supercalifragilisticexpialidocious (groupe 1)

"Supercalifragilisticexpialidocious"

Les plus belles histoires sont celles qui finissent mal, car elles ne sont que le reflet de notre réalité. - Thalassa

       Thalassa fixait d’un air intrigué la carte d’invitation qui se trouvait plus tôt dans le porte-monnaie d’un bien chic type qu'elle venait de dépouiller. Au départ, pourtant, elle ne s’était attardée que sur les billets qu’il y avait à l’intérieur, une liasse soigneusement pliée comme elle n’en avait jamais vu auparavant. Si elle s’était étonnée qu’un type puisse transporter une telle somme sur lui comme si de rien n’était, Thalassa comprit à la forme et aux designs de ses cartes bancaires, que le type en question qu’elle venait de voler faisait partie d’une classe sociale appartenant à un autre univers que le sien. Elle avait songé, en voyant que la carte pouvait utiliser le sans contact, que c’était une opportunité pour elle de s’offrir un maximum de chose avant que le pauvre homme ne remarque l’absence de son portefeuille et fasse opposition. D’ailleurs, elle regarda sa carte d’identité, il s’agissait d’un certain Benedict Cromwell… Au vu de sa date de naissance, il devait avoir trente-deux ans depuis cette année.
          La rouquine songea qu’il avait la tête du parfait héritier de son papa… S’imaginant qu’il devait avoir hérité de l’empire financier que son père avait du construire. Ce n’était sans doute pas le cas, ou alors n'était-elle pas loin de la vérité, peu importe. Il ne semblait pas marié, c’était ce qu’elle se suggéra en voyant que le type n’avait aucune photo de sa femme ou de ses enfants, dans l’éventualité où il était marié et avait des enfants bien sûr. Après, il était loin d’appartenir à la génération des boomers et sans doute que tout était sur instagram ou bien sagement stocké sur son téléphone. Quand elle découvrit la carte d’invitation, l'adolescente sentit que ce n’était pas une invitation très commune. Il n’y avait ni le nom de l’hôte, ni même celui à qui pourtant cette carte semblait destinée, c’est-à-dire ce Benedict Cromwell. Est-ce que cela voulait dire que du moment que a personne avait ce bout de carton luxurieux, elle pouvait se rendre à l’adresse sans craindre d'être interrogée sur la raison de sa présence ?

          À cette idée, Thalassa se mordilla la lèvre, songeant à tout ce qu’elle pourrait se mettre dans la poche s’il s’agissait d’une sorte de soirée mondaine. Elle avait maintenant une bonne raison d’utiliser les cartes bancaires avant que ces derniers ne soient bloqués. Elle se rendit à une boutique de prêt-à-porter. Elle resta un moment à contempler les vêtements, certains étaient chics, mais pas vraiment à son goût… Beaucoup trop… Féminins. Thalassa avait un côté un peu garçon manqué, elle appréciait les jeans, shorts, pantalons aux jupes, robe, etc... Apparemment, l’on pouvait venir déguiser, c’était une bonne chose, cela lui donnait une forme de liberté au niveau de son style. Elle s’arrêta devant un ensemble noir qui lui paraissait à la fois féminin certes, mais aussi agressif et rebelle. Si bien qu’elle se décida à prendre l’ensemble, par chance pour elle et infortune pour Cromwell, les cartes n’étaient pas encore bloquées.
         Le plafond du sans contact pour chaque carte, était limité à 50 dollars et elle en avait trois, ce qui fait qu’elle pouvait monter facilement à 150 dollars par achat, et ce, dans chaque boutique. Maquillages, coiffure, vêtement, chaussure, bijou, le taxi pour se rendre au manoir, le tout était monté au total à plus de 489 dollars sans avoir fait usage de l’argent en espèce qu’elle avait du coup mis de côté pour plus tard. Arrivée au manoir, elle portait un ensemble noir ; un pantalon et un haut qui semblait à première vue être une brassière. Sa chevelure de feu était soigneusement relâchée et son visage, dissimulé derrière ce qui lui avait le plus apprécié d'acheter ; un masque à gaz de style gothique. Elle présenta alors l’invitation et sans même chercher à savoir son identité, on lui ouvrit les portes donnant dans le hall d’entrée du Manoir. Elle se demandait d’ailleurs si elle avait vraiment eu besoin de présenter la carte en question, la personne les accueillants avait à peine regarder l’objet. À l’intérieur, des regards intrigués se posa sur elle…

              Sans doute, devait-on se demander en quoi elle était déguisée, le plus drôle, c’était qu’elle-même n’en avait pas la moindre idée. Elle trouvait simplement que le masque à gaz allait bien avec son ensemble et que c'était la raison pour laquelle elle l'avait acheté. Thalassa déambula un moment dans la grande salle, attrapant un verre qu’elle n’était pourtant pas en âge de boire, mais qui s’en souciait et qui saurait, quand son visage juvénile était caché derrière un masque qu’elle ne lèverait qu’à l’abri des regards pour quelques gorgées, qui ? Une voix s’éleva à côté d’elle, une femme s'adressa à elle, elle était d’une élégance qui ne manquerait certainement pas d’attirer les regards de la gente masculine. Mais ce n’était pas tant l’innocence de cette femme ou sa beauté qui frappa de stupeur l’adolescente, mais plutôt le fait que ce visage magnifique appartenait à une femme qui hantait souvent ses rêves. Mais quel genre de rêve, cela lui semblait flou et lointain. Et peut-être s’imaginait-elle simplement des choses. « L’un ou l’autre, tant que vous y prenez plaisir… Cela dit, j’irais lentement tout de même si j’étais vous. » Lui répondit-elle finalement concernant la façon dont il fallait boire son verre.
           La voix de l’adolescente était déformée par le masque à gaz et semblait plus grave. À sa deuxième question, le regard bleuté de la rouquine, caché derrière les orifices métalliques du masque, se tourna vers la femme. « Non... » Répondit-elle avant de rajouter. « C’est intriguant. » Thalassa leva légèrement son masque de sorte à ce qu’il puisse continuer à cacher son visage tout en lui permettant de boire enfin son verre alcoolisé, un champagne sans doute hors de prix. Et l’adolescente devait reconnaître que ça n’avait rien avoir avec la pisse habituelle qu’elle avait l’habitude de boire en soirée avec son ‘‘crew’’.  « Un délice, en effet. »

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