Les Teen Titans étaient une équipe historique qui avait su, parmi toute les équipes de héros, se faire une place dans le paysage héroïque. Mais ce qui m'intéressait profondément, c'est que l'équipe avait accueilli le Robin devenu Nightwing, et que bon nombre de ses coéquipiers étaient devenus des amis pour ce dernier. Maintenant que le nom des super-héros avait été révélé, les nerfs étaient tendus, les gens à fleur de peau. C'était un contexte entier qui permettait au maître des peurs de frapper. Et quoi de mieux, pour appâter l'oiseau de nuit, le petit rouge gorge, que de s'en prendre à ses amis ?
Un problème persistait, néanmoins. La plupart des membres des Titans affrontaient de gros calibres, et moi-même je comprenais que je n'étais pas de taille face à la plupart d'entre eux en combat singulier. Aussi fallait-il être le plus méticuleux possible, construire un plan infaillible calibré de A à Z. La moindre erreur serait fatale, mais ce qu'il n'avaient pas, c'était l'expérience d'un vilain qui avait su tenir tête à de nombreuses reprises au chevalier noir. Si le Joker ou même encore Bane avaient su faire leur petit bout de chemin malgré leurs nombreux affrontements avec la chauve souris, je n'étais pas en reste non plus. D'ailleurs, j'avais un avantage. Je n'attaquais jamais de front.
Il faut être un idiot fini pour se montrer face à un héros bien entraîné pour dire "Eh oh, je suis là" pour se prendre au final une dérouillée magistrale. Bane, le plus fort de Gotham, je dois l'admettre, l'avait également bien compris lorsqu'il avait essoufflé le Batman, avant de le mettre au tapis. Non, cette fois-ci, mon coup était bien préparé. Mon coup, ne pouvait pas échouer. Le fonctionnement de Star City ne changeait pas du fonctionnement de Gotham : Payer un camé pour qu'il surveille les faits et gestes des Titans, écrire les heures de sorties, de rentrée, payer d'autres camés pour déclencher une guerre de gang, découvrir qui sort, qui rentre. Rien de bien compliqué, un amateur pourrait se charger de ce genre de travail. Réfléchir à un moyen d'agiter la tour, de la retourner de fond en comble. Réfléchir à un moyen d'attaquer les plus gros calibres des héros, un par un. Réfléchir à ce qu'un bâtiment ultra sécurisé peut avoir en commun avec un bâtiment lambda. Aaaaaaah oui. La ventilation. Malheureusement celle-ci était située au toit de l'immeuble, et elle ne me permettrait pas de toute façon de voir le résultat de la toxine. Oh, je pouvais aller sur le toit rien qu'avec l'anneau jaune, mais je m'étais juré de ne pas l'utiliser. Je n'ai pas besoin d'autant de pouvoir pour le moment, d'autant que je peux venir à bout de ces héros avec mes propres outils. Pas besoin de camés pour surveiller les portes, ça ne ferait qu'attirer l'attention. Ce sera du un contre un, alors que je ne serais même pas visible. De quoi ... S'amuser un peu avec la victime. Un peu, beaucoup.
Et la victime n'était pas une petite frappe. Raven était un gros calibre. Mais sans doute encore beaucoup de doutes, de panique intérieure. Sans doute beaucoup de terreur enfermée. Comme tout gros calibre, au final. Mais nous n'allions pas tarder à savoir jusqu'à quel point le jeune corbeau était touché par ses démons intérieurs.
Entrée grâce aux codes du Chapelier (qu'est-ce qu'il pouvait bien en avoir à faire des Titans bordel, Nygma j'aurais compris, mais le Chapelier ? Je ne comprend pas ce que le nain voulait foutre des codes de la tour, mais ce dernier avait été confisqué parmi tant d'autres de ses affaires à Arkham. C'est en réalité d'ailleurs ces codes qui m'avait donné l'idée de remuer toute cette tour. Enfin bref, porte passée, tout le nécessaire cracké. J'avais même utilisé la voix de Grayson si un quelconque dispositif m'aurait demandé une confirmation vocale, maintenant que je connaissait l'identité du bonhomme. Un fumigène dans l'ascenseur, pour contrer toute caméra. Les portes se refermèrent. Quand elles se rouvriront au bon étage, il serait déjà trop tard.
