ne connais même pas. Pas du tout. C'est juste que tu commences à t'y habituer, à ce lien très particulier, et ça te plait d'être celui avec qui elle partage ses danses sous la pluie.

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Dernière édition par Cain Turnbull le Jeu 14 Jan - 20:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptySam 10 Oct - 0:31


the night we meet again


Ha-ha très drôle. Le regard qu’elle lui adressa en disait long sur ce qu’elle pensait de son sens de l’humour, mais, à sa décharge, il avait quand même réussi à lui arracher un demi-début de rictus. Bon d’accord, c’était un peu drôle. Parce que oui, il valait mieux en rire qu’en pleurer, du ridicule absolu de leur situation. Elle n’avait pas voulu le voir, le soir où elle était allée se réfugier dans les jupes de Jason, ni même le soir où Cain s’était accidentellement téléporté dans sa chambre de motel pour s’y évanouir en bonne et due forme, mais maintenant qu’elle avait eu l’occasion de prendre un peu de recul, ça lui sautait aux yeux avec des signes néons aveuglants. Deux ennemis mortels, qui avaient si bien oublié le sens du mot haine qu’ils avaient été infoutus de tirer la balle fatale quand ils en avaient tous les deux eu l’occasion. Deux ennemis qui auraient dû régler ça en deux coups de cuillère à pot, et qui, au lieu de ça, se retrouvaient inexplicablement liés par une connexion quasi-télépathique… non, qui allait au-delà de la télépathie – cette connexion, ça n’avait rien à voir avec ces moments où Miss Martian créait une communication mentale entre tous les membres de la Young Justice. N’empêche que ça n’en restait pas moins comique. Ils devraient se haïr, résultat, la première fois qu’elle avait réussi à fermer l’œil après avoir quitté la villa de Jason, c’était quand Cain avait dormi à quelques centimètres d’elle. Le karma avait vraiment le chic pour se payer sa tête, ces temps-ci, hein. Sans répondre, elle fit démarrer le moteur, et les emmena tranquillement vers la sortie du parking. Sois tranquille, hein ? Jinny prit une inspiration, concentrée sur sa sortie, et soupira, tentant de chasser la tension dans ses épaules. Et ça marchait. Bizarrement, ça marchait. Peut-être qu’il se trompait, Cain, mais s’il y avait bien une chose dont elle commençait à comprendre qu’elle pouvait être sûre, c’était que si elle le sentait sincère, de cette façon indéniable qui coulait entre eux avec l’inévitabilité d’un fleuve suivant son cours, alors c’était qu’il l’était. Comme ce soir au motel où, même s’il s’y était pris comme un manche et qu’elle avait réagi comme un brute, il avait été sincère, quand il avait promis ne pas lui vouloir de mal, et ne rien vouloir d’autre qu’une seconde chance. Alors, s’il pensait qu’ils étaient tranquilles, c’était qu’il devait réellement le penser. Et quand il réitérait qu’il avait dit oui, parce qu’il avait eu envie de la revoir, elle y croyait aussi. Elle n’était pas gênée non plus, Jinny, de tourner brièvement la tête pour croiser son regard. Apprendre à se connaître, hein ? Jinny ne répondit pas, mais elle avait un petit sourire aux lèvres, quand elle se reconcentra sur la route. Apprendre à se connaître. Ils faisaient un peu tout dans le désordre, mais vu d’où ils étaient partis, peut-être qu’il avait raison. Peut-être que c’était pas mal, comme idée. Et surtout, peut-être qu’il n’était pas encore trop tard.

C’était presque effroyable, la vitesse à laquelle le naturel avait l’air de revenir au galop, sitôt que leurs familles respectives n’étaient plus dans l’équation. De la même façon qu’ils étaient passés des cris et presque des larmes dans cette chambre de motel, à des confessions douloureuses et même quelques plaisanteries, voilà qu’il ne leur avait pas fallu plus de cinq minutes pour qu’elle ait presque l’impression d’être revenue à ce jour où ils avaient roulé sur les routes de Louisiane, en chantant à tue-tête et en riant comme deux gosses. « Si j’ai une guitare ? » répéta-t-elle en sirotant son milkshake, ignorant – comme d’habitude – les coups de klaxon énervés des autres conducteurs qui avaient l’air de trouver qu’elle roulait un peu trop vite sans trop faire attention aux panneaux de signalisation. Alors comme ça, il se voulait musicien, le fils Turnbull ? Enfin, musicien amateur. Musicien de façade, visiblement – Casanova le retour. Elle leva les yeux au ciel avec un sourire qui trahissait sa totale absence de surprise, et rétorqua : « Evidemment que j’ai une guitare. Je viens du Texas. Comment tu crois que je les fais tomber, moi, les filles ? » Bon d’accord. Deux-trois filles, à tout casser. Mais n’empêche ! Un peu de musique pour achever de les plonger dans l’ambiance d’un début de voyage, et voilà, ils étaient partis. Pour quelqu’un qui avait décidé de s’adonner aux plaisirs de la sédentarité, elle était souvent sur les routes, ces derniers temps, Jinny – l’ironie ne lui avait pas échappé. « Hmm ça arrive. J’ai emmené Superboy, peu après qu’on soit tous revenus de l’autre Terre. Et il y a quelques semaines, je me suis baladée dans le Connecticut avec une copine, même si c’était pas vraiment du camping. » Hop, d’une embardée peut-être un poil brutal, Jinny s’engagea sur l’autoroute. Direction la Pennsylvanie. « Mais là où on va, c’est une première. Enfin, pas la Pennsylvanie, mais Forest County, oui. J’aime bien découvrir un nouvel endroit à chaque fois. » Et puis, Cain lui avait fait découvrir la Nouvelle-Orléans, avant que leur bonne vieille guerre familiale ne les pousse à des extrêmes regrettables. Alors pourquoi ne pas lui retourner la faveur en s’aventurant en terrain inconnu ? Puisqu’au moins, cette envie d’aventure, ils avaient l’air de l’avoir en commun. De l’aventure, et de la distance entre eux et ce qui les avait poussés à se déchirer pour rien. De la distance, et rien d’autre que les étoiles et le bruissement des feuilles dans les arbres, pour, peut-être, achever d’éteindre l’incendie qui avait ravagé et dévasté cette petite bulle qu’ils s’étaient si bien créé sous la pluie de Louisiane ; et peut-être même, avec un peu de chance, pourraient-ils en colmater un peu les brèches douloureuses. Peut-être. Et Jinny faillit se sourire à elle-même, en se surprenant à sentir flotter dans sa tête une idée de réconciliation. Don’t go get yerself in trouble now, Jinny, entendait-elle presque sa mère la réprimander. Well. Trop tard pour ça, on dirait. Après les docks, entre eux, est-ce que ça n’était pas littéralement à la vie, à la mort ?

Et voilà, comme promis. Le bruissement des aiguilles de pin qui étiraient leurs longues branches sinueuses vers le ciel, pour effleurer les étoiles suspendues au-dessus de leurs têtes comme un plafond d’un bleu profond serti de miettes de feuilles d’or et de poudre d’argent ; la petite brise fraîche du début de soirée qui portait avec elle les senteurs des entrailles de la forêt jusque dans cette clairière dégagée qu’ils avaient décidé de s’approprier pour la nuit. Niveau ambiance, c’était on ne peut plus réussi. L’herbe verte et épaisse comme tapis sous leurs fesses, un feu de camp crépitant joyeusement pour leur garantir un peu de lumière, et Jinny agenouillée devant à s’atteler à la cuisine – complétant les chips et autres snacks ramenés par Cain avec des hot-dogs grillés directement au-dessus du feu. Le luxe de la campagne. Avec un soupir satisfait, elle se laissa retomber dans l’herbe pendant que les saucisses grillaient tranquillement, et en attendant que Cain ne revienne avec ses bières, attrapa la guitare qu’elle avait sortie de sous sa bâche, comme promis, pour en gratouiller les cordes sans chercher à produire de mélodie particulière – juste de quoi étoffer un peu l’ambiance. Sawyer, évidemment, courait de droite à gauche comme un turbo à la poursuite d’un insecte ou d’un papillon de nuit. « Alors, on va être plus bien, là, non ? » demanda-t-elle en ne s’arrêtant de gratter des accords sans queue ni tête que pour s’emparer de la bière que son compagnon de route lui tendit en revenant. « Et en plus, la météo a prévu une nuit claire et zéro mauvais temps. » Laissant son fidèle instrument de côté – en libre-service, si Cain voulait faire démonstration de ses talents qui faisaient visiblement tomber les filles comme des mouches – la cowgirl se pencha à nouveau sur sa cuisson, refusant de laisser un autre aventurier repartir d’un voyage avec elle sans avoir profité des traditions de barbecue des Hex. « Alors c’est vrai ? T’es jamais parti camper ? » demanda-t-elle, en lui adressant un regard interrogateur. Quoi, c’est lui qui avait dit qu’il ne savait pas dans quoi il s’engageait. La conclusion était plutôt logique. « C’est sûr que la terre et l’herbe ou une tente, c’est moins confortable qu’un lit kingsize, mais tu verras ça vaut le coup aussi. T’entends pas les voisins qui se chamaillent, et même la meilleure cuisine quatre étoiles ne fait pas le poids face aux chamallows grillés. » Enfin, dans le monde de Jinny qui n’avait mis les pieds dans un hôtel de haut standing qu’une fois dans sa vie, quoi. Tant pis, le but, c’était pas d’avoir raison ou de déterminer qui avait la meilleure conception des vacances et d’une nuit à l’extérieur. Le but, c’était Cain qui l’avait dit : essayer d’apprendre à se connaître, loin de leurs carcans familiaux qui s’apparentaient plutôt à des cercueils. Ils avaient tenté la mort, et ça ne leur avait pas tellement réussi. Ce soir, peut-être qu’ils pourraient redonner une chance à la vie. Ou au moins essayer.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 18 Oct - 20:56


the night we meet again


Il y a comme un air de déjà vu à cette virée en voiture le long des routes américaines. Elle, toi, des anecdotes de vie, de la musique, des confidences, à la grosse différence près qu'énormément de choses se sont passées entre vous depuis la première fois. Il y a eu le lien qui s'est dévoilé lors de cette escapade magique à la Nouvelle-Orléans, et il y a eu le duel, qui aurait pu mettre un terme définitif à vos habitudes particulières de jeunes avides de découvrir leur propre pays sous le prisme du road-trip. Si bien que malgré cette impression routinière, pour toi, c'est comme recommencer tout de zéro. Tu réapprends à la connaître, sans la vengeance cachée dans un coin de votre relation, prête à bondir pour réclamer son dû, et elle n'a probablement pas idée d'à quel point tu te sens beaucoup plus léger de t'être débarrassé de cette mission qui pesait lourdement sur ta poitrine. Il y a bien évidemment toujours de la culpabilité, mais au moins, te voilà libre de passer du temps avec elle sans être obligé de craindre l'épée de Damoclès au-dessus de vos têtes. C'était douloureux, de constater et de vivre une telle complicité, tout en sachant que ton rôle était d'y mettre brutalement un terme, de la façon la plus ignoble qui soit. Elle a rencontré le vrai Cain lors de vos quelques rencontres, mais celui qui se trouve dans la voiture avec elle aujourd'hui l'est d'autant plus. Plus de responsabilités, plus d'obligations, plus de lames dans le fond de l'âme. Elle t'a demandé si vous ne courriez aucun risque d'être suivi ce soir, et la vérité, c'est que jamais tes parents n'ont été aussi loin. C'est vous pour la première fois depuis votre rencontre sur cette même route. Ce qui est d'ailleurs plutôt symbolique pour un nouveau départ. Et loin de te déplaire, toi en quête de ce pardon nécessaire à ta propre reconstruction. « Et t'as déjà essayé sur des mecs ? » Quoi ? C'est elle après tout qui t'a fait comprendre qu'elle n'était pas d'un bord ou de l'autre, alors si veut y faire des allusions, autant qu'elle aille jusqu'au bout. « Okay, ça me va comme réponse. Pas ton premier camping, mais le premier dans cet endroit. Je vais m'en contenter. » Non, c'est pas franchement ton genre d'être possessif ou territorial – enfin, qu'est-ce que t'en sais réellement toi qui n'a jamais été confronté à ce sentiment – mais simplement, t'aimes bien la forte particularité de votre relation, et t'as très envie qu'il en reste ainsi. Pas nécessairement être le premier dans tout ce qu'elle fait, bien évidemment, mais au moins y apporter ta touche personnelle, pour que tout soit malgré tout différent. Parce que vous l'êtes, pas vrai, différents ? Deux ennemis ne vont habituellement pas s'éclipser au milieu d'une forêt pour avoir l'impression d'être seuls au monde, loin de leur guerre et de ceux qui cherchent à les y enrôler de force. Le mot que tu emploierais pour vous définir serait inédit, et t'aimerais beaucoup exploiter cette idée jusqu'au bout. La nouveauté, pour elle comme pour toi.

Arrivés à destination, tu te laisses aussitôt happé par la beauté et le calme du lieu. Toi qui espérais pouvoir passer un peu de temps avec elle loin de tous les tracas, et bien, elle n'aurait pu trouver meilleur endroit pour le faire. Même si t'as jamais eu beaucoup le temps de partir en exploration dans la nature, toujours occupé par une réunion ou des contrats, tu sais reconnaître la pureté et le bien être que peut apporter une telle escapade. Le léger bruissement des feuilles, l'odeur des arbres qui se mélange à celui de votre feu qui s'embrase, et surtout, ce ciel qui vous offre une vue imprenable sur ses étoiles, loin de la pollution lumineuse des grandes villes. C'est sublime. Et exactement ce dont tu avais besoin après des semaines particulièrement difficiles à te sentir perdre pied. Les premiers accords joués par Jinny à la guitare finissent d'enrober ces retrouvailles inespérées d'une ambiance particulière. C'est étonnant la vie, parfois. Tu pensais avoir scellé votre destinée à tous les deux en pointant ton arme sur elle, et vous voilà maintenant à siroter des bières en attendant que vos saucisses cuisent sur le feu. Et en plus de la redécouvrir elle, tu te redécouvres toi. A moins que ce ne soit te découvrir tout court ? L'homme qui a monté son entreprise très jeune et qui s'y est voué corps et âme s'autorise enfin à laisser de côté ses responsabilités pour simplement profiter de l'instant présent. Sans penser à demain. Sans déjà réfléchir à la prochaine innovation. Sans anticiper le prochain client. Trente ans pour effleurer du bout des doigts l’émancipation. Comme quoi, il n'est jamais trop tard. « C'est sympa. » Oui, tu restes modeste dans tes propos pour ne pas qu'elle ne crie victoire trop tôt ou qu'elle relâche ses efforts pour te faire partager au mieux son petit bout de quotidien. Qu'elle donne tout, Jinny, et tu lui promets que tu en feras tout autant en retour. Après avoir doucement cogné ta bière contre la sienne, tu viens t'assoir à ses côtés, dans un soupire de contentement qui pourrait finalement trahir le fond de tes impressions savamment gardées. Ouais, elle a raison, vous êtes bien. « Il y a plein de choses que j'ai jamais faites. J'ai toujours bossé à fond, la tête dans les études pour pouvoir faire sortir ma famille de la merde. Je suis passé à côté du camping et probablement d'une centaines d'autres banalités pour vous autres. Mais il est jamais trop tard, pas vrai ? » Pas besoin de t'étendre sur le sujet pour qu'elle comprenne à quel point ton implication et ta dévotion étaient absolues. Elle le sait déjà, elle a failli en payer le prix. Mais si t'es là ce soir, avec elle, c'est bien parce que t'aimerais changer cet aspect de ta vie. Au-delà d'apprécier le luxe, ça a surtout toujours été pour toi une revanche sur votre misère passée. « On avait pas grand chose, avant. Alors j'imagine que depuis je veux tout ce qu'il y a de meilleur pour oublier quand je n'avais que le pire. » Haussement d'épaules face à ta propre tentative d'introspection. Tu sais pas si ça a réellement de l'importance, mais ça fait du bien de lui en parler.

Bon, c'est à ton tour de faire la démonstration de tes talents. Même si c'est là un bien grand mot. T'attrapes la guitare délaissée à côté de Jinny, et tu t'échauffes les doigts en grattant quelques cordes. Bon sang, ça fait combien de temps que t'as pas joué ? Beaucoup trop pour te souvenir de toutes les chansons apprises au cours de ta jeunesse, quand tu t'évertuais à tout essayer pour toujours impressionner un peu plus tes parents – et les filles. « Bon, tu tombes pas amoureuse, hein ? » Sourire espiègle à l'égard de ta partenaire, reprenant le naturel de la provocation et de la séduction là où tu l'avais laissé. Elle le sait maintenant, que c'est plus fort que toi. Allez, tu vas lui montrer que t'as pas que de la gueule. Et avec un peu de chance, elle en oubliera que tu joues aussi au polo. Après quelques secondes de réflexion, des accords d'une chanson te reviennent rapidement en tête, celle que tu jouais le plus souvent pour le challenge qu'elle représentait et pour ses sonorités bien distinctes : Smooth Criminal de Michael Jackson. Y a quelques fausses notes, mais dans l'ensemble tu retrouves presque ta dextérité d'antan, tes doigts glissant aisément d'une corde à l'autre. La guitare c'est comme le vélo finalement, ça ne s'oublie pas. Par contre, tu ne commettras pas l'erreur de chanter, ça casserait tout ton effet. Et après deux minutes, tu t'arrêtes sur une dernière note, satisfait de ta performance improvisée, loin d'être parfaite, mais pas trop dégueulasse dans sa globalité. « A l'époque ça marchait, maintenant, je suis pas très sûr. » Tu rends l'instrument à sa propriétaire, la mettant à son tour au défi de te faire une petite démonstration. Elle s'est assez échauffée, il est l'heure de te montrer de quoi elle est vraiment capable. Pendant qu'elle se prépare, tu te sers une saucisse que tu glisses dans ton pain. Voilà, t'as une bière, un hot dog, t'es prêt pour assister au spectacle de la campeuse professionnelle. « Donc toi, si je comprends bien, le camping c'est ton idée du rendez-vous idéal. » Oh oui, t'aimes pousser toujours plus loin pour tester les limites de tes interlocuteurs, et dans le cas de Jinny, t'as trouvé ton moyen d'y parvenir. T'as bien vu sa réaction quand tu lui as déjà fait sous-entendre durant votre échange de sms. Un rendez-vous. Ce qui est loin d'être le cas, mais la voir s'en offusquer t'amuses beaucoup, tu l'admets. Et puis peut-être que tu espères qu'elle te rende les coups. Elle doit en avoir dans le ventre la texane, c'est certainement pas un petit jeu de garnement séducteur qui va la mettre hors course. « C'est ta chance de tester si ça marche aussi sur les garçons. » Allez, t'es tout ouïe, c'est le moment ou jamais de faire jouer ses charmes. Et ce qui les rendent aussi efficaces, c'est qu'elle n'a pas du tout conscience d'en avoir.
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Dernière édition par Cain Turnbull le Jeu 14 Jan - 20:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 25 Oct - 16:06


the night we meet again


Comme en ce bord de mer à Coast City quelques semaines plus tôt, Jinny croyait entr’apercevoir, à la faveur des confidences de Cain, le dessous des cartes, les coulisses de cette famille maudite qui faisait figure de mythe dans la vie de chaque Hex qui avait vécu depuis Jonah, mais n’étaient, finalement, eux aussi que des gens normaux. Enfin, normaux, peut-être pas. Mais des gens, plutôt que des monstres et des croque-mitaines – des gens dangereux, des fanatiques, peut-être des fous furieux, et le tableau que Cain lui en peignait n’avait de cesse de la laisser profondément perplexe ou passablement agacée. Mais, elle devait bien l’admettre, elle ne savait pas tout à leur sujet, loin de là. Rien que des bribes d’histoire, parfois contradictoires, dénichées ici et là dans un bouquin d’histoire ou un autre. La gloire passée des Turnbull, elle la connaissait bien. Leur présent, ou leur histoire récente ? Un mystère complet. Un mystère qui ne l’avait jamais intéressée, un mystère dont elle se fichait comme de sa première paire de chaussettes, ou dont elle s’était foutue, jusqu’à ce que Cain Turnbull ne fasse une entrée fracassante dans sa vie. Quel genre de personnes c’était, les Turnbull ? Qu’est-ce qu’ils avaient pu traverser, pour en arriver à vouloir transformer leur propre fils en assassin ? Peut-être qu’il y avait quelque chose de légitime, dans leur vendetta – peut-être que Jonah avait vraiment commis l’impardonnable et que la blessure ne s’était jamais refermée. Mais elle avait beau essayer, elle était incapable de trouver la moindre excuse pour justifier ce terrible sentiment d’angoisse et d’abandon qui l’avait écrasée, par procuration, quand Cain avait été en convalescence, abandonné à son propre sort alors qu’il n’avait été que l’instrument de leurs desseins à eux. Rien non plus pour justifier la tristesse d’un petit garçon dont la mère se désintéressait au profit d’elle ne savait trop quoi. « C’était autant la mouise que ça pour vous ? » demanda-t-elle, réellement curieuse. Parce qu’elle voudrait bien vraiment comprendre comment, tous, Turnbull comme Hex, ils en étaient arrivés là. Peut-être qu’un jour, Cain accepterait de lui en dire plus, pour qu’elle comprenne vraiment d’où ils venaient, les Turnbull, avec leur obsession ; mais bordel, y avait-il quoi que ce soit dans cette histoire qui pourrait justifier le meurtre de ses grands-parents, et la tentative faite sur sa propre vie ? Un profond sentiment d’indignation lui noua l’estomac. Okay, elle était peut-être prête à tendre la main à Cain, en vertu de cet étrange lien qui les unissait contre leur volonté, en vertu de sa sincérité, quand il affirmait s’être fourvoyé, mais le reste de sa famille, elle en était presque désolée pour lui, elle n’était pas encore prête à faire le moindre pas vers eux. Qu’ils la laissent tranquille, et elle ferait de même, point barre. En dehors de Cain, elle ne voulait plus entendre parler d’eux. C’est donc sans le moindre scrupule qu’elle les chassa, tous autant qu’ils étaient, de ses pensées pour se concentrer sur quelque chose qui s’annonçait bien plus distrayant : Cain à la guitare.

