❝ Let us die young or let us live forever, we don't have the power but we never say never.❞ Forever youngDiamond district. Bien à l'abri derrière ses remparts de verre, tout la bonne société de Gotham menait la belle vie en faisant semblant d'oublier que bien des étages plus bas, une population moins privilégiée égrenait les jours comme des perles de plastiques sur un fil bon marché. Toujours prête à rompre. Mais pouvait-on espérer autre chose de ces gens là ? Parce qu'il était bien plus facile de tout régler à coup de black card pendant que le reste du monde vivait les pieds dans la fange. Mais il était un censeur qui vous rappelait que vous étiez finalement bien peu de choses, peu importe le nombre de zéro sur votre compte en banque. Et ce censeur là se fichait bien de votre origine sociale. La Mort était une maîtresse impartiale. Sa récolte fauchait sans faire la moindre différence et Gabriel Lafitte venait de l'apprendre de façon brutale.
Artemis éteignit l'écran de sa tablette d'un geste impatient. L'image de l'homme en costume élégant, verre à la main, s'effaça subitement. Celui qui était venu la trouver quelques jours auparavant n'était plus que le fantôme de cet homme là. Les traits émaciés et le teint blafard de celui qui entend déjà le décompte final au loin. Lafitte, n'en avait plus pour longtemps et ça se voyait aussi bien qu'on l'entendait à l'urgence dans sa voix. Artemis ne s'était pas vraiment prise d'empathie pour ce mafieux qui avait éveillé en elle quelque chose de profondément déplaisant mais le nombre de zéro qu'il avait aligné sur son contrat avait suffit à faire pencher la balance en sa faveur. D'autant plus que l'objet de ses recherches, résolument fantaisiste avait suffit à éveiller sa curiosité. Il fallait être sacrément désespéré pour se mettre en quête d'un artéfact tout droit sorti d'un conte nordique vieux de plusieurs millénaires. Mais l'amazone s'était bien gardée de lui apprendre que les pommes d'Idunn sur lesquelles il avait jeté son dévolu étaient loin de n'être que les proverbiales pourvoyeuses de jeunesse éternelle pour lesquelles on les avait faites passer. La magie offrait toujours une contrepartie en échange de ses services et il fallait être sacrément déterminé pour accepter d'en payer le prix. Mais il n'était pas de son ressort de tenter de l'en dissuader. Il l'avait engagée pour les lui ramener, elle se contenterait de le faire.
Apolline fit la connaissance de Gabriel Lafitte quelques jours seulement après avoir intégré le milieu du crime organisé en Amérique du Nord. Sans doute heureux de retrouver une tueuse à gage française sur la Côte Est des Etats Unis d’Amérique, ce dernier accepta de lui confier une première mission importante qu’elle accomplit avec succès. Satisfait de l’efficacité de sa compatriote, Lafitte lui confia ensuite une série de contrats plus dangereux et importants les uns que les autres, mais qu’elle honora toujours avec beaucoup de brio. La jeune femme fut ainsi une des premières personnes au courant du cancer des os de celui que la presse aimait surnommer « Le Napoléon du Monde Criminel ». Une nouvelle qui ne l’affecta que très peu, puisqu’elle n’avait au final jamais eu que des rapports professionnels avec cet immigré français, qui était devenu en seulement quelques années un des hommes les plus dangereux de toute la pègre américaine… et ce même si son empire n’arrivait pas à la cheville du légendaire clan Falcone.
Quoi qu’il en soit sans doute conquis par le professionnalisme de la d’Harcourt, fut chargée d’une mission d’une importance vitale pour son patron. En effet ce dernier était désormais bien décidé à s’emparer des légendaires Pommes d’Idunn afin de soigner de son cancer et au passage d’obtenir la vie éternelle. Malheureusement ces étranges artefacts était actuellement détenus par « The Omnipotent » Richard Magnussen, un des plus grands trafiquants d’objets prétendument magiques du monde. Prétendument, car l’ancienne agent de la DGSE ne croyait pas en ce genre de bêtises et qu’elle n’avait accepté cette mission uniquement pour le paiement absolument astronomique que Lafitte lui avait promis en échange de ces fameux « fruits » et donc de sa guérison.