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Deux respirations suffisait pour se sentir faible, sentir son esprit vagabonder. 3 ou 4 respirations pour que l'âme quitte son corps, qui pourrait convenir à l'expression "j'ai la tête ailleurs et le corps autre part". 5 ou 6 et l'hallucinogène fait effet. Plus de respirations encore, et c'est le cauchemar, la zone du cerveau s'occupant de la peur est stimulé, pour une raison qui lui dépasse. Il est stimulé à mort, fait suer la victime, jusqu'à ce qu'elle en devienne folle et soit persuadée que ce qu'elle imagine, est vrai.
Mais qu'imagine t-elle, au final ? Il faut jouer le jeu, et guider son esprit tordu à travers le labyrinthe qui se forme dans son inconscient. Il s'agit alors d'être le narrateur de sa propre chute. Ainsi assimilera t-elle le récit avec son propre vécu ou ses pires peurs ... Et au fond de son rêve me révèlera t-elle ce qu'elle voit. De quoi à peur la puissante héroïne Raven ?
" La nuit promet d'être belle, car voici qu'au fond du ciel ..."
Tout l'étage de vie des Titans est rempli de la toxine de peur. Mélangée dans l'air, le gaz est crée pour tenir même à l'air libre. Alors fenêtre fermé c'est une véritable fumée épaisse qui s'étale dans toute les pièces des jeunes héros. Rien pour y échapper. Je suis seul. Avec ma proie. Une jeune héroïne avec qui je pourrais m'amuser un bout de temps et pourquoi pas lui trouer le bide quand ses yeux sortiront de terreur. Mais vite vite, il fallait que je vois où elle se trouve pour qu'elle me guide dans son inconscient, qu'elle m'explique ce qu'elle voit, qui elle voit.
" Apparaît la lune rousse."
Si elle regardait dehors, qu'elle se décidait à regarder l'extérieur, elle y verrait les ténèbres. Non pas à cause de la nuit tombée, mais sans doute à cause d'une lune rouge, d'une éclipse ou que sais-je. L'important était que la nuit serait tombée de manière artificielle. Comme si ils avaient atterris dans une autre dimension. Une dimension démoniaque. Mais une dimensions où la ville serait la même.
"Saisis d'une sainte frousse, tout le commun des mortels ..."
Des gens fuyaient. Des démons, des tsunamis, des tornades, des justiciers peut-être ? Que fuient-ils Raven ? As-tu seulement jeté un regard dehors ? Plus je découvre de pièces dans cette tour, plus j'avance comme un serpent, de manière désarticulée, faisant des pas de danse en tournant sur moi même, ricanant en me demandant ce que fiche Raven. Soudain, je m'arrête net. Est-elle vraiment là ? Tout les camés que j'ai payés m'ont affirmés que tout les Titans n'étaient plus dans cette tour. Sauf. Raven. La colère me gagne, de rage qu'elle soit dans les cinq ou six pièces restantes sûrement la dernière même pour bien m'arranger. Elle viendrait d'elle même après avoir découvert le calvaire qui s'est instauré. L'excitation est d'ailleurs à son summum alors que je l'imagine imploser, avec ses pouvoirs, la terreur s'emparant d'elle et sortant d'une des pièces, furibondes, ou au contraire, recroquevillé dans un coin de l'une d'elles. Bras tendu, faisant une révérence devant moi en espérant entendre un gémissement ou au contraire une porte claquée, faux en main, je souris jusqu'au oreilles, malgré le début de colère qui m'avait gagné
"Crois voir le diable à ses trousses !"
Quel est ton diable Raven ? Quel est ta folie ? Qui voit tu dehors, que crois tu voir ? Quel est ton cauchemar ? Que verras tu, à la place du joli épouvantail ?
