history's written today (vandal) |public averti|

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L’orage frappe aussi soudainement qu’une porte qui claque dans le ciel du Kahndaq. De préférence, une porte qui se claquerait au nez de tout intrus ayant cédé à la tentation de l’idée brillante de s’introduire sans permission au cœur d’un site sacré en pensait passer inaperçu – ou pire, dans le dessein bien explicite d’attirer l’attention de la personne dont, en temps normal, l’on essaye plutôt d’éviter l’attention. Adam a ressenti l’intrusion avant même qu’un soldat assigné à la surveillance des temples et pyramides jonchant le pays ne se hâte de lui signaler l’événement, ponctué de la mort déclarée des gardes présents sur place. Quelqu’un cherchait à se faufiler dans l’une des antichambres de la nécropole sacrée d’El-Tûr, et n’avait aucunement l’intention de rebrousser chemin avant d’avoir atteint son objectif. Le plus inquiétant, évidemment, était l’aisance avec laquelle cette personne s’était débarrassée du personnel de sécurité – humains et Feitherans mêlés. L’orage gronde dans le ciel, fait écho à l’orage dans la poitrine du champion du Kahndaq, et l’air se déchire en deux sous l’impulsion d’Heru propulsant son élu à travers les cieux. Une telle provocation ne saurait rester impunie – et surtout, une telle provocation, effectuée avec une telle insolence et une telle désinvolture, signale que l’intervention de Black Adam lui-même n’est pas seulement préférable : elle est nécessaire. Qui que soient ces pilleurs, il ne s’agit pas de leurs voisins bialyiens ou syriens habituels, ni d’Intergang, ni d’adversaires aussi familiers qu’insignifiants. Qu’importe, songe Adam, fendant le ciel en laissant derrière lui une salve d’éclairs annonciateurs. Dans Shiruta, dans les villages alentours, on lève le nez vers le ciel, conscient qu’il doit se tramer quelque chose, avant de retourner vaquer à ses activités. La foi, au Kahndaq, fait acte de loi : quelle que soit la menace pesant au-dessus de leurs têtes, tant que leur champion est là, il n’y a nulle raison de s’inquiéter, n’est-ce pas ?

Le ciel s’assombrit un peu plus au-dessus d’El-Tûr, alors que le champion lévite au-dessus de la nécropole. Sur le sable brûlant, imbibé de sang que la chaleur sèche presque instantanément, les silhouettes sans vie des gardes témoignent de la brutalité du ou des intrus. Sous l’éclair frappé sous sa poitrine, la colère gronde en Black Adam, sous l’affront, le blasphème, le sacrilège. Quelqu’un s’aventure sur ses terres comme l’on s’aventure en terrain conquis. Le Kahndaq en a connu, des conquérants. Black Adam, lui, s’est juré de tous les exterminer sans discrimination. La présence de l’intrus est encore là, quelque part tout proche, dans la nécropole ; Adam ressent son écho dans les interminables couloirs, la sent revenir vers la surface, vers lui. Qu’il vienne. Des yeux et des mains du champion débordent litres d’étincelles d’Aton, son pouvoir déjà rassemblé dans ses mains, déjà prêt à frapper pour éliminer l’inconscient aussi rapidement que douloureusement. Du moins, tel aurait été son plan d’action, s’il n’avait pas reconnu, instantanément, la silhouette haute et hirsute de l’homme qui finit par faire son apparition. Impossible. « Vandal Savage. » Le nom s’arrache à ses lèvres, presque dans un crachat méprisant. Bien sûr. Qui d’autre aurait l’audace de s’aventurer au Kahndaq et de chercher à en subtiliser les trésors comme s’ils étaient déjà siens ? Quel autre vieil adversaire n’aurait aucun scrupule à se faire repérer aussi aisément, avec l’arrogance des immortels qui se figurent que rien ne peut plus les atteindre ? Lévitant dans le ciel, Adam n’a rien d’autre à lui offrir qu’un regard aussi dur que condescendant. Une part de lui ne s’étonne guère de sa présence ; qu’y a-t-il de surprenant à ce que Vandal Savage ait continué de défier le temps et la mort, pendant son exil forcé ? Finalement, peut-être n’avait-ce été qu’une question de temps, avant que leurs chemins, inévitablement, ne se croisent à nouveau.