Et alors qu’Apolline avait commencé à élaborer son plan et qu’elle s’apprêtait à agir seul, son employeur la rappela pour lui dire que compte tenu de la difficulté de la mission et de son importance vitale, elle allait devoir travailler en équipe avec une méta-humaine nommée Artémis. Cette nouvelle ne fit pas très plaisir à l’européenne, mais elle accepta sans trop broncher afin de ne pas passer pour plus associable qu’elle l’était déjà. L’ex-espionne entra donc en contact avec sa partenaire via internet afin d’échanger, de se mettre d’accord et de perfectionner leur plan. Ce n’est qu’après plusieurs jours, qu’elles se fixèrent un lieu de rendez-vous, dans une villa cosy de Diamond District à Gotham City. Cette maison ayant l’avantage d’être à seulement quelques mètres de celle de l’actuel propriétaire des Pommes d’Idunn.
La d’Harcourt arriva très discrètement là-bas aux alentours de vingt-et-une heure et se rendis compte qu’elle n’était pas la première et que son équipière d’infortune devait déjà être là à l’attendre. Pressée, mais prudente, elle pénétra donc dans la demeure, puis monta les escaliers pour finalement se retrouver en face d’une rousse à l’apparence à la fois farouche et sauvage. Malgré cela elle était plutôt jolie. Apolline esquissa donc un petit sourire avant de s’approcher de cette fameuse Artémis.
« Tu dois être Artémis ? Enchantée… les hommes de Lafitte me connaissent essentiellement sous le pseudonyme de Milady, mais tu peux m’appeler Apolline. Enchanté. »
Rajouta-t-elle en français et en souriant avant d’ouvrir sa valise, remplie de robes, d’armes et d’autres objets High-Tech. Bref le kit de la petite espionne ou de la parfaite cambrioleuse. En arrivant jusqu’à Diamond District, Apolline avait appris via l’un de ses informateurs que Magnussen avait fait renforcé la sécurité de sa demeure. Pour protéger ses biens le norvégien avait rassemblé autour de ses murs une dizaine de chiens de gardes affamés, des mercenaires armés et surentraînés ainsi qu’un méta-humain. En plus évidemment de toutes ses installations high-tech anti-cambriolages. La jeune femme ne savait pas si ce type était réellement omnipotent, mais en tout cas il était surprotégé. « J’ai eu de nouvelles informations et apparemment il va falloir trouver une technique discrète et efficace pour voler ses pommes là… » Dit-elle en se caressant le menton pensive, elle avait peut-être une idée. Mais elle voulait d'abord savoir si cette "amazone" était prête à la suivre dans cette galère.
❝ Let us die young or let us live forever, we don't have the power but we never say never.❞ Forever youngPremière prise de contact entre les deux équipières d'un soir. La femme qui apparu s'exprima dans un français qui laissait entendre qu'elle n'était pas du coin. Artemis lui répondit d'un signe de la tête sans trop s'étendre, encore occupée à la jauger du regard. Lafitte avait absolument tenu à ce qu'elles opèrent en duo, arguant que Milady, en plus d'un précieux soutien logistique était dotée de capacités qui justifiaient largement que l'on fasse appelle à elle. Pourquoi avoir contacté l'amazone dans ce cas ? C'était un mystère qu'elle ne s'expliquait pas mais dont elle comptait aisément profiter.
« Artemis. » Répondit-elle succinctement à ces présentations improvisées
Puis son regard se porta quelques secondes vers la fenêtre, comme pour tenter d'évaluer où en était la situation. Apolline était occupée à déployer son matériel et elle lui accorda un coup d'oeil intéressé sans pour autant élaborer. Elle n'avait pas tort sur un point, leur cible du soir ne leur facilitait pas la tâche. Sentant le vent tourner, Magnussen s'était entouré d'une garde rapprochée plus draconienne que d'ordinaire. Elle en avait entraperçu qui rodaient derrière les fenêtres de leur employeur comme des fantômes. Assez peu discret mais diablement efficace en matière de persuasion. A moins que tout cet étalage ne soit là que pour sauver les apparences et que le magnat des affaires ait dissimulé autre chose de plus létal derrière ces volets fermés.
Serait-elle éternellement destinée à courir après quelque chose ? Il lui semblait que le monde n'avait pas changé depuis son réveil, ou si peu. La différence, elle la voyait dans certaines images qui remontaient parfois à l'improviste. Des échos malvenus et des sensations dont elle n'avait que faire. Le monde avait repris sa place en lui laissant l'impression d'être étrangement sorti de son axe. Tout était redevenu normale mais pas complètement. Et au milieu de tout ça, chacun faisait de son mieux pour donner le change.