Il était confiant, Cain, et Jinny aimait bien les gens confiants, parce que quand ils réussissaient à tenir leur réputation, ça garantissait un sacré spectacle, et quand ils se plantaient, les regarder se décomposer sur place était particulièrement satisfaisant, donc quoi qu’il arrive, elle sortait gagnante. A son sourire facétieux et va petite provocation, elle répondit par un ricanement et un sourire pas moins chargé de malice. « Montre-moi ce que t’as dans le ventre au lieu de mettre la charrue avant les bœufs. » Comme si quelques accords de guitare pouvaient suffire – on ne la lui faisait pas, à elle ! Mais, à sa décharge, il se débrouillait plutôt pas mal, le garçon. Un peu rouillé apparemment, mais ça se voyait à peine, et dans la lumière de cette fin de journée, du feu de camp, dans ce décor de plénitude et d’aventure, elle trouvait même qu’il avait l’air parfaitement à sa place, le guitariste qui n’avait jamais fait de road trip de sa vie. Décidément, elle allait de surprise en surprise, avec lui, sitôt qu’ils s’éloignaient de leur guerre familiale. Et elle aimait bien, ce qu’elle découvrait petit à petit, quand il voulait bien le lui montrer. Vraiment bien. Smooth Criminal touchant à sa fin, la cowgirl se fendit d’une salve d’applaudissements enthousiaste, tout sourire. « Bravo maestro. La moi de quinze ans serait tombée dans le panneau en un rien de temps. » Heureusement qu’elle était plus âgée, plus mature, et plus raisonnable. Quelle catastrophe, sinon. De bonne grâce, elle attrapa la guitare à son tour, et un nouveau rire bas passa la barrière de ses lèvres. « Evidemment, c’est parfait le camping. Si tout se passe bien, the sky’s the limit, si ça se passe mal, personne ne sait où j’ai enterré le cadavre. » rétorqua-t-elle du tac au tac en rebondissant sur sa plaisanterie de tout à l’heure. Heureusement qu’ils n’étaient pas en vrai rendez-vous, hein. Bon, est-ce que ses talents de country girl marchaient aussi sur les garçons ? Depuis le temps qu’elle n’avait pas essayé – affrontant une dernière fois le regard de Cain en rivalisent d’effronterie avec lui, elle donna un premier coup d’accord particulièrement dramatique sur les cordes, puis ricana à nouveau et baissa les yeux sur son instrument pour positionner ses doigts correctement. Et puis, plutôt que de la country – trop cliché ! – c’est le blues qui reprit ses droits dans leur petite clairière, au son de l’inimitable Ray Charles et de l’histoire d’un pauvre Jack à qui l’on demandait de déguerpir, et de ne surtout pas revenir. Et Jinny était texane. Jinny n’avait peur de rien, et surtout pas du ridicule, alors, sans même se poser la question, Jinny opta, elle, pour aussi pousser la chansonnette – parce que ce serait criminel, aussi, de priver Hit The Road Jack de ses paroles cultes. Avec Jinny, on ne plaisantait pas avec les classiques.

Jinny ne savait plus trop quand elle avait commencé à apprendre à jouer de la guitare, ayant l’impression d’être pratiquement née avec l’instrument entre les mains ; tradition familiale, tradition locale, même, les guitares et les cordes vocales faisant partie intégrantes de la culture de Dripping Springs, de ses barbecues familiaux ou entre amis. La honte ou la timidité à ce sujet étaient des notions étrangères, alors depuis toute petite, elle avait appris à ne pas hésiter à donner de la voix. Elle savait qu’elle touchait juste, dans ses notes ; quant à chanter bien, elle s’en fichait et laissait l’appréciation à son public. Il se ferait sa propre opinion, Cain. Elle, elle s’amusait, avec cette chanson qui se prêtait si bien à la comédie et l’exagération – et si lui aussi, alors jackpot. Dernier accord qui résonna dans l’air, avant qu’elle ne plaque ses mains sur les corde pour les faire taire ; et Jinny Hex salua d’une courbette assise son public d’une personne et d’un chien. « Merci, merci, je suis au Hard Rock Café de Metropolis tous les jeudis. » dit-elle drapée dans son triomphe imaginaire, en reposant sa guitare à côté d’elle, avant d’à son tour se servir une saucisse grillée pour un hot dog bien mérité. Après l’effort, le réconfort. Avec un soupir de contentement, Jinny se laissa retomber par terre, jeta un morceau de saucisse à un Sawyer ravi de son sort, et renvoya la balle à son gredin de compagnon. « Je suis sûre que je viens d’évincer Shania Twain dans ton top 10. » Haha, comme si. Mais assez de trivialités. Ils étaient là pour initier Cain aux joies du road trip – même si cet objectif-là s’était improvisé à la lueur de ses révélations – alors il y avait une étape à laquelle ils ne pouvaient pas couper. Les jeux autour du feu, bien entendu ! « Tout à l’heure dans la voiture, on a dit qu’on voulait essayer d’apprendre à se connaître, pas vrai ? Loin de nos familles. Loin de ce qui a pu se passer à Gotham. » reprit-elle après quelques minutes de silence dédiées à entamer son hot dog et sa bière. « T’as déjà joué à ‘je n’ai jamais’ ? » Ses yeux noisettes se reportèrent à nouveau sur Cain, cherchant l’approbation dans son regard. « C’est un peu dans le même esprit que ce à quoi on a joué avec Jeff. J’annonce quelque chose que j’ai jamais fait, et si toi tu l’as fait, tu bois. Et vice-versa. En donnant des détails à chaque fois, évidemment. » Un jeu tout simple pour faire exactement ce qu’ils avaient annoncé vouloir faire : faire connaissance, et voir s’ils pouvaient, ou voulaient, se donner une seconde chance. Et quel meilleur moyen pour ça que de découvrir le pire et le meilleur que chacun avait déjà fait dans sa vie ? Un test à moitié avoué, une épreuve bon enfant : pour voir si oui ou non, ils étaient aussi compatibles que ce que ce foutu lien voulait bien leur faire croire. Si oui ou non, cette complicité déconcertante survivrait à quelques questions savamment calculées. Et sitôt que Cain opina, Jinny ouvrit les hostilités : « Je n'ai jamais... pris l'avion. » Autant commencer simple, avant de trouver les points faibles à exploiter.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 1 Nov - 22:22


the night we meet again


C'est d'un haussement d'épaules que tu réponds à sa question sur ta famille. Est-ce que vous étiez réellement dans la mouise ? Tout dépend de la définition exact du mot. La Nouvelle-Orléans est magnifique, mais elle peut aussi être synonyme de misère, et pendant longtemps, c'est ce que vous avez effectivement connu. Vous n'étiez pas à la rue, pas du tout, mais les fins de mois étaient difficiles, et à force d'être biberonné à ces racontars de malédiction, t'as fini par y croire toi aussi, et t'as blâmé les Hex pour tout ce que vous ne pouviez pas avoir. Pour tout ce que toi tu ne pouvais pas avoir. C'est ce qu'ils te disaient de toute façon, que c'était leur faute. Que tout était leur faute. Une période dont tu te souviens distinctement et dont tu ne gardes pas que des mauvais souvenirs. Pour cause, c'est là que tu as rencontré Seraphine, elle aussi habitante des bas quartiers de la ville, et qui a été d'un soutien infaillible pendant un bon moment. Vous étiez pareils, deux gamins qui apprenaient à se débrouiller et à essayer de se frayer un chemin dans ce monde difficile, à se contenter du peu tout en rêvant de plus grand. Quand t'es sorti de tout ça, t'aurais dû mieux l'aider. Tu sais qu'elle aurait refusé, mais t'aurais au moins pu essayer. Et maintenant tu le sais, ce n'était en rien une malédiction, simplement une famille qui préférait dépenser son énergie en rejetant la faute sur les autres plutôt que de tout faire pour retomber sur ses pattes. Tu l'as fait pour eux, à force de volonté et de détermination, mais parfois, comme ce soir, tu te dis que t'aurais mieux fait de ne pas jouer les messies. « Disons qu'on a tout perdu et qu'il a fallu du temps pour tout reconstruire. » Difficile à croire à cette précarité quand maintenant elle sait pertinemment que tu roules sur l'or. Mais tu sais aussi qu'elle est assez futée pour mesurer à quel point l’ascension a été rude et éprouvante. On ne bâtit pas un empire facilement. Et encore moins sur les cendres du précédent. Mais ce n'est pas un sujet sur lequel tu veux plus t'épancher ce soir. Non, vous êtes ici pour vous retrouver, pour apprendre à vous connaître, et surtout, oublier que le monde extérieur existe. Pour que le poids de vos noms respectifs n'aie plus aucun rôle à jouer dans votre toute nouvelle histoire. Une histoire qui commence son second round en musique, non sans une petite pointe de taquinerie largement bienvenue dans la légèreté de cette soirée partagée. Bien que taquinerie soit un terme bien trop sage pour définir les quelques balles que vous vous lancez à tour de rôle – pas celles d'un flingue, cette fois. Et que tu es satisfait de la voir répondre avec autant d'entrain et de mordant. Un jeu, c'est quand même mieux à deux, et d'autant plus avec une adversaire à la hauteur.

T'essayes de pas trop le montrer pour ta réputation de mec toujours sûr de lui, mais t'es véritablement flatté par sa réaction après ton petit numéro Walmart de charmeur à la guitare. Oh, stop, elle va te faire rougir. Alors pour rebondir très vite et ne pas te laisser avoir par ces encouragements qui se sont finalement faits que trop rares dans ta vie, tu réponds aussitôt : « Et faut faire quoi alors pour que la toi d'aujourd'hui tombe dans le panneau ? » Mécanisme de défense pour ne pas être happé par un côté émotionnel enfui et redouté, mais peut-être pas que. Toujours dans cette étrange continuité qui vous pousse chaque fois un peu plus à mettre les pieds sur un terrain miné. A quoi tu joues ? T'en sais trop rien. Mais t'es plus que ravi de lui laisser la guitare pour faire redescendre l'adrénaline, et de pouvoir juger par tes propres yeux ses talents à elle. Okay. Elle plaisante pas la cowgirl. Du Ray Charles joué à la guitare ET chanté. T'es impressionné. Très impressionné. Y a un grand écart entre votre karaoké improvisé dans la voiture et cette prestation au clair de lune, guitare pour appuyer un talent que tu ignorais aussi poussé. Happé par le show, sourire aux lèvres, tu caches difficilement ta déception quand les dernières notes se font entendre, bien trop tôt à ton goût. Quoi, déjà ? « Vous cachez bien des choses, Jinny Hex. » A ton tour, tu applaudis avec vigueur, spectateur conquis qui pourrait presque la croire pour ce café de Metropolis. « T'emballes pas, Shania est number one, toi tu viens seulement de faire ton entrée dans le classement. » Qu'elle prenne pas déjà la grosse tête, la chanteuse du dimanche. Mais puisque t'es de bonne humeur et qu'en plus t'as envie d'être juste dans ton jugement de sa prestation, tu acceptes de rajouter quelques compliments à ta première impression à chaud : « Bravo, je comprends que ça puisse marcher sur les filles. » Evidemment, c'est consciemment que tu omets de parler de l'effet sur les garçons, et elle ne manquera sans doute pas de le remarquer, avec ce regard plein de malice que tu lui adresses en guise de nouvelle gentille provocation. T'en as bien assez dit, faut en garder pour après, si d'autres talents potentiels se dévoilent. Après un long soupire d'homme satisfait par ce début de soirée, tu te lèves pour aller te chercher une autre bière, tandis que Jinny lance les prémices d'un jeu que tu ne connais que de nom. « Non, jamais. Notre truc c'était plutôt le jeu de la bouteille à la fac. » Ce qui serait pour le moins compliqué à jouer ce soir, et d'autant plus avec elle. Alors 'je n'ai jamais' ce sera.

Attentif aux règles, tu reviens t'assoir près d'elle, plein de bonne volonté pour cette nouvelle partie qui s'annonce endiablée. Elle sait dans quoi elle s'engage, pas vrai ? Okay vous êtes encore dans la phase découverte, mais elle en a quand même vu bien assez de toi pour savoir que ce jeu qu'elle vient de lancer va se jouer à ses risques et périls. Ce qui s'est fait avec Jeff n'était qu'un avant goût des choses sérieuses, car vous voilà maintenant en tête à tête. Excité par la perspective offerte par ce 'je n'ai jamais' sa première question te fait finalement l'effet d'un ballon de baudruche qui se dégonfle. « Sérieusement ? » Quoi, c'est vraiment avec cette question qu'elle lance les hostilités ? Va falloir monter le niveau rapidement si elle espère garder ton intérêt. Toi, t'aimes bien quand ça démarre sur les chapeaux roues, sans doute là une habitude d'un homme d'affaires qui n'a pas de temps à perdre. Et sans aucune surprise, tu portes le goulot de ta bière à tes lèvres pour en boire une belle gorgée. Évidemment que tu as déjà pris l'avion, et pendant un bref instant tu réfléchis à une histoire qui pourrait se joindre à cette première manche en douceur. « Mon premier vol c'était pour le boulot, j'ai volé jusque Métropolis. Et par la suite j'ai étendu au monde entier. Toujours pour le boulot. » Car très franchement, tu ne te souviens pas de la dernière fois où t'as pris des vacances. Mais qu'importe, ça t'a malgré tout permis de découvrir de nouvelles cultures et de t'enrichir de ces nombreux voyages. « Par contre, toi, va falloir songer à quitter le pays. Y a tellement de belles choses à voir. J'ai adoré la Grèce. La France aussi. Et le Japon, lui, est très dépaysante. Mais mon coup de cœur, je crois que ça reste l'Ecosse. Choix sans doute étonnant, mais il y a une atmosphère qui se dégage là-bas qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Ces châteaux. Ces mystères. Je crois que c'est mon trucs les coins un peu mystiques. » Attention, tu ne nies pas la beauté de votre patrie, ni le charme des road-trips sur les longues routes américaines, mais tu sais qu'elle aimerait tellement tout ce que le reste du monde a à offrir. Elle est curieuse, toujours intéressée, et assez ouverte d'esprit pour embrasser joyeusement toutes ces façons de vivre différentes. Et voilà même que l'envie de la guider dans cette découverte te prend. Ou alors c'est parce que tu veux simplement voir son regard s'émerveiller devant tout ce que t'as eu toi la chance de voir. De voir sans réellement t'y attarder. Voilà le prétexte parfait pour y retourner accompagné. « A mon tour. Je vais aussi commencer doucement. » Hum. Compliqué pour un chien fou de se brider. A nouveau tu prends quelques secondes de réflexion, avant de finalement poser une question que tu juges très honnêtement facile :  « Je n'ai jamais passé la nuit avec un homme. » Quelle surprise, pas vrai ? Maintenant elle doit connaître on ne peut mieux ton goût prononcé pour la gente féminine, il n'y a donc là rien d'étonnant, mais c'est elle qui a voulu commencer par l'évidence et la facilité. Tu ne fais que suivre son exemple. Et puis, faut bien qu'elle puisse boire un peu, elle aussi.
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyVen 6 Nov - 22:29


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Est-ce qu’elle cachait bien des choses, Jinny Hex ? Eh. Probablement. Comme tout le monde. Comme tout le monde qui comptait une légende de l’Ouest un peu louche dans ses ancêtres. Comme tout le monde qui avait rejoint une équipe de superhéros. Comme tout le monde qui avait sur les épaules un poids un peu plus large que ce qu’elles étaient censées être capables de porter. Au fond, ça faisait partie du jeu, tout ça, et Jinny le jouait jusqu’au bout. Elle ne cherchait pas à dissimuler son identité, se baladait à visage découvert en affichant son véritable nom en bandoulière, figure d’exception dans le milieu des ligueurs et autres affiliés, elle n’hésitait pas à déblatérer mille anecdotes de vie plus absurdes les unes que les autres, et hop, le tour était joué. Façade ouverte et sans secrets parfaitement et soigneusement élaborée, et tout le reste, elle pouvait le garder pour elle, et se montrer sélective comme bon lui chantait. Ne serait-ce que pour, parfois, comme aujourd’hui, ménager ses effets et prendre ses interlocuteurs de court quand il le fallait. Parfaitement incapable de réprimer le sourire un peu fier et flatté qui se fraya sournoisement un chemin jusqu’à ses lèvres sous les compliments de Cain, elle avait fait semblant de les accepter avec grâce en reposant sa guitare et de changer de sujet en proposant un nouveau jeu, mais il fallait bien l’avouer : il était bon de voir qu’elle n’avait pas perdu la main. Et, peut-être un chouïa plus accablant pour elle, elle tairait le contentement presque adolescent qui avait irradié dans sa poitrine quand la sincérité de Cain avait transpiré dans sa voix. Hé ho. Depuis quand elle cherchait son approbation, à lui, hein ? Lui et ses provocations gamines qui lui donnaient systématiquement envie de répliquer comme un jeu de ping pong sans fin. Mais ce n’était pas de sa faute, Jinny, elle aimait bien rentrer dans le lard des gens, et elle aimait encore plus quand elle tombait sur quelqu’un qui lui tenait tête. Et pour lui tenir tête, ça, Cain lui tenait tête. Depuis le premier jour. Décidément, sans cette sombre histoire de guerre familiale, ils seraient probablement déjà les meilleurs amis du monde. Et quelle meilleure confirmation de cette rivalité bonne enfant que sa réaction dépitée à sa première question ? Jinny dut se mordre la langue pour ne pas éclater de rire – quelle déconfiture ! « Très sérieusement. » confirma-t-elle alors que le feu crépitait joyeusement pour faire écho à sa question. Peut-être qu’effectivement, ça n’était pas osé, ni risqué, comme question. Peut-être que c’était moins amusant ; mais aux yeux d’une petite texane qui n’avait jamais quitté le pays de sa vie, qui n’avait même jamais voyagé avant ses vingt-et-un ans, c’était surtout un moyen d’arracher, à quelqu’un dont elle savait qu’il avait probablement bien plus bourlingué qu’elle, quelques histoires susceptibles de la faire rêver. Et puis, en bonne nomade qu’elle était, évidemment que ce serait révélateur, la façon dont lui parlerait de ses voyages. Il voulait qu’ils apprennent à se connaître ? Ca commençait là aussi. Parfois où on ne s’y attendait pas.

Evidemment, elle n’était pas déçue. Peut-être qu’elle aurait préféré l’être ? Si elle était supposée encore se trouver en équilibre sur ce fil fragile de la confiance, peut-être qu’il aurait mieux valu pour elle qu’il se plante, qu’il se révèle en fait être un mec super chiant qui ne sort jamais de sa chambre d’hôtel quand il voyage et n’a rien à raconter. Mais évidemment, ça n’était pas le cas, et s’il lui avait raconté un pipeau pareil, elle ne l’aurait même pas cru. Les jambes croisées en tailleur, le menton posé dans la paume de sa main et le coude au creux du genou, Jinny buvait ses paroles, à Cain, notait toutes ses recommandations dans un coin de son cerveau, s’imaginant avec plaisir en Grèce, en France, au Japon – un véritable rêve – ou en Ecosse, et se promettant d’y aller un jour et de lui envoyer une carte postale en souvenir de cette soirée, s’ils en ressortaient entier. Qui sait. Peut-être même qu’il pourrait venir avec elle. Des étoiles dans les yeux en l’écoutant parler et un sourire suspendu au coin des lèvres, Jinny gratouilla la tête de Sawyer, visiblement lui aussi devenu auditeur attentif allongé dans l’herbe avec sa tête posée sur sa jambe. « Damn, t’as vraiment fait le tour du monde. » commenta-t-elle, avec cette intonation traînante du sud profond dans la voix. « Ouais, pas si étonnant que ça, l’Ecosse. J’ai bien vu à la Nouvelle-Orléans comment tu étais attaché à cette sorte de mysticisme et à l’étrange. T’es peut-être sensible aux esprits et à tous ces trucs-là, qui sait. » remarqua-t-elle, avec amusement mais sans moquerie aucune. « Si un jour tu veux te reconvertir, pense à la voyance. » A la Nouvelle-Orléans, ou en Ecosse. Lui qui voulait gagner son émancipation, quel beau retournement de situation ce serait. En attendant, il continuerait de voyager aux quatre coins du monde – et si la soirée était assez clémente, peut-être même qu’elle aurait de nouvelles occasions de l’écouter parler de ces cultures lointaines qu’elle, elle n’avait jamais croisé que dans les films et sur internet. De bonne grâce, elle se prépara à passer à son tour sous le feu des projecteurs, prête à sereinement accueillir n’importe quelle proposition qui sortirait de sa bouche – si en plus il commençait doucement… mais, la confession de Cain tomba entre eux comme un sac de plomb dans un étang. Je n’ai jamais passé la nuit avec un homme. Confession absolument logique venant de lui, et elle qui s’était attendu à un coup dans le même genre et à boire automatiquement, s’immobilisa le geste à peine esquissé. Et oublia de respirer. Et fixa Cain un peu bizarrement du regard parce qu’évidemment, ils pouvaient pratiquement lire dans les pensées l’un de l’autre, et il fallait qu’il tombe pile sur cette erreur d’interprétation-là, ce gros malin. Jinny cligna des yeux. Jinny se mordit l’intérieur de la joue. Et Jinny reposa sa bière par terre sans la boire. Boum. Un point pour elle. Enfin. A quel prix, hein.

