Dark ages ft. Barbara Gordon

Dark ages

Heureux celui qui, aux moments difficiles de l'existence, peut se leurrer d'une espérance, fût-elle vaine !

Les yeux bleus de Bruce Wayne scrutaient la skyline des immeubles de Gotham. Depuis qu’il avait nettoyé la cité sombre, et orchestrer la reconstruction des quartiers dis insalubres, Gotham ressemblait de plus en plus à Metropolis. On ne cessait de lui en faire la remarque. Et en quoi cela était-il une mauvaise chose ? Certes, le charme de Gotham a souvent été son architecture gothique qui évoquait sa naissance, mais celle-ci était sombre, liée à l’histoire de la cour des hiboux qu’il avait finit par détruire. Après leur chute, et pour oublier la mort de ceux que le Joker avait emporté avant qu’il ne l’emporte lui-même, Bruce avait éprouvé le besoin de changer le visage de cette ville. Les immeubles gothiques avaient cédés la place aux grattes ciels de verre et d’acier, et les ruelles sombres et humides à de grandes avenues gracieuses où des voitures électriques circulaient sans bruit. Bruce était fier d’avoir accompli le rêve de son père. Il avait nettoyé Gotham, et l’avait transformé. Certains diront dans le sang, mais le prix à payer est souvent lourd si l’on veut parvenir à ses rêves. Bruce était fier, heureux de voir sa cité briller comme elle l’avait fait auparavant.

Ce qui accaparait ses pensées c’est la grande exposition qui aurait lieu dans deux jours. Il avait certes chassé la plupart des criminels, et tué ceux qui refusaient de partir ou simplement de s’arrêter d’être ce qu’ils étaient, ainsi l’Epouvantail et le Pingouin avaient suivi le Joker. Harvey avait juré pouvoir réparer ses erreurs, et Bruce l’y avait aidé en finançant le traitement expérimental d’Hugo Strange. Cela s’était soldé d’un échec brutal et grossier. Hugo avait effacé les traces de cette erreur. Harvey n’existait plus, il ne constituait plus une menace, pas plus que tous les supers vilains qui avaient jadis terrorisé la cité. Mais il demeurait encore une ombre au tableau. Selina. Quand les criminels avaient été chassés, Selina s’était glissé dans son lit, devenu sa maîtresse alors il avait fermé les yeux. Après que Talia fut tuée par la Justice League avec son père sur les ordres de Bruce, ce dernier avait ressenti le besoin de combler le vide et le manque par une présence féminine. Il avait fermé les yeux sur ses agissements, feint d’ignorer le problème qu’elle finirait par constituer. Maintenant, il était face à ses propres contradictions. Il ne pourrait jamais faire cela, tuer Selina. La chasser de son lit lui semblait même impossible.

Il lui restait une autre option. La Justice League était la première à suivre ses consignes, Diana et Superman avaient épousé son point de vue quand le Joker avait orchestré la mort de Loïs Lane alors qu’elle était enceinte de Superman. Diana était là. Elle avait tenu le Joker pendant que Bruce et Superman le tuait. Cet acte là avait scellé une nouvelle politique, et dessiné un nouveau monde. La Justice League avait ses méthodes, sans doute brutales aux yeux des innocents de ce monde, mais ceux qui ont du sang de ces innocents sur les mains savent qu’aujourd’hui, le monde peut vivre sans eux. L’injustice n’existe plus, les crimes et la violence est en forte réduction dans le monde entier. Superman y veille scrupuleusement. Après ce que le Joker avait fait, il n’y avait plus de retour en arrière. Bruce acheva leur vision en mettant en route l’intelligence artificielle Orc qui surveille le monde entier et agit quand la Justice League n’est pas nécessaire. La plupart du temps, Orc suffit. Mais cette fois-ci, Bruce a besoin d’une main humaine, d’une main d’une personne de confiance. Selina mérite au moins cela. Un visage féminin serait mieux, plus indiqué. C’est ainsi qu’il prit la décision et appela Barbara.

Quand elle arriva dans le bulding Wayne Corp qui avait été construit à la place du beffroi, et avait une hauteur assez semblable à ce dernier, il ne délaissa pas la vue qu’il avait de la cité qui ne dormait jamais. « Nous avons un problème. » lâcha-t-il avant de se tourner vers elle dans un mouvement un peu théâtrale. Cela faisait quasiment deux ans qu’il n’avait plus enfilé le costume de Batman. Depuis qu’Alfred était parti, depuis sa défection, que Bruce avait très mal prit, il refusait de continuer à jouer les montes en l’air préférant envoyer ses enfants à sa place. Après tout, il les surveillait, les guidait, ils étaient son prolongement, ses enfants, son leg à la ville, au monde. Il plongea ses yeux dans ceux en amende de Barbara. Il ne lui avait jamais dit comment était mort son père. Il ne lui avait jamais dit qu’il s’était suicidé parce qu’il refusait de voir son meilleur ami devenir un dictateur, il avait employé le mot fasciste. Bruce l’avait laissé faire, se tirer une balle, et ensuite accusé un criminel. Barbara n’avait pas besoin de savoir tout cela. Elle était sa fille maintenant, et son bras droit. Mieux que Dick ou Tim, elle était plus efficace, et elle composait mieux le nouveau visage de Gotham. « Je crains que Selina ait du mal à accepter que Catwoman n’existe plus. »

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Doucement, j'apportais mon mug de café à mes lèvres. L’arôme riche de la boisson remonta à mes narines.  Ma bouche s'étira contre la céramique de ma tasse. Le plaisir était petit et simple. Pourtant, beaucoup ne pouvaient plus en profiter. Je fermais les yeux et combattis ma nostalgie. Comme à chaque fois que je pensais à tous ceux que j'avais perdu, une boule se forma dans mon estomac. Cette vie m'avait tout pris. Ma famille, mes amis, a moitié et même ma capacité à aimer. Je ne me reconnaissais guère lorsque je prenais le temps de me regarder dans le miroir. Du coup, 'javais même arrêté de faire ça. Je ne supportais plus le reflet qu'il renvoyait. Qui était donc cette femme qui semblait avoir perdu tout espoir ? Qui était cette femme lasse et blessée au plus profond de son âme ? Parois, je niais que c'était moi. J'imaginais que ce n'était qu'un masque. Mais la haine au fond de mes iris était trop intense pour être jouée. Pour autant, j'étais encore là. A jouer ce jeu que je détestais. Pour le bien de qui je ne savais plus. Pas pour le mien, c'était sur. J'aurais pu tout abandonner. J'aurai pu me complaire dans mon nouveau rôle. J'aurai pu tirer un trait sur le passé. A croire que la détermination était la seule chose que l'ancienne et la nouvelle moi partageaient. Alors je m'accrochais. Et j'attendais. Une solution, un signe. Quelque chose. J'avais juste besoin d'un coup de pouce. Avec un soupir, je posais mon mug à moitié plein dans l'évier. Je m'occuperai de la vaisselle plus tard. J'avais soudainement perdu l'envie de faire des choses mondaines. A la plac,e je m'asseyais à ma petite table ronde, toujours dans mon pyjama, avec mes derniers croquis. Je n'étais pas la meilleure dessinatrice qui soit mais  après tout ce n'était pas grave. J'étais la seule à devoir me comprendre. J'assemblais mes croquis minutieusement jusqu'à obtenir le plan que j'avais monté sur pieds. Comme les autres, il ne verrait probablement jamais le jour. J'avais besoin de matériel sur lequel je ne pouvais mettre la main sans que cela devienne étrange. Et puis, j'avais besoin d'une connexion internet secrète. Pas facile lorsqu' O.R.C était en activité. J'en avais une bien sur mais je ne pouvais pas réellement m'en servir pour longtemps. J'étais très limitée et par conséquent O.R.A.C.L.E, mon intelligence artificielle, l'était tout autant. On faisait ce qu'on pouvait avec ce qu'on avait. Un jour, mon moment viendrait. Un jour je pourrais lancer l'offensive que je voulais contre ce qui n'allait pas dans ce monde. Contre ces hommes qui se prenaient pour des Dieux, sans subir aucune conséquence. Contre ces dictateurs qui se croyaient puissants et bons. L'histoire avait tojours démontré que l'on ne pouvait pas être les deux. Un jour j'en aurais les moyens. Un jour peut être ne serais je pas aussi seule. Un jour peut être ne serais je pas le dernier symbole d'une résistance dans le couloir de la mort. Ce jour n'était pas aujourd'hui. Ni probablement demain non plus.

La réalité me rattrapa sous la forme de mon téléphone portable. Je regardais un instant l'objet sonner et le nom affiché sur l'écran. Je serrais les dents. Pendant, un instant je fus tentée de laisser sonner sans répondre. De faire l'autruche. De faire la sourde oreille. Je savais cependant que ce n'était pas la solution. Cela n'allait m'apporter rien de bon, ou autrement dit que des ennuis. Bruce n'avait jamais été patient. A présent, il l'était encore moins. Et puis, malgré ma lassitude et ma fatigue j'avais encore un rôle à jouer. La conversation ne dura pas longtemps et je me retrouvais bientôt à prendre une douche rapide avant de quitter mon appartement après avoir brûlé mes croquis. N'étant pas loin à pied de mon lieu de destination, je me décidais à marcher. L'air frais sur ma peau me fit du bien. Par habitude, je gardais le visage et le regard vers le sol. Cette ville n'était plus celle dans laquelle j'avais grandit. Trop de vitres, trop de lumières. J'aurai certainement du m'en réjouir. Mais c'était comme tout le reste. Le prix a payer avait été bien trop lourd. Aujourd'hui Gotham n'avait de Gotham que son nom. Le reste était mort avec le reste de la résistance. « Nous avons un problème ». Je profitais qu'il soit de dos pour rouler des yeux. Il n'avait que ce mot à la bouche.  Il n'avait toujours eu que ce mot à la bouche. Seulement à présent, je ne le supportais plus. Je repris contenance et affichais l'air le plus froid que j'avais. Ne rien montrer était mieux que l'alternative. Je n'étais pas sure de survivre dans l'autre cas. « Je crains que Selina ait du mal à accepter que Catwoman n’existe plus ». Je fronçais légèrement les sourcils. En soit, l'information ne me surprenait pas. Pour tout dire, j'avais attendu ce moment. Selina était une femme indépendante. Elle n'avait besoin de personne et surtout pas des hommes. La recruter avait toujours été une envie. Je ne l'avais jamais concrétisé. Elle couchait avec l'ennemi. Elle aimait l'ennemi même. Peut être qu'il était là mon signe. « Et tu attends quoi de moi ? ». La réponse je la connaissais et je la craignais. « C'est ta … qu'importe ce que vous êtes l'un pour l'autre. Pourquoi tu ne t'occupes pas d'elle ? ». Interdiction de griller ses cartes trop vite. Patience était mère de sûreté.

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Heureux celui qui, aux moments difficiles de l'existence, peut se leurrer d'une espérance, fût-elle vaine !

Barbara est distante. Il l’a remarqué. Depuis la mort de son père, elle est devenue distante. Peut-être que cela avait commencé avant. Depuis que tu tue des gens. Comme Dick, elle avait eu du mal à comprendre. Au début, et puis, ils avaient finit par comprendre. La mort de Jason rabâchée comme ultime, unique raison qui vaille. La main d’Alfred que le Joker avait emporté, et tous ceux qu’il avait pu tuer. Batman n’avait pas eu besoin d’agiter de cadavres sous leurs nez. Contrairement à Tim. Red Robin avait montré plus de résistance à la nouvelle politique, mais il avait finit par filer doux. Batman savait se montrer persuasif. Si lui ne suffisait pas, il suffit que l’ombre de Superman se profile. Ses enfants devaient lui obéir, et sans poser de question. Il savait que cela leur déplaisait, parfois, mais au fond, ils comprenaient pensait-il. Ils savaient qu’ils agissaient pour le bien de l’humanité. Il n’y avait qu’à voir le calme régner dans les rues de Gotham, voir ces grandes avenues couvertes de verdures et lumineuses. Gotham resplendissait à présent.