« Je constate que ces deux derniers millénaires n’ont guère assagi ton arrogance, ni ne t’ont appris le respect du sacré, Savage. » Adam siffle entre ses dents, comme un serpent furieux n’attendant que le moment de frapper. Quel culot. S’inviter au Kahndaq, s’en prendre à leur héritage, se l’approprier comme si ce royaume n’était autre qu’une montagne de poussière dans laquelle il pouvait se servir sans scrupule. « J’imagine que certaines choses sont destinées à ne jamais changer. » Certainement pas après cinquante mille ans. Le pouvoir d’Aton crépite au bout de ses doigts, dans ses paumes, sur sa poitrine, dans ses yeux ; le Kahndaq a bien assez de crises à gérer à l’heure actuelle. Adam n’a certainement pas besoin de renouer avec un vieux rival et ses délires de grandeur. « Je te donne exactement une minute pour rendre ce que tu as pu dérober à l’intérieur de cette nécropole, et me dire ce qui t’a pris de venir jouer les pilleurs de bas-étage sur mes terres. Je n’ose croire que tu aies pris si peu de précautions sans un objectif bien précis en tête. » Adam se rapproche de la terre – à peine. Les dieux lui commandent toujours de s’élever au-dessus des foules : au-dessus de ses adversaires, plus encore. Au-dessus de celui-là, sans doute plus que tout le reste. Un regard chargé d’orage s’attache à l’intrus, au rival, à l’ennemi de toujours, et pendant un bref instant, Adam se croit presque propulsé plus de deux mille ans auparavant. « A moins que tu n’aies simplement l’envie de t’octroyer une défaite cuisante. C’est une faveur que je serais heureux de t’accorder. »

AVENGEDINCHAINS

Teth Adam &
Vandal Adg Savage

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Sa présence dans les déserts du Kahndaq serait vue comme un sacrilège par le grand protecteur de ces terres jugées sacrées, il le savait. Et c'était bien ça qui l'avait mené jusqu'ici. Un désir de provocation. Ça et la mise en marche de son plan tortueux qui lui procurait à l'heure actuelle un profond sentiment d'enjouement. Il était sombrement satisfait par la tournure des derniers évènements et maintenant, la réunion qu'il avait attendue depuis si longtemps ne tarderait pas à s'annoncer. Pendant une seconde, la seule pensée de retrouver son vieil adversaire étirait ses traits légèrement épuisés. Le voyage en provenance de Métropolis avait été long, tout comme la journée qu'il venait de vivre. Cette première rencontre avec cette toute-puissance avait été tumultueuse, révélatrice et bien sûr, éprouvante. Son corps avait certes prouvé sa grande résistance au fil de son existence, mais la force des coups qu'elle lui avait affligés lui avait tout de même coupé le souffle à plusieurs reprises. Vandal Savage savait cette souffrance qu'il s'était imposée comme nécessaire. Il lui avait eu fallu s'assurer qu'il n'avait rien laissé au hasard. Il avait voulu tester ce potentiel en lequel il avait mis tant d'espoirs et ce qu'il y avait découvert était prometteur: Bien plus que l'arme ultime, c'était la clé à toute porte qu'on oserait lui fermer au nez qu'il avait trouvée dans les catacombes. Enfin. C'est par centaines que les grains de sable s'étaient écoulées dans le grand sablier de la vie depuis qu'il avait mis de l'avant la nouvelle étape de son plan machiavélique. Vandal connaissait la suite des événements. Il pouvait prévoir les moindres intentions qui allaient animer le sauveur du Kahndaq et il se réjouissait déjà du dénouement. Ah, comme il était impatient de vivre ces retrouvailles. Combien d'années avait-il dû attendre pour en arriver à ce moment? Cette chance de retrouver celui qui l'avait jadis banni des dunes et des beautés du Kahndaq. Tapis dans l'ombre offerte par les restants du tout premier sanctuaire qu'il venait de profaner, Adg s'esclaffa doucement en jetant un coup d'oeil autour de lui. Il avait fait un sacré bordel. Oui, il voulait qu'Adam le trouve, mais pas avant qu'il le désire réellement, ce qui l’obligeait à faire un peu de ménage. D'un mouvement rapide, il attrapa l'objet qui avait aidé ses désirs à prendre forme, effaçant partiellement les lignes du pentagramme qu'il avait tracée lors de son arrivée. Son regard se posa une dernière fois sur celle qu'il avait ordonnée de rester discrète jusqu'à son départ. Un nouveau moment de satisfaction qu'il savoura avant de lui tourner le dos et disparaître de la grande salle. Ils se reverraient. Bientôt.