« Haha. Plot twist, je suppose. » rétorqua-t-elle dans une tentative d’humour qui aurait sans doute été plus convaincante si le gêne ni lui étranglait pas un tout petit peu la voix. Evidemment. Evidemment qu’il tapait dans le mille – et même si ça n’était rien dont Jinny ait honte, ça n’était quand même pas le genre de détail de sa vie personnelle qu’elle se serait attendue à révéler ce soir à son supposé ennemi juré. La cowgirl se passa une main sur la nuque en cherchant ses mots, et puis décida que flûte, puisqu’ils en étaient rendus là, ce serait encore plus bizarre si elle ne disait rien. Pas de honte, on avait dit. Et puis, elle n’allait pas se laisser intimider par Cain Turnbull, si ? Feignant un naturel qu’elle n’avait pas vraiment, elle soupira et fronça le nez, et ajouta, assurée, mais moins qu’elle voulait bien le laisser paraître : « Je t’ai dit que j’aimais les filles et les garçons. J’ai jamais précisé que j’avais de l’expérience avec les deux. Ne jamais se fier aux apparences, la voilà la morale de l’histoire. » Ben oui, elle avait quand même gagné la manche, du coup. Alors, au lieu de boire, elle s’octroya une récompense en ouvrant un paquet de biscuits. Ca n’est qu’en relevant les yeux sur Cain et en attrapant son regard, qu’elle comprit que pour jouer le jeu, elle allait devoir donner un peu plus de détails. Alors, Jinny soupira, et laissa Cain s’aventurer un peu plus dans ce drôle de coin de son jardin secret. « Quand j’étais au lycée, il y avait ce type. Frankie Marks. J’en pinçais un peu pour lui, il m’a invitée au bal de prom… au final, on a trop bu, on s’est perdus de vue pendant la soirée, et on ne s’est plus recroisés. » Seulement de loin, jusqu’à ce qu’elle ne lui passe les menottes aux poignets pendant une tentative de braquage de leur bowling local. « J’ai rencontré mon ex un peu après, on est restées deux ans ensemble, et j’ai quitté Dripping Springs juste après notre rupture. Après ça, j’ai passé mon temps sur les routes, puis à jouer les héroïnes… Disons que c’était pas ma priorité, les relations. Et même pour les trucs pas sérieux, je sais pas… j’ai eu plus de succès avec les filles. Peut-être que je dégage un truc pas assez hétéro pour ce messieurs. » s’amusa-t-elle, bien consciente de ce qu’elle projetait, comme image. L’image d’une fille qu’on imaginait plutôt s’intéresser aux filles. On le lui avait déjà dit, et ça ne l’avait jamais assez dérangée pour qu’elle cherche à rectifier le tir. « Et les rares qui ont tenté le coup, c’était eux qui ne m’intéressaient pas, ou ça ne s’est pas fait. C’est la vie. » Et oui. Enfin, pour elle, ça l’était. Le regard droit et attentif posé sur Cain, à l’affût de la moindre réaction de sa part, Jinny eut un sourire en coin, bien consciente de l’incongruité de la situation. « Tu trouves ça bizarre ? » demanda-t-elle, sincèrement curieuse de la réponse – parce que là, tout de suite, connexion ou pas connexion, elle ne savait pas vraiment ce qu’il pensait, Cain, et la sensation était assez inconfortable – seigneur, manquerait plus qu’ils deviennent accro, tiens. Et, histoire de lui offrir une échappatoire, à ce pauvre garçon, elle fut même assez magnanime pour ajouter, avec un sourire malicieux : « Tant qu’on est dans la déconstruction des clichés : je n’ai jamais fait de plan à trois. »

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 15 Nov - 18:57


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C'est drôle, malgré tout ce qui s'est passé entre vous dernièrement, tu n'arrives plus à imaginer un avenir où elle ne serait pas là, quelque part. Et c'est terriblement aisé que de la voir à tes côtés lors de futurs voyages, jouant à la fois les guides et le touriste qui découvre tout sous un autre angle. Parce qu'elle a ce pouvoir là, Jinny, celui de tout rendre différent. Il y a encore quelques mois jamais tu n'aurais envisagé d'aller camper avec une fille pour apprendre à la connaître. La vérité, c'est que t'as jamais essayé de le faire. Pas une seule fois. Avec aucune d'entre elles. A quoi bon quand l'on envisageait pas une relation qui survivrait aux premières lueurs de la matinée. Tout l'inverse de ce que vous êtes en train de faire ici, à parler de voyages tout en taisant cette envie que le prochain soit ensemble. Vous n'avez pas besoin de le dire pour que ce soit évident, pas vrai ? Et si vous ne le dites pas à haute voix, préférant garder pour vous ce secret qui n'en est pas réellement un, c'est parce que c'est effrayant comme sensation. Vous avez failli vous entretuer, vos familles sont rivales depuis des décennies, tout devrait vous opposer, et pourtant, la seule chose à laquelle tu penses c'est le premier pays où tu aimerais pouvoir l'emmener. Parce que tu vois les étoiles briller dans ses yeux quand elle t'écoute, et quel plaisir ce serait de les voir ensuite pétiller face à tout ces mondes à découvrir. « Non merci, la voyance je veux plus trop en attendre parler pour l'instant. » Est-ce qu'elle aussi elle doit s'efforcer de ne pas laisser son esprit gambader vers tout ce qui vous a été dit la dernière fois ? Est-ce qu'elle aussi, chaque fois qu'elle est seule, ressasse tout ce qui vous a été prédit ? Et rien qu'en la regardant, mesurant pleinement à quel point ces retrouvailles autour d'un feu sont inespérées, tu ne peux t'empêcher de penser que tout est vrai. Tout. Même ce que t'aimerais pouvoir faire disparaître de ta mémoire, sans pour autant réussir à totalement réfuter l'idée. Et si elle avait raison ? Et si tout ceci était le début de quelque chose de déroutant ? Ça l'est déjà, après tout. « Pour ce qui est des voyages, c'est toi qui choisira le prochain. » Tu laisses planer l’ambiguïté, qui joue un rôle de rempart derrière lequel tu peux te cacher. Bien sûr que c'est une proposition de partir avec toi, et bien sûr qu'elle le comprendra, mais la décision lui revient entièrement. Tu ne veux surtout pas brusquer quoi que ce soit, encore moins après ces dernières semaines houleuses où vous avez bien failli vous perdre. Mais c'est peut-être aussi précisément parce que t'as été à deux doigts de la perdre que maintenant t'as besoin d'en profiter le plus possible. En apprenant doucement mais sûrement à cesser de museler tes propres envies.

Bon, qu'est-ce qu'elle attend pour boire son coup, Jinny ? C'est censé être une première question facile. A moins que... ? Bon sang. Et merde. « Oh. » Elle n'a pas besoin de le dire clairement pour que tu commences déjà à comprendre ce que cela signifie. Tu ressens sa confusion et même cette petite gêne qui n'a pourtant pas lieu d'être. Elle non plus, n'a jamais passé une nuit avec un garçon. Et voilà que tu te sens soudainement stupide d'avoir anticipé autant sa réponse, la mettant ainsi dans l'embarras, et brisant cette légèreté qui commençait à s'installer. Après un bref silence, t'es sûr le point de lui préciser qu'elle n'a absolument pas à se justifier là-dessus, mais elle prend les devants, la cowgirl intrépide, jouant le jeu jusqu'au bout. Okay, comme elle veut. T'aurais été prêt à sacrifier cette partie, mais tu ne peux t'empêcher de sourire face à son implication, coûte que coûte. Une adversaire digne de ce nom, qui n'a pas froid aux yeux. Ça te plait. Elle a raison, vous avez brièvement parlé de tout ça, mais pas au point d'avoir les détails suffisants pour comprendre par toi-même que l'expérience s'est arrêtée à la gente féminine. Bravo Turnbull, t'as encore mis les pieds dans le plat. Mais bon, pas de raison qu'il y ait de malaise entre vous, pas après tout ce que vous avez déjà traversé ensemble, et à mesure qu'elle te raconte son histoire, tu te sens toi aussi happé par les détails qu'elle accepte de te donner. T'as voulu faire le malin en jouant la carte de la gentille provocation, mais finalement t'en apprends bien plus sur Jinny Hex que tu ne l'avais imaginé en posant cette question. « Tant mieux, ça m'a l'air d'être un sacré looser ce Frankie Marks. » Bon en fait t'en sais rien, mais t'es quand même content qu'elle n'ait pas cédé à l'appel du dépucelage prom night. Un brin cliché, et sans aucun doute un maximum de déception. Non pas que ça t'intéresse réellement ce qui se passe dans son lit. Est-ce maintenant le bon moment pour rouler ce joint ? Tu doutes qu'il en ait de meilleur, et tandis que Jinny termine son histoire en mangeant son paquet de gâteaux, toi tu sors ta pochette magique. « Tant pis pour eux, c'est pourtant sympa ce qui se cache sous le chapeau. Faut juste aller au-delà du style particulier de cowgirl du Texas. » Mi-chemin entre flatterie et provocation, qu'elle s'arrête sur ce qui l'arrange le plus. Mais c'est vrai qu'elle est mignonne, Jinny. Tu t'autorises même à la regarder plus longuement, sous un angle nouveau, celui de si oui ou non cette fille pourrait te plaire physiquement. Et après une très courte hésitation, la réponse est oui. Une jolie rouquine au style certes un peu particulier, mais qui s'apparente pour toi à un diamant brut qui n'a pas nécessairement besoin d'être taillé, et qui s'apprécie déjà dans sa pureté imparfaite.

Voilà, ta petite douceur est prête à être consommée, et déjà, tu coinces le joint entre tes lèvres pour l'allumer, tout en fronçant les sourcils face à cette question de Jinny qui t'interpelle. Trouver ça bizarre ? Réellement surpris par ce qu'elle te demande, et visiblement véritablement inquiétée par ce que tu peux en penser, tu finis par répondre le plus naturellement du monde, comme une évidence : « Pas du tout. Ou alors c'est bizarre pour moi aussi. » Elle a jamais couché avec un homme, t'as jamais couché avec un homme, aucune différence entre vos deux manques d'expérience. Vraiment aucune. « Et puis il n'est jamais trop tard. » Tu t'amuses à chercher son regard, commençant doucement mais sûrement à ne plus bien lire les limites du jeu et de la pure vérité. Il se passe quelque chose entre vous, le même quelque chose qu'à la Nouvelle-Orléans, et même si cette fois tu y es préparé, ça n'en reste pas moins perturbant par moment. Cette soirée, elle aussi, risque d'être intéressante. Tu tires enfin quelques bouffées bienfaitrices après ce moment un brin périlleux, et elle ne devrait pas te prendre de court comme ça, parce que tu manques de t'étouffer avec en entendant le thème de la prochaine manche. Oh, okay. « Putain. Ça y est, tu lances les hostilités. » Réellement amusé, tu lui adresses un sourire complice avant de lui tendre le joint pour qu'elle puisse y goûter à son tour. Sans surprise, à nouveau, tu bois une grosse gorgée de bière. « Bon, puisque ce sont les détails qui t'intéressent, c'est parti. La première fois a été catastrophique. J'étais bourré et ça s'est fait dans une voiture. A deux c'est déjà compliqué, alors à trois je te laisse imaginer. J'en garde pas un souvenir impérissable. » Et tu ne peux encore aujourd'hui t'empêcher d'en rire, tant la souplesse a été de mise sur cette banquette arrière beaucoup trop petite pour accueillir de telles activités mouvementées. Une histoire que tu n'aurais d'ailleurs jamais pensé raconter un jour. Mais comme quoi, tout arrive, surtout avec Jinny Hex. « La seconde fois, beaucoup mieux, et dans un lit pour un maximum de confort. Deux filles que j'ai rencontré en soirée, rien de bien passionnant non plus mais bien meilleure expérience. » Tu vas t'arrêter là pour la petite histoire, tu doutes de toute façon qu'elle ait envie d'avoir plus de détails. « Pourquoi, ça t'intéresse comme expérience ? » Bah quoi, qui sait ? Elle aime les hommes et les femmes, t'es certain qu'elle y trouverait son compte quoi qu'il arrive. Même si, bien évidemment, c'est uniquement par simple envie de la taquiner. Allez, à ton tour. Elle a pas fait dans la dentelle cette fois-ci, alors qu'elle s'attende à ce que tu en fasses tout autant. « Je n'ai jamais été irrémédiablement attiré par tout ce que je devrais pourtant fuir. » Question à multiples sens, mais qui, dans votre prétexte précis, fait bien évidemment écho à votre propre histoire. Là où tu laisses planer une nouvelle ambiguïté, c'est dans la définition du mot attirance et ce qu'il englobe, que ce soit quelque chose ou quelqu'un. Et comme tu es bon joueur, tu bois une gorgée de bière. Tu bois parce que vous êtes deux ennemis qui ne devraient pas passer autant de temps ensemble. Et tu bois aussi peut-être pour autre chose.
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptySam 21 Nov - 17:49


the night we meet again


Cette fois, ni le doute ni le déni n’étaient plus permis : tout était toujours bizarre avec Cain, et ça ne tenait pas au personnage qu’il avait tenté de lui présenter avant qu’elle ne découvre la vérité, ni à son silence quant à ses réelles motivations, ni à un jeu de manipulation quelconque. Les masques avaient été abandonnés sur ce quai de Gotham, mais que ce soit dans cette chambre de motel, sur Dropaway Beach, ou au cœur de Forest County, elle persistait encore, cette impression incompréhensible qui s’attachait à chacun de leurs pas. Leur tentative d’assassinat mutuel, quand bien même ils essayaient de la mettre derrière eux, aurait dû au moins creuser une certaine distance entre eux, non ? Pas du tout. Distance non-existante, distance qui se comblait spontanément sitôt qu’ils étaient en présence de l’autre, comme un gouffre en entonnoir dans lequel ils dégringolaient sans pouvoir arrêter leur chute. Elle aurait dû se méfier de lui, chercher à maintenir une distance de sécurité, au moins pendant un temps ; et lui, il aurait dû s’éloigner aussi, pour sa famille, ou pour lui-même. Au lieu de ça, dans ce jeu qui n’était qu’un prétexte pour apprendre à se connaître loin de leurs vendettas familiales, ils faisaient immédiatement sauter toutes les barrières pour toucher au plus intime. Désir de provocation d’un côté, élan irrépressible de l’autre, et ce fil d’Ariane qui continuait, encore et encore, de tirer sur la corde même quand elle essayait de l’ignorer. C’était facile, de faire comme s’il n’était pas là. C’était facile, de ricaner et passer au-dessus avec quelques traits d’humour bien placés. Voire même avec un numéro de charme qui lui arrachait un sourire amusé, à la cowgirl, incapable de trop le prendre au sérieux, le séducteur du dimanche ; n’empêche qu’elle en était là, à lui raconter à lui ce qu’elle n’avait, à la réflexion, jamais raconté à personne d’autre, et que lui hochait la tête comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Pas son ouverture d’esprit, juste ces confessions qui ne quitteraient jamais ce campement improvisé. Le genre de confession qu’on faisait difficilement à des amis, à moins qu’il ne s’agisse d’amis très proches ; alors qu’est-ce que ça faisait d’eux, hein ? Des ennemis qui ne voulaient plus l’être, reliés par une mystérieuse connexion spirituelle, qui les propulsait dans un territoire inconnu où toutes les règles restaient encore à écrire ? Alors peut-être qu’il avait raison, Cain : autant se raccrocher à quelque chose de familier, pour dédramatiser, à des petites provocations qui n’étaient sans doute pas destinées à aller plus loin que ça. Pas vrai ? « Oh je sais. Comme si les hommes valaient la peine qu’on se mette martel en tête pour eux. » rétorqua-t-elle en soutenant son regard, sourire en coin. Une attaque, une parade, une esquive – voilà, ça c’était une forme de duel qui lui convenait infiniment mieux que celui auquel ils s’étaient livrés quelques semaines plus tôt. Des mots, des regards, des sourires facétieux, pendant que la haine et la violence restaient à la porte.

Et oui, elle lançait les hostilités – mais c’était lui qui avait commencé ! Se justifia-t-elle avec un rire, bien fière de sa petite blague, vu la tête qu’il avait tirée, le tombeur de ces dames. Elle ne s’arrêta de rire – mais pas de sourire – que quand son regard tomba sur le joint qu’il lui tendait. Ouhlàlà. Depuis quand n’avait-elle pas touché à ce genre de truc, elle ? Probablement depuis le lycée et la belle époque des premières bêtises sans conséquences. Allons, songea-t-elle en tendant la main pour s’en emparer. On ne vit qu’une fois. Fort concentrée sur ses gestes pour ne pas se ridiculiser trop vite, elle porta la cigarette à ses lèvres en écoutant le récit de Cain – évidemment qu’il avait des choses à raconter – et en tira une bouffée avec succès, franchement amusée à l’idée que quelqu’un doté d’un tant soit peu de raison puisse décider de risquer un déplacement cervical pour tenter l’impossible dans une voiture. Heureusement pour lui que la deuxième fois avait été moins désastreuse. Elle avala malgré tout, et malgré elle, de la fumée, et se perdit un instant dans un mélange de toux incontrôlable et de fou rire alors qu’il lui posait la question. Et elle, hein ? Ben voyons. « Ohlàlà non. » répondit-elle en reprenant son souffle, les larmes aux yeux – de rire et d’avoir failli s’étouffer sur place, sa mère serait si fière – avant de lui rendre sa cigarette. « Trop de paires de bras et de jambes à gérer. » extrapola-t-elle à sa façon – probablement pas très glamour. « Je préfère me concentrer sur une personne à la fois. » ajouta-t-elle en arquant exagérément un sourcil suggestif, Sean Connery de pacotille qu’elle était. Par choix, cette fois, plutôt que par opportunité – même si des opportunités, elle n’en avait pas vraiment eu, mais si elle en avait eues, elle aurait dit non merci, voilà. Et c’était au tour de Cain, et elle dressa l’oreille, attentive, prête à ce qu’il ne fasse plus dans la dentelle, lui non plus… et bang. Touché. Pendant un instant, Jinny le regarda sans réagir, son rival plein de surprises, en soutenant son regard, alors que lui admettait avoir volontairement sacrifié un pion pour ce tour. Lui aussi, alors, se rendait compte de l’anormalité de toute leur situation. De l’aberration que représentait cette rencontre, ces rires partagés, plutôt que des coups de feu, ce défi constant qu’ils adressaient à leurs familles respectives. Et pourquoi ? Parce que, voilà. Parce qu’il y avait ce truc, entre eux, qui refusait de céder, de les laisser tranquille, qui les poussait à continuer de se tourner autour sans autre forme d’explication. C’était, c’est tout. Et puisque Cain avait été honnête, il n’y avait pas de raison pour qu’elle ne le soit pas aussi ; et un sourire revint ourler le coin de ses lèvres, alors qu’elle portait le goulot de sa bière à ses lèvres. « C’est pas ta faute, va. Je sais que je suis irrésistible. » Qu’elle lance, avant de boire à son tour. Parce que le problème, potentiellement, c’était bien que lui aussi.

Elle n’était pas obligée de donner des détails, là, si ? Personne n’avait dit que ça faisait partie des règles. Alors elle se contenta de méditer un instant, songeuse, en tendant les jambes devant le feu de camp - Sawyer, lui, avait décidé qu’ils étaient bien ennuyeux, ces humains, et était reparti explorer la clairière et importuner une taupe ou une bestiole quelconque. « Je ne t’ai pas cru, au début. » reprit-elle en contemplant les flammes qui dansaient joyeusement devant leurs yeux. « Avant qu’on ne se retrouve, à Gotham. Quand tu m’as dit que tout n’était pas faux. Sur le moment, je ne t’ai pas cru, parce que je ne savais plus quoi croire, et parce que j’étais en colère. C’était plus facile de penser que tu m’avais menti sur toute la ligne. » Bon, à la trappe, l’idée de ne pas donner de détails – même si ça n’était probablement pas le genre de détails auquel il avait pensé en posant sa question. Remuer le passé n’était pas agréable, mais pour la première fois depuis le motel, Jinny avait l’impression de pouvoir le faire sans ressentir de poids insupportable lui écraser la poitrine. Plus légère. Libérée, maintenant qu’à petits pas, prudemment, ils commençaient, peut-être, à laisser ce triste épisode derrière eux. Jinny lâcha le feu des yeux pour reporter son regard sur Cain ; et en lui adressant un demi-sourire, comme pour dédramatiser la situation. Au cas où, cette fois, ce soit lui qui doute de sa bonne foi. « Depuis le motel, je me dis que je me suis peut-être trompée. » Ca lui en avait coûté de l’admettre, à elle qui démordait difficilement de ses convictions. Surtout quand l’admettre, ça voulait aussi dire admettre que tout était véritablement plus compliqué qu’un tableau où tout aurait été tout blanc et tout noir. Que tout était bien plus compliqué que de pouvoir tirer un trait sur lui, comme elle avait pu tirer un trait sur d’autres avant lui. Qu’elle était prête à y croire à nouveau, à ce quelque chose d’un peu magique, et de franchement déroutant, qu’elle avait ressenti jusqu’au plus profond d’elle-même, un après-midi sous la pluie de la Nouvelle-Orléans. « Mais ne va pas te faire des idées, quand même. Je ne suis pas si facile que ça. » ajouta-t-elle, sourire en coin, pour alléger l’atmosphère. Et puis, comme c’était à nouveau à son tour, elle médita un bref instant, son ongle tapotant contre sa bière alors qu’elle émettait un hmmm songeur. « Je n’ai jamais… eu envie de pardonner à quelqu’un qui m’a causé du tort. » Puis elle reporta les yeux sur lui, laissant flotter entre eux un bref instant de suspense ; et à son tour, belle joueuse, elle porta le goulot de sa bière à ses lèvres. Pour officialiser, enfin, l’enterrement de la hache d’une guerre qu’ils n’avaient pas demandée. A quoi bon lutter. Elle n’arrivait pas, elle n’arrivait plus, aujourd’hui, à lui en vouloir, pas vraiment. Pas assez, en tout cas, pour outrepasser cette irrésistible envie de passer du temps avec lui, et effleurer du bout des doigts la réalité autrement plus troublante de leur relation, plutôt que la guerre ancestrale barbante et barbare.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptySam 28 Nov - 22:37


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Elle prend d'abord ta confession à la légère, Jinny, et elle a bien raison. Après tout, suffit de vous regarder, deux ennemis qui ont manqué de peu de s'entretuer et qui maintenant fument et picolent ensemble autour d'un feu. Même en étant gonflé d'espoir tu n'aurais pu envisager un scénario aussi avantageux. Est-ce grâce au lien que vous êtes parvenus à jeter l'éponge aussi facilement ? Ce n'est de toute évidence pas dans tes habitudes d'ainsi renoncer à un objectif, et qu'importe si celui-ci est le plus difficile de ta vie. Pourtant, c'est sans sourciller que tu as baissé les bras face à l'adversaire, préférant subir volontiers les dommages collatéraux d'un abandon que de devoir à nouveau lever une arme vers elle. Tu t'es rejoué la scène des centaines de fois depuis, et pas une seule fois tu n'as regretté de lui avoir laissé l'occasion de tirer. Tout était si fort quand tes genoux ont fracassé le sol, quand le sang s'échappait d'entre tes doigts, et que tu as plongé ton regard dans le sien. Tout était si clair, aussi. Une évidence qui allait bien au-delà du lien qui vous unit. Dans ses yeux, t'as vu ce que tu étais, ce que tu aurais pu devenir, et ce que tu aimerais être. Un choix entre trois possibilités. Continuer sur la voie toute tracée de ta sombre destinée, te transformer en quelque chose de bien pire en l'emportant avec toi, ou lâcher prise, en espérant avoir une chance de faire mieux la prochaine fois. T'as évidemment choisi l'option numéro trois, la plus risquée, et la plus difficile pour un garçon qui était jusqu'à présent étroitement lié au destin de sa famille. Pendant plusieurs minutes, sur ces docks, t'as pensé être sur le point de mourir, et peut-être que quelque part c'était réellement le cas. Une part de toi est morte, c'est certain. Celle dont tu ne voulais plus et que Jinny a abattu d'une balle dans l'abdomen. Ce Cain détestable, enchainé aux Turnbull et consumé par la vengeance, c'est lui qui est mort cette nuit là. Et si cet événement restera sans surprise un traumatisme pour le restant de tes jours, tu comprends aujourd'hui à quel point il était nécessaire. Pour toi. Pour elle. Pour vous. Sans cette chute, sans cette terrible erreur, sans doute n'en seriez vous pas là ce soir. Toi, libéré d'un poids insoutenable, et elle, prête à tendre la main à un ennemi qu'elle n'a jamais vraiment considéré comme tel. En partageant ces moments d'insouciance avec elle, tu t'autorises à aller plus loin que la culpabilité tranchante de lui avoir menti aussi longtemps. Tu t'autorises à entrevoir un autre avenir, entièrement rebâtit par tes propres choix et envies. Ce qu'elle t'a offert avec sa balle, Jinny, c'est la liberté. Et même si au motel tu as essayé de lui faire comprendre beaucoup de choses, tu crains que les mots ne soient plus suffisants pour dignement exprimer à quel point tu te sens soulagé d'être enfin un peu toi-même. Toi-même avec elle.

