You’re a mystery to me!

"You’re a mystery to me!"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Me voilà entouré de mon groupe, faisant notre concert dans ce bar comme si de rien n’était. J’avais honnêtement l’impression que les choses étaient redevenues normales, que j’avais besoin de ne me soucier que de ma carrière musicale à nouveau. Sauf que non, les choses étaient grandement différentes, les bars étaient de plus en plus petits pour une clientèle de plus en plus grande et qui affublait désormais pour voir de leurs propres yeux « la sorcière » dévoilée par le Daily Planet. Des fans devenaient désormais de véritable dévot qui commençait à m’idolâtrer davantage pour origine occulte, plus que pour ma musique. Les gothiques ont toujours une petite tendance à aimer l’absurde, comme tout ce qui touche justement à l’occulte, le diable, les vampires et j’en passe. Découvrir que l’une de leurs artistes préférés était une sorcière, c’était une révélation comparable à un miracle à leurs yeux. Certains étaient juste curieux et voulaient juste voir de plus près du phénomène de Gotham, sans doute dans l’espoir que je leur fasse un petit tour de magie à la Zatanna Zatara.
         De plus en plus de studios et de labels musicaux cherchaient à obtenir un contrat d’exclusivité avec moi, surtout depuis qu’ils ont appris que Jonathan Davis du groupe Korn, était venu me voir pour parler d’un projet entre nos deux groupes. Le succès est donc assez fleurissant pour moi et je me sentais de plus en plus mal pour ces méta-humains qui eux subissaient à l'inverse les foudres de la majeur partie de la population. Ce n’est pas comme si, ils avaient choisi d’être ce qu’ils sont aujourd’hui, pas plus que moi d’être l’épouse d’un démon et la cible de ses fanatiques. Les choses étaient notamment différentes car je n’étais plus seulement une la gosse que je croyais être, celle qui subissait ses rêves et cauchemars qui s’ancraient dans la réalité pendant son sommeil. Non, aujourd’hui, j’étais le genre de personne capable de faire face à Baba Yaga elle-même. Et bon dieu, je n’arrivais toujours pas à croire que cette vieille chouette existait vraiment, tout comme il était difficile d’avaler qu’on me considérait comme un membre de la Justice League Dark sans mon consentement aux préalables.

         Qui l’aurait cru que j’aurais pu devenir le genre de personne capable de combattre au côté de Zatanna. Moi qui n’était qu’une simple victime amnésique, voilà que je me révélais être l’une des femmes les plus vieille de ce monde, si on oubliait les Amazones. L’ambiance était enflammée plus que d’ordinaire, mais il n’y avait pas tellement de bagarre par rapport à mes concerts précédents, ce qui était déjà une bonne nouvelle pour le gérant du bar. Aujourd’hui, chacun avait l’alcool heureux. Et pour la première fois, à la fin du concert, la plupart venaient me voir pour me demander de signer leur sweat-shirt rendu humide par leur sueur, ou bien des photos de moi qu’ils auraient obtenu par je ne sais quel moyen. L’un de mes guitaristes m’annonçait que je devais m’y faire, j’étais déjà dans le top dix des meilleurs ventes digitales, ma fan base était maintenant considérable et elle ne faisait que s’accroître grâce aux révélations du Daily Planet.
        Je ne savais pas si je devais être rassurée ou non, les gens me trouvaient ‘’cool’’, mais ils ignoraient finalement tout de moi. Le Daily Planet ne révélait pas grand-chose au final, si ce n’est que du mystère autour de mon existence. Si le monde savait réellement ce que j’étais, il me craindrait plus qu’il m’adore. Puisqu’au final, j’étais l’incarnation et la personnification d’un mal antique qui ne demandait qu’à émerger à nouveau en ce monde. J’étais dans les dernières à sortir du bar, le soleil était encore loin de se lever, mais ça n’allait pas tarder. Il était quatre heures du mate et j’étais épuisée, davantage mentalement que physiquement ceci dit. Et ce qui m’épuisait, c’était toute cette ébullition d’âme autour de moi qui s’éparpillait désormais dans la nuit. Enfin un peu de repos, j’avais toujours su sentir les âmes, mais j’en avais à peine conscience à l’époque. Et maintenant que j’y prêtais attention, c’était impossible d’en ignorer les signaux.

        Notamment celle d’une âme qui me suivait depuis plusieurs minutes sur le toit d’un immeuble. Je n’étais pas inquiète à l’idée qu’il puisse s’agir d’une menace, pas non plus rassurée à l’idée d’y faire face. Si je pouvais éviter de faire usage de magie pendant un temps, au moins pour oublier cette période où j’ai failli relâcher l’avatar d’un dieu malin en ce monde. Je changeais alors de direction, pas séduite à l’idée qu’il sache où je vis, entrant alors dans une ruelle. Quand un personnage vêtu d’armure vint à atterrir devant moi, j’en soupirais presque avec tristesse à l’idée qu’il n’était sans doute pas là en tant que fan hardcore. Ne pouvant qu’à la lueur des récentes actualités, me dire qu’il devait faire partie de ceux que l’on nommait le Peuple. Du moins, c’était éventuellement ce que m’inspirer sa tenue, qui pourrait porter une telle armure de nos jours à part quelqu’un du calibre de Batman. Et vu sa manière de m’aborder, ce type n’avait sans doute rien d’un justicier.  
        Sa question, d’une voix déshumanisé par l’électronique, me confortait dans le fait que cet homme qui se cachait sous un masque n’avait rien d’amical, tout autant que le sens derrière sa question. Car après tout, qu’est-ce que ça pouvait lui foutre que je sois une méta-humaine ou non ? Sauf s’il avait des raisons d’en avoir après eux. Je sortis de mon sac à main mon paquet de clopes pour m’en filer une, prenant une bonne minute pour à allumer mon briquet et ma clope par la même occasion. Cette merde marchait jamais quand je le voulais. En déposant mon paquet dans mon sac, j’en profitais pour en sortir cette fois ma baquette juste au cas où… Soufflant la fumée gorgée quelques secondes plutôt. « Ma mère m’a appris à ne pas parler aux étrangers. » Crachais-je alors… Car si elle faisait partie de ces connards que j’ai chopé en Russie avec Zatanna, cette fausse Suicid Squad signé le Peuple. Il était évident que la discussion n’avait pas lieu d’être.