« Il y a eut beaucoup trop d'allers et venues ces dernières heures, remarqua-t-elle, cet homme est fébrile où il a changé de plans. »
Peut-être était-ce la période mais elle avait assisté à un ballet incessant dans la rue ce jour là. Comme une fourmilière qui n'était pas prête de trouver le repos. Assez peu étonnant en ces périodes de fêtes où les décorations s'étaient mises à fleurir aux balcons tel des bouquets de fleur au printemps mais tout de même. Comme pour vérifier ses dires, ses doigts vinrent effleurer les rideaux pour jeter un œil. Au dehors la nuit était définitivement tombée sur Diamond district, déchirée par les flash épileptiques des guirlandes de Noël qui habillèrent fugitivement la pièce de rouge et de vert. Elles se regardèrent longuement, l'amazone observant l'assassin dont les traits s'étaient parés d'éclairs colorés qui disparurent dès qu'elle laissa retomber le rideau. Drôle de période où le monde se drapait de décorations bon marché comme pour oublier que l'hiver n'était pas loin. Elle n'arrivait toujours pas à saisir l'essence de ces traditions résolument occidentales.
« Mais à en croire Lafitte, ça ne devrait pas te poser problème ? » Insista-t-elle
Elle n'était pas encore totalement ravie de devoir forger une équipe avec une parfaite inconnue, dût-elle se présenter sous les traits de cette étonnante rousse. En dépit des assurances de son employeur à ce sujet, elle avait besoin de se faire sa propre impression. Sa main fit défiler les pages de sa tablette restée sur le plan de travail, comme dans une tentative de s'occuper, effleurant des plans qu'elle avait revu des dizaines de fois ces dernières semaines. Des cris et la rumeur des chants montèrent dans l'air. On donnait une fête quelques maisons plus loin. L'agitation pouvait leur être salutaire. Mais ça signifiait également beaucoup trop de témoins dans les alentours.
« Il doit être fou ou suffisamment désespéré pour tenter un plan pareil. » Marmonna-t-elle pince sans rire
S’il avait connu le succès assez rapidement, Gabriel Lafitte n’était en revanche entré dans le cercle très fermé des grands parrains de la pègre américaine assez tardivement. Il voyait donc le cancer qui était en train de le ronger, comme une punition divine qui s’était abattue sur lui pour l’empêcher de jouir de sa nouvelle réussite. Et pour en profiter pleinement il était prêt à tout, même à débourser plusieurs millions afin que de s’emparer de pseudo artefacts magiques. Apolline trouvait cette obsession pour les “Pommes d’Idunn” absurde, mais en employée modèle elle avait acceptée de se lancer dans cette quête en échange d’une très grosse somme d’argent. Au fond elle se fichait bien de savoir si ces objets allaient guérir le criminel ou non, tout ce qu’elle voulait c’était réussir sa mission afin qu’il remplisse son compte en banque le plus rapidement possible et qu’elle puisse tranquillement passer à autre chose. « La peur de la mort demeure la plus grande peur de l’être humain… pour la vaincre il est prêt à s’accrocher à n’importe quelle chimère… » Dit-elle pour répondre à la dernière phrase de sa partenaire d’infortune qui se tenait en face d’elle, juste devant la fenêtre. La française observa la dénommée “Artémis” pendant quelques secondes, elle n’avait pas l’air d’une ancienne militaire, ou d’une mercenaire surentrainée. Mais elle ne semblait pas tout à fait normale pour autant… Outre le fait d’être une très jolie femme, elle dégageait quelque chose, une certaine force de caractère d’abord, mais aussi une aura de puissance. Un peu comme Wonder Woman. Ce pourrait-il que la belle rousse soit une meta-humaine ? C’était fort probable ! Quoi qu’il en soit et quelque soit son don, la d’Harcourt savait que pour une fois elle allait sans doute avoir besoin de ses capacités pour réussir sa mission.
Car Magnussen qui ne s’amusait pas à se faire surnommer “l’Omnipotent” pour rien, avait appris d’une manière ou d’une autre que quelqu’un convoitait ses trésors et s’était retranché dans ses appartements entouré de ses meilleurs éléments et notamment de quelques méta-humains assez dangereux.