Elle boit aussi la cowgirl, et tu esquisses un sourire satisfait avant de tirer sur une nouvelle bouffée de cannabis. C'est pas franchement une surprise, c'était une même une évidence. Mais c'est la suite qui est le plus intéressant, le pourquoi du comment vous en êtes arrivés là, contre toute attente. Tu lui as raconté beaucoup de bobards à Jinny, pour la faire tomber dans les mailles de ton filet, mais malgré la fourberie, tout n'était pas factice. Tu le lui as déjà dit, à la différence qu'aujourd'hui, elle te croit. T'admets aisément avoir choisi le pire moment possible pour lui avouer la vérité, il était déjà bien trop tard quand toutes les cartes sont tombées de ta manche, et son aveu, assez inattendu, donne un aspect très particulier à ces retrouvailles qui n'en sont pas vraiment. C'est admettre qu'effectivement, vous êtes parvenus à construire quelque chose qui a tout emporté sur son passage, à commencer par ta volonté de ne surtout pas te rapprocher trop dangereusement de ta cible à abattre. Echec cuisant. Aucun doute, t'es un piètre mercenaire. « A la Nouvelle-Orléans, tout était terriblement vrai. » Et c'est à la fois une autre affirmation sans doute inutile et un constat personnel qui te laisse toujours un peu sans voix. Tu n'oublieras jamais l'étrange sensation qui t'a traversé  des pieds à la tête quand vos mains se sont liées chez la voyante, et quand ensuite vous avez bravé ce diable inconnu en dansant sous la pluie chaude du sud. Pendant quelques minutes, il n'y a plus qu'elle qui comptait. Plus que cet attrait, cet inédit, et ce besoin viscéral d'en avoir toujours plus, malgré cet autre côté terriblement effrayant qui s'apparente à l'inconnu. Et bon sang, quel inconnu. Tout ça, tu n'aurais pas pu le prétendre. Tu t'es laissé prendre à ton propre jeu, et tu ne l'as pas regretté une seule seconde. « Tant que je te propose pas un plan à trois, je suis sûr que je peux y arriver. » Qu'elle ne s'inquiète pas, c'est beaucoup moins douloureux ce soir de parler de vos moments partagés, les bons comme les mauvais, et c'est sans difficulté que tu la suis sur le chemin de la légèreté. Ils font tous partie de votre histoire, à quoi bon prétendre que certains ne sont pas arrivés en essayant de les faire taire. Tu ne veux pas qu'il y ait de tabou entre vous, surtout pas. Même s'il y a des choses qui font mal, tu refuses de les laisser cachés dans un recoin de votre esprit. Pour les apaiser, il faut au contraire essayer d'en parler. Et vous vous en sortez plutôt bien pour deux téméraires qui jouent trop près du vide.

Oh. Okay. Elle tape très fort sur cette nouvelle manche, Jinny. Vous avez définitivement arrêté de la jouer bon enfant. Aussitôt, ton souffle se coupe, suspendu à ses lèvres, attendant le verdict comme un fauteur de trouble au tribunal. C'est maintenant que tout va se jouer. Elle boit. Elle boit, et pendant un bon moment, tu ne sais pas quoi lui dire, abasourdi. Il est là, ton pardon. Ce pardon inespéré mais pourtant tellement attendu. Elle vous offre une seconde chance, une nouvelle occasion de donner du sens à cette histoire. Merde alors. C'est pour de vrai ? Vrai de vrai ? Honnêtement, t'as aucune foutue idée de ce que vous êtes, mais t'es certain d'avoir envie de le découvrir. Ce soir plus que jamais. « Tu sais que j'ai fait beaucoup de conneries dans ma vie, mais je crois pas t'avoir déjà dit que j'allais me confesser tous les dimanches. » Oui, bon, ça va peut-être lui paraître absurde. Le pire dans tout ça c'est que t'es même pas croyant, tu le fais par habitude. Et sans doute un peu aussi parce qu'une petite partie de toi a quand même envie d'y croire. Une forme d’hypocrisie qui te permet de continuer de faire n'importe quoi en ayant un semblant de pardon pour te donner une bonne raison de continuer à le faire, mais aussi un réel besoin d'avoir quelqu'un prêt à t'accepter tel que tu es. Imparfait, mais pas mauvais. « Et je peux t'assurer qu'en trente ans d’existence, je n'ai jamais eu autant envie d'être pardonné. » Plus de mensonges, que de la sincérité. Même si t'es pas certain qu'elle mesure réellement l'ampleur de ta confession. T'as trahi ton frère, t'as trahi ta meilleure amie, mais c'est lui avoir fait du mal à elle qui reste ton erreur la plus fatale. Pourquoi, tu ne saurais le dire. C'est juste comme ça, un ressenti. Et comme tout ce qui vous concerne, bien sûr que ça fout les jetons, mais t'as décidé d'arrêter de lutter contre ce que tu ne peux de toute façon pas expliquer. Tout ça pour dire que t'es touché par son initiative. Vraiment très touché. De quoi apaiser les tourments qui ont suivi ton réveil à l'hôpital. Elle a cette faculté là, Jinny, de rendre les choses un peu moins difficiles, un peu moins insurmontables. Jamais auparavant tu n'aurais envisagé aller à l'encontre de tes parents, et voilà qu'elle vient de te donner tort de la plus belle des façons. Tu n'oses pas lui dire merci, mais le regard que tu lui adresses en est clairement l'équivalent. Et puis, elle peut lire dans ton esprit, non ? Pour cette fois, c'est plutôt arrangeant.

Tu bois, toi aussi. Sans être réellement légitime, qu'est-ce que tu as à lui pardonner, toi ? T'es le seul responsable de tout ce qui s'est passé entre vous. Elle ne t'a pas fait du tort, jamais. Et ce n'est pas cette balle que tu considéreras comme tel. C'est pourquoi tu décides d'y apporter une petite précision. « Je dirais plus justement que je n'ai jamais eu envie que quelqu'un à qui j'ai fait du tort me pardonne. » Ce qui rejoint ce que tu lui as dit il y a quelques minutes. Et un brin paradoxale avec tes confessions dominicales. « Parce que je m'en fichais. Parce que j'étais trop égoïste pour y apporter de l'importance. » T'es pas très fier de l'avouer, mais si tu le fais, c'est parce que tu sais ne plus être exactement comme ça aujourd'hui. T'as appris de tes erreurs, enfin. Bon, t'iras pas jusqu'à aller dans la guimauve en lui disant que c'est elle qui a réussi à te changer, mais tu dois admettre qu'il y a un peu de ça quand même. Ce lien a un effet bénéfique, il a été ton échappatoire. « Mais je te pardonne pour la cicatrice. J'espère juste que ça va pas faire baisser mon sex-appeal. » A ton tour d'atténuer le sérieux de cette discussion avec une petite plaisanterie. Un procédé qui vous devient familier mais qui n'enlève en rien la profondeur et la sincérité de vos propos. Allez, à ton tour. « Je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un. Encore moins après un départ aussi houleux. » Et puisque c'est devenu une façon d'exprimer vos sentiments en plus d'être un jeu, tu bois sans hésiter. Mais vraiment, tu ne lui en voudras pas si elle ne le fait pas en retour. Contrairement à toi, elle a des amis sur qui elle peut compter. C'est certainement pas un petit con dans ton genre qui va changer sa vie.
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Dernière édition par Cain Turnbull le Jeu 14 Jan - 20:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyMer 2 Déc - 22:23


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« C’est vrai ? Tous les dimanches ? » répéta-t-elle, un peu – beaucoup – surprise, sans moquerie ni incrédulité exagérée de celle qui ne le croirait même pas. Non, s’il le disait, c’est bien que ça devait être vrai, mais il l’avait si peu frappée comme le genre de personne à passer par le confessionnal de manière hebdomadaire, que forcément, son portrait nécessitait un petit ajustement dans son esprit. Qu’est-ce qui pouvait bien pousser Cain Turnbull à aller confesser ses pêchés au curé du coin tous les dimanches ? Peut-être qu’il croyait en Dieu et cachait juste très bien son jeu ? Il n’aurait pas été le premier croyant peu scrupuleux qu’elle aurait croisé, mais bizarrement, elle avait plutôt l’impression que la situation était un peu plus complexe que ça. Après tout, plein de gens pouvaient avoir plein de raisons différentes de le faire, supposait-elle. Peut-être que pour certaines personnes, c’était un moyen de se délester d’un poids auprès de quelqu’un qui n’était pas censé juger, ou qui les jugerait exactement de la façon à laquelle ils s’attendaient, avant de les absoudre. Une rédemption contrôlée, plutôt que de réellement dépendre de la bienveillance de quelqu’un d’autre, puisque c’était toujours risqué, de dépendre des autres. Ou peut-être que c’était une version gratuite d’un bon psy, mais si Cain avait besoin d’un psy, il avait sûrement les moyens de s’en payer un. A la lueur du feu, maintenant que la pénombre s’installait pour de bon, Jinny l’observait attentivement, son étrange compagnon. Cain Turnbull. Héritier du clan adverse. Homme d’affaires. PDG. Manipulateur. Séducteur. Egoïste. Futé. Loyal jusqu’à la moelle. Rebelle dans l’âme. Rebelle frustré par les chaînes imposées par autrui. Tourmenté. Profondément seul. Idéaliste. Passionné. Imprévisible. Sauvage, dans le meilleur sens du terme. Et la liste continuait dans sa petite tête rousse, dans un drôle d’ordre chronologique, comme en partant de l’extérieur d’une géode pour se rapprocher progressivement de son centre et constater à quel point les couleurs peuvent varier entre l’extérieur et l’intérieur. Un sourire vint éclairer son visage parsemé de tâches de rousseur, en réponse au regard qu’il lui dédia, son bourreau devenu une étrange sorte d’âme-sœur. Oui, elle pouvait lire dans ses pensées – kind of – mais y avait-il vraiment besoin d’être médium pour pouvoir interpréter correctement ce regard, et ces quelques mots de quelqu’un qui n’avait clairement pas l’habitude de s’accorder de seconde chance ? « Alors considère que c’est fait. » Voilà, aussi simple que ça. La vie était trop courte pour s’embarrasser de plus de casse-têtes que nécessaire, et comme Cain était un casse-tête remarquable en lui-même, ajouter le filtre de la rancœur et de la guerre par-dessus, ça ne l’intéressait pas. Ils avaient déjà ça à gérer. A apprivoiser. Ce fil quasi-télépathique qui s’était noué entre eux, ou peut-être seulement révélé, le jour où leurs mains s’étaient jointes sur la table chez une voyante de la Nouvelle-Orléans. Elle le vit boire aussi, et comme ça, elle décida que la trêve et la paix étaient toutes les deux signées pour de bon. Un armistice devant un feu, autour d’une ou deux bières plutôt qu’à travers les balles. Franchement, ils s’en étaient plutôt bien tirés.

Aaah l’égoïsme. Vaste sujet que celui-là, et pas franchement un sur lequel Jinny se sentait vraiment le droit de se poser en juge et arbitre. Tout ce qu’elle pouvait reprocher à Cain, c’était ce qu’il lui avait fait à elle – pour le reste, les histoires peu glorieuses qu’elle avait cru deviner au sujet de son frère, il n’avait visiblement pas besoin d’elle pour constater si oui ou non son attitude avait été répréhensible, et s’il avait peut-être mérité le retour de karma que leur rencontre semblait avoir été. C’était à lui de tirer ses propres conclusions de leurs mésaventures, s’il décidait d’en tirer la moindre. Et si quelque chose d’un tant soit peu positif pouvait ressortir de tout ça, alors tant mieux. Il n’y avait que les idiots qui ne changeaient pas d’avis, ou qui ne changeaient jamais, pas vrai ? Le Cain de demain ne serait pas le même que celui d’aujourd’hui, qui n’était pas le même que celui d’hier. Et tout ce qui comptait, c’était qu’il puisse se regarder dans un miroir sans avoir à se voiler la face pour se satisfaire de ce qu’il y voyait. Et pouf, la petite bulle de sérieux éclata gentiment sous l’attaque d’une plaisanterie, et Jinny ricana sous cape. « Tu verras, tu me remercieras. Je suis sûre que les filles seront fan. » Un mec avec de mystérieuses cicatrices de guerre et des anecdotes pleines d’aventure et de danger à raconter ? Il allait faire un malheur. Déjà qu’il était plutôt mignon – et qu’il avait l’air de le savoir – plus rien n’allait l’arrêter. Peut-être qu’elle devrait lui demander des honoraires pour service rendu, finalement. Amusée par le cheminement un peu absurde de ses propres pensées, sans doute encouragé par les volutes de marijuana qu’elle avait ingérées et qui flottaient encore dans l’air, elle se força tout de même à un peu de sérieux lorsque le jeu reprit ; et la confession de Cain la laissa à la fois pantoise et songeuse. « Vraiment ? Jamais ? » demanda-t-elle, plus surprise que moqueuse. Et en même temps, aussi proches qu’eux l’étaient… ça voulait dire quoi ? Dans le fond, ils se connaissaient à peine, tous les deux, et cette sortie était bien censée commencer à y remédier – et en même temps, c’était comme s’ils se connaissaient par cœur. Comme si un bout de lui était toujours avec elle, et vice-versa. Depuis le début, c’était comme ça. Dès leur première soirée à Metropolis, alors qu’elle l’avait ramassé au bord d’une route, elle avait plus eu l’impression de retrouver un vieil ami perdu de vue que de faire connaissance avec un parfait inconnu. C’était bien ça qui était le plus troublant, entre eux. Ce décalage frappant entre la distance naturelle qui aurait dû exister entre eux, à l’époque où elle aurait dû exister, et la proximité quasi-instantanée qui avait tout précipité, et avait été la source de toute leur douleur. Mais aussi, possiblement, de leur salvation.

Cain ne buvait pas, et Jinny n’était, à la lumière de cette étrange relation, pas certaine de comment le comprendre. N’avait-il réellement jamais eu d’ami proche, ou est-ce que c’était leur relation à eux qui était particulièrement… particulière ? Ou les deux ? Et parce que cette confession lui paraissait importante, elle préféra prendre le temps de la réflexion, son ongle tapotant contre le verre de sa bouteille alors que Cain pouvait sans doute entendre les rouages de son cerveau tourner à vive allure. Elle avait eu des amis proches, Jinny – elle avait même eu une copine, avec qui elle avait cru pouvoir tout partager, jusqu’à découvrir qu’elle se partageait avec quelqu’un d’autre. Mais sa proximité avec Cain, c’était autre chose encore. Ce n’était même pas comparable. Elle aurait pu avoir une relation fusionnelle avec quelqu’un, elle était à peu près certaine que jamais elle n’aurait eu cette sensation e tout partager, jusque dans ses ressentis, jusqu’au moindre recoin de son âme, à un niveau aussi viscéral, avec qui que ce soit d’autre. Alors elle plissa le nez, fit la grimace, regarda sa bière en fronçant les sourcils, et enfin, se décida à boire une gorgée – en n’étant visiblement pas complètement satisfaite, ce qu’elle n’avait aucune difficulté à développer à voix haute. « Je veux dire… j’ai des amis dont je suis très proche à Dripping Springs. Des gens à qui je peux tout dire, qui savent pratiquement tout de moi. J’ai eu une copine avec qui j’ai partagé des choses que je n’ai jamais partagé avec qui que ce soit d’autre. Mais toi et moi, c’est encore autre chose, tu ne penses pas ? » demanda-t-elle très sincèrement. Les yeux fixés sur le feu de camp, songeuse, elle siffla pour rappeler Sawyer qui s’était aventuré à l’orée du bois. « J’ai découvert il n’y a pas si longtemps que ça que tu n’étais pas qui je pensais, et toi, ce que tu sais de moi vient surtout d’un dossier que t’a monté un détective privé. En fait, on ne sait pas grand-chose l’un de l’autre. Sauf qu’en même temps, quand tu as mal, j’ai mal, quand tu déprimes, je le sais, et vice-versa. Même quand on a plusieurs centaines de kilomètres entre nous. Evidemment, que ça ne m’est jamais arrivé avec personne d’autre. » C’était impossible à expliquer. Un mystère intangible mais ô combien palpable, qui les narguait, là, pile entre eux, même quand ils essayaient de le regarder en face. Sawyer déboula enfin, heureux de se catapulter sur sa maîtresse pour lui léchouiller la joue, avant de lever la tête vers le ciel en couinant légèrement – alors Jinny suivit son regard et constata que le ciel nocturne encore clair il y a quelques instant s’était considérablement assombri, et pas seulement à cause de la tombée de la nuit. « Ils ont pas prévu de mauvais temps, pourtant. » marmonna-t-elle pour elle-même plus que pour Cain – avant de décider de ne pas s’en soucier pour reporter son attention sur Cain, justement, sujet bien plus intriguant. « On en a jamais parlé, de… ça. » D’un vague geste de la main, elle désigna l’espace entre eux ; ça. Ce lien, cette connexion révélée chez une voyante, exacerbée pendant une tentative de meurtre, ravivée encore lors d’une soirée déchirante dans une chambre de motel. Ce lien qui les avait tellement tourmentés – et, dans une opposition parfaite, comment oublier ce sentiment renversant de complétude, lors d’une danse avec leurs mains enchevêtrées ? Ou quand des doigts maladroits effleuraient des cicatrices anciennes et récentes ? A nouveau, Jinny porta sa bière à ses lèvres – mais cette fois, sans rapport avec le jeu. « Depuis la Nouvelle-Orléans, j’ai l’impression que même quand je suis toute seule, il y a toujours quelqu’un d’autre avec moi. Comme une présence, ou un fantôme invisible. Et parfois, j’ai l’impression de croiser ton reflet dans le miroir plutôt que le mien, même si ça ne dure qu’un quart de seconde. » Nouvelle gorgée de bière. Soupir un peu résigné. « Et j’ai aucune idée de comment l’expliquer. » C’était bien ça tout le fond du problème non ? Ses yeux quittèrent le feu pour revenir se poser sur Cain. « Et toi ? » Allons, ils avaient dépassé le stade du jeu. Et ce grand non-dit, là, il était quand même temps qu’ils s’y intéressent.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptySam 12 Déc - 16:17


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Est-ce insensé d'ainsi prétendre n'avoir jamais été aussi proche de quelqu'un auparavant ? T'as beau réfléchir, tu ne penses pas exagérer. Sans même parler du lien qui vous unit, avec qui as-tu pris le temps de partir une soirée en exil ? Avec qui tu as pris réellement l’occasion de discuter sans avoir une idée derrière la tête ? Il y avait Tessa, oui, mais déjà avant que votre relation n'explose, tu n'étais pas un ami très présent. Obnubilé par ta carrière et focalisé sur son ton travail, jamais tu n'as pris le temps de t'assoir avec elle au coin d'un feu pour apprendre un peu plus à la connaître. Une voisine que tu prenais pour acquise, estimant ne pas avoir à faire d'efforts supplémentaire pour entretenir votre amitié. Ce n'était pas priorité. Tout simplement. Ce n'est pas dans cette relation que tu voulais dépenser ton temps et ton énergie. Alors oui, même si tu n'as pas été franchement gâté niveau ambiance familiale et affection parentale, tu conçois volontiers que tu es le principal responsable de cet état de fait. Grâce au lien, t'as été obligé d'aller par-delà les murs érigés autour de toi. Contre tous ces principes qui finalement t'ont empoisonné la vie pendant des années. T'as d'abord été contraint de supporter sa présence, avant de finalement t'en accoutumer sans aucune difficulté. Est-ce que ça veut dire que t'as changé ? Oui, sans doute. Auparavant, jamais tu n'aurais fait une telle confession. Mais avec Jinny tout est différent. Tout fait tellement sens que tu ne vois pas l'intérêt de lutter, d'aller contre ce courant qui t'emmène vers des contrés inconnues mais pas effrayantes pour autant. Pas si elle est là. Elle a déjà gagné, inutile de prétendre le contraire. En revanche, la question est beaucoup plus complexe pour elle. Elle qui a déjà connu l'amour, et qui a un bon nombre d'amis sur lesquels compter en cas de besoin. Tu guettes sa réaction, avant de rester surpris en la voyant boire une petite gorgée de sa bière. Et elle a raison. Rien n'est comparable à ce que vous êtes en train de vivre en ce moment, et tu te permets d'ajouter un commentaire à sa réflexion : « C'est comme si on faisait toute la démarche à l'envers. On comprend et ressent l'intime avant de connaître les bases et l'essentiel. » Ce qui est pour le moins déroutant. Dans une nouvelle relation, tout commence normalement par les goûts de chacun, par le passé, par apprendre à apprivoiser les caractères au fur et à mesure. Mais certainement pas à pouvoir lire en l'autre ses souffrances sans les avoir entendues, où à ressentir sa tristesse quand il n'a pourtant pas fait le choix d'en parler. C'est comme si vous n'aviez plus de secrets l'un pour l'autre en étant encore au stade préliminaire. Déstabilisant. Mais incroyable, aussi.