Ses pieds glissèrent dans le sable rougi du sol alors qu'il traîna sa vielle carcasse jusqu'à l'extérieur, plissant légèrement les yeux sous l'influente lumière du soleil. Le temps qu'il avait avant l'arrivée de son rival se faisait de plus en plus court. Teth n'allait pas tarder à ressentir sa présence. Il ne pouvait pas rester ici sans révéler son rôle dans toute cette histoire. Si Adam le trouvait à ce tombeau, il serait facile pour l'homme marqué d'un éclair de faire le lien entre le retour de sa douce moitié et sa personne. Il replaça ses cheveux avant d'incliner doucement la tête, permettant à ses yeux de s’acclimater avec une meilleure aisance à la lumière qui venait de l'éblouir. Rapidement, il s'approcha des corps sans vie qu'il avait fait tomber et camoufla leur présence dans un recoin à l'intérieur du temple pour échapper à l'attention de celui qui allait éventuellement survoler les nécropoles. Puis, de faible coups de pied dans les grains beiges du sol effaçèrent les traînées de sang qu'il avait fait couler à son arrivée. Un coup d’œil rapide aux alentours et le voilà finalement heureux, prêt à reprendre le chemin déjà tout tracé dans sa tête. Lentement, ses pas le menèrent au loin vers d'autres tombeaux, là où il réservera le même sors aux pauvres soldats postés aux entrées. Les coups que le sauvage portait étaient efficaces et précis. Il força l'arme d'un de ses ennemis à transpercer le corps d'un autre. Si la menace que ces mi-hommes mi-créatures représentait pour plusieurs était énorme, ces vermines ne faisaient guère le poids devant lui. Il prit un malin plaisir à les achever, un à un. Ce sont d'ailleurs les plus forts qui subirent la pire des morts. Les têtes des Feitherans jonchaient le sol ou trônait au bout de leurs lances de guerre, preuve de toute la brutalité qui habitait l'homme. Vandal voulait voir la souffrance dans les yeux des victimes, il s'en nourrissait, sachant très bien que chacune d'entre elles allait attiser d'autant plus la colère de celui qui devrait bientôt arriver.