La Tour des Titans... Ton refuge, ton chez toi, le seul endroit où tu te sentais à peu près légitime sur cette Terre. Le seul endroit où tu te sentais presque en sécurité. Protégée des autres mais aussi protégée de toi même. Cette nuit là... Tu allais comprendre qu'il ne fallait jamais se fier aux apparences et surtout ne jamais se reposer sur ses acquis. Tu allais affronter un ennemi spécial, spécial car tu ne pourrais pas le combattre comme les autres. Il était d'ailleurs à tes yeux un des plus dangereux car tout se passait là haut, dans ton esprit. Et tout le monde le savait Raven... Ton esprit était un trou noir, sinueux, tortueux, et bien dangereux. Un endroit qu'il ne valait mieux pas visiter ni même essayer de comprendre. L'un de vous deux allait l'apprendre à ses dépends ce soir mais qui? L'affrontement avait déjà commencé mais tu ne le savais même pas. Crane avait déjà une longueur d'avance sur toi et ça, ça ce n'était pas bon du tout. Bien sûr, tu ne t'en doutais pas encore une seule seconde. Seule dans ta chambre, comme bien souvent, tu méditais. C'était le moment de ta journée que tu préférais. Celui où tu étais seule avec toi même, ce petit moment de flottement où tu étais libre, loin de tes problèmes et de tes démons. Loin des tracas quotidiens et de Trigon. Alors, quand tu commençais à te sentir faible, tu ne te posais pas trop de question. C'était assez courant lorsque tu entrais en transe. Tu te laissais complètement aller et justement, c'était là que tu étais la plus vulnérable. Crane n'aurait pas pu choisir un meilleur timing que celui-ci. Pour la suite, tu n'avais rien vu venir, ni de près ni de loin. Tu avais terminé ta séance méditation le plus sereinement et normalement possible. Tu avais pris une douche, enfilais ta tenue de nuit, qui se résumait à un simple jogging noir. Et tu n'avais plus qu'une envie, aller te coucher. Demain serait un autre jour. Encore et toujours tu devrais te battre contre toi même et progresser dans ton ascension spirituelle. Tu ne croyais pas si bien dire Raven, et ça allait commencer bien plus tôt que tu ne le croyais.
« Raven... » Entendais-tu dans un murmure d'abord éloigné. Tu te retournais dans ton lit, tu pensais qu'il s'agissait simplement d'une hallucination auditive dû à ton abandon dans les bras de Morphée. « Raven... » Entendais tu à nouveau, cette fois plus distinctement. Tes yeux se rouvraient immédiatement, prenant une lueur pourpre. Tu n'aimais pas cette voix, tu n'aimais ce qu'elle te faisait ressentir, tu n'aimais pas ce qu'elle t'inspirait. Soudain, tu te te mettais à transpirer. Tu te levais alors de ton lit pour aller boire un verre d'eau fraiche avant de retourner dans pays des rêves qui étaient malheureusement bien souvent le pays des cauchemars pour toi... Quand soudain... Une lueur t'interpellait. Tu t'approchais lentement de la fenêtre et levais prudemment le rideau. Une lune rouge sans apparaissait dans le ciel, tu ne reconnaissais que trop bien ce décor funèbre jonché de cadavres... Azarath. C'était impossible et pourtant tout cela te paraissait tellement vrai. Tu en lâchais le verre d'eau qui se brisait en mille morceaux à tes pieds. L'eau s'était transformais en sang, tu en avais plein les mains. Tu reculais d'un pas, interdite, terrifiée. Il en fallait pour te terrifier Raven... Mais Azarath et tous les souvenirs qui s'y rattachaient, il n'y avait rien de tel pour soulever ton coeur et ton âme. Les ténèbres régnaient là dehors, mais elles régnaient aussi tout autour de toi. Tu sentais que quelque chose n'allait pas. Tu sentais que tu n'étais pas dans ton état normal et pourtant, tu te laissais porter. Tu sentais également une présence. Comme si, comme si... tu n'étais qu'un vulgaire pantin dont un géant tirerait les ficelles. Tu détestais cette impression. Tu détestais ce cauchemar. Mais était-ce véritablement un cauchemar?