Ah. Voilà donc le sujet tant attendu. Et à la fois redouté. Vous en avez fait du chemin depuis vos moqueries à la Nouvelle-Orléans, quand tout ceci n'était pour vous qu'une vaste fumisterie orchestrée par une voyante un peu bizarre. Jinny a été la première à réfuter catégoriquement tout ce qui vous a été dit. Quant à toi, tes certitudes ont été ébranlées dès lors que la sensation éprouvée lorsque vos mains se sont jointes s'est à nouveau manifestée lors de votre danse improvisée. Après, il a été difficile de réfuter ce qui se trouvait juste sous votre nez. Du doute, du déni, mais une évidence qui s'est imposée de plus en plus intensément à vous. Ce lien n'est pas né dans le cabinet de la médium mais s'y est déclenché. Pour le reste, tout est encore un épais mystère. « J'en ai absolument aucune idée, Jinny. » T'es désolé, t'aimerais sincèrement pouvoir lui apporter des réponses, mais tu es tout aussi confus et troublé qu'elle. Pourtant, ce n'est pas la première fois que tu te retrouves mêlé à l'étrange et à l'inexplicable, pour cause, ce don de téléportation dont tu ignores l'origine, et qui finalement, pourrait être lié à ce que tu partages maintenant avec la cowgirl. Est-ce toi qui a provoqué ceci ? Est-ce que tu es prédisposé à ce genre d'énigmes ? Ce dont tu es certain, c'est que le hasard ne tient aucun rôle dans ce qui s'est joué entre vous à la Nouvelle-Orléans. Aussi incroyable celui puisse paraître, et bien trop pour que tu oses l'exprimer de vive voix, t'as l'impression qu'elle et toi étiez faits pour vous trouver. Le but de tout ça t'en sais foutrement rien, mais quand t'es avec elle, c'est comme si toutes les pièces de ton être étaient à leur place, et que la machine fonctionnait à merveille. Ce qui t'est, pour ainsi dire, jamais arrivé auparavant. T'as moins eu la sensation d'être entier que d'être dispersé en dizaines de morceaux. « Mon don non plus je n'arrive pas à l'expliquer. Je crois que je suis le seul de la famille a en posséder un. Ou alors ils le cachent bien. » Pendant longtemps tu t'es posé de nombreuses questions quant au pourquoi du comment de cette capacité, avant de finalement arrêter de te torturer l'esprit. Il est là. Pourquoi ? Tu ne le sauras peut-être jamais. Et ce n'est pas si important que ça, finalement. « Je sais pas si je suis un méta-humain ou si ça vient d'autre chose. En tout cas, depuis qu'on s'est rencontrés, je sens que ma téléportation s'est considérablement développée. Je peux aller plus loin, en dépensant en plus moins d’énergie. Qui sait, peut-être que tout est lié ? » Et pour l'heure, ça vous dépasse complètement. Il vous manque encore beaucoup trop d'indices pour espérer déjà éclaircir le mystère. « On sait que nos familles ont un passif qui a laissé sa marque jusqu'à aujourd'hui, je me dis qu'il serait bon de chercher de ce côté là. Après tout, on est sûrement loin de tout savoir de l'histoire des Hex et des Turnbull. Si ce n'est ce qu'on a bien voulu nous raconter. » Un début de piste que vous pourriez remonter ensemble. C'est pas grand chose en comparaison de l'ampleur du travail, mais c'est mieux que de rester dans un brouillard épais. Si elle le veut bien, en tout cas. On ne trouve pas que du bon en remuant le passé, mais quitte à ce qu'il vous poursuive, autant apprendre à le connaître entièrement, non ?

Puisque vous êtes lancés sur le sujet, il y a un autre aspect qu'il serait sans doute bon d'aborder. Mais celui-ci est beaucoup plus épineux et extrêmement délicat. Alors pour te donner la force nécessaire, tu tires plusieurs fois sur ton joint avant de le tendre à nouveau à Jinny – elle va en avoir besoin elle aussi – puis te lèves pour récupérer une autre bière, pour cette fois venir t'assoir auprès de ta camarade. Bon, comment se lancer ? Après plusieurs secondes d'hésitation, tu tournes finalement ta tête vers elle. « Je sais pas si tu te souviens, mais elle nous a parlé d'autre chose, aussi. » Allez Turnbull, c'est certainement pas maintenant que tu vas te dégonfler devant une femme. « D'amour, tout ça. » La séduction, c'est facile, et elle a certainement pu se rendre compte à de maintes reprises que tu excelles dans la discipline, mais ça, tout ce bordel qui ne porte même pas de nom, c'est beaucoup plus compliqué. L'amour c'est presque tabou pour toi. Tu ne l'a jamais cherché, et tu ne l'as jamais vraiment voulu. Ce n'était qu'un sentiment inconnu que tu voyais à travers d'autres, contemplant de loin ses bienfaits mais aussi ses effets néfastes. T'as vu des gens s'élever puis royalement s'écrouler. Rien qui ne te faisait envie. Et aujourd'hui rien n'a changé. Si ce n'est qu'en étant confronté aux propos de la voyante, tu n'as pas eu d'autres choix que d'au moins l'envisager. Très brièvement. Mais un peu quand même. Assez pour que tu estimes bénéfique d'en parler. « Je sais pas ce que t'en penses, mais je me dis qu'elle s'est sans doute trompée sur certains points. Cet aspect là était purement hypothétique dans son discours, mais quand même, tu trouves pas ça complètement fou ? Toi et moi ? » Et ce n'est même pas une question de si elle te plait ou non, car de toute évidence, tu ne chercherais pas à flirter avec une fille qui ne te correspond pas physiquement, c'est juste que c'est... toi. Ouais, toi, le don juan incapable de construire une relation amoureuse. Qui n'a même pas essayé, mais qui n'en a jamais vu l'intérêt. Sans doute déjà persuadé qu'il finirait par tout gâcher à un moment donné. C'est tellement plus simple de voguer de lit en lit, pourquoi prendre le risque de s'arrêter à quai ? « Je veux dire, je crois que je suis littéralement tout ce que tu cherches à fuir chez quelqu'un. Jinny Hex qui a déjà eu le cœur brisé et qui ne s'y fera plus prendre une deuxième fois, et Cain Turnbull, le séducteur qui n'a aucune autre ambition que celle de s'amuser. » Tu cherches son regard pour lui adresser un fin sourire. Tu ne veux surtout pas qu'elle prenne mal ce que tu lui dis, c'est juste que tu cherches à avoir des réponses, toi aussi. Et ce qui est pire encore que de ne pas en avoir, c'est d'avoir des doutes. Si bien que tu ne sais plus si c'est elle que tu cherches à convaincre ou toi-même. Bon sang, dans quoi tu t'es fourré. « On ferait un drôle de tableau, pas vrai ? » Un drôle de tableau, mais est-ce qu'il serait si terrible que ça ? T'as définitivement trop fumé, mais c'est peut-être ce dont t'avais besoin pour oser envisager l'inenvisageable.
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyVen 18 Déc - 0:13


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Alors il était aussi paumé qu’elle. Ce qui tombait plutôt sous le sens, mais il y avait quelque chose de rassurant à l’entendre le lui confirmer à voix haut, créant en quelques mots un pont reliant leurs deux îlots de solitude, dispersant tout ce que ce brouillard de mystère qui les entourait pouvait bien avoir d’effrayant. C’était vrai qu’il en tenait encore une couche de plus, lui, avec ce qu’il appelait son don – appelons un chat un chat, Jinny, elle, y voyait là un superpouvoir comme Naomi, Superboy, ou encore Kid Flash pouvaient en avoir. Un pouvoir dont Cain ignorait l’origine, comme il ignorait l’origine de ce lien qui les unissait. Il avait l’air de plutôt bien le prendre, mine de rien, à hausser nonchalamment les épaules comme s’il ne s’agissait là que d’un point de détail sans grande importance, ou comme si, au fond, il s’en fichait complètement. Peut-être que c’était le cas, mais alors, Jinny l’admirait vraiment, parce qu’à sa place, elle serait dans une crise existentielle constante. Un pouvoir dont l’origine lui était complètement inconnue, dont il était le seul dépositaire dans sa famille, sans personne vers qui se tourner ? Il y avait de quoi devenir fou. « Ca a dû être flippant. Enfin, d’être le seul dans son entourage à en avoir un, sans savoir pourquoi. » demanda-t-elle, sincèrement curieuse. Il n’était jamais trop tard pour se poser des questions, pas vrai ? Surtout si, comme il avait l’air de le dire, elle, lui, et son don étaient, d’une façon ou d’une autre, liés entre eux, comme une toile d’araignée au motif complexe. Et tout à coup, alors qu’elle repensait à ces quelques fois où il lui avait fait profiter de ses talents de téléportation, elle se souvint, avec une clarté déconcertante, de la nuit de leur duel sur les quais de Gotham. De cette façon que le temps lui-même avait eue de ralentir, de caler son rythme à celui de son doigt sur sa gâchette, de se tendre comme la corde d’un arc juste avant qu’elle n’ajuste et n’effectue un, puis deux des meilleurs tirs de sa vie. Non, le meilleur tir de sa vie. Le plus précis, le plus assuré ; celui qui avait mis Turnbull hors d’état de nuire, tout en sauvant la vie de Cain. Jamais elle n’avait tiré comme ça. Jamais elle n’avait rien ressenti de tel – ni une telle maîtrise, ni une telle confiance. Et Jinny ne comprenait pas comment elle ne s’en était pas rappelée plus tôt ; à part, évidemment, à force d’essayer d’enfouir le souvenir de cette abominable soirée dans ses souvenirs. « Peut-être bien, que tout est lié. » acquiesça-t-elle, sans vraiment savoir encore comment expliquer son ressenti à elle. Il leur manquait encore tellement de pièces du puzzle pour tout comprendre, le travail à abattre lui semblait titanesque. Mais au moins, ni l’un ni l’autre n’était seul pour le faire. Ni l’un ni l’autre n’était seul, tout court. Et la soudaine certitude qu’après avoir failli se déchirer, ils avaient désormais une voie royale ouverte devant eux pour les laisser avancer ensemble, avait quelque chose de terriblement, presque douloureusement, réconfortant. « Cain Turnbull et Jinny Hex, détectives du Far West. C’est quand même plus sympa qu’une vieille guerre poussiéreuse. I’m in, pardner. » conclut-elle en levant sa bière vers les étoiles naissantes. Une mission commune, pour arrêter enfin de subir les lubies de leurs aïeux, un prétexte de plus pour se serrer les coudes – et affirmer encore un peu plus à la face du monde cette solidarité indéfectible, et bien plus encore, qu’ils n’avaient plus l’énergie, ni l’envie, de nier.

Et puis Jinny se retrouva avec le joint en main, et le contempla un instant, et le porta à ses lèvres en croisant ses jambes devant elle, le visage exposé au ciel nocturne. Détendue. Ils étaient bien, là. Et elle tira sur la cigarette, pendant que Cain revenait s’asseoir à côté d’elle, soucieux, visiblement, d’aborder un autre sujet un peu délicat – mais qu’est-ce qu’il pouvait bien rester, comme sujet délicat, entre eux, franchement ? Bah l’amour, évidemment. Couic, la fumée qui passe par le mauvais chemin, qui l’étrangle traîtreusement et la fait tousser sous le coup de la surprise. Le quoi ? L’amour ? Plaît-il ? Ah. Ah oui, c’est vrai qu’elle avait mentionné quelque chose dans ce goût-là, la voyante. Mais rien à faire, l’idée lui paraissait, là, comme ça, tellement incongrue qu’elle avait failli en mourir littéralement de rire – en avalant un joint. Mais, lorsqu’elle tourna la tête pour voir si Cain était sérieux, elle arrêta rapidement de rire à travers ses poumons en feu. Parce qu’il était très sérieux, Cain. Enfin, aussi sérieux qu’on pouvait l’être en étant aussi confus qu’il avait l’air de l’être. « Pardon. » parvint-elle à articuler, les larmes aux yeux, en rendant sa cigarette traîtresse à son compagnon. « C’est pas toi qui me fait rire, c’est la voyante. C’était tellement dramatique, sa prédiction… » Pour ne pas dire complètement cliché. Sauf qu’avec eux, il fallait bien l’avouer, les règles n’avaient pas l’air de s’appliquer tout à fait de la même façon qu’avec les autres – comment on appelait ça, normalement, une relation aussi forte et inexplicable que la leur, hein ? Un lien tellement intense qu’il en avait fait trembler tout leur existence sur ses fondations et chamboulé le cours de leurs vies ? Avec le recul, si la voyante avait effectivement perçu ne serait-ce qu’un tiers de ce qu’eux avaient ressenti lorsque leurs mains s’étaient enlacées, alors d’accord, Jinny pouvait comprendre pourquoi elle aurait sauté aux conclusions de la sorte. Et c’était ce qu’elle aurait expliqué à Cain, s’il n’y avait eu, dans le ton de sa voix, une très légère note qui lui fit garder le silence. Une inquiétude. Un doute. Une angoisse. A cet instant, Cain avait exactement la même voix et la même expression que quelqu’un mis face à face avec quelque chose de parfaitement inconnu et de parfaitement angoissant et qui ne savait pas du tout comment réagir. Alors, plutôt que de toute de suite balayer de la main les commentaires de la voyante, Jinny enroula ses bras autour de ses genoux, et l’écouta. Elle n’était pas sûre de comprendre pourquoi ça le travaillait autant, cette histoire, mais elle avait aussi l’impression qu’on ne l’avait jamais beaucoup écouté, quand il se posait des questions. Alors, autant commencer ici, maintenant, quand il n’y avait qu’eux deux et un chien à moitié endormi pour être témoin de ces confessions, et tenter d’apaiser un brasier qu’elle devinait – qu’elle sentait – étrangement poignant.

Jinny lui retourna son sourire, sans chercher à se dérober à son regard. « C’est sûr que vu comme ça, toi et moi, on est plutôt complètement incompatibles. Sans jugement, hein. Chacun son truc. C’est juste un constat. » Lui n’avait jamais cherché à prétendre vouloir autre chose que ce mode de vie-là, sans attaches ni engagement – et qui elle était, elle, pour dire si c’était bien ou pas ? Ca n’était juste pas comme ça qu’elle, elle vivait les choses, voilà tout. Un détail que la voyante n’avait pas jugé bon de prendre en compte dans ses prédictions, visiblement. Malgré tout, le sourire de Jinny s’étira sur ses lèvres, et elle dédia à son voisin un léger coup d’épaule complice. « Ceci dit… imagine la tête de nos parents. » Et qu’il lui dise que ça ne valait pas le coup d’y penser, tiens. L’esprit embrouillé, enfumé par les agréables toxines de la cigarette, elle aussi, elle se laissa brièvement divaguer, s’autorisa à imaginer l’improbable et impossible tableau. Elle et Cain. Cain et elle. Ha ha. Le pire, c’était qu’à part leurs préférences respectives, ils n’étaient pas si incompatibles que ça, si ? Autrement, comme expliquer leur entente immédiate ? Leur complicité naturelle ? Cette proximité, elle ne tenait pas qu’à ce fichu lien, si ? Elle, elle avait bien envie de croire que non. Que ce qu’ils étaient, en dehors de cette étrangeté inexplicable, comptait pour quelque chose. Que si elle se sentait aussi bien en sa compagnie, c’était aussi parce qu’ils comptaient – et avec un peu de chance, la réciproque était vraie aussi. « On est bien, comme on est, non ? Et on n’est qu’au tout début – enfin je pense. C’est la première fois qu’on se revoit vraiment tous les deux depuis Gotham, et la voyante, elle avait l’air d’avoir senti les tensions familiales, maintenant que j’y repense, mais je suis pas sûre qu’elle ait vraiment saisi toute la portée de la chose. Je la trouve même plutôt injuste de nous mettre une pression pareille en nous balançant ce genre de chose, alors qu’on commence à peine à comprendre ce qui nous arrive et à se parler honnêtement. » Encore des prédictions de ce qui devrait être. Encore des attentes. Ils avaient le droit de souffler, un peu ? D’exister pour eux-mêmes, d’appréhender le chantier de leur relation à leur façon, et à leur rythme ? Elle, elle en avait assez d’avancer à l’aveuglette – et quand elle regardait Cain, elle en avait assez de le voir isolé de tout, à subir ce que les autres pouvaient bien attendre de lui sans qu’on ne lui retourne jamais la faveur. Songeuse, Jinny avait reporté on regard sur le feu, ignorant l’air qui commençait à se faire plus lourd, plus oppressant, annonciateur de l’orage proche qui n’avait pas encore commencé à gronder au-dessus de leurs têtes. Puis ses yeux noisettes se reportèrent sur lui. « Peut-être que c’est toi qui devrait faire attention à ne pas tomber amoureux de moi. » ne put-elle s’empêcher de remarquer d’un air taquin. Oh allez, c’était de bonne guerre, pour sa boutade de tout à l’heure. Mais tout de même, elle retrouva vite son sérieux. « Ca t’inquiète ? Ce que la voyante a dit ? » demanda-t-elle, sincèrement curieuse. Marrant, elle avait l’air d’être là, la limite de cet étrange canal télépathique entre eux : d’un côté, l’évidence absolue que Cain était terriblement mal à l’aise, de l’autre, la conviction qu’il lui manquait quelque chose pour comprendre pourquoi. Constant exercice d’équilibre périlleux, et particulièrement fragile depuis Gotham, et depuis le motel ; mais à défaut de céder à la tentation de lui prendre la main pour tenter de le rassurer, elle pouvait au moins la lui tendre. Comme un premier pas.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptySam 2 Jan - 14:22


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Tu peux comprendre la désinvolture de Jinny face à la prédiction de la voyante, mais toi, t'arrives pas à aborder la problématique sous cet angle là. Pas uniquement, en tout cas. Comment le pourrais-tu, alors que tu vis avec un don de téléportation dont tu ignores encore l'origine, alors que depuis tout petit tu baignes dans une ambiance mystique propre à la Louisiane, alors que, plus généralement, ce monde dans son entièreté est terriblement bizarre. Où se situe la limite entre le grand n'importe quoi et la possible vérité ? C'est ça que t'aimerais savoir, pourquoi pouvoir ressentir ses émotions serait moins absurde et dramatique que de voir une histoire d'amour naitre entre vous ? Attention, c'est une vraie question, et t'es pas du tout en train de lui dire que tu crois dur comme fer à cette prophétie, c'est juste que tu te questionnes réellement. Vous avez largement pu constater par vous-mêmes la force de ce lien qui vous unit, et aussi insensé cela puisse vous paraître, il est bien là, palpable, très réel dans sa façon d'impacter votre quotidien. Y a une partie de toi qui est toujours avec elle, et une partie d'elle qui est toujours avec toi. C'est un fait. C'est indiscutable. Et si vous avez eu premièrement du mal à l'accepter, désormais vous n'avez aucun autre choix que d'y faire face. Comme Jinny, tu t'amuses parfois de la théâtralité exubérante de la voyante lors de votre session improvisée – et regrettée ? –  mais il y a une chose qu'il vous faut admettre : tout n'est pas faux, et pour l'instant, tu dirais même que tout est vrai. Alors oui, t'as besoin d'en parler, parce que tu ne vas pas faire semblant plus longtemps d'en rire plutôt que de t'en inquiéter. Même s'il existe une seule chance sur cent pour que tout ce qu'elle a vous a prédit se produise, cette seule petite chance suffit à perturber ton esprit d'homme trop peu enclin à vivre une histoire d'amour. Et c'est pas contre elle, ça n'a évidemment rien de personnel, c'est juste que tu n'es pas prêt à cette éventualité. Tu n'es pas prêt à mettre le mot amour sur l'une de tes relations. « Arrête, mes parents s'en remettraient jamais. Je crois que pire cauchemar serait encore un euphémisme. » Okay, elle a réussi à te détendre un peu avec sa nonchalance, Jinny, et t'acceptes de laisser ta mine sévère au placard pour la remplacer par un large sourire – en même temps, comment ne pas rire en imaginant la tronche de tes parents s'ils venaient à vous entendre parler de couple. Même si tu soupçonnes justement cette légèreté d'être un tantinet une mascarade. Elle n'envisage pas que tout ceci puisse être vrai, très bien, mais tu refuses de croire qu'elle est parfaitement sereine face à cette éventualité. C'est impossible. Même une cowgirl cool du Texas ne peut pas être aussi détachée.

Elle a raison, cependant, c'est injuste de vous avoir mis dans cette position de funambules à deux doigts de tomber dans le vide. Et il impressionnant, le vide sous vos pieds. Terrorisant même. Pourquoi fallait-il qu'une telle histoire abracadabrante vienne perturber vos quotidien pourtant déjà bien assez tourmentés par des guerres familiales. Vous ne demandiez rien, vous vouliez juste profiter d'une journée ensemble après avoir traversé l'enfer sur une autre Terre. Juste rire et vous amuser du folklore local. En rentrant dans cette échoppe, tu ne pensais pas en ressortir perturbé et avec des dizaines de questions, sinon, bien évidemment, tu y aurais réfléchis à deux fois avant de tenter l’expérience – que t'aurais pourtant jurée inoffensive. « Bien sûr qu'on est bien comme ça, tout ce que je veux c'est réussir à donner une stabilité à notre relation. C'est vraiment tout ce qui compte pour moi. » Et après le fiasco sur les docks, autant dire que cette seconde chance est inespérée. Tellement inespérée que tu peines encore à réellement y croire. Un goût de trop beau pour être vrai duquel tu te méfies, tout en acceptant que parfois, la vie peut aussi réserver de belles surprises. Alors pourquoi t'inquiéter autant ? Parce que ça te fait peur, tout simplement. Et après avoir donné un léger coup sur l'épaule de ta camarade pour sa boutade osée, tu tentes de rassembler tes esprits pour exprimer au mieux ce que tu ressens face à tout ça. Peut-être qu'elle ne comprendra pas, mais tu la remercies déjà de faire l'effort de t'écouter. « Je sais pas, tomber amoureux c'est comme perdre le contrôle. Et je veux pas perdre le contrôle. Tout est déjà assez déroutant dernièrement, j'ai aucune envie d'en plus me rajouter un tel problème. » Un problème. Voilà justement la clé de ton inquiétude. Pour toi, tomber amoureux est synonyme de soucis. T'arrives pas à concevoir la beauté de la chose. Et ce, probablement, parce que tu n'as jamais ressenti quoi que ce soit pour qui que ce soit, réaction typique de quelqu'un qui redoute l'inconnu. « Et c'est pas parce que c'est toi, c'est juste que toute ma vie j'ai fait en sorte de garder un cap bien précis, sans en dévier, qu'importe le prix à payer. Notre lien, je commence à doucement l'apprivoiser, mais l'amour ? Bon sang, je pense pas être fait pour ça. Alors oui, j'imagine que ça me fait peur qu'il puisse y avoir une part de vrai quelque part. Même si ce n'est qu'une infirme et ridicule chance, elle existe. » Le contrôle, tu l'as déjà bien assez perdu quand elle est entrée dans ta vie, ça suffit. Tu oses maintenant affronter son regard, essayant d'imaginer ce qu'elle pense de toi à cet instant précis. Tu peux ressentir ses émotions, mais pas lire dans ses pensées, tout ce bordel a quand même des limites. « Mais n'aie aucune crainte, je vois les choses de la même façon que toi. Essayer d'être amis c'est déjà pas mal. » Le challenge est bien assez titanesque, tu t'en contenteras largement. C'est même un énorme pas pour quelqu'un qui n'a jamais pris réellement le temps de construire une base saine pour ses relations. Elle peut se vanter d'être ta première fois dans beaucoup de domaines, c'est pas rien.

