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 who wants to live forever anyway || John

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Tefé Holland


Tefé Holland

independent soul

Messages : 2726
Date d'inscription : 29/05/2019
Face Identity : Taylor Momsen
Crédits : charles vess (sign) (c) underfoot-jessica (sign)
the sprout
Age du personnage : 24 ans
Ville : Un peu partout, ses racines sont profondément enfouies à Houma en Louisiane
Profession : Glandeuse, mais puisqu'il faut bien survivre, elle bosse ici ou là, jamais plus de quelques mois, et moins elle en fait, mieux elle se porte
Affiliation : Daphne sa copine laurier, Mercury son totem humain, Mercury son chien, Swamp Thing des fois, la nature toujours. Elle a été à la botte du Parlement des arbres pendant quelque temps quand elle était petite et refuse de revivre ça. Elle ne reconnaît aucune autorité humaine.
Compétences/Capacités : who wants to live forever anyway || John Dfg11

+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

who wants to live forever anyway || John Dfgh11

You
and me
and the devil makes three.

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Meet my best friends Daphne, Mercury and Mercury + The key

Clear & Green
who wants to live forever anyway || John Sans_158
Clean. Coincidence ? I think not !

phone + amazing tim + daphne : x-files + codename : strike team green + daddy...? + mom's story

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Imagine what you could be,
if you could set down
the burden of the Green.










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MessageSujet: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyJeu 5 Déc - 0:17

who wants to live forever anyway

Depuis la première seconde où elle avait atterri ici, elle entendant son appel, et il n’avait rien à voir avec celui qu’elle captait sans cesse sur son monde, comme un champ profond et accueillant, insistant et parfois péremptoire. Non, ici, c’était comme une pulsation dans tout son corps, qui l’empêchait de respirer. Contrairement au Green de sa Terre, elle ne se sentait pas obligée d’y répondre. Mais cette présence qui semblait avoir vidé son corps de tous ses organes pour s’y substituer et grandir à l’intérieur d’elle et pousser comme pour la faire éclater, allait finir par la rendre dingue. Alors, elle avait fini par enfin, après tout ce temps, et en désespoir de cause, par aller à la rencontre de ce grondement originel qui se faisait de plus pressant. Plus elle marchait, plus elle sentait le Green pulser dans tout son corps et lui voler sa respiration – « en fait, tu n’as pas vraiment de respirer », était une pensée qui l’envahissait comme le lierre. « Pas besoin de marcher. » « Pas besoin de voir ou d’entendre. » Autour d’elle, petit à petit, la végétation refaisait son apparition, d’abord le béton des routes et des trottoirs gondolés et fissurés par d’énormes racines noires et tordues, puis un vrai réseau de plus petites racines, des feuilles, des fourrés, comme si le parc avait débordé sur la ville. Et elle aussi changeait sans s’en rendre compte, ses mains, ses bras, ses jambes, son visage fleurissant, ses cheveux devenant comme de la paille piquetées d’herbes et de fleurs, sa peau prenant une teinte verdâtre et un grain boisé. Comme si, en s’approchant du parc, elle se défaisait de son humanité pour reprendre sa forme d’élémentaire.

Elle ne s’en rendait pas compte, le regard fixé sur le spectacle qu’offrait Hyde Park. Une masse. Un mur sombre et menaçant, même pour elle. L’orée d’un bois épais, dense, aux arbres tordus, à la végétation hystérique, comme l’œuvre d’un fou. Impossible de voir derrière les premiers troncs, au-delà il n’y avait que la pénombre, comme une énorme bouche vorace, animale, loin de la nature réfléchie, domestiquée telle qu’elle pouvait l’être sur sa Terre. Et de cette pénombre émanait l’appel du Green, respiration profonde et étouffante… Où était son père ? Était-ce son père, du moins son double, l’auteur de cette chose ? Elle s’était efforcée de ne pas penser à lui sans jamais y arriver. Elle était sûre qu’il n’était pas dans ce monde horrible. Mais s’il y avait un genre de Green, alors il y avait des avatars, et peut-être qu’au cœur de cette forêt reposait le Swamp Thing de cette Terre. Elle s’arrêta à l’orée du parc, tanguant doucement sur ses jambes. Son cœur battait au rythme des inspirations et des expirations de la forêt. Ici, ce n’était pas un lieu pour les humains. Ici, beaucoup d’entre eux étaient morts. C’était une nature comme Tefé n’en avait jamais vue sur sa Terre, une nature telle qu’elle avait dû être avant le premier homme.

À l’intérieur, ce n’était pas comme à l’extérieur, pas du tout. Ici, elle retrouvait la vie grouillante, mais aussi sauvage, sans pitié, la nature pragmatique, la règle du plus fort, ou du plus débrouillard. Des arbres qui s’entassaient sans ordre, dont les racines vampirisaient leurs voisins, du lierre parasite, des buissons aux feuilles coupantes. Pas d’oiseaux, quelques rongeurs peut-être, elle les sentait sans les voir, mais surtout des insectes, des millions d’insectes. Et toujours ce grondement, cet appel qui la portait en avant. Elle n’aurait pas su dire combien de temps elle marcha. Contrairement à d’habitude, la nature ne s’écartait pas sur son chemin, elle devait lutter pour avancer, elle devait le mériter. Mais elle savait aussi qu’elle était privilégiée. Elle savait que sous toute cette mousse épaisse et humide, il y avait des cadavres d’humains. Cela faisait longtemps que les hommes n’osaient plus s’aventurer ici, sauf les plus affamés, qui parfois réussissaient à s’emparer d’un des petits habitants du parc pour se nourrir. Cela ne l’avançait à rien d’être là. Elle ne trouverait pas d’alliés ici. Mais elle avançait malgré tout, comme un aimant. Jusqu’à ce que sous ses pas, la multitude grouillante de cafards, vers et autres mille-pattes se fasse plus présente, plus excitée. Elle aurait presque pu se faire emporter comme un tapis roulant. Faim. Faim ! Viens, faim, viens ! Impossible de communiquer avec ces animaux-là, mais elle se passait de mots. Elle se détourna de sa route, se détourna momentanément de la respiration caverneuse qui l’attirait, et franchit quelques bosquets, jusqu’à apercevoir dans la pénombre une silhouette allongée par terre. Humaine. Ensanglantée. Déjà, des colonnes de fourmis étaient parties à l’assaut du cadavre, et la mousse se trémoussait sous lui comme pour le dissoudre, l’avaler, le faire disparaître avec les autres.

Ce ne fut pas un mot qui franchit ses lèvres, plutôt un bruit, un mélange d’inspiration soudaine et d’exclamation étouffée. Elle s’avança jusqu’au cadavre et tomba à genoux à ses côtés. Posa une main sur son épaule pour le retourner, et les fourmis s’écartèrent comme la mer Morte pour laisser la place à ses doigts. D’un coup d’un seul, elle aurait pu redevenir une petite fille, quand bien même elle s’évertuait à ne pas voir en lui un père. En cette seconde, il était la seule famille qu’elle avait sur cette planète, et quand bien même elle avait souvent souhaité sa mort, il fallait qu’elle le trouve là, en train de se décomposer, pour se rendre compte qu’elle ne souhaitait pas vraiment qu’il soit mort mort. Juste un peu aurait suffi. Faim ! Mange ! Faim ! Avec un cri, elle chassa les fourmis et autres insectes qui lui avaient grimpé dessus, et la mousse et l’herbe qui avaient commencé à s’emmêler à son trenchcoat souillé recula, soumise. Elle les arracha à pleines mains, puis secoua John avec toute la violence dont elle était capable. Et ce faisant, elle se rendit compte qu’il n’était pas mort, en fait. Juste dans un sale état. Elle écarta les pans de son manteau durcis par le sang séché et noirâtre. Oui, il respirait. Et la forêt ne le clamerait pas tant qu’elle était là, à présent. Mais ensuite, quoi ? « John ! » Elle le secoua à nouveau, crut bien le voir ouvrir les yeux, puis avisa ses propres mains agrippées à sa chemise, les brindilles sur ses doigts, les feuilles plantées sur ses bras et secoua la tête. Peu à peu, sa peau reprit une teinte chair, ses yeux redevinrent normaux, ses cheveux retrouvèrent leur pâleur, même s’ils étaient toujours emmêlés et piquetés de feuilles mortes, et sans qu’elle s’en rende compte, elle était redevenue la partie Constantine d’elle-même, la partie humaine.

Elle ne lui ferait pas le plaisir de l’appeler papa. « Réveille-toi, abruti ! » Elle ne lui ferait pas l’honneur de pleurer de soulagement. Elle lui donna une gifle, pas trop fort, mais pas trop doucement non plus. Les insectes s’étaient réunis en cercle autour d’eux et sifflaient de colère, alors elle se leva et donna des coups de pied dans le tas. « Non ! Pas aujourd’hui ! Allez voir ailleurs si j’y suis ! » Et comme une bonne centaine tentait une approche de l’autre côté, elle enjamba John et piétina de ses pieds nus les assaillants. « J’ai dit non ! » Ils finirent par lui obéir, mais c’était si difficile, ici. Elle retourna s’agenouiller auprès du sorcier. « Bouge pas, je vais chercher de quoi te soigner. » Mais elle ne bougea pas non plus, attendant simplement qu’il lui montre que ça servait encore à quelque chose qu’elle s’inquiète pour lui, ou si c’était trop tard.

Codage par Libella sur Graphiorum - Gifs @kodaknight.tumblr
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John Constantine


John Constantine

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who wants to live forever anyway || John 4yJkA2m
Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
Ville : Vagabond, propriétaire de la Maison du Mystère, pilier de l'Oblivion Bar. Londres adoptive gravée dans l'ADN et dans l'âme, malgré la distance.
Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
Compétences/Capacités : who wants to live forever anyway || John 85a8a3d51020019278b631cf937a14cfcad7fdf6

Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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This so-called team... we don't actually have to like each other, do we?

who wants to live forever anyway || John ESXru4E

"Just what the world's been waiting for. The charge of the Trenchcoat Brigade."
"I heard that, Constantine."

who wants to live forever anyway || John W9uAU1i

who wants to live forever anyway || John 30ae37c27616373b20034d9ce37b6c58035eba23

"I'm not having you turning into my trusty sidekick or something." "Quick, Chas! To the piss-upmobile!"

who wants to live forever anyway || John 6c11e93a97cae60307dc5669cb069eabed308b6e

"I still don't know what kind of fate it is that makes us into bastards. I thought I came close once, but... I know it tries to get to us all. Us Constantines."

who wants to live forever anyway || John 7dda805dd115e47d68e72e5c3f9c35b4833eb3bd

"Be well, John."
"Say it backwards."

who wants to live forever anyway || John 5e5fbebd7366894de1126032655476dd11831d0c

"A trickster and an illusionist."

Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyLun 9 Déc - 22:39


who wants to live forever anyway


Il avait joué, il avait perdu. Ou alors il ne devait vraiment pas en être loin, vu que tout son corps hurlait de douleur et que des points dansaient devant ses yeux, ce qui, généralement parlant, était rarement signe de bonne santé. Surtout quand en plus on saignait abondamment d’une plaie à l’abdomen, et d’une multitude d’autres brûlures sanguinolentes un peu partout sur le corps – même son célèbre imperméable avait été sacrément entamé par la magie de Nebiros, et si le manteau s’en remettrait, John, en revanche, commençait à de se demander s’il aurait la même chance. L’imper avait des pouvoirs régénératifs, pas lui. Cherchez l’erreur. Ou l’injustice. Ou la justice. Ou les trois. Sa main se plaqua contre un mur de briques et y laissa une traînée de sang dramatique alors qu’il s’appuyait conte la paroi pour avancer péniblement, plié en deux, traînant sa carcasse dans une dernière course contre la montre sans avoir la moindre idée d’où était la ligne d’arrivée. Dans sa bouche, le soufre et le sang se mélangeaient et laissaient un arrière-goût répugnant qui lui donnait la nausée. Non, pas que. Nergal et son aura avaient un parfum bien à eux, nauséabond, comme de la chair en putréfaction, comme un acide dissolvant la peau, et c’était ce nectar-là qui courait encore dans ses veines, effets secondaires d’une utilisation prétentieuse et carrément inconsciente du cadeau que lui avait laissé le pire de ses cauchemars quelques années plus tôt. Il était mal. Il était vraiment très, très mal, et il gémit, pathétique, comme le chien dans le caniveau dont Nick avait raison de l’accuser d’être. Quel idiot il avait été. Certes, invoquer l’aura de Nergal avait suffit à distraire Nebiros le temps qu’il se carapate, mais le contrecoup était vraiment trop violent. Il n’arrivait même plus à se concentrer pour rétablir sa connexion avec la Maison, et il était à peu près certain qu’avec ses conneries, celle-ci n’arriverait pas à le trouver si elle le cherchait. Il était tout seul, dans une Londres dévastée et en guerre, avec des Amazones en furie et des Atlantes sanguinaires à chaque coin de rue. Tout seul, vulnérable, blessé, perdu. Retour à la case départ. Et comme toujours, parce que finalement, même John Constantine était une créature d’habitude obéissant à certaines routines immuables, comme à chaque fois qu’il touchait le fond et ne savait plus quoi faire, ni où se rendre, il se retrouvait inévitablement attiré vers le même endroit. La même aura. La même présence.

Il n’avait même pas réalisé qu’il avait traversé la rue et poussé le portail du parc. Son corps en autopilote ne suivait plus qu’un seul impératif. Poussé vers une seule présence rassurante, la seule à bien vouloir accueillir les paumés dans son genre dont plus personne ne voulait. Alec ? Un frisson le secoua, alors qu’il progressait peu à peu dans cette végétation aussi luxuriante que menaçante, qui se referma peu à peu sur lui jusqu’à en devenir claustrophobe. Où est Alec. Pâle comme la mort qui guettait sagement au-dessus de son épaule, il fronça les sourcils, titubant en trébuchant sur les énormes racines qui sortaient du sol comme autant d’artères et de veines – et paf, il s’étala par terre, et la terre pulsa sous son poids comme pour rejeter sa présence sale, souillée, humaine et démoniaque tout à la fois. Alec, qu’est-ce qui ne va pas avec le Green ? Parce qu’il y avait quelque chose de bizarre avec le Green, non ? Ou c’était lui qui débloquait ? Il le connaissait bien, le Green, John, et vice-versa, et ce Green-là ne le reconnaissait pas, et le rejetait en bloc, et John ne comprenait pas et sentit sa respiration accélérer en flèche sous le coup de la panique alors que son corps refusait obstinément de bouger, complètement engourdi. Rendu à la terre, comme ils devaient tous l’être. Et c’était le Green, de tous les dangers du monde, qui allait finalement le dévorer et l’engloutir tout entier. Son estomac se retourna alors qu’il sentait les racines s’enrouler lentement autour de ses jambes, et la mousse lentement pousser autour de lui, puis sur lui, puis sous lui, Green prédateur dont il s’était malgré lui fait la proie prise au piège. Et il frissonna une dernière fois, alors que les fourmis, mille-pattes, et autres insectes de la forêt de Hyde Park se lançaient à l’assaut de leur offrande, avant de sombrer tout à fait dans l’inconscience. John Constantine, silhouette désarticulée et sanguinolente, avalé par le Green. Pas tout à fait la fin à laquelle il s’était attendu, pour être honnête, mais, oh well. Who wants to live forever, anyway.

Une douleur fulgurante fit vibrer sa joue et l’arracha brutalement à son état comateux, et il ouvrit d’un coup les paupières et inspira comme s’il avait été trop longtemps privé d’oxygène. « Qui – quoi ? » balbutia-t-il, ou peut-être pas, est-ce que sa voix fonctionnait encore ? Autour de lui, le monde tournait dangereusement, et était aussi très flou, alors il se raccrocha à l’odeur puissant de bois et de terre musquée, et au son distant de la voix qui pestait contre une menace invisible. Puis la présence revint se poster à ses côtés, et John déglutit et trouva qu’il avait la gorge drôlement sèche, et il plissa des yeux pour essayer de distinguer ces traits, ce visage juvénile, ces cheveux plus clairs encore que les siens. « Abby… ? » lâcha-t-il dans un souffle – non, non pas Abby. Cette aura, qu’il captait d’un seul coup, ce patchwork mal assorti et pourtant tellement unique, c’était pas Abby. « Tefé ? » Voilà, on y était. « Tefé… » répéta-t-il, en luttant pour ne pas sombrer à nouveau dans les bras d’un Green qui ne cherchait visiblement qu’à l’étouffer sur cette Terre – aaah oui, c’était ça. Autre Terre. Autre Green, donc. Logique. Et Tefé – c’était bien sa Tefé ? Bon sang, qu’il aurait ri, en d’autres circonstances, d’avoir eu une pensée pareille. Sa Tefé. C’était drôle, quand même. Après Cheryl enlevée, Rosalie qui foutait le camp, après Zatanna qui manquait de lui faire la peau en se laissant posséder par un démon, il serait presque en droit de se demander ce qu’elle pouvait lui réserver pour l’achever, sa fille-qui-n’est-pas-sa-fille-mais-un-peu-quand-même. Comme arracher les pétales d’une pâquerette – une à une, elles lui étaient toutes enlevées, celles qui comptaient, quand bien même il avait souvent essayé de se convaincre et de la convaincre qu’elle ne comptait pas, et qu’ils ne comptaient pas l’un pour l’autre. La vérité, c’était que sa présence, là, tout de suite, à ses côtés, alors qu’il avait cru sa dernière heure arrivée et avoir tout perdu, c’était comme faire couler de l’eau fraîche sur une brûlure douloureuse. « T’en fais pas pour moi… mauvais trip, c’est tout. » Haha, la blague. Surtout qu’il grimaçait en disant ça, donc il ne devait pas paraître super convaincant. « C’est Alec… » articula-t-il péniblement, en tentant tant bien que mal de se redresser sur un coude – aouch. La douleur aigue dans sa poitrine lui coupa le souffle et fit danser des étoiles devant ses yeux. Not good. « Je cherchais Alec… voir s’il pouvait me remettre sur pattes. Suivi le Green… pas trouvé Alec. » Et il avait failli se faire avaler tout cru par le Green en question. Il devrait songer à la remercier, d’ailleurs, dès qu’il ne serait plus à deux doigts de tomber dans un coma qui pourrait bien s’avérer fatal. « Je sais que tu m’as dit de laisser ton père tranquille, mais là j’ai vraiment pas le choix, chérie. » implora-t-il, presque suppliant, avec une note étonnamment sincère dans la voix. A la merci d’une fille qui ne voulait pas l’être, qui souhaitait sans doute sa mort, et à qui il ne manquerait certainement pas si Nergal venait à bout de son œuvre.


 
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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyJeu 12 Déc - 18:35

who wants to live forever anyway

Elle avait du mal à reconnaître la personne qu’elle avait sous les yeux. Un peu comme tout le monde, elle lui arrivait de désigner John Constantine par le qualificatif de loque, mais comparé à ce qu’elle voyait en cette seconde, elle l’avait en fait toujours connu en forme. Malgré sa toux de fumeur déjà condamné à mort. Malgré son haleine souvent alcoolisée. Malgré ses épaules voûtées. Malgré son expression souvent apathique. En fait, dans ces moments-là, il pétait le feu. Là, ça sentait la charogne, ça ressemblait à un paquet de linge sale ensanglanté, ça avait l’air un peu cramé ici et là, et puis ça remuait à peine. Et elle se rendait compte que c’était probablement là un état qui lui était familier, à lui, mais elle, eh bien, c’était la première fois qu’elle le voyait ainsi. Comme si toutes les fois où elle avait souhaité le voir mort s’annulaient soudain, dissoutes dans le grand bain de ses vœux d’adolescente en colère, mais pas sérieux, pas vraiment vrai. Là, c’était vrai. Là, il avait l’air d’un mort. Voilà ce que ça faisait, la sorcellerie. Voilà ce que c’était, son monde. Voilà sous quelle forme son père le connaissait, voilà contre quoi Abby l’avait si souvent mise en garde en lui parlant de John. Puis il parla, un qui ou un quoi, et Tefé revint à la réalité, et la réalité, c’était qu’il n’était jamais rien qu’un homme, un homme blessé. Et si on état la choquait tellement, elle le sentait à un niveau inaccessible de son subconscient en l’état actuel des choses, c’était parce qu’elle réagissait à la sale magie dont il était rempli, qui semblait vouloir lui déborder par tous les pores de la peau et qui, à ses sens d’élémentaire, était difficilement supportable. Parce que cette aura poisseuse était l’antithèse absolue de la nature, celle qui nourrissait et donnait naissance, qui avalait les morts pour les intégrer au cycle de la vie. Et ce qui la déboussolait grandement, c’était pourquoi est-ce que le Green, ou du moins son ersatz, ne réagissait pas plus. Sur leur Terre, le Green aurait déjà recraché cette souillure sur le bitume glacial d’une ville des hommes, mais ici, la forêt semblait tout à fait vouloir le digérer sans craindre de s’empoisonner.

Elle savait qu’elle ressemblait à sa mère, Tefé, physiquement du moins. Elle devait bien ressembler un peu aussi à lui. Elle lui pardonna son impair, cependant, vu l’état dans lequel il était. Et elle se dit, traversée par un vent de panique, qu’elle aurait préféré qu’il soit mort, parce que maintenant qu’il était vivant, c’était à elle que revenait la responsabilité de sa survie. Elle n’allait pas le laisser là. Surtout qu’il était le premier visage connu qu’elle croisait depuis son arrivée ici. « Oui, oui, Tefé, c’est moi ! » La voix aiguë, le débit un peu trop rapide, le soulagement un peu trop perceptible dans sa voix, enfin pour elle, lui, il planait à dix mille. De nouveau, une colonne de fourmis montait à l’assaut de la chair martyrisée et elle les écrasa par poignées, les jetant par-dessus son épaule comme du sel dans un étrange rite superstitieux. Oh ça, qu’il n’aille pas croire qu’il s’en faisait pour lui, et tant pis si c’était le cas, même en cet instant de crise, il fallait sauver les apparences. Elle écouta ses explications lapidaires en dodelinant de la tête, les yeux mi-clos. Elle aussi elle cherchait Alec, même si elle ne l’avait jamais appelé comme ça. Pour lui c’était facile, c’était papa. Et elle non plus n’avait jamais pu le trouver, pas même sentir sa présence, et elle s’était dit : il est mort. Mais comment est-ce qu’on pouvait bien tuer un avatar de la nature quand la nature était encore là, même moribonde ? Ce Green, elle ne le reconnaissait pas, n’osait même pas l’appeler ainsi jusqu’à ce que John lui-même le fasse, et elle savait bien aussi qu’au milieu de cette forêt, tel un trou noir au centre d’une galaxie, trônait quelque chose qui n’était pas son père, mais qui était quelque chose. « Moi aussi… Moi aussi je le cherchais… » Mais c’était ce père-là qu’elle avait trouvé. C’était mieux que rien. « Mieux que rien », plutôt pas mal pour définir ce type. Et puis soudain, « ma chérie », et elle se figea comme si elle attendait que quelqu’un d’autre, c’est-à-dire la personne à qui il s’adressait vraiment et qui n’était pas elle, réponde à sa place. Et puis elle crut s’effondrer là, histoire en plus du reste de pleurer du sel sur ses plaies. Ce n’était pas tant la marque d’affection elle-même, qu’elle n’avait jamais entendue dans sa bouche et qu’en temps normal elle aurait accueillie avec autant de gourmandise que de dégoût absolu, le tout saupoudré d’une dose maximale de cynisme pour lui répondre, que le timing et les circonstances. Elle n’en voulait pas, de son « chérie », si c’était un synonyme d’adieu. Et en même temps, c’était comme quand on luttait très fort depuis des jours pour ne pas s’effondrer face à l’adversité, qu’on se battait tout seul et fièrement pour ne pas craquer, et que soudain quelqu’un passait par-là et d’une simple petite marque d’affection, d’un simple « chérie », fracassait tous ces efforts et cassait la digue qui retenait les larmes qui s’empilaient depuis des jours.

« Bouge pas… » Elle ne pleurait pas, mais elle reniflait quand même pas mal. Elle se leva et fit le tour du petit coin de terre, d’herbe et de racines qu’il avait choisi pour se laisser crever, sans trouver ce qu’elle cherchait. Pourtant, elle était sûre d’en avoir vu, elle en avait déjà utilisé sur cette Terre, mais elle avait l’impression que la plante se cachait d’elle et que les ombres se moquaient d’elle. Elle finit par taper du pied dans la boue, les poings serrés, ses cheveux se hérissant de fines pointes de bois : « Arrête ! Obéis-moi ! » Cela aussi, elle n’y était pas habituée. La nature, ici, était presque comme une rivale – pas une adversaire car Tefé ne se sentait pas en danger, mais un reflet maléfique, qui ne jouait pas le jeu comme elle. Finalement, comme à contrecœur, un pied de millepertuis s’éleva de la terre grasse. Elle arracha un bouquet, arracha les fleurs pour ne garder que les tiges et les réduisit à l’état de poudre. Dans son malheur, John avait de la chance d’avoir autant de blessures ; aurait-elle eu besoin d’un peu de cet onguent antiseptique, analgésique et cicatrisant qu’elle aurait simplement craché dans ses mains. Il fallut encore qu’elle arrache toute son humidité à un large carré d’herbe pour enfin revenir vers son père, les mains pleines d’une pâte verte et odorante. Elle s’accroupit à ses côtés, non pas sans arracher du bout des orteils de fines herbes coupantes qui tentaient de s’enrouler autour de la jambe droite de John, et déposa sa mixture dans son giron. C’était une tâche bien ingrate qui l’attendait, si ce n’était que ça ne l’était pas pour elle. C’est plus le fait qu’elle doive s’occuper de John lui-même qui la déboussolait. « Qu’est-ce qui t’est arrivé, abruti ? Même dans un monde sans bars, sans football et sans usuriers, tu arrives à te faire des ennemis… » Elle commença à étaler du bout des doigts la mixture sur les brûlures de John, sans égard pour sa douleur, parce qu’il fallait bien le faire, et qu’au moins, elle avait ça pour elle, le cœur bien accroché, jamais eu peur du sang ou de la chair ravagée. Elle le faisait parce que Swamp Thing l’aurait fait, et parce qu’elle ne voulait pas se retrouver seule à nouveau, et puis, il était son père. Elle en aurait presque ri, de se rendre compte à cet exact moment qu’elle ne souhaitait plus sa mort, aussi sincère qu’elle avait pu être par le passé.

Cela prit un peu de temps, vu qu’il était cramé de partout. Foutue sorcellerie. Puis elle avisa sa blessure au torse. Un peu d’onguent analgésique n’y suffirait pas, il fallait d’abord refermer cette plaie dégoûtante. « Ferme les yeux. Ou pas, comme tu veux. » Même lui il devait avoir ses limites sur ce qu’il était supportable de voir, non ? Elle posa la main sur sa blessure. Au moins, sur cette Terre, le Red serait vivant tant que subsisterait la chair. Et en parlant de ça, la chair de ses doigts sembla couler, puis celle de sa main, puis de son poignet, comme si la pesanteur la faisait chuter, et en quelques secondes, ce fut comme si sa main était fondue dans le torse dans le torse de John, mais après tout, ils avaient le même sang, ils avaient la même chair, il était son père, non ? Elle retira sa main d’où des lambeaux de chair pendouillaient encore autour de ses os à l’air libre jusqu’au poignet, mais très vite, les muscles et la peau et le reste se reformèrent et elle fut comme neuve. Le torse de John était… comme d’occasion, on va dire. Pour le coup, aucune des personnes qui avaient participé à sa conception, physique et psychique, n’était artiste, et clairement elle non plus. Maintenant, qu’il vive ou qu’il meure, ça ne dépendait que de lui. Elle s’allongea par terre à côté de lui, les yeux rivés sur les frondaisons des arbres dans les ténèbres, qui laissaient passer une lumière verdâtre et sombre. Elle chassa machinalement quelques mouches venues en éclaireuses tourner autour de ce qui ressemblait quand même pas mal à un cadavre, puis croisa les mains sur son ventre. « On va rester là. Cet endroit ne t’aime pas trop mais quand tu pourras marcher, on ira chercher papa. Même si on ne le sent pas comme on le sent sur Terre, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas lui. C’est normal qu’il soit un peu différent. C’est normal, non ? » Elle n’essayait pas tant de le convaincre lui qu’elle-même. Elle tourna le visage vers John en s’attendant à ce qu’il se soit endormi – ou soit mort. Elle se chercha dans ses traits, comme d’habitude dès qu’elle le voyait. Puis elle se rapprocha de lui, juste au cas où, jusqu’à ce qu’elle sente le contact de son bras contre le sien, histoire d’être sûre. Qu’elle n’était plus seule, et qu’il était bien là, même si c’était lui.