« Raven... » Encore ce murmure, de plus en plus distinct... Ce n'était d'ailleurs presque plus un murmure mais tout simplement une voix qui t'appelait, non, une voix qui prenait plaisir à te tourmenter. Une voix que tu croyais, que tu avais peur, de reconnaître. « Raven... » Tu collais tes mains sur tes oreilles pour ne plus l'entendre. Tu priais alors pour te réveiller au plus vite. C'était insupportable, étouffant, tu commençais à suffoquer et tu quittais alors ta chambre à la recherche d'aide, de soutien. Mais lorsque tu sortais dans le couloir, c'était l'horreur absolue. Tous les Titans étaient morts. Atrocement mutilés. Et toi tu étais là, au milieu de leurs cadavres encore chaud, du sang frais sur les mains. Qu'avais-tu fait Raven? Tu voulais hurler mais aucun son ne sortait de ta bouche. Alors tu courrais, tu voulais sortit, tu voulais de l'air, tu voulais te réveiller, oui tu voulais que tout ceci ne soit qu'un satané cauchemar. Mais tu étais toujours là, et chaque détail te suggérait que tu étais bel et bien dans la réalité, une terrible réalité. Que se passait-il, tu étais perdue, désemparée, tu avais envie de t'écrouler. Tu te sentais faible, impuissante. Les larmes coulaient sur ton visage, des larmes de sang. Jamais tu n'avais pleuré du sang, quelque chose clochait, tu le sentais. Et cette présence, cette personne ou cette chose qui semblait se nourrir de ta peur comme un animal féroce se nourrissait de la chair de ses victimes... Tu frissonnais de la tête aux pieds. Quand tu le vis là... dans ton reflet sur la vitre de la Tour des Titans. Il avait réussi, il s'était échappé, il se servait de toi comme portail. Tu voyais distinctement son visage superposé au tien. Trigon... Ton père. Ton démon. De colère, de rage, de tristesse, de déception, tu faisais exploser la vitre par ta simple pensée et tu t'écroulais à genou au sol dans les débris de verre.
Toujours dans une posture de révérence, je levais la tête alors qu'une porte s'ouvrait devant moi. Je serrais alors ma faux, qui semblait alors être plus le prolongement de mon bras qu'un objet lambda. Une jeune femme en sortie, mains sur les oreilles, affichant une expression d'horreur en regardant le sol. Des morts ? Des civils ? Non, les Titans peut être, vu le lieu ? Mon expérience me le disait : elle regardait des cadavres, puisque ses yeux se déplaçaient à des points précis. Pas une vague de rat ou un tsunami de sang, le regard aurait été plus ... continu.
Qui a tué les Titans ? Un ennemi invisible ? Qui est ton ennemi invisible, Raven ? Elle court dans le couloir, m'ignorant totalement par la même occasion. Elle pleure, réellement. Le détail ne me titille même pas : c'est un effet totalement prévisible sur une jeune femme comme elle avec les effets du sérum. Il lui faudra cependant une dose plus piquante pour qu'elle arrête de gigoter et de courir partout. J'ai néanmoins besoin qu'elle parle. Besoin ... Qu'elle me dise ce qu'elle ressente. Que l'expérience m'apprenne un grand nombre de détail. Elle se regarde dans la vitre, la détruisant par la même occasion. L'expérience est fascinante, et Raven, un sujet d'exception. J'en viendrais presque à la préférer aux oiseaux de nuit que je me coltine d'habitude, j'en viendrais presque à me dire que ses sentiments, ses doutes, ses peurs ... sont plus poignantes que celles des rouges gorges. Quel cobaye intéressant.
L'une des vitres des titans à sauté, et cela pourrait potentiellement alerter civils et héros. Il va falloir que je l'immobilise en injectant une dose plus importante. Mais je ne peux retenir mon cœur débordant de joie devant la vision de l'héroïne pétrifiée. Je me retournais alors, me remémorant la réaction de Raven sortant de la chambre, les possibles cadavres qu'elle avait découvert en y sortant. La vitre qui explose après quelques secondes passés à le regarder, se regardant ... Droit dans les yeux. Cela semblait clair pour le plus étroit des esprits : hypothèse numéro un ... La peur de soit. Je me rapprochais d'elle au maximum, la regardant moi même alors dans les yeux, le cœur palpitant de me faire projeter à tout moment par une quelconque prise de conscience, les yeux fous, et le sourire jusqu'aux oreilles.
"Oh ... Tigre, tigre, brûlant, brillant dans les forêts de la nuit, quelle main, quel oeil immortel à fabriqué ton effroyable symétrie ?"
Il fallut d'une piqûre. Plongeant l'aiguille complètement collée sur mon index, je lui injectait une dose assez forte pour la maintenir dans un état qui sans aucun doute lui permettrait de parler, de me faire voir ses gestes et ses réactions corporelles, mais désormais, ce qu'elle verrait, tout se passerait dans sa tête. Elle était donc face à la ville, la vitre brisée, et le rêve pourrait continuer, dans toute sa folie, dans toute son extravagance.
"Quelle poigne cruelle osa étreindre ses terreurs mortelles ?"
