Précipite dans le Nil l'homme qui a de la chance, et il remontera avec un poisson dans la bouche. | Ft. Adrianna

“Précipite dans le Nil l'homme qui a de la chance, et il remontera avec un poisson dans la bouche.”

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Me voilà à la genèse de mon histoire, cette pérégrination vers les profondeurs de ma personne. Car là était ma mission, savoir qui j’étais et surtout, réapprendre à me connaître, à connaître mes capacités. J’étais devenue l’apprentie de Zatanna qui soufflait bénévolement ses conseils afin de m’aider à entrevoir les possibilités de cette magie ancienne. Les yeux portés vers les cieux nocturnes, dont la voûte étoilée était recouverte de son lit nuageux, ne permettaient aucune forme à la contemplation. Pourtant, mes yeux fixaient le ciel comme si j’y trouvais un intérêt tout particulier. Et pourtant, ce que je voyais, était tout autre… M’entraînant à visualiser mentalement le paysage que j’avais cessé d’observer quelques secondes plus tôt. « Rilakisha ! » Le ciel fut l’instant d’après remplacé par le paysage que j'avais réussi à revoir mentalement. Les runes sumériennes brillaient d’une lueur dorée à travers ma chair, elles qui se mettaient alors à danser à travers mon corps : révélant des secrets qui disparaissaient aussitôt.  
           J’avais porté mon regard sur l’une des lettres qui vint à parcourir mon avant-bras gauche. Je me devais d’admettre que je ne m’y faisais toujours pas à tous ces récits qui contenaient principalement ma vie, du temps où j’étais encore elle, Ahmanet, celle que mes frères et sœurs akkadiens vénéraient à tort comme une déesse. Pas plus que j’avais de facilité à accepter, cette manière si aisée de parler les langues sémitiques et éblaïtes à leur simple entente. Mais après tout, peut-être que ça ne devait pas m’être si étrange, j’avais su aussi comprendre et parler l’anglais lors de mon réveil dans cet hôpital à Portland sans pour autant me souvenir de la manière dont j’avais appris à parler cette langue. Le récit qui figura sur mon avant-bras, me semblait familier… C’était bien la première fois que le tatouage sumérien m’évoquait un sentiment. Isis… Ce n’était rien qu’un nom et pourtant, je sentais mon cœur se resserrer dans ma poitrine à sa lecture.

           J’étais incapable de dire si c’était de la nostalgie ou bien, de la tristesse. Car je me sentais à la fois pris d’une affection certaine, accompagnée d’une profonde mélancolie que je n’arrivais pas à expliquer. Tout comme je n’arrivais pas à comprendre la raison pour laquelle un simple nom suffisait à m’affecter de la sorte. Et je m’insupportais d’essayer de me souvenir pourquoi ? Les secrets d’Ahmanet était souvent, si bien gardé qu'il en devenait déraisonnable de forcer une porte dans ma mémoire… Et peu importe mes efforts, plus je tentais de m’agripper à mon passé, plus je sombrais à travers les abysses d’un océan m’attirant vers son fond, loin de la clarté où défilaient mes souvenirs dans une parade souvent onirique et irrationnelle. Car si je restais dans le flou, le seul moment où mon passé décidait d’émerger, c’était quand j’étais enchaînée à l’épopée chimérique de mes rêves et cauchemars. Je remontais la manche de ma veste en cuir, dans un geste las afin de cacher le contenue de l’occulte tatouage.
          Les paupières fermées, je tentais de recentrer mon esprit et mes pensées sur mon entraînement, tentant de visualiser le sol à quelques mètres devant moi. « Rilakisha ! » Mais cette fois, j’étais brillamment restée sur place comme une idiote. Mes pensées troublées depuis que le nom d’Isis était apparu. Je tentais maintes fois de visualiser le sol devant moi, en scandant, psalmodiant le sortilège. Mais j’étais incapable de faire à nouveau un bond à travers l’espace. Je fermais les paupières avec bien plus d’intensité, entêtée à l’idée de réussir à nouveau ce foutu putain de saut, au moins une fois encore… Je criais le sortilège, alors qu’une image vint au même moment hanter mes pensées. Celle d’une oasis entourée d’un désert de sable d’or formant des dunes jusqu’à l’horizon. La fatigue qui me submergea fut instantané, aussi vif et intense que la soudaine brûlure aux rétines aveuglées par un ciel son nuage où soleil frappait à son zénith. « Ah ! » Avais-je gémis, tout en m’effondrant sur le sable chaud, la gueule dans le sable, mais les deux mains malgré tout plaquées contre mes yeux.