"You’re a mystery to me!"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Que faire face à la situation qui se présente devant moi ? C’était étrange que je me pose intérieurement la question… Puisqu’il y a encore deux ans, j’aurais pris simplement mes jambes à mon cou, sauf si j’aurais été trop ivre pour comprendre le danger devant moi. Puisque j’étais bonne cas ça, boire comme un trou afin d’oublier les horreurs qui me persécutaient la nuit à cette époque-là. N’est-ce pas ? Fuir dans l’alcool pour ne plus avoir conscience de la réalité, ne même plus être capable de différentier le rêve du cauchemar. Mais aujourd’hui, je ne pouvais plus être si irresponsable, aujourd’hui, je ne pouvais plus fuir même si je le désirais. Parce que je savais que l’alcool ou la fuite ne pouvait guère me protéger des dangers à venir. Et puis avant j’avais l’excuse de me croire folle, me réfugier dans l’alcool ou la drogue, me semblait la solution la plus logique dans mon esprit autrefois tourmenté. Que faire dans cette situation présente? Là était la question.
         De toute évidence, je ne pouvais pas fuir comme je le faisais avant, car assurément, si cette femme était une criminelle, je n’allais pas simplement me contenter de fermer les yeux. Je veux dire que ferait Zatanna à ma place ? Est-ce qu’elle la laisserait partir ? Je ne suis pas une héroïne et j’espère qu’on ne fera jamais l’erreur de me comparer à eux… Cependant, au vu de mon rôle dans la Justice League Dark, peut-être que ce n’était pas non plus avisé de ma part de faire comme si de rien n’était. Pourquoi avait-il fallu qu’il se montre devant moi, hein ? Merde quoi, je ne peux plus sortir d’un concert sans qu’on ne vienne me casser les ovaires, c'est ça ? Elle se mit en garde lorsqu’elle vit ma baguette, elle avait raison d’être inquiète… La magie est une arme qu’il faut prendre au sérieux. D’ailleurs, je notais qu’elle, au moins, ne riait pas à la vue de l’outil d’orchestre. Cependant, on dirait qu’elle était prête à me bondir dessus au vu de sa posture, ce qui me fit penser qu’elle n’avait jamais véritablement dû affronter une sorcière. Parce qu'on préfère éviter d'être à porter leurs "vers" et "sortilèges" généralement.

         Mais peut-être avait-elle de quoi annuler ma magie, d’où cette assurance ? Après tout, si Zatanna m'a demandé de me méfier d’un personnage en armure comme Deathstroke, c’est qu’il a une raison. Ce type manipula son bras, je ne savais pas trop ce qu’il avait bien pu faire. Mais quand il parla à nouveau, sa voix semblait naturelle… Et surtout, féminine. Difficile de croire qu'une nana se cachait là-dessous. Toutefois, si elle pensait gagner ma confiance ou un truc dans le genre en révélant sa voix, eh bien très franchement la tactique manque de courage... Il aura fallu qu’elle enlève son armure pour cela, qui qu’elle soit. Le fait qu’elle puisse prendre au sérieux ce que j’ai dit sur ma mère, me laisse entendre qu’elle doit tout prendre au premier degré. Je me demandais si je devais lui dire qu’en vrai, je n’ai aucun souvenir de ma mère et que je déconnais tout à l’heure. Surtout que si elle commençait à me parler de sa mère, j’allais peut-être un peu culpabiliser. Ou pas. Il faut dire aussi que je n’étais pas non plus mère Teresa.
          Puis, elle avait déduit qu’au vu de ma baguette, j'étais une sorcière… Chapeau. Généralement, les gens avaient besoin d’attendre que je leur foute le feu au cul pour qui comprenne, mais elle, il lui suffisait d’un regard ? Je fixais ma baguette, même moi, je rirais de bon cœur si un type me sortait ça devant moi en guise d'arme. Je veux dire, ce n’est effectivement qu’une baguette d’orchestre à l’origine, manipuler pour me permettre d'utiliser ma magie en toute sécurité, car au final... Je n'avais pas vraiment besoin de baguette pour utiliser mes pouvoirs. Enfin bref... Ce qu’elle m'annonça par la suite me conforta dans l’idée que ce type n'était pas net… Enfin, je voulais dire, cette meuf, si c’était vraiment une femme là-dessous. Qui sait, elle pouvait chercher à me tromper. Quoi qu’il en soit, je comprenais son souci et la raison pour laquelle, elle se trimbalait une armure sur elle. Je sifflais d’exaspération à sa dernière question, me servant de l’extrémité de ma baguette pour me gratter l’arrière de mon crâne. « Bon okey, gamine… Je vois que t’es pas trop conne. C’est un compliment, vraiment. »

         À mon tour, c’est moi qui fis quelque pas en direction de la gamine. « Donc ne perds pas ton temps à chercher à sympathiser avec moi et dis-moi plutôt… Tu comptais faire quoi si j’étais une méta ? Ça, tu vois, ça m’intrigue ? »