Les débris de verre tombaient encore dans le vide sans fin de la tour des titans. En baissant les yeux, c'est une vision d'horreur (si cette vision ne l'était pas déjà avant) qui assaillirait Raven : des démons débordant des rues avaient pris la place des hommes et des femmes qui les traversaient habituellement. La ville à feu et à sang (un feu qu'on aurait pensé tout droit sorti des enfers) n'attendaient plus qu'un maître pour les guider. Quelle serait la prochaine destination de la horde ? Qui allait les mener ? Trigon ? Ou Raven elle même ? La vitre de la tour des Titans explosée, c'était le ciel qui l'appelait, comme si des marches s'étaient matérialisés pour qu'elle surplombe l'antre du Malin. En fait, elle n'aurait pas le loisir de pouvoir se retourner, elle n'en avait pas le pouvoir, ni la force. Pour la première fois, sans doute depuis qu'elle maîtrisait ses pouvoirs, la jeune Raven suivait un chemin prédestiné, comme dans un jeu couloir. Elle devait apporter la destruction sur son passage, car son subconscient le lui imposait. Peut être aurait-elle la force de dire non. De se lancer de manière désespéré contre la horde ? Soit. Chacun est maître de ses choix. Mais elle se plongerait dans l'inconnu. Cela lui serait-il bénéfique, ou serait-ce catastrophique pour son cerveau ?
Spoiler alerte : Je ne suis pas sûr qu'avec la toxine qu'elle s'était pris, il y aurait un happy ending à ce cauchemar
" Raven !"
Ces interpellations se faisaient de plus en plus fortes, de plus en plus insistantes. Il fallait le faire taire, ou y succomber. Ou peut-être les deux à la fois. Mais voilà que déjà, venant de l'horizon, ou du ciel, ou du sol, la plus grande menace arrivait. Le diable se manifestait. Elle pourrait le sentir dans son cœur, dans son âme. Mais elle le savait. La prochaine vision serait encore plus violente que la première.
Tu ne ressentais rien, ni douleur, ni souffrance, ni écorchure... Tu ne sentais pas ta chair se déchirer, l'odeur du sang titiller tes narines. Mais tu étais tellement prise par l'émotion que pendant un long moment tu n'y avais même pas prêté attention. Si seulement tu y avais prêté attention tout de suite Raven, tu aurais compris que ce n'était pas toi la coupable dans toute cette histoire, mais bel et bien la victime. Mais voir ainsi le pire de tes cauchemars se réaliser, ça t'avait complètement bouleversé, tétanisé. Tu avais tué tous tes amis, ou plutôt alliés, car tu refusais d'avoir trop "d'amis". Cela n'était pas bon pour toi, pour les ténèbres que tu t'efforçais de contenir chaque jour. Tu avais toujours redouté ce jour, ce jour où Trigon trouverait un moyen de t'utiliser pour réaliser son œuvre, en commençant pas détruire tous ceux et celles que tu appréciais, tous ceux et celles qui auraient pu t'aider. Tu avais l'impression que ton cœur était déchiré, tu voulais simplement mourir mais pas avant d'avoir vengé la mort des Titans. Tu devais affronter ton père et le neutraliser une bonne fois pour toute. Sa vie dépendait de la tienne... tu le savais. Il t'avais créé pour cela. Si tu n'étais plus, alors il ne pourrait plus s'attaquer à l'humanité et aux autres peuples des autres dimensions. C'était un choix auquel tu avais souvent pensé Rachel Roth... Bien sûr c'était en dernier recours car malgré tout, tu devais l'avouer, tu tenais à la vie. Tu avais encore tant de choses à expérimenter, tant de choses à voir, tant de choses à vivre. Puis soudain, alors que tu reprenais du poil de la bête, que tu séchais tes larmes et que tu serrais les poings pour te relever. Tu te rendais compte qu'il n'y avait pas un morceau de verre par terre. Tu relevais lentement la tête, et tu t’apercevais que la vitre n'était plus brisée. Qu'est-ce que... Tu fronçais les sourcils... Etais-tu tellement en trans suite à ta séance de méditation que tu en avais des hallucinations? Etais-tu simplement entrain de dormir et de faire un véritable cauchemar? Pourtant tout paraissait si vrai et tu te sentais on ne peut plus éveillée...