« Je ne sais pas ce que t’as dis Lafitte sur moi, mais je ne suis pas Superman non plus… Magnussen a fait appel à une grosse agences de mercenaires afin que cette dernière assure sa sécurité et protège les objets qui se trouvent dans la maison ! Certains de ces mercenaires sont des surhumains et ils pourraient donc nous causer de graves problèmes… Heureusement j’ai un plan pour éviter d’avoir à les affronter... »
Après son petit discours l’européenne s’approcha de sa valise, la posa sur le lit et l’ouvrit pour en sortir deux belles robes. Des vêtements mondains qui correspondaient parfaitement au quartier bourgeois dans lequel elles se trouvaient depuis tout à l’heure. Apolline attrapa ensuite l’une des robes et la tendit à sa partenaire tout en tirant une nouvelle fois les rideaux afin de lui montrer la maison qui se trouvait juste à côté de celle de Magnussen. L’ancienne agent de la DGSE avait déjà quelques idées, mais elle préférait d’abord en parler à la mystérieuse Artemis qui n’avait pas l’air d’être une personne très facile à convaincre. « Une grande fête de Noël va avoir lieu dans cette villa. Hors il s’avère que la cave de cette dernière est accolée à celle de la maison de Magnussen. Nous n’avons qu’à nous inviter à cette petite fiesta, puis descendre à la cave pour nous infiltrer chez l’ennemi… »
En réalité ce plan ne plaisait pas trop à la française, mais c’était la seule chose qu’elle avait trouver pour passer inaperçue et éviter d’avoir à risquer sa vie contre des gaillards capables de cracher de l’acide ou de trancher une plaque d’acier avec leurs ongles. En tant qu’ancienne espionne, jouer la mondaine et jouer la comédie au milieu du gratin de Gotham ne la dérangeait pas trop… mais ce n’était vraiment pas son rôle préféré ! « Alors qu’en dis-tu ? » Bon ce qu'elle n'avait pas dit à sa partenaire c'était que la fête à laquelle elle allait s'incruster sans invitations était organisée par un cousin de la famille Maroni...
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Dernière édition par Apolline d'Harcourt le Dim 24 Fév - 17:17, édité 1 fois
❝ Let us die young or let us live forever, we don't have the power but we never say never.❞ Forever youngLa peur. Capable de faire tourner le monde presque aussi bien que le pouvoir ou l'argent. Les mortels étaient si conscients de leur fragilité qu'ils étaient capables des pires folies pour retarder l'heure de faire les comptes. Mais ils finiraient tous par y passer un jour et un sursis ne restait jamais que quelques années supplémentaires à passer en ce bas monde. Un rabais en somme. Artemis en avait vu des dizaines capables de dépenser toute leur énergie dans ce genre de pari fou. Entreprises qui finissaient rarement par payer leurs fruits.
« Les Mortels devraient sérieusement se méfier de ce genre de mirages. » répondit-elle sombrement
Mais elle n'était pas là pour se répandre en réflexions sur le mode de vie de Lafitte et consort. Après tout, n'en profitait-elle par largement ? La suite ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde. Magnussen n'avait pas lésiné sur les moyens pour se protéger et elle ne pourrait pas se reposer sur ses lauriers en considérant qu'elle aurait face à elle le genre d'adversaire qu'elle croisait habituellement à Gotham. Artemis, si elle ne baissait jamais vraiment la garde s'était trop habituée à tomber sur des mortels sans grande envergure pour tout adversaire. A en croire la rousse, cela risquait d'être un peu différent ici. Elles avaient pu s'échanger des renseignements en amont mais il n'était pas exclut que leur cible conserve quelques surprises qu'il n'avait pas dévoilé au public. Et si Artemis était parvenue à mettre la main sur quelques noms, elle n'avait pas obtenu la liste complète de toute sa garde rapprochée.
« Surpuissants comment ? J'ai pu relever quelques profils parmi ses hommes mais le bougre m'a l'air d'être le genre à garder ses meilleures cartes dans sa manche. »
La robe de soirée lui échoua dans les bras dans une pluie chatoyante qui lui arracha un regard perplexe. L'amazone ne s'avisa pas de déplier le vêtement dans la foulée, contemplant la tenue qui brillait d'un éclat vert sous les lumière tamisées de la pièce. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était entièrement ravie de cette idée mais devait reconnaître qu'elle n'était pas totalement dénuée de sens. Elle ne doutait pas que ce genre d'habit ne lui permettrait pas d'être aussi équipée qu'à l'accoutumée et l'idée de partir à l'assaut de cette villa sans le poids familier de son armure contre elle ne lui était pas totalement plaisante. Elle était cependant consciente qu'il lui était impossible de foncer tête baissée dans ce genre de mission. Elle qui était plutôt du genre direct devait admettre qu'il lui faudrait un peu plus de stratégie pour s'en sortir sans trop de dommage.
