Young And Menace (wally)

Ses parents. Ses géniteurs. Quoi dire de plus sur leur relation sinon qu’ils sont liés par le sang ? Ils l’ont élevé. Ils lui ont appris ce qu’était la vie, du moins ce qu’ils pensaient de la vie : obéis, travaille, grandis, gagne de l’argent, maries toi. Wally a compris très tôt que ce n’était pas ça qu’il voyait pour son avenir. Il se sent étriqué dans cette petite vie provinciale, aussi restreint que pendant les interminables heures de cours pendant lesquelles tout ce qu’il attend est de pouvoir bouger, de pouvoir parler, de pouvoir faire tout ce qui n’est pas rester immobile à écouter les professeurs à longueur de journée. Le temps passe et tandis que ses cahiers se remplissent de mots des enseignants, ses parents s’éloignent pour ne devenir que des étrangers qu’il voit parfois au détour d’un repas tard le soir. Ses parents, c’est les cris d’une énième dispute, le goût amer dans sa bouche quand il essaie d’expliquer qu’il ne sait pas, qu’il ne peut pas être comme tout le monde. C’est la douleur de la main de son père qui claque contre sa joue et la frustration de voir sa mère accoudée à la fenêtre, cigarette à la main.

Il est partout. Sur les murs de sa chambre, sur ses étagères, dans les marges de ses cahiers ; un badge accroché à son sac à dos. Flash, il est dans ses rêveries quand il ne peut pas se concentrer, dans chaque foulée de ses pas quand il essaie de battre son record de vitesse dans l’allée derrière chez lui. En ce moment, il est surtout dans le regard désapprobateur de son père – « quand est-ce que tu vas grandir, Wallace ? » - et les moqueries de ses camarades de classe. – « personne rejoindra ton fanclub, West ! » -. Mais Wally s’en fiche. Parce que Flash, c’est son héros. Il sauve le monde, sans avoir besoin de reconnaissance. Il arrive, agis et repart, loin des autographes et des appareils photos. Flash, il est libre , libre d’aller où il veut, quand il veut, sans limites, sans rien personne pour l’arrêter. Et un jour, Wally le sait, il sera comme lui.

Elle n’a que six ans de plus que lui, et pourtant il ne peut pas s’empêcher de voir en elle tout l’amour maternel qu’il ne trouve pas chez lui. Iris, c’est le rayon de soleil dans sa vie morose, c’est celle qui l’attrape par la main pour qu’ils partent à l’aventure dans la chaleur douce de l’été, pour qu’ils aillent grimper à l’arbre fruitier dans le jardin de grand-père Ira. Parce qu’Iris, elle comprend ce que c’est, d’être une tornade humaine, de ne pas pouvoir simplement suivre le courant mais de devoir constamment le remonter à contresens. Tous les deux, ils sont inséparables. Et lorsqu’elle rencontre un homme qui pourrait lui présenter son héros, c’est elle qui réalise son vœu le plus cher. C’est elle qui rend possible l’évènement qui change tout ce qu’il est et deviendra. Quelques fois, Wally se dit que c’est Iris qui a commandé l’éclair de le frapper ce jour-là. Parce qu’elle est comme ça, Iris. Elle a cet air de magie autour d’elle, ce sourire qui te dis que tout est possible si on aime assez la vie.

Il ne paie pas de mine, comme ça. Avec ses chemises bien repassées, ses airs de premier de la classe et sa manière d’être toujours en retard. Mais maintenant qu’il sait, Wally se dit qu’évidemment que c’est lui. Il a les mêmes jeux de mots un peu ringards, cette confiance en lui naturelle qui donne envie à Wally de le suivre jusqu’au bout du monde. Et c’est ce qu’il va faire, d’ailleurs. A l’autre bout de la planète, en quelques minutes à peine – en quelques secondes, il se promets, très bientôt -, peu importe, il est Kid Flash, maintenant. Il se sent invincible, dans son costume aux couleurs éclatantes, le symbole qu’il a dessiné plus de fois qu’il pourrait compter fièrement affiché sur sa poitrine. Il se sent indestructible, imbattable et plus que tout impossible à arrêter. Il court avec lui, apprends à se battre avec lui, apprends à contrôler cette incroyable force qui crépite constamment dans son corps et qui ne demande qu’à être libérée. Entre deux foulées, à la vitesse du son, en regardant le monde défiler devant ses yeux comme un film au ralenti, Wally ne s’est jamais senti aussi calme.