Ne voulant pas gâcher l'ambiance avec ton rapport foireux à l'amour, tu te lèves, à nouveau d'humeur taquine. « M'enfin, t'es sûre que tu veux pas plus ? Vraiment sûre ? Regarde ma ptite gueule de louisianais, vous n'en avez pas des comme moi au Texas. Et je suis pas trop mal foutu en plus. Sans regret ? » Quoi ? Quitte à être dans une situation aussi bizarre que la vôtre, autant en rire et s'en amuser. Mais comme pour stopper ton petit numéro de gentil vantard avant que tu ne le pousses trop loin, la pluie se met soudainement à tomber en trombes. Et merde. Après un regard dépité à Jinny, tu te hâtes de chercher la tente de secours dans l'arrière du pick-up. « Ça va devenir une habitude. Tu crois que c'est un signe ? » Tu lui adresses un sourire complice, tandis qu'elle vient t'aider à installer votre abri pour la nuit. C'est vrai, t'as l'impression que la pluie est presque devenue indissociable de votre duo. Une danse à la Nouvelle-Orléans, le duel sous les docks, et même cette nuit au motel. Tu sais pas quel signe ça pourrait être, mais tu vas vraiment finir par devenir fou avec cette aura particulière qui enrobe votre relation. L'atmosphère qui était il y a encore quelques minutes reposante et bon enfant, se transforme maintenant en une hâte particulièrement humide. Le feu s'éteint peu à peu, Sawyer lui semble pas franchement dérangé par le brusque changement de météo, et en même temps, tu ramasses les bières et ce que vous n'avez pas mangé pour essayer de les protéger. En quelques minutes, la tente est montée, mais non sans avoir trempé vos vêtements et pataugé un peu dans la boue. Tant pis. T'imagines que ça fait partie de l'aventure. Allongé à l'intérieur, bien à l'abri mais pas forcément au chaud, t'attrapes une bouteille tout en profitant du bruit de la pluie qui s'abat sur la toile. Finalement, c'est pas si dérangeant, c'est même plutôt agréable et apaisant. Surtout après une discussion pour le moins bancale. Mais t'estimes avoir dit ce que t'avais à dire, et vous semblez avoir trouvé une forme de conclusion dans ton humour de séducteur du dimanche. « Prend pas toute la place. » C'est pas la première fois que vous allez partager une nuit, mais l'ambiance de la dernière fois au motel est radicalement différente de celle de ce soir. C'est incroyable le chemin parcouru en si peu de temps, et surtout en partant d'aussi loin. « Ça se passe comment le camping quand il pleut ? Vous vous racontez des histoires qui font peur ? Je sais comment moi je passerais le temps, mais je doute que ça te convienne. » Eclat de rire en guise de ponctuation de cette remarque graveleuse, avant de te redresser un peu pour pouvoir boire convenablement ta bière. T'en donnes une autre à Jinny, et à nouveau, tu fais entrechoquer vos deux bouteilles. A cette nouvelle amitié, donc. Ni plus ni moins qu'une amitié.
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyMer 6 Jan - 22:49


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Un problème. Ah ouais, quand même. Pour peu, elle aurait laissé échapper un sifflement épaté, mais elle se retint, bien conscience de la délicatesse de cette drôle de discussion. Mais quand même. L’amour, elle avait entendu ses amis, sa mère, même de parfaits inconnus, en parler d’un millier de façons différentes, le bon comme le mauvais, mais c’était bien la première fois qu’elle entendait quelqu’un trancher aussi abruptement et avec autant de méfiance. Un problème. Quelque chose d’indésirable, quelque chose qui n’attirerait dans sa vie que, au mieux, des inconvénients, et au pire, de la souffrance. Jinny n’était pas exactement la plus grande des romantiques, et elle était la première à reconnaître que oui, l’amour, quand ça va de travers, ça fait un mal de chien, mais de là à le rejeter en bloc, comme un danger à éviter à tout prix si l’on voulait se préserver et mener une vie confortable, voire heureuse ? Well, damn. Un peu extrême, comme conception de la chose. Et aussi terriblement triste, si on y réfléchissait cinq minutes. Ce qu’elle avait devant elle, ça n’était pas un petit macho qui assurait n’avoir besoin de personne et surtout pas d’une fille dans sa vie. Ce qu’elle avait devant elle, c’était quelqu’un de tellement habitué à parfaitement contrôler, optimiser chaque aspect de sa vie, quelqu’un dans une telle optique de performance constante, que le moindre grain de sable pouvant nuire à cette machine bien huilée devait en être immédiatement bannie. La vache. C’était quand même tragique, de vivre comme ça, non ? Comment il pouvait être heureux avec autant de chaînes ferrées autour de lui ? Elle ne chercha pas à éviter son regard, elle non plus – se prit même à essayer d’y chercher autre chose, des réponses aux questions qu’elle taisait, peut-être, pour compléter les échos qu’elle sentait émaner de lui, de ce terrible étau qu’il s’était mis lui-même sur le cœur. Méfiant, résigné, et profondément seul. Parce que l’amour, c’était vaste, ça se manifestait de plein de façons différentes, et elle était presque sûre qu’il ne parlait pas que de l’amour comme dans les films, ni même du genre d’amour qu’elle, elle avait pu vivre avec son ex. Parce qu’il l’avait bien dit, même elle, elle devrait techniquement rentrer dans la catégorie des problèmes, et qu’il s’efforçait de lutter contre lui-même pour passer outre. Drôle d’impression, de ne pas savoir si elle devait se sentir flattée, ou absolument terrifiée face à cette soudaine responsabilité, et clairement, le joint sur lequel elle avait tiré couplé à l’alcool ne l’aidaient pas du tout à garder les idées claires. Heureusement, Cain choisit de lui-même de changer de sujet – façon de parler – et lui arracha un éclat de rire. « Par fierté régionale, je suis obligée de m’en tenir aux rednecks à moto et monstertrucks. Rien de personnel, hein. » Cent pour cent crédible, Jinny Hex. Et, comme pour souligner à quel point, une pluie diluvienne s’abattit sur Forest County, lui arrachant un glapissement surpris. Oh shit.

De quoi ça pouvait être un signe, elle n’en savait rien du tout, à part peut-être que des forces dans l’au-delà cherchaient désespérément à leur faire choper la crève ensemble. Ca faisait peut-être même partie du deal, avec cette connexion télépathique – au point où ils en étaient, quelles hypothèses étaient réellement trop folles, hein ? Si Cain était prêt à accorder du crédit aux hypothèses abracadabrantes de la voyante, alors la sienne était au même niveau. A genoux dans la tente hâtivement dressée, elle se tortilla du mieux qu’elle put pour s’extirper de ses bottes, non sans pousser les jambes de Cain hors du passage pour aucune autre raison que l’envie de le contredire et faire le contraire de ce qu’il lui demandait, puis rouvrit brièvement la bâche pour laisser entrer un Sawyer trempé, mais visiblement requinqué et ravi de son sort. « Sawyer, noooon - » Trop tard. Le chien s’ébroua avec un enthousiasme presque touchant, arrosant les deux pauvres humains qui, eux, n’étaient pas protégés par leur fourrure. « … sorry. » ricana-t-elle, à peine désolée – Cain ne méritait pas sa compassion, surtout en poursuivant son numéro de parfait sacripan, alors sans le moindre scrupule, et avec un nouveau rire, elle lui balança à la figure le sac de couchage et la couverture qu’elle avait réussi à lui ramener du Colonel. « Dans. Tes. Rêves, Turnbull. » Allons, un peu de sérieux. Ou pas du tout, c’était bien aussi, finalement. Redressée à son tour, confortablement assise en tailleur sur son propre sac de couchage, une autre couverture jetée sur ses épaules pour tenter de se réchauffer de cette douche improvisée, elle accepta volontiers la bière tendue et le toast proposé. A eux alors ? A leur amitié. Rien que leur amitié, parce que n’en déplaise à la voyante, rien que ça, c’était déjà un sacré chantier. Chaque chose en son temps. Et puis, Cain l’avait bien dit : quoi que ce soit de plus, et ils auraient un sérieux problème. « Ne me dis pas qu’un louisianais comme toi ne connaît pas d’histoires qui font peur ? Je ne te croirais pas une seule seconde. » Dire que quelques semaines plus tôt à peine, elle s’arrachait le cœur en le ramassant à moitié inconscient sur le plancher de sa chambre de motel. Son presque-tueur. Son presque-ennemi. Son presque-problème. Elle avait banni des gens de sa vie pour moins que ça, Jinny, farouchement indépendante, sauvagement déterminée à ne laisser personne lui marcher dessus sans rendre les coups au centuple et couper le cordon dans la foulée. Elle l’avait bien dit, pendant leur petit jeu, un peu plus tôt. Lui aussi, il était une première fois pour elle. Le premier pardon. La première deuxième chance. Peut-être qu’il était trop tôt pour dire si elle avait eu raison ou pas, mais là, tout de suite, à l’abri de cette petite tente sous une pluie diluvienne au milieu des forêts de Pennsylvanie, elle était vraiment heureuse de s’engager dans cette voie ; vraiment soulagée d’avoir accepté de le suivre dedans, et vraiment convaincue qu’avec un peu de chance, et un peu d’efforts, ils y arriveraient. A survivre à cette guerre familiale, et peut-être même à comprendre ce qui les liait au point de mettre à mal les résolutions de toute une vie, et de plusieurs générations de haine.

Epuisé de ses folles aventures, Sawyer s’était roulé en boule dans un coin de la tente et paisiblement endormi, sous le regard affectueux de sa nouvelle maîtresse, qui porta sa bière à ses lèvres pour boire quelques gorgées de la victoire. Bon, cette virée camping ne se passait pas tout à fait comme prévu, mais l’inattendu faisait aussi partie du jeu. Et puis, un peu de pluie, c’était pas grand-chose. Pas assez pour l’empêcher, elle, de passer un bon moment, et de complètement mettre derrière elle les réserves qu’elle avait pu avoir sur le chemin, ou en proposant cet étrange voyage à Cain. « J’ai une amie à Dripping Springs – Lady Bird, oui, c’est son vrai nom – qui nous racontait toujours tout un tas d’histoires quand on partait camper. Les histoires d’horreur, les légendes locales, les films d’horreur, elle adore ça. Tu connais celle de la vieille femme qui a été enterrée ? » demanda-t-elle, les yeux pétillants de malice – et face à son hochement de tête négatif, elle but deux nouvelles gorgées de bière, et se racla la gorge. « Un vieil homme est marié à sa femme depuis plus de cinquante ans. Mariage heureux de bout en bout, mais malheureusement, la pauvre femme est tombée gravement malade, et a sombré dans un profond coma, juste à la fin de sa vie. Après de longues journées d’une lente agonie, elle est enfin prononcée morte. Evidemment, coup dur pour le vieillard, qui affirme que sa femme est encore en vie. Il s’y accroche tellement à cette idée que les infirmiers doivent s’y mettre à plusieurs pour le forcer à quitter la chambre et laisser le personnel faire son travail. » Les histoires de Lady Bird commençaient rarement bien – et elles finissaient toujours bien plus mal. « Tout le temps qu’ont duré les préparatifs pour l’enterrement, le vieil homme continuait d’insister. Elle est en vie, je vous dis, elle est en vie ! Les médecins ont carrément dû le mettre sous sédatif. La nuit suivant l’enterrement de sa femme, il se réveille en sursaut. Il a rêvé de sa femme, enterrée, hystérique, essayant désespérément de sortir de son cercueil en griffant le bois de toutes ses forces. Evidemment, fou de terreur, le vieux essaye d’appeler le médecin pour le convaincre que sa femme est toujours en vie. Rien à faire. » Jinny marqua une pause, grattant de ses ongles le sol de la tente pour imiter le bruit en question, laissant le son de la pluie martelant la tente combler le silence. Puis elle reprit : « Pendant une semaine, chaque nuit, le vieux fait le même rêve. A chaque fois, il rappelle le docteur. Finalement, le docteur cède, appelle les flics et les autorités… et ils exhument le cercueil. Et à la grande surprise, et horreur, générales, ils constatent que les ongles de la vieille femme sont complètement bousillés, et que l’intérieur du cercueil est couvert de griff… » KRAKOOM. Un flash, puis un coup de tonnerre déchira l’air, avalant avec lui la fin du récit de Jinny qui ouvrit de grands yeux stupéfaits, parfaitement immobile. « … ures ? » Wow. Quel timing. « On dirait qu’on est partis pour la totale cette nuit. Désolée, ils n’annonçaient pas de mauvais temps avant au moins deux jours. Je pensais qu’on serait tranquilles. » bougonna-t-elle, pas plus perturbée que ça, mais un peu déçue quand même que le premier road trip de Cain soit terni par un fichu orage. Un signe, un signe, peut-être, mais profiter d’un ciel étoilé, c’aurait été pas mal non plus, pour sceller leur fragile amitié retrouvée.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyJeu 14 Jan - 22:29


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Oh, wow. C'est en sentant ton téléphone s'affoler dans ta poche que tu réalises que tu n'avais pas encore jeté un seul œil à tes message. Et ça, c'est pour le moins inhabituel. Ton portable c'est comme l'extension de ton bras, quand t'es pas à la corporation ou en réunion, tu surveilles fréquemment les alertes de ceux qui chercheraient à te contacter. Parce que c'est comme ça que tu tiens fermement les voiles de ton entreprise, mais surtout parce que tu n'as jamais eu d'autres priorités que ton travail. Il y a toujours eu les filles, bien évidemment, mais même en rendez-vous tu ne pouvais pas t'empêcher de le mettre sur la table pour être certain de ne pas manquer un message ou un appel. Et là, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? Plusieurs heures déjà, et non seulement tu l'as laissé trainer dans ton poche, mais en plus tu n'as pas penser une seule seconde à eux, à ces hommes d'affaires, à ces employés, à ceux gens qui t'empêchent parfois de respirer. Voilà bien trop longtemps que tu avais oublié ce que c'était que de vivre uniquement pour soi-même. Elle ne t'en voudra pas Jinny, si tu t'autorises quelques secondes de suspend, sortir un tout petit peu de votre bulle pour ne pas complètement oublier le monde extérieur. Tu penses même qu'elle t'accorderait plus si tu lui demandait, mais la vérité, c'est que c'est diablement libérateur d'être avec elle, rien qu'avec elle. Rien ne va s'arrêter de tourner si tu oublies Turnbull Corporation un instant, et tes actions en bourse ne vont pas s'effondrer sous prétexte que pour une soirée tu fais le choix de porter toute ton attention sur autre chose que ce téléphone. Est-ce qu'elle mesure l'ampleur de ce changement ? Est-ce qu'elle a conscience de l'influence qu'elle a sur toi ? Peut-être que oui, ou peut-être pas. Allez, un petit tour et puis s'en va, oublier aussitôt le boulot pour prendre un air faussement offusqué après que Sawyer se soit débarrassé de l'eau sur ses poils en se secouant comme un dératé. « Faut vraiment lui apprendre les bonnes manières à ce chien. » Sans rancune, tu caresses la tête du bouvier australien, sans doute ta première approche depuis votre rencontre mouvementée au motel. Okay, il a pas essayé de te bouffer, y a du mieux. « Dans mes rêves ? C'est présomptueux ça, Hex. » Sourire taquin qui retranscrit le réel plaisir de pouvoir vous appeler par vos noms sans que la terre ne se mette à trembler tout autour de vous. C'est même très agréable que d'être enfin à découvert, de ne plus avoir à lui cacher, et d'assumer qui tu es. Un Turnbull. Un Turnbull pas si mauvais que ça.

Alors vous allez réellement vous lancer maintenant dans les histoires qui font peur ? Okay, t'es partant. T'as dit que tu jouerais le jeu du campeur jusqu'au bout, tu vas tenir parole. A ton tour, tu t'enroules d'une couverture, avant de boire plusieurs gorgées de ta bière en guise d'introduction à cette nouvelle partie de la soirée. C'est donc ça d'être libre et apaisé ? De ne se soucier de rien et de simplement apprécier l'instant présent, la compagnie d'autrui ? Il y a encore quelques semaines jamais tu n'aurais envisagé dormir dans une forêt, plutôt habitué au confort d'un lit douillet et d'un mini bar trois étoiles bien rempli. Se prendre la pluie, marcher dans la terre et ne même pas avoir de coussin, voilà trois choses que tu n'aurais même pas envisagé si ce n'était pas pour Jinny. Mais tu l'avoues, il y a une sensation d'incroyable sérénité qui calme les tourments de ton esprit. Et pourtant, ils sont agités. Depuis que tu t'es pris cette balle, t'as failli perdre ta meilleure ennemie avant d'essayer de la récupérer, t'as appris beaucoup sur la vie chaotique de Seraphine, et un hibou qui n'est nulle autre qu'une ancêtre de Jinny t'a enrôlé dans une guerre dont tu ne connais pas grand chose. Ça fait beaucoup en peu de temps, alors cette évasion est plus que la bienvenue. « On a dormi chez LaLaurie, ça t'a pas suffit ? » Bien sûr que non, elle est téméraire la cowgirl. Calé dans un coin de la tente, tu l'écoutes attentivement raconter son histoire. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le temps est au rendez-vous, renforçant cette ambiance un brin angoissante. Mais qu'elle s'emballe pas, plus que son récit, c'est les éclairs qui déchirent le ciel de leur lumière qui font éclater en morceaux ton apaisement. Respire, Turnbull, tout va bien. Lady Bird ? Tu attrapes le nom au vol, toujours curieux d'en apprendre un peu plus sur elle et sa vie à Dripping Spring. Après tout, c'est aussi le thème de cette soirée, se découvrir sous plusieurs formes, dévoiler plusieurs facette, pour effacer les restes de votre querelle. Qui aurait cru que ce serait aussi facile, d'ailleurs ? Il vous en aura fallu peu pour retrouver ce que vous aviez avant que la vérité ne vienne ébranler vos fondations. Des fondations instables, c'est vrai, mais qui t'auront malgré tout apporté ce dont tu avais besoin pour reconstruire plus solidement. Plus les secondes passent, plus tu te sens happé par le conte sordide, oubliant même de boire ta bière. Tu la sens la chute terrible arriver, là, menaçante, comme la mèche d'une dynamite qui se consume rapidement et qui annonce une explosion imminente. Pourtant, tu restes suspendu aux lèvres de Jinny, attendant sagement de connaître le dénouement, non sans une pointe d'anxiété. Ton imagination a toujours été très fertile, et tu n'as donc aucun mal à te visualiser le vieil homme et sa conjointe décédée. Un peu trop bien même. Et boom ! Ce n'est pas le bâton de dynamite qui éclate mais l'orage au-dessus de vos têtes, provoquant chez toi un vive sursaut. « Putain. » T'as le cœur qui bat subitement à mille à l'heure, et t'es prêt à parier que ton teint a pris une couleur plus pale que d'ordinaire. T'aimes pas ça l'orage, vraiment pas.