Son sourire s'étira alors qu'un coup de tonnerre se fit entendre. Le ciel tantôt bleu commençait à prendre des teintes grisâtres, ce qui soutira un ricanement à l'homme qui traversa l'entrée du temple qu'il venait d'atteindre pour s'abriter de toute cette chaleur. Le sable teinté du sang de ses rivaux allait certainement attirer le grand champion, tout comme les corps qui reposaient sous le soleil qui plombait. Il n'avait qu'à attendre. Et pas bien longtemps. En moins de temps qu'il ne lui en fallut pour s'imaginer la scène qui suivrait, la présence d'Adam s'imposa sur la place. Il était là, il le savait. L’atterrissage du protecteur de Shiruta ne se fit pas en subtilité tandis qu'une tempête de sable vint s'écraser contre les murs qui entouraient l'homme de cro-magnon. Il avait attendu ce moment, que dire, il avait rêvé de ce moment, celui où il pourrait mettre la main au collet de celui qui l'avait chassé, avant d'être lui-même chassé. Bien trop d'années s'étaient écoulées, mais le temps n'avait en rien apaisé le désir de lui faire payer pour ce qu'il lui avait fait perdre. Tant de joyaux lui avaient glissé entre les doigts par la faute de ce soit-disant dieu. Maintenant, il était temps de remettre les pendules à l'heure. L'attente avait assez duré. Il fit un pas vers l'avant, exposant une nouvelle fois son corps aux rayons du ciel, dévoilant suffisamment de son être pour soutirer son nom d'entre les lèvres de Black Adam. Le dédain dans le ton du roi du Kahndaq le fit doucement rire alors qu'il avança d'un pas lent dans la direction de celui-ci. « Ah, il me tardait tant de t'entendre louer mon nom. Tu me peines presque de le siffler avec un tel mépris. Les âges t'ont-ils donc fait imprudemment oublier ta place dans la pyramide hiérarchique? Remarque, en ces heureuses retrouvailles, je suis d'humeur plutôt festive. Miséricordieuse. Si tu daignes mettre un genoux à Terre, peut-être saurais-je me montrer indulgent. » La provocation, comme une langue maternelle, il la maîtrisait avec aisance. Son amusement n'en était que plus grand devant ceux qu'il jugeait assez puissants pour lui tenir tête. À quoi bon gaspiller de la salive pour les plus faibles qui ne saurait lui imposer une quelconque résistance? Le regard de l'immortel défiait celui du champion qui se tenait encore dans le ciel couvert de la nécropole. « Le changement, le changement. À quoi bon changer une formule gagnante? Ma grandeur, mon arrogance, ma supériorité, ne font-elles pas justement de moi celui qui a marqué les époques et, visiblement, ta mémoire? Je suis certain que de me savoir un homme nouveau t'aurait en vérité attristé. N'aie crainte, je demeure le même. En revanche, toi... Tu as un je-ne-sais quoi de différent. Tu me sembles plus amer. Plus froid. Mais plus faible aussi. Un contraste intéressant avec le pharaon de jadis. C'en est presque décevant. Je suis surpris que le pauvre peuple du Kahndaq t'offre encore sa confiance aujourd'hui... N'ont-ils pas encore vu clair dans l'imposteur que tu es devenu? » Il marcha d'un pas désinvolte pour s'avancer, jetant quelques regards à droite et à gauche en alternance. À première vue, il donnait presque l'impression de chercher à fuir, mais c'était bien loin d'être le cas. Fuir n'était en rien une option. Il avait Teth exactement où il le voulait, devant lui. Peut-être un peu plus au-dessus de sa tête qu'il ne l'aurait vraiment désiré, mais il allait vite régler ce détail. Il renchérit simplement. « Un faux dieu qu'ils vénèrent tel un protecteur, mais qui n'est en fait rien d'autre qu'une insulte à leurs prières... Aux dieux d'Égypte. » Un seconde songeur, il adopta une mine faussement consternée. « La simple pensée me chagrine. » Son acte ne dura pas bien longtemps, rapidement suivi d'un rire cynique qui s'échappa d'entre ses lèvres alors que son visage retrouva son air neutre dépourvu d'émotion.

Vandal écouta avec attention les futiles commandes de son rival qui ne faisaient en fait qu'étirer davantage le sourire qu'il avait au visage. Il pouvait sentir la rage dans le ton d'Adam, il pouvait la voir dans les étincelles qui se dégageaient de l'homme. Finalement, Black Adam était descendu sur le sable chaud qui brûlait encore le sang des victimes du sauvage. Voilà qui était mieux. Une faible inclination de la tête permit à Vandal de suivre le mouvement de son rival, leurs regards se retrouvant une nouvelle fois. À peine venait-il d'arriver et voilà que ce bon vieux pharaon le menaçait déjà de lui offrir une cuisante défaite. Quelle émotivité, quelle imprudence. Interdit, Vandal leva un doigt en silence pour intimer à son vieil ami un moment d'attente. De sa seconde main, Savage tira un bon coup sur le cadavre du garde qu'il traînait à sa gauche pour le laisser tomber devant Teth. Vandal n'avait pas eu à déployer de grands efforts pour s'attirer rapidement la fureur de l'homme. Il n'avait pourtant même pas encore commencé son petit manège. Décidément, la suite s'annonçait intéressante. Ô combien il espérait que la foudre le frappe de façon magistrale. « Puisque tu insistes, je crois que ceci t'appartient... Certes, tu désires ravoir ce que j'ai pris... Mais c'est plutôt délicat vois-tu? Car je ne crois pas pouvoir rendre la vie à ce que tu qualifies ridiculement de gardiens. Mais bon, ça n'est franchement pas une si grande perte. J'aurais espérer un peu plus de combattivité de leur part. » Vandal toussota amusé avant de reprendre de plus belle. « C'était d'une tristesse. Et tu prétends que ces terres sont un refuge? Si ce sont de tels incapables qui protègent ton pays, alors aucune de ces pauvres âmes en péril que tu accueilles ici n'est en réelle sécurité. Aussi bien les envoyer directement à l'abattoir je dis. » Insoucieux, il reprit une forte posture avant de s'avancer une nouvelle fois vers celui qui le confrontait du regard. « Il semblerait que je doive te rappeler qui se dresse au-dessus de l'autre. Promets-moi au moins un duel plus divertissant que celui qu'ont livré tes esclaves...» Il pausa, un instant. « Tu peux encore supplier ma merci Adam. »