           Il m’a fallu un moment pour qu’à nouveau mes yeux s’habituent à la lumière du jour. Couché sur le sable à plat-ventre, je soufflais pour me débarrasser des grains de sable que j’avais malencontreusement mis en bouche au moment où mon visage s’enfonça dans le sable dans ma chute. Je tentais tant bien que de mal à me mettre sur le dos et cette simple action m’avait demandé un effort considérable. Je sentais que chaque muscle de mon corps étaient tiraillés par un épuisement monumental. La téléportation a toujours été mon point faible, elle pompait ma magie bien plus que les autres sorts. Pour que je sois dans un tel état, c’était que le sort venait de manger l’intégralité de mes réserves magiques et quand juste au-dessus de moi, la nuit était devenu le jour, cela ne laissait aucun doute quant au fait que j’avais atterri de l’autre côté du globe. Merveilleux. N’est-ce pas ? Un voyage gratuit vers je-ne-sais-quelle contrée. Tout va bien.
         Mes yeux habitués enfin au soleil, je remarquais la présence d'une personne à seulement quelques mètres de moi. Oh non ! Est-ce qu’elle m’avait vu bouffer le sable ? Merde, je ne peux pas bouger, comment faire pour ne pas paraître un peu barjot dans cette position d'étoile de mer ? « Heu… Assalamu alaykum ? » Voilà, soyons polie, rien ne vaut la politesse et une agréable conversation !

“Précipite dans le Nil l'homme qui a de la chance, et il remontera avec un poisson dans la bouche.”

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Putain. Il faisait chaud. J’avais l’impression de rôtir sur place et je n’avais pas vraiment la tenue adaptée pour un tel paysage. Ô, Râ, est-ce que ce type m’en voulait encore pour avoir détruit Thèbes ? Aller quoi, c’était il y 2600 ans et J’étais sous l’emprise d’Assurbanipal ! Et puis cela faisait un bon bout de temps que j’avais perdu la mémoire et que je n’étais plus cette Ahmanet. Avais-je encore le droit à ce mépris solaire ? Ouais… Voilà que je parlais toute seule dans ma tête, peut-être que le bougre n’existait même pas. Mes yeux s’habituaient à la lumière reflétée par ce désert, mais aller savoir dans quelle partie du monde appartenait ce désert. Évidemment, moi, j’y étais, et ce, par je-ne-sais-quelle prodige. Non, attendez… Pourquoi ai-je mentionné Râ à l’instant ? La dernière fois que j’ai entendu son nom, c’était quand Daniel avait utilisé la dague pour qu’Ahmanet déchaîne le châtiment de Râ… Si Zatanna ne m’avait pas stoppé, j’aurais sans doute détruit la ville du Caire, ce jour-là. Pourquoi repensais-je à cette divinité en particulier ?  
          Est-ce que c'était quelque part dans ce désert que la dague était caché aux yeux du monde autrefois ? Je me demandais d’ailleurs si l'arme allait encore pouvoir rester longtemps entre les mains de Zatanna. Peut-être que c’était un fardeau immense pour elle, mais qu'elle ne voulait rien me dire pour ne pas m’inquiéter. Ce serait tellement dans la personnalité de Zatanna d’agir ainsi. Quand j'y pense, il y a tellement de choses que j’avais pu découvrir grâce à elle, ces deux dernières années... Notamment le fait que cette apparence n’en était qu’une parmi tant d’autres. Avant Faith, j’étais Finola et avant Finola, j’étais Yuki… Jusqu’à ce que je découvre enfin ma véritable identité, celle bien avant Ahmanet, quand je n’étais rien de plus qu’une humaine, fragile et mortelle… Quand j’avais encore une âme, que je n’étais qu’une princesse de Kish ayant grandi sous l’autorité du roi Sargon parmi les Akkadiens. Je me rappelais enfin du nom que ma mère m’avait offert en me donnant vie, elle dont le visage m’apparaissait encore flou, elle qui me donna pour nom ; Ishtar.