La question était néanmoins juste. Il ne laissait à ses enfants que les miettes, des missions mineures, quasiment sans danger désormais. En réalité, il avait besoin que la ville continue à les voir sillonner les rues de Gotham afin que les gens se souviennent de ce qu’il pourrait se produire s’ils déconnaient, s’ils brisaient la loi et les règles du jeu. Mais cela faisait longtemps qu’ils n’avaient plus affronté de menace autre qu’extrarrestre. Parfois un lunatique ou deux, mais il n’avait pas demandé quelque chose d’aussi délicat à l’un de ses enfants depuis très longtemps, peut-être jamais. Barbara ne comprenait pas. Pensait-elle que c’était un test ? Oui et non. Il n’avait pas besoin de tester sa loyauté. Il savait que si elle n’avait cru en son mensonge à la mort de son père, elle se serait rebellée à cet instant. Elle était encore là, cela voulait tout dire. Peut-être n’aimait-elle pas ce qu’elle voyait, mais elle était restée. En vérité, il avait besoin d’elle, besoin qu’elle soit son bras car celui-ci tremblait à l’idée de tuer la seule femme qu’il aime, la seule femme qu’il ai laissé entrer jusque là dans sa vie, la seule qui l’accepte tel qu’il est avec ses démons et ses erreurs, avec ses fantômes et ses regets.

« Je ne peux pas le faire. » fit-il en la regardant droit dans les yeux. Admettre ses faiblesses, admettre qu’il pouvait avoir un cœur, une âme humaine, et des défauts c’était au-delà du mythe, au-delà de la légende, impossible pour le chevalier noir. « Il faut que ça soit toi. » ajouta-t-il d’un ton qui n’admettait aucune réplique. « Tu lui offrira une fin plus douce que je ne saurais le faire. » conclu-t-il, suggérant ainsi une douceur implicite. Le chevalier noir détourna le regard. Même un dictateur pouvait avoir un cœur, et des instants de faiblesse. « Ne discute pas, fais-le. » Dans cette dimension comme dans les autres, le Batman ne cherchait pas à connaître l’avis de ses alliés, juste à ce qu’on applique ses plans sans poser de question. Mais dans cette dimension, il demandait à ce qu’on trempe ses mains dans le sang pour lui, au nom de la justice, au nom d’un idéal dévoyé.

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« Je ne peux pas le faire. Il faut que ça soit toi ». Je soutins son regard sans sourciller et en essayant au maximum en parallèle de ne pas paraître effrontée. Je n'avais pas envie de mettre le feu aux poudres. Pas maintenant et pas ici. Je cherchais son regard pendant un instant et finissais par baisser la tête. Je n'aimais pas soumettre mais c'était mieux pour moi. Ça me maintenait en vie. J'en avais pas encore pas tout à fait fini avec cette vie. Il me restait un travail à faire. Jusqu'à ce qu'il soit terminé, j'allais faire en sorte de continuer à respirer. Malgré les doutes et la fatigue. Malgré l'envie d'abandonner et de crier qui me prenaient la gorge. « Tu lui offrira une fin plus douce que je ne saurais le faire ». J'eus presque envie de laisser échapper un hoquet de rire.  Mais n'en fis rien. Le sujet était trop sérieux pour que je perde ma façade calme. Malgré la demande, je savais qu'elle comptait pour lui. Je savais qu'il l'aimait. A sa manière. Mais dans ce monde, aimer ne suffisait pas. L'amour détruisait plus de vies qu'il n'en sauvait. Aimer n'était d'aucune aide face à la tyrannie sous laquelle nous vivions. Malheureusement pour elle, Selina s'était entiché de la mauvaise personne. Probablement que cela n'aurait rien changé à sa destinée de tout façon. Avec des si on refaisait le monde mais on ne changeait rien du tout. J'aurais presque pu me sentir mal pour lui. Mais je ne ressentais plus rien de tout cela. J'avais juste de la peine pour elle. « Ne discute pas, fais-le ». « Oui, monsieur ». J'avais ma mission, la discussion était terminée. Je détaillais un instant son dos comme si j'allais rouvrir la bouche pour lui dire quelque chose mais je finissais juste par tourner les talons. Il m'était inaccessible depuis longtemps. Je n'avais plus de raisons de m'attarder.

Je ne croisais personne sur le chemin du retour. Je ne pouvais que m'en réjouir. Mon cerveau tournait à milles à l'heure. J'avais attendu pour un signe et une chance. Peut être étais ce enfin le moment. Catwoman pouvait m'aider. On pouvait s'entraider.  Le risque était gros. Si je faisais une erreur, j'étais finie. Je n'en étais que trop consciente.  Tout pouvait tellement mal tourner. Ou tout pouvait bien tourner. Je ne savais vraiment pas dans quelle direction tout cela pouvait aller. Et puis, je n'avais aucun moyen de savoir si tout cela n'était pas un coup monté par Bruce lui même. Peut être avait il finalement appris ce que je faisais dans son dos. Ce que j'avais toujours fait. Le rôle que j'avais joué comme simple membre puis comme tête pensante de la résistance. Cette pensée ne m'affola pas. J'aurais pourtant du la trouver terrifiante mais elle amena juste un sourire résigné à mes lèvres. Si il savait, ma vie était en sursis. Plonger ou non n'était alors plus important. Si il savait, tout serait bientôt fini. Un sentiment de soulagement envahit tout mon être et me décida. Si je devais mourir alors j'allais tenter une dernière fois. Forte de cette idée, je me levais, quittais mon appartement habillée de mon costume et pris la direction de l'endroit où se trouvait Selina. La localiser n'avait vraiment pas été dur. J'aurais même dit trop facile.

Je la suivis à distance pendant un moment. Elle était dans un endroit trop bien surveillé. Bruce avait placé des caméras de surveillance dans toute la ville. Mais je connaissais les angles morts. Je savais où et quand je devais aller à sa rencontre. Si il ne savait pas, je n'allais pas lui donner stupidement une raison de le découvrir. Et si il me regardait et m'interrogeais sur ma filature, j'avais une réponse toute prête. «  Selina ». Ma voix résonna dans son dos alors qu'elle passait enfin à l'endroit que je voulais. «  Batgirl ». Je la regardais reculer d'un pas en me fixant. Elle était loin d'être bête et elle devait bien se douter que ma visite n'était pas supposée être de courtoisie. «  Bruce t’envoie ? ». «Oui. Tu croyais qu'il allait faire une exception pour toi ? ». Cela ne servait à rien de tourner autour du pot. Je n'allais pas l'insulter. «  J'avais espéré. Une femme peut rêver pas vrai ». Je sentais toute la douleur que la situation lui procurait. Oui elle l'aimait. Et il venait de la trahir. De la pire manière qui soit. Après, elle connaissait les règles. Elle avait joué et elle avait perdue. N'étais ce pas ce que nous faisions tous ? Jouer et perdre ? Vivre et mourir ? Avant que je n'ai pu rouvrir la bouche, elle se jeta sur moi. Je l'évitais à peine et contrer ses attaques suivantes. Selina était une excellente combattante au corps à corps. Je l'étais aussi mais j'étais un peu rouillée. Je ne faisais plus face à grand chose de la sorte ces derniers temps. Un grognement passa mes lèvres lorsqu'elle planta son genou dans mon estomac. Je toussais.

J'attrapais sa prochaine attaque au vol et soulevais son pied pour plaquer son dos au sol. «  Arrête Selina ! ». «  Je vais pas te rendre la tâche facile BG ! ». «  Je suis pas là pour te tuer punaise ! ». «  T'es là pourquoi alors ? ». « Je veux te proposer un deal ». La voleuse me regarda en plissant des yeux. J'avais au moins retenu son attention. « J'écoute ». Je la lâchais et reculais assez pour qu'elle se remette debout. L'on se retrouva bientôt nez à nez. Je la fixais et elle en fit de même. « Bruce te veut morte mais tu as une autre option ». Un rire passa ses lèvres. Je l'ignorais. « Depuis le début de toute cette … pagaille, je travaille avec la résistance okay ? Je sais que tu aimes Bruce mais il est hors de contrôle et il doit être stoppé. Tout ça, ça ne peut pas continuer ». Je ne savais pas si l'information était nouvelle ou pas vu son air peu convaincu. « Je prends un énorme risque en te parlant de ça, ici, dehors. Pour ce que j'en sais, tout cela ne peut être qu'un piège. Superman pourrait être en train de m'écouter ». Ma respiration s'accéléra et je fermais les yeux. « Donc je t'aide et tu m'aides c'est ça ? ». « C'est ça. Ecoute Selina, j'ai besoin de ton aide, le monde a besoin de ton aide. Les gens ont besoin de ton aide. Et puis qu'est ce que tu as à perdre de toute façon ? Si tu refuses tu sais que je peux pas te laisser en vie ». Je ne voulais pas la menacer mais elle devait savoir à quel point j'étais sérieuse. Je ne plaisantais pas. Rien de cela n'était un canular. «  J'ai entendu dire que la résistance avait disparu ». «  Tant que je suis encore là, non ». J'étais la dernière. La toute dernière. Après moi, il n'y avait plus rien ni personne. Pendant les minces minutes qui suivirent, je tentais de la convaincre. De lui montrer à quel point le monde souffrait. Les gens du peuple. Ces gens de tous les jours qui privés de leurs voix n'avaient plus rien à eux. Je savais qu'elle comprenait. Je savais que l'enfant de la rue était encore quelque part là dedans. Un enfant devenue femme qui avait aimé sa vie et ses libertés. Ses droits. Tout était aujourd’hui bafoué. «  Peut être qu'il me pardonnera ». Je savais qu'elle essayait de se donner des raisons. « Alors pourquoi il m'a envoyé ? ». La vérité était dure à avaler. Mais Bruce n'était plus le même homme. Finalement, le silence s'installa entre nous. « Qu'est ce qu'on fait alors maintenant ? ». « Pour le moment, on va faire croire à ta mort et tu vas me raconter tous les petits détails que Bruce t'a confié ». «  T'as plus que ça comme plan rassure moi ». Je lui offris un regard qui en disait log. Des plans j'en avais à la pelle. Mais je ne pouvais pas les exécuter seule. « Je te dirai tout le moment venu. Pour l'instant tu vas te rendre à l'ancienne fonderie. Celle en dehors de la ville. Et tu vas y aller par la voie nautique ». «  Tu veux que je nage ? ». «  T'as envie qu'on te voit sur les caméras ? ». Elle secoua la tête et soupira. Après ça, tout alla vite et je pris le chemin de la Tour pour reporter l'accomplissement de mon objectif.

Je trouvais Bruce dans son bureau. Il leva à peine la tête lorsque je passais la porte après avoir été invité entrer.  Doucement, je déposais le bracelet en or blanc et diamants qu'il lui avait offert. Pour preuve. « Elle s'est un peu débattue ». Le sang sur le bijou ajoutait au tout. Evidemment, en vérité j'avais juste un peu entaillé sa main pour laisser glisser quelques perles de sang.  « J'ai fait ce que je pouvais pour qu'elle ne souffre pas plus que nécessaire mais tu la connaissais, elle était tenace ». Je marquais un silence. « Elle voulait que je te dise qu'elle .. enfin tu sais je suppose ». Je baissais les yeux comme pour partager sa souffrance alors que je mentais effrontément. Tout était bon pour percer sa carapace et lui faire commettre une erreur. « Je suis désolée ». Je savais que j'avais été froide auparavant et que j'avais besoin de rattraper le coup. Sur le moment je n'avais pas pu prétendre. Mais recruter Selina m'avait donné un nouveau souffle pour reprendre cette comédie. Lui me considérait comme sa fille et je devais agir comme telle. Même si cela me coûtait.

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Heureux celui qui, aux moments difficiles de l'existence, peut se leurrer d'une espérance, fût-elle vaine !