« Tu as un moyen de nous introduire à cette fête ? Nous aurons moins d'équipement à disposition, marmonna-t-elle, cela nous permettrait de court-circuiter pas mal d'obstacles mais ce genre de tenue ne nous permettra pas d'être très armées. »
Elle avait l'avantage de pouvoir faire appel à Mistress à n'importe quel moment et certaines des protections qu'elle portait pouvaient passer sans lui donner un style trop fantaisiste. Mais elles allaient tout de même devoir s'organiser. Et avec le temps qui passait, elles allaient devoir s'y mettre rapidement.
Un silence pesant s'installa alors qu'elles se préparaient et les minutes semblèrent s'allonger en heures. Un coup d'oeil dans une glace lui renvoya son reflet, image incongrue que de se voir affublée d'une tenue qu'elle n'avait que peu le loisir de porter habituellement. La robe ne la restreindrait heureusement pas trop dans ses mouvements et était dotée de manches qui couvrirent partie des bracelets de métal qu'elle passa à ses avant-bras, l'une des rares protections qu'elle avait pu conserver. Mais la légèreté du tissu sur ses épaules lui donnait la désagréable impression de se présenter au combat en était totalement désarmée.
La rumeur des rires et de la musique montait doucement de la rue, comme une invitation à rejoindre la fête. Artemis n'était pas tellement d'humeur à mimer le rôle de la mondaine venue s'amuser à une énième soirée mais pris tout de même un air suffisamment neutre pour ne pas passer pour de la réticence. Il s'agissait de rester professionnelle, ses a priori n'avaient pas court dans ce genre d'affaire. Et si elle n'y mettait pas du sien elles risquaient de ne pas faire long feu.
Apolline comprit en un clin d’oeil que sa partenaire d’un soir n’était pas faite pour l’espionnage ou l’infiltration et qu’elle était plutôt de ceux qui foncent dans le tas sans réfléchir. Et cela n’avait rien d’étonnant puisque la belle amazone à la crinière rousse avait un corps taillé pour le combat au corps à corps. Attaquer tête baissée aurait été aussi simple que rapide, mais la présence de meta-humains avait poussé la française a privilégié une stratégie moins frontale et surtout beaucoup moins dangereuse… au plus grand damne d'Artémis qui ne tarda pas à lui poser quelques questions à propos de ce fameux “Plan B” qu’elle semblait accepter sans pour autant être totalement emballée par l’idée. L’européenne n’était elle non plus pas très heureuse de devoir jouer la potiche à une soirée pleine de mafiosos misogynes, mais ses années à la DGSE lui avaient apprit à mettre son égo de côté pour atteindre ses objectifs.
« Je travaille régulièrement pour la famille Maroni, du coup je n’ai aucun mal à me procurer deux invitations pour cette soirée. »
Puis l’ancienne espionne esquissa un petit sourire lorsque l’amazone déplora le fait qu’une fois vêtue de leurs robes de soirée elles ne pourraient pas dissimuler beaucoup d’armes. Lafitte avait semble-t-il prit la décision de l’associer à une personne sans aucune notion d’infiltration. Mais si cette Artémis était à ses côtés c’était sans doute parce qu’elle était une combattante exceptionnelle et qu’elle pouvait s’occuper facilement des méta-humains qui composaient le service de sécurité de Magnussen. Alors afin de la mettre un petit peu plus à l’aise, Apolline s’en alla chercher une petite caisse dans la pièce d’à côté et la sortie sur le lit… il s’agissait de son équipement de tueuse à gage, le kit de la parfaite petite espionne. La brune attrapa alors une petite pochette de marque et en sortie deux rouges à lèvres, l’un de la marque Guerlain et l’autre frappé des initiales d’Yves Saint-Laurent. Ni une ni deux, la d'Harcourt pressa un minuscule bouton sur le premier qui se transforma presque aussitôt en un petit javelot en acier d’environ un mètre de longueur et quatre ou cinq centimètres de largeur. Apolline laissa s’échappa un petit rire satisfait avant d’appuyer une nouvelle fois sur le fameux bouton pour que l’objet reprenne sa forme initiale, là elle l’envoya sur la rouquine qui l’attrapa sans problème.