          Plus le temps passait, plus les sceaux d’Isis s’affaiblissaient au fur et à mesure qu’Ahmanet s’éveillait. Que se passera-t-il le jour où je retrouverais complètement ma mémoire, que les sceaux seraient brisé à jamais sans que je ne m'y attende. Est-ce que je serais toujours Faith, mais en me rappelant que je suis Ishtar, Ahmanet de son nom démoniaque ? Est-ce que je voudrais rester celle que je suis aujourd’hui, où voudrais-je retrouver le corps et l’apparence que ma mère m’avait donné à ma naissance ? Je n’en savais rien. Il y a deux ans, j’étais personne, je croyais n’être personne. Je m’en foutais de mon passé, comme je m’en foutais de mon avenir. Je souffrais et c’était bien la seule chose dont je me souciais. Mais aujourd’hui, j’avais envie de savoir qui j’étais, frustrée par ses vérités toujours occultées par d’obscurs voiles dans ma mémoire. J’avais envie de simplement connaître mes origines, savoir à quoi ressemblait ma vie avant toute cette éternité oubliée. J’étais comme une petite fille curieuse, mais perdue à travers les limbes.
            Et peut-être oui… Peut-être que le mensonge, c’était ce que je continuais à vivre en acceptant cette idylle avec moi-même, avec la stupide moi. Jusqu’à maintenant ce que je savais de Finola, Yuki, Ahmanet, Ishtar, c’était ce que le tatouage me révélait quand il le voulait bien, comme si mon histoire ne dépendait que de son humeur. Je ne voulais pas de ça, du moins, je ne voulais plus de ça ‘‘désormais’’. Peut-être que les dieux avaient finalement répondu à ma prière en faisant en sorte que je revienne ici… Oui… Que je revienne, je le sentais jusqu’au fond de mes triples, cette sensation d’être déjà venue ici. Peut-être que les dieux m’offraient une chance de redevenir moi-même, car fuir n’a jamais été la solution pour affronter mes ennemis les plus anciens. Et si comme le décrivent les récits sur mon corps, j'étais belle et bien une fille d’Akkad, alors ça faisait plus de quatre millénaires que ma passivité ne m'avait rien apporté de bon pour moi.  

           La femme devant moi, avait du mal avec la langue locale… Est-ce que je m’étais trompée en imaginant où j’étais ? On n'était pas au Maghreb ou en Egypte dans le coin ? Oh putain ! J’aurais l’air bien conne si en fait, je me trouvais en Australie. Je jetais un coup autour de moi… J’avais quand même, un doute sur le nombre de dunes qu’il y avait là-bas… C’était peut-être, Las Vegas ? Non… Il faisait nuit là-bas, j’en étais persuadée. Quand elle me proposa de me relever, je lui souriais avant d’ajouter. « Si ça ne dérange pas trop. » J’attrapais alors la main qu’elle me tendait… Et alors à son contente, je sentis comme si soudainement le sable à mes pieds se déroba pour m’entraîner vers ses fonds, là où se trouve une profonde mélancolie. Je lâchais sa main en ravalant ma salive, silencieusement, lui adressant un regard perplexe. « Heu… Merci. » Lui dis-je, troublée, sans me rendre compte tout de suite que ma force était revenue.
          Ma magie était un puits sans fond d’après Zatanna, intarissable et qu’en réalité, la fatigue venait surtout de mon corps, de ses muscles, incapables de supporter trop longtemps le poids de cette magie antique. Mais c’était bien la première fois que mon endurance réagissait de la sorte par un simple contacte. Quand je réalisais cela, mon regard quitta finalement celui de cette femme non sans me demander si j’étais à nouveau capable de faire usage d’un sortilège, ça devait être impossible normalement. Je m’agenouillais près de la source d’eau et je pris trois gorgées d’eau sans me soucier de si oui ou non l’eau était bonne. J’avais l’impression de me dessécher sur place, il fallait que je boive. « Si je priais les dieux, me répondraient-ils en ses terres ? » M’adressais-je à moi-même, convaincu intérieurement que je n’étais pas en Australie, un sentiment subsistait. Je fixais de temps en temps la jeune femme dont la magie commençait enfin à parvenir à mes sens mystiques un peu rouillés. En même temps, je n’étais qu’une apprentie de Zatanna, je ne valais rien à côté d’elle, pas même à côté d’un alcoolique comme John et je n’avais plus l’expérience d’Ahmanet.