Pendant un instant, un moment de folie douce où les ténèbres avaient menacés une fois de plus de l’engloutir, de le renvoyer dans les abysses d’où Superman et Wonder Woman l’avaient tirés. Pendant un court instant, il avait espéré que Catwoman l’emporte sur Batgirl. Il avait cru, espéré, que ce soit elle qui franchisse le seuil. Il l’imaginait, pleine de rage, et de colère, furieuse. Ses larmes vengeresses coulant sur ses joues toujours aussi somptueuses. Elle lui reprocherait la mort de Poison Ivy et de Harley Quinn, ses seules amies, elle lui reprocherait d’avoir laissé le Pingouin vivre, d’avoir racheté ses pêchés avec de l’argent sale blanchi à la vavite et une bonne conduite pleine d’hypocrisie, de l’avoir laissé vivre lui et d’avoir tué tous les autres. Il pouvait presque l’entendre hurler, qu’il n’avait plus rien de l’homme qu’elle avait rencontré, et aimé. Qu’il était devenu comme le grand boy scott bleu ! Elle lui aurait demandé alors, droit dans les yeux, des éclairs lancés par ses prunelles vertes, s’il lui restait encore assez de courage ou si dorénavant ce seraient ses enfants qui patrouilleraient à sa place, s’il comptait recruter d’autres orphelins, ceux qu’il créait chaque nuit en appliquant les méthodes de Superman. Selina ne lui avait jamais fait le moindre reproche à ce sujet. Pas plus que Barbara ou Tim. Ils avaient tous acquiescer. Bruce pensait que c’était Superman qui leur faisait peur. Peut-être était-ce lui qui inspirait cette peur. Mais il doutait qu’ils aient été réellement convaincu. Pas Selina.

Mais elle l’aimait. Par amour, elle avait accepté de fermer les yeux et détourner le regard, elle avait laissé Bruce changer la ville et la changer elle au passage, elle était devenue l’épouse convenable qu’il lui fallait. Il l’avait senti résister, mais en douceur. Jamais elle n’avait piqué de crise, jamais elle ne l’avait mis en face de ses contradictions. Peut-être avait-il espéré, peut-être espérait-il encore, que quelqu’un se tienne face à lui, que quelqu’un lui prouve qu’il a tord. Batman a adopté les nouvelles méthodes de la Justice League et il aime voir Gotham plus resplendissante que jamais. Il aime ces soirées mondaines où il donne sans compter aux orphelinats et aux écoles en sachant que cet argent ne sera détourner ni voler car plus personne n’ose encore commettre un quelconque crime. La plupart des criminels sont morts. Il n’y a plus ni prison ni Arkham. Ces institutions sont devenues obsolètes avec la justice définitive appliquée par la Justice League au nom du bien de tous. Superman a été élu président et Bruce a approuvé publiquement toutes les lois passées en vigueur qu’il applique avec autant de férocité qu’il peut. S’il lui arrive de douter, jamais il ne le montre, jamais il ne fait preuve de pitié. S’il faiblissait, si son bras tremblait, alors ils en profiteraient. Il savait qu’il n’y avait plus grand monde encore en vie pour en profiter mais le crime pouvait grandir dans le cœur de n’importe qui, il suffisait que les ténèbres l’emporte. Il le savait mieux que personne.

Batgirl pénétra dans son bureau. Elle était seule. Bruce ne tourna pas immédiatement la tête vers elle, laissant la nuit engloutir sa déception. Il prit une expression impassible avant de se tourner pour poser ses yeux sur elle. Pourquoi avait-elle ramené ce bijou ? Par cruauté ? Pour lui rappeler le prix de sa justice ? L’ignorait-il ? Il avait exécuté lui-même la plupart d’entre eux. Clark se contentait de les brûler avec ses yeux, Diana de les soumettre à ses artéfacts divins mais lui, il appliquait la sentence lui-même. Jamais il n’avait utilisé d’arme à feu jusqu’à ce que l’aube de la justice de ne se lève. Il regrettait parfois que sa cousine ne soit plus là pour exécuter les prisonniers. Trop de regrets commençaient à remonter en lui. Il se senti vieux soudainement, et dépassé. Pouvait-il vraiment juger ? Il s’en remettait bien souvent à la Justice League et tournait les yeux vers Diana qui l’avait toujours inspiré. Mais Diana était loin, il faisait face à Barbara. Il cru lire une lueur de jugement dans ses yeux. C’était sans doute sa bonne vieille paranoïa qui lui jouait un mauvais tour. Barbara avait toujours été loyale et fidèle. Elle ignorait ce qu’il était advenu à son père. Peut-être lui reprochait-elle juste de lui salir les mains. « Merci Barbara. » fit-il en soutenant son regard. « Je sais que je t’en demande beaucoup. Tu es la seule en qui j’ai pleinement confiance. » Jason et Cassandra avaient finit par poser problème, même Alfred n’avait réussit à totalement accepter la nouvelle politique de la maison. Bruce avait pensé que les envoyer au loin, voyager, suffirait. Cela n’avait suffit. Après cela, c’était Dick qui s’était dressé contre son père, furieux que Alfred fut sa victime. La bat-family avait quasiment disparu, s’était disloquée. Barbara était encore là. Mais pour combien de temps ? « J’ai besoin que tu sois à mes côtés, Barbara. J’ai besoin que tu fasses ce que je ferais. Tu comprends ce que cela veut dire ? » Tim n’avait pas eu les épaules suffisante. Dick s’était effondré après la disparition d’Alfred et de Jason. Barbara était la seule qui soit restée à ses côtés. Il voulait faire d’elle son héritière mais aujourd’hui il doutait qu’elle accepte son héritage. Il éprouva soudainement une solitude étouffante. Avait-il échoué ? A les éduquer ? A faire d’eux des justiciers digne de ce nom ?

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bruce & barbara

Le silence s'éternisa un instant entre nous. Sur le coup, je pensais la conversation terminé. Batman et le vrai Bruce Wayne étaient des hommes de peu de mots. L'homme semblait perdu dans ses pensées. Et cela même si son regard était braqué sur moi. Il n'était pas focalisé sur ma personne. Il était ailleurs.  Je ne cachais pas que cela me mettait mal à l'aise. Je me demandais un instant si il ne pensait pas à l'autre alternative. Celle qui finissait avec ma gorge tranchée par les griffes acérées de Catwoman. Je fronçais les sourcils mais ne laissais rien sortir d'entre mes lèvres. Quelqu part, je m'en sentis insultée. De l'autre, déçue... déçue qu'il puisse hypothétiquement imaginer une chose pareille. « Merci Barbara. ». Il avait parlé pile au moment où je pensais m'excuser pour partir. Sa voix me retint. Je hochais la tête mais ne prononçais pas un mot de plus. Qu'avais je à dire à ça de toute façon ? De rien me semblait être une réponse bien trop nonchalante pour ce qui s'était passé. Ou du moins, pour ce qu'il pensait être arrivé. « Je sais que je t’en demande beaucoup. Tu es la seule en qui j’ai pleinement confiance ». Là encore, je restais silencieuse. Intérieurement, j'en riais... jaune. Si seulement il savait ce qui se tramait derrière son dos. Si seulement il savait à quel point il ne devrait pas me faire confiance. Je n'étais pas son amie depuis longtemps. Il s'était chargé de briser ce lien entre nous sans s'en rendre compte. Rien ne pourrait changer cet état de faits. J'avais du mal à imaginer un passé où j'avais toute foi en lui. Pourtant, il fut un temps où cela avait té le cas. J'aurais donné ma vie sans hésiter pour sauver la sienne. Et celles de tous les autres membres de cette famille nombreuse et maintes fois recomposée qu'était la Bat-family. Tout ça, c'était dans une autre vie. Un autre réalité même, pensais-je parfois. Comment avions pu en arriver jusque là ? Comment avions pu tomber si bas ? Non, comment avait il pu ? Sans remords et regrets, il avait piétiné tous ses idéaux au nom d'une justice totalitaire et aveugle. Il ne valait pas mieux que tous les  dictateurs fous qui parsemaient l'histoire de notre monde. Lui et les autres comme lui. Ce qu'il avait construit, il l'avait détruit et réduit en cendres. Sa propre famille n'était plus. Des fis, j'aimais à penser que l'homme que j'avais appris à respecter et aimer comme un père était quelque part. Bien enfoui, mais toujours présent. J'aimais à penser que peut être j'avais le pouvoir de l'atteindre, de lui montrer ma réalité. Mais je n'essayais jamais. J'avais trop à perdre.

« J’ai besoin que tu sois à mes côtés, Barbara. J’ai besoin que tu fasses ce que je ferais. Tu comprends ce que cela veut dire ? ». Ma gorge se noua alors que je continuais de le regarder dans les yeux. J'aurais voulu lui demander si lui comprenait réellement ce qu'il demandait, ce qu'il faisait. Mais là encore, la question resta une pensée. Je le savais cohérent dans son délire. Comme tous les autres malades mentaux ayant besoin d'une aide professionnelle. Parfois je me disais que je ne devais pas être surprise ; ça avait semblé lui pendre au nez. Trop de traumatismes. On avait tous un point de rupture. Tous, nous n'étions 'humains après tout. Maintes fois, j'avais pensé atteindre le mien. Celui qui me ferait basculer de l'autre côté de cette fine ligne sur laquelle j'avais appris à marcher et agir. Les occasions avait été multiples et toutes plus douloureuses les unes que les autres. Perdre mon père, mes amis et l'amour de ma vie. Mon existence n'était plus qu'un enchaînement sans fin d'enterrements et de coups durs. A chaque fois cependant, je m'étais trompée. J'étais encore là après tout. Encore là et encore lucide. Alors qu'il aurait été si simple de basculer. J'espérais le pas atteindre ce fameux point de non retour à présent. Pas avant d'avoir mis mon dernier plan à exécution.

Malgré moi, mes ongles avaient trouvé les traces de sang séchées sur ma peau. Je les grattais de manière absente. « Je comprends » . C'était faux, c'était un mensonge. Mais ma vie n'était plus qu'un mensonge. Un de plus ou un de moins. Cela n'allait rien changer du tout à présent. «  Je ne te laisserai pas tomber . On est une famille après tout n'est ce pas ?». Et toi Bruce sera tu toujours là pour moi lorsque tu te rendras compte du jeu auquel je joues ?. Cette pensée resta privée et seul un fin sourire trouva son chemin jusqu'à mes lèvres. «  As-tu encore besoin de moi ? ». Lorsqu'il me répondit par la négative, je pris enfin congé. Je rentrais chez moi, tête basse comme à mon habitude. Je voyais très bien les regards que les gens me lançaient. Il fallait dire que je ne passais pas inaperçue dans mon costume. Certains changeaient de trottoirs, d'autres faisaient demi tour. Seulement quelque courageux m'adressaient un signe. Les gens étaient terrifiés. Ça me rendait malade.  Malade à en mourir.


Un sourire amusé se posa sur mes lèvres lorsque je me retrouvais avec un couteau sous la gorge. Littéralement. Je levais mes mains en signe d'apaisement. Doucement, j'apportais mes doigts à ma capuche. Je la laissais tomber vers l'arrière et dévoilais mes cheveux roux à mon assaillant. Ou plutôt mon assaillante. « Trois jours, Gordon ! Trois jours que je t'attends ! ». « Désolée Selina mais je n'ai pas pu m'esquiver avant ». Bruce m'avait tenu en haut niveau d'alerte lorsqu'une rumeur avait vu le jour sur la naissance d'un groupe de rebelles se faisant appeler les sympathisants du Joker. Ou une idiotie du même genre. Franchement, ils auraient pu choisir un autre nom. Prendre le nom du clown fou de Gotham n'était pas la meilleure des idées. J'appréciais cependant, malgré tout, que d'autres personnes commencent à lever la voix. Il n'y avait rien de plus fort que la révolution de tout un peuple. On était cependant loin d'en être là. Les gens étaient trop apeurés pour faire quoi que ce soit. Il allait falloir leur donner une opportunité. «  Tu sais, je ne vais pas t'attaquer, alors tu peux baisser ton arme ». «  Tu m'excuseras mais j'ai des problèmes de confiance avec les chauve souris ». «  Si je voulais te faire du mal Kyle, je serai pas rentrée par la grande porte ». Ce que je n'avais pas fait parce que celle-ci était condamnée depuis la fermeture de la fonderie. Mais c'était façon de parler. J'aurais choisi une approche plus discrète. L'argument sembla la convaincre. Bientôt, ma gorge fut à nouveau à bonne distance de la lame qu'elle tenait dans les mains.