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John Constantine


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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
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Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyVen 20 Déc - 0:14


who wants to live forever anyway


Quel drôle de quatuor ils formaient, tous les quatre. Alec, Abby, Tefé, et lui, une équation à quatre alors que ça n’aurait dû se jouer qu’à trois, la famille du marais, les trois bizarreries de la nature, sans lui pour polluer leur petit paradis hippie hardcore reculé de tout. Mais ils avaient eu besoin d’une pauvre cloche pour donner naissance à la petite, parce que telles étaient les règles du Parlement et du Green et de la biologie la plus élémentaire, et le choix s’était porté sur lui, parce que… parce que quoi, déjà ? Parce qu’il était le seul fêlé du coin à pouvoir dire oui à un truc pareil ? Marrant, la conception de Tefé avait eu lieu dans un endroit un peu comme celui-là, sauvage et luxuriant – et moins agressif, aussi, ou peut-être pas, après tout il n’avait pas vraiment assisté à la chose, ayant refilé les commandes de son corps à Alec le temps que… Bref. La fièvre, la douleur, la proximité de sa mort imminente, tout ça le faisait délirer, et il se demanda même si l’apparition de Tefé au-dessus de lui ne faisait pas partie des hallucinations que les médecins de Ravenscar s’étaient si bien appliqués à lui diagnostiquer. Tefé. La gamine la plus dangereuse de la planète, parce qu’elle concentrait dans ses mains un pouvoir de vie et de mort sur tous les organismes vivants, et que personne ne devrait jamais avoir ce genre de pouvoir entre les mains – mais c’était un peu une excuse, dans le fond, un bon prétexte pour se dédouaner parce qu’au fil des années, il était devenu de plus en plus clair quel était le vrai problème, avec Tefé Holland. Ils l’avaient accusée de tous les maux, la petite Tefé. Inconsciente. Cruelle. Immature. Dangereuse. A la réflexion, et ils n’avaient jamais osé se le dire en face, les adultes courageux qu’ils étaient, ils avaient fait ce que tous les grands un peu dépassés par leur progéniture faisaient : projeter leurs propres défauts sur une gamine qui ne demandait rien d’autre qu’un peu d’aide pour comprendre ce qu’elle était censée faire ou devenir dans ce foutu monde. C’était qui, les inconscients, les immatures qui avaient décidé de jouer à Frankenstein pour concevoir cette gosse, puis tenter de la modeler selon leurs désirs sitôt qu’elle leur avait échappé ? C’était qui, les fous furieux qui avaient tenté d’effacer les traces de leur crime en faisant d’elle une humaine qu’elle n’était pas ? C’était qui, les monstres, dans leur tableau familial ? John aurait aimé pouvoir dire qu’il s’était longuement posé la question, ces dernières années, mais c’aurait été un mensonge. La vérité, c’est qu’il avait soigneusement évité de se la poser, cette question. Il connaissait pertinemment la réponse. Même à cet instant, même alors que Tefé s’agitait au-dessus de lui au lieu de laisser les racines l’étrangler et les fourmis le dévorer vivant, il sentait encore, collée à ses paumes comme un acide extrêmement lent, la pression de l’oreiller entre ses mains.

Jamais de sa vie, John Constantine n’aurait pensé voir Tefé s’inquiéter de son sort. Elle avait plus de raisons de vouloir le voir mort que vivant, et elle lui avait très clairement communiqué ce sentiment à chacune de leurs rencontres, à peu de choses près – à part la dernière fois peut-être, à Houma. Dans cette nature contre-nature, il sentait, confusément, la bataille qu’elle livrait avec un Green réfractaire, contraire à tout ce qu’ils pouvaient connaître sur leur Terre à eux, et il se serait senti désolé si ça n’avait pas été sa propre vie dans la balance, alors il se contenta de se concentrer pour rester à peu près conscient tout en sentant, sous son poids, la terre qui s’agitait encore, grondait, remuait, comme pour manifester son mécontentement de voir ses plans contrecarrés de la sorte. Et Tefé, contre toute attente, qui arrachait de la verdure que John n’aurait pas été foutu d’identifier, mais c’était quand même de la verdure, et il aurait cru qu’elle ferait fondre sur place quiconque aurait le malheur d’arracher une pâquerette, donc finalement, peut-être qu’il était bel et bien en train d’halluciner. Déglutissant difficilement – bon sang, qu’il avait la gorge sèche – il tourna la tête vers elle pour suivre, ou tenter de suivre, ses mouvements, et laissa échapper un rire sec à sa question. « Longue histoire. » grinça-t-il en soupira, et il tressaillit en grimaçant au contact de l’onguent sur ses plaies. Chochotte, entendait-il presque Chas souffler à son oreille. « … la version courte, c’est que la femme de ma vie a conclu un marché avec un démon pour me tirer des enfers. Et maintenant, il est venu réclamer son dû, et n’a pas apprécié que j’essaye de l’en empêcher. Yada yada yada. J’ai eu les yeux plus gros que le ventre, comme d’habitude. » Elle n’avait pas vraiment besoin des détails – encore moins ceux portant sur Nergal, ou peut-être que c’était exactement ce dont il devrait lui parler, puisqu’il était clair qu’elle avait hérité de quelques propriétés similaires. Loin de fermer les yeux quand elle lui intima de le faire, il releva la tête en fronçant les sourcils pour regarder ce qu’elle pouvait bien lui faire, et si John estimait avoir l’estomac solide, voir des morceaux de chair dégouliner du bras de sa fille pour recouvrir sa plaie grande ouverte, ça avait quand même franchement de quoi flanquer un PTSD (supplémentaire) à n’importe qui. « Oh bordel, c’est vraiment dégueulasse, ton truc. » articula-t-il en refoulant une nausée qu’il estimait assez excusable. L’expression la chair de sa chair prenait tout son sens, maintenant. Finalement elle avait raison : mieux valait ne pas regarder. Et il laissa sa tête retomber en arrière dans la mousse, essayant de se concentrer sur la fraîcheur apaisante de l’onguent sur ses brûlures, plutôt que la fusion bizarre et dérangeante de leurs chairs dans un drôle de patchwork prêt à le traumatiser à chaque fois qu’il croiserait son reflet dans un miroir.

Et quoi qu’elle ait bricolé, Tefé, ça avait l’air de marcher. Il soupira alors qu’elle s’allongeait auprès de lui, attentif aux frémissements sur sa peau alors que son système, encouragé par ses soins, se retournait contre les résidus de la magie de Nergal, cherchant à expulsait ce qu’il en restait… jusqu’à la prochaine fois. « Si je survis, je t’en dois une, kiddo. » Bon, c’était pas tout à fait un merci, mais c’était mieux que rien, dans la bouche de cet ingrat de John Constantine. Il ferma les yeux, à peu près sûr, cette fois, qu’il n’allait pas s’évanouir ni mourir, et laissa planer un silence après les déclarations de Tefé, parce qu’il ne savait pas vraiment quoi lui répondre. Trouver Alec, sur cette Terre… l’opération lui semblait un tantinet compromis. Mais, en sentant le bras de Tefé contre le sien, il se retint de rouvrir les yeux pour la regarder, perturbé par ce contact qui ne disait rien mais qui en disait tant. Et il n’eut pas le cœur de lui ruiner ses espoirs tout de suite. « Sûrement. Possible que notre Swampy soit dans les parages, mais qu’on ait du mal à le sentir parce que ce Green est différent du nôtre. Possible aussi que notre Swampy ne soit pas là, mais qu’il y en ait un autre quelque part. Possible qu’on tombe sur ce cinglé de Floronic Man, à la place, va savoir. » Ok, dix sur dix pour le réconfort paternel, John. Good job, asshole. Il se mordit l’intérieur de la joue, songeant qu’il y avait quand même une ironie délicieuse, dans l’idée que c’était au père le moins compétent et motivé de la planète de rassurer une gosse qui ne demandait qu’à retrouver son vrai père. Un vrai père, celui qui l’avait élevée, aimée, formée, pendant que lui, il n’avait été là que pour les mauvais moments, et pour lui empoisonner l’existence. Des fois, John se demandait si quelque part, il n’en voulait pas un peu à Alec et Abby de lui avoir demandé de jouer ce rôle, alors qu’ils savaient très bien quel genre de personne il était. Alors qu’ils savaient à quel point il était toxique, à quel point il serait un poison dans la vie cette enfant. Ils avaient été dans le déni, tous les deux. Et maintenant, il était condamné à faire du Constantine, et à jouer les croquemitaines dans la vie d’une enfant devenue adulte, quand bien même il avait toujours pris soin d’éviter les gosses précisément parce que lui, il se connaissait trop bien. Prophétie auto-réalisatrice que finalement, quelque part, Abby et Alec avaient exploitée sans le savoir. Ou sans vouloir le voir. Et maintenant qu’il fallait qu’il soit tout, sauf ça, sauf l’enfoiré qui n’avait pas arrêté de ruiner sa vie et lui avait volé son enfance, il était complètement démuni. « La vérité, c’est que j’en sais rien. C’est ça, les joies du multivers. Tu joues à la loterie, et t’es jamais sûre de savoir sur quoi tu vas tomber. Y a toujours des similitudes avec notre monde à nous, mais faut que tu sois prête à jeter toutes tes certitudes à la poubelle. » Sur son torse, la chair fondue de Tefé continuait de fusionner avec la sienne, raccordait les derniers détails, et ça démangeait horriblement et il grogna en se retenant de se griffer et d’aggraver son cas. La fièvre, petit à petit, régressait. Penser à autre chose, pour accélérer le processus – ou au moins faire semblant qu’il se sentait mieux qu’en réalité. Tefé avait dit ne pas sentir Alec, elle non plus. Et ça, en soi, c’était plutôt une mauvaise nouvelle. « Tu sens pas sa présence ? Du tout ? » demanda-t-il en rouvrant enfin les yeux pour tourner la tête vers elle. Et bon sang, qu’il se sentit mal, face à ces grands yeux bleus qui le fixaient avec un millier de questions dans leurs prunelles, et cet espoir naïf, déraisonné, qu’il avait peut-être les réponses. Un espoir d’enfant perdu. Un espoir enfantin qu’on place en un parent qui est censé toujours avoir les réponses. La gorge serrée, John aurait pu s’effondrer de panique, là, tout de suite, s’il n’était pas déjà allongé. Personne ne lui avait donné le mode d’emploi, pour être père. Certainement pas le sien. Et maintenant qu’Alec était temporairement hors course, il n’avait aucune idée de ce qu’il était censé faire. A part, peut-être, être honnête avec elle, pour une fois. « Tefé, il va falloir que tu te prépares. » dit-il enfin, sans la lâcher des yeux. « Il est possible que ton père soit là, il est possible aussi qu’il ne le soit pas. La bonne nouvelle, c’est que si ce Collectionneur de mes deux l’a téléporté ici, il remuera ciel et terre pour te retrouver. Ca, c’est sûr et certain. » Parce qu’il était comme ça, Alec. Ce genre de père. « Mais comme je l’ai toujours dit à ton père, dans cette vie, il faut toujours se préparer au pire, pour pouvoir l’encaisser s’il se concrétise. Il a jamais voulu m’écouter. Je crois qu’il s’en est mordu les doigts, parfois. Donc toi, il faut que tu fasses mieux que lui. On va le chercher, mais il faut que tu sois prête à… » Pause. Même lui, malgré ses grands discours, n’avait pas envie de penser à l’alternative. Mais ils n’avaient pas le choix. « … à ce qu’on le trouve trop tard, ou dans un état qui ne nous plaira pas. » Et si c’était le cas… alors ils ne seraient vraiment pas au bout de leurs peines.


 
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+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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You
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and the devil makes three.

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Clean. Coincidence ? I think not !

phone + amazing tim + daphne : x-files + codename : strike team green + daddy...? + mom's story

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Imagine what you could be,
if you could set down
the burden of the Green.










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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptySam 21 Déc - 0:05

who wants to live forever anyway

En repensant à ses mots, alors qu’ils étaient vautrés là à attendre qu’il décide de ne pas mourir, elle laissa échapper un petit gloussement. Au moins, il avait toujours su la faire rire. Okay, pas pour les bonnes raisons, et la plupart du temps, c’était de lui qu’elle se foutait. Même si parfois elle se forçait, vu qu’il fallait bien, en réponse à l’absolue bizarrerie de leur relation, utiliser l’humour comme bouclier – sauf que de l’humour, contrairement à ce qu’elle pensait, elle n’en avait pas beaucoup. Là, c’est sûr, elle n’aurait peut-être pas dû rigoler, ce n’était probablement pas le genre de réponse qu’une personne normale attendait. Mais en même temps, la « longue histoire » de John n’avait rien de normale. Oh, c’était tellement sa vie, ça ! Les démons, l’enfer, les dettes à payer… Mais tout de même, il avait parlé de la femme de sa vie, et ça non, elle n’arrivait pas à y croire. C’était bien la première fois qu’elle entendait ça dans sa bouche et elle ne pouvait pas croire qu’il puisse aimer une femme comme son père aimait sa mère, et qu’une femme puisse l’aimer comme sa mère aimait son père. Il y avait probablement une histoire de sorcellerie là-dessous, comme toujours. Non franchement, il ne pouvait pas l’abandonner là sur le bord de la route, elle qui jamais, de sa vie, elle le savait, n’aimerait ou ne serait aimée comme ses parents s’aimaient l’un l’autre, parce qu’elle était unique, un synonyme de abyssalement toute seule dans tout l’univers, et à la limite, elle avait cette consolation, savoir que ça aussi c’était génétique : un trait qu’elle tenait de John, et pas juste un truc qui ne venait que d’elle et l’isolait encore plus des autres poissons dans l’océan. Deux gros nazes, c’était comme ça des fois qu’elle se consolait. Mais voilà qu’il avait une « femme de sa vie », ce qui faisait de lui un type un tout petit moins nullos qu’elle. Mais elle gloussait quand même sans pouvoir s’en empêcher, même si elle pensait absolument chacun de ses mots : « Personne vaut le coup de se mettre dans un état pareil. Contente-toi de te barrer dans l’autre sens, la prochaine fois. » Pour une fois que c’était elle qui pouvait lui donner un conseil raisonnable… Elle se redressa sur un coude pour vérifier que ses cataplasmes faisaient leur boulot, et que la plaie au torse de son géniteur avait cessé de saigner. Elle appuya sur la blessure du doigt comme elle aurait pouet-poueté un fruit pour savoir s’il était mûr ou pas et fronça le nez. Il n’était pas près de s’en remettre, de la « femme de sa vie », le vieux.

Bon, et maintenant ? Elle repéra une colonie de scolopendres qui montaient à l’assaut des cheveux de John et les chassa de là sans douceur. Vous allez vous empoisonner, mes tout beaux ! Maintenant, il lui disait comment trouver son père. Maintenant qu’elle l’avait trouvé lui, M. J’ai-toutes-les-réponses, les choses allaient s’arranger – une réflexion d’enfant à cent pour cent, évidemment. Mais c’était vrai qu’il savait toujours tout, le seul souci c’était qu’il ne lui disait rien, mais elle allait lui faire cracher la vérité, cette fois. Il était blessé, affaibli, et elle, extrêmement motivée. Elle écouta attentivement ce qu’il avait à dire sur la question, et bien évidemment, elle ne fut pas du tout d’accord, et la colère balaya son visage. Mais comme sa phrase suivante commença par « la vérité », elle se contint. Apparemment, il s’y connaissait, en Terre parallèle – parce que elle non, évidemment. Évidemment qu’elle avait vaguement entendu parler du phénomène, mais qu’elle s’en foutait royalement, il n’y avait que les crétins pour se laisser embarquer dans des histoires pareilles, du genre de ceux qui mettaient des capes et des collants. Et comme il y avait les accents de l’honnêteté dans la voix de son père, pour une fois, elle l’écouta. Même s’il avouait ne pas savoir grand-chose. Et puis, la question qui tue. Elle se rallongea sur le dos pour ne plus avoir à le regarder dans les yeux, où elle savait qu’elle finirait par lire ce qu’elle n’avait pas envie d’entendre. Tu ne sens pas sa présence ? Est-ce qu’elle avait essayé, en vérité, une bonne fois pour toutes ? Elle avait effleuré la réalité et avait toujours fini par reculer plutôt que d’y être confrontée. Croisant de nouveau les mains sur son ventre, elle ferma les yeux et tenta de trouver Swamp Thing. Sentit aussitôt ce Green difforme se mettre en travers de son chemin, empêcher sa conscience de se tendre vers son père, mais de toute façon, non, elle ne sentait pas sa présence. Et quand elle interrogeait la nature, elle n’obtenait que des silences interrogatifs. Vous savez, vous, où est Swamp Thing ? Qui… qui… qui ? Mon père, Swamp Thing, vous l’avez vu, vous l’avez senti ? Quoi… quoi… quoi ? C’était comme s’il n’avait jamais existé, voilà, voilà c’était ça la réponse, ou bien s’il avait existé, il avait été oublié depuis longtemps, comme le temps qui passe, la page d’un bouquin un peu naze qu’on tourne et toutes les métaphores débiles pouvaient y passer ainsi. Elle sentit les larmes rouler sur ses tempes et couler dans ses oreilles, alors elle se redressa de nouveau pour foudroyer John du regard comme si c’était sa faute – ah ah ah !

« Tu sens sa présence ? » « J’en sais rien ! » Mais bien sûr qu’elle savait. « Il va falloir que tu prépares. » « Non ! » Pour une fois elle aurait voulu qu’il se taise. « Tu comprends pas ! S’il était là, il m’aurait déjà trouvée ! » Il la trouvait toujours, ce qui la mettait hors d’elle évidemment. Mais John continuait de parler et il ne la faisait plus  rire, elle le trouvait cruel, impitoyable, elle aurait préféré qu’il la ferme, et d’ailleurs elle le lui dit, « la ferme, la ferme, John ! » mais il ne la ferma pas et elle plaqua ses mains sur ses oreilles, juste un peu pour pouvoir quand même écouter jusqu’au bout ce qu’il racontait. Quand le silence revint, nul oiseau ne gazouilla pour combler le vide. Rien que l’absence de sons de la nature si ce n’était le chuchotis ténu de la végétation qui se resserrait autour d’eux tout doucement. Elle cherchait des contre-arguments, une phrase qui aurait commencé par « Mais » ou « Non » ou « Tu te trompes ». Mais certains mots sonnaient juste. Certains mots, elle les comprenait, comme Swamp Thing, lui, avait dû refuser de les comprendre. « Constantine vit pour aujourd'hui, il pense que demain ne viendra jamais. Mais demain vient toujours, et il le sait. Et alors, il ne peut trouver le confort que dans l'oubli. Il dégringole dans un nuage d'auto-apitoiement et de désespoir et regrette chaque décision qu’il a prise parce qu’il prend toujours ses décisions au regard de la version du monde la plus laide et la plus sombre qui soit. » Elle regardait de nouveau sa blessure, là-dessous se planquait un cœur, d’après son père, une pomme de pain toute sèche, d’après Abby. « C’est ce que mon père me disait de toi, qu’à force de toujours penser au pire, tu fais tout pour que le pire arrive. Et je crois qu’il a peur que je te ressemble plus que je ne lui ressemble, à lui. » Comme si c’était sa faute, à elle. Était-ce sa faute si elle comprenait, malgré tout, ce que John lui disait ? Était-ce sa faute si elle ne pouvait s’empêcher de se dire que son père était mort plutôt que de croire qu’il était quelque part, vivant ? Bien sûr qu’elle se préparait au pire. Bien sûr que si elle avait tant peur, c’était que quelque part, elle savait déjà. Que Swamp Thing n’était pas là. Et que le regard qu’elle posait sur ce monde était le même regard que celui de John.

À force de fixer la blessure de John, elle vit un petit bourgeon rosé s’arracher de la chair malmenée et s’ouvrir doucement en une minuscule corole. Difficile de ne pas être absorbée par la vision d’une petite centaurée a l’air vaillante, plantée dans ce corps comme le drapeau américain sur la Lune, clamant « ça m’appartient ! », d’ailleurs, cela la fit sourire, Tefé, et même que c’était probablement elle qui faisait ça. La nature poussait partout si on la laissait faire. Elle se mit à genoux aux côtés de son père, le seul père qu’elle avait pour l’heure dans ce monde, une pensée vertigineuse, qui déplaçait complètement les planètes dans son univers habituel. « Je ne suis pas comme lui. Et je ne serai jamais meilleure que lui. Mais je suis prête. Le Green est partout ici, et je sens aussi son avatar, comme un trou noir au milieu de cette forêt. C’est là-bas qu’il faut aller, c’est là-bas qu’on le trouvera. » Menteuse. C’était là-bas qu’ils auraient la confirmation qu’ils ne le trouveraient pas. « Lève-toi. On y va. » Et comme le voulait les bonnes manières, la fille aida le père à se redresser, puis à se mettre debout, et elle avait plus de force que la moyenne, la fille végétale. Elle glissa un bras autour de sa taille pour le soutenir. « T’inquiète pas, auteur de mes jours, je veille sur toi, rien ne te bouffera ici tant que tu seras avec moi, et si la vache qui t’a mis dans cet état te retrouve, je me chargerai de son cas. Toi, cherche mon père, okay ? Je sais que tu as ton propre truc pour le trouver. » Et oui, elle ne pouvait s’empêcher de dire, comme les cinglés, que lui pouvait obtenir un résultat différent. Et ainsi, ils s’enfoncèrent plus profondément dans le royaume fantasmagorique de ce Green apocalyptique.

Teintes de vert sombres et humides, troncs tordus et mouvants quand on les voyait du coin de l’œil, silhouettes tortueuses planquées dans les ombres, respirations sourdes de la végétation, crissements sous les pas des milliers d’insectes qui n’attendaient qu’une chose, qu’ils s’effondrent par terre, à portée de leurs minuscules dents, contours de créatures qui défiaient la biologie animale à défaut de défier l’imagination, et l'herbe s'agrippait à leurs jambes à chaque pas, et les branches leur griffaient les bras, et la lumière baissait, et le tambour se faisait de plus en plus violent sous le crâne de l’élémentaire, et sa respiration et son pouls pulsaient de force au même rythme que le cœur battant et enchevêtré de la chose de la forêt qui les attendait. Au bout d’un moment, elle ne fut plus très sûre d’être celle qui soutenait John ou celle qui s'appuyait sur lui. « On fait une pause quand tu veux, hein ? » Smooth, Tefé. « Et ensuite, on rentre chez nous. Je suis sûre que tu sais comment. » Elle avait mis juste assez d’ironie dans sa voix pour ne pas qu’il sente la pression. Parce que peut-être bien qu’il savait, et alors yay eux, mais probablement qu’il ne savait pas, et il avait déjà l’air assez misérable comme ça – like father like daughter.

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John Constantine


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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
Ville : Vagabond, propriétaire de la Maison du Mystère, pilier de l'Oblivion Bar. Londres adoptive gravée dans l'ADN et dans l'âme, malgré la distance.
Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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This so-called team... we don't actually have to like each other, do we?

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Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyMer 25 Déc - 2:31


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Elle ne voulait pas l’écouter, évidemment. Et qui aurait pu lui en vouloir : même John, qui avait beau détester son géniteur de toute la pomme de pin qu’il avait à la place du cœur, savait très bien, au fond, qu’à la place de Tefé, il plongerait lui aussi dans un déni réconfortant qui permettait d’éviter de regarder la réalité en face. Trop monstrueuse, trop inacceptable, et tant qu’elle ne nous sautait pas à la figure, à nous attraper le visage pour nous forcer à la regarder directement en face, la réalité ne restait qu’une possibilité parmi tant d’autres, alors pourquoi ne pas se montrer un peu sélectif, hein ? Les protestations de Tefé ne lui arrachèrent rien d’autre qu’un grognement contrit. Lui non plus, il ne voulait pas y croire. Lui non plus, il ne voulait pas d’un monde où Alec Holland n’existait pas sous la forme d’un légume géant, moralisateur, naïf et un peu lent du bulbe, mais nom de nom, c’était son légume géant, moralisateur, naïf et un peu lent du bulbe. Sans lui, quelque part là dehors à garder un œil torve et un peu grognon sur le Green, la nature, et le monde, le monde ne tournait plus rond. Et John aurait préféré s’arracher la langue avec des tenailles pétries de rouille contaminée au tétanos plutôt que de le reconnaître, mais sans Swamp Thing dans le paysage, il se pouvait bien qu’il soit à peu près aussi perdu que la fille légitime dudit Swamp Thing. Ha. Ils avaient l’air malin, tous les deux, tiens. John grimaça, en prêtant une oreille semi-attentive au portrait peu flatteur que Tefé lui dressait de lui-même – rien qu’il n’ait déjà entendu de la bouche d’Alec lui-même, mais tout de même, c’était vexant de savoir que c’était là la description qu’il faisait de lui à des tiers-partis. Surtout quand les tiers-partis en question étaient censés être sa fille. Ou quelque chose d’approchant. « Je savais que ton père avait une haute opinion de moi, mais là tu me fais rougir, Tefé. » grogna-t-il sans faire le moindre effort pour ne pas puer le sarcasme. Mais mine de rien, il y avait du nouveau dans ce qu’elle lui disait, et John se trouva bien incapable d’y répondre quoi que ce soit d’autre. Il ne savait pas, qu’Alec avait peur qu’elle lui ressemble. Dans sa tête à lui, Tefé, c’était avant tout la fille de Swamp Thing – lui, il lui avait juste passé un peu de patrimoine génétique et, apparemment, un caractère de cochon. Qu’Alec craigne qu’elle ait pris autre chose de lui, c’était une nouveauté – et en même temps, c’était tellement Alec. Et face à ce constat, John était parfaitement infoutu de savoir comment il se sentait : vexé ? Honteux ? Triste ? Déçu ? Ou un peu de tout ça à la fois ? Pour une fois, les lèvres de John Constantine restèrent obstinément scellées, pas très à l’aise avec le soudain afflux de sentiments contradictoires que les déclarations de Swamp Thing via Tefé lui avaient inspirées. Damn you, you big green lump.

