Une société cachée, ton héroïsme, ma dette. [Pv : Tracy]

Pour préserver notre nature et la protéger, je m’applique à étudier le niveau de pollution de toutes les industries. Quand je n’ai plus de données à éplucher côté gros polluants connus, je creuse sur les entreprises plus discrètes. Sait-on jamais. J’ai déjà eu de belles surprises.
Depuis quelques temps je m’interroge sur une boîte en particulier. Non parce que j’ai trouvé des preuves de comportement néfaste pour la planète, mais parce que je ne trouve tout simplement pas grand-chose… Comme si la société n’existait pas. Je m’éloigne donc de mes secteurs de prédilection mais, eh, en bon journaliste curieux j’ai envie de savoir.  

J’ai facilement récupéré une adresse de siège social sur les sites de renseignements. Les entreprises sont obligées d’afficher leur déclaration officielle, nom du ou des dirigeants, secteur d’activité, enregistrement divers et chiffre d’affaire ! Difficile de rester caché bien longtemps ;
Le problème c’est que l’adresse n’est qu’une domiciliation. Rendu sur place, je n’ai trouvé qu’une boîte aux lettres. Vide.

Je pensais laisser tomber – ce qui est rare, j’ai tendance à être buté – quand j’ai été contacté par une avocate. Celle de ladite boite. Elle aurait eu vent de mes recherches – je n’arrive plus à faire les choses en douce, les inconvénients de la popularité – et souhaite me voir. Je suppose qu’elle va prétexter que le sujet est sensible et que je n’ai pas le droit de violer la discrétion de ses employeurs. Je suis quand même impatient de l’entendre me dire que je n’ai pas le droit de fouiner : j’ai plus d’une réponse en stock.

Nous nous sommes mis d’accord sur un bar en centre ville. Je m’y rends à reculons, je n’aime pas m’éloigner de Coast City. L’heure est à l’apéritif et les tables à l’extérieur sont bondées. Obligé d’entrer, je me fraie un passage jusqu’au comptoir et décide d’attendre que la juriste arrive. Ce serait impoli de commander sans elle.
Pour passer le temps, je salue quelques badauds qui me reconnaissent puis vérifie mes mails avant de relever la tête à l’annonce de mon nom. Le ton cette fois est professionnel, je sais que je n’ai pas affaire à une groupie ou un détracteur.

« Lui-même, enchanté. »

Dis-je en présentant une main franche à mon interlocutrice. Loin, bien loin des clichés de l’avocate que j’imaginais plutôt enfermée dans une chemise nouée jusqu’au cou et, je l’admets, plus âgée. Je fais au contraire face à une femme sublime au regard ferme, dur peut être ? Je n’ai pas que des admirateurs.

« Vous souhaitez qu’on trouve une place à l’extérieur ou est-ce qu’on reste là ? »

Bien vite, un serveur s’approche de nous pour savoir ce qui nous ferait plaisir. Pendant que la jeune femme lui répond, je percute...
Quelques flashs sombres et douloureux me reviennent. Brainiac, Coast City en détresse, la disparition de mes parents. Et cette inconnue venue prêter main forte. J’étais affairé à faire monter les rescapés dans le BlackBeard quand un lampadaire arraché au sol a failli m’écraser.
Mais la jeune blonde a ralenti sa chute je ne sais comment et, je me souviens encore, a disparu aussi rapidement qu'elle est intervenue pour porter secours à d’autres victimes.

Quel rapport avec cette entreprise introuvable ? Quels sont ses capacités ? Est-elle associée à un groupe en particulier ? J’en suis à m’interroger sur son histoire et refoule ces indiscrétions en commandant une bière brune. Il en faudra d’autres, la soirée s’annonce intéressante.
Pour l’heure je préfère ne pas évoquer ce sauvetage. Nous sommes là pour parler affaire, j'essaye de rester concentré.