« Je t'ai apporté deux trois trucs ». Du petit sac à dos que je portais, je sortis des biens de premières nécessités et des habits. En dernier, je lui sortis un sandwich et de l'eau. Ils furent les premiers à disparaître. Je secouais la tête et la laissais manger en silence. Nous n'avions pas forcément de temps devant nous mais je lui devais bien ça. «  Pourquoi la fonderie ? ». Sa question me fit relever la tête vers elle. « Pour plusieurs raisons. Premièrement, c'est en dehors de la ville et personne ne se rend vraiment par ici. C'est discret. Ensuite, y'a du plomb tout autour de nous. Pas super bon pour nous santé mais super bon pour qu'on ne nous entende pas ». «  Superman ». « Exactement ». « Il a des raisons de regarder ce que tu fabriques ? ». «  Non alors évitons de lui en donner ». Elle hocha la tête et reprit son repas en silence pour quelques minutes de plus. «  Et Bruce ? ». Je la considérais un instant et surtout je considérais sa question. Elle pouvait me demander plusieurs choses en si peu de mots. Est ce qu'il allait bien ? Est ce qu'il regrettait ? Et aussi bien entendu , est ce qu'il avait des raisons de se méfier ? « En fait, je ne veux pas savoir ». Elle avait du sentir que la réponse n'allait pas forcément être ce qu'elle espérait. Parfois, il était plus intelligent de rester dans l'ignorance. C'était une question de survie. Il n'y avait rien d'autre à faire de toute façon. Surtout dans une situation comme la sienne. «  Bon alors c'est quoi le plan ? ». Un sourire se peignit sur mes lèvres. Je sortis mes derniers croquis et commençait à lui expliquer ce que j'avais en tête. Elle me corrigea avec ses propres connaissances et mit son grain de sel là ou elle estimait pouvoir le mettre. Cela m'irrita par manque d'habitude. Je n'avais plus l'habitude de discuter de ce genre de choses avec quelqu'un. Je devais réapprendre. Je devais avouer aussi que toutes ses idées n'étaient pas mauvaises. «  Malheureusement, comme tu le vois, on n'a pas d'autres choix que d'attaquer sur tous les fronts. Il faut se débarrasser des leaders simultanément sinon on est foutue ». «  Sauf qu'on est deux ». Et si c'était pas là tout le problème.

«  Il y a ce groupe qui vient d'émerger à Gotham , les sympathisants du Joker, il faudrait voir si on pourrait pas les recruter à notre cause. J'ai commencé à les mettre sous surveillance mais je peux difficilement les approcher avec une offre ». « A moi de m'en charger du coup ». «  Oui ». Elle hocha la tête. «  On s'occupera évidemment de mettre en échec les plus gros joueurs. Bruce a encore de la kryptonite verte dans la batcave. Je peux mettre la main dessus si j'arrive à mettre ORC en échec pendant quelques temps ». «  Je suppose que c'est là que ma connaissance de Bruce te sera utile. Il y a un coffre dans sa chambre avec les codes pour désactiver ORC. D'après ce que j'ai compris, les codes sont mis à jour toutes les 24 heures. Et... cerise sur le gâteau, il y a un bout de kryptonite dorée au même endroit ». «  De la kryptonite dorée ? ». Sur le coup je m'avouais confuse. Mon expression eut au moins le mérite de la faire rire. «  Apparemment, ce bout de kryptonite peut temporairement annuler les pouvoirs de Superman ». «  Intéressant... très intéressant ». Je hochais la tête tout en réfléchissant. Si je pouvais faire un combo des deux pierres, cela serait parfait.  

Nous continuâmes de discuter pendant encore un petit moment avant que je ne doive malheureusement m'en aller. Il y avait un gala dans quelques heures auxquels je me devais d'assister. Non pas que j'aimais ces mondanités. Je n'avais juste pas le choix.  Je rentrais chez moi sans encombres. Mon absence n'avait pas été remarqué. Du moins, je ne le pensais pas. Si Bruce se montrait suspicieux, je n'avais qu'à le bassiner avec une histoire. J'étais devenue très forte au jeu du mensonge. Il fallait dire que je ne faisais plus que ça à présent. Il ne me semblait pas avoir été honnête depuis des années à présent. L'heure du gala arriva et engoncée dans une robe de soirée je me rendis à l'endroit de la réception. Par la force de l'habitude, mes yeux verts firent le tour de la salle. Je comptais les caméras, répertoriais les gardes du corps et autres chargés de sécurité et cataloguais les sorties. On ne savait jamais. Finalement, je posais un sourire de circonstance sur ma bouche et fis un petit tour entre les convives. Je n'en connaissais pas la plupart. Bientôt, je trouvais Bruce et allais pratiquement me greffer à son bras avec une parole aimable pour lui et ses interlocuteurs. Je remerciais le couple lorsqu'ils me complimentèrent sur ma tenue. La robe noire laissait passer plus de peau que nécessaire. Un fait qui détonnait avec mes tenues habituelles, bien plus subtiles. Je savais cependant que pénétrer dans la chambre de Bruce comme ça, n'était pas une bonne idée. J'y allais y laisser mes doigts  et ma tête. Autant se faire inviter. Bien entendu, je n'en avais pas piper un mot à Selina. Elle n'aurait pas approuvé ma tactique. Et elle se serait certainement sentie tout aussi trahie. Ce que je comprenais parfaitement. Cependant, j'étais désespérée et j'étais prête à tout pour réussir là où nous avions maintes fois échoués avant. Et si cela passait par séduire Bruce Wayne alors soit. Je savais pas avance que cela n'allait pas être aisé. Lui me voyait comme sa fille, j'avais du chemin à faire avant de pouvoir le faire changer d'avis. En supposant au départ, que c'était quelque chose que je pouvais faire. Comme on disait, aux grands maux, les grands remèdes.

Spoiler:

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Heureux celui qui, aux moments difficiles de l'existence, peut se leurrer d'une espérance, fût-elle vaine !

Plus la ville était en paix et sécurisé, plus il avait du temps pour ces galas, ces mondanités et ces soirées de bienfaisances qu’il détestait pourtant. Alfred était ravi de voir Bruce Wayne prendre le pas sur Batman au grand dam de ce dernier. Même s’il avait toujours désiré voir sa ville enfin en paix, briller sous la lumière des projecteurs et ne plus laisser une seule zone d’ombre, il restait le Batman, la chauve souris, il restait sur ses gardes, toujours méfiant. Alfred avait beau dire, il ne serait jamais réellement de repos. Le Batman ne prendrait jamais sa retraite mais avec un peu de chance Damian et Barbara pourraient profiter de ce qu’il avait construit. Il n’avait plus besoin d’un Robin à ses côtés mais il appréciait l’efficacité silencieuse de Damian comme il appréciait que son fils comprenne parfaitement ce qu’il construisait. Barbara était plus discrète mais elle était la dernière, et à la fois la première. Qu’elle soit là jusqu’à la fin était important. Cela voulait dire que ce qu’il faisait avait du sens. Il ignorait ce qu’il se passerait si elle lui tournait le dos, si elle se rangeait du côté de ces rebelles.

Un groupe se faisant appeler les sympathisants du Joker ! Bien sûr qu’il aurait pu envoyer Barbara mais c’était du menu frottin, il préférait envoyer Damian s’en charger. Il aurait dû laisser Jason tuer le Joker quand il était revenu. A présent il comprenait son erreur. Quand le Joker avait tué Loïs, il avait aussi condamné Jason une seconde fois. La tentative de meurtre de Jason avait été jugé, et le jeune homme écroué. Bruce savait qu’il aurait dû protester. Il lui avait fallu du temps pour comprendre ses erreurs du passé. A présent il se passait d’attendre que la justice humaine agisse. La JLA se passait des juges humains. Ils agissaient avant même que le crime n’ait lieu, c’était la seule manière de faire. Damian avait le droit de les terminés comme il le disait lui même. Et Batman avait approuvé. Superman était venu en personne ce soir, justement pour s’entretenir avec lui. Diana était à ses côtés, resplendissante, divine comme toujours.

A leur arrivée, Bruce s’éclipsa et Batman rejoignit ses collègues et amis. « Batman, il faut qu'on te parle » fit Clark avec un air sérieux et concerné. « Nous allons passer à la phase deux. » annonça Diana. S'ils étaient venus seulement tous les deux c'était la JLA qui parlait, du moins, ses membres fondateurs et au pouvoir décisionnel. Batman savait qu'ils attendaient son aval avant de la lancer. Cela faisait des mois que Clark rongeait son frein. Naturellement Diana le soutenait à fond. Elle se sentait d'autant plus impliquée depuis la disparition de Jason qu'elle imputait à l'un de ses vieux ennemis. « Ce sera une nouvelle ère. Nous allons enfin atteindre notre but Batman, donner à nos enfants une Terre sans danger, une Terre sans criminels, sans vilains et sans menace. » se réjouit Superman. Batman les regarda l’un puis l’autre. Clark le regardait trop fixement. Bruce compris qu'il allait probablement lui parler de Lex Luthor qui était demeuré introuvable et constituait aux yeux de Clark une menace des plus sérieuse. « Batman, j'ai une faveur à te demander. » fit-il. « Dites-moi. » « Comme tu le sais, nous n’avons pas encore retrouver Lex. J’ai peur qu’il ne sorte de son trou quand nous serons occupés avec la phase 2. Il y a encore des structures en plomb qui paralyse mes pouvoirs, il nous faut les détruire. » déclara Clark. Batman le regarda puis hocha la tête. « Bien sûr. » Diana s’approcha de lui et lui saisit son bras. « Il y a autre chose. Bruce, je sais que tu as un éclat de kryptonite verte. Je sais que tu ne comptais l’utiliser que si quelqu’un détournait Clark de nous, ou si ses ennemis de Krypton revenait. Mais tant que Lex est dehors… » Batman la regarda. « Ne t’inquiète pas, Lex ne pourra pas mettre la main dessus. Personne ne le peut. » Diana le regarda droit dans les yeux. « Bruce, Clark n'ose pas te le demander, car tu es son ami, mais cette pierre devrait lui revenir. Tu sais à quel point Lex peut être une menace. » Batman la regarda et su qu’il ne pourrait lui dire non.

Quand il les laissa, sur la terrasse, il su qu’il ne pourrait rien leur refuser. Ni la destruction des vieux immeubles contenant du plomb de Gotham ni de leur donner la Kryptonite. Clark avait tant perdu quand Loïs était morte. Et il se sentait toujours responsable. C'était lui qui avait laissé en vie le Joker comme l'avait souligné de nombreuses fois Diana. Batman continuait à penser que cette dernière se trompait, que la pierre serait plus en sécurité chez lui que chez elle, mais il ne parviendrait pas à la convaincre. Elle était une amazone. Ils avaient une vision du monde si différente. Et à présent il réalisait, qu’elle avait eu raison. C’était elle, la première, qui lui avait reproché d’avoir laissé le Joker en vie. Maintenant il comprenait. Maintenant il écoutait.