Merde, ce que ça peut être emmerdant ce lien parfois, ça t'agace de ne pas pouvoir avoir une totale intimité. C'est vrai quoi, les sentiments c'est très personnel, et t'as pas envie que Jinny sache quand tu te sens triste, heureux ou apeuré. Et là, en l'occurence, t'as peur. C'est pas l'histoire, c'est les souvenirs, les remontés d'une enfance compliquée qui ont laissé des marques indélébiles, et qui font de toi aujourd'hui un adulte dysfonctionnel. C'est dur de réprimer ce qui cherche à te frapper de plein fouet, derrière une porte que tu t'efforces de garder fermée. Ils ont toujours été plus forts, ceux qui se cachent sous les lits et dans les placards, mais pour une fois, t'aimerais gagner. Juste une fois. Pour ne pas gâcher ce que vous tentez tant bien que mal de rafistoler. C'est vrai que ça fonctionne bien entre vous, mais soudainement, t'as l'humeur qui change et les doutes qui t'assaillent. Ce qui était une certitude ne l'est plus. Ta confiance en toi est fragilisée, fissurée comme du verre, à mesure que tu te remémores ces nuits seul dans ton lit à chasser tout ce qui te terrorisait. « Tu crois qu'eux aussi ils avaient un lien comme le nôtre ? Si il a senti qu'elle était encore en vie, qui sait ? » T'essayes de divertir ton esprit en te focalisant sur autre chose. Qu'importe si ce n'est qu'une histoire, t'as besoin de t'accrocher à quelque chose de réel pour ne pas sombrer. A ton tour. Raclement de gorge. Bouteille terminée cul sec. « Attention, ce que je vais te raconter c'est véridique. Est-ce que tu sais que la Nouvelle-Orléans possède treize cimetières, tous disposés en demi-cercle, et que l'on surnomment la cité des morts ? C'est comme une ville miniature, un brin sordide. Pourquoi autant ? Et bien parce que fut un temps, les habitants ne parvenaient pas à enterrer leurs morts. La Nouvelle-Orléans est située sous le niveau de la mer, par conséquent, le sol ne parvenait pas à retenir les défunts. A la moindre crue des eaux, les cercueils remontés tous à la surface, flottant dans une mare de boue à la vue de tous. » Est-ce que comme toi, elle parvient à visualiser cette vision d'horreur ? Des centaines de cercueils qui jalonnaient les rues, et parfois même, des cadavres en décomposition. « Ils ont essayé plusieurs techniques, comme ajouter des pierres et des poids en métal. Ou percer des trous dans les cercueils pour laisser passer l'eau. Mais rien à faire, ils n'avaient de cesse de remonter. Inlassablement. La crémation étant interdite par la religion catholique, ils ont finalement décidé de créer tous ces tombeaux, semblables aux tiroirs d'une morgue. Plusieurs rangées, de la taille d'un lit une place. Et s'il est aujourd'hui possible de visiter cet endroit, il est cependant déconseillé de le faire la nuit, car certains racontent que l'on peut encore entendre le gémissement des morts qui n'ont pas trouvé le repos dans la terre. » Et bien, voilà qui t'aura diverti un bref instant, en espérant qu'elle aura apprécié l'anecdote, et que ça lui donnera envie de parcourir la cité des morts avec toi, une prochaine fois. La nuit, bien évidemment. Boom. Encore. Et plus fort que le précédent. Ce qui signifie que l'orage se rapproche, et qu'il sera bientôt juste au-dessus de vous. Comment tu vas survivre à ça sans paraître complètement ridicule ? T'en sais rien. Mais plutôt crever que d'avouer avoir avoir peur de l'orage comme les gamins. Jamais. Alors pour noyer cette horrible impression de suffocation, comme si la peur elle-même te mordait la gorge, tu décapsules une autre bière. « Dommage pour le temps. » Et elle n'a pas idée d'à quel point. Tout était si parfait jusqu'à maintenant. Bordel. Tu vides la moitié de ta bouteille d'une seule traite. L'alcool, voilà un merveilleux moyen d'endormir ta foutue frousse inavouable.
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyJeu 21 Jan - 22:20


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Putain, c’était rien de le dire – l’orage l’avait pris de court elle aussi, mais comparé à la brusque impression de panique qui lui donna le sentiment d’une claque en pleine face qu’elle ressentit, c’était trois fois rien. Elle n’avait jamais eu peur de l’orage, pourtant, passées les premières années de l’enfance ; mais finalement, il ne lui fallut que quelques secondes, et de relever les yeux sur Cain, pour comprendre que cette panique soudaine et désordonnée n’était pas la sienne. C’était sa mâchoire à lui qui s’était crispée d’un seul coup, ses couleurs à lui qui avaient déserté son visage, ses yeux à lui qui brillaient d’un éclat de défiance mâtinée de crainte agressive destinée à personne d’autre qu’un ennemi invisible qui l’avait pris par surprise. Jinny se souvenait avoir vu ce même regard chez les chiens du refuge où elle avait amené Sawyer pour son premier check-up : perdus, craintifs du moindre bruit, comme s’ils se demandaient encore quand le prochain coup allait tomber. Cette même expression, mais chez Cain, parce que… à cause de l’orage ? Elle n’en était pas complètement sûre, peut-être que c’était son histoire qui avait accidentellement tapé là où ça faisait mal, et Jinny décida sagement de ne pas insister face à la tentative de son compagnon d’aventures de changer de sujet. Tout le monde avait ses parts d’ombre, comme ils l’avaient appris à la dure. Même eux avaient le droit de chercher à préserver un peu les leurs, non ? « Qui sait. Peut-être que c’était un Turnbull et une Hex, eux aussi. Au point où on en est dans les secrets de famille bien gardés. » releva-t-elle en haussant les épaules – en espérant quand même que non. Ce serait quand même sacrément bizarre, comme situation. Et soit Cain était d’accord avec elle, soit il essayait encore de noyer ce qu’il essayait de lui cacher depuis le coup de tonnerre, vu la vitesse à laquelle il finit sa bouteille. Serviable jusqu’au bout, Jinny poussa silencieusement le pack de bière vers lui. Enfermés dans une tente sous la pluie, le vent, et l’orage, la nuit promettait d’être longue et sans grandes possibilités de se dégourdir les jambes. Allez, à son tour, maintenant. Un Louisianais dans son genre, ça devait bien en connaître, des histoires qui font peur – et si le distraire lui permettait d’étouffer dans l’œuf cette étrange sensation d’anxiété qui persistait à lui écraser la poitrine (celle de Cain, pas la sienne), alors elle était tout à fait disposée à continuer de jouer le jeu. C’était bien Cain Turnbull, ça. Visiblement, à chaque fois qu’elle avait l’impression de saisir un peu mieux le personnage, elle ne réussissait qu’à tomber sur de nouvelles surprises, des nouveaux replis auxquels elle ne s’était pas attendue. Celle-là n’avait heureusement rien de dangereux, semblait-il, mais ça confortait Jinny dans une impression qui ne l’avait pas quittée, ni depuis les docks, ni depuis le motel, ni depuis leurs retrouvailles à la plage : Cain n’était en rien le type direct et sans artifices pour lequel elle l’avait pris avant d’apprendre son nom de famille. Il cachait des choses. Il gardait soigneusement ses secrets. Il se drapait dans un voile tellement bien maîtrisé que sans ce fichu don, elle se serait probablement encore fait avoir. Quel étrange paradoxe, que cette énigme vivante que ne faisait que s’épaissir à chaque fois qu’ils faisaient un pas en direction l’un de l’autre.

Non, Jinny n’en savait rien du tout, qu’il existait une cité des morts dans la Nouvelle-Orléans. Bras croisés sur ses genoux remontés à elle, la tête agréablement cotonneuse après ses quelques bières et quelques bouffées de cannabis, elle écouta sagement et attentivement, la cowgirl, un sourire aux lèvres en laissant sans peine son imagination redoublée par les effets de l’alcool et du reste se charger de lui dépeindre un tableau un peu psychédélique de ces cimetière débordant de partout, comme un hoquet venu de la terre elle-même, trop gorgée de morts et d’âme en peine pour tout contenir dans son ventre gonflé. Horrifique. Franchement révulsant, même – heureusement, Jinny Hex avait l’estomac pas trop mal accroché. Elle émit un sifflement un brin épaté et hocha doctement la tête, songeuse. « Bon, ben on a notre programme tout trouvé, si jamais on y retourne un jour. » commenta-t-elle sans trop y réfléchir, son cerveau désormais largement déconnecté de sa bouche. Retourner à la Nouvelle-Orléans. En plein territoire Turnbull. Avec le type qui avait essayé de l’assassiner et à qui elle avait proposé cette soirée, une seule, pour voir si les dommages étaient réparables. Soit elle n’avait vraiment aucun instinct de survie, soit aucune volonté, soit le combo de leur lien, l’alcool, et le reste, avait fait sauter toutes ses réserves et l’empêcher de penser clair. Seulement à ce qu’ils auraient pu, ce qu’ils auraient dû avoir, s’ils n’avaient pas été les héritiers d’une histoire maudite. Krakooooom – l’orage n’était pas tout à fait au-dessus de leur tête, mais avec ce sursaut qui traversa Cain (et elle par proxy), la foudre aurait tout aussi bien pu les toucher directement que ça n’aurait pas fait de différence. Si Jinny avait tressailli aussi, écho perpétuel de ses ressentis à lui, il semblait bien qu’elle s’en remette beaucoup plus vite. Impossible à nier, cette sensation d’étouffement qui n’était pas la sienne, qu’elle expérimentait à la fois directement et comme une spectatrice, comme un étrange entre-deux d’empathie exacerbée. Et elle était presque sûre qu’il savait très bien que c’était le cas. « M’en parle pas. J’en reviens pas que la météo ait rien vu venir. » commenta-t-elle, choisissant de jouer le jeu de l’euphémisme et de l’esquive. Mais il y avait vraiment quelque chose qui clochait, pas vrai ? C’était pire que du malaise, ce qu’elle ressentait là, à travers lui. C’était du mal-être. C’était de la détresse. C’était une peur panique et viscérale qui rongeait les tripes et que même l’alcool parvenait à peine à noyer dans son anesthésie d’éthanol. Décidément, les surprises n’arrêtaient pas, dans cette drôle de soirée.

Les yeux de Jinny tombèrent sur l’énième bouteille de bière sur laquelle Cain passait ses nerfs, et décida, peut-être encouragée par son propre état un peu second, peut-être par sa curiosité un peu téméraire, peut-être par ce fil entre eux auquel elle avait bien du mal à résister, d’arrêter d’éviter complètement le sujet. Ce n’était qu’un orage, après tout. Tout le monde avait ses peurs irrationnelles, elle la première à plaider coupable, mais fallait bien reconnaître quand quelque chose n’était pas tout à fait commun, non ? « On est assez bas sur le terrain et assez proches des arbres pour être protégés, si jamais l’orage passait vraiment près de nous. Et s’il nous vient vraiment dessus, ce dont je doute, on repartira dans le pick-up. Ou tu nous téléporteras. » Il y avait encore un monde avant qu’ils ne se fassent griller vivants. Avec un peu de chance, le vent le ferait même bientôt dévier vers les collines, avec les courants de la vallée, c’était même presque sûr au vu de la topographie des reliefs de Forest County ; et alors ils pourraient dormir sur leurs deux oreilles. D’un point de vue objectif, il n’y avait pas encore de quoi s’inquiéter. Mais quand on avait peur, on perdait toute notion d’objectivité, justement. C’était bien tout le principe, non ? « T’aimes vraiment pas ça, les orages, hein ? » Allez hop, les pieds dans le plat, Jinny Hex. Peut-être que le fait qu’il n’y ait ni jugement, ni sévérité, ni moquerie dans sa voix ni dans ses yeux allègerait un peu la rudesse dont elle faisait preuve malgré elle. Elle était directe, Jinny, c’était comme ça, il devait bien s’en être un peu rendu compte, non ? Elle espérait juste que ça ne le convaincrait pas de se téléporter sauvagement et de la planter là. Son regard attentif détaillait son expression. Un brin curieuse, un brin soucieuse, la cowgirl. Elle ne le forcerait pas à lui raconter les tenants et aboutissants de cette phobie s’il n’y tenait pas, mais ça n’était pas l’idée derrière cette soirée, justement ? Apprendre à se connaître. Pour mieux apprivoiser ce lien qui poussait à la réconciliation deux ennemis qui n’auraient jamais dû s’entendre, qui laissait un vide terriblement déconcertant dès que l’autre n’était plus là, tout en prenant bien trop de place. « Je juge pas, hein. Je t’ai bien parlé de ma peur des méduses et des profs d’anglais. » fit-elle remarquer, dans une tentative de détendre un peu l’atmosphère. Mais bon, si ça ne marchait pas… est-ce qu’elle avait vraiment le droit de faire semblant de ne rien sentir, quand c’était aussi évident ? De lui infliger un orage parce qu’elle savait qu’elle heurterait sa fierté, ou autre chose, si elle disait quoi que ce soit ? Entre la peste et le choléra, elle préférait risquer la quarantaine. « Si c’est vraiment insupportable, il y a toujours ta téléportation. J’ai trop bu et fumé pour conduire, mais ton pouvoir… » Une porte de sortie, voilà ce qu’elle lui offrait. Le choix de l’ouvrir ou de rester. Le choix entre elle et une solitude peut-être nécessaire, avec ce contretemps, aussi – même si, et elle ne l’admettrait pas à voix haute, la deuxième option lui pinçait le cœur d’avance. L’alcool. Et le joint. Evidemment.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 24 Jan - 22:20


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C'est terrible ce nœud dans la gorge qui t'empêche de respirer correctement. Et tu sais que finalement, l'orage n'est que le déclencheur de quelque chose de pire encore. La nuit, la peur, l'inconnu, tout t'amène à une vulnérabilité que tu n'as jamais réellement expérimentée. Parce qu'un lien s'est coupé entre eux et toi, et parce que par conséquent, tu t'autorises enfin à lâcher un peu de lest. T'auras toujours une pointe de honte à te montrer ainsi vulnérable, surtout face à cette cowgirl intrépide qui brave le danger dans une équipe de super-héros, mais au moins, tu ne prétends plus être un géant de pierre inébranlable. T'es humain. Tu fais des erreurs, tu souffres, tu tombes, et même si on t'a inlassablement rabâché qu'un homme comme toi n'est pas censé ressentir des émotions ou dévoiler ses faiblesses, c'est exactement ce que tu fais ce soir. A quoi bon essayer de lui cacher de toute façon, elle s'est déjà rendu compte de cette peur qui te tenaille et qui refuse de te lâcher. Elle se l'est même sûrement prise en pleine gueule. Chaque battement de cœur est de plus en plus erratique, l'irrationnelle peut parfois être tellement réel. Surtout quand des milliers de choses se cachent derrière. Tu ne feras pas semblant devant Jinny. T'en eu l'idée, c'est vrai. Mentir pour draper d'un voile imperméable tout ce qui oserait dévoiler tes fêlures. Mais tu lui as promis que tu ne mentirais plus. Elle comprendrait sans doute que tu ne veuilles pas mettre de mots sur ces laides profondeurs, pourtant, tu ressens l'envie et le besoin de le faire. T'as l'impression que c'est le bon moment. Le bon moment pour cesser d'essayer d'être ce que tu n'es pas : un homme infaillible. « Ouais, je suis pas très fan. » Une vérité enrobée d'un brin de légèreté et d'un sourire un peu forcé. Evidemment qu'il s'agit là d'un euphémisme. Mais contre toute attente, elle ne se moque pas, Jinny. Pas une seule seconde. Pas une seule esquisse de moquerie. En ressentant ta peur, elle doit en mesurer l'impact. Elle le sent, pas vrai, qu'elle est aussi brutale qu'une vague lancer à pleine vitesse ? C'est comme se prendre un mur de béton de face, sentir la peau et les os qui éclatent. Et elle ne se trompe pas, t'as beaucoup plus de facilité à gérer tout ça quand t'es seul, quand il n'y a personne pour te regarder te battre avec ce souvenir encore beaucoup trop présent. Mais est-ce que tu préfères partir ? Non. Tu n'en as aucune envie. Qu'importe ce que tu vas devoir affronter ce soir, tu le feras avec elle. Plutôt trembler pendant des heures que de la laisser maintenant. Et même si ton choix est évident, tu ne réponds pas tout de suite, essayant de lire en elle ce qu'elle ressentirait si tu mettais ainsi un terme à votre précieux moment. C'est léger, presque imperceptible, mais t'arrives quand même à l'attraper au vol, cette appréhension, cette petite crainte que tu ne choisisses la téléportation. De quoi te conforter dans ta décision. Tu n'es pas le seul à vouloir aller jusqu'au bout de cette nuit ensemble. « Je bouge pas d'ici. » Il n'y a nulle part ailleurs où tu aimerais être.

Mais maintenant il va falloir aller jusqu'au bout de cette terreur, que ce soit en la subissant, ou en l'exprimant à Jinny, qui doit te trouver bien trop grand pour être ainsi malmené par un petit orage. Jamais tu n'avais mis de mots sur cette phobie. Jamais tu n'avais exprimé les séquelles laissées par l'éducation de tes parents. Et si elle a déjà eu un aperçu du chaos dominant chez les Turnbull, tu vas désormais poursuivre le portrait peu reluisant de votre famille diablement dysfonctionnelle. Tu redresses tes jambes, profonde inspiration, et tu te lances dans le récit qui éclaircira le pourquoi du comment cette réaction démesurée face à une manifestation on ne peut plus banale et fréquente de la nature. « J'en ai toujours eu peur. Un peu comme tous les gamins, j'imagine. C'est terrifiant d'être seul dans son lit et d'avoir l'impression que le ciel va nous tomber sur la tête. Tout ce bruit, ces lumières déchirantes... » Et il ne t'en faut pas plus pour te retrouver projeté dans le passé, dans la peau de cette version plus jeune de toi-même, essayant de braver la tempête extérieure. Caché sous les draps, les frissons parcourant ta peau, à prier pour que quelqu'un fasse disparaître ce cauchemar. Un cauchemar éveillé à t'en laisser des sueurs froides. Et en parler aujourd'hui, malgré le temps qui s'est écoulé, te fait exactement le même effet. « Quand c'est comme ça, n'importe quel gosse va voir ses parents, soit pour dormir avec eux, soit pour être assuré. Et c'est aussi ce que je faisais, au début. Mais j'avais pas le droit aux mots réconfortants. Tout ce que je trouvais en allant leur exprimer ma peur, c'était un ticket retour, direction mon lit. » Tout a l'air facile à dire, mais en vérité, t'as le cœur qui se serre, encore et encore, toujours plus conscient d'à quel point tout ceci n'avait rien de normal. Et surtout, à quel point ils ont brisé ce petit garçon qui ne demandait qu'à être pris dans les bras de son père ou de sa mère pour oublier sa peur. Pour que justement elle ne soit qu'une peur infantile et éphémère. Et voilà le résultat, tout est encore terriblement ancré en toi. Jamais personne ne t'a aidé à la surmonter, alors elle s'installe, elle persiste et elle te ramène sans cesse à ces brusques bribes de ton passé. « Je voulais juste qu'ils me disent que l'orage allait passer, que tout irait bien, qu'ils me protégeraient. Mais non. Mon père me faisait comprendre que c'était ridicule d'avoir peur de quelque chose d'aussi banal. Qu'il fallait que je grandisse. Que j'étais un froussard. Quant à ma mère, je crois qu'elle n'a jamais daigné me dire quoi que ce soit. » Des propos difficiles à entendre mais surtout à encaisser. T'étais qu'un gosse, qu'est-ce que t'étais censé comprendre ? Qu'est-ce que t'étais censé faire ? Ce soir, tu les détestes. Pour t'avoir marqué au fer rouge, pour t'avoir poussé à devenir un homme hermétique aux émotions. Et sans Jinny pour justement les faire jaillir et exploser en feu d'artifice, peut-être que tu le serais toujours. « Alors je repartais, je me planquais sous les draps, et je me bouchais les oreilles à en avoir mal, en attendant que l'orage s'éloigne. » Voilà, elle connait toute l'histoire. L'origine de ce qui pourrait lui sembler ridicule. Elle ne t'a pas jugé, et pour ça, tu l'en remercies. C'est bien la première fois que ça t'arrive depuis que cette phobie t'habite. Trente et un ans plus tard.

En parler, c'est exorciser, mais c'est aussi laisser l'eau déborder. Comme un robinet qui refuserait de se refermer. Une angoisse qui en fait découler beaucoup d'autres. Une prise de conscience soudaine, une renaissance qui s'exécute dans la douleur. Hier l'abandon face à l'orage, et aujourd'hui l'abandon à l'hôpital. Rien n'a changé, et rien ne changera jamais. Tu voulais leur amour, t'as consacré toute ta putain de vie à essayer d'obtenir cet amour et leur reconnaissance. En vain. Jinny a été ton seul refus, l'unique acte que tu n'as pas pu exécuter pour eux. Et si tu ne regrettes pas une seule seconde de ne pas avoir été jusqu'au bout de la vengeance, le prix à payer est quand même très élevé. Beaucoup trop pour te laisser indifférent. « Mais ils sont pas si terribles que ça... » Complainte douloureuse qui s'échappe péniblement de ta gorge toujours nouée. Tu mens. Tu sais que tu mens. Et elle le sait aussi. Pourtant, ce que t'aimerais le croire. Ce que t'aimerais qu'elle te dise qu'ils peuvent encore changer, qu'il n'est pas encore trop tard pour espérer trouver une stabilité familiale. C'est précisément pour ça que tu lui dis ça, pour qu'elle te contredise. Mais elle ne le fera pas. Comment pourrait-elle le faire, elle qui a subi tout autant que toi leur obsession et leur froideur. « Je les ai perdus. » Une évidence. Un retour en arrière ne sera pas possible. T'as choisi Jinny, et tu la choisiras toujours. La preuve avec cette étrange rencontre nocturne qui s'est soldée par un pacte avec Mei Ling Hex. Tu t'es juré de la protéger des Turnbull, et en signant cet accord, tu t'es condamné à ne plus avoir une seule chance de les récupérer. Elle doit trouver ça insensé que tu le veuilles, mais tu restes un enfant qui a besoin de ses parents. Tu dis que tu les as perdus, mais est-ce que tu les as vraiment eus un jour ? Probablement pas. T'entends toujours l'orage, et s'en suivent des larmes qui menacent de tomber. Tu les retiens avec fermeté, refusant de t'exposer encore plus que tu ne le fais déjà. « Ça fait extrêmement mal. Mais je crois que c'est aussi un soulagement. » Tu vas enfin pouvoir être toi-même, sans leur ombre qui plane à côté de toi, faisant des choix uniquement destinés à les satisfaire. C'est terminé. Tu retires la laisse qu'ils ont enroulé autour de ton cou, et tu te détaches définitivement de leur emprise. Tu vas apprendre à vivre pour toi. T'as aucune idée de comment on fait, mais t'y arriveras. Rien n'est insurmontable. Et ta détermination t'a toujours mené où tu le voulais. « Est-ce que tu veux bien m'aider à chasser définitivement l'orage, Jinny ? Est-ce que tu veux bien m'apprendre à reconstruire ce qu'ils ont cassé en moi ? » Pour mériter dignement son pardon. Pour être à la hauteur de cette relation, ne plus jamais la décevoir. Et pour avoir une chance de devenir quelqu'un de bien.
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 31 Jan - 23:40


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Les méchants, les vrais, Jinny commençait à bien les connaître. Ils s’appelaient Darkseid, Syndicat du Crime, Brainiac, Joker – des entités avec rien d’autre en tête que la malice et la destruction de leurs ennemis. Cain Turnbull ne faisait pas partie de ces gens-là, quand bien même elle l’avait, un jour, ardemment souhaité, parce que tout aurait été plus facile si elle avait pu foncièrement le détester. Puis la colère avait laissé place à la prudence, et la prudence cédait la place à l’espoir, à mesure que la lumière se faisait sur les véritables fils qui avaient manipulé leur existence ; et comme souvent, se figurait-elle, il n’y avait pas vraiment de monstre dans le placard, pas de sale type foncièrement mauvais qui en avait eu après sa vie par ambition ou par souci de prestige. Au fond de toute cette sale histoire, il n’y avait rien d’autre qu’un gamin abandonné par ses parents. Piétiné par ceux-là même qui auraient dû l’aider à se construire, le préparer pour un monde pas terrible, mais pas si nul quand même ; par les deux personnes qui n’auraient jamais dû lui faillir, et qui l’avaient quand même fait, sciemment, froidement, visiblement sans se poser plus de questions que ça. Elle la sentait, la peine de Cain, la douleur sourde au fond de sa poitrine, cet élancement vers quelque chose auquel il ne pouvait pas se résoudre à renoncer – et comment l’en blâmer ? Aucun enfant, quel que soit son âge, ne devrait avoir à faire ça. Aucun enfant ne devrait avoir à se battre pour décrocher l’affection de ses parents. Jinny ne partait pas du principe que tout était dû à tout le monde dans la vie, mais l’amour de parents pour leur enfant, ça, ça devrait l’être ; malheureusement, ça ne l’était pas toujours. Son propre père le lui avait prouvé de la façon la plus efficace qui soit. Elle s’y était résignée, à ce triste constat, s’était construite sans lui, mais Cain, quel autre choix avait-il eu, confronté tous les jours à la froideur et au désintérêt de ses parents ? Tout prenait un sens différent, maintenant qu’elle sentait, jusqu’au plus profond de son âme, le déchirement que le poids de leur indifférence avait fait peser sur lui dès son plus jeune âge. C’était si compliqué, de consoler un enfant qui pleure ? C’était si compliqué, de prendre un petit garçon dans ses bras et lui assurer, même pour quelques minutes, que tout allait bien, et qu’il était en sécurité ? Elle n’en avait peut-être pas vraiment le droit, ce n’était sans doute pas vraiment sa place, mais elle était en colère, contre ces parents qu’elle n’avait jamais rencontrés, mais qui avaient décidé qu’elle devait crever pour redorer le blason familial, et qui avaient tant et si bien privé leur fils de ce dont n’importe quel gamin avait besoin pour grandir, qu’il avait failli accepter de devenir un meurtrier pour leur plaire. Elle ne souhaitait pas souvent du mal aux autres, Jinny. Mais cette fois, elle n’avait pas grand remord à souhaiter à monsieur et madame Turnbull de se les prendre eux-mêmes en pleine face, leurs plus grandes peurs.