Wally ne sait pas comment il aurait pu supporter le secondaire sans Frances. Il la connait depuis la primaire, depuis qu’il s’est assis à côté d’elle dans le bus de ramassage scolaire qui passait dans leur petite ville. Elle a le même goût que lui pour l’aventure, pour l’adrénaline d’enfreindre les règles et les fous rires après avoir échappé aux ennuis. Elle est la vice-présidente (et unique membre) du Flashclub. Elle est celle qui le ramène sur terre quand son esprit s’éloigne trop loin pour qu’on comprenne de quoi il parle, celle qui se moque de lui quand il se prend un énième râteau. Et pourtant, c’est elle qui est la toute première à accepter de devenir plus qu’une amie, malgré ses mauvais jeux de mots et ses idées débiles. Elle a été pendant si longtemps sa meilleure amie qu’il se rend compte qu’il a du mal à la voir autrement, même quand elle pose ses lèvres contre les siennes.  Frances, qu’il voit s’éloigner de lui petit à petit sans qu’il ne sache vraiment quoi faire. Ils ont changé, tous les deux – il voit difficilement comment ils auraient pu changer plus que ces derniers mois. Il voit la douleur dans ses yeux, la souffrance dont elle refuse de parler malgré ses propres essais maladroits d’approcher le sujet. Il sait qu’elle est différente et qu’elle a peur de ce dont elle est à présent capable. Elle sait qu’il n’est plus le même, lui non plus. Wally pensait avoir compris que sa vie ne serait plus jamais la même après être devenu un méta-humain, mais il n’avait pas réalisé que cela compterai pour l’une des seules personnes qu’il pensait garder à ses côtés toute sa vie.

Ils sont un drôle de mélange, tous ensemble : aliens, clones, demi-déesses, ninjas et autres métahumains, ce sont des adolescents souvent instables avec des super-pouvoirs ; et ils ne devraient franchement pas être laissés hors de surveillance, et pourtant Wally a l'impression qu'ils étaient faits pour être ensemble. Au milieu du chaos qu'est le Mount Justice, du clash de fortes personnalités parfois incompatibles, les jours ne sont jamais les mêmes et l'atmosphère vibre d'énergie. C'est le genre d'endroit que Wally est heureux d'appeler chez lui.   Après tout, ils ont tous un point commun : ils veulent tous sauver le monde, peu importe leurs raisons, leurs motivations. Et Wally se retrouve pour la première fois à se demander quelles sont les siennes. Lorsqu’il ferme les yeux, il revoit les traînées de fumée et l’odeur de mort qui planait sur la ville après Darkseid, et il se demande encore comment il a survécu. Ce n’était pas un braquage de banque à Central City, ce n’était pas l’arrestation d’un rogue avec le code d’honneur de ne pas tuer. C’était le chaos, la peur de mourir et l’impression d’impuissance, peu importe à quelle vitesse il courait. Wally ne veut pas revivre ça. Il a l’impression d’avoir grandi, d’avoir vu que ce qu’il prenait pour un jeu est nettement plus sérieux. Il veut apprendre à devenir un héros digne de ce nom, et peut être autre chose que la copie miniature de Flash. Il veut l’adrénaline, la victoire le sourire aux lèvres et se battre aux côté de sa famille, celle qui compte. (Et si possible, l'attention d’une jolie fille !)