Son regard se tourna vers la silhouette élégante de Barbara qui venait d’arriver. Il ne l’avait pas vu de l’après midi mais la savait occupée avec le niveau d’alerte qu’il avait lancé. Ce qui lui paraissait étrange c’était qu’elle soit maquillée, pomponnée elle qui évitait les mondanités comme la peste. Sortait-elle avec quelqu’un ? Batman songea qu’il ignorait bien des choses au sujets de Barbara. Il lui avait laissé sa liberté et son indépendance après la mort de son père, mais Superman avait besoin qu’on resserre les rangs. Il s’approcha d’elle. « Tu es très élégante ce soir, y-a-t-il quelque chose que j’ignore que je devrais savoir ? »

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Je sentais les regards des convives sur moi. Sur la peau dénudée de mon dos. Je les laissais faire, tête haute. Tout comme eux je n'étais pas habituée par la tenue que j'avais adopté. Ceux qui me connaissaient même de loin devaient en être surpris. Ce soir comme tous les autres jours de la semaine, j'avais endossé un rôle. Celle d'une jeune femme confiante de ses charmes et ses atouts. De la confiance en moi, j'allais en avoir besoin. J'avais Bruce comme cible après tout. Il me connaissait mieux que personne. Autant dire qu'il allait me voir venir à des kilomètres. Je devais être prudente. Avancer doucement, sans trop forcer. Mais sans laisser trop de leste non plus pour ne pas retarder ce que je cherchais à accomplir. La balance était plus que délicate. C'était un job pour une professionnelle. Pour une escroc. Moi, j'étais plus que novice dans ce domaine. Une novice cherchant à passer du pédiluve au grand bassin sans passer par des eaux moins profondes. Autant dire que je faisais un grand saut dans l'inconnu. Et c'était quitte ou double quant au résultat. « Tu es très élégante ce soir, y-a-t-il quelque chose que j’ignore que je devrais savoir ? ». Un rire passa mes lèvres. Ah si il savait. Je lui offris un sourire avant de porter ma coupe de champagne à ma bouche pour en prendre une petite gorgée. «  Rien à signaler. C'est juste que... ». Je me stoppais volontairement dans le début de mes explications. Pou deux raisons. Premièrement, pour me laisser quelques secondes de plus de réflexion quant à la suite de ma phrase. Deuxièmement, parce que je voulais le forer à s'intéresser à ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Ma ruse fonctionna lorsqu'il se tourna complètement vers moi et attendis la suite. « C'est juste que je passe tellement de temps à être elle que j'ai l'impression de ne plus savoir qui est Barbara Gordon. Je me suis dis que peut être il était temps que je la redécouvre un peu. ». Je haussais délicatement les épaules. En soit, ce n'était pas vraiment en mensonge. Il était vrai que je passais plus de temps à être Batgirl ou alors Barbara l'acolyte de Bruce. Barbara Gordon semblait avoir quitté la terre en même temps que tous mes autres roches. Parfois c'était très étrange de se regarder dans le miroir et d'avoir une étrangère pour reflet. « Après tout entre temps elle est devenue une femme et je suis curieuse de savoir quel genre de personne elle est ». Cette dernière remarque, dite innocemment, lui était évidemment destinée. Je cherchais à le provoquer quelqu peu. A le réfléchir sur qui j'étais. Sur mon âge, mon corps. Un peu tout ce qui pouvait m'aider. Je voulais qu'il me voit différemment. C'était vital pour mon plan. Honnêtement, j'avais l'impression de m'y prendre comme un manche. Ce qui était probablement pas qu'une impression. Comme on disait, qui ne tente rien n'a rien.

Je le voyais resté silencieux, je retournais mon regard vers le reste de la salle. Mais restais tout de même à ses côtés. Si il ne disait rien , il allait falloir que je trouve un autre sujet de conversation. Je pouvais évidemment parler business et lui demandait ce que Diana et Clark voulaient. Mais je ne voulais pas me vendre trop vite. Ou me vendre tout court. Et puis ça contredisait avec ce que je venais de dire. Ce n'était pas en parlant affaire que j'allais découvrir quel genre de jeune femme Barbara Gordon pouvait bien être. Il fallait que je maintienne l'illusion. Au moins pour quelques moments encore. La chance semblait, néanmoins, de mon côté. Pour le moment. Une musique s'éleva dans la pièce. Sans trop réfléchir à mes actes, je posais ma coupe de campagne à moitié vide sur le plateau d'un serveur. Celle de Bruce subit le même sort. Avec un sourire que j’espérais amusé, je lui fis une légère révérence. «  Une danse cher hôte de la soirée ? ». Je ne me souvenais pas si j'avais déjà dansé avec lui ou non. Par le passé peut être. Mais tout cela me semblait tellement loin qu'il m'était impossible de m'en souvenir. Je ne lui laissais pas le temps de refuser. Je l'attrapais juste et le menais là où je voulais. Au milieu de la piste. Là ou il ne pouvait pas me laisser en plan sans créer une scène. Sans m'humilier publiquement. Chose que j'espérais il ne se sente pas d'humeur à faire. Je prenais des risques. J'en étais parfaitement consciente. Mais nous étions entouré et je misais le tout sur le fait qu'il voulait garder les apparences. Au moins face à ses convives. Peut être me ferais je engueuler après. Dans l'intimité de son bureau ou autre. Ça je ne pouvais pas me le prévoir. Je priais que non. Mais au final, je n'en savais rien. Je savais juste que j'avais un plan et que je devais me mouiller quelque peu pour le réaliser. Pour le moment, cela semblait se passer plus ou moins bien. Mais avec Bruce, on n'était jamais surs de rien. J'espérais que Selina ait bien plus de résultats de son côté.  Avec un sourire collé sur mes lèvres rouges, je me laissais porter par la mélodie. «  Damian a décidé de ne pas venir ? ». J'avais remarqué son absence depuis le début. Mais avait décidé de ne pas m'en inquiéter. Il n'avait jamais été très fan de ce genre d’événement. Un dégoût qu'il partageait avec son père. Ce dernier était juste plus doué pour le cacher.  Cependant comme je commençais à devenir mal à l'aise, j'avais posé la question. Et puis, c'était un plus pour moi de savoir qui faisait quoi et où.

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Bruce observait la rouquine en se demandant quelle mouche l’avait piqué ce soir. Il ne l’avait jamais vu ainsi, maquillée, vêtue comme une femme, prête à séduire. Cela l’étonnait, qu’elle soit soudainement devenue une femme. Une partie de lui se sentait comme responsable d’elle. Il avait laissé son père se suicider, il devait veiller sur elle. Pourtant, à l’intérieur de lui, c’était devenu un endroit froid et sans âme. Il n’y avait plus de place pour les sentiments, plus de place pour un rôle tel que jouer les pères de substitutions. Il n’était plus qu’un homme pensant à la place des autres. Bruce n’était qu’un mirage, de la poudre aux yeux, une illusion, un miroir aux alouettes. N’importe qui dans son entourage le savait ou pouvait le deviner. Aussi remplir un tel rôle pour elle, même si au fond il en avait envie, même s’il l’avait juré sur le cadavre encore chaud de Gordon, il n’avait pas la capacité de le tenir.

« Tu as grandit, je ne m’en étais même pas aperçu, que tu étais devenue une femme. » répondit-il sans trop réfléchir à ce qu’il disait. L’idée d’être vexant ne pouvait même pas lui franchir l’esprit. Il ne songeait plus du tout à ces choses là, aussi simples que le tact ou la bonté. Il était devenu un autre homme quand il avait aidé Clark a faire disparaître leurs ennemis. Quand la trinité avait prit cette sombre route, il avait dû s’arracher tout ce qui aurait pu le retenir de son cœur, de son âme, et pas un seul instant, il n’avait regardé en arrière car il savait que cela lui aurait été fatal. Parfois il se demandait, s’il restait encore une part de Bruce en lui. Sans doute plus du tout. Alfred avait raison, il aurait dû arrêter tout ça, épouser Selina, élever Damian. Mais il était trop tard pour songer encore à cela. Clark et Diana comptait sur lui. Le monde de demain, le monde parfait sans crime dont ils avaient tous rêver était à portée de main.

Tout emporté par ses pensées, il n’avait pas eu du tout conscience des manœuvres de celle qu’il considérait comme sa nièce, son élève, sa disciple au même titre que Dick ou Tim. Il supposait qu’elle était déjà aller dans les bras de l’homme qui occupait ses pensées, le fils de Lucius Fox sans doute, puisque les rumeurs les disaient ensembles. Mais quand elle lui demanda une danse il réalisa qu’elle était encore là. Devant lui. Qu’elle voulait danser avec lui. « Tu es certaine de vouloir danser avec moi ? Tu n’as pas un prétendant à rejoindre ? Tu sais que je n’ai pas besoin d’être diverti. Toute cette soirée n’est qu’un masque, qu’un trompe l’œil. Je suis ravi que tu ai compris l’intérêt de faire vivre nos doublures mais ce ne sont que des doublures. Je ne suis pas vraiment ce milliardaire excentrique comme tu n’es pas vraiment cette femme séduisante. » Encore une fois, le tact ne faisait pas parti de Batman ni même de Bruce depuis très longtemps. Il n’y avait plus personne autour de lui pour lui rappeler comment il convenait de se comporter. Plus personne ne s’opposait à lui en aucune manière désormais.

« Damian est allé s’occuper du gang du Joker ou du moins, de ce qu’il en reste. Je me suis dit qu’il avait besoin d’entrainement. Et je préfères que tu gardes toute ton énergie, nous en aurons besoin demain de toutes tes facultés disponibles, aussi, n’abuse pas de ce champagne. » lui répondit-il en lui enlevant sa coupe de champagne des mains et en la laissant sur le plateau du serveur. Lui-même n’y toucha à peine. L’important était de faire semblant, mais Batman devait rester sur le qui vive, tout comme elle. Batgril était importante, et Oracle plus encore. Demain, il allait avoir besoin des deux.

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Il allait réellement falloir que je songe à changer de tactique. Apparemment, tout ne se passait pas aussi bien que je l'avais imaginé au prime abord. Je n'étais plus bien sûre de pouvoir réussir le pari fou que je m'étais lancée. Peut être aurais je du en parler à Selina afin de lui demander conseil. Non, je n'aurais probablement pas survécu. Ce qui restait compréhensible. Jusqu'à quelques jours auparavant, il avait été son bien le plus précieux. L'homme de sa vie. Sa moitié la plus parfaite. Il allait lui falloir plus de temps que ça pour oser aborder ce genre de sujets. Et cela même si il m'avait envoyé la tuer. Cet événement n'était pas encore suffisamment ancré dans son esprit. Il était trop frais. Néanmoins, je n'avais pas le temps d'attendre. Du temps à vrai dire je n'en avais plus. Et ce depuis longtemps. Je courrais si proche du précipice. Le moindre coup de vent pouvait me projeter au fin fond de ce dernier. Mourir ne me dérangeait pas. La mort je l'attendais même à bras ouverts. Mais pas encore. Pas tout de suite. Pas avant d'avoir fait tout ce que je pouvais faire. Pas avant d'avoir tout donné. Pas avant d'y avoir laissé toute mon âme. J'avais de la ressource. J'avais de l'imagination à revendre. Si cette idée folle ne marchait pas, j'allais en trouver une autre. Ce n'était pas comme si j'avais vraiment le choix de toute façon. J'avais une mission. Elle n'avait que trop traînée. Il était temps d'y mettre en terme. D'y mettre un terme et d'espérer le mieux. Pas pour moi. Je savais par avance que je ne survivrais pas à la fin. C'était une évidence qui me faisait hausser des épaules à présent. Je m'y étais préparée. C'était Bruce lui même qui me l'avait inculqué durant mes jeunes années. Autant dire que cela ne datait pas d'hier. Je supposais que le sens de la leçon n'avait pas été de me dire que nous avions tous déjà un pied dans la tombe en endossant un masque. Mais c'était ce que j'en avais retenu. Au final, c'était véridique. Nous avions toujours mis notre vie en danger. Je n'étais devenue excellente en Batgirl que lorsque j'avais compris que le sort de ma vie ne m'appartenait déjà plus.

Malgré sa  froideur et sa réticence, je continuais mon char. Je ne pouvais pas abandonner maintenant sous peine de réellement me trahir.  Pour le moment, il ne semblait  y voir qu'un caprice de ma part. Comme si cela était mon genre. Je n'avais jamais été capricieuse. Et je le serai jamais. Ce n'était juste pas dans ma nature. Mais du moment que cela me permettait de réfléchir à autre approche, cela me convenait. C'était mieux que des soupçons. « Damian est allé s’occuper du gang du Joker ou du moins, de ce qu’il en reste. Je me suis dit qu’il avait besoin d’entraînement ». Une sueur froide me coula le long du dos. Oh ce n'était pas bon. Pas bon du tout. «  Le gang du joker où le nouveau groupuscule de rébellion qui scande son nom ? J'avais ces derniers sous surveillance». J'essayais de ne pas paniquer tout de suite mais ce n'était pas aisé.  Si il parlait bien des derniers acolytes du Joker j'étais dans le clair. Dans le cas inverse... j'étais mal. Très mal.  Je venais justement d'envoyer Selina recruter à notre cause qui elle pouvait. Si elle croisait Damian, c'était fichu. Sauf si elle arrivait à le tuer avant qu'il n’envoie le moindre message à son père. Elle en était capable. Damian était cependant un adversaire de taille. Un adversaire à ne jamais sous estimer. Il était comme de l'eau, impossible à attraper. Il s'arrangeait toujours pour vous glisser entre les doigts. De plus, il m'avait toujours semblé être infatigable. Increvable aussi.  Autant dire que les chances de succès de Selina étaient... limitées. Après ça, remonter jusqu'à moi ne serait pas bien difficile. Après tout, j'étais celle que l'on avait envoyé se débarrasser de Catwoman. Si elle était en vie, cela voulait dire que j'avais failli à ma tâche. Or... ce n'était pas ainsi que je lui avais présenté la chose n'est ce pas?  Non je lui avais menti. J'avais déclaré Selina morte. Je lui en avais rapporté la preuve. Je l'avais fait en toute connaissance de cause.  Après ça, il n'aurait aucun mal à découvrir toute l'étendue de ma trahison. Je doutais qu'il soit très indulgent. Après tout, ce n'était plus vraiment ce qui le caractérisait à présent. Ce mot ne faisait plus parti de son vocabulaire.