Puis Tefé se releva, en affirmant qu’elle était prête, et John tourna la tête vers elle sans trop savoir s’il devait la croire ou non, mais de toute façon ils n’avaient pas le choix, donc. En rechignant, parce qu’il soupçonnait un peu qu’il allait à nouveau s’écrouler sitôt qu’il serait debout, il attrapa la main de sa fille et se laissa tirer d’un coup – par la barbe de Merlin, il avait tendance à oublier que la force herculéenne d’Alec aussi, elle en avait hérité – puis se laissa embarquer sur son épaule comme le poids mort et parfaitement inutile qu’il était. Grognant et grimaçant, parce que même si ses soins avaient porté leurs fruits, il se sentait quand même à peu près aussi réparé qu’avec sa gueule de bois la plus épique multipliée par cent, il leva les yeux au ciel. « En général, je fais cramer un pétunia. Ca l’énerve, il débarque pour m’en coller une, et j’essaye d’en placer une avant qu’il ne me transforme en compost. Bizarrement, j’ai pas l’impression que ça fonctionnera ici. » grommela-t-il. Et pour cause. Il avait la très nette impression que s’il se risquait à l’exercice ici, le pétunia lui-même se chargerait de lui régler son compte. Une impression qui se fit de plus en plus tenace, à mesure qu’ils s’aventuraient, clopin-clopant, dans cette forêt tout droit sortie des contes pour enfants les plus sombres. Alice au Pays des Merveilles sous sérieuse influence aurait peut-être pu imaginer un dixième du paysage dérangeant qui les avalait tout crus alors qu’ils progressaient, deux aventuriers pas franchement fiers ni vaillants, et très franchement paumés en milieu très hostile. Ah, il serait fier, Alec, de son équipe de sauvetage constituée des deux pires bras cassés imaginables pour le job. « Une chose à la fois, tu veux ? » se contenta-t-il de répondre, d’une voix pas vraiment assurée, à sa suggestion certes très raisonnable de rentrer chez eux. Sauf qu’évidemment, il n’avait aucune foutre d’idée de comment faire. Mais ça, ils pourraient s’en inquiéter plus tard. Quand ils auraient compris ce qui était arrivé à leur Swamp Thing préféré, et sans lequel ils étaient apparemment tous les deux perdus comme des agneaux privés de leur mère. Et Abby, d’ailleurs ? Elle était où, Abby, sur cette Terre à la mords-moi-le-nœud ? Et ils feraient quoi, s’il n’y avait ni Abby, ni Swampy, dans les parages ? Alors ils ne seraient plus que tous les deux, et ça, c’était une configuration que John n’avait jamais envisagée, et il sentit un nœud lui serrer la gorge à cette seule pensée. C’était pas censé se passer comme ça, à la base. Ca n’avait jamais été dans le contrat, ça. Dans leur étrange famille, il était juste censé être la pièce rapportée, pas au milieu de la scène, pas celui sur lequel Tefé devrait compter, vers lequel elle devrait se tourner. Il n’était pas censé être son père.

Un peu perdu dans sa crise existentielle qui tombait au mauvais moment, John finit par en être arraché par une épine qui s’attaqua à la surface de son esprit – comme si on lui arrachait de la mousse accrochée à l’écorce de son cerveau. Soudainement alerte (enfin, un peu plus qu’il n’avait réussi à l’être jusque-là), il releva le nez, son regard fiévreux scrutant la pénombre inquiétante de Hyde Park en ignorant les épais buissons de ronces qui semblaient se refermer sur eux, les racines qui grouillaient sur le sol et effaçaient le chemin sous leurs pieds. Qu’ils se perdent, ces maudits intrus, et qu’ils ne ressortent jamais du ventre affamé qui s’échinait à essayer de les dévorer. « T’as bien dit un trou noir ? » demanda-t-il plus pour la forme qu’autre chose, et machinalement, par réflexe, son bras autour de l’épaule de Tefé s’y accrocha un peu plus, et alors seulement il remarqua qu’ils se cramponnaient l’un à l’autre comme deux désespérés. Pour ne pas se perdre, pour ne pas tomber, parce que l’un avec l’autre, c’était mieux que tous seuls. « Attends une minute. J’ai peut-être une idée. » Ils s’arrêtèrent au milieu d’une petite clairière, et John scruta les alentours en se creusant le peu qu’il lui restait de méninges. Solliciter le Green était visiblement hors de question, mais si Swamp Thing ne donnait à Tefé que l’impression d’être un immense trou noir, ça voulait dire qu’un certain équilibre des forces de la nature avait été perturbé ; et s’il y avait bien des gens qui n’aimaient pas le déséquilibre, c’était bien les druides. Ou au moins, ça valait le coup de tenter, au stade où ils en étaient. Il prit une profonde inspiration, et ferma les yeux espérant que Tefé n’allait pas juste le lâcher comme un poids mort ; et, essayant de passer outre les résidus de Nergal, il laissa sa conscience plonger, loin, très loin, jusqu’à remuer cette aura druidique restée coincée dans cette pinte de sang qu’il avait un jour remportée lors d’une partie de poker face à un druide irlandais. Progressivement, le Green ne fut plus que secondaire, pour paradoxalement laisser le champ libre à cette nature dans ce qu’elle avait de plus désossé, sa forme, son poids, et John laissa son esprit la parcourir, à la recherche de ce trou noir dont Tefé avait parlé. Mais ses recherches restèrent infructueuses, alors, à bout de patience, il marmotta quelques formules en gaélique ancien. Equilibre, équilibre, la nature n’aimait pas les vides, alors elle les comblait dès qu’il y en avait un, donc logiquement, si Swamp Thing avait laissé un vide derrière lui, autre chose devait avoir pris sa place. John rouvrit les yeux et pointa du doigt dans une direction. « Quelque part par là. » Et pour faire bonne mesure, il se concentra à nouveau, tentant de visualiser Alec, mais le vide abyssal qui lui fut retourné lui glaça les sangs. « J’essaye de localiser Alec, mais il me facilite pas la tâche, le bougre. » grogna-t-il dans sa barbe, un marteau dans la tête. « Et je ne sais pas encore pourquoi, et c’est bien ça qui m’inquiète. » ajouta-t-il après un instant d’hésitation. Mais c’était lui qui l’avait dit. Il fallait qu’ils se préparent à tout, et surtout au pire. N’en déplaise à Alec, n’en déplaise à Abby, n’en déplaise à Tefé. Des fois, il ne disait pas que des bêtises. « On y va ? » Il fallait bien qu’ils avancent, avant de se transformer en nourriture pour les insectes.

Tout sens de l’orientation avait été jeté par la fenêtre. Nord, sud, est, ouest, John n’aurait pas été capable de dire où ils se trouvaient dans Hyde Park, ni même s’ils s’y trouvaient encore. La cime des arbres était si épaisse, qu’ils ne voyaient même plus le soleil, dont seuls quelques courageux rayons parvenaient à filtrer à travers le feuillage au-dessus de leurs têtes. Et John, lui, espérait que Tefé finirait elle aussi par repérer quelque chose, une piste, une impression, n’importe quoi qui les guiderait vers ce qu’ils espéraient, ou espéraient ne pas être, leur Swamp Thing, parce que ‘par là’, c’était quand même un peu vague, comme truc. « Si je te confie un truc, tu me promets de pas le répéter à tes parents, quand on aura mis la main sur eux ? » Parce que ce silence était pesant, et que, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi, il avait envie que Tefé entende sa confession un peu ridicule. Peut-être parce qu’elle était la seule à pouvoir la comprendre. Ou peut-être parce qu’elle était juste là au bon moment. « J’aurais jamais pensé me sentir aussi abandonné parce que je suis pas foutu de trouver ton père. » Voilà, c’était dit. C’était ridicule, mais c’était comme ça. « Lui qui est toujours si prompt à répondre à l’appel d’habitude… ou apparaître dans mes paquets de clopes quand je ne lui ai rien demandé. Avec ses sermons qui prennent quatre heures… » Et sa façon de toujours s’inquiéter pour lui, malgré tout, ou en dépit de tout. Et aujourd’hui, c’était lui, qui se retrouvait là, avec sa fille, avec leur fille. Deux pèlerins, pécheurs égarés, à la recherche d’une consolation, d’une présence, là où, peut-être, il n’y avait finalement que du vide.


 
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+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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You
and me
and the devil makes three.

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Clean. Coincidence ? I think not !

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Imagine what you could be,
if you could set down
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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyJeu 26 Déc - 0:52

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Elle ne s’était jamais vraiment posé la question de comment son père trouvait John ou de comment John trouvait son père, avant. Pour ce qui la concernait, Swamp Thing savait toujours, à tout moment et n’importe où sur la Terre, où elle se trouvait, à quelques exceptions près – elle doutait que si elle se réfugiait au trentième étage d’un building de verre au cœur d’une mégapole, il puisse la repérer. Cela l’avait toujours agacée, particulièrement après qu’elle avait retrouvé sa vie, après s’être débarrassée de la peau et de la chair de Mary Conway. Jamais, de toute sa vie, elle n’avait plus désiré disparaître, mais il y avait toujours cette certitude dans un coin de son esprit qui lui rappelait que son père pouvait la rejoindre à tout moment. Mais il ne l’avait pas fait. Il lui avait accordé ces mois, ces années loin de lui, même si elle savait qu’il en avait souffert et qu’il en souffrait encore aujourd’hui. Par bien des aspects, elle était un genre de miracle, elle en avait conscience. Mais pour son père, c’était encore plus que cela. Abby s’était toujours imaginée mère, et c’était facile, pour elle. Mais Swamp Thing ? Il y avait de nombreuses choses qu’il avait cru perdues pour lui, l’amour et la paternité en premier, et il avait eu les deux. Parfois, l’énormité de ce qu’elle représentait pour lui donnait le vertige à Tefé, et alors oui, elle trouvait plus facile d’être loin de lui, et plus facile aussi de se voir comme John, qui n’attendait rien d’elle, une légèreté qui lui convenait, à elle. Pas de responsabilité, pas d’amour à rendre, croyait-elle, surtout un amour impossible à rendre en même quantité tant celui que Swampy Thing lui portait était sans limites. Est-ce qu’elle était horrible, alors, de penser cela ? De se croire incapable d’aimer son père autant qu’elle l’aimait et se chercher refuge dans l’affrontement que représentait John quand bien même elle savait qu'elle ne comprenait pas ce dernier ? Est-ce qu’elle était seulement capable, d’aimer, d’abord ? Est-ce que c’était le bon moment pour se poser cette question ? Est-ce que son père et John avaient un code secret pour se trouver ? Lui prétendait brûler une fleur mais il y avait plus que cela, entre eux, elle le savait bien, sans savoir quoi. L’éternelle frustration, le sentiment que le lien qui reliait ses deux chers papas lui échapperait à jamais, même si en mûrissant elle avait fini par l’accepter, par accepter que les choses qui leur appartenaient à eux n’avaient pas à lui appartenir à elle au prétexte qu’elle était leur enfant. Ce qui ne l'empêchait pas de toujours poser des questions. Très concrètement, cette fois, elle lisait entre les lignes de ce que John racontait. Lui aussi devait, d’habitude, toujours savoir trouver Swamp Thing. Et lui non plus, cette fois, n’y était pas parvenu. Les conclusions à en tirer n’étaient pas bien compliquées.

Autour d’eux, tout se faisait plus pesant. Tefé entendait toujours l’appel caverneux de la forêt lui vriller les tempes, sentait ses jambes devenir lourdes, la terre tenter de les retenir à chaque pas, les feuilles les égratignaient tant qu’elles pouvaient au passage, il y avait toujours des racines ou des branches sur le passage, l’humidité était étouffante, bref, Hyde Park ne voulait pas d’eux. Ou plutôt, soupçonnait Tefé, de lui. L’appel de la chose au cœur de la forêt se faisait pressant, impérieux, l’attirait en avant, mais tout le reste la repoussait parce que John était de trop dans cette équation – de trop, ou au contraire exactement celui qui devait être là avec elle, ce qui ressemblait à l’histoire de sa vie, à celui-là. Ils s’arrêtèrent enfin et Tefé s’appuya sur un rocher couvert de mousse avec soulagement, contente de faire une pause, contente aussi que John ait eu une idée. Tout en soutenant son père, elle tenta de le suivre dans ce qu’il faisait. Elle s’attendait à sa sale magie et en sentit bien quelques résidus courir de sa peau à la sienne. Elle fronça le nez et eut envie de vomir. Elle avait l’impression que des petits vers se tortillaient sur elle avec curiosité. Oui, c’était bizarre, mais c’était ce qu’elle ressentait, comme si cette pellicule bizarre de magie tentait de la goûter. Elle préférait ne pas imaginer ce qu’il devait ressentir, lui. Elle faillit le repousser, mais sentit alors quelque chose de différent, de familier, même. Familier, parce qu’il faisait quelque chose qui le reliait à la nature, et aussi parce qu’elle avait déjà senti ce quelque chose chez quelqu’un d’autre : Gareth, le druide que le Green lui avait demandé d’assassiner, ce qu’elle s’était fait un plaisir de ne pas faire. Elle tourna la tête pour observer John, étonnée. Elle ne savait pas qu’il pouvait faire cela. Elle ne savait pas que la magie pouvait être autre chose que sombre et sale et de douloureuse, à son image à lui. Elle en avait pris un peu conscience avec Gareth et en avait la confirmation avec John. Elle faillit parler pour lui demander ce qu’il faisait, et comment, et pourquoi, mais réussit à se contenir. Décidément, il y avait tellement de choses qu’elle ignorait à son sujet. Parce qu’il les lui cachait. Et finalement, il obtint une direction, ce qui était peu, mais mieux que rien. Elle se remit en route, refusant de rebondir sur ses inquiétudes.

Forcément, elle ne lui promit pas de ne pas répéter ce qu’il allait lui dire. Tefé n’aimait pas les promesses, c’était trop de pression, alors elle n’en faisait jamais. Mais elle ne s’attendait pas non plus à ce qu’il balança. Elle en trébucha de surprise et se rattrapa en s'appuyant de sa main libre sur un arbre. « Je suis sûre que ça le ferait rire d’entendre ça. Et que ça terrifierait Abby.  Mais je vois ce que tu veux dire, moi aussi je me sens abandonnée, alors que j’ai passé toutes ces années à essayer de le fuir. Mais c’est plus facile de fuir quelqu’un quand on sait qu’il ne vous abandonnera jamais. » Un aveu d’égoïsme qu’elle n’avait aucun mal à faire. Elle arracha sa main au tronc de l’arbre, dont l’écorce avait commencé à absorber ses doigts comme pour la retenir, et se remit en route, tirée et repoussée par une force qu’elle refusait de reconnaître. Oui, c’était bien la bonne direction. « Mais, et je te le dis uniquement parce que de toute façon tu vas probablement crever de tes blessures, je me sens un peu moins seule maintenant que t’es là. » Même s’il n’en savait pas plus qu’elle. Même si là tout de suite il était littéralement un poids presque mort. Elle regardait droit devant elle. « Il y a des trucs qui me mettront toujours en colère contre toi, des trucs que je ne pourrai jamais te pardonner. Mais tu me rappelles papa des fois. Et là tout de suite, je suis contente que tu sois là. Même si ça m’énerve. » Était-ce parce qu’elle associait depuis l’enfance Swamp Thing et John, par ce lien qui les unissait et qui lui échappait ? Parce qu’ils étaient tous les deux à l’origine de son existence ? Parce que c’était toujours « eux deux » contre « elle » dans son esprit ? Ou bien des choses plus terre à terre, leur jusqu’au-boutisme, leurs sermons, le fait qu’il n’était pas rare que Swamp Thing lui parle de John, même pour en dire le pire, et que John lui parle de Swamp Thing, même pour l’insulter ? Ou alors, était-ce juste parce qu’elle était exténuée, malheureuse, terrifiée et seule et en colère et qu’elle ne savait plus à quoi s’en tenir niveau émotions ? Oui, c’était probablement ça, en fait.

Elle se figea de nouveau, alors que la végétation autour deux avait changé petit à petit – plus dense, plus sombre, plus mouvante… Elle sentait des présences insolites, aussi. Des êtres issus du Green, et pas du monde des hommes. Elle voyait leurs silhouettes biscornues se découper dans la pénombre – des membres tordus, des cheveux faits de feuilles et d’herbe, une odeur de terre et de pluie… « Je crois qu’on est proches… Le comité d’accueil est là… » Il devait bien les sentir, lui aussi. Mais les élémentaires ne se montraient pas, cela dit. En revanche, c’était un concert de vociférations, au point qu’elle plaqua sa main libre sur son oreille. Que fais-tu là ? Que fais-tu là avec lui ? Les voix se coupaient, se chevauchaient, résonnaient dans tout son être, emplissaient tout l’espace disponible de sa raison, exactement comme quand le Parlement des Arbres, sur leur monde, tentait de l’asservir. Tu amènes un humain. Un humain ! Mort à tous les hommes. Mort à tous les hommes ! Que fais-tu, que fais-tu ? Elle sentait leur dégoût, leur haine pure, leur peur, aussi. Cela faisait très longtemps qu’un être humain n’avait pas pénétré dans ces lieux. « Le Green ne veut pas de toi ici. Il est très en colère. » Mais, par pur esprit de contradiction, elle continua d’avancer, parce qu’elle avait décidé il y a longtemps de ne plus avoir de maître. Puis une autre voix s’imposa aux autres, même si le mot voix ne convenait pas vraiment. C’était indéfinissable, mais c’était puissant, comme une vague qui l’aurait percutée et fait rouler dans le sable. Ne sais-tu pas… qui je suis ? Ne sais-tu pas à qui… va ta loyauté… étrange petite chose ? Ne me reconnais-tu pas ?

La puissance de cette admonestation la figea sur place et elle se sentit frissonner, et soudain des centaines et des centaines de petites branches jaillirent de ses doigts, de ses bras, de tout son corps, et sa peau se veina des rainures du bois, et ses cheveux se hérissèrent et se piquetèrent de fleurs et de feuilles. Elle poussa un hurlement et repoussa John avant d’arracher frénétiquement brindilles, feuilles et fleurs, comme si une armée d'araignées lui courait dessus, même si elle aurait préféré cela évidemment, que sentir son corps ne cesser de se transformer sans qu’elle puisse l’empêcher. C’était la chose au milieu de Hyde Park qui faisait ça, qui l’obligeait à faire ça. Insupportable reflet de ce qu’elle avait déjà vécu, le Green qui l’avait dominée enfant, John qui l’avait forcée à changer d’apparence, et elle le regarda tout en essayant de reprendre le contrôle, et se rendit compte qu’elle avait honte qu’il la voie comme ça, même s’il savait très bien ce qu’elle était, même s’il l’avait déjà vu des dizaines de fois se servir de ses pouvoirs, mais cette fois ce n’était pas la même chose parce qu'elle ne contrôlait rien, et cette pensée était insupportable. « Laisse-moi tranquille ! Laisse-moi ! » Sa panique était totale. Elle ne voulait pas ressembler à Swamp Thing, là tout de suite, elle ne voulait pas être lui, elle avait besoin qu’il soit lui, et elle, elle n’avait jamais autant voulu être humaine. Tu fais partie des nôtres… Et elle sentit le non-dit dans ses paroles : elle faisait partie du grand tout du Green, mais pas John. Elle vit de nouveau les herbes coupantes s’enrouler autour des jambes de l’exorciste, les branches pointues fondre sur lui, et la silhouette menaçante des élémentaires se rapprocher de lui. Elle pouvait leur dire de battre en retraite, non ? Elle aussi avait ce pouvoir-là. Elle voulut bouger mais sentit que ses jambes avaient pris racine, littéralement, dans la terre. Et que bientôt, elle ne serait plus qu’un des êtres qui peuplaient la forêt parmi d’autres, absorbée dans le grand tout. Elle s’agenouilla, ses mains continuant d’arracher les fleurs de ses cheveux en vain, l’influence de l’avatar du Green trop forte pour elle, et puis surtout, elle en avait la preuve, non ? que ce n’était pas son père. Swamp Thing ne lui ferait jamais ça. « Papaaaa... » La plainte franchit ses lèvres en même temps qu'elle fermait les yeux, et en cette seconde, elle-même n'aurait pu dire si elle s'adressait uniquement à Swamp Thing.

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John Constantine


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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
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Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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This so-called team... we don't actually have to like each other, do we?

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Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyDim 29 Déc - 23:03


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C’est plus facile de fuir quelqu’un quand on sait qu’il ne vous abandonnera jamais. Cette petite phrase, cette simple petite phrase de sale gosse un peu trop philosophe, John refuserait de l’admettre à voix haute mais elle l’avait frappé de plein fouet comme une claque en plein visage. D’accord. Maintenant il comprenait. Maintenant, il voyait pourquoi Alec avait peur que sa précieuse petite pousse ne ressemble trop à son père biologique, ou quel que soit le nom qu’il fallait lui donner, et John sentit son estomac se tordre sous la pression de cette réalisation aussi soudaine que radicale. Jamais de la vie, Alec ou Abby n’aurait cautionné une philosophie pareille, mais lui ? Bon Dieu, il vivait par et pour cette philosophie. Il le savait bien. La brûlure de la culpabilité fit soudainement sentir sa morsure dans ses entrailles alors que dans son esprit dansaient les images de Chas et Zatanna, accompagnées de leurs nombreux reproches comme autant de détonations bruyantes dans sa tête. Reproches justifiés, critiques qu’il encaissait à chaque fois, plus ou moins bien d’ailleurs, mais qu’il encaissait quand même, parce qu’au fond, elle avait raison, la gamine. Toutes les blessures qu’il leur infligeait jour après jour, ils avaient beau dire que c’était la dernière fois, finalement, ça en l’était jamais. Ils pouvaient couper les ponts quelques jours, quelques semaines, quelques mois, mais au final, les gens comme eux avaient trop bon cœur pour fermer complètement la porte aux cas désespérés comme lui qui ne savaient rien faire d’autre que tout détruire sur leur passage et se faire passer pour les victimes derrière. Chas, Zatanna, Alec, c’était tous le même combat. Les gens comme lui et Tefé leur laissaient de profondes entailles, de par leur égoïsme, de par leur toxicité, et au lieu de les abandonner ou de les rejeter comme n’importe quelle personne un peu sensée le ferait, ils léchaient leurs plaies, et restaient fidèles au poste. Pauvre Alec. John se sentait un peu stupide, et franchement crétin, de ne jamais avoir réalisé qu’il recevait ce traitement de faveur par deux fois, maintenant. Pourtant, les fugues répétées de Tefé n’étaient pas un secret, il avait même tenté de la ramener à la raison une fois ou deux, mais de là à faire le parallèle entre elle et lui, il y avait eu un gouffre. Un gouffre qui, aujourd’hui, lui revenait en pleine figure. « Si ton père trouve que je te ressemble et que je te rappelle ton père, faudrait peut-être que vous commenciez à vous dire que vous vous ressemblez tous les deux, au lieu de tout me rejeter sur le dos. » grogna-t-il avec la plus parfaite mauvaise foi du monde, parce qu’il ne savait pas trop quoi dire d’autre, parce que les séquences émotion n’avaient jamais été son fort, surtout avec elle. « … moi aussi je suis content que tu sois là. » Seigneur, heureusement qu’Alec n’était pas là pour voir ça. Ca, tout ça, ces déclarations, cette trêve, ça leur ressemblait si peu, ça leur allait si mal, que ça devait vraiment être le signe que la fin du monde était sur le pas de leur porte. Le père et la fille, qui ne s’étaient jamais donné ces noms-là qu’à titre d’insulte ou de provocation, sauf là, sauf maintenant même s’ils ne le disaient pas, seuls contre tout.

Et présentement, seuls contre le comité d’accueil, semblerait-il. « Oh, bloody hell. » souffla-t-il en scrutant, non sans appréhension, les silhouettes déformées et végétales qui se découpaient peu à peu dans la pénombre, mythiques, cauchemardesques, intrigantes et oniriques, mais horriblement menaçantes. « La marche des Ents sur Isengard… » Bon, l’heure était peut-être très mal choisie pour faire du sarcasme ou des références littéraires brillantes, mais John n’avait jamais été connu pour le sens du timing de son sens de l’humour. Encore un truc que lui et Tefé partageaient peut-être, d’ailleurs. Et le Green ne voulait pas de lui ? Ben voyons. Trop facile, ça, comme excuse. Néanmoins, Tefé avait raison, et John qui quelques instants plus tôt était encore relativement assommé, se sentit soudainement bien plus alerte et sur ses gardes. Malgré le sortilège druidique, il n’entendait pas ce Green qui ne voulait strictement pas de lui et s’arrangeait pour passer outre son esprit attentif, laissant Tefé pour seule interprète de cet étrange échange qu’il devinait en filigrane. « Tu peux leur dire d’aller se faire cuire un œuf, et… Tefé ? » L’arrêt soudain de Tefé, qui signifiait aussi l’interruption de son élan à lui, la manière dont elle fixait un point dans le vide, et surtout, cet instinct soudain, pressant, urgent d’une catastrophe imminente, envoya une décharge glacée le long de son échine. Voilà, c’était ici, c’était maintenant, que tout basculait, et que les voies de la synchronicité se dérobaient sur ses pieds pour le laisser au bord de la route, de la même façon que Tefé le repoussa brutalement en poussant un hurlement déchirant qui lui glaça les sangs. « Tefé ! » Il se rattrapa à peine sur ses appuis, et plus tard, s’il survivait à cet incident, il n’aurait aucun mal à l’admettre : il avait des sueurs froides et les jambes qui tremblaient face au spectacle qui s’offrait à lui. Bien sûr qu’il avait déjà vu Tefé en action, mais ça… ça n’était pas Tefé, ça. C’était le Green qui prenait possession d’elle, un Green qui n’était pas le sien. Un Green qui l’absorbait, elle, et cherchait à le rejeter, lui. « Fuck ! » s’exclama-t-il en sentant soudainement le tranchant des herbes autour de ses jambes, invincible vermine qui cherchait à se frayer un chemin par-delà son épiderme. Impossible vermine contre laquelle il chercha à lutter en extrayant son briquet de sa poche, et…

Papaaaa...


Alec.