           Et puis finalement, je cédais à la tentation de vérifier si grâce à elle, mon corps me permettait de faire usage de magie, tout en vérifiant si le sort allait faire réagir les dieux. « Ma’an Ur’an, Ti, Ma’an Nit ! » Les mots semblaient comme désincarné dans un écho surnaturel, le ciel sans nuage se recouvrit aussitôt d’un voile gris qui donnait un aspect tout à fait étrange au désert que le soleil rendait d’or de ses reflets quelques minutes plus tôt. Je levais mes yeux vers les cieux, ainsi que ma baguette, puis la tournoya en psalmodiant. « Ma’ur ! » Et alors, la tempête qui commençait à grandir au fur et à mesure que les nuages se renforçaient et s’assombrissaient, s’étiolèrent soudainement dans sa furie, pour ne laisser qu’une simple averse tombée sur le désert. C’était le seul moyen que j’avais réussi à trouver pour utiliser ce sortilège sans le compléter. Le sortilège invoquait la tempête, je me servais alors d’un quick spell pour changer le flux de la tempête afin qu’il ne devienne pas réellement une tempête, mais une simple averse.
          Je contemplais un moment le ciel gris, puis le désert, comme attendant un châtiment, n’importe quoi qui m’aurait prouvé que les dieux n’étaient pas qu’un récit sur mon tatouage… La déception se lisait dans mon regard, alors que je chuchotais ces mots. « Toujours silencieux, même dans cette partie du monde... » Cela ne devait être rien de plus qu’une impression idiote qui m’avait amené ici, un simple accident. Même si j’avais espoir que l’image qui m’avait hanté, avait une raison d’être. Eh bien, tant pis, ce n’était pas bien grave, je graciais cette oasis d’une nouvelle abondance d’eau pour m’avoir hydraté plus tôt. Je me tournais vers la jeune femme, elle restait malgré tout un mystère… Je me demandais : et si c’était elle la réponse. Peut-être que je n’avais pas besoin de jouer avec le temps pour faire réagir les dieux, peut-être qu’il suffisait que je parle avec celle qu’ils m’avaient peut-être envoyé. Est-ce que c’était purement une coïncidence que je me téléporte à l’endroit où elle se trouvait ?

            Même si je n’arrivais plus à m’étonner de rien, à cause de tous ses méta-humains qui peuplent ce monde, de tous ces magos, ces fantômes, robots, démons et Dieux… Avec la Justice League Dark, ça devenait aussi un peu compliquer de s'étonner d'une rencontre magique. Mais il fallait que j'essaye de garder en tête, que ça restait incroyable de rencontrer une autre magicienne de la sorte, non ? Je l’observais. Était-elle un signe du destin ? Ou une illusion à laquelle je voulais absolument croire. « Tu sais… Je n’aurais pas pu utiliser les eaux des tempêtes, il y a quelques minutes. Et puis… Je t’ai touché et j’ai pu faire ça à nouveau. Même Zatanna n’a pas ce genre d’influence sur mon corps. » Lui montrant alors les nuages au-dessus de nos têtes. « Qui es-tu ? Même maintenant, après avoir fait usage d’un sort aussi complexe, je ne ressens aucune fatigue. C’est… Absurde. » Ce n’était qu’un simple contact entre elle et moi pourtant.