« Et je préfères que tu gardes toute ton énergie, nous en aurons besoin demain de toutes tes facultés disponibles, aussi, n’abuse pas de ce champagne ». La coupe que je venais de récupérer me fut aussi prestement enlevée des mains par Bruce. Je restais le bras en l'air à regarder ma main soudainement vide.  Je raclais ma gorge et laissais retomber mon bras le long de mon corps. «  Il se passe quoi demain ? ». Je détestais savoir ses plans au dernier moment. C'était pénible. Je ne pouvais jamais rien prévoir et ça venait à chaque fois compliquer mes propres objectifs. Il y avait de grande chance pour qu'il m'ignore ou grogne à mon impertinence. Mais je devais prendre le risque.

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Heureux celui qui, aux moments difficiles de l'existence, peut se leurrer d'une espérance, fût-elle vaine !

Bruce jeta un regard étonné à Barbara. Qu’est-ce que ça changeait que ça soit les anciens acolytes du Joker ou de nouveaux se proclamant comme les nouveaux amis du Joker ? Il savait qu’il existait quelques cellules en ville qui pensant que le Joker était un symbole de rébellion prenait ses atouts. C’était des gens qui avaient totalement oublié ce qu’était le Joker, des gens qui ne l’avaient pas vraiment connu ou du moins, qui ne s’étaient jamais retrouvé sur sa route. Car le Joker avait un certain charisme. Il avait réussi à entrainer dans son sillage un tas de gens biens. Comme Harley Quinn par exemple. Bruce ravala ses sombres pensées. Tout cela n’était que le passé et Damian allait balayer les derniers restes de ce passé. Batman avait toujours cru que ce qui le retenait c’était le souvenir de la mort de ses parents, mais en réalité, il réalisait que le Joker et son existence l’avait empêché de prendre sa retraite pendant toutes ces années. L’idée qu’il puisse recommencer l’empêchait de raccrocher la cape. A présent, il se sentait enfin libéré de ses responsabilités, enfin prêt à donner les clés de la tour de garde à quelqu’un d’autre, comme elle, comme Damian. « Qu’importe, qu’ils aient choisi pour symbole le Joker est de la bêtise ou de la cruauté, peu importe la raison. Nous les éradiquerons. Et ce sera toi et Damian qui vous en chargerez. » Il eut un sourire, presque apaisé, confiant en l’avenir.

Sa main s’accrocha à l’épaule de Barbara. Il la touchait comme il ne l’avait jamais fait auparavant, comme s’ils étaient des gens ordinaires, comme s’il éprouvait des sentiments comme tout le monde, comme si toucher, sentir l’autre avait une importance, comme si les gestes et les mots avaient une signification. Il l’approcha de lui dans un geste amical, presque paternel. Le regard qu’il lui portait en disait long. Pendant longtemps, il avait douté d’elle. Parce qu’il avait regardé son père mourir, parce qu’il lui avait menti, parce qu’il pensait qu’un jour elle finirait par comprendre. Mais elle était restée à ses côtés. Peut-être qu’elle avait finit par comprendre, et accepter, lui pardonner. Il avait l’impression qu’à présent, il pouvait vraiment plier la cape et laisser ses enfants continuer son œuvre, ceux qui étaient encore là, ceux qui le suivaient encore, ceux qui avaient survécus. Les plus forts d’entre eux.

Comme à chaque fois, il était surpris qu’elle ne lise pas ses pensées. Tim le faisait, pas à la manière d’un télépathe, mais il pouvait presque deviner ses pensées, ses plans. Rare sont qui pouvaient pourfendre la carapace et voir le monde comme il le faisait. Il se demanda si Barbara était prête, s’il ne la surestimait pas. Certes, elle était loyale, toujours présente encore maintenant, mais pouvait-elle penser comme lui ? pouvait-elle devenir Batman ? Il se pinça les lèvres en la regardant. « Nous allons achever de nettoyer la ville. » répondit-il aussi cryptique que d’habitude. Il ne voyait pas la nécessité de l’éclairer plus sur les projets de demain, elle en saura bien assez demain. Tout ce dont elle avait besoin c’était qu’il la guide, comme toujours. Elle était un crack sur un ordinateur mais elle n’avait pas la moindre idée de la noirceur de ce monde. Elle n’en avait eu qu’un bref aperçu quand le Joker était venu frappé à sa porte. Mais comment pouvait-il le lui reprocher ? Il avait voulu l’en préserver toutes ces années. Damian comprenait mieux tout cela, mais son enfance avait été atroce. Il ne souhaitait pas cela pour Barbara, elle avait assez souffert. Il laissera la cape à Damian, et Barbara prendra sa retraite en même temps que lui. Damian portera à lui seul l’héritage, tel était son choix. Il avait compris, finalement, ce que Superman sous-entendait quand il disait qu’il fallait décider pour eux parce qu’ils en avaient besoin.

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bruce & barbara

La main de Bruce sur mon épaule pesait lourd. Elle était comme un poids supplémentaire sur mon cœur. Pour ce qui me semblait être la millième fois, je me demandais comment il avait pu en arriver là. Comment il avait pu tomber aussi bas. Parfois, je me surprenais à espérer que tout cela n'avait été qu'une charade. Un mauvais cauchemar duquel je finirai pas me réveiller un jour. Une étude médicale avait privé que les gens dans le coma imaginait toutes sortes de choses comme si ils vivaient une deuxième vie. Le goût amer dans ma gorge ne faisait que s'intensifier à chaque fois que je revenais à la réalité. Ma réalité. Je n'étais pas dans le coma. Je ne vivais pas une seconde vie fabriquée de toutes pièces par mon subconscient. J'aurais presque pu y croire mais je n'imaginais pas mes songes aussi sombres. Surtout, je n'avais jamais eu la prétention d'être l’héroïne d'un monde en perdition. Je ne voyais donc pas pourquoi mes rêves iraient imaginer cette fantaisie. « Nous allons achever de nettoyer la ville ». Un de mes sourcils se souleva. «  N'est ce pas ce qu'on a déjà fait ? ». Je savais qu'il allait resté mystérieux comme à son habitude. C'était sa marque de fabrique. Clairement, la seule chose qu'il avait gardé de son ancienne vie. De son ancien lui. Cependant, j'avais besoin de demander. J'avais besoin d'en savoir plus. J'avais besoin de … quelque chose. Demain pouvait être l'ouverture que je recherchais, pour un peu que je sache de quoi il en retournait vraiment. Je devais aussi considérer Selina. Le danger dans lequel elle se trouvait ne faisait que me tarauder. Il serait bête d'échouer aussi près du but.

A nouveau mon ventre se tordit sous la pression et le stress. Damian semblait être à deux doigts se découvrir mes manigances. Je me rassurais en me disant que le téléphone de Bruce n'avait pas encore sonné. Cependant, j'avais suffisamment d'expérience pour savoir que cela ne voulait pas forcément dire grand chose. Il se doutait bien que j'étais avec son père ce soir. Probablement voulait il lui annoncer le retour à la vie miraculeux de Selina de vive voix. Juste pour voir mon visage se métamorphoser. Juste pour me voir pâlir. Juste pour me voir au pied du mur prête à être exécutée. C'était dans son genre. L'adolescent était violent et se délectait du malheur des autres.  De moi, ceci dit, il n'obtiendrait rien le moment venu. Je m'étais préparée à cette éventualité depuis des mois. Je l'avais même implorée à plusieurs reprises lorsque le courage me manquait et que tout s’effondrait autour de moi. Cela serait mon dernier doigt d'honneur à leur égard. «  Tu sais des fois j'ai l'impression que tu ne me fais pas confiance ». Je n'en avais pas juste l'impression. J'étais comme son bras droit. Sa main armée. Mais je n'étais ni son égale ni véritablement son alliée. J'étais un pion qu'il manipulait et appelait famille. Il ne connaissait juste pas le sens du mot.  Je jouais évidemment avec le feu cependant je n'avais plus grand chose à perdre. Mon plan de ce soir était tombé à l'eau et je menais une course impossible contre la montre. Je devais me montrer plus entreprenante. «  Mais comme je te fais confiance, je me contenterais de ça ». J'en aurais ri jaune si je l'avais pu. Évidemment, je n'en fis rien et lui offrais simplement un sourire. Un sourire bien trop de fois répété devant le petit miroir de ma salle de bain. Fake it till you make it. Du moins c'était ce que je n'avais cessé d'entendre. « Je vais rentrer me reposer pour être en forme pour demain ». Surtout, j'allais en profiter pour aller retrouver Selina. En espérant qu'elle n'avait pas été surprise. Et qu'elle avait aussi dans ce cas autre choses que de mauvaises nouvelles à m'annoncer. Mon existence n'était qu'un casse tête géant. J'admettais, lasse, que j'avais hâte de la voir s'arrêter.  «  Sauf si tu as besoin de moi tout de suite bien sur ? ». Je m'empêchais de rajouter pour le business ou le plaisir. Ça aurait été trop. De toute façon, clairement ça ne l'intéressait pas. J'allais juste devoir trouver autre chose pour pénétrer dans ses quartiers.

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La rouquine n’eut pas la réponse enthousiaste qu’il attendait, ne fut pas le gentil soldat obéissant qu’elle avait été, ne posant jamais de question qui fâche, obéissant sans même réfléchir. Oh il savait qu’elle réfléchissait, comme Damian. Il savait que son fils trouvait son épanouissement dans la violence qu’on lui permettait d’avoir, qu’il s’interrogeait plus sur ce qu’il deviendrait de lui une fois le monde en paix et sans doute ne se posait-il pas la question à voix haute de peur de la réponse. Mais à quoi pensait la rouquine, il l’ignorait. Barbara était devenue silencieuse depuis qu’il avait fait d’elle son bras droit comme si elle étudiait la situation à chaque instant. Plusieurs fois, il avait douté d’elle, de sa loyauté, l’avait testé avec des missions compliquées, et à chaque fois, elle était revenue plus loyale qu’avant, plus intouchable, plus forte et vaillante qu’elle ne l’était auparavant. Mais à nouveau, la question de sa loyauté à toute épreuve revenait. Parfois, il aurait aimé avoir la télépathie comme pouvoir, n’avoir à s’interroger sur ce que pensait son équipe.

Avant, de telles questions ne l’auraient traversé. Il aurait fait sans eux, il aurait continué, ce que chacun pensait lui importait peu. Il se demanda depuis quand cela avait changé. N’avait-il pas accepté sans broncher les nouvelles consignes, les ordres du grand boy scout bleu ? Il songea à Lex Luthor, disparu, comme tous ceux suffisamment intelligents pour avoir compris que le vent avait tourné. Il songea à Dent qui s’était ravisé au dernier moment évitant ainsi l’exécution publique mais pas le collier électronique. Il songea à Selina qu’il avait fait tuer sans sciller par Barbara. Qu’avait-elle pensé de lui quand il lui avait donné l’ordre ? Quelque part, c’était aussi un test. Tout en était. Depuis quand était-il devenu paranoïaque ? Il ne se reconnaissait plus dans la glace. Parfois il s’éveillait en sursaut effrayé à l’idée que ce monde n’est plus besoin de lui, effrayé que tout ce qu’il ai entrepris, tout ce qu’il avait fait ne soit qu’une suite d’erreur. Il avait fait confiance à Clark et Diana, et s’il s’était trompé ? Mais remettre ça en compte, ça voulait dire que tout cela n’avait servi à rien. Toutes ces pensées voltigeaient dans sa caboche, tournant en rond, le hantant trop souvent, le réveillant quand il parvenait à trouver le sommeil, et à ces instants, se bataillaient devant lui le visage de ceux disparus trop tôt. Il n’était plus capable de savoir, de juger, alors il s’en remettait à Clark. De toute façon lutter contre lui n’aurait eu de sens.