Papa, c’était Alec – et Alec, c’était papa. Swamp Thing, la créature des marais avec sa bienveillance un peu rude, ses grognements. Alec, qui restait désespérément muet aux appels déchirants de sa fille. Alec, qui d’habitude, volait toujours à la rescousse quand il le fallait, et là, ils n’avaient jamais autant eu besoin de lui, et il n’était pas là, et c’était là la confirmation la plus terrible et la plus poignante de son absence définitive sur cette Terre maudite qui cherchait à dévorer sa fille et tuer son bourreau. Une absence qui laissait un vide béant devant eux et laissait John le souffle coupé et complètement désemparé. Swamp Thing n’était pas là, et Swamp Thing ne viendrait jamais, même si Tefé s’époumonait jusqu’à s’en déchirer les cordes vocales, même si le Green décidait de l’écarteler sur place. Le père de Tefé, son vrai père, celui qui comptait, n’était pas là. Tous ses repères volaient en éclats. C’était là, non ? Le moment où il aurait dû se carapater, disparaître, trouver une échappatoire et fuir sans se retourner. Mais John restait cloué sur place, les herbes coupantes déchirant sa chair et le sang perlant déjà sur leurs lames jusqu’à rouler le long de leur chlorophylle et imbiber le sol fertile sous leurs racines, et Tefé avait pratiquement disparu sous toute cette végétation, et elle se désagrégeait presque, plante parmi les plantes, élémentaire parmi les élémentaires, et soudainement John sentit un hurlement monter dans sa gorge qu’il ravala en même temps que le désespoir qui menaçait de l’emporter dans sa déferlante. Pas Tefé. Pas sa fille, qui n’était pas vraiment sa fille mais qui l’était assez pour que son vrai père s’en inquiète, sauf que le vrai père n’était pas là alors pour une fois, pour la première fois depuis sa naissance, et sa renaissance, à cette petite pousse qui avait été tant attendue et tant redoutée tout à la fois, c’était le père dont personne n’avait vraiment voulu qui devait faire quelque chose. Parce que l’alternative, c’était de perdre Tefé. Et après avoir perdu Zatanna à Nebiros, à peine quelques heures plus tôt, John n’était vraiment, vraiment pas sûr de pouvoir encaisser un deuxième échec. « Stop ! Attendez ! » s’écria-t-il en se débattant comme un beau diable pour s’extirper de l’emprise des herbes qui lui déchiraient les chairs, et tant pis pour la douleur, et tant pis pour le sang – tant mieux pour le sang, même. « Ecoutez-moi, bande de légumes apathiques ! Bon sang, vous allez m’écouter oui ?! » Et, sans réfléchir, John laissa à nouveau son instinct de survie prendre le dessus et puiser dans les résidus de Nergal, et l’énergie qui émana de lui éclata comme une bulle dans un faible rayon, mais suffisamment pour faire griller les plantes qui s’étaient amusées à le transformer en steak haché. Et tout aussi rapidement, il fut conscient des regards braqués sur lui, tous ces élémentaires, ces prédécesseurs qui voulaient réclamer leur dû et ne sauraient accepter un refus. « Tu… n’as aucune place… ici… humain… » Ah. Enfin. Les voilà qui consentaient à s’adresser au déchet qu’il était – et c’était tout ce dont il avait besoin, la priorité étant d’éloigner leur attention de Tefé et ralentir le processus, quel qu’il soit, qu’ils avaient initié. Et comme foutre le feu n’était clairement pas une option dans cette forêt invraisemblable, il n’avait plus le choix : comme d’habitude, il allait falloir qu’il parlemente. « Si vous la gardez parmi vous, et que vous me tuez, vous vous condamnez vous-même. » lâcha-t-il avec une conviction remarquable, pour quelqu’un qui improvisait complètement ses dialogues – mais perdu pour perdu, autant continuer sur sa lancée, et suivre la trace indiquée par son instinct qui lui faisait bien moins souvent défaut que sa raison. Dans le groupe d’êtres de feuillages et de ronces, l’une des silhouettes se détacha du reste et se mut lentement vers lui, les deux trous lui servant d’yeux plissés et brûlant de méfiance et de rancœur. « Vous êtes tellement déterminés à vous débarrasser de moi et à la garder elle que vous foncer sans regarder où vous allez, brande de gros malins. » cracha John en lui retournant son ‘regard’ dans ciller, tout en étant persuadé que l’arbre parlant pouvait sans doute percevoir son cœur tambouriner si fort dans sa poitrine que sa cage thoracique allait exploser. John déglutit, et glissa un regard à Tefé. Il n’avait pas le choix maintenant. Autant continuer sur la douce route du bluff et de l’improvisation. Ils ne pouvaient pas tomber plus bas, de toute façon. « Vous ne le réalisez pas encore, mais si vous aviez fait un peu gaffe, vous auriez pigé que ni elle ni moi ne venons de votre monde. De cette planète, en tout cas. Elle, cette élémentaire que vous essayez d’absorber ? Elle appartient à un Green qui n’est pas le vôtre. Vérifiez si vous ne me croyez pas ! Faites votre truc d’élémentaire, communiez, j’en sais rien, mais je suis sûr que vous pouvez voir qu’elle n’est pas tout à fait comme vous. Comment vous pouvez être sûrs et certains que l’absorber dans votre Parlement des Arbres ne va pas vous empoisonner de l’intérieur, hein ? » Premier appât jeté, première tromperie balancée en pâture aux requins – mais ça, ça ne ferait que signer leur arrêt de mort à tous les deux, alors John enchaîna très vite : « Et moi – bande de gros malins, vous ne sentez pas depuis tout à l’heure que mon sang est contaminé par une magie démoniaque ? Votre Green a beau être revêche, vous savez ce qu’il se passera une fois qu’il aura totalement assimilé mon sang, que vous versez et buvez joyeusement depuis des heures ? Il sera pollué, et il se corrompra jusqu’à, au mieux, dépérir, dans les pires souffrances imaginables. Et vous vous êtes fait ça tous seuls, parce que vous avez oublié d’être un minimum prudents. Ce n’est qu’une question de temps. Que je meure ou vive, vous êtes condamnés, j’ai perdu trop de sang, et vous en avez trop bu pour vous en remettre. » La silhouette s’approcha encore, et cette fois, John était presque sûr de l’avoir entendu siffler. A moins que ça ne soit toute la forêt. Plus qu’un effort encore, un dernier effort, et il aurait joué toutes ses cartes. « A moins que vous ne la relâchiez, et que vous nous laissiez partir tous les deux. » Il avait du culot. Ils en avaient tous les deux, en s’aventurant ici. Mais c’était le prix à payer pour survivre en milieu aussi hostile. « Nous sommes venus ici chercher l’avatar du Green – le nôtre, ou le vôtre, peu importe. Laissez-nous le trouver, et laissez-nous ressortir indemnes de cette foutue forêt, et je soignerai votre Green de chaque particule de magie avec laquelle mon sang l’a contaminé. Si vous refusez… ça n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne prenne le dessus. A vous de voir. » Et voilà. Comme ça, John abattait ses dernières cartes – et il n’osait pas regarder Tefé, de peur de voir dans quel état elle était maintenant. Et pour la première fois depuis longtemps, il se prit presque à prier.


 
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+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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You
and me
and the devil makes three.

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Meet my best friends Daphne, Mercury and Mercury + The key

Clear & Green
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Clean. Coincidence ? I think not !

phone + amazing tim + daphne : x-files + codename : strike team green + daddy...? + mom's story

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Imagine what you could be,
if you could set down
the burden of the Green.










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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyLun 30 Déc - 21:57

who wants to live forever anyway

Elle flottait, du moins c’était l’impression qu’elle avait, et si elle s’était totalement coupée de la réalité, elle aurait peut-être pu se croire revenue dans le Blue, parce que la sensation anesthésiante était sensiblement la même. À condition de se mettre de sacrées œillères, évidemment. Elle flottait, mais pas dans l’eau. Elle savait qu’elle se trouvait dans cet entre-deux, cette infime frontière entre le Green et le monde des hommes, qu’elle traversait d’ordinaire en un clin d’œil, quand c’était elle qui en décidait ainsi. Mais elle ne décidait plus de grand-chose, désormais. Elle sentait encore son corps enraciné dans la forêt de Hyde Park, qui changeait et changeait et changeait, florissait et creusait et se transformait sous l’influence du Green et de son avatar caché quelque part non loin. Mais sa conscience était ici, dans ce fleuve de vie étrange. Chez elle, il était riche, bouillonnant, le creuset de la nature d’où sans cesse jaillissaient bourgeons et racines en un cycle de vie incessant. Ici, c’était un filet d’essence végétale rachitique et malade et si elle avait eu des mains, là, tout de suite, elle les aurait plaquées sur sa bouche pour ne pas vomir, puis sur ses yeux pour ne pas pleurer de tristesse. Que t’ont-ils fait, oh, que t’ont-ils fait ? Mais elle savait bien ce que le Green avait subi sur cette Terre. Elle n’avait pas besoin d’une démonstration. Pas besoin de sentir la conscience collective du Green se fracasser encore et encore contre son esprit comme une vague sur la plage. Tu vois ? Tu vois comme ils nous tuent ? Tu comprends ? Tu comprends comme nous mourons ? Et elle sentait leur désespoir, leur haine, et la culpabilité aussi parce qu’elle avait promis, elle avait promis de les choisir eux, et au final elle n’avait jamais eu le courage de prendre complètement et irrémédiablement leur parti contre les hommes. Elle eut l’impression de se débattre, de leur hurler de la laisser partir. Mais c’était comme si elle était revenue à ce moment de sa vie, tout au début, quand elle n’était que Sprout, la petite essence végétale qui flottait dans le grand tout. Et de nouveau elle distinguait des silhouettes floues et gigantesques se pencher sur elle, la pointer du doigt, décider de son sort. Tu prendras vie. Voilà à l’époque ce qui avait été décidé pour elle, arrachée du ventre chaud et doux de la Nature elle-même. Cette fois, c’était autre chose. Ils la voulaient parce qu’ils n’étaient plus que quelques-uns. Ils ne réfléchissaient plus vraiment comme les êtres doués de conscience, bonne ou mauvaise, qu’elle avait connus sur sa Terre. Ils n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Ici, le Parlement des Arbres était malade, renvoyé à un état primitif, guidé par son seul instinct de survie. Elle n’était qu’un brin d’herbe de plus pour eux, mais c’était déjà ça de pris.

Et tout comme elle l’avait ressenti avec Layla, elle se laissa aller là aussi à la facilité que cela représentait de se laisser faire. De lâcher prise, de s’abandonner, de laisser les autres décider pour elle, comme d’habitude. Plus besoin de chercher son chemin, plus besoin de faire un choix. « Stop ! » Même si elle savait qu’elle détestait cela, objectivement, que son indépendance était ce qui comptait le plus pour elle. « … vous allez m’écouter, oui ?! » Les murmures se firent plus forts, la pression sur son essence plus lourde, mais cela ne l’empêchait pas d’entendre la voix de John à travers le brouillard. Qu’est-ce qu’il racontait encore, cet idiot ? Mais tu es à nous. Et nous sommes à toi. Mais je l'entends... J'entends sa voix... Pourquoi est-ce qu’il n’en avait pas profité pour s’en aller ? Il l’avait su avant elle, que Swamp Thing n’était pas là. Il le savait depuis le début, et elle ne comprenait même pas pourquoi il l’avait suivie dans la forêt. C’est un humain. C’est du poison. Mais ce n’était pas n’importe quel homme. C’était sa malédiction, le responsable de sa terrible indécision, de ses questionnements permanents ; c’était un humain, alors cela faisait d’elle une humaine aussi, au moins un peu. Je suis à lui, aussi. Ce n’était pas un choix du cœur ou un choix de la raison, cela le Green ne pouvait de toute façon pas le comprendre, et ne lui laissait même pas le choix en vérité. Mais, la question de l’appartenance par la nature même, ça oui, il aurait dû pouvoir l’appréhender. Sur son monde, c’était pour cette raison qu’elle avait plus ou moins la paix, parce que sa nature était unique. Ici, il fallait qu’il le sache. J’ai son sang, je lui dois ma chair, ma voix, la possibilité de marcher sur terre. Je suis autant à lui qu’à vous. Et je veux marcher, moi. Je ne veux pas prendre racine, pas encore ! Son cri du cœur se heurtait à l’incompréhension totale de l’avatar tapi dans l’ombre. Mais elle s’en fichait. Là-bas, elle entendait encore la voix du type le plus stupide de la planète, vu qu’il n’y en avait probablement qu’un seul qui aurait accepté un tel marché, et même que c’était probablement pour ça que Swamp Thing était allé le trouver, lui. Une chance sur sept milliards pour elle d’avoir droit à la vie, et ça avait fonctionné, son sauveur et son fléau tout à la fois – la définition de la vie, dans un sens.

Elle sentait son corps retrouver ses contours, ses bras et ses jambes durcir, toute sa chair prendre la consistance du bois, et après tout c’était ce qu’elle était en cette seconde, s’arrachant du Green pour retourner dans sa carcasse de bois qui n’avait plus vraiment de forme humaine, elle s’en doutait, même si elle ne pouvait pas se voir, et John était là, qui n’avait pas fui, mais c’était probablement parce qu’il ne pouvait pas, tout cassé comme il était. Oui, c’était ça. Elle s’accrochait à ses mots, avec l’envie de le secouer et de le traiter d’idiot à chaque propos qu’il prononçait. Il défiait le Parlement des Arbres avec ses belles paroles, il mentait comme un arracheur de dents, c’était tout ce qu’il pouvait faire. Elle sentit de nouveau le Green la saisir, de nouveau la panique l’envahir, mais c’était autre chose, c’était comme s’il la goûtait, en quelque sorte, et elle put presque le visualiser en train de cracher par terre. Ouais, je suis dégueue, j’ai du sang dégueu dans les veines, si tu ne veux pas de lui, tu ne veux pas de moi non plus ! Mais ça marchait, non ? Elle sentait l’emprise se défaire petit à petit, sentit son énergie lui revenir et sa volonté lui être rendue, et elle perça d’un coup la carapace de bois à forme à peine humaine qui la retenait désormais prisonnière, déchira l’écorce, s’arracha aux branches et aux racines, nue comme un ver comme au jour de sa naissance. Voilà qu’elle revenait à la vie sous forme humaine une seconde fois grâce à John Constantine. Elle se traîna au sol, sentit la souillure de la magie écœurante dont il avait dû user encore une fois, comme des petits vers grouillant sur sa peau, et entreprit aussitôt de se créer une simple robe courte d’herbe tressée. Elle se releva et tituba jusqu’à John avant de se laisser tomber à genoux à ses pieds, le regard braqué sur celui des élémentaires qui avait osé s’approcher de lui. Elle avait capté un bout de la promesse que son père avait fait au Green, et doutait qu’il puisse la tenir. « John… Je t'ai entendu. Mais arrête. Tu vas t’attirer des ennuis. » Oh, il savait ce qu'il faisait, non ? En tout cas c'était ainsi que les gens dans sa vie étaient censés se comporter : comme des gens raisonnables. Inquiète, elle ? Ou simplement désireuse de ne pas se retrouver seule à nouveau alors qu’elle venait de le trouver. Et puis il l’avait sauvée. Et pour une fois, elle s’en fichait, de ses mensonges. Vous êtes… souillés… Pourquoi… Pourquoi… Nous ne comprenons pas… Ouais, eh bien, Tefé non plus ne comprenait pas, après vingt-quatre ans de vie, enfin, à peu près, et elle était à peu près certaine que John non plus, depuis le temps qu’elle le saoulait pour avoir des réponses qu’il disait ne pas avoir. L’élémentaire tendit une branche qui vint s’enrouler autour de son poignet, non sans faire un détour presque amusant pour éviter de s’approcher de John, définitivement pestiféré pour eux. Tefé laissa la branche caresser la paume de sa main, y creuser un sillon sanglant à la couleur bien humaine puis se retirer dans un soupir incrédule et furieux.

Nous mourons ! « Je sais… Je suis désolée… Mais ce n’est pas nous qui vous tuons. Nous, on est… On est juste… » Elle leva les yeux sur John. Ils étaient quoi, au juste ? Jamais elle n’avait verbalisé ça ainsi, « nous », lui et elle comme un ensemble. Et comme d’habitude, elle ne trouva pas de réponse et ne termina pas sa phrase. Mais la pression se faisait moindre. La méfiance et le dégoût étaient toujours là, mais il y avait désormais tant de fatalisme, tant de désespoir, que c’était comme si la menace leur prenait trop de force. Et elle les sentit pousser sans douceur dans son esprit des impressions, des sensations, des bruits, des couleurs, des images, des clichés de vie tels que la nature voyait les hommes se comporter en hommes. Et elle sentit les assauts de leurs machines, le poids de leurs pas sur la terre humide ainsi dégagée, le nombre de leurs corps se multiplier, les fumées de leurs cheminées s’étendre et se mélanger au ciel et à la mer, et le poison de tout ce qui constituait leurs possessions se distiller dans la terre, et le bitume de leurs villes se dérouler et étouffer les pousses et les insectes, et le métal et le verre dévorer le bois, et la violence, ensuite, et la guerre, et le sang et la cendre gorger l’humus et drainant la vie déjà fragile des végétaux et des petits animaux, et les visages grimaçants des Amazones et des Atlantes piétinant la terre douce, et leurs cadavres laissés là à pourrir au soleil, et les arbres devenus leurs lances et leurs armures, et l’eau devenue leur poubelle, et sourds, sourds ils étaient restés aux hurlements pourtant assourdissants de celle qui les nourrissait, les habillait, leur faisait un toit sur la tête encore et encore jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, presque plus rien, et Tefé avait les mains plaquées sur les oreilles et les yeux fermés, et elle savait que John aussi voyait et entendait et ressentait tout cela, et puis soudain, la RAGE, la HAINE, et la nature qui se retourne contre les hommes. Dernier petit bout de Green, dernière preuve d’une vie bien plus ancienne que les humains, plus ancienne que les Amazones même ; Hyde Park, dernier bastion rendu violent, rendu sans pitié, rendu fou, tout simplement. Vous comprenez ? Vous comprenez ? Elle sentait maintenant la folie chez cet avatar qui enfin, s’approchait.

Elle frémit, s’accrocha au bas du trenchcoat de John, les yeux fixés sur la cour arborée des élémentaires qui doucement s’écartaient pour le laisser passer. « C’est lui. C’est papa. » Oh, elle l’avait dit, elle n’avait pas pu s’empêcher de le dire, et elle s’en voulut d’être aussi stupide. Mais, jusqu’au dernier instant, elle ne pouvait s’empêcher d’espérer, et cela, elle le tenait définitivement de Swamp Thing. L’avatar se déploya devant eux, créature à peine humanoïde, nulle enveloppe humaine n’ayant forgé ses contours un jour, c’était évident. Amas de lianes, de branches, de fleurs, d’herbe sans cesse en mouvement, pure créature du Green, sans une goutte de sang dans les veines, pas de veines, d’ailleurs, rien, à peine l’ombre d’yeux comme deux abysses, et encore, seulement pour eux, puisqu’il leur fallait bien quelque chose à quoi se raccrocher pour comprendre ce qu’ils regardaient. Mais Tefé ne comprenait pas. Elle ne voulait pas comprendre. « Ce n’est pas lui. Ce n’est pas lui. Oh non. Non, non, non. » Elle regarda de nouveau John à la recherche d’une explication, même un de ses mensonges, ça lui conviendrait. Elle se releva en tremblant de rage. « Où est-il ? Où est mon père ?! » Son explosion de colère entièrement dirigée sur l’avatar du Green de Terre IV, elle s’avança d’un pas, les poings serrés. Elle n’avait plus peur. Fidèle à son ambivalence permanente, elle se sentait entièrement humaine désormais, à l’opposé de la créature qui leur faisait face. Laquelle ne bougea pas – mais n’essaya pas de les tuer non plus, ce qui était un progrès. Tefé sentait que l’avatar n’avait pas communiqué avec des humains depuis longtemps, alors même que c’était pour cette seule raison que le Green se dotait d’un avatar. Mais celui-ci s’était retiré dans son royaume pour lécher ses plaies et couper complètement le lien avec les hommes, et si Tefé pouvait parfaitement l’admettre, voire l’y encourager, elle sentait aussi chez cet avatar quelque chose d’horriblement familier. Et surtout, elle sentait la fureur et la violence chez lui. « Vous devez… partir. Vous… partez. Le sang… est un poison. Le poison est… une souffrance. » C’était à John qu’il s’adressait. Fugacement, elle se demanda si Swamp Thing aussi ressentait quelque chose en présence de l’exorciste à sang de démon.

Mais elle n’était pas prête à partir, elle. Pour savoir ce qu’était devenu son père, elle se plaçait dans la team #poison. Les poings serrés, campée pieds nus sur ses deux jambes, prête à attaquer, à mordre, à user de tous les dons que la nature lui avait donnés, ironiquement. « Je peux me le faire, John. On peut le faire parler. Toi tu peux lui arracher la vérité. » Les élémentaires sifflèrent dans l’ombre et l’herbe ondoya sous leurs pieds, prête à mordre. L’avatar posa son regard vide sur elle, puis le tourna de nouveau sur John, avisa les restes de la pâte verte avec laquelle Tefé avait tenté de soulager sa douleur et hocha doucement ce qui lui servait de tête. « Mon corps refermera… tes blessures. Pour que ton sang cesse… de nous empoisonner. Tu es différent, c’est vrai. Mais tu es poison… malgré tout. » Tefé s’entendit rire, dans une autre vie, sur un autre monde, « ahaha, personne ne veut de toi ! » mais ce n’était qu’un écho car en cette seconde, elle ne riait pas du tout, et si elle n’avait pas été aussi en colère, elle aurait même eu de la peine pour lui, parce que c’était vrai, qu’on aurait dit que personne et nulle part n’était fait pour ouvrir les bras à John Constantine.  Sauf qu’elle se faisait ignorer, maintenant. « Comme vous êtes venus… Vous repartirez. Ou bien je vous tue. Nous sommes condamnés. Vous pas encore… tout à fait. » Enfin, l’avatar la regardait, et elle baissa les yeux, incapable de soutenir son regard. « Il est bizarre, John, cet avatar. Où est mon père ? » Et le regard de l’avatar brilla de nouveau de colère, passa d’elle à John, puis revint sur elle, et elle dut se retenir de ne pas crier « non, l’autre, mon autre père ! » mais cela aurait été vraiment ridicule. Derrière l'avatar, les élémentaires ondulèrent de fureur au même rythme que leur champion, mais elle s'en fichait. Ce fil sur lequel ils se trouvaient tous, elle se fichait de le casser, et de faire basculer le Green dans la violence à nouveau, inconsciente qu'elle aussi avait une responsabilité, ne serait-ce qu'envers John, pour lui permettre de sortir de là vivant, lui qui avait déjà fait sa part en la sauvant, elle. Non, en cette seconde, elle se montrait aussi jeune et stupide que la gamine d'à peine vingt ans qu'elle était encore parfois.

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John Constantine


John Constantine

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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
Ville : Vagabond, propriétaire de la Maison du Mystère, pilier de l'Oblivion Bar. Londres adoptive gravée dans l'ADN et dans l'âme, malgré la distance.
Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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"I'm not having you turning into my trusty sidekick or something." "Quick, Chas! To the piss-upmobile!"

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"I still don't know what kind of fate it is that makes us into bastards. I thought I came close once, but... I know it tries to get to us all. Us Constantines."

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"Be well, John."
"Say it backwards."

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"A trickster and an illusionist."

Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyMar 7 Jan - 17:20


who wants to live forever anyway


John ne s’était pas rendu compte qu’il avait arrêté de respirer jusqu’à voir la silhouette de Tefé se détacher enfin de cet affreux cocon d’écorce dans lequel elle s’était encastrée – une échappée belle, une renaissance peut-être dans tous les sens du terme, et il déglutit en songeant qu’ils venaient probablement, très certainement, de passer à deux doigts du pire. Ce Green était gourmand, avare, avide, infiniment plus que celui auquel ils étaient tous les deux habitués. Celui-là n’avait pas les mêmes qualités protectrices et nourricières que le leur, comme si ce monde avait vampirisé tout ce qu’il avait pu y avoir de bon en son sein – ce n’était plus qu’une racine flétrie et couverte d’épines qui gigotait dans un coin en sifflant et attaquait de son venin tout ce qui s’en approchait avant de laisser la terre engloutir ses ennemis pour se repaître de leur sang. Il avait tenté avec lui, avec eux – et maintenant, John priait pour que son coup de bluff continue à faire son petit effet. Tefé tituba vers lui comme un nouveau-né qui apprend à marcher, fraîchement émergée de ce Green anormal, et lui resta campé sur ses positions, darda un regard chargé de défiance sur ces élémentaires qui avaient tout l’air de vouloir les transformer en compost en un claquement de doigts – qu’avait-il dit à ce morveux de Tim Hunter, déjà ? Ah oui : tout le secret repose dans a façon dont on s’adresse à eux. Elémentaires ou démons, la différence n’était somme toute que mineure. Tout ce qui comptait, c’était de donner l’illusion que c’était lui, et Tefé, qui avaient le dessus, qui tenaient les rênes, qui avaient les cartes en main. Et ce, même s’ils avaient les genoux qui tremblaient et une envie tenace de s’enfuir en courant sans se retourner. Arrête, tu vas t’attirer des ennuis. Et Tefé, elle se vexerait, s’il lui disait qu’elle sonnait exactement comme son grand dadais de paternel légumineux, à cet instant précis, un commentaire qu’il ne ferait que pour défuser le nœud qui se forma dans son estomac au souvenir de l’absence d’Alec et ses terribles implications ? « T’en fais pas, je gère. » marmonna-t-il à la place, même si sincèrement, il n’avait pas l’impression de gérer grand-chose. Fake it ‘til you make it, comme on dit. Littéralement un précepte de vie, dans le cas de John Constantine. Peut-être même le plus important. John déglutit en sentant les regards insidieux des élémentaires sur eux, et il baissa les yeux vers Tefé pour croiser son regard à l’éveil de ce nouveau nous, né de l’improvisation du moment alors qu’elle leur cherchait toutes les excuses du monde. Nous contre eux. Nous contre le monde. Le premier nous, et s’ils n’étaient pas prudents ou incroyablement chanceux, peut-être le dernier aussi. Et les élémentaires, difformes, secs, broussailleux, d’approcher en grondant tout bas, leurs racines profondément enfoncées dans la terre, comme si elles s’y agrippaient désespérément dans une ultime tentative de survie. Le Green se mourait. Et alors seulement, John réalisa qu’il voulait qu’ils voient pourquoi.

Il avait toujours détesté la nature – enfant de la ville, véritable citadin, vomi par les entrailles crasseuses de Liverpool puis nourri et bercé dans l’effervescence acide de Londres, c’était là qu’il se sentait dans son élément, à respirer l’air de la ville aussi pollué que ses poumons, à frayer avec tout ce que l’humanité avait de plus sordide, et mystérieux, et émouvant, et pitoyable, et fascinant à offrir. La nature, elle était tout ce que John avait toujours été incapable de comprendre ou de concevoir. Ou d’obtenir. La noblesse, la beauté à son état le plus primitif, la paix d’une entité qui se sait parfaitement à sa place et n’ira jamais nulle part ; alors savoir que la nature se mourait, ça n’aurait dû lui faire ni chaud ni froid, à ce grand égoïste que Tefé accusait régulièrement de fumer des cadavres d’arbres qui n’avaient rien demandé à personne. Alors pourquoi, pourquoi l’intrusion des élémentaires dans sa tête, et les images qu’ils y implantaient de force étaient si douloureuses ? Une planète brutalisée, assassinée sous le poids du béton, écrasée sous ces villes énormes qu’on avait bâties sur son dos, brûlée par le poison qu’on avait déversé en son sein, et la douleur était tellement insoutenable que John sentit son estomac s’en retourner, et son cœur, et tout ce qui pouvait se retourner à l’intérieur d’un pathétique corps humain, et un cri silencieux s’échappa de sa gorge étranglée alors qu’il se prenait la tête à deux mains pour repousser, d’une ruade mentale sans élégance, ces visions d’horreur que le Green avait voulu lui imposer pour qu’il voie. Pour qu’il comprenne. Pas pour qu’il compatisse, mais pour qu’il souffre ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’eux, ces élémentaires et leur Green, avaient souffert. Mais la vérité, c’était qu’il ne voulait pas comprendre, John. Il s’en foutait, du Green. Tout ce qu’il voulait, c’était trouver Alec, et sortir de cette foutue forêt, avec Tefé, avec sa fille, sans que ça n’ait la moindre importance de préciser s’il pensait à la fille de Swamp Thing ou à la sienne. Et il savait qu’elle le tuerait sur place si elle l’entendait raisonner de la sorte. Mais la planète pouvait bien brûler – si lui et Tefé n’étaient plus là pour voir ça, il n’avait aucune raison de s’en soucier. Hargneux, il les repoussa de toutes ses forces, ces intrusions dans son esprit, et c’est blême, le souffle court, qu’il reprit pied dans le monde réel, Tefé agrippée à son imperméable comme une petite fille perdue. Et il l’entendit. Cette voix qui n’avait rien à voir avec celle qu’il connaissait, et que pourtant il reconnut aussitôt. Les autres élémentaires s’écartèrent respectueusement en haie d’honneur pour laisser passer leur meneur. L’avatar du Green de Terre-4. Enfin… et à peine posa-t-il les yeux sur lui, ce fameux avatar, que John sentit tous ses espoirs s’effondrer comme château de cartes. « Bloody hell. » souffla-t-il, stupéfait face au grotesque et terrible spectacle qu’offrait la créature. Terrible, et complètement étrangère au Swamp Thing que lui, ou Tefé, avaient toujours connu.