« Je ne peux pas vraiment te montrer comment fonctionne le second. En vérité il s’agit d’une mini-grenade… Il suffit de l’ouvrir pour la dépouiller. C’est sûr que ça ne vaut certainement pas une hache de 40 kilos, mais tu te sentiras peut-être un petit peu moins nue avec cela. Et vu que j’ai compris que ta spécialité était le corps à corps… il doit y avoir quelques autres armes blanches dans ma boite à malice… de vieux souvenirs de l’époque ou je bossais encore pour les services secrets français... »
Avoua-t-elle en fronçant les sourcils… si fut un temps elle était extrêmement fière d’appartenir à la DGSE, désormais elle ne pouvait plus voir celle-ci en peinture ! Quoi qu’il en soit au bout de quelques secondes elle laissa sa partenaire s’habiller et alla s’équiper dans la pièce juste en face… Elle en profita pour changer de chaussures et mettre de beaux talons piégés qui habitaient chacun une longue lame en céramique indétectable par les détecteurs de métaux et tranchante comme une lame de rasoir et presque aussi résistante que de l’acier. « Hey tu es plutôt pas mal pour une géante... » S’exclama Apolline en retournant du côté de sa partenaire, qui venait elle aussi de terminer de se préparer. Si Magnussen était réellement “omnipotent” il allait certainement les accueillirs avec l’art et la manière, mais au fond d’elle, l’européenne savait très bien qu’elles étaient prêtes à se mesurer aux chiens de gardes du dangereux trafiquant d’art norvégien.
Après quelques minutes le drôle de dua se retrouva au bout de la rue devant la magnifique demeure de la famille Maroni… « Essaies de rester naturelle hein... » Lâcha-t-elle en donnant un petit coup de coude dans les côtes de la grande rousse située à quelques centimètres d’elle.
❝ Let us die young or let us live forever, we don't have the power but we never say never.❞ Forever youngSi elle laisse échapper un regard perplexe lorsque l'espionne fit étalage de son arsenal, elle se garda bien d'en dire plus. Tout cela était plutôt inédit mais pas au point qu'elle soit complètement en dehors de sa zone de confort. Artemis avait eut l'occasion de côtoyer les mortels suffisamment longtemps pour se faire une bonne idée de l'étendue de leur équipement. Mais elle revenait toujours à ses anciennes habitudes, parce que c'était encore ce qu'elle maîtrisait le mieux et que la technique avait fait ses preuves. Aussi empocha-t-elle ce que lui tendit sa coéquipière d'un soir. Il n'était plus temps de reculer et maintenant qu'elles se tenaient devant l'entrée, la musique et les rires résonnaient à ses oreilles comme une alarme. Ce n'était pas le moment de perdre en concentration.
« C'est vous autres mortels qui restez désespérément trop petits. » répliqua-t-elle pince sans rire
Elle avait l'habitude de dépasser tous le monde d'une tête ou deux. Et si la sensation l'avait surprise dès les premières fois où elle s'était aventurée dans le monde des hommes, elle s'y était faite sans trop de mal et y trouvait parfois quelques avantages. Bien que ça ne soit pas la meilleure méthode pour passer inaperçue étant donné que beaucoup de regards avaient tendance à se retourner sur son passage. Un employé en costume se chargea d'examiner leurs prétendues invitations d'un œil critique avant de les laisser passer d'une courbette affable. La porte s'ouvrit sur un déluge de musique et du bruit des verres qui s'entrechoquent. L'espace de quelques secondes, l'Amazone se senti projetée dans un autre monde et se figea interdite en voyant un plateau chargé de verre se présenter sous son nez, tendu par un serveur zélé. L'opportun fut éconduit d'un geste indifférent alors qu'elle se tournait vers sa nouvelle alliée.
« Je ne pense pas que me demander de rester au naturel, soit une si bonne idée que ça. » répondit-elle en écorchant l'expression au passage
Son naturel à elle ne lui permettrait pas de faire illusion très longtemps. Non pas qu'elle se fut jamais aventurée dans ce genre d'endroit. Il lui avait déjà fallut se mêler à quelques fêtes mondaines, d'autant plus depuis qu'elle avait commencé à remonter la piste de Cobblepot grâce à Arthur Curry et à son mystérieux registre. Mais tout ceci était une histoire pour un autre jour et elle avait bien une mission ce soir. Mais l'ambiance était ici toute autre. On avait remplacé les airs sulfureux par des chants de Noël et des décorations parées des traditionnelles teintes rouges et vertes. Mais ça n'empêchait pas que rien de tout ceci n'ai l'air vrai. Et les sourires plaqués sur les visages des invités sonnaient aussi faux que ce décor en carton pâte.