Observant la rouquine, il resta figé. Ses yeux se déplacèrent sur elle. « Tu te trompes, Barbara. Je t’ai toujours fait confiance. » Ne lui disant pas ce qu’il avait fait à tous ceux en qui il n’avait pas confiance, ne lui disant pas non plus qu’il avait douté d’elle maintes fois, et qu’il ne savait même plus à qui faire confiance, qu’il avait perdu quelque part dans le combat sa capacité à placer sa confiance en quelqu’un. Ce n’était plus son monde, c’était celui de Clark. Il savait qu’à la fin, il finirait par dire quelque chose ou faire quelque chose qui clocherait, parce qu’au fond, il appartenait à ce monde d’avant, celui du chaos et de l’obscurité, et qu’il n’avait de place dans ce monde de lumière. « Repose toi bien, Barbara, car demain, ce monde t’appartiendra. » fit-il énigmatique comme toujours en lui tendant une clé électronique. Celle-ci lui donnait accès à la tour de garde, qui était devenue avec le temps le QG de Batman. L’ancienne cave était trop petite, remuait trop de souvenirs. « Rendez-vous à l’aube à la tour. » lui dit-il simplement.



La tour de garde était baignée dans la lumière matinale de l’aurore se déployant. Comme il l’avait prévu, Tim avait réussit à faire les dernières mises aux points. Il était là, Stephanie également, ainsi qu’Alfred et Damian. Il ne manquait plus que Barbara. C’était un grand jour. Bruce Wayne comptait leur annoncer qu’il leur laissait les clés de la tour ainsi que de son système de contrôle de la ville et de ses citoyens. Un big brother remanié qui permettait via la triangulation des objets connectés et ordinateurs, tablettes, téléphones, de trouver n’importe qui n’importe où, d’entendre ce que chacun disait, pratiquement de savoir ce qu’ils allaient faire, grace à des multiples algorithmes. Tim et Barbara avaient travaillés dessus sans même le savoir. Tout ce qu’il leur avait demandé jusqu’à présent, visait cet instant. Avec cette machine de guerre, ils allaient pouvoir prédire les crimes, les empêcher d’arriver. Avec ce nouveau système, les criminels seraient arrêtés avant d’avoir tué qui que ce soit. Il n’y aura plus de couples assassinés et d’orphelin retrouvé baignant dans leur sang. Il accueilli la rouquine avec un sourire. A présent, ils étaient aux complets. « Mes amis, je vous présente Nightwatch. Grâce à lui, Batman n’aura plus besoin d’exister. Vous aurez simplement à suivre ses indications et arrêter les criminels avant même qu’ils n’agissent, avant même qu’ils ne deviennent des criminels. » Il attendit avec impatience leurs réactions. Quelque part, il leur annonçait aussi la fin de Batman.

Clark n’avait plus besoin d’un Batman, il le lui avait sous entendu en lui demandant la kryptonite. Et Bruce ne comptait pas attendre que Clark ne le jugeant inutile ne vienne le tuer. Diana résisterait sans doute, mais en fin de compte, il savait que ce monde ci n’était pas pour lui, plus pour lui. Mais d’autres mondes avaient besoin de lui. D’autres mondes étaient remplis de criminels attendant d’être arrêtés. Il avait prit ses dispositions, une fois Lex Luthor arrêté, et le nouveau système mis au point, il quitterait la terre, et avec elle, ses regrets et ses doutes.

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« Repose toi bien, Barbara, car demain, ce monde t’appartiendra ». Comme toujours, Bruce ne disait pas un mot de plus que ce qu'il lui fallait – à lui- pour comprendre. A nouveau, je me retrouvais à froncer légèrement des sourcils.  Ma bouche resta cependant close pour cette fois. J'en avais assez fait pour ce soir. Je ne voyais pas l’intérêt de rajouter un peu plus d'huile sur le feu. Je devais déjà m'estimer chanceuse de ne pas avoir été placé au pilori pour tout ce que j'avais osé faire pendant cette soirée. « Rendez-vous à l’aube à la tour ». Mes doigts se refermèrent sur la clé qu'il me tendait. J'hochais la tête, à la fois dans un signe de congé et d'acquiescement. Je n'avais de toute façon d'autre choix que celui d'être à la tour comme il venait de me l'imposer. Je lui appartenais. Du moins pour encore un peu de temps.  Après ça, je quittais les lieux sans un mot de plus. Je saluais du mieux que je pus les invités qui se pressèrent sur ma route jusqu'à la porte d'entrée puis filais dans l'obscurité. Je ne soufflais que lorsque j'étais hors de vue. Le trajet jusqu'à mon appartement, je le fis au pas de course. Une fois chez moi, je sautais presque littéralement hors de l'accoutrement que j'avais revêtu pour le gala. J'enfilais mon uniforme et disparut à nouveau dans la nuit noire, sans étoiles. Ce soir, le ciel était à mon image. Sans espoir.  Agacée d'avoir failli. Sans me faire voir, je retrouvais la fonderie à l'extérieur de la ville. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Tout cela pouvait être un piège. Damian pouvait avoir chopé Selina. Cela pouvait être lui qui était là à m'attendre. Prêt à me ramener à son père comme un trophée de chasse récalcitrant. Je serrais des dents et restais un instant cachée à l’extérieur de la bâtisse. De là où j'étais elle semblait aussi abandonnée que quelques heures plus tôt. Néanmoins, j'étais bien placée pour savoir que les apparences pouvaient se révéler trompeuses.  Sur mes gardes, les muscles tendus, je me glissais entre les murs. Aux aguets, j'écoutais le moindre bruit. J'étais prête à passer à l'attaque. A tuer Damian si il m'attendait pour me sauter dessus. J'aurais probablement beaucoup de mal. Il était de loin bien plus fort physiquement que je ne l'étais. Il était plus expérimenté en combat même si je n'avais pas grand chose à lui envier. Il était né pour tuer. Mais ce qu'il gagnait en compétence, je le gagnais en intelligence. Surtout, il ne fallait jamais sous-estimé ce qu'une personne était prête à faire par désespoir.

Je m'accroupissais derrière un baril lorsque j'avais une forme dans l'ombre. Une forme humaine. Étais ce Selina ? Ou quelqu'un d'autre ? De là où j'étais, je ne pouvais le deviner. J'avançais donc prudemment et contourner la silhouette. Sans un bruit, je me glissais derrière elle. L'ombre se retourna comme si elle avait sentie ma présence. J'évitais de justesse le coup de pied haut qu'elle m'envoya. «  Punaise Barbara ! ». Un poids se souleva de mes épaules en entendant la voix de Selina. Je posais tout de même un doigt sur ma bouche pour lui signaler de faire moins de bruit. «  Est ce qu'il est là ? ». La brune me regarda sans comprendre. «  Damian ». «  Non. Pourquoi il serait là ? ». «  Bruce l'a apparemment envoyé mettre un terme aux partisans du joker. J'ai eu peur qu'il te découvre et soit là à m'attendre ».  «  Tu m'as envoyé dans un piège ? ». «  C'est pas comme si Bruce me disait tout ! ». Elle serra des dents et leva les mains comme pour reprendre le contrôle d'elle-même. Je savais que la situation l'agaçait. Je savais qu'elle n'avait pas envie de se cacher. Qu'elle avait envie d'être libre. Malheureusement, ce n'était pas encore possible. Pas si nous n'allions pas jusqu'au bout. «  C'est à se demander à quoi tu lui sers ». «  A me salir les mains quand il se pense trop bon pour le faire ». La remarque avait filé sur ma langue, acerbe. Cela eut le mérite au moins de la faire taire. Elle grimaça et ne prononça pas un mot de plus pendant de longues secondes. «  Je n'ai pas croisé Damian. En revanche, j'ai pu parlé avec ces partisans du Joker, certains sont prêts à nous aider. Maintenant si Damian est passé par là après moi... je ne sais pas ce qu'il reste d'eux ». Je hochais la tête, en pleine réflexion. Dès qu'on faisait un pas en avant, on en faisait dix de plus en arrière en contrepartie. Un soupir las m'échappa.  « On trouvera autre chose. En attendant, on va te bouger de là. J'ai un mauvais pressentiment ». «  Quel genre de pressentiment ? ». «  Le genre qui finit avec nous deux en morceaux ». «  Charmant ». Un sourire flirta avec mes lèvres bien malgré moi. Je la regardais me le rendre. «  J'ai vu Superman parlé avec Bruce, appelle moi paranoïaque mais je préfère t'emmener ailleurs vu que cette bâtisse est faite de plomb. On sait jamais qu'il déciderait de la raser.. » . «  Et je vais aller où ? ». «  Chez moi ». Elle m'envoya n regard étonné. Moi même, je l'étais. Ce n'était pas vraiment le plan que j'avais imaginé en arrivant ici. Mais c'était celui qui était sorti. «  Fais moi confiance ». Je savais que je lui en demandais beaucoup. Je savais aussi qu'elle n'avait pas à me faire confiance. A sa place, je ne l'aurais pas fait. Mais comme moi, elle était à court d'options pour le moment.  Je la laissais ramasser ses affaires et  nous nous mirent en route. J'espérais ne pas nous mettre dans une situation encore plus précaire. Seul le temps nous le dira.


Ce fut éreintée que je passais les portes de la Tour. J'étais en retard. Un fait qui n'allait probablement pas jouer en ma faveur. Bruce était un fervent adepte de la ponctualité. Du moins lorsqu'il était celui qui demandait à ce qu'elle soit respectée. Café en main, je tentais de me réveiller. Les poches que j'avais sous les yeux en disaient cependant bien long sur mon état de santé. Ce matin, je n'avais pas de maquillage pour les camoufler. Je n'avais plus qu'à prétendre des cauchemars pour expliquer mon état. Cela ne surprendrait personne. Je grommelais un bonjour peu loquace en arrivant dans la pièce où ils étaient réunis. J'eus un sentiment étrange en voyant Bruce m’accueillir avec un sourire. Cela ne lui ressemblait pas. Il était de particulièrement bonne humeur sous son masque impassible. Je n'étais pas sûre d'apprécier la tournure des événements. Par habitude, je me postais aux côtés de Tim. Mon regard resta fixe devant moi. Il ne chercha pas à entamer la conversation. Il savait que je lui pardonnerais pas son rôle dans la mort de Dick. Je faisais juste semblant. Je jouais la comédie. Je le tolérais pour les besoins de ma propre mission. Mais tous ses gens autour de moi... je ne les appréciais pas. Je ne les appréciais plus. Ils étaient à milles lieux des êtres que j'avais aimé. Comme à chaque fois que je repensais aux jours d'antan, mon cœur se serra. J'eus la sensation d'étouffer de l'intérieur. Immanquablement, cela m'amenait à penser à tous ceux qui n'étaient plus là. Dick bien sur. Il avait été l'un des premiers à périr. L'un des premiers à disparaître.  Le premier a avoir eu le courage de s'opposer à celui qu'il avait considéré comme son père. Son affront il l'avait payé de son sang. Dick avait toujours été plus un amoureux qu'un combattant. Il n'avait jamais hésité à se battre mais il le faisait pour le bien. Dans le respect de la justice. Il aurait eu honte de nous.  Et il ne devait pas être le seul. Alfred devait se désoler depuis sa place au paradis. De même que Jason qui contre toute attente n'avait que peu apprécié les initiatives de Bruce. Quant à mon père, je ne pouvais imaginer sa déception. Quelque part j'espérais qu'il soit fier de moi, fier de ce que j’essayais d'accomplir. Mais la réalité était sûrement bien différente.