Pando

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De tous les adversaires qu’il a pu affronter au cours de ces derniers siècles, Vandal Savage était, sans doute aucun, le plus coriace – et le plus diabolique, pratiquement au sens propre du terme. L’homme préhistorique n’avait jamais réussi à prendre le dessus et mettre la main sur le Kahndaq comme il avait pu en rêver à une époque, mais ses tentatives restent bien fraîches dans la mémoire parfaite de Black Adam ; combats de titans livrés au-dessus du désert, déchirant les cieux et déchaînant des ouragans depuis entrés dans la légende comme autant de manifestations divines ; combien de cités avaient-ils détruites à eux deux, par le simple acte de tenter de venir à bout de l’autre ? Pour d’autres, cette rivalité aurait peut-être quelque chose de dantesque, d’épique, deux immenses ennemis ne cessant jamais de se retrouver au fil des siècles. C’aurait presque quelque chose de touchant, pour le lecteur naïf et idéaliste. Hélas, ni Adam, ni probablement Vandal, n’ont une once de sentimentalité enfouie dans leurs cœurs noircis. Rien d’autre qu’amertume, rancœur et détestation mutuelle aussi brûlantes que le soleil écrasant au-dessus de leurs têtes. Les poings de Black Adam se serrent, doigts enroulés contre ses paumes, alors que les provocations de son rival se glissent sous sa peau – sa fierté et son orgueil constitueront toujours des cibles faciles, et attaquer son panthéon, quelle que soit l’époque, constituera toujours un crime impardonnable. « Tu n’as effectivement pas changé, Savage. Tu n’es toujours qu’une vipère qui aime à déverser son venin et chercher querelle là où elle n’en a pas les moyens. » Au bout de ses doigts, la foudre d’Aton crépite, s’impatiente ; seule la sagesse de Zehuti l’empêche de se ruer immédiatement sur l’intrus pour le réduire au silence. Après tout ce temps, que cherche-t-il à reparaître ici, et maintenant ? S’il ne tient guère Vandal Savage en haute estime, il est certain d’au moins une chose : jamais Savage ne vient chercher la guerre gratuitement. Qu’il s’agisse de gagner en pouvoir ou d’une quelconque autre machination, l’homme est trop intelligent pour se jeter la tête la première dans une bataille délicate sans une bonne raison pour l’y pousser. Cinquante mille ans d’existence, sans doute, enseignent un minimum de sagesse et de fourberie même à un homme des cavernes poussé par une soif de sang insatiable et une ambition démesurée. Mais quand bien même Vandal aurait un plan de bataille – Adam n’est guère disposé à jouer le jeu de ses dernières lubies en date.