Tout cela était plus qu'étrange et tu commençais à te poser de sérieuses questions. Et c'est là, là que tu sentis sa présence. Invisible et pourtant si palpable. Tu n'étais pas seule, quelqu'un était avec toi et son aura était... noire comme le charbon. Et là, comme si un voile se levait de ton visage, tu le voyais, son regard plongé dans le tien. Scarecrow... Tout devenait clair, tout devenait évident et soudain tu te sentais soulagée. Rien de tout cela n'était vrai, ce n'était que l'expérience d'un fou diabolique qui se nourrissait de la peur des autres comme les animaux se nourrissaient de la chair des cadavres. Ton regard devenait alors sombre et tandis qu'il prononçait quelques mots, tu prenais involontairement ton apparence de Raven. Il était rare que tu revêtes ton costume sans le vouloir mais c'était déjà arrivé et sous l'emprise de je ne sais quelle drogue lâchée par cet énergumène qui se faisait surnommé l'épouvantail, il n'y avait rien d'étonnant à ce que ton inconscient te joue des tours. Tu allais donc devoir délier tout ça. Combattre la toxine, combattre Scarecrow et combattre ton propre inconscient. Un combat rude et périlleux qui s'annonçait bien difficile. Mais tu n'étais pas femme à baisser les bras Rachel Roth, surtout pas devant un criminel comme Scarecrow. Tu ne comprenais rien à ce qu'il disait et en réalité tu t'en fichais royalement. Tu n'avais qu'une envie, le faire taire et revenir à la réalité, la vraie réalité. Mais malheureusement, l'Epouvantail n'était pas un ennemi redoutable pour rien, il t'avait devancé, profitant de ton état comateux pour t'injecter une nouvelle dose de l'une de ses mixtures. La sensation que tu avais ressenti à ce moment là était indescriptible... Tu étais là, tu le voyais, tu l'entendais mais tu ne pouvais pas l'attaquer, tu ne pouvais rien faire. Tu savais très bien ce que cela voulait dire, tu avais entendu parler des exploits de Scarecrow, tu connaissais son mode opératoire et désormais, tout se passerait dans ta tête.
Ton coeur palpitait, tu avais du mal à respirer, la vitre était de nouveau brisée et tu voyais là dehors l'Enfer se déchainait sur Terre. Des démons, par centaines, pas milliers. Tous sous les ordres de ton géniteur, sous tes ordres. Des marches se matérialisaient sous tes yeux et tu ne pouvais lutter, tu commençais à les gravir et à ton passage, les démons faisaient la révérence, ils baissaient la tête, comme si tu étais leur reine. Ils attendaient un mot, un signe de ta part. Tu voulais qu'ils attaquent Scarecrow, qu'ils l'empêchent de te manipuler comme une marionnette mais tu n'y parvenais pas. Tu n'avais plus le contrôle. Tu allais devoir trouver, et vite, un moyen de le reprendre. Pendant ce temps, tu montais les marches. « Raven... » La voix devenait de plus en plus proche, de plus en plus distincte. Tu ne la connaissais que trop bien et soudain, il apparaissait, devant toi. Un géant démesuré, terrifiant et pourtant tu lui tenais tête sans sourciller. Trigon. Il était là, en face de toi, ce face à face que tu avais tant redouté. Tu avais failli succomber à la terreur mais tu savais au plus profond de ton être que rien de tout cela n'était vrai. Ce n'était que le fruit de ton inconscient, de tes démons intérieurs. Tu avais le pouvoir de les contrer, tu devais juste trouver comment. Alors, en attendant, tu faisais face à ce visage géant qui esquissait un sourire diabolique tandis que les hurlements retentissaient sous tes pieds, tandis que les flammes t'encerclaient. « Raven. Ma fille. Je suis si fier de ton œuvre. C'est pour cela que je t'ai donné la vie. Tu as enfin accompli ton dessein. » Ces mots terribles, tu les avais imaginé des milliers de fois dans ton esprit. Ton regard devenait encore plus sombre, si cela était encore possible. « Tu n'es pas réel, rien de tout cela n'est réel. Tu entends ça l'épouvantail? Ton petit jeu est démasqué, amuse toi tant que tu le voudras mais bientôt je me réveillerai et c'est moi qui m'amuserai. » Avais-tu dis avec force et détermination. « Espèce de barjot... » Avais-tu ensuite murmuré pour toi même. « Dis moi ce que tu attends qu'on en finisse, ton petit jeu ne m'amuse pas! »
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