« Mes amis, je vous présente Nightwatch. Grâce à lui, Batman n’aura plus besoin d’exister. Vous aurez simplement à suivre ses indications et arrêter les criminels avant même qu’ils n’agissent, avant même qu’ils ne deviennent des criminels ». Un silence lourd tomba entre nous. J'eus du mal à réaliser ce qu'il venait de nous balancer. Mon cerveau fatigué avait du mal à se mettre en action. Ce fut l'exclamation violente de Damian qui eut l'effet de le remettre en route. Bruce se retrait ? C'était la chose que j'avais retenu en premier. Cela amenait son lot de questions. Qu'allait il faire ?  Bruce n'abandonnait pas, il devait avoir un autre jeu quelque part. Ceci dit, le fait qu'il laissé son projet avec nous.. ça, c'était peut être tout bénéfique. Pas besoin d'essayer de récupérer les codes d'ORC si je pouvais avoir accès à cette technologie pour savoir tout ce que j'avais besoin de savoir. Ce programme était forcément piratable. Je pouvais certainement y brancher mon programme ORACLE pour le corrompre. Il allait juste falloir que j'en apprenne un peu plus. Cela ne résolvait pas la kryptonite en revanche. Mais cela pouvait peut être nous donner une longueur d'avance. Peut être. Rien n'était moins sure vu ce qu'il était programmé pour faire. «  Arrêter les criminels avant qu'ils ne commettent un crime ? En théorie c'est bien joli mais nous sommes tous des criminels en attente d'un méfait à accomplir. Doit on se tuer entre nous si nos noms apparaissent sur la liste ?». Ma remarque bien que véridique était surtout destinée à lui faire nous expliquer comment l’algorithme fonctionnait. Le plus innocemment du monde. «  Et puis, qu'est ce que tu vas faire ? ». Là par contre, je me montrais peut être un peu trop curieuse. J'étais trop épuisée pour en avoir cure sur le moment. Le temps me pressait un peu plus chaque jour contre les murs. Je devais prendre des risques. Encore et toujours. En espérant que ce dernier serait plus concluant que celui de la veille.

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Heureux celui qui, aux moments difficiles de l'existence, peut se leurrer d'une espérance, fût-elle vaine !

Les yeux du chevalier noir se fixèrent sur la rouquine qui osait questionner sa méthode. Il avait pensé qu’elle serait la première à mettre en doute le système, pointant des faiblesses techniques : le fait qu’il puisse être piraté, comme tout système informatique, ou ses faiblesses humaines : et si le nom apparaissant était celui d’un être cher, et si la machine se trompait, buguait… ou simplement les répercutions d’un tel système sur la société et son fonctionnement. La réponse de la rouquine le choqua d’avantage parce qu’elle révélait quelque chose sur elle. Sur eux. Sur comment elle les voyait. Il était suffisamment intelligent et assez paranoïaque pour comprendre le sous-texte. Barbara avait été silencieuse ces derniers temps, et il n’ignorait pas à quel point elle avait été impacté par la mort de Dick.

Il la regarda droit dans les yeux, gardant le silence, puis il s’approcha d’elle et s’arrêta devant elle. Ses lèvres s’ouvrirent comme le ciel se fendant en deux avant que l’orage n’éclate. « Crois-tu réellement que nous sommes des criminels en puissance Barbara ? Si c’est le cas, cela veut dire que nous n’avons notre place ici, dans la tour de la Justice de Gotham. » lâcha-t-il en révélant l’autre partie de son plan. Ses yeux restèrent fixés sur la jeune femme comme s’il espérait qu’elle baisse le masque et révèle ses pensées les plus sombres. Vas-tu me trahir, toi aussi ? semblait-il demander, la questionner, alors même que ses pupilles bleutés la parcourait, la détaillait, tentait de la sonder, d’en lire les pensées.

Finalement, il se détacha d’elle, rompant le contact oculaire, comme la menace sous-jaçante même si, cette dernière restait réelle. Nombre de questions à son sujet remontait. Il lui avait fait une confiance quasi aveugle ces derniers mois, plus inquiet de ce qu’il ferait une fois les criminels complètement éliminer, mais à présent, qu’il savait ce qu’il allait faire, la question de ce qu’elle pensait réellement devenait écrasante.

Le regard du chevalier noir se posa sur Tim et Damian. « Laissez-nous. » lâcha-t-il d’un ton sec qui ne voulait aucune réponse. Les deux jeunes hommes disparurent. Bruce ne craignait plus qu’ils se disputent, même si ce serait probablement le cas. Bruce savait que Tim avait mal vécu le trépas de Dick, la disparition de Jason, il aurait volontiers incriminé Bruce sans nul doute si ce dernier n’avait pas offert à Tim tout ce dont il avait toujours rêvé : les moyens d’appliquer sa justice. Le projet de Tim était noble, éradiquer la criminalité avant qu’elle apparaisse. S’ils réussissaient, plus personne n’aurait de pensées criminelles dans vingt ans. Ils auraient une société parfaite, dans laquelle il n’aurait sa place. Parce qu’il était imparfait. Parce qu’à force de traquer les criminels il pensait comme eux. Et parce qu’il ne supporterait pas d’être remisé au garage comme une vieille voiture dépassée.

Quand ils furent parti, il se tourna vers elle. « Je comptes partir d’ici, de Gotham, de la Terre. Offrir nos méthodes à l’univers. Oa a déjà accepté ma proposition. » De nombreuses planètes avaient besoin de lui. De quelqu’un comme lui. D’autres univers également… les possibilités étaient nombreuses. « Mais avant d’abandonner cette ville, j’ai besoin de m’assurer que tout est en ordre. » ajouta-t-il en s’approchant d’elle, jusqu’à s’arrêter à sa hauteur. « Tu comprends ce que je veux dire ? » insista-t-il.

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bruce & barbara

« Crois-tu réellement que nous sommes des criminels en puissance Barbara ? Si c’est le cas, cela veut dire que nous n’avons notre place ici, dans la tour de la Justice de Gotham ». Il n'y avait qu'une bonne réponse à cette question. Et elle n'était clairement pas celle qu'il attendait. J'avais fait un excès de zèle avec ma dernière remarque. J'avais révélé bien plus ma main que je ne l'avais voulu, ou pensé. Par conséquent, je me retrouvais donc dans une position inconfortable. Précaire même. « Non, je demandais juste à titre informatif. Au cas où, mon nom ou celui de Damian venait à apparaître » répondais je simplement avec une voix neutre. Pourtant intérieurement, mentir ainsi me donnait la nausée. Il aurait été si simple de lui demander de regarder autour de lui. De regarder tout ce qu'il avait fait. Il n'était pas mieux que tous les criminels qui tombaient sous le joug de sa justice expéditive. Je n'étais pas mieux qu'eux. J'avais autant - voir plus - de sang sur les mains qu'ils n'en avaient. Mais contrairement à eux, j'avais la chance – ou la malchance – de faire partie de cette famille. Famille qui n'avait de ça que le nom.  Nous n'étions que des imposteurs. «  Laissez-nous ». Damian et Tim sortirent et je me retrouvais seule avec Bruce. Ce qui n'était ni pour me plaire ni pour me déplaire. J'étais exténuée et sur le coup je me fichais bien de ce qu'il comptait me dire ou me faire. « Je comptes partir d’ici, de Gotham, de la Terre. Offrir nos méthodes à l’univers. Oa a déjà accepté ma proposition ». «  De quoi ? » m'exclamais je sous la surprise que cette nouvelle provoqua en moi. Il partait. Comme ça, aussi simplement. J'étais partagée face à ses propos. D'un côté, une partie de moi se sentait soulagée. Si il disparaissait, je n'avais plus besoin de faire semblant. Je n'avais plus besoin de prétendre. Je pourrais démanteler ses plans sans avoir peur de son ombre. Sans lui sur Terre , tout devenait un poil plus simple. Mais pas aisé pour autant. Il y avait encore Wonder Woman et Superman. Il fallait également s'occuper d'eux. De l'autre... pourrais je vraiment accepter de refiler le bébé à quelqu'un d'autre ? Pouvais je laisser le démon s'en aller pour qu'il devienne le problème d'une autre patrie ? Pas vraiment. J'avais des responsabilités. Je ne pouvais pas me montrer aussi lâche. Surtout pas après autant de sacrifices. J'avouais cependant que c'était plus que tentant.

« Mais avant d’abandonner cette ville, j’ai besoin de m’assurer que tout est en ordre. Tu comprends ce que je veux dire ? ». Je ne comprenais que trop bien. Bruce était un animal de contrôle. Il aimait avoir la main mise sur tout et tout le monde. Il ne partirait que si il était certain que nous lui étions fidèles. Autant dire qu'il allait éliminer toute menace. Ou plutôt nous faire éliminer toute menace. Y compris si la menace était l'un de nous. Moi en l’occurrence. Pour lui signaler ma compréhension, je hochais positivement de la tête. Je ne passais de commentaires. Il n'en attendait pas. Je le connaissais depuis assez longtemps pour savoir lorsqu'une question était rhétorique.  Dans son esprit, il n'y avait pas rente six milles solutions. Soit je comprenais soit je ne comprenais pas. Dans ce dernier cas, j'étais un boulet à son pied. Quelque chose dont il ne manquerait pas de se débarrasser.  Je ne pouvais qu'apprécier la logique manichéenne d'une telle démarche.

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« Non, je demandais juste à titre informatif. Au cas où, mon nom ou celui de Damian venait à apparaître » Bruce fronça les sourcils, estimant cette question stupide. « Cela n’arrivera pas. » fit-il en secouant la tête, refusant d’accepter une réalité où cela serait possible. Si c’était le cas, alors peut-être que tout ce pourquoi il se battait n’avait de sens. Il était persuadé d’avoir enfin trouver la solution, de pouvoir enfin mettre un terme à sa carrière de justicier. Il était temps qu’il évolue, qu’il change. Le monde changeait de toute façon, avec ou sans lui, avec eux ou sans eux. Il était persuadé qu’il fallait qu’ils suivent le mouvement. De toute façon, Superman ne lui laisserait pas le choix. Bruce ne voulait pas être un poids, au contraire, il croyait en la Trinité. Et puis, au fond, c’était de sa faute si le Joker était encore en vie quand il a pris la vie de Loïs. Il n’aurait jamais terminé de payer sa note à Superman, jamais.

C’était aussi pour cela qu’il avait prit sa décision de partir. Sur OA il n’y aurait de dette, il n’y aurait de souvenir de tout ce qu’il s’était passé, il n’y aurait de regrets ou de doutes. Il savait qu’il pourrait encore aider, et surtout, tracer une nouvelle route. C’est ce dont il avait besoin, de ne plus sentir le poids de ses erreurs sur ses épaules. Peut-être était-ce égocentrique de partir en les laissant, Damian et elle. Il le percevait, dans la surprise qui se peignait sur son visage. Estimait-elle cela comme une trahison ? Il s’était imaginé que Damian comme elle était impatients de ne plus l’avoir sur leur dos à leur donner des consignes comme s’ils étaient des enfants. Ce qu’il redoutait, c’est comment ça se passera entre eux sachant leur caractère si différent. Il pensait que Bab’s qui avait été Oracle serait apteà s’adapter au caractère parfois tranchant de Damian. Après tout, elle le supportait bien lui depuis des années à présent.

« Je sais que c’est une surprise. Je n’en ai parlé à personne avant, mais les raisons en sont simples, évidentes, n’est-ce pas ? Je ne voulais pas que toi ou Damian tentiez me faire changer d’avis. Ma décision est prise. Je n’apporterais rien de plus ici. » fit-il en la regardant. L’ancien super héros qui n’en avait désormais plus que le nom eut un sourire, un sourire qui paraissait exprimer son soulagement mais aussi sa gratitude envers celle qui était resté et dont il ne se doutait pas le moindre instant qu’elle puisse le trahir. « Je crois qu’il est temps que vous preniez la relève, Damian et toi. La terre a besoin d’une nouvelle génération. »

Le hochement de tête de la jeune femme lui suffit. Il lui désigna les écrans de contrôle face à eux. « Je voudrais que ça soit toi qui lance la machine. Cette nouvelle ère doit t’appartenir. » affirme-t-il en ressentant soudainement une pointe de nostalgie. Il se souvenait de sa petite frimousse rousse, de l’expression qu’elle avait en le regardant alors qu’elle était haute comme trois pomme quand il rendait visite à son père adoptif. « Tu l’as mérité Barbara. » ajouta-t-il en lui tendant la télécommande qui lancerait tout le système. Jamais il ne lui venait à l’esprit qu’elle pourrait ne pas être d’accord. Même si, un homme à la paranoïa tel que lui avait évidemment tout prévu, y compris que le gestionnaire puisse vouloir éteindre le système. Il avait prévu un certain nombre de sécurité. Mais il n’avait pensé que la menace pourrait venir de l’intérieur. Après tout, il s’était séparé de tous ceux qui hésitaient, reculaient, tous ceux qui n’acceptaient pas le nouvel ordre imposé par Suoerman.