Ils ne sont pas si terribles que ça. Un éclat de profonde tristesse vint illuminer les yeux de Jinny, touchée en plein cœur. Ce n’était pas la première fois que Cain Turnbull lui brisait le cœur, mais c’était la première fois qu’il se brisait pour lui, plutôt qu’à cause de lui, ou qu’à cause d’eux deux. Jamais elle n’avait entendu sa voix aussi fragile ; pas même au motel où de profondes plaies avaient déjà été étalées au grand jour dans toute leur laideur. Elle avait la gorge nouée, elle aussi, et pas seulement pas empathie exacerbée par un lien inexplicable – parce que c’était vraiment indiscutablement, horriblement triste, ce spectacle auquel elle assistait. Il voulait tellement l’avoir, cet aval de ses parents. Cette reconnaissance. Trente-et-un ans, et il n’avait jamais réussi à renoncer. Le petit garçon enfoui sous ses draps, tétanisé de peur, était encore là. Et la seule fois où il avait voulu s’opposer à eux, ç’avait été… pour elle. En renonçant à la tuer, il avait renoncé à l’ultime chance qu’il avait pu avoir de gagner leur estime, leur affection – aussi illusoire soit-elle, quand bien même elle aurait été construite dans le sang et la violence, c’aurait été mieux que rien. Maintenant, elle comprenait. Maintenant, elle prenait, vraiment, la pleine mesure de ce qu’elle avait ressenti, quand il agonisait dans sa solitude, sur son lit d’hôpital. Seigneur, mais quelle violence avait-il dû se faire pour ne pas la dénoncer, ni re-tenter sa chance quand il en a eu l’opportunité ? Il avait les larmes aux yeux, Cain, et il n’était pas le seul, bouleversée qu’elle était par le cocktail explosif de sa peine et de la sienne, empathie et compassion devenues indissociables par cette connexion effroyablement douloureuse, là, tout de suite, mais qu’en cet instant, elle ne romprait quand même pour rien au monde. Même pas quand elle le sentit le cœur au bord des lèvres. Même pas quand elle entendit son timide, honnête, affreusement triste appel à l’aide. L’orage grondait toujours au-dessus de leurs têtes – mais dans sa tête à elle, c’était comme si tous les nuages qui pouvaient rester de leur triste venaient de s’éclaircir. Parce qu’elle comprenait, enfin. Et pour qui comprend, le pardon est tellement plus facile. Alors, sans plus attendre, Jinny avança à genoux dans la tente, et, sans lui laisser le temps d’en placer une, ou de protester, ou de s’échapper – il pourrait toujours se téléporter, si elle dépassait les bornes – passa ses bras autour de ses épaules et serra. Très fort. Tant pis pour le lien. Tant pis pour les Turnbull. Tant pis pour les Hex. Elle, Jinny Hex, accorderait à Cain Turnbull ce qu’aucun d’entre eux n’avait su accorder aux autres. Un peu de compréhension. Un peu de compassion. Une oreille attentive, une épaule sur laquelle s’appuyer – merde à la fin, la permission, enfin, d’avoir peur de l’orage.

Un coup de tonnerre déchira à nouveau le ciel, et Jinny réaffirma un peu plus son étreinte, son émotion bien planquée dans l’épaule de Cain. Elle avait cru qu’une brève étreinte de réconfort pourrait le soulager un peu, mais en fait, c’était encore pire ; souffle coupé, le cœur battant la chamade dans sa poitrine et dans la sienne, comme chez la voyante, comme sous la pluie de la Nouvelle-Orléans. « Je suis désolée pour tes parents. » articula-t-elle enfin, bien trop consciente de l’importance et la portée que chaque mot prendrait dès cet instant. Ils avaient parcouru trop de chemin pour se planter ici. Du canon de leurs revolvers, ils avaient réussi à trouver une voie, difficile et tortueuse, jusqu’à maintenant ; deux rivaux, deux ennemis mortels agrippés aux bras l’un de l’autre. Plus tard, elle pourrait blâmer l’alcool, et même le joint qu’ils avaient partagé ; là, maintenant, elle s’en foutait éperdument. « Mon père s’est tiré avant ma naissance. Au moins, il n’aura pas eu l’occasion de me faire ce que tes parents t’ont fait. T’aurais jamais dû avoir à faire quoi que ce soit pour sentir qu’ils t’aiment. C’est leur faute, pas la tienne. » Jinny Hex qui donnait des leçons de parentalité et de relations humaines – on touchait le fond. Mais au moins, elle avait le mérite d’être sincère. Tout ce qui sortait de sa bouche, ça venait du cœur. Finies, les vieilles rancoeurs. Finie, la méfiance. Finis, les doutes qui auraient pu subsister encore ; finalement, ils n’étaient vraiment que deux enfants envoyés à l’abattoir par des adultes irresponsables, et avaient failli se transformer en adultes irresponsables eux-mêmes. Terminé. L’histoire, maintenant, c’était eux qui la dicteraient. « Je suis désolée d’avoir mis aussi longtemps à réaliser… à quel point ça avait été dur pour toi. Même au motel, quand tu parlais de tes parents, je mesurais pas à quel point ils t’avaient laissé tomber. » Depuis le début, ils n’avaient rien fait d’autre qu’enfoncer leur fils dans une spirale infernale. « T’as pas besoin d’eux. C’est dur à entendre, c’est dur à dire aussi, mais t’as pas besoin d’eux. » Comme elle, elle n’avait pas eu besoin de son père. La différence, c’était qu’elle avait eu une mère pour équilibrer le tout – la meilleure mère possible, malgré toutes leurs prises de têtes ; et le cœur de Jinny se serra un peu plus alors que le visage de Stella Hex passa brièvement dans son esprit. Cain n’avait pas eu de Stella Hex. A la place, il devait se coltiner la fille. Il y perdait sûrement au change – mais avec un peu d’efforts, ce serait mieux que rien, non ? « On arrête tout, okay ? La guerre familiale, les Turnbull, les Hex. » Non sans effort, Jinny rompit – à peine – son étreinte, juste assez pour prendre la main de Cain dans la sienne, et les poser, toutes les deux, sur le cœur de son rival. Ami. Binôme. Comme lui l’avait fait à la Nouvelle-Orléans – confirmation tacite que c’était ça, qui l’emportait. Sur tout le reste. « Peut-être qu’on ne saura jamais pourquoi on a une étrange connexion télépathique un peu flippante, mais c’est peut-être un signe que c’était ce qu’on était censés faire depuis le début. Toi et moi, et tant pis pour les Hex et les Turnbull. Tu peux compter sur moi, okay ? On met tout ça derrière nous, et on tourne la page. Et l’orage, il passera tout seul, et toi, tu verras que tu vaux bien plus que ce qu’ils ont voulu te faire croire. » Et elle, elle serait là pour l’accompagner à chaque nouveau pas. Surtout les plus difficiles. Et surtout les plus impossibles.

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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyDim 7 Fév - 22:30


the night we meet again


Sous le tonnerre vrombissant, alors que tu jettes un œil dans le miroir de ton âme, tu constates à quel point tu t'es trompé sur toi-même. Tu as joué pendant si longtemps de tes airs de connard séducteur, trop joueur pour ne serait-ce qu'envisager une relation de couple. Un sale égoïste. Un égocentrique. Un enfoiré qui ne pensait qu'à ses propres besoins et intérêts. Mais en vérité, c'était tout l'inverse. T'as vécu pour eux. Tu leur as sacrifié ton cœur et ton âme. Tu leur as donné tout ce que t'avais pour les satisfaire. Ton temps, ton frère, ta meilleure amie, ta vie, ton avenir. Si ça ne tenait qu'à toi, tu serais devenu professionnel du rodéo, qu'importe la blessure qui t'a immobilisé pendant des mois. Tu te serais battu pour monter à nouveau, pour aller jusqu'au bout de ton rêve, sans te soucier de leurs entraves. T'aurais pu voler si haut s'ils ne t'avaient pas coupé les ailes. Et maintenant, face à cette étrange âme-soeur, tu réalises que c'est pour elle que tu as à nouveau tout abandonné. Tout ce pourquoi tu t'es battu pendant des années avec désespoir et acharnement, tu ne l'auras plus jamais. C'est trop tard, il n'y aura pas de retour arrière possible. Leur amour, leur reconnaissance, envolés. Pour cette fille qui a déboulé dans ton existence, et qui a su prendre assez de place pour que tu acceptes de changer de cap. A la différence que cette fois-ci, tu n'as pas l'impression d'avoir fait le mauvais choix. Jinny n'a pas cherché à te manipuler ou à tirer les ficelles du pantin fracassé que tu es devenu. Au contraire, en voulant la protéger, tu as coupé tout ce qui te rattachait encore à cette relation toxique qui a tout empoisonné dans ta vie. Est-ce que cette néfaste influence efface pour autant tous tes péchés ? Non, il serait hypocrite de les blâmer pour toutes tes erreurs. Même si tu as tout fait pour gagner leur regard, tu ne peux les rendre responsable de ces envolées brutales au petit matin, de ces concurrents écrasés, de ces amitiés négligées. Tu n'es pas un mauvais garçon, mais tu restes un homme qui flirte quotidiennement avec l'autre côté de la barrière. Sans jamais véritablement la franchir. Pour toi, l'espoir est permis. En tout cas, tu crois fermement à ta propre rédemption quand tu distingues ton propre reflet dans le regard de Jinny. Un regard plein de compassion, d'empathie, et peut-être même un peu d'amour. C'est cette bienveillance que tu cherchais chez tes parents et que tu trouves aujourd'hui en elle. Elle t'a permis de faire le premier pas, le plus difficile, et même si tu sais que la route est encore longue pour un jour enfin être entièrement libre, tu sais que si elle est là, il n'y a rien que tu ne pourrais accomplir.

L'étreinte. La délivrance. La fusion. Comment décrire ce qui traverse tout ton corps dès lors que tu sens le sien s’élancer contre toi. C'est déroutant. Trop magnifiquement dévastateur pour que tu ne t'y abandonnes pas complètement. Pourtant, ce n'est pas la première fois que tu ressens une telle force après un contact avec elle. Est-ce que tu t'y habitueras un jour ? Oh, t'espères bien que non. Car la sensation est belle, si intense qu'elle en devient addictive, et t'aimerais pouvoir l'éprouver chaque fois comme la première fois, décharge électrique dans ton palpitant qui ne le court-circuite pas, mais qui au contraire l'oblige à redémarrer de plus bel. Tu passes tes bras autour d'elle, scellant définitivement le lien d'un cadenas indestructible. Il y a quelques semaines, tu tentais de la tuer, et ce soir, tu lui donnes absolument tout ce que tu possèdes. Tu lui accordes ta confiance, tu acceptes de lui montrer tes faiblesses, et surtout, tu l'autorises à s'approcher de toi sans songer une seule seconde à prendre la fuite. Avec elle, t'as pas envie de partir comme un voleur, au contraire, t'aimerais pouvoir étirer le temps pour que l'instant dure un peu plus longtemps. Elle coupe les lanières du fardeau accroché à tes épaules, elle t'aide à te redresser pour que tu puisses enfin marcher droit sans avoir le dos courbé. « Non, c'est moi qui suis désolé d'avoir mis aussi longtemps à réaliser... » Ce n'est pas elle, c'est toi. Toi qui l'a attendu au bord de cette route, toi qui t'es rapproché d'elle pour mieux l'atteindre, toi qui a cherché à la tuer. Et il aura fallu que vous vous brisiez mutuellement pour que tu comprennes à quel point tu faisais fausse route, et que l'ennemi n'était pas celui que tu pensais. Tu fermes maintenant tes yeux, écoutant ces mots que tu avais tant besoin d'entendre. Dans ses bras, l'orage te paraît tout de suite moins effrayant. L'enfant trouve enfin la paix qu'il attendait. Après toutes ces années, il se sent enfin rassuré. Tu sais que ce n'est pas un exercice qu'elle expérimente souvent, et c'est précisément ce qui rend l'instant d'autant plus important. Ce qu'elle fait, elle le fait pour toi. Pour cet homme qui lui a fait du mal, pour cet homme qui a tant ébranlé en elle, pour cet homme qui aurait pu causer sa perte. Mais cette nuit, ce n'est pas l'adversaire qu'elle enlace, c'est l'autre moitié de son âme. La guerre est terminée. Mains sur le cœur après qu'elle se soit un peu écartée, tu lui jures d'un regard que tout est terminé. Qu'elle n'aura plus jamais rien à craindre de toi, et que tu ne laisseras pas vos noms respectifs salir à nouveau votre relation. T'es désolé de ne pas parvenir à t'exprimer comme tu le voudrais, mais il y a tant de choses qui te rendent fébriles sous cette tente. Votre proximité, ta vulnérabilité, votre serment, la prise conscience ultime pour toi comme pour elle qu'il est l'heure d'arrêter de laisser vos familles vous dicter l'avenir. Et de peut-être, l'envisager ensemble.  

Haletant, c'est à ton tour de rompre la distance en posant ton front contre le sien, sans lâcher sa main, toutes deux posées sur ton torse. Elle aussi elle a cette impression de devoir lutter pour rester debout alors que tout autour de vous se met à trembler furieusement ? Comme si le monde s'écroulait, et que sur ses décombres vous commenciez à bâtir le vôtre. Elle a raison, c'est carrément flippant ce lien, mais il est aussi tellement plus que ça. Sans lui, vous ne seriez pas ici ce soir. Sans lui, tu serais encore aveuglé par la sournoiserie des Turnbull, à mener une vie qui n'est pas la tienne. « Tu peux compter sur moi, j'ai aucune intention de me tirer. » Et bien entendu, tu fais là écho à ce qu'elle t'a dit peu avant sur son père, parti avant sa naissance. Un abandon qui a forcément laissé des traces, même si elle fait tous les efforts du monde pour le cacher. Ce soir, tu t'es confié à elle comme jamais tu ne t'étais confié à qui que ce soit, et t'espères bien qu'un jour elle trouvera l'envie d'en faire tout autant. T'en sais encore bien trop peu sur son passé, et tu ne parles évidemment pas de tout ce que tu as pu collecter dans son dossier. Ses souffrances, ses failles, t'aimerais pouvoir les effleurer du bout des doigts, pour les aider à se refermer, exactement comme elle vient de faire pour toi. Tu rouvres les yeux pour pouvoir la regarder, sans prendre tes distances, et en laissant maintenant ta main glisser jusqu'à sa joue pour l'étreindre d'une toute autre façon. Jamais vous n'avez été aussi proches, mais tu tiens bon, malgré la naissance de ce quelque chose dont tu n'as pas encore pleinement conscience. « Et je ne laisserais aucun d'entre eux poser la main sur toi. » Elle l'a dit, plus de Hex, plus de Turnbull. Peu importe ce qu'ils tenteront de faire pour réussir là où tu as échoué, tu ne les laisseras pas l'approcher. Jamais. De pire ennemi, tu es devenu son allié le plus dévoué. Tu veux savoir jusqu'où ce lien peut vous amener. Est-ce que vous serez réellement invincibles ensemble ? Est-ce que vous arriverez à mettre un terme à cette guerre ancestrale ? Ce soir, t'y crois dur comme fer. Et épuisé, mais aussi réellement apaisé, tu te laisses retomber avec elle sur les sacs de couchage. T'as trop besoin de cette contiguïté pour accepter d'y mettre un terme maintenant, mais tu lui laisses le choix de s'écarter, de se détacher de l'emprise de tes bras. Tu lui as dit que tu fuirais pas, mais tu ne lui en voudrais pas de le faire. Sans la fragilité de l'instant et la sincérité de la nuit, aucun doute que demain matin sera plus compliqué, et c'est précisément pour ça que tu veux en profiter un maximum. Combler le plus de trous possible avant que la réalité ne reprenne ses droits. « Merci d'avoir chassé l'orage. » Celui qui pèse sur toi depuis l'enfance, mais aussi celui au-dessus de vos têtes. Il s'est éloigné, et il ne reste plus que le son des gouttes de pluie qui s'écrase sur la toile de votre tente. A l'abri, en sécurité et beaucoup plus léger, tu n'as aucun mal à trouver rapidement le sommeil. Et si l'orage revient, cette fois, tu sais déjà que tu n'en auras plus peur.
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MessageSujet: Re: the night we meet again (jinny)   the night we meet again (jinny) EmptyLun 22 Fév - 0:50


the night we meet again


Il n’y pas qu’un enfant qui arrête d’avoir peur ce soir. Dans cette étreinte, il n’y a plus de place pour la haine, ni la rancœur, étouffées, écrasées par le poids et la force inégalés du pardon. C’était pas facile, de pardonner et d’aller de l’avant. C’était comme arracher une écharde de son propre cœur, arracher un bout de son cœur avec, et le jeter de côté en espérant que ça s’arrête de saigner tout seul. C’était pas facile, mais ça marchait. Jinny le sentait déjà, dans les bras de Cain, une cicatrice qui se résorbait enfin, un poids qui se soulevait de sa poitrine, lui permettant enfin de respirer à nouveau. Allez, c’est fini. Cette fois, c’est vraiment fini. Le chapitre des Hex et des Turnbull ne se refermait pas tout à fait, puisqu’ils ne pourraient jamais complètement en faire abstraction, mais le chapitre de la guerre s’achevait pour eux. Ils refermaient le livre, et ils y foutaient le feu, avant de s’éloigner sans se retourner. C’était libérateur, c’était jouissif, et ça laissait toute la place à tout le reste : à ce lien inexplicable entre eux, à cette attraction sans nom et sans définition qui prenait toute la place et les clouait là où ils étaient, cœur à cœur, front contre front. Une terreur s’en va, une autre s’en vient prendre sa place ; l’inconnu déroutant qui les attend de l’autre côté, après avoir désappris la violence sans comprendre exactement ce que c’était, qu’ils gagnaient en échange. Est-ce que c’était un pari raté d’avance ? Est-ce que c’était un traquenard du genre pacte avec le diable qui se retournerait contre eux dès qu’ils baisseraient la garde ? Malheureusement, il était encore bien trop tôt pour le savoir, et la voyante s’était évidemment bien gardée de leur dire. On ne pouvait pas tout avoir, pas vrai ?

Jinny rouvrit les yeux en entendant sa promesse, réflexe, instinct de l’animal blessé qui se méfie des serments un peu trop faciles ; mais ce soir, dans cette tente, dans cet instant où ils mettaient tout sur la table en faisant fi de toute notion de prudence, elle avait envie d’y croire. Pourquoi est-ce qu’il lui mentirait maintenant ; et puis, les battements de son coeur sous ses doigts lui énonçaient sa sincérité mieux que n’importe quel détecteur de mensonge. Même ses doigts effleurant les contours de son visage ne parvinrent à la faire tressaillir, rien qu’à lui arracher un sourire en même temps que sa promesse. Eux deux contre le reste du monde, hein ? « J’ai pas besoin d’un chevalier en armure. » fit-elle remarquer à voix basse, amusée, un peu touchée, aussi. « Toi, ça me suffira largement. » Tout le reste, elle gèrerait, elle se débrouillerait, et s’il était là avec elle, tant mieux, et si elle pouvait lui épargner ce carnage, encore mieux. C’était lui aussi qui avait besoin d’être protégé face à la cruauté des siens. « Une space cowgirl et un business man qui se téléporte. Franchement, comme s’ils avaient la moindre chance contre nous. » Et s’ils en avaient la moindre, alors tant pis – ils se défendraient becs et ongles, et s’ils devaient plonger face aux vieilles rancoeurs familiales, alors ce serait ensemble. Sans protester ni résister, Jinny se laissa tomber à son tour sur les sacs de couchage. Pfiou. Quelle soirée, mes aïeux – sans mauvais jeu de mots. Et elle qui, quelques heures plus tôt encore, se méfiait de tout et même de lui, ne chercha absolument pas à rompre ce contact, elle non plus. Il pouvait bien prétendre la laisser repartir, Cain. Elle, elle ne bougea pas d’un pouce, la tête sur son torse – à faire semblant que c’était parfaitement normal, justement parce que ça leur était venu bien trop naturellement. « Merci à toi. » se contenta-t-elle de répondre.

Cain fut le premier à s’endormir – épuisé, peut-être, par la difficile confession qu’elle lui avait arrachée un peu malgré elle, et un peu malgré lui, quand bien même c’avait été bénéfique ; arracher un pansement, c’était toujours douloureux, quand ça arrivait tout à coup et sans prévenir. Alors Jinny resta seule avec ses pensées pendant un moment, l’esprit vaguement brumeux à cause de l’alcool, se disait-elle, à écouter distraitement l’orage céder la place à une pluie régulière et monotone, et à écouter, moins distraitement, le cœur de Cain battre à un rythme parfaitement aligné sur le sien. Tellement parfaitement aligné qu’elle peinait encore à y croire, alors qu’elle devrait en avoir l’habitude, maintenant, non ? Elle n’était pas certaine d’avoir envie d’en prendre l’habitude, ceci dit ; quand tout se passait bien, comme ce soir ou à la Nouvelle-Orléans, elle l’admettait, tout ça avait quelque chose d’un peu magique auquel elle se sentait doucement, dangereusement devenir accro. Fais gaffe, Jinny Hex, se sermonna-t-elle elle-même, un peu amusée, un peu troublée, et elle se força à ne pas y penser plus avant, et à se concentrer sur sa respiration (ou celle de Cain, puisque la différence entre les deux se faisait très floue) en fermant les yeux. Oh oui, elle la sentait venir, la gêne annoncée lorsqu’ils se réveilleraient, le lendemain matin, dans les bras l’un de l’autre, mais quelle importance, hein ? Ils en riraient, ils se balanceraient une vanne ou deux, comme ils en avaient pris l’habitude avant que la vérité ne leur éclate à la figure, comme ils avaient essayé d’en reprendre l’habitude, et ils passeraient à autre chose. Autre chose, pour un nouveau départ, et une deuxième chance, sous des auspices encore bien énigmatiques ; mais du moment qu’ils marchaient dans la même direction, alors ce serait déjà un meilleur début que tout ce qu’elle aurait pu espérer.

FIN.

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