« Combien de temps devons nous rester ? » Marmonna-t-elle en surveillant les convives d'un air indifférent
Impossible de parler à visage découvert ici, il y avait beaucoup trop d'oreilles indiscrètes. En surveillant la grande pièce où elles tentaient de circuler, son regard s'était posé sur une porte ouverte sur le corridor qui ramenait au double escalier de l'entrée. Toutes ces vieilles demeures étaient pleines de coins et de recoins, de portes dérobées et de pièces innombrables, elle se félicita d'avoir mémorisé le plan des lieux pour l'occasion. Mais si elle avait identifié sa route à prendre, il ne s'agissait pas de déclencher l'attention en se précipitant. Un autre de ces spectres en livrée lui fourra un verre à pied dans les mains et l'Amazone dédia à son acolyte un haussement de sourcil sceptique. Ces employés étaient-ils entraînés à se déplacer sans que l'on s'en aperçoive ? Une exclamation joyeux la coupa dans ses tergiversation et Artemis se hérissa en sentant qu'un bras se glissait sous son coude sans y avoir été invité.
« Ma chère ! Quel plaisir de vous voir ici ce soir ! Je ne crois pas vous avoir déjà vu parmi nous ? »
Qui que se soit, il avait manifestement déjà bien profité de la fête et la coloration rosée de ses joues ne laissait aucun doute sur la nature de ses consommations du soir. Pinçant légèrement les lèvres, Artemis ne le gratifia que d'un salut discret, ôtant son bras du sien d'un geste sans équivoque.
« Allons je suis certaine que vous ne connaissez pas la moitié de vos invités du soir. Mon cher. »
Une oeillade en direction d'Apolline. Elle espérait que l'espionne interviendrait pour lui éviter d'avoir à choisir une porte de sortie qui se terminerait à coup sûr dans la violence.
Apolline avait beau maîtriser de nombreuses techniques d’assassinat, elle n’en restait pas moins une ancienne espionne. L’infiltration et la discrétion étaient donc ses deux mots d’ordres… Malheureusement sa comparse d’infortune n’avait de toute évidence pas le même crédo, grande et antisociale, la pauvre femme n’était pas du tout à son aise au milieu de tout le gratin de la pègre de Gotham. L’amazone était certainement plus douée en baston, qu’en espionnage. Alors lorsque la française remarqua que sa collègue, était sur le point de perdre ses nerfs à cause de Giustiniano Martoni, la d’Harcourt vint à la rescousse en passant son bras autour de la taille du maître des lieux, avant de lui dire avec un petit sourire mielleux :
« Giustiniano, comme je suis heureuse de vous voir ! Encore merci de nous avoir invitée à cette magnifique soirée mon amie ! Et veuillez excuser ma compagne, elle n’a pas l’habitude de ce genre d'événements ! Elle est très tendue... »
Après tout ce baratin, Apolline se retourna et embrassa fougueusement la rousse - en montant sur la pointe des pieds - qui ne s’y attendait pas et qui mis quelques secondes avant de comprendre le petit manège de sa coéquipière. « Ne sois pas aussi coincée sinon on va se faire griller… » Lui chuchota-t-elle à l’oreille de la belle rousse avant de poser une main sur l’arrière-train de l’amazone et d’esquisser son plus beau sourire. Le sicilien, très certainement amadoué par le charme de la brune et par ce qu’il venait de voir se mis à rire aux éclats avant d’expliquer à ses invitées qu’il n’y avait absolument aucun problème et qu’elles étaient le bienvenue chez lui ! L’ancienne agent de la DGSI sauta alors sur l’occasion pour utiliser l’état d’ébriété avancée du Martoni…
« Mon amie est beaucoup trop timide pour vous le demander, mais elle adorerait visiter votre cave à vin, vous pensez que ce serait possible ? En plus là-bas nous serons un petit peu à l’écart… »
Demanda-t-elle avant d’effectuer un clin d’oeil au mafieux, qui accepta évidemment la demande des demoiselles, qu’il accompagna jusqu’à la cave à vin… Une fois là-bas il s’approcha dangereusement d’Apolline pour l’embrasser, mais elle passa rapidement derrière lui pour lui donner un coup derrière la nuque et l’assommer avant de le tirer dans un coin de la pièce. « Bon ça y est Xena la Guerrière maintenant tu vas pouvoir me montrer ta force en détruisant ce mur d’accord ? Mais essaie de ne pas trop attirer l’attention d’accord ? » L’infiltration était quasiment terminée et elles allaient pouvoir passer au moment le plus dangereux de la mission… le vol des Pommes d’Idunn… et pour cela, elles allaient devoir éviter, ou vaincre, une demi-douzaine de méta-humains prêts à mourir pour protéger les biens de leur patron. Mais pour cela Apolline qui n’était qu’une simple humaine, comptait sur les dons surhumains de la rouquine qu’elle avait embrassé quelques minutes auparavant.