“Précipite dans le Nil l'homme qui a de la chance, et il remontera avec un poisson dans la bouche.”

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       J’observais le désert et maintenant que j’avais enfin l’opportunité de réfléchir à la vision qui m’avait amenée ici, je réalisais finalement que le paysage n’était pas totalement similaire. Les dunes qui entouraient l’Oasis dans ma vision, elles étaient beaucoup plus loin. En fait, c’était l’Oasis qui était beaucoup plus grand, comme s’il s’agissait d’un véritable jardin parcouru d’un immense lac. Mes yeux d’une couleur noisette, fixaient les dunes, non sans me demander si ce n’était pas moi qui fatiguais tout simplement mentalement. L’enchantement s’estompa rapidement pour revenir réchauffer les lieux comme si rien ne s’était passé. Je secouais mon haut d’un simple coup après avoir chuchoté une autre formule peu avant, toute l’eau et l’humidité se détacha à l’unisson pour s’écraser au sol, se fut alors comme si je n’avais jamais été trempée. L’inconnue choisit le retour du soleil pour m’offrir une réponse, mais qui me laissa perplexe un instant.
         Ne savait-elle pas qui elle était de la même manière que je pouvais encore me poser la question ? Ou disait-elle cela, car elle se remettait simplement en question ? Mais sa phrase suivante, confirmait bien qu’elle était dans le même cas que moi, même si j’avais actuellement la chance et les moyens de retrouver des morceaux de mon passé, que soit par flash-back ou bien à travers des textes antiques. Cependant, je ne pouvais m’empêcher de sentir que les coïncidences commençaient à s’accumuler graduellement. Le fait que soudainement mon tatouage évoque un passage concernant Isis, que le simple nom me berce dans un tourbillon d’émotion, lui-même provoquant ce saut jusqu’à ce lieu si reculé et pourtant, par je-ne-sais-quel miracle, apparaissant devant cette inconnue, qui se révéla tout comme moi amnésique et magique… N’est-ce pas là étrange ? Au final, je restais silencieuse. Je me disais qu’il ne serait sans doute pas sage de vouloir connaître la raison de cette amnésie, notamment, car j’arrivais sans grand mal à me mettre à sa place.

        Et puis avais-je une véritable raison de douter de la sincérité de cette femme que je venais de rencontrer ? Même s’il était vrai qu’à cause du culte du démon qui en avait après moi, j’étais en droit de me montrer méfiante pour ma propre sécurité. Toutefois, il y avait quelque chose dans son regard, qui me rappelait la manière dont je voyais moi-même le monde, les premières semaines à l’hôpital de Portland. Je me souvins encore de ce moment où j’étais harcelée, car faisant la une des journaux : ‘‘ Le corps d’une jeune femme retrouvée nue en forêt, est subitement revenue à la vie alors qu’elle était sur le point d’être autopsiée.’’ Certaines personnes assuraient que les autorités avaient récupéré un cadavre dans cette forêt, tandis que les plus raisonnables ont préféré l’idée que mon corps était resté simplement dans un état léthargique qui empêchait de repérer les battements de cœur. Encore aujourd’hui, je ne connaissais pas encore la vérité derrière cet événement à Portland. Mais mon amnésie avait été provoquée là-bas, car avant cette période, rien ne me revenait en mémoire.
          Et bien évidemment, ce n’était pas le genre de chose que j’avais envie de me rappeler. Mais le sentiment qui gagnait cette femme, concernant le fait qu’il lui manquait des pièces importante au casse-tête de sa vie, ça, je le comprenais très bien. Même si j’étais capable d’avoir des flash-back, d’avoir des noms sur lesquels placer quelques rares visages, ce n’était rien quant à ce que je voulais retrouver. En réalité, cela rendant que plus frustrant le fait que je ne puisse toujours pas me rappeler. La femme rajouta quelque chose qui me choqua. « Pardon ?! » Dis-je, non sans devenir pâle. Je ne doutais aucunement du fait que j’avais sans doute mal entendu, mon cœur, qui venait de manquer un battement à l’entente de ce nom, m’empêchait toute idée de renier ce qui venait d’être entendu. Et tandis que la femme s’expliquait davantage, à nouveau une sensation de mélancolie étreignit mon cœur sans que je n'en connaisse la raison. Était-ce encore une coïncidence ?