La réalisation le frappa comme une locomotive lancée à pleine vitesse – et si Tefé eut le bénéfice de quelques instants de déni, ou d’hésitation, ce ne fut pas le cas de John. Ce n’est pas lui. Avant même que cet amas de branchages et de feuillages tout droit sorti de l’imagination perchée de Mandeville ne prenne forme, il l’avait senti. Et plus cette chose, car c’était bien une chose, bien plus que Swamp Thing ne l’avait jamais été, prenait corps, plus Tefé finissait par voir, elle aussi, et John fut bien incapable de la regarder dans les yeux, son regard à lui fixé sur cet avatar qui n’avait plus ni raison d’être ni direction ni once d’humanité en lui – s’il en avait jamais eu une. La voix de sa fille, celle d’Alec, celle de Swamp Thing, celle d’Abby, la sienne, ne lui parvenait qu’à travers un épais brouillard. Ce n’est pas lui. Jamais leur Swampy ne radierait autant de colère, de rage, de fureur et de désespoir – ce n’est pas lui. Jamais leur Swampy ne se couperait autant du reste de l’humanité, même dans les circonstances les plus désespérées, alors forcément, ce n’était pas lui, et il n’était même pas sûr que ce soit celui d’une autre Terre, dans le fond. Il n’y avait qu’une autre créature du marais qu’il connaissait, qui connaissait si bien la colère et la fureur, et en avait fait ses chevaux de bataille. Le cœur de John dodelinait sévèrement dans sa poitrine, prêt à se décrocher à couler jusqu’aux dernières couches de l’Enfer, alors qu’il contemplait, la mine sombre, cet avatar à l’agonie. « Dis pas de connerie, Tefé. Tu fais quoi que ce soit, c’est toute la forêt qui nous tombe dessus. » répondit-il mollement. Elle était bien, Tefé – et John s’étonna lui-même de sentir cette pensée lui traverser l’esprit. Elle était là, prête à se fritter avec le Green tout entier s’il le fallait, tenace, pugnace, hargneuse ; d’accord, peut-être qu’Alec avait ses raisons de se poser des questions. Parce que ça, ça ne lui venait pas de ses parents biologiques – peut-être même que ça ne venait pas de lui, parce que les enfants étaient toujours plus que la somme de leurs parents, mais c’était tellement humain, que c’en était douloureux. Et la voix lente, et grondante de l’avatar de résonner à nouveau, et John sentait bien, que c’était lui qu’il regardait, ignorant superbement Tefé, exprès, sciemment, alors qu’il aurait dû préférer lui parler à elle, et John comprenait bien ce que ça voulait dire, même s’il n’avait pas envie de l’admettre, même s’il l’avait déjà admis mais n’admettait pas encore qu’il l’avait déjà admis. « Tefé… » souffla-t-il sans cesser de soutenir le regard abyssal de l’avatar – et pour la première fois de son existence, John, obéissant à un instinct qu’il aurait été incapable de s’expliquer à lui-même, prit le bras de sa fille, sans lui répondre. Elle était bien, Tefé. Bien mieux, finalement, que la chose qui leur faisait face, et dont la colère faisait si bien écho à la sienne.

Ou bien je vous tue.
Elle était tellement simple, tellement résignée, tellement déterministe, cette déclaration, et en même temps, le brasier qui couvait dessous, John le sentait courir sur sa peau. Cette haine viscérale, et cet épuisement éreintant qui avait déjà rongé le Green et son avatar jusqu’à l’écorce. Il n’avait pas besoin de demander qu’est-ce qu’ils t’ont fait. Il le savait déjà, et Tefé aussi. La chose le leur avait montré. Maintenant, il ne leur restait qu’une chose qu’ils n’avaient pas encore aperçue, mais malgré les menaces répétées de cet avatar dont l’identité était si monstrueuse qu’il ne voulait même pas encore y penser, pas complètement, son bras sous celui de Tefé, John insista quand même en dépit du bon sens. « J’apprécie ta sollicitude, mais c’est pas toi, l’avatar qu’on cherche. » rétorqua-t-il en invoquant toute la volonté qu’il lui restait, alors que tous les os et tous les muscles de son corps meurtri réclamaient les soins du grand légume à cors et à cris. La créature gronda, et John sentit bien qu’elle était furieuse qu’il discutât encore alors qu’on leur offrait la chance qu’aucun autre humain n’avait eue depuis longtemps : repartir en vie de cette forêt amazonienne en pleine fin du monde. Mais tant pis, il continua quand même. Depuis quand on était raisonnable et pas un peu suicidaire chez les Constantine, de toute façon. « On partira quand on aura trouvé ce qu’on est venus chercher. Je sais que vous ne voulez pas de nous ici, et on n’a pas envie de s’éterniser non plus, donc aidez-nous, qu’on sorte d’ici au plus vite ! » « Et quel est-il… ce que vous cherchez ? » Un roulement d’orage au cœur de la forêt et de ses ténèbres, voilà à quoi elle lui faisait penser, cette voix. Et à cet instant, John sut qu’il savait très bien ce qu’ils cherchaient. Et qu’il ne cherchait qu’à repousser l’échéance et les décourager pour ne pas les voir accéder à cet ultime secret du Green à l’agonie. Ce dernier mystère, enveloppé de silence, qui reposait au cœur de ce trou noir qui les avait attirés aussi loin dans cet enfer de végétation. Cette dernière vérité, si douloureuse, qu’elle en avait été enterrée dans la terre qui lui avait donné naissance. Pris d’un vertige, John ferma brièvement les yeux, et les rouvrit pour dévisager l’avatar avec insistance. « Il y a eu un autre avatar avant toi, pas vrai ? » demanda-t-il, en prenant soin d’éviter de croiser le regard de Tefé. L’avatar marqua un long silence – puis hocha, à peine perceptiblement, ce qui lui servait de tête. « C’est celui-là qu’on a besoin de voir. C’est lui qui a les réponses, qui… » Vraiment, John ? Il se tut, et ravala le flot de paroles qui menaçait de franchir ses lèvres impies. Cette fois, personne n’aurait de réponses. « Emmenez-nous à lui, et on partira. Parole de scout. »

Sans doute que l’avatar ne savait pas ce que c’était qu’un scout, mais la lenteur de sa réponse était aussi angoissante que le bruissement menaçant de toute la vie végétale autour d’eux. Combien de temps s’était écoulé depuis sa requête ? Trente secondes ? Une minute ? Une heure ? Le temps était-il seulement une notion viable dans cet endroit hors de tout qui défiait toutes les règles de réalité possibles et imaginables ? Un tambour virulent dans la poitrine, John attendit, jetant de temps à autre un regard mal assuré à Tefé – mais de toute façon, que pouvaient-ils faire à part attendre le verdict. Et enfin, l’imposant avatar se mit en mouvement ; ses larges racines s’extrayant du sol lentement et laborieusement, pour s’enterrer à nouveau un peu plus loin, et répéter ce cycle de simulacre de marche, alors qu’il les emmenait plus loin encore au cœur de la forêt. Relâchant enfin le bras de Tefé, John lui adressa un dernier regard. Déjà désolé. « Allons-y. » souffla-t-il, avant d’emboîter le pas à leur improbable guide. Et plus profondément encore dans les bois, ils s’enfoncèrent, avalés sous la cime des arbres, dans le ventre du dernier poumon de cette ville, peut-être de cette planète en perdition. Est-ce qu’elle avait déjà compris, Tefé, elle aussi ? Est-ce qu’elle avait déjà compris, ce qui les attendait, au bout de cette quête vouée à l’échec depuis le début ? Les épaules voûtées, l’attitude défensive, John Constantine avançait, chaque pas plus lourd que le précédent, mais incapable de s’arrêter – parce qu’à force de se préparer au pire, on en oubliait que parfois, il était possible, peut-être même acceptable, de fermer les yeux, et rester dans l’ignorance. Peut-être que Tefé lui en voudrait de cet égoïsme. Peut-être qu’elle le détesterait, encore. Mais il fallait qu’ils sachent, non ? Il fallait qu’ils voient. Et lorsqu’ils débouchèrent sur cette petite clairière, le cœur de John se décrocha dans sa poitrine. Il aurait aimé ça, Alec, ces drôles de fleurs qu’il n’avait jamais vues de sa vie, et qui avaient poussé follement, comme autant de gardiens draconiens, tout autour de l’énorme tronc creux qui reposait au milieu de la clairière. Il aurait aimé ça aussi, la façon dont la lumière tombait sur le trésor qui dormait en son sein, bien à l’abri dans son cercueil d’écorce. Encore trois pas. Puis deux. Puis un.

« … je suppose qu’on l’a trouvé, alors. » murmura John, en contemplant l’amas de brindilles, branches et feuillages parfaitement immobile au creux du tronc, bien plus humanoïde que le Swamp Thing qui les avait escortés ici – pas tout à fait identique à leur Alec, mais bon sang, ça retournait tout autant l’esprit et le cœur. Une mousse épaisse et verdoyante avait poussé sur ces semblants d’ossements de bois, et la vie, insecte ou végétale, avait depuis longtemps repris ses droits sur celui qui, sans doute, les avait longtemps protégés, le recouvrant d’une couverture que John supposait réconfortante, pour un avatar mort. Ou pour ceux restés derrière, à veiller sur sa triste dépouille fragile, légère, figée à jamais dans son réseau de racines. « … c’est pas notre Alec – pas vraiment – mais quand même… je suis désolé, Tefé. » Et pour une fois, il le pensait réellement.


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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyVen 10 Jan - 2:32

who wants to live forever anyway

Son regard allait de John à l’avatar-qui-n’était-pas Swamp-Thing comme si elle assistait à un match de ping-pong, avec l’impression que ses yeux allaient tomber de ses orbites. Sentiment dédoublé de passer à côté de quelque chose, et de savoir exactement ce qui lui échappait. Parce que la vérité était trop dure à encaisser. Tout l’inverse de John à ses côtés, figé comme un bloc de glace et qui semblait vouloir qu’elle ne mette pas ses menaces à exécutions, elle, elle se sentait bouillonner de l’intérieur, et si elle avait appartenu au Fire ou elle ne savait quelle entité qui aurait contrôlé le feu si le feu avait été une chose naturelle, elle se serait déjà consumée sur place. Elle sentit à peine la main de son père sur son bras, l’entendit à peine souffler son nom. Ici comme là-bas, elle était là, à regarder la créature et l’homme se parler sans dire un mot, sans avoir besoin d’explication ou de contexte, parce que tous les deux savaient déjà de quoi il en allait, et elle, elle ne captait rien, pas un seul souffle, pas une seule image, non, tout ce qu’elle voyait c’était que l’avatar n’était pas Swamp Thing et qu’on lui mentait, que la vérité qu’elle avait sous les yeux, si évidente, n’était que des faux-semblants. Elle voulait hurler, s’arracher les cheveux, taper du pied par terre, se griffer les joues, autant de caprices auxquels elle s'était livrée quand elle était enfant et qu’une jeune adulte n’était pas censée avoir, mais ce qu’elle ressentait en cette seconde était régressif, abêtissant, étouffant. Heureusement, John n’avait pas perdu l’usage de ses mots, lui, qu’il maniait comme personne. Elle suivit de nouveau l’échange entre les deux, se mordant la lèvre jusqu’au sang pour s’empêcher d’intervenir. Plus ce moment s’étirait dans le temps, plus l’avatar parlait, même s’il ne parlait pas beaucoup, et bougeait légèrement comme une branche agitée par la brise de temps en temps, et plus elle sentait sa présence dans le Green. Oui, pas de doute, c’était lui l’avatar. Dans la forêt devenue silencieuse désormais ne résonnait que le roulement de tambours de sa voix gutturale. Derrière lui, les élémentaires l’écoutaient, attendaient, la végétation tout entière s’était comme mise en pause. C’était plus qu’un assujettissement bizarre et qui n’avait pas eu lieu d’être – l’avatar n’était pas le roi ou allez savoir quoi. Si peu nombreux, si faibles, si repliés sur eux-mêmes, ils savaient à qui ils devaient le peu de sève qui courait dans leurs veines. Ils savaient à qui ils devaient leur minuscule havre de paix voué à disparaître. C’était cela aussi que causait la guerre : le repli sur soi de ceux qui se trouvaient des points communs. Et qui aurait pu les en blâmer ? Il n’y avait plus de sentiment ici, seulement de la survie, et beaucoup de haine… Et soudain Tefé se rendit compte qu’elle aussi avait des points communs avec eux. Elle aussi aurait pu se retrouver avec eux. Elle aussi, si elle était devenue l’avatar…

Elle suivait toujours la conversation, contente quelque part que John exprime tout haut ce qu’elle n’arrivait même pas à formuler dans son esprit, mais en même temps, elle sentit comme un poids tomber à l’intérieur de son être, comme une chute vertigineuse qui la laissa les bras ballant et légèrement frissonnante. Elle ne quittait plus l’avatar des yeux désormais. Elle le détaillait, le pelait, détachait une par une les brindilles, arrachait une par une les herbes et les fleurs. Là-dessous, pourtant, elle le savait, il n’y avait rien. Il n’était pas comme Swamp Thing et la carcasse humaine qu’il s’était créée par la pensée parce qu’il avait été un jour humain. Cet avatar du Green-là était né du Green pour devenir l’avatar. Comme elle aurait dû l’être aussi. Quand la main de John quitta son bras, elle se tourna vers lui comme un automate et le suivit en titubant, leur petite communauté de l’anneau revisitée faisant peine à voir, avec l’avatar qui se traînait péniblement et John qui tenait debout par la seule opération du saint esprit. « Allons-y, », qu’il disait. Elle hocha la tête, avec un sourire de cinglée lui fendillant le visage. L’espoir renaissait. Non ? Ils y « allaient ». Ils allaient bien quelque part. Ils allaient bien à la rencontre de Swamp Thing, l’avatar avait accepté de les mener à lui. Foutaises, conneries, secoue-toi, pauvre conne ! Mais elle souriait en coin quand même. Elle avait eu de la chance de tomber sur John. Oui elle avait eu de la chance. Il avait trouvé son père. Il la ramenait à son père. Même si son père était mort – elle le savait maintenant. Il fallait juste qu’elle l’accepte, mais elle en était encore au stade où elle ne pouvait que se contenter de le dire. Il était mort. Des mots. Et cet avatar, c’était elle. Des mots. Et elle tanguait sur ses jambes comme une ivrogne, et elle sentait les élémentaires qui leur avaient emboîté le pas, méfiants et curieux à la fois, mais pas d’empathie chez eux, non, la nature n’avait plus pitié depuis longtemps. Elle aussi avait cru ne plus être capable de pitié, mais elle voyait bien à présent que ses grands discours haineux avaient encore une sacrée marge d’évolution. Sensation duale encore, sa crainte de voir son reflet en les contemplant, et la haine pure, mimétique, qu’elle ressentait pour les humains.

Elle se cogna doucement contre John et releva le nez. Ils étaient arrivés dans une petite clairière plus douce que le reste de la forêt, où trônait un tronc creux aux allures de tombe, et bien sûr que c’en était une. Elle avança doucement, sans trop savoir ce qu’elle était censée faire maintenant. Elle regarda John, les yeux emprunts d’interrogation – Dis-moi ce que je dois faire… L’avatar ne bougeait plus, aussi immobile que la souche qui protégeait depuis longtemps désormais ce qui restait de Swamp Thing. Tefé s’approcha encore, les yeux rivés sur ce qui restait de son père, même si ce n’était pas son père, pas vraiment. C’était son père de ce monde-là. Mais c’était celui qu’elle avait cherché malgré tout, instinctivement, parce que pour elle, il ne pouvait pas être différent de celui de sa Terre. Et elle, elle ne pouvait plus faire la différence. Elle se figea à un mètre du tronc, se laissa doucement tomber à genoux, et fondit en larmes. Il y avait trop d’émotions en elle, trop d’émotions auxquelles elle n’était pas habituée. Comme tous les enfants, elle n’imaginait pas une seconde que son père pouvait mourir. Les pères ne mouraient pas. Les pères étaient invincibles. Surtout le sien, forcément, puisque c’était le sien. Plus là, absent, plus de conscience pour animer ce grand corps tout lent, plus de ces émotions envahissantes qui lui donnaient vie, plus rien qu’une dépouille rendue à la nature, et pour lui c’était probablement très bien, mais pas pour elle, qui sanglotait et gémissait, les larmes se mélangeant à la morve sur son visage levé vers le ciel. Ce n’est pas mon père. Ce n’était pas leur Alec, non. Mais un jour ça le serait. La propre apparition de Tefé dans le monde était la preuve que Swamp Thing n’était pas immortel. C’était à ça que servaient les enfants, non ? Lancer le grand compte à rebours de la fin de la vie de leurs parents. Ils étaient un signe avant-coureur plus tangible que n’importe quelle ride, n’importe quel cheveu blanc. Un jour ce serait lui qui nourrirait les pissenlits par la racine, littéralement, et c’était là une vérité qu’elle savait, bien sûr, mais qu’elle n’était pas du tout prête à se prendre dans la figure comme ça. Sous ses jambes nues, l’herbe se couchait, rentrait dans la terre, les vers et les insectes sortaient par centaines pour s’éloigner d’elle, comme apeuré par ce volcan de larmes puériles et illégitimes – elle pleurait un inconnu. Mais elle pleurait un père, et un être qui avait dû être formidable, elle en était sûre.

Elle finit par se relever avec difficulté, se frottant le visage du bras, mêlant la boue aux larmes, et se retourna vers John pour le regarder. Lui était en vie. Est-ce que c’était une sorte d’injustice cosmique ? Ces derniers temps avaient été plus éclairants sur ce qu’elle ressentait pour lui que ces quinze dernières années. Avec Swamp Thing, c’était simple, elle savait pourquoi elle le détestait, savait ce qu’elle lui reprochait, ce qu’elle ne lui pardonnerait jamais, savait aussi sans s’en cacher l’amour infini qu’elle lui portait. Avec John, c’était tout l’inverse, elle ne savait rien, ne comprenait rien, ne pouvait pas mettre des mots, devait se contenter des émotions – agacement, incompréhension, stupéfaction, dégoût, méfiance, perplexité, pitié, curiosité. Attachement. Là, tout dans cette forêt, il y avait eu d’autres émotions parasites. Besoin. Angoisse de la séparation. Et la prise de conscience de sa fragilité, quand elle l’avait cru mort au cœur de la forêt. « Pardon. Je sais que ce n’est pas lui. Je le sais. Mais ce n’est pas juste malgré tout. Il ne devrait pas exister un seul monde où il n’est pas là. C’est nous, qui devrions être morts. Pas lui. » Eux qui ne servaient à rien. Eux qui n’étaient que des agents du chaos – et de l’inconsistance, en ce qui la concernait. C’était quoi ce monde où un alcoolique et une clodo se baladaient en liberté quand le meilleur de tous les tas de plante pourrissait dans ce qui restait du Green ? Elle se tourna vers l’avatar, qu’elle avait presque failli oublier, sauf qu’il y avait cette vibration, cette fréquence qui se mettait au diapason de tout son être… « Qu’est-ce qui s’est passé ?? Pourquoi est-ce qu’il est mort, qu’est-ce que le Green a foutu, qu’est-ce que vous avez foutu, vous tous ? » La clairière s’agita, comme traversée par un vent fort, et des murmures et des sifflements lui répondirent avant de mourir aussitôt quand l’avatar remua un peu. « La vie. La mort. Ainsi vont les choses. Quand l’avatar meurt… un autre prend sa place. J’ai pris sa place… il y a déjà longtemps. Aussi longtemps que toi… tu as vécu. » C’était bien fait pour elle. Sa question était idiote et la réponse attendue, même si l’avatar avait répondu sans humour, au premier degré. « Et Abby ? Et John ?? » L’avatar secoua doucement la tête, l’air de ne pas savoir de quoi elle parlait. Dans ce monde, Swamp Thing avait vécu et était mort seul. Il était resté reclus dans son marais, ne s’était jamais ouvert au monde, et était mort en menant sa mission, comme cela aurait pu se passer dans le leur, et alors elle, ne serait jamais devenue Tefé, sans maman, sans papa maléfique, et sans son père pour la guider, elle serait devenue la créature de rage et colère, animal blessé et solitaire, qu’était celui qui se tenait devant eux.

De nouveau, c’est un regard de détresse qu’elle jeta à John. Elle pointa l’avatar du doigt. « C’est moi, ça ? C’est à ça que je ressemble ? Pas étonnant que papa a toujours peur de ce que je devienne. » La distraction était la bienvenue cela dit. Et puis, quel mal y avait-il à être un avatar violent et agressif avec les humains ? Grand bien lui faisait, à cette Sprout. That’s the spirit. C’était à ça qu’elle aspirait, c’était vrai, et Swamp Thing et Abby avaient raison d’avoir peur. Mais là encore, savoir et voir étaient deux choses différentes. Elle voyait bien que cet avatar était aux abois, et voué à une vie malheureuse. C’était lié aux circonstances, bien sûr… Mais ces circonstances n’étaient pas surréalistes. Cela pouvait arriver sur sa Terre. Est-ce que c’était ça, son futur ? Elle se tourna de nouveau vers John. « C’est moi sans papa et maman. Et sans toi. » Son alter-ego était beaucoup plus efficace, ça oui. Mais sacrément cinglée. Elle pressa ses mains contre son visage, tenta de rassembler ce qu’il lui restait de dignité. C’était grave, si elle n’arrivait pas à savoir si ce futur potentiel lui plaisait ou pas ? Ou à défaut, lui convenait ? Éternelle incertitude… Elle retourna s’agenouiller devant le tronc et plongea le bras à l’intérieur, caressant doucement un bouquet de fleurs à la couleur éclatante et aux pétales doux. Elle n’eut même pas besoin de les arracher, la petite tête des fleurs s’abaissa dans sa main et elle en récupéra une poignée. Elle ne savait pas comment, mais elle savait. L’avatar l’observait sans rien dire. Il n’avait pas plus l’air à l’aise ici qu’eux, ironiquement. Elle adressa un geste de la main à John pour lui faire signe de s’asseoir à côté d’elle, lissant entre ses doigts la tige et le pistil des fleurs, faisant couler quelques gouttes de sève translucide et précieuses. « Prends ces tiges et aspire la sève. Comme si tu fumais, sauf que ça va te faire plus de bien que de mal. Fais-moi confiance. Et fais-lui confiance. » C’était le dernier cadeau du Swamp Thing de cette Terre. Elle-même suçota ses doigts pour en récupérer la sève des fleurs et sentit petit à petit le calme l’envahir. Cela soulagerait peut-être un peu les souffrances de John. N’y allons pas par quatre chemins : c’était une substance totalement psychotrope. Mais là tout de suite, c’était ce dont elle avait besoin.

Sans le regarder, assise en tailleur devant la souche, elle prit sa main et la serra dans la sienne. Si elle avait souvent râlé, pleuré, hurlé, supplier pour tout savoir de ses deux pères et de la relation qui les unissait, sans jamais être exaucée, il y avait quelque chose dont elle était sûre. Il y avait de l’attachement chez Swamp Thing pour John Constantine. Peut-être parce qu’il le considérait comme un mal nécessaire, probablement aussi parce qu’il lui serait discrètement et silencieusement éternellement reconnaissant pour lui avoir permis d’avoir Tefé. Et, sans connaître les raisons de John, elle avait senti, particulièrement ces dernières heures, que l’idée de la disparition de Swamp Thing l’avait fait vaciller. Ça voulait bien dire que, même pour de mauvaises raisons, il était attaché à lui, non ? « Quand on rentrera, on ira le voir. Pas ensemble, mais on ira. Je lui dirai que tu as beaucoup pleuré en le croyant mort. Ça te fait quelque chose, non ? Ça te fera quelque chose, le jour où ça arrivera à mon père… » Angoisse de nouveau ; elle ne voulait pas perdre son père, aucun des deux, pour ce que ça valait. Elle renifla sans élégance, et dans son dos, l’avatar leur fit de l’ombre. « Partez. » Simple, clair, concis. « Non. » Elle aussi, elle pouvait le faire. « Partez. » « Non ! Pas encore ! Tu ne comprends rien, tu ne peux pas comprendre, tu n’es qu’un… un foutu légume ! » Maintenant, elle comprenait un peu le point de vue de John – sans aller jusqu’à l’excuser, hein. Elle serra plus fort la main de ce dernier alors que la sève des fleurs sans nom laissées pour eux par Swamp Thing faisait son petit effet. Elle ferma les yeux, en deuil, mais pas vraiment. Entraînant John avec elle, loin de leurs carcasses de chair si semblables, loin de Hyde Park, de Londres, de la guerre et de la mort. L’entraînant, aussi naturellement que si elle basculait dans un bassin d’eau végétalisée, vers le cœur battant de la vie.

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Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptySam 18 Jan - 16:54


who wants to live forever anyway


Il se souvenait encore de la première fois qu’il avait rencontré Alec. Evidemment, il n’aurait pas dû l’appeler vraiment Alec, mais avec le temps, les habitudes s’étaient développées, la routine s’était installée. Il était jeune, à l’époque, jeune et con, et Alec aussi était jeune, un tout jeune avatar qui captait à peine ce qui lui arrivait, au fin fond de son marais perdu avec rien d’autre au monde que ses crocodiles et la femme folle amoureuse et folle tout court qui avait accepté de le suivre dans ce monde étrange qu’était devenu le sien. Un tout jeune avatar qui faisait deux fois sa taille, qui aurait pu l’écarteler entre ses branches s’il l’avait voulu, et pourtant, John se souvenait très distinctement de l’impression première que lui avait laissée la créature des marais, la première fois que leurs chemins tortueux s’étaient rejoints : l’impression de se trouver face à un enfant abandonné. Confus, perdu, se raccrochant presque timidement aux rares choses qu’il reconnaissait encore dans ce monde hostile et sombre et grouillant dont il ignorait alors encore tout. Et lui, alors, qu’est-ce que ça faisait de lui ? L’adulte responsable, celui qui avait toutes les réponses, et saurait quoi faire quoiqu’il arrive ? Oh, Alec – comme si John ne se souvenait pas de la façon dont il l’avait regardé, dès l’instant où le serpent qu’il était avait entonné sa chanson sifflante et hypnotique, avec moult promesses de réponses et de révélations qu’il avait suspendues sous son nez pour le conduire où il le voulait, exactement quand il le voulait. Il l’avait regardé comme on regarde un espoir qu’on n’osait pas s’avouer, sans pouvoir cacher avec quel désespoir il voulait y croire, quand bien même sa conscience et Abby l’exhortaient à la méfiance. La tentation avait été plus forte ; la tentation du savoir, la tentation de la vérité, et Alec avait cédé et était tombé dans ses filets et n’en était jamais ressorti. Ou alors ça, c’était la version qu’il aimait bien se servir à lui-même, parce que c’était la plus flatteuse, celle qui le dépeignait sous les traits d’un maître-manipulateur, le champion de l’échiquier qui avait eu ce qu’il voulait et tirait encore les ficelles malgré les années, les trahisons, les reproches et les rancoeurs. Qu’est-ce qu’il y connaissait, vraiment, à l’époque ? Tout jeune sorcier à peine sorti du ventre maternel de Londres, fraîchement débarqué sur le sol américain, encore complexé parce qu’il n’arrivait pas au quart de la cheville de Nick Necro donc il s’était occupé de ses propres magouilles, et bim, coup de chance, le dernier putain d’élémentaire qui lui tombait dans les bras. L’autoroute de la synchronicité qui avait joué en sa faveur, et lui, qu’avait-il fait de ce cadeau du ciel ? Parfois, il se posait encore la question. Mais ce qui était sûr, c’était que ce jour-là, où leurs regards s’étaient croisés pour la première fois, feu Alec Holland n’était pas le seul enfant perdu et abandonné dans le marais. John, sûrement, avait bien plus d’expérience sitôt qu’il s’agissait de faire semblant.