❝ Let us die young or let us live forever, we don't have the power but we never say never.❞ Forever youngSi elle dû maquiller le haussement de sourcil perplexe qui lui vint face aux frasques de sa coéquipière, Artemis n'en demeura pas moins sceptique. Ces mortels n'étaient décidément pas à cours de ressources, quitte jouer un peu la comédie au passage. Une stratégie qu'elle rechignait souvent à appliquer, plus habituée à aller droit au but. Mais pour le bien de la mission, elle se garda bien de le montrer, se contentant de lui remonter le bras sur la taille d'un mouvement discret. La diversion n'eut pas l'air de perturber Martoni plus que ça et c'était même à se demander comment il pouvait prendre le risque de se montrer aussi désinvolte. Il devait avoir toute confiance en son service d'ordre ou faisait mine d'être plus ralenti qu'il ne l'était en réalité. Aussi, lorsque la française proposa d'aller visiter la cave, glissant dans sa phrase un sous-entendu gros comme le monde, l'Amazone se permit-elle de hausser les yeux au ciel face à l'empressement du maître des lieux. Tous prévisibles.
« Ne la croyez pas une seconde, renchérit-elle avec un sourire de façade, elle est au moins aussi empressée que moi. »
Ce qui n'était qu'un demi mensonge puisque si elle étaient pressées, c'était pour des raisons bien différentes. Aucun doute, le mafieux n'imaginait pas une seconde le fond de leur pensée. Ou alors il le cachait mieux que ce qu'elle aurait cru. Mais Artemis ne pouvait pas nier qu'elle avait hâte d'en finir avec les mondanités, voire même de partir d'ici. Elle n'était pas particulièrement inquiète pour la suite de la mission mais c'était surtout qu'elle n'aima pas complètement la sensation de ne pas avoir toutes les cartes en main.
Lorsqu'il s'effondra inconscient, l'Amazone eut pour lui un reniflement de dédain, venant lui secouer l'épaule du bout de sa chaussure comme on le ferait d'un objet particulièrement déplaisant. Aucun réaction, il était partie pour les bras de Morphée pour encore quelque temps. L'hématome qu'il ne manquerait pas d'avoir au réveil ferait une récompense largement méritée.
« Tu ferais mieux de ne pas me sous-estimer, tu serais surprise. » marmonna-t-elle plus pour elle même qu'autre chose
Le temps avait passé depuis qu'elle s'était mêlée au monde des Homme, et elle parvenait à se fondre dans la masse avec beaucoup plus de naturel à présent. Quand bien même sa culture d'origine soit radicalement différente. Les mortels, s'ils restaient parfois surprenants, ne constituaient plus cette énigme incompréhensible d'alors. Mais elle les observait avec la perplexité d'un explorateur devant une découverte inconnue.
Mais venait le moment de passer à des choses beaucoup plus pratiques. La comédie était désormais terminée. La rousse ne se fit pas prier. Un seul coup suffit pour faire trembler le pan de mur. Le plâtre vola en éclat et la pierre se fissura avant de tomber en morceaux dans un nuage de poussière. A travers l'ouverture, une nouvelle pièce se dévoila, une cave beaucoup moins accueillante, aux murs de pierre nue. Inutile de s'y connaître pour réaliser qu'on ne s'était pas embarrassé de décoration ici. De l'autre côté, un long couloir d'où ne tardèrent pas à venir des bruits de pas battant le béton. Abattre ce mur avait provoqué un fracas suffisamment retentissant pour alerter des gardes.
« Inutile de se cacher maintenant, railla-t-elle, plus de jeu qui tienne. »
Et elle ne croyait pas si bien dire. Deux silhouetteS émergèrent par l'entrée, les mettant immédiatement en joug. Mais ce n'était rien face à sa rapidité naturelle et elle se jeta sur le premier qui tenta vainement de répliquer mais se retrouva au tapis avant d'avoir pu réagir. Son acolyte cependant fut beaucoup plus rapide et l'amazone réalisa en un coup d'oeil qu'il n'était pas complètement humain. Fini de jouer.
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