            C’était peut-être trop… La personne en face de moi s’appelait Isis, selon les personnes qui l’appelaient ainsi, du moins. Elle était amnésique et pour une raison que j’ignorais, un souvenir lointain m’avait poussé à apparaître devant elle, dans un lieu qui ne laissait présager aucune rencontre. « Je suis… Faith… Faith Cross. » Répondis-je finalement. Pas besoin de lui dire que ce n’était pas mon identité originelle, juste le nom que je m'étais choisie pour éviter que l’état continue de m’appeler Jane Doe. « Je suis… une… magicienne. » Là encore, j'avais répondu avec les mots qui semblaient le mieux convenir à la situation. Je n’étais pas sereine à l’idée de vraiment lui dire ce que j’étais, ce n’était pas tout le monde qui était aussi ouvert que Zatanna et le reste de la Justice League Dark… Il suffisait de voir ce qui se passait actuellement avec le Peuple et les méta-humains. L’inconnu et les différences suffisaient à effrayer ou à alimenter la haine dans le cœur des gens.
        Je fixais la demoiselle fouillée dans son panier à la recherche d’un truc à me mettre sous la dent, bien que je ne lui avais pas donné de réponse. Cette gentillesse me touchait. En Egypte, l’an dernier, j’étais aussi tombée sur des personnes qui tenaient à m’offrir de quoi manger alors que j’étais revenue de Terre-4 et que j’étais perdue, loin de chez moi. Ces gens-là ne possédaient rien, mais ils étaient prêts me donner plus que ce qu’ils avaient. C’était une mentalité que beaucoup de gens aux Etats-Unis était dépourvu avec tristesse. La tenue que cette femme portait, ne me laissait aucunement songé qu’elle menait une vie difficile… Pourtant, elle avait cette même mentalité. « Isis... » Chuchotais-je ses mots sans réellement vouloir l’interpeller, plus comme une vérité que je devais accepter. Son regard semblait perdu dans son panier, que fixait-elle comme ça ? Je n’étais pas certaine, mais avais-je d’ailleurs entendu un gloussement ? Je balayais mon regard autour de nous, il n’y avait pourtant rien.

         Quand Isis revient vers moi et qu’elle me proposa un fruit, par politesse, je ne lui refusais pas. Surtout, que mine de rien, j’avais une petite faim. Il était vrai que j’avais débuté mon entraînement bien avant l’heure des repas. Mais j’étais toujours concernée à propos de la raison derrière le fait que je sois là, devant elle aujourd’hui. Le problème, c’était que je n’étais pas comme Zatanna, je n’avais ni le tact, ni l’expérience pour me porter dans une quête folle pour aider mon prochain comme elle avait pu le faire pour moi. Je relevais mon regard vers elle alors que je croquais dans le fruit, annonçant. « Alors je suis au Kahndaq, je pensais que j’étais en Egypte. » Tentais-je alors pour engager une forme de conversation. « Tout à l’heure, ce sont en effet les eaux de tempête que j’ai utilisé. Le sort s’écrit ainsi. » Dis-je en m’asseyant sur le sable chaud redevenu sec, en commençant à tracer des lettres cunéiformes, formant deux phrases.
           « Ici, ça se lit en sumérien, tandis que dans cette phrase le sort se prononce en akkadien. L'une ou l'autre, si tu arrives à le lire, tu peux être en mesure d'utiliser le sortilèges... Enfin, en théorie. » Et même s’il faut utiliser la langue démoniaque pour activer le sort, l'Akkadien ou le Sumérien est suffisant pour lire un sortilège dans sa forme cunéiforme, les deux langues se rapprochant de celui du Démon. Qui est un mélange des langues antiques Mésopotamiennes et Égyptiennes.