Jusqu’au jour où il n’avait plus pu faire semblant – même s’il s’était drôlement bien accroché, pendant des années. Jusqu’au jour où il y avait eu Tefé, en somme. Parce qu’on a beau essayer, les enfants, ça sait toujours quand ceux qui se prétendent grands mentent, et Tefé, ça faisait des années qu’elle lui renvoyait son bullshit à la gueule avec toute la violence et la superbe qu’on pouvait attendre d’une gosse qui était un tiers de lui, et un tiers Arcane. Le jour où il y avait eu Tefé, John avait pensé pouvoir tirer sa révérence sans que personne ne s’en soucie, et continuer à apparaître ponctuellement dans la vie de Swamp Thing quand ça l’arrangeait, lui – en évitant soigneusement de croiser le chemin de ce petit être qu’il avait contribué à fabriquer, mais qu’il se refusait à appeler sa fille. La fissure était trop grande, et irréparable. Tefé était une aberration de la nature, mais pas parce qu’elle combinait en elle un joyeux patchwork de Red, de Green, de Rot et de trucs démoniaques avec un soupçon d’humanité histoire de bien foutre le bordel : parce que jamais, in a million years, John n’avait pensé, n’avait cru être censé, engendrer une descendance. Elle avait raison de s’énerver, Tefé, de l’accuser de tous les maux et surtout de l’incompréhension qu’il suscitait. Géniteur qui aurait voulu se cantonner à ce rôle, alors que dans leur position à tous, il aurait dû apparaître évident dès le début que ce serait impossible, de tirer sa révérence et faire comme si rien ne s’était passé, comme s’il s’était contenté de rendre service à de vieux potes en s’improvisant donneur de semence, comme si leur famille ne comptait réellement que trois unités et lui, plus loin, jamais vraiment là, sans que ça ne fasse de différence. Forcément que ça avait merdé, le jour où Tefé avait commencé à dérailler. Le jour où tout ce pouvoir avait été trop pour elle, le jour où l’humanité, surtout, avait été trop pour un si petit être doté de si grands pouvoirs. Il avait encore essayé de faire semblant, devant Alec et Abby. Il avait essayé de faire semblant, encore, qu’il avait la solution à tout ; il avait essayé, encore et encore, de se convaincre qu’il savait exactement ce qu’il faisait, quand il avait pressé cet oreiller contre le visage de Mary Conway. Le mensonge de trop. La carte mal placée sur l’agencement complexe du château de ses fabulations – et patatras, tout s’était cassé la gueule. Avec Tefé, c’était impossible de faire semblant. Tout comme ils étaient incapables de s’en prendre l’un à l’autre autrement qu’avec des insultes ou leurs poings, ils lisaient à travers le bluff de l’autre avec une aisance déconcertante. Parfois, John se demandait si c’était pareil entre Tefé et Alec. Parfois, il s’était même surpris à avoir envie de lui poser la question, à ce benêt de grand légume, sans savoir quelle réponse il aurait préféré. Malheureusement, alors qu’il contemplait la carcasse boisée du Swamp Thing de cette planète à la noix, il apparaissait que ses questions n’auraient pas de réponse de sitôt. Maintenant, il n’y avait plus de grosse voix caverneuse pour délier les non-dits, l’absoudre de ses mensonges avec une acceptation résigné, et prendre le relais des responsabilités qu’il était incapable d’assumer. Maintenant, il ne restait que lui, et Tefé, et les fantômes de trop de pères disparus pour pouvoir décemment les compter.

Tefé était la seule à s’excuser de pleurer, et peut-être que John aurait dû s’excuser de ne pas pleurer, statue de fausse indifférence face au corps sans vie d’un Swamp Thing inconnu mais trop familier, indifférence à laquelle personne ne croyait. Il n’avait même pas le courage ni la foi de répondre aux affirmations de Tefé, qui découvrait encore un peu plus à quel point la vie était injuste parce que oui, c’était toujours les meilleurs qui partaient en premier et les crevards dans leur genre qui survivaient à tout, même à travers le multivers, visiblement. Enfin, John s’arracha à sa contemplation mélancolique – cinq minutes par jour, s’imaginer le pire, comme ça le coup est amorti lorsque le pire arrive vraiment, tu parles d’une astuce en carton – et croisa le regard plein de détresse de sa fille, qui avait des questions auxquelles il n’avait pas de réponse, ou des réponses qu’elle ne voudrait pas entendre. Est-ce que c’était ça, le rôle d’un père, alors ? Il n’en savait rien, John, on ne lui avait jamais appris, Thomas n’avait jamais pris la peine de répondre à ses questions autrement que par des coups, sa tante les éludait, et Cheryl secouait la tête avec indulgence, oh our John, a right little troublemaker you are, our John. « Prends pas tout ça trop au sérieux, chérie. Le multivers, c’est plus compliqué que des brouillons d’hypothèse de ce que ta vie aurait été si ceci ou si cela. » répondit-il sans grande conviction, parce qu’il y avait du vrai, dans tout ça. Peut-être que cette créature informe qui s’enracinait devant eux était ce que Tefé aurait dû être, sans son intervention, mais peut-être que les événements de cette planète l’avaient plus façonnée encore que lui avait jamais pu le faire : la vérité, c’était qu’il y avait bien trop d’embranchements dans ce réseau de routes tortueuses que constituaient les réalités alternatives pour jamais être vraiment sûr de ce qui avait, peut-être, déterminé un chemin au lieu d’un autre. Arraché à ses sombres pensées par l’agitation de Tefé, John glissa un autre regard sur l’imposante carcasse qui reposait au creux du tronc évidé, et après une courte hésitation – il n’avait jamais éprouvé de scrupules à s’inviter sur des sépultures auparavant, mais cette fois, il y avait quelque chose de différent – se baissa en laissant échapper un grognement de douleur alors que ses blessures se rappelaient à lui, et s’assit en face de sa fille. Sa fille, parce que maintenant, pour le moment, elle n’était plus celle de personne d’autre.

C’était la première fois qu’elle lui prenait la main de la sorte, eux qui s’étaient tant haï et avaient si souvent cherché à s’éloigner l’un de l’autre, tout ça pour mieux se retrouver ici à cause de la mort d’un Swamp Thing qui n’était même pas le leur – quelle ironie. Et ce n’est qu’une fois assis que John réalisa à quel point le monde tournait, et qu’il n’avait sans doute pas tourné de l’œil uniquement grâce à un miracle quelconque, ou le choc, ou autre chose encore. « Il te croira pas. Je l’ai trop bien habitué à mon numéro d’insensible caustique. » rétorqua-t-il en se demandant, en réalité, si Swamp Thing y croirait, à ses prétendues larmes. Constantine… I don’t… like you… et un presque sourire presque attendri adoucit brièvement les traits de l’insensible, qui prit entre ses doigts la tige que lui tendait Tefé. Bon. Le teint pâle et les traits creusé, il devait vraiment avoir la gueule du parfait junkie – quel meilleur moment pour planer avec sa fille qui est pas fille mais qui est sa fille quand même, en bon père responsable qu’il était, hein ? Sans prêter la moindre attention aux protestations du nouveau Swamp Thing, John aspira la sève, laissa son goût boisé et fermenté danser sur sa langue – et aussitôt, bien plus vite que Tefé, il se sentit partir. Fuck-bollocks-shit. Un psychotrope. Il détestait les psychotropes. Well, too late. Avant même de réaliser ce qui lui arrivait, John se sentit glisser, disparaître en s’enfonçant dans une vase glissante, dans un marécage qui l’engloutit tout entier sans qu’il ne trouve la volonté de chercher à se débattre – sa seule ancre, la main de Tefé dans la sienne. Alice au Pays des Merveilles, tombant à travers le puits, sauf qu’au bout de la chute, il n’y aurait pour les attendre que le Green et ses propres merveilles. Si on pouvait appeler ça comme ça.

La chute était longue, si longue qu’il n’arrivait plus estimer si, en réalité, il chutait encore ou s’il avait commencé à flotter. La lumière ici n’était pas de la lumière, mais à défaut d’autre axiome linguistique, il fallait bien qu’il se raccroche au familier pour décrire l’impossible. Il ne voyait rien, et il voyait tout : il voyait la main de Tefé dans la sienne, il voyait son bras si différent du sien, celui de Tefé strié d’innombrables fibres argentées, de bourgeons brillants comme des étoiles, alors que le sien restait plus terne, uniforme, et il comprit que c’était là le filtre que le Green lui imposait sur les yeux ; ici, le végétal régnait en maître, et lui, pauvre homme de chair et de sang, n’était qu’élément oubliable et morne et terne. La beauté n’était pas sienne, et il n’était ici qu’un invité privilégié, et cramponné à la main de sa fille, il contemplait cet autre monde qu’il avait maintes fois visité sur leur Terre, sans jamais s’y arrêter pour vraiment comprendre. Parce qu’il n’avait pas sa place, ici. Le Green, c’était le royaume d’Alec, le dernier bastion que John n’avait jamais pu se résoudre à lui prendre – et même si celui-ci était différent, il lui semblait quand même tellement familier qu’il s’attendait presque à sentir l’imposant silhouette de Swamp Thing dans son dos, prêt à râler contre son intrusion. Le Green était toujours là, mais Alec Holland n’y était plus. Et la pulsation qui vibrait, là tout autour de lui, à travers lui, en lui, alors qu’il sentait les fibres végétales embrasser sa peau avec curiosité. Il se rendit alors compte qu’il ne respirait plus, plus par les poumons en tout cas, et il s’accrocha un peu plus à la main de Tefé avant de se rendre compte qu’il ne se raccrochait à pas grand-chose, puisque leurs mains avaient pratiquement fusionné. « Pourquoi tu voulais m’amener ici, Tefé ? » demanda-t-il, et sa voix n’était plus vraiment une voix, et elle ne sortait plus vraiment de sa bouche, et peut-être qu’en face ça n’était plus vraiment Tefé non plus. New Themyscira était un nom qui s’effaçait lentement de sa mémoire ; ne comptait plus que cet espace nourricier et réparateur avec lequel il se mélangeait jusqu’à ne plus trop savoir où il commençait, et où il finissait. « C’est pas le Green qu’on connaît, ici. Est-ce que c’est seulement le Green tout court ? Ou est-ce qu’on est en train d’halluciner parce qu’on a bu de la sève d’origine douteuse ? » Il battait encore, le cœur du Green – ou peut-être qu’il voulait juste le sentir battre, mais il sentait bien, confusément, à quel point ce pouls était faible, et fragile, et morcelé. Il y avait un poison ici, et John n’était pas sûr qu’il vienne uniquement de son sang.

Sans lâcher la main de Tefé, John leva son autre main pour s’emparer de celle de la jeune femme, et une multitude de petites branches s’échappèrent de sa paume pour s’accrocher à la sienne, ce qui était une sensation très bizarre mais dont la bizarrerie s’évapora aussi, pensée flottante qui n’avait pas sa place dans cette réalité où ces choses-là étaient normales et qui fut soufflée comme du pollen. « Viens avec moi, Tefé. » Ba-boum, une pulsation, un peu plus forte que les autres, et le Green, ou son hallucination, quelle différence, qui s’épaissit imperceptiblement, tout autour d’eux. « Je ne pense pas que ton père soit dans ce monde avec nous, et je ne pense pas qu’il soit mort. C’est impossible, on l’aurait senti, toi ou moi. Je sais que t’en as marre de l’entendre à longueur de journée, mais toi, moi, Alec, Abby, on est liés, qu’on le veuille ou non. S’il leur était arrivé quelque chose, on le saurait – et s’il t’arrivait quelque chose, ils le sauraient aussi. Ne laisse pas ce Swamp Thing te convaincre du contraire, tu m’entends ? » Il ne savait pas ce qu’il se passait. Il n’aimait pas ce qu’il se passait, mais bordel, il connaissait la différence entre les multivers, il connaissait la différence entre sa Tefé et ce simili-Tefé qui mourait d’envie de les foutre à la porte de Hyde Park. « Et cette chose, dehors, c’est pas toi. Ca n’a pas besoin de l’être. Il n’y a que toi qui décides, c’est ce que tu me répètes à chaque fois que tes parents m’envoient te ramener dans les clous. » Entre leurs mains, les petites racines et brindilles se faisaient et défaisaient, des bourgeons entraient en éclosion pour faner aussitôt, éternel cycle accéléré par tout le poison qu’ils portaient en eux, sans doute, et surtout lui. « Viens avec moi à la Maison du Mystère, et on trouvera une solution. On se planquera le temps que ça se tasse, que les supers-capes trouvent un moyen de rentrer chez nous, et tout rentrera dans l’ordre. D’accord ? » Il n’y avait plus de Gary Lester, il n’y avait plus de Rosalie, et il n’y avait plus de Zatanna – mais au moins, il y avait Chas, et il y aurait eux, et à eux trois, c’était mieux qu’à eux rien du tout. « Pour le moment c’est juste toi et moi, Tefé. On n’a pas le choix. C’est pas fait pour toi, ici. Alors pour une fois dans ta vie, écoute-moi, juste cette fois, ok ? » Et il glissait encore, glissait, glissait, et il n’était sûr qu’elle le suive – parce qu’ici, c’était elle qui dictait les règles, et il n’était pas compris dans l’équation, n’aurait jamais dû l’être. Ou peut-être parce que tout ça n’était qu’une vision fiévreuse et délirante, pendant qu’à la surface, le Swamp Thing de Terre-4 achevait de l’enterrer vivant en pâture aux insectes, père indigne sacrifié à l'autel de ses échecs, cloué au piloris de son retard.



 
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Tefé Holland


Tefé Holland

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Ville : Un peu partout, ses racines sont profondément enfouies à Houma en Louisiane
Profession : Glandeuse, mais puisqu'il faut bien survivre, elle bosse ici ou là, jamais plus de quelques mois, et moins elle en fait, mieux elle se porte
Affiliation : Daphne sa copine laurier, Mercury son totem humain, Mercury son chien, Swamp Thing des fois, la nature toujours. Elle a été à la botte du Parlement des arbres pendant quelque temps quand elle était petite et refuse de revivre ça. Elle ne reconnaît aucune autorité humaine.
Compétences/Capacités : who wants to live forever anyway || John Dfg11

+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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You
and me
and the devil makes three.

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Meet my best friends Daphne, Mercury and Mercury + The key

Clear & Green
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Clean. Coincidence ? I think not !

phone + amazing tim + daphne : x-files + codename : strike team green + daddy...? + mom's story

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Imagine what you could be,
if you could set down
the burden of the Green.










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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyDim 19 Jan - 23:26

who wants to live forever anyway

Ne pas prendre les choses au sérieux, c’était sa spécialité, non ? Ne surtout pas réfléchir, ne surtout pas penser à toutes les conséquences que sa seule existence sur Terre impliquait, à toutes les attentes de chacune des personnes qui faisaient partie de sa vie. Ne pas penser à sa mère qui rêvait pour elle la même vie évaporée, inconséquente, que la sienne, elle qui avait fui son monde, sa famille, la société, l’humanité même pour se cacher dans le marais et se contenter de mener son existence à l’ombre de son père. Oh, elle savait bien que la vie d’Abby était compliquée, que sa mère pensait sincèrement qu’il était mieux pour tout le monde qu’elle reste coupée de la réalité – il y avait des histoires de famille là encore, que personne n’avait jugé bon de lui raconter, le souvenir menaçant d’un ancêtre qui servait de croque-mitaine aux cauchemars de son enfance, mais quand même : pour elle, Abby avait fait le choix de la facilité, avait fait le même choix que sa fille avant même que sa fille ne le fasse. La fuite. Si ce n’était qu’Abby avait pris racine, quand Tefé continuait sa fuite en avant. Ne pas penser à son père qui la rêvait en Superman de la nature, un pont entre les peuples, une super-élémentaire pédagogique grâce à qui l’humanité, d’un coup d’un seul, comprendrait, enfin, et cesserait de faire du mal à la nature, et de s’autodétruire au passage. Ne pas penser à ce que John attendait d’elle – mais ça c’était plus facile, elle ne savait pas ce qu’il attendait d’elle, lui-même ne savait pas ce qu’il attendait d’elle, d’ailleurs, il n’attendait rien d’elle, alors même qu’elle aurait voulu qu’il attende quelque chose d’elle vu qu’elle espérait qu’il ait une réponse différente que les choix qu’Abby et Swampy lui laissaient. C’était clair, non ? C’était facile à comprendre ! C’était pour ça qu’elle passait sa vie à ne pas réfléchir, à ne pas y penser. Oui, cela elle savait faire, cesser de se prendre la tête, et se contenter de prendre des décisions au jour le jour sans songer aux conséquences ; merveilleux conseil de la part de John Constantine, du point de vue de Tefé, même si le reste du monde n’aurait peut-être pas été d’accord.

C’est vrai, quoi : au lieu de se saisir de cette occasion pour enfin faire face à ses peurs, à ses colères, à ses incompréhensions, à toutes les questions qui la hantaient et qui se retrouvaient personnifiées dans cet avatar monstrueux, solitaire et malheureux, elle allait juste aspirer une sève psychotrope et se faire un petit trip. C’était ça, être adulte, être raisonnable. Selon les critères des deux seules personnes qui n’auraient pas dû se retrouver ensemble en une telle occasion, tellement il était clair qu’ils avaient une mauvaise influence l’un sur l’autre. Bon, eh bien l’occasion était passée, ils avaient choisi la drogue plutôt que l’introspection, quoi d’étonnant ? Et c’était un tel délice de sentir son corps se ramollir, ses muscles noués se délier, comme si son squelette humain, lourd, raide et inutile se dissolvait dans son corps, ne laissant qu’une enveloppe de chair et de lianes, légère, mobile, qui n’emprisonnait pas son âme… Elle flottait, elle tombait, elle coulait, sa main dans celle de John, la seule chose solide qu’elle sentait désormais, car son esprit s’était détaché et voguait paresseusement à côté de son corps, comme du base jump à deux, sa prison de viande d’un côté, son âme verte de l’autre. Quand elle était bébé, elle faisait souvent ça, avant de comprendre à quel point c’était dangereux, avant de comprendre à quel point cela terrifiait ses parents. La toute première fois, elle avait d’elle-même déchiré son corps de nourrisson, fait éclater ses os, fondre sa chair et libéré sa petite essence, redevenant Sprout, telle qu’elle était avant qu’on la force à naître dans un corps humain. Elle voulait simplement suivre son père. Elle avait traversé le Green comme une fusée et s’était fait capturer par des démons et emmener en enfer. Elle gardait des souvenirs diffus de ce moment – pas de peur, pas de douleur. Simplement l’impression d’être sortie de là souillée à jamais, avec une pellicule de saleté poisseuse et dégoûtante sur la peau qui ne l’avait plus jamais quittée. Son père était venu la chercher. Il avait sauvé son âme, et lui rendre un corps avait été, d’après ses parents, long, difficile et douloureux.

Avec le temps elle avait appris à se contrôler, à aller de ce monde au Green, ou n’importe où ailleurs, sans avoir besoin de personne pour en revenir, et récupérer un corps. C’était drôle, finalement. Elle avait si souvent changé d’enveloppe… si souvent malmené sa chair et reconstruit son apparence à partir d’autre chose… Le corps faisait partie de soi, non ? Cela vous définissait autant que votre personnalité. Mais même ça, elle n’en avait pas vraiment, si ce n’était que sans chair, elle ne pouvait pas survivre, alors elle y revenait toujours, et toujours avec l’apparence avec laquelle elle était née, celle que lui avait donnée Abby et John. Cette apparence dont elle se délestait avec une joie enfantine quand elle plongeait dans le Green, et ses yeux miroitaient, sa peau scintillait de milliers de petits bourgeons argentés en train d’éclore perpétuellement, et sans le vouloir, elle avait fait fusionner la chair de John à la sienne, comme pour l’empêcher de s’en aller. Sous eux, autour d’eux, le Green les aspirait, aurait voulu les dissoudre, les intégrer au grand cycle de la mort et de la vie – pourrir, nourrir, renaître, mourir, pourrir. Sur leur monde, le Green était vivant, fourmillait d’élémentaires, la végétation multicolore et multiforme qui bougeait sans cesse, sans cesse un murmure le traversait, sans cesse il vivait, criait, se tordait, prêt à la guerre, prêt à la paix, donnant la vie, reprenant la vie, rien à voir avec ce qu’elle avait ressenti dans le Clear, mais si familier… Ici, il était à l’image de la surface : sombre, caverneux, à peine vivant. Feuilles mortes, herbe rase, arbres malades, ses habitants difformes se traînant dans les ombres… Ici non plus, elle ne trouverait pas de refuge. N’y avait-il donc aucun endroit sur cette Terre qui pourrait l’abriter, la mettre à l’abri ? « C’est pas une hallucination. C’est le Green en train de mourir. Il meurt jusque dans son cœur. Je pensais qu’on pourrait se cacher ici. Je pensais que ça te plairait, comme idée. » À lui, elle pouvait le dire, qu’elle voulait se planquer et attendre. Elle savait qu’il n’était pas courageux, qu’il n’était pas comme son père, qu’il n’allait pas sauver le monde – encore une histoire que personne ne lui avait racontée, dont elle n’avait aucune idée, alors comment aurait-elle pu savoir à quel point elle se trompait en même temps qu'elle avait raison ?

Elle tourna son regard sur leurs mains scellées, sur les petites fleurs, les petits bourgeons qui ne cessaient de naître et de se nourrir de leurs chairs. C’était drôle. C’étaient eux, et eux seuls qui faisaient ça – ou alors, ils planaient à huit mille. Même la chair pourrie, gavée de sang démoniaque, de John, pouvait faire ça. Parce que la nature trouvait toujours le chemin – aha ! Mais c’était vrai. Des arbres poussaient au sommet des décharges humaines. Ils perçaient le béton, naissaient des cadavres, se remettaient même, avec le temps, des terres brûlées, des terres salées, des terres imbibées de sang. Et des chairs malmenées d’un exorciste à moitié démoniaque et de la chose même pas définissable à laquelle il avait donné la vie. Là se nichait la question qu'elle n'avait pas encore osé lui poser, jamais : pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il avait fait ça, pourquoi est-ce qu'il avait accepté de participer à cette mascarade ? Mais elle craignait trop la réponse. Elle craignait le regret dans sa réponse. Alors toujours, elle tournait autour du pot, et probablement que ça l'arrangeait bien, lui aussi. « Maintenant, t’es d’accord avec moi ? Maintenant, tu penses que j’ai raison ? » Fallait-il qu’elle soit tombée bien bas pour se faire sermonner par John Constantine, qui utilisait ses propres mots contre elle en plus de ça ? « Papa est vivant, sur notre monde. » Voilà une idée qui valait qu’on s’accroche à elle. « Il doit me chercher partout. Il doit être tellement inquiet. Et il doit te chercher toi aussi. Il doit croire que c’est ta faute. » Elle divaguait un peu, mais ça l’aidait, de jouer à ce jeu. Sous eux, de gigantesques statues de pierre émergeaient de la brume hallucinatoire qui les entourait. Formes folles, êtres mythiques, avatars de légende qui l’un après l’autre s’étaient succédé pour protéger la nature, jusqu’au dernier, qui vivrait pour la voir mourir, et mourir avec elle. Son regard glissa sur la statue de Swamp Thing. Son père lui avait parlé de cet endroit, comme un Green dans le Green, un petit coin de ce monde fantasmagorique accessible à quelques élus seulement. Il lui avait raconté, des larmes boueuses aux yeux, à quel point ce temple, cet autel, était triste et beau, et comment les esprits des anciens avatars restaient là, à l’abri pour toujours… Ici, il était clair que les statues n’étaient que de bêtes statues, mangées par la mousse, érodées, des pans entiers s’écroulant dans l’eau sale dans laquelle elles baignaient…

Elle posa son regard scintillant sur John, qui lui mentait effrontément pour obtenir ce qu’il attendait d’elle, qui lui promettait que la situation allait s’arranger, que quelqu’un d’autre trouverait une solution et qu’en attendant, elle traduisait, ils pouvaient se planquer comme des lâches, laisser les autres bosser, et profiter du voyage retour à la seconde où celui-ci aurait lieu. Oh, comme il savait lui parler… Et comme elle détestait se voir à travers ses yeux. Swamp Thing aurait voulu qu’elle se batte. Mais elle ne voulait pas, elle voulait se cacher et attendre, c’était pour ça qu’elle étai venue à Hyde Park avant de s’en faire chasser, c’était pour ça qu’elle avait tenté de se fondre dans le Green avant de se rendre compte qu’il était tout aussi inhospitalier, alors… La Maison du Mystère ? Depuis le temps qu’elle en entendait parler, depuis le temps qu’elle voulait y aller ! À en croire Abby, Tefé aurait mieux fait de monter dans un mini-van vendant des bonbons que d’entrer dans cette Maison, et de toute façon John avait toujours refusé de l’y emmener, alors que Swamp Thing y était allé plein de fois, lui. « Tu lui ressembles tellement, des fois, c'est dingue. Je sais que t'as raison, même si ça m'agace. Pourquoi tout ce que tu dis est toujours pénible et aussi vrai à la fois ? » Parce qu'il était un adulte sage et qu'il avait l'expérience de la vie ? Pourquoi est-ce qu'il se faisait autant malmener par la vie, justement, alors, s'il savait tout ? Quitter le Green. Choisir la chair, le sang et la pourriture. Encore et toujours le même choix, la même dichotomie. Mais tout ce qu’elle avait à faire, c’était accepter sans trop y penser : exactement ce dont elle avait besoin. Dans les mots de John, elle voyait une autre promesse, celle d’en apprendre plus sur lui, et donc sur elle. « D’accord. Je serais bête de passer à côté d’une telle occasion. Et puis regarde-toi : je ne peux pas t’abandonner maintenant, vieil homme. Tu vas finir par me claquer entre les doigts. » C’était un cauchemar perpétuel, ce monde. Cette forêt, cet avatar, ce Green, elle les détestait, et en venait à détestait ce qu’elle aimait le plus en elle, sa nature élémentaire, son héritage végétal. Elle détestait aussi la sorcellerie et tout ce qui faisait de John ce qu’il était, mais en cette seconde, cela lui paraissait toujours mieux que barboter dans cette mare mortuaire.

D’une impulsion, elle les arracha à cette bouillasse déprimante, sentant aussitôt les quelques esprits fragiles du Green s’accrocher à eux, tenter de les retenir, les supplier de mourir avec eux, de ne pas les laisser seuls, de ne pas les abandonner, de pourrir à leurs côtés. Mais ce n’était pas un Green malade qui allait réussir à la retenir. Foutez-moi la paix ! Ils n’étaient pas morts, eux, pas encore. Elle ouvrit les yeux comme après avoir crevé la surface lisse et lourde d’un lac mort, de nouveau agenouillée devant la souche abritant la carcasse de Swamp Thing, sa main toujours dans celle de John. Mais elle ne pouvait pas bouger, ne pouvait pas respirer. « Vous… comment… osez-vous !... Vous êtes… comme eux ! » L’avatar se tenait au-dessus d’eux, tout son corps déployé, gigantesque, éclaté, ses membres telles des dizaines de lianes épaisses qui s’étaient enroulées autour de leurs bras, leurs jambes, leur cou. Elle voulait qu’ils meurent. Et Tefé sentit avec quel désespoir intense Sprout voulait leur mort. « Nous partons. Libère-nous, et nous partons. Je te le promets. » Les lianes se resserrèrent sur son cou, couvrirent sa bouche, se nourrissant de son essence. « Non. Non… Nous vous haïssons… Nous vous haïssons ! » Ce serait trop con, quand même, de se faire tuer maintenant, et par l’avatar du Green, aussi cinglée et malheureuse soit celle-ci. Tefé avait lâché la main de John dans l’histoire et se demandait même s’il était encore en vie après un tel traitement. Lui seul pouvait les emmener chez lui. De nouveau, elle sentit les larmes rouler sur ses joues ; c’était pour son alter-ego qu’elle pleurait, pas pour elle. Jamais de sa vie elle n’avait ressenti une telle souffrance psychique. Elle vit qu’en touchant les lianes de l’avatar, ses larmes s’y incrustaient comme de l’acide, mais cela ne suffisait pas à lui faire lâcher prise. Il y avait des haines, des rages, qui supplantaient la souffrance physique.