Le regard ombrageux d’Adam suit le geste de son rival, et le cadavre du garde balancé devant lui sans autre forme de procès. Le visage du champion reste impassible ; dans ses yeux d’onyx se reflète un incendie de fureur qui s’embrase en un instant à peine. La cruauté de Savage ne change pas, sans surprise aucune ; mais son audace, à s’aventurer ainsi sur ses terres, à piller les tombeaux de son royaume, à s’en prendre à son peuple, est proprement impardonnable. Les yeux d’Adam passent à nouveau sur Vandal ; sur l’éclair frappé sur son torse, le pouvoir d’Aton commence à nouveau à crépiter. Fais taire l’intrus, Teth-Adam, semblent exiger les dieux ; et par Râ, s’il n’est pas débordant d’enthousiasme à l’idée de répondre à leur désir… « Ceux que tu appelles esclaves sont des citoyens libres du Kahndaq. Des hommes et des femmes qui ont enduré plus en leurs quelques années de vie que tu n’en auras jamais conscience en cinquante millénaires. » Oh non. La mort de ce garde, et des autres, ne restera pas impunie. « Je suis certain que tu te considères au-dessus des lois des hommes, mais en posant le pied ici, tu as déclaré la guerre au Kahndaq, Savage. » Dans ses veines, le courage de Mehen pulse avec toute l’ardeur du désert ; le serpent protecteur prêt à planter ses crocs dans la chair du mécréant ayant osé verser le sang sur son sable. Quelqu’un ne quittera pas ces terres vivant ; et ce n’est pas le champion qui pliera le genou devant l’ennemi. « Tu sembles avoir oublié qui a triomphé lors de notre dernier affrontement. Serait-ce l’âge qui commence enfin à te rattraper ? » Vandal Savage regrette le pharaon d’antan ? Black Adam se fera un plaisir de le lui donner. « Laisse-moi te rafraîchir la mémoire. » Kra-koom ! Dans un bruit de tonnerre, Black Adam s’élance, déchire l’air et la fabrique du son ; et d’un premier impact, lance son poing chargé du pouvoir d’Aton et de la force d’Amon dans l’estomac de Vandal Savage. Plus tard, il apprendrait que la détonation avait été entendue jusqu’à Shiruta, comme le lointain déchirement d’un coup de tonnerre annonciateur d’orage. Et quelque part, ses sujets n’auraient, au final, pas été si loin de la vérité.

Evidemment qu’une seule frappe ne suffit pas. C’aurait été trop beau – et profondément sous-estimer son adversaire. Si Adam sent la force de l’impact sous ses doigts, il est évident qu’aucun os ne se brise, que le coup porté n’aura rien de fatal ; ce n’est pas pour rien que tous deux se sont livrés des guerres dantesques, n’est-ce pas ? Immédiatement, Adam concentre la foudre d’Aton dans son poing, et délivre une nouvelle décharge accompagnée d’un rugissement furieux, envoyant son rival catapulté dans le tombeau voisin ; les dieux, il en est sûr, lui pardonneront l’affront, s’il les débarrasse de cette punaise qui s’est invitée en leur royaume. « Tu n’es pas le bienvenu sur ces terres, Savage. » grogne le champion dans une tempête de débris et de foudre aveuglante, la magie d’Aton brûlant dans l’air comme si l’énergie même du soleil était concentrée dans l’air qui entoure le champion, étouffante, tumultueuse, ravageuse. « J’aurais dû t’achever la dernière fois que tu as eu l’aplomb de franchir mes frontières. Mais puisque tu insistes pour goûter une dernière fois à la défaite ! » Rassemblant ses deux poings l’un dans l’autre, Adam les élance du bas vers le haut, percutant la mâchoire de Vandal avec une violence retentissante. L’avantage, face à un adversaire de sa trempe ? Il n’a rigoureusement aucune raison de retenir ses coups – n’en déplaise à la Justice League. « Tu veux que je te supplie, Savage ? Le pharaon que tu as connu avait déjà le dessus sur toi il y a deux mille ans ! C’est moi qui protège ce royaume ! Ce peuple ! Le Kahndaq n’a besoin d’aucun autre gardien que moi ! » La rage de Black Adam nourrit la magie qui déborde de tout son être ; devant ses yeux se rejouent ses innombrables batailles contre Savage, ses tentatives pour conquérir son royaume, ses affronts, ses provocations. Le Teth-Adam d’il y a deux mille ans aurait peut-être davantage recherché la sagesse de Zehuti pour bouter cet intrus hors de ses terres. Black Adam, lui, se contente d’une certaine simplicité : Vandal Savage, il le jure sur tous les dieux du panthéon, ne ressortira pas vivant de ce désert. Pas cette fois. Si son rival est déçu de ce qu’il est devenu, il se fera un plaisir de s’efforcer de corriger son opinion avant de lui faire mordre la poussière une bonne fois pour toutes – sans soupçonner un seul instant les sombres desseins déjà en marche de son immortel rival…

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