Tefé ferma les yeux en pensant à son père. À tout ce à quoi elle ne pensait jamais, sur son monde. Elle était hantée par tout ce qui n’allait pas sur la Terre et en oubliait que la Terre était belle malgré tout. Grâce au Green peut-être, grâce aux quelques humains qui tentaient de la préserver, elle n’en savait rien. Les forêts luxuriantes, grouillantes d’une vie multicolore, les vastes plaines dorées piquetées d’arbres géants et millénaires, les vallées s’étirant jusqu’à l’horizon, scintillant de cours d’eau agitées par la faune et la flore aquatique, les eaux turquoises et leurs fonds comme des feux d’artifices, les étendues infinies et miroitantes de glaciers inaccessibles aux hommes… Ne pas penser aux incendies, au plastique, au pétrole, aux déchets, aux couleurs qui passaient, aux coraux qui mouraient, au béton qui grignotait tout. Lentement, les lianes se desserrèrent, les libérant de leur carcan. L’avatar se recroquevilla, retrouvant sa taille normale. Tefé sentait toujours sa détresse, l’amertume, en plus du reste, du souvenir de tout ce qu’elle avait perdu et ne retrouverait jamais. Mais aussi des images auxquelles s’accrocher encore un peu, le temps que la fin arrive et ne l’emporte. Une plainte rauque et grave émanait du grand corps immobile et Tefé entendait la supplique non dite, le regret qui la rongeait, et il n'y avait rien de pire que le regret et le sentiment d'impuissance totale et de temps perdu à jamais qui allait avec. Comment en est-on arrivés là ? Pourquoi avons-nous laissé faire ? Mais la jeune femme ne lui donnerait pas la réponse tout prête qu’elle avait en elle : « Parce que vous n’avez rien fait. Parce que l’avatar avant toi a cru qu’il pouvait apprendre aux hommes, et que toi, tu as ne t’es pas battue, pas assez, et trop tard. » Elle se tourna vers John. « Je suis prête. On s’en va. Je déteste cet endroit, de toute façon. » Elle espérait qu’il avait de quoi manger dans ses placards, et pas que des bouteilles. Et qu’aucune strip-teaseuse n’attendait son retour à poil dans son salon. Oui, voilà à quoi se limitait l’image qu’elle se faisait du foyer de John Constantine. Alcool et strip-teaseuses.

Ça lui semblait quand même toujours mieux qu’ici, et ça en disait long. Ne pas suivre les inconnus louches jusque chez eux, c'était ça, la règle, non ? Mais puisqu'ici n'était plus chez elle, alors il fallait bien qu'elle suive l'inconnu. Ce qui consistait à sentir courir sur sa peau son étrange magie, à laquelle elle réagissait toujours, et le suivre dans cette étrange faille qu'il avait ouvert dans le vide, les yeux fermés, la main crispée sur son trenchcoat, elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle n'aimait pas ça, elle ne comprenait pas ça, c'était tout sauf naturel, mais la nature, quelle gueule elle avait, en ce moment même ? Elle sentit le vide sous ses pieds, puis roula dans l'herbe. De l'herbe. Elle rouvrit les yeux et se mit à genoux. De l'herbe sous ses jambes nues, verte, pas très régulière. Elle osa en goûter la présence, ne sentit rien, pas de Green, pas de vie. C'était... trop bizarre !! Nulle part dans le monde elle ne se sentait coupée de la nature, sauf une fois, au fin fond du Clear, mais ici, était-ce encore dans le monde ? Elle se releva lentement, les yeux fixés sur la vieille baraque qui avait l'air de vouloir s'écrouler, et puis tout autour... le vide ? Comme un ciel étoilé fait d'aurores boréales de dizaines de couleurs ? Et ça bougeait, ça lui donnait le vertige, elle vacilla sur ses jambes maigrichonnes, reposa les yeux sur la Maison qui elle ne bougeait pas, lui servait d'ancrage. « John... C'est super louche, ici... » Elle tourna la tête vers son père. Qui avait l'air à l'agonie. Oh no. Noooooo, no, no, il ne pouvait pas mourir maintenant qu'il l'avait amenée ici. Mais elle n'eut pas le temps de paniquer que la porte de la Maison s'ouvrit et qu'un être comme elle n'en avait jamais vu sortit sur le pas de la véranda. Et Tefé sut que quelqu'un d'autre allait pouvoir aider John, quelqu'un qui n'était pas elle, parce que cette responsabilité-là, elle ne pouvait pas l'encaisser, elle ne pouvait pas se sentir responsable de lui plus longtemps tellement cela la rendait malade, l'idée qu'il crève, et l'idée d'être irrémédiablement transformée s'il crevait.

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John Constantine


John Constantine

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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
Ville : Vagabond, propriétaire de la Maison du Mystère, pilier de l'Oblivion Bar. Londres adoptive gravée dans l'ADN et dans l'âme, malgré la distance.
Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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This so-called team... we don't actually have to like each other, do we?

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"I'm not having you turning into my trusty sidekick or something." "Quick, Chas! To the piss-upmobile!"

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"I still don't know what kind of fate it is that makes us into bastards. I thought I came close once, but... I know it tries to get to us all. Us Constantines."

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Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyLun 27 Jan - 18:19


who wants to live forever anyway


Rester planqués dans le Green, évidemment, aurait dû apparaître comme la solution la plus raisonnable dans l’esprit d’un lâche patenté pour qui fuite et raison marchaient main dans la main, tout en se tenant le plus éloigné possible de toute notion d’héroïsme ou d’abnégation. A l’exception près que le Green était la place de Tefé, pas la sienne. Elle, si elle avait voulu, aurait pu y rester indéfiniment, qui sait, peut-être même qu’elle aurait trouvé un semblant de bonheur dans ce marasme verdâtre grouillant de plantes et de vie sans un seul être humain en vie. Mais lui ? Bien sûr que l’idée de se cacher et d’attendre que la tempête passe lui faisait plus envie que n’importe quoi ; mais pas ici, pas dans ce cosmos végétal où il ne contrôlait rien, et où il sentait sans peine que, s’il s’y éternisait un peu trop longtemps, il s’y ferait avaler pour de bon. La terre retourne à la terre, et celle-ci n’aurait aucun mal à le dévorer, le digérer, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de lui que peut-être un imperméable recraché aux abords du parc. Et le pire, c’est qu’il n’essaierait peut-être même pas de résister. Le Green, même malade, avait cette curieuse façon d’étouffer, d’anesthésier tout esprit de rébellion en l’écrasant sous une montagne d’impuissance – est-ce que c’était comme ça aussi que le Parlement des Arbres de leur monde avait tenté de réduire Tefé à l’état de brave petit émissaire docile et obéissant ? Pas étonnant qu’elle leur ait demandé d’aller royalement se faire foutre. Pour la première fois, ou pour la énième fois, plus vraisemblablement, John voyait en quoi Tefé pouvait bien lui ressembler. Incapable de tenir en place, et surtout, incapable de supporter le poids de chaînes à ses poignets, la peau irritée et l’âme enflammée au seul frisson de liens cherchant à la maintenir quelque part, ou sous la coupe de qui que ce soit. Elle appelait la liberté à elle, vorace, insatiable, même si finalement elle en souffrait aussi, parce que la liberté avait un prix ; la solitude, inévitable, le manque, inévitable aussi, la réalisation que certaines choses de cette vie éphémère leur échapperaient toujours alors qu’elles semblaient garanties pour les autres. Et comme lui, tout en se réclamant d’une indépendance absolue, elle était incapable de ne pas avoir faim de ces points d’ancrages dont leur nature même les poussait à se priver. Il commençait à comprendre, maintenant, sa relation ambivalente avec le Parlement des Arbres, de ce monde et du leur – difficile de ne pas détester l’entité même qui lui offrait sur un plateau d’argent ce sentiment d’appartenance auquel elle aspirait tant, tout en cherchant à faire d’elle d’un larbin modelé selon leur bon désir. Là, tout de suite, suspendu dans ce Green qui les enveloppait comme un ventre nourricier, malgré son agonie lente et froide, John comprenait parfaitement l’attrait qu’il pouvait y avoir à tout bêtement se laisser couler. Mais elle n’allait pas se laisser faire, pas vrai ? Pas s’il la connaissait un peu. Pas s’il connaissait sa fille.

Leurs petites branches s’entrecroisaient, s’entremêlaient, se reconnaissaient joyeusement, taillées du même bois, issues du même tronc, nourries de la même sève, quand bien même elle serait un peu louche et empoisonnée et démoniaque, et malgré l’influence de ce Green qui se mourait doucement et dans l’amertume en les emportant avec lui, John s’autorisa un sourire tordu, un de ces sourires qui faisaient la marque de fabrique des Constantine, un de ces sourires qui annonçaient maux, méfaits et malice pour tout le monde. « C’est tentant, je sais. Mais ça manque un peu de pubs à mon goût. Pas sûr que le Green soit bien fourni en gin tonics, donc je passe. » Responsibili-who ? Mais pour une fois, il avait le sentiment qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes, et il n’avait même pas besoin d’opiner à ses réflexions pour le confirmer. Oui, Alec était sur leur Terre, forcément, il n’existait aucune autre option un tant soit peu acceptable. Alec était sur leur Terre, à s’inquiéter comme toujours, à traîner sa grande carcasse de grand légume philosophe de marais en marais à la recherche de sa fille. Un rire étranglé parvint même à gargouiller dans sa gorge. Lui, ressembler à Swamp Thing ? « Bullshit, love. Je suis bien plus séduisant que ton père. » Mais oui, quel bon timing pour faire de l’humour, John. Mais c’était ça, ou admettre qu’elle avait raison, et comme ils savaient tous les deux qu’elle avait raison, autant passer outre et se concentrer sur des problèmes plus importants. Ils étaient d’accord sur la marche à suivre : il ne restait plus qu’à sortir de ce merdier. « Oh t’en fais pas ma belle. Il faudra plus que quelques branches pour venir à bout de ma vieille carcasse. Tu demanderas à ton père, hm ? » Et au moment où il conclut sur ces belles paroles, il sentit sa conscience s’élever, arrachée à ce marasme verdâtre et poisseux et soporifique, et tout d’un coup, la lumière, brûlante, aveuglante, étouffante - ah, non, étouffante, c’était la branche épaisse autour de sa gorge occupée à serrer son diaphragme à l’en éclater. Et une autre branche, et encore une autre, et un sarcophage entier qui cherchait à briser chaque petit os de son misérable petit corps de mortel, plus malléable entre ces racines impitoyables que de la pauvre pâte à modeler. Fuck, fuck, fuck, et l’air commençait à lui manquer, et des étoiles dansèrent devant ses yeux alors qu’il se sentait progressivement perdre connaissance… et il se sentit chuter, sans la moindre grâce, et s’écraser par terre comme un poids mort, les poumons criant d’agonie alors qu’ils tentaient tant bien que mal de reprendre leur souffle. L’avatar les avait lâchés. John ne savait pas comment, ne savait pas pourquoi, et franchement, il n’en avait rien à foutre. Lorsque ses yeux se posèrent sur la créature, recroquevillée, prête à pourrir dans un coin, ses yeux à lui restèrent catégoriquement secs. Assez de larmes. Il n’en avait plus à épargner pour ceux dont les combats n’étaient pas les siens. Qu’on lui pardonne son égoïsme, alors qu’il fusillait le malheureux avatar du regard ; mais de la compassion, pour ce monde pourri jusqu’à la moelle, en cet instant, il n’en avait déjà plus. Lui et Tefé allaient partir d’ici. Le devenir du Green à l’agonie, lui, ne lui inspirait que colère froide, résignation, et indifférence dédaigneuse. Désolé, new Tefé. C’est pas toi qui m’intéresse, cette fois.

World-walker. C’était comme ça que Wotan l’avait appelé, en Islande, et ma foi, s’il avait une réputation à tenir, il allait s’y tenir – même si techniquement, ils ne voyageaient pas vraiment entre les mondes, puisque ce Collectionneur de ses deux avait visiblement trouvé un moyen de couper tous les conduits entre ce monde et les autres. Fort heureusement pour sa réputation, et pour sa sécurité et celle de Tefé, il restait une dimension de laquelle il n’avait pas été coupé. Et pour cause. Les poches dimensionnelles, ça fonctionnait toujours de manière un peu bizarre, et surtout pas de la façon dont on s’y attend, ce qui arrangeait bien ses affaires, le plus souvent. Ouvrir un passage entre où il se trouvait et la Maison était devenu une habitude, un réflexe, même, aussi simple que claquer des doigts quand on se rappelle de quelque chose d’important. Et si cette nouvelle dimension était parfaitement étrangère à la pauvre Tefé qu’il sentait se cramponner à lui comme une moule à son rocher, John, lui, avait enfin l’impression de respirer un air familier. « C’est la magie, ça. La magie de la… la Mais… » Oh fuck. Un vertige le submergea soudainement, et il faillit bien s’écrouler par terre comme une loque, comme Tefé juste avant lui, parce qu’il était épuisé, à bout de force, et à bout de force pour bluffer. Combien de temps était-il parti ? Pas plus de quelques heures, c’était sûr. Mais entre Zatanna, Tefé, et le Green, c’était comme s’il était parti des semaines. Peut-être qu’il était parti des semaines, d’ailleurs, le temps avait toujours une façon rigolote de se manifester, quand les lois de la synchronicité s’en mêlaient. A lui maintenant d’en payer le prix. La porte de la Maison s’ouvrit comme par enchantement, et la silhouette sylphide et violette d’Orchid descendit les marches du perron pour avancer droit sur eux avec l’autorité tranquille et implacable qui n’avait de cesse de le faire sortir de ses gonds. « Aaaaah super. Je vais me faire gronder alors que c’est moi la victime, dans l’histoire, tu vas voir. » grommela-t-il à l’intention de Tefé, sauf qu’il était blême, au bord de l’évanouissement, et pas franchement vaillant sur ses deux jambes, donc la fanfaronnade ne devait pas tout à fait avoir le même effet que d’habitude. Légère comme un pétale de fleur, Orchid se laissa porter jusqu’à leur hauteur, ses grands yeux pourpres indéchiffrables fixés sur eux avec un curieux mélange de curiosité et de distance polie. « Hey Orchid. T’as l’air ravie de me revoir. » « Je t’avais prévenu, Constantine. » se contenta-t-elle de souffler, comme un bête constat, comme ‘je t’avais dit de ranger le pot de glace sinon il allait fondre’, pas ‘je t’avais dit de ne pas aller défier la maîtresse de la magie possédée par un démon’. Adressant un hochement de tête à Tefé, Orchid glissa d’autorité le bras de John par-dessus son épaule, et, faisant montre d’une force exceptionnelle pour une silhouette aussi frêle, fit demi-tour en direction de la Maison. « Viens, Tefé Holland. La Maison ne pourra pas te protéger si tu restes dehors. » déclara Orchid comme s’il s’agissait d’une évidence, et John jeta un regard par-dessus son épaule pour dévisager Tefé, hors de son élément, hors de tout, déracinée et pourtant, au cœur de ce qui constituait, malgré leur déni, un tiers de son héritage. Welcome home, baby Sprout.

La Maison changeait, et ne changeait pas – ses escaliers et ses couloirs facétieux changeaient régulièrement de place, aussi retors que l’esprit de son propriétaire, mais dans l’essence, la Maison était telle qu’elle avait toujours été depuis qu’il en avait hérité. Enfin, depuis qu’il l’avait gagnée au poker face à Dr Occult et Father Time, plutôt. Une Maison magique qui se faisait le reflet parfait de son occupant du moment, et parfois, John se demandait ce qu’elle pouvait dire sur lui, la Maison, à ses visiteurs occasionnels, à part de la cave bien fournie devait bien signifier qu’il avait un petit problème d’alcoolisme. Mais évidemment, c’était au cœur de la Maison que résidait tout le secret. Ses pièces changeantes, ses dédales de couloirs interminables, son incapacité à rester constante, et cet appel, sombre et inquiétant, et irrésistible, qui grondait du fin fond de ses entrailles affamées : elle séduisait, elle inspirait méfiance, et convoitise, et au final, personne ne savait jamais quoi en penser, de cette baraque, si ce n’est qu’on avait de la chance de ne pas encore s’y être fait bouffer par une porte un peu traîtresse ou une gargouille quelconque. Alors qu’Orchid le traînait comme un poids mort jusqu’au salon, John se demanda confusément ce que Tefé pouvait bien en penser, de cette Maison, en dehors du fait qu’elle était indéniablement super louche. Dans le foyer de la cheminée, un feu perpétuel continuait de brûler, et John grimaça alors qu’Orchid l’abandonnait sans ménagement sur un canapé. « Merci, maintenant – AOW. » Evidemment qu’Orchid n’en restait pas là, et, imperturbable, sans se soucier le moins du monde de la douleur occasionnée, elle défit la chemise de son crétin de propriétaire afin d’inspecter ses blessures de plus près. Vaguement gêné, John adressa un regard désolé à Tefé, qui n’avait pas le moins du monde l’air de savoir où se mettre. « Tefé, je te présente Orchid. Pire infirmière de toutes les dimensions, et incarnation physique de l’esprit de la Maison. » Pire infirmière de toutes les dimensions, mais visiblement polie, Orchid releva brièvement la tête pour la hocher à l’intention de leur invitée, avant de retourner à son ouvrage. « On va être occupés un moment ici, mais si tu veux aller te balader – par contre, n’ouvre pas la moindre porte sans me demander avant, et… » « John ? » « Bollocks. » grogna-t-il en laissant sa tête rouler sur le dossier du canapé.

Dire qu’il avait redouté cette rencontre aurait été un euphémisme. Chas, évidemment, était vaguement conscient de l’existence de Tefé, mais de là à dire que ce superbe simplet avait compris tous les tenants et aboutissants de sa naissance, il y avait un monde, et John savait que Chas s’était toujours contenté de ‘t’as une fille quelque part, mais c’est Swamp Thing et Abby ses parents, got it, don’t need more’. Et même si Chas n’en avait jamais vraiment rien dit, John lisait en lui comme un livre ouvert. Evidemment, qu’il était curieux. Evidemment, qu’il se demandait à quoi pouvait bien ressembler la progéniture de son égoïste manipulateur de meilleur ami. Quel genre de personne elle pouvait être, cette gosse mystérieuse dont John ne parlait jamais. Et la curiosité de Chas lui portant régulièrement sur les nerfs, il avait évidemment repoussé indéfiniment l’échéance d’une possible rencontre. Jusqu’à aujourd’hui. Alerté par les éclats de voix – ou plutôt, l’exclamation de douleur de John – l’inimitable chauffeur avait dévalé les escaliers et déboulé dans le salon, avec son air un peu ahuri et perpétuellement paumé coutumier, et fixait désormais ce drôle de spectacle d’un air encore plus ahuri, et encore plus paumé. « … hey Chas. » grogna John, résigné à son destin. « John ? Bon sang, mais qu’est-ce que t’as encore foutu ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ? » « A ton avis, grand benêt ? » « Zatanna ? » Un nom comme une aiguille dans le cœur ; et John prit une grande inspiration, et hocha la tête. « Zatanna. » « … merde alors. » Tu l’as dit, ouistiti. Soucieux, Chas contempla son ami un moment, sourcils froncés et une main sur son épaule ; jusqu’à ce qu’enfin, il ait l’air de se souvenir qu’il avait aperçu une troisième personne en faisant irruption dans la pièce. Et paf, le choc des cultures, la rencontre entre deux mondes, qu’inexplicablement, John avait vaguement espéré garder séparés, et maintenant, il ne se souvenait même plus pourquoi, mais ça c’était peut-être à cause de tout le sang qu’il avait perdu, ou de la fièvre, ou des psychotropes du cadavre d’Alec-4. Oubliée, Orchid qui s’amusait à le torturer sous prétexte de le remettre sur pieds : vaguement anxieux, John observait, attentif, son meilleur ami et sa fille, se dévisager à mi-chemin entre curiosité et appréhension. « … et c’est qui, ça ? » Oh Chas, you idiotic bear of a human. « Tefé Holland. Celle de notre Terre, heureusement. » Et voilà, elle était là, la lueur de réalisation dans les yeux de Chas. Et comme John avait envie de tout, sauf de subir ses questions, ou pire, son jugement, il opta pour l’option de la lâcheté : « Sois un invité à peu près correct, tu veux, et va nous chercher une bouteille. Ou du thé. La journée a été longue pour tout le monde. » Chas hocha la tête ; mais, à la grande stupéfaction de John, il tourna le regard vers Tefé, une question muette dans les yeux. Jesus Christ, voilà qu’il lui proposait silencieusement de l’accompagner, ce couillon. Oh et plus flûte. Qu’elle reste avec lui pendant qu’Orchid le charcutait, ou qu’elle aille en vadrouille avec Chas, il n’en avait plus rien à faire, du moment qu’on consentait enfin à lui fiche la paix.


 
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Profession : Glandeuse, mais puisqu'il faut bien survivre, elle bosse ici ou là, jamais plus de quelques mois, et moins elle en fait, mieux elle se porte
Affiliation : Daphne sa copine laurier, Mercury son totem humain, Mercury son chien, Swamp Thing des fois, la nature toujours. Elle a été à la botte du Parlement des arbres pendant quelque temps quand elle était petite et refuse de revivre ça. Elle ne reconnaît aucune autorité humaine.
Compétences/Capacités : who wants to live forever anyway || John Dfg11

+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

who wants to live forever anyway || John Dfgh11

You
and me
and the devil makes three.

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Meet my best friends Daphne, Mercury and Mercury + The key

Clear & Green
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Clean. Coincidence ? I think not !

phone + amazing tim + daphne : x-files + codename : strike team green + daddy...? + mom's story

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Imagine what you could be,
if you could set down
the burden of the Green.










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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyMar 28 Jan - 23:48

who wants to live forever anyway

Autant le dire, Tefé était fascinée par la créature qui s’approcha d’eux d’un pas souple et gracieux, presque comme si elle ne touchait pas terre. Elle ne savait pas si elle voyait en elle des arabesques florales ou si c’était seulement ce qu’elle avait envie de voir. Elle lâcha le bras de John dont elle s’était saisi pour tenter de le remettre debout pour suivre des yeux l’être extraordinaire, sans avoir aucune idée de qui elle pouvait être pour lui. Sa femme cachée ? Une colocataire magique ? Un démon ? Elle n’avait pas l’air très démoniaque. Elle était trop belle pour être un démon. Tefé en oubliait complètement la carcasse qui se plaignait à ses pieds, et se secoua alors que la créature relevait John sans effort, après quelques secondes de ce qui ressemblait un peu à une dispute de couple. Comme si John revenait bourré du pub où il avait promis de ne plus aller à sa petite femme qui l’attendait impatiemment à la maison. Quand l’être l’appela par son nom, elle sursauta, à nouveau échaudée, à nouveau méfiante. Elle hésita quelques secondes. Elle voulait conserver la sensation de l’herbe sous la plante de ses pieds, mais elle sentait bien que c’était comme de l’herbe synthétique, sans vie, liée à rien, qui poussait du néant, coupée du grand tout. Et puis, elle avait envie d’être en sécurité, et apparemment, c’était dans la maison que ça se passait. Surtout que John se faisait embarquer, alors elle trottina derrière la créature qui marchait d’un bon pas malgré le poids mort qu’elle se traînait. En tout cas, tous les deux avaient l’air habitués à ce genre de situation. Infirmière à domicile, alors ? Infirmière coquine ? Tefé ne savait toujours pas à quoi s’attendre, que trouver dans cette vieille baraque cheloue qui flottait dans du rien et qui diffusait de la magie à tout vas au point que l’élémentaire se grattouillait les bras du bout des ongles sans même s’en rendre compte, la peau parcourue de millions de petites fourmis invisibles.

Ainsi à la remorque dans le sillage des deux autres, Tefé passa la porte de la maison et se figea aussitôt, interdite. Elle s’attendait vraiment à des choses précises – du chaos, des fringues partout, de la poussière, des bouteilles de bière sous les meubles, des démons en train de jouer au poker, des cadavres cloués aux murs, des pentacles au plafond ! Au lieu de ça, elle avait sous les yeux, au-delà de l’entrée, un salon gigantesque, des boiseries partout, des tapis, des tentures, une cheminée énorme où ronronnait un feu encore plus énorme, des lustres un peu ringards, des tableaux, des bibelots, des bibliothèques un peu ringardes, des portes partout – combien de pièces rien qu’autour de ce salon ?? – et de gigantesques escaliers menant à elle ne savait pas combien d’étages. Elle aurait dit un seul, vu de l’extérieur, mais le plafond était si haut rien qu’au rez-de-chaussée que cela lui donna presque mal à la tête. Elle glapit en entendant John brailler de douleur, et rejoignit le canapé précipitamment, mais sans trop s’approcher non plus de l’âtre, où le feu gigantesque la terrorisait bien comme il faut. Orchid. C’était ainsi que la créature s’appelait. Et John disait que c’était l’esprit de la maison, et elle sentait qu’il fallait le prendre au mot. Elle était prisonnière, alors ? Avec lui ?? À vie ??? Pauvre petite chose… « C’est pour ça que c’est si propre, alors… Tu as ta propre petite fée du logis… heeeeey… » La fée du logis venait d’arracher sans ménagement le tissu de la chemise de John collé à ses blessures par le sang et le reste, et ça avait dû faire vachement mal. Mais enfin, qui était-elle, elle, Tefé Holland, pour protester ? Elle n’était qu’une invitée. Et puis, elle sentait confusément qu’Orchid voulait le bien de John. Probablement plus même que Tefé elle-même. « En tout cas c’est… C’est vieillot. Je ne m’attendais pas du tout à ce que tu vives dans ce genre d’endroit. Je ne sais pas trop si j’aime ça. » Comme si on lui avait demandé son avis. Ce qu’elle avait du mal à supporter, déjà, c’était les murs, le plafond, les portes, bref, tout ce qui lui donnait l’impression d’être dans une boîte, et encore, dans ce cas précis, la boîte flottait dans du rien, du rien déconnecté du grand tout, bref, si elle y pensait trop, elle allait vomir. Elle se demandait si elle avait vraiment envie d’aller visiter quand une voix masculine éclata dans le salon, la faisant de nouveau couiner, avant qu’elle ne relève les yeux sur le nouveau venu pour le fusiller du regard. Quoi encore ?

Elle sentit sa méfiance d’animal pris au piège retomber soudainement alors qu’un grand type à l’air bien brave faisait son apparition. Elle n’aurait pas pu deviner qui il était si John ne l’avait pas appelé par son nom, mais une fois qu’elle mit un nom sur ce visage, ah, bien sûr que c’était lui ! Elle ne connaissait Chas que par les histoires que lui avait racontées John. Swamp Thing lui avait dit de lui, une fois, qu’il était un « bel homme », ce qui chez lui n’était pas synonyme d’un compliment sur son physique, et quant à Abby, les rares fois où Tefé lui avait demandé si elle connaissait la fameuse licorne, elle s’exclamait toujours, l’air réellement choquée : « Chas ? Il est encore vivant ? » Alors que John, lui, ah, John qui esquivait toujours les questions importantes sur lui, sur son passé, sur sa magie, sur sa relation avec ses parents, sur les démons, sur son rôle dans la vie de Tefé, bref, lui qui ne voulait jamais lui parler de rien, n’avait jamais été avare d’anecdotes concernant le fameux Chas. Des fois, Tefé se disait même qu’il ne s’en rendait pas compte, que quand il se mettait à parler de son pote, il en oubliait tout le reste. Et Tefé savait bien que la version de Chas qu’il lui avait racontée n’était pas forcément contractuelle, parce que dans ses histoires, John avait toujours le beau rôle. N’empêche, elle en avait déduit du chauffeur de taxi qu’il devait être un peu bête, qu’il ne devait pas avoir beaucoup d’amis pour traîner avec John, mais qu’il avait l’air gentil. Et voilà qu’il était là.

Elle le fixa sans se cacher, des pieds à la tête, de la tête aux pieds, son regard passant de lui à John, puis de John à lui, en essayant de faire le lien, de trouver cette force invisible qui les liait en dépit de toute logique. Déjà, elle repérait entre eux ce truc agaçant qu’elle ne supportait plus depuis longtemps entre Swamp Thing et John, et Abby et John : ils parlaient, ils utilisaient des mots, mais ils échangeaient bien plus d’informations que n’en véhiculaient leurs paroles, rien qu’en se regardant, rien que parce qu’ils se connaissaient, et maîtrisaient un contexte qui à elle, Tefé, échappait. Elle se sentit de nouveau comme la gamine coincée dans une conversation de grandes personnes, grommela : « Pfff, Zatanna, c’est quoi ce nom de clown, si je la croise… » et autres menaces sans aucun sens, puisque c’était apparemment cette harpie qui avait failli avoir la peau de John. Franchement, si elle ne voulait pas de lui, elle n’avait qu’à lui mettre un râteau, comme tout le monde. Mais elle se redressa alors que Chas semblait enfin la remarquer. Et alors, alors que leurs regards se croisaient enfin, elle se sentit rougir. Ce n’était pas tant la faute de Chas, mais elle se rendit compte soudain de son allure, de son « animalité », reprit conscience d’un coup de son apparence humaine, ses cheveux hirsutes, ses joues humides de larmes et de terre, son habit végétal, ses pieds nus et sales, comme Ève ayant soudain conscience de sa nudité, elle était gênée. Alors qu’elle s’en fichait d’habitude, mais d’habitude elle ne croisait que des gens qu’elle ne connaissait pas et dont elle se fichait. Elle détourna les yeux, les posa sur John, la valeur sûre, et le détesta en silence, les sourcils froncés au maximum, les lèvres pincées, voilà, quelque chose de familier, et puis c’était sa faute, il aurait pu la prévenir.

Elle n’était pas très douée pour lire une atmosphère, mais elle sentait clairement un malaise – à part pour Orchid qui continuait sans faire attention à eux de tripoter les blessures de John. Quand ce dernier demanda à Chas d’aller lui chercher une bouteille, son pote la regarda, elle, et elle, elle regarda John, avant de hurler intérieurement : elle ressemblait totalement à une mioche qui demande l’autorisation à son père d’aller faire du toboggan sur l’aire de jeu, bordel ! Par pur esprit de contradiction (de rien), pour gagner ce défi père-fille (qu’elle s’était lancé toute seule), elle emboîta le pas à Chas, gratifiant John d’un généreux : « De toute façon je supporte plus de te voir dans cet état, espèce de loque. » Le coup de grâce d’un combat qui n’existait que dans sa tête. Ensuite, elle n’eut pas d’autre choix, pour garder son honneur, que de suivre Chas dans la cuisine, tirant sur le bas de sa robe de feuilles comme une cannibale invitée au Ritz. Et ensuite, elle se retrouva toute seule avec Chas, et bien sûr aucun mot ne franchit ses lèvres. Elle se contentait de le fixer avec autant d’intensité que si elle tentait de lui faire prendre feu par la pensée, et lui, eh bien, il avait l’air de vaillamment faire semblant de ne pas le remarquer. Il ouvrait les placards un peu au hasard, sortait des mugs, des bouteilles, et elle resta plantée là à ne surtout pas l’aider. « Qu’est-ce que tu bois, Tefé ? » Elle regarda la bouteille de gin qu’il avait tirée de sous l’évier et la désigna du menton. « Évidemment. Désolé d’avoir demandé. Si tu es vraiment ne serait-ce qu’à moitié sa fille… » Il s’interrompit le temps de remplir trois mugs de gin, et alors elle parla, cela sortit tout seul : « Il est à moitié mon père. Ou au tiers. » Il releva la tête vers elle et elle le regarda, mortellement sérieuse. Il y eut un blanc, et soudain Chas explosa de rire et dut s’appuyer sur la table. « Excuse-moi, hein, mais… J’aurais jamais imaginé… Pour moi, c’était qu’un genre de blague, tu existais quelque part, mais pas vraiment, en tout cas pas vraiment pour lui, alors pas vraiment pour moi non plus. Mais t’es bien réelle. Et, je veux dire… Regarde-toi ! »

Elle baissa les yeux pour se regarder, avant de les relever sur Chas, sourcils froncés. Quoi ? Il se moquait ? Elle s’empara d’un mug de gin. « Va te faire voir ! » Elle allait faire une sortie dramatique, mais Chas se marra à nouveau, alors elle fit demi-tour et récupéra la bouteille de gin à moitié vide. « Attends ! Excuse-moi. J’ai une fille moi aussi tu sais, j’ai même une petite-fille et… J’ai aucune idée de pourquoi je te dis ça. » Elle le considéra de nouveau. L’ami de John. Le meilleur ami de John. Son seul ami, ce qui revenait au même. Est-ce que John pouvait les entendre, de là où il était ? « C’est qui, Zatanna ? » « Hein ? Oula, c’est pas à moi de te raconter cette histoire-là. » Elle renifla et se dirigea de nouveau vers la porte, avant de se figer et de le regarder à nouveau. « Pourquoi est-ce que tu es son ami ? » Chas remua la tête, sans la hocher ni la secouer vraiment, puis s’empara des deux autres mugs et lui passa devant. « Tu l’as bien regardé ? Il n’y a rien à détester, chez lui. » Et il y avait autant d'amertume, d'ironie et de fatalisme que de tout autre chose dans sa voix. Elle le suivit des yeux, puis lui emboîta le pas, satisfaite de cette réponse. Parce qu’elle sentait que les sentiments de Chas pour John étaient un peu comme les siens. Difficiles à supporter, compliqués, puissants, pas toujours animés des meilleures intentions. Pas pour les mêmes raisons, mais de nature approchante, en tout cas. « Sympa tes fringues, au fait. » Elle le dépassa sans le regarder et sauta sur le canapé par-dessus le dossier, atterrissant sur les jambes de John qui continuait d’agoniser paisiblement. « Tiens, c’est pour toi ! » Elle lui fourra la bouteille dans les bras. « Chas et moi on a décidé qu’on allait te supporter encore un peu. Il n’est pas du tout comme tu m’avais dit. Tu sais, un peu idiot et tout ça. » John n’avait jamais dit que Chas était idiot, évidemment. C’était juste Tefé qui reprenait un peu du poil de la bête. « Alors c'est ça, ta maison. L'antre de la bête - c'est comme ça que maman parle de cet endroit. On est où exactement ? Pourquoi tu peux nous amener ici mais pas nous ramener sur Terre ? Et toi, pourquoi t’es là ? » Cette dernière question s’adressait à Chas, et elle en aurait posé d’autres si elle n’avait pas fait une pause pour gober une gorgée de gin.

Orchid la gratifia d’un regard abyssal et Tefé tendit doucement les doigts vers elle comme pour la toucher, avant de se raviser. Elle tenta nerveusement d’aplatir d’une main un côté de sa chevelure hérissée. D’ordinaire, elle se délectait de plonger dans un ruisseau, un lac ou la mer pour se laver, mais ici, elle sentait son humanité se rappeler à son bon souvenir. « Y a l’eau courante, ici ? Déjà que je ne comprends pas d’où vient la lumière… » C’était pas comme s’il y avait une centrale nucléaire quelque part là dehors pour alimenter la maison en électricité. Elle se leva du canapé – et de John –, rasa les coussins pour s’approcher le moins possible de la cheminée et fit quelques pas dans le salon, le nez levé. « Je savais que papa était venu ici. Je le savais. » Elle se baissa et balaya doucement le parquet de la main, avec l’impression qu’à tout moment des petites feuilles pouvaient s’en extirper et son père apparaître, comme il avait dû le faire des dizaines et des dizaines de fois déjà. Alors pourquoi est-ce qu’il ne le faisait pas ? Ils n’étaient plus sur cette Terre horrible. Qu’est-ce qu’il attendait ? Elle regarda John, les yeux interrogateurs.

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John Constantine


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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
Ville : Vagabond, propriétaire de la Maison du Mystère, pilier de l'Oblivion Bar. Londres adoptive gravée dans l'ADN et dans l'âme, malgré la distance.
Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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This so-called team... we don't actually have to like each other, do we?

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"I still don't know what kind of fate it is that makes us into bastards. I thought I came close once, but... I know it tries to get to us all. Us Constantines."

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"Be well, John."
"Say it backwards."

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"A trickster and an illusionist."

Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyLun 10 Fév - 22:46


who wants to live forever anyway


Fuck. Il ne s’était pas attendu à ce que ces deux loustics s’en aillent réellement dans la cuisine, en l’abandonnant à son triste sort derrière – et il en était même un peu vexé, et un peu anxieux, en les voyant disparaître dans l’encadrement de la porte. Ah oui, ils voulaient jouer à ça ? Très bien alors. Qu’ils fassent leurs petites affaires dans leur coin, qu’ils complotent dans son dos, qu’est-ce qu’il en avait à faire, lui, de toute façon. John se renfrogna dans son canapé, boudeur, alors qu’Orchid poursuivait ses soins, parfaitement indifférente aux états d’âmes du propriétaire des lieux. Et pourtant, il en avait des états d’âme, John Constantine – les mauvaises langues diraient qu’il n’avait que ça, mais à cet instant en particulier, alors que le silence de la Maison reprenait ses droits, seulement interrompu par le crépitement du feu dans la cheminée et les gestes discrets d’Orchid, l’adrénaline retombait, et peu à peu, la réalisation s’abattait sur lui comme une chape de plomb. Il avait tout raté. Zatanna était aux prises avec son démon personnel, et quand bien même il avait réussi à lui arracher un nom, une identité, Zee, elle, était toujours prisonnière de son emprise, une toute petite étincelle de vie et d’âme condamnée à une servitude infernale parce qu’il n’avait pas été foutu de l’en libérer. Pire, il n’avait fait que conforter le démon dans son idée. Il avait abattu ses cartes, peut-être trop vite – et maintenant ? Nebiros avait le dessus, et lui n’avait plus aucune ressource pour contre-attaquer. Et Zatanna disparaissait, petite étincelle qui avait l’air tellement inaccessible, à présent… Sa gorge se serra, et distraitement, John effleura le tatouage à son avant-bras. Et une fissure apparut dans le barrage inébranlable qu’il s’était persuadé, sans doute à tort, d’avoir réussi à bâtir, et les minuscules étincelles de magie qui coururent sur ses doigts, résidus de magie de sa princesse qui parle à l’envers, allumèrent un nouveau brasier, froid et triste, au fond de sa poitrine. Un brasier qui se propagea à travers toutes les craquelures de son âme amochée, feu de joie qui acheva d’effriter ce qu’il en restait, alors que dans son esprit dérangé s’imposait l’image atroce et douloureuse de Zatanna se débattant avec un tout autre genre de flammes, par sa faute, parce qu’elle avait passé ce marché en son nom, parce qu’elle avait pris sa place dans les abysses de l’Inferno. Le constat le frappa en pleine face. Elle avait pris sa place. Ce n’était pas elle qui devrait être condamnée à brûler en Enfer, c’était lui. Elle l’avait arrachée aux griffes du triumvirat, et maintenant, c’était elle qui en payait le prix, alors qu’il s’en tirait, comme d’habitude, d’une habile pirouette et en abusant de la confiance et l’affection de son entourage. T’es rien d’autre qu’un trou noir, Constantine. T’avales tout sur ton passage, et tu détruis si bien qu’il n’en reste même pas une poussière pour conserver trace de tes crimes. Les doigts de John se refermèrent sur son bras, sur le tatouage, comme pour étouffer les murmures qui s’en échappaient. La ferme. Par pitié, la ferme.

La Maison lui avait toujours servi de refuge – la dernière cachette pour le raté qu’il était, le seul endroit au monde où personne ne venait jamais le trouver, le seul endroit au monde, aussi, qui prenait soin de lui, sans qu’il ne s’explique pourquoi. Pourtant, cette fois, même la Maison ne pouvait rien contre le vertige qui le saisissait – les murs tournaient désagréablement autour de lui, et sa poitrine, comprimée comme si un démon s’était assis dessus, se soulevait et s’abaissait rapidement, douloureusement, au rythme de sa respiration hors de contrôle. Contrôle qu’il avait perdu sur tous les plans. Zatanna était piégée quelque part avec Nebiros, Rosalie était en cavale il ne savait où, Gary Lester gisait, mort, quelque part dans la Maison, Tefé était dans sa cuisine, et il ne trouvait de trace de Swamp Thing nulle part – bordel, Swampy, il était passé où, celui-là ? John serra les dents, tentant tant bien que mal de contenir la panique qui, enfin libérée de sa cage, laissait libre cours à sa fureur. Alec Holland, légume géant et une des rares certitudes que John avait dans ce putain de monde, volatilisé ; en ne laissant derrière lui que leur fille, aussi paumée que lui. Et maintenant, il était censé faire quoi, lui ? La protéger ? Veiller sur elle ? Il avait un cadavre dans une des chambres à l’étage, bon sang ! Et Chas – Chas ne tenait encore debout que parce qu’il lui avait jeté un sort débile qui aurait tout aussi bien pu le tuer s’ils n’avaient pas joué de chance pour une fois, mais c’était pas grave parce que c’était juste 46 autres personnes qui y étaient restées, une bagatelle quand on s’appelle John Constantine, et maintenant Tefé était sous son toit et c’était elle la prochaine sur la longue liste de ses échecs, et sa cage thoracique lui faisait mal, et sa tête lui faisait mal, et somebody stop the world, I’m scared and I want to get off. « Tu fais une crise d’angoisse. » La voix monocorde et indifférente d’Orchid le tira de sa spirale infernale aussi sûrement qu’un électrochoc ; et John la gratifia d’un regard fiévreux et peu amène, mais, quelque part, un peu reconnaissant. « Ca vaaaa. » Elle le lui rendit sans broncher, avant de retourner à la fin de son ouvrage, alors que John, sonné par cet épisode, tentait de recommencer à respirer normalement. Déglutissant, il laissa sa tête rouler sur l’accoudoir. Allez, arrête de baliser, John. Paupières closes, il commençait à sentir, délicate comme une série de plumes légères, la magie de la Maison l’englober dans un cocon réparateur. Brave Maison. Son sanctuaire. Ici, rien de grave ne pouvait jamais arriver – à part à Gary Lester évidemment mais ça c’était sa faute – pas vrai ? Il y aurait une solution – il fallait juste qu’il retrouve le chemin vers la voie de la synchronicité, qui n’était jamais loin même quand il se perdait dans le brouillard. Il fallait juste que…

« Arghhdfh - » éructa-t-il alors qu’un poids s’écrasa soudainement sur son pauvre corps malmené – qui que quoi qui l’attaquait, Nebiros salopard est-ce que c’est toi, ah non, c’est sa petite pousse de fille, qui encourage son alcoolisme chronique en lui fourrant une bouteille dans les bras. L’air franchement ahuri du pauvre type qui vient de se réveiller ou est à deux doigts de tomber dans les pommes, John regarda Tefé, puis Chas qui s’adossa à un pilier en croisant les bras avec un sourire en coin qui ne présageait rien de bon – de quoi ils avaient bien pu parler en son absence, ces deux-là ? Ils complotaient dans son dos, maintenant ? Il était sûr qu’ils complotaient dans son dos ; et John les fusilla alternativement du regard, une jalousie farouche et complètement idiote brûlant brièvement dans sa poitrine, qu’il s’empressa d’éteindre d’une longue lampée d’alcool. L’alcool ne résolvait pas tout, mais tout de même, il fallait bien admettre que ça aidait drôlement à ignorer ses problèmes et ses émotions, hein. « C’est que t’as pas fait attention alors, parce que vous êtes tous les deux des idiots. » grommela-t-il comme un sale gosse, alors qu’Orchid, son travail de raccordage de sorcier mal rafistolé terminé, avait l’air d’attendre sagement de voir s’il allait mourir ou si son ouvrage était bien terminé. Mais John, ravi d’être distrait par des questions qui n’engageaient pas grand-chose, et surtout par lui-même, soupira avant de répondre à Tefé : « On est dans la Maison du Mystère, petite Sprout. Une entité magique immémoriale qui a décidé de prendre l’apparence d’une vieille baraque et voyage à travers le temps et l’espace – bien pratique pour disparaître loin de tout dans une dimension de poche, comme maintenant, quand ça sent le brûlé. » « Sauf qu’on ne sait pas trop pourquoi, mais la Maison ne peut pas quitter cette autre planète, à part pour venir dans cette dimension. » poursuivit Chas sur le même ton qu’un cancre qui veut prouver que pour une fois, il a bien appris sa leçon – ce qui évidemment fit lever à John les yeux au ciel. « Grossièrement résumé, c’est ça. Et Chas est là parce qu’il a le malheur d’être coincé avec moi quoi qu’il arrive, et que j’avais besoin de son aide pour… » « Si tu prononces son nom, j’te jure que je te casse la gueule, John. » Le ton abrupt, et soudainement bien moins convivial de Chas, coupa immédiatement le sifflet à son prétendu meilleur ami. Il n’avait pas bougé, Chas, toujours adossé à son pilier – mais toute trace de sourire avait déserté sa tronche d’ours mal luné. Ok. John ravala ses explications et baissa les yeux, comme un sale gosse pris en faute. Ou un putain de traître qui oublie tout sens de la décence face à un ami en deuil. D’accord. Il ne prononcerait donc pas le nom de Gary Lester. Bravo Constantine, zéro dignité, encore.

Heureusement, Tefé en se levant créa une distraction suffisante pour tourner la page, même si elle arracha un grognement à son pauvre père en carton au passage. Et pendant un instant, John la contempla, Tefé la terrible, toute perdue dans cette immense maison à des années-lumière de ce qu’elle connaissait, de son marais, de sa terre bien terrestre – et il se revit presque, des années auparavant, faisant lui aussi ses premiers pas dans l’imposante masure dont l’extraordinaire architecture bouleversait tous ses repères de pauvre gosse de Liverpool. Constatant que son patient avait l’air d’aller bien, Orchid se redressa gracieusement, et s’éloigna de pas si léger qu’ils résonnaient à peine sur le plancher de la Maison. Et puis, il n’en resta plus que trois. Trois, au lieu de quatre, parce qu’elle avait raison, la sale gosse, avec ses interrogations muettes. En temps normal, Swamp Thing aurait déjà apparu dans ce fichu salon – de sa propre volonté, ou parce que John aurait demandé à la Maison de le convoquer, et par convoquer, il voulait dire téléporter de force. Mais non : il avait beau avoir demandé, supplié, menacé la Maison, celle-ci avait été entièrement incapable de faire apparaître cette maudite tulipe géante d’entre ses planches. Sans doute une autre confirmation qu’Alec, où qu’il soit, n’était vraiment pas sur cette planète. « Ton père est un invité régulier, ouais. De son plein gré ou de force, d’ailleurs. On bouffe des pizzas et on descend des bières devant un match de foot, c’est toujours convivial. » marmonna John en se redressant, péniblement, sur ses appuis – avant de baisser les yeux sur les innombrables traces de brûlure que Zee avait eu la gentillesse de lui laisser sur tout le corps. Ca, ça irait – le traitement magique d’Orchid faisait déjà son effet. Sa chemise, en revanche, était bonne pour la poubelle. « J’ai essayé de le faire venir. Vraiment. Mais ça a pas marché, donc que ça te plaise ou non, c’est toi et moi versus the world, maintenant. » « Hey. » « Oui, toi aussi Chas, arrête de bouder. » soupira-t-il, exaspéré, avant de regarder Tefé un moment, hésitant. Puis de dire : « Allez viens. J’ai un truc à te montrer. » Et, clopin-clopant, John traîna des pieds pour quitter le salon, et s’engager dans les escaliers majestueux de la Maison sous l’œil sévère et attentif des tableaux qui ornaient les murs, spectateurs intemporels de son histoire abracadabrante. Et quelque part, il était un petit peu fier, John. La Maison, cette Maison, ça devait bien être la seule chose qu’il n’ait pas totalement foirée, dans sa misérable vie. Drôle de sentiment que de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule, pour observer la chair de sa chair gravir les escaliers à sa suite, méfiante, confuse, comme un animal sauvage se demandant dans quel pétrin il s’est encore fourré. Tel père telle fille.

Le pas pas très assuré, mais déjà un peu plus que quand ils étaient arrivés, John guida Tefé dans leur déambulation à travers les corridors sans fin de la Maison, labyrinthe étrange dans lequel chercher à se retrouver n’avait aucun sens. Ici, la réalité se contorsionnait selon une logique qu’aucun humain à l’esprit trop étriqué ne pourrait jamais comprendre, les couloirs s’étiraient, artères infinies ponctuées de portes qui se ressemblaient toutes, et ne se ressemblaient pas. Une carte indéchiffrable dont seul le propriétaire des lieux, et qui la Maison gratifiait de sa bonté, détenait la clé. Même Chas se paumait encore régulièrement dans les entrailles sombres et tortueux de ce monstre facétieux ; John, lui, saisissait le fil d’Ariane et avait appris à lire entre les lignes de la Maison, même si celle-ci s’amusait encore à la surprendre, parfois. Souvent pour le punir de ses âneries, d’ailleurs. « Tant que tu restes ici, tu ne pars pas te balader toute seule. Tu vas avec moi, ou avec Orchid – sinon j’ignore combien de temps tu pourrais errer sans but dans les couloirs. Tu ne mourrais même pas de faim ni de fatigue, le temps ne s’écoule pas de la même façon, ici. Mais le temps deviendrait long. » déclara John en l’entraînant dans un nouveau couloir dans le reflet névrosé de son esprit. La Maison n’était-elle pas que le reflet du psyché de son propriétaire ? Encore un mystère qu’il n’avait jamais réussi à résoudre. « Remarque, qui sait. T’as mon sang dans les veines, peut-être que la Maison sera un peu plus clémente à ton égard. » Ou pas. John haussa les épaules, et, prenant une grande inspiration, s’arrêta devant une porte, avant de prendre son courage à deux mains et de l’ouvrir en grand, avant de laisser Tefé passer devant. « C’est pas vraiment une chambre, mais je pense que tu sauras mieux quoi en faire que moi. » expliqua-t-il, en haussant à nouveau les épaules, alors qu’elle pénétrait dans la serre de la Maison du Mystère. Une serre ensoleillée, alors qu’il n’y avait pas de soleil dehors – verte, luxuriante, une serre moite et étouffante et qui sentait la chlorophylle à plein nez, et qui grouillait d’insectes et d’une vie folle et chaotique. La fontaine en son sein débordait joyeusement dans des petits canaux qui irriguaient l’endroit de part en part – les murs, les piliers, le sol même, recouvert intégralement d’une épaisse et chaleureuse végétation. En faisant un peu attention, on croirait même presque sentir le parfum des marais de Houma. « Cette pièce est principalement l’œuvre de ton père. Enfin, elle existait déjà avant, mais c’est lui qui s’est amusé à la faire passer de serre tranquille à une foutue jungle. Ca l’amusait, ça amusait la Maison, elle l’a laissé faire. Je te dis pas la galère à entretenir. » Probablement pourquoi il n’entretenait rien du tout, mais hé, c’était la responsabilité d’Orchid, ça. Fatigué, John se laissa aller contre l’encadrement de la porte, observant attentivement Tefé, des cernes sous les yeux, alors qu’elle découvrait le petit sanctuaire hors du temps de son père. Son vrai père. Celui qui comptait, celui qui aurait dû être là, et celui que lui, John Constantine, ne pouvait pas lui donner, là, tout de suite, autrement que sous la forme d’un souvenir un peu anecdotique. Dad of the year. « Tu peux rester dans la Maison, si tu veux. » Les mots étaient sortis avant qu’il n’y ait vraiment réfléchi – oups. Soudain vaguement nerveux, il hésita un instant, avant de la regarder, puis d’éviter son regard en croisant les bras sur son torse abîmé. « Enfin, tu devrais, quoi. T’as bien vu à quoi ressemblait le monde, là-dehors, et c’est pas dit qu’on soit tirés d’affaire tout de suite. Donc en attendant que les super-troufions en capes et collants trouvent un moyen de nous sortir de ce merdier, mieux vaut faire profil bas. Cette Maison, c’est sûrement l’endroit le plus sûr de toute la planète. » John s’éclaircit la gorge. « Donc, si tu veux crécher ici en attendant que ça se tasse, je suppose qu’on peut essayer de cohabiter sans s’entretuer, non ? » Et tout en parlant, John ne savait même pas quelle réponse il espérait. Qu’elle refuse, confirmant qu’elle ne voulait rien avoir à faire avec lui ? Ou qu’elle accepte ? John était une pathétique excuse de famille, il le savait bien ; et un prétendu père encore plus désastreux. Mais, égoïstement, très égoïstement et même un peu cruellement, il songeait que, peut-être, l’avoir auprès de lui allégerait un peu la culpabilité et la solitude qui lui écrasaient les épaules depuis qu’ils étaient arrivés sur cette foutue planète.


 
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Tefé Holland


Tefé Holland

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+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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You
and me
and the devil makes three.

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phone + amazing tim + daphne : x-files + codename : strike team green + daddy...? + mom's story

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the burden of the Green.










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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptySam 15 Fév - 10:39

who wants to live forever anyway

Le teeeeeemps et l’espaaaaace. John aurait aussi bien pu parler klingon que cela n’aurait pas fait plus de sens pour Tefé. Elle se faisait une image assez binaire de cette histoire de dimensions : il y avait le monde, et à côté, en gros, un autre monde, et encore à côté, un autre monde, et ainsi de suite. Et John comme des tas d’autres magiciens pouvait traverser le mur entre deux mondes, et apparemment, une maison pouvait le faire aussi, et puis quoi d’autre, un toaster, une trottinette, Lex Luthor en jean ? Franchement, tout ça n’avait pas l’air sérieux, mais elle se méfiait bien assez de toute cette histoire de sorcellerie pour y croire à cent pour cent. Et puis, elle ne pouvait pas ignorer ce qu’elle ressentait. Il n’y avait pas que l’étrange sensation d’être coupée de ses racines, d’avoir été mise dans un vase avec un peu d’eau, comme pour faire « comme si », si ce n’était que la situation ne pourrait pas durer, elle le savait, parce qu’ici en vérité, il n’y avait pas de Green ni même de nature, pas de terre, pas d’herbe, rien qui puisse la nourrir au sens spirituel du terme et elle en avait besoin, de cette nourriture mystique, pour survivre. Mais il y avait autre chose, il y avait ce grouillement étrange et désagréable sous sa peau, qu’elle ressentait à chaque fois que la magie se manifestait quelque part, qu’elle avait ressenti dans Hyde Park quand John avait fait du vaudou chelou pour chercher son père. Sprout, oui, c’était un de ses noms, le nom par lequel elle s’était définie avant de devenir humaine, son nom de bébé en gros, et en temps ordinaire elle aurait gratifié John d’un froncement de sourcils ulcéré, mais en cette seconde, elle aurait voulu être Sprout et pas la fille de son père, de ce père-là, qui lui avait légué un quelque chose magique dont elle ne savait que faire et qui présentement la grattouillait et lui donnait envie de sautiller pour s’en débarrasser. Elle n’avait pas l’habitude de ressentir autant cette part d’elle-même, que tout le monde dans le triumvirat dysfonctionnel de la famille Légume, elle y compris donc, faisait consciencieusement mine d’ignorer. Mais elle n’était plus dans Hyde Park. Elle n’était plus sur Terre, elle n’était plus dans le Green, elle était totalement, irrévocablement dans une Maison magique qui sautait entre les dimensions, pure sorcellerie, pur John Constantine.

Elle suivait la conversation entre John et Chas, trouvait ça mignon comment ils complétaient l’un l’autre leurs propos, même si ça avait l’air d’agacer John, et que Chas semblait s’agacer qu’il s’agace, tout ça, Tefé le voyait bien, en revanche, elle ne voyait pas pourquoi ils se mettaient dans cet état tous les deux. Voilà une amitié qui devait être épuisante. Et puis, aussi naturellement que les choses vraies, aussi rapidement que les choses naturelles, l’ambiance se détériora carrément. Elle écoutait d’une oreille en cherchant la présence de son père entre les lattes du parquet, mais c’était impossible de passer à côté de cette mini ère glacière et elle se redressa pour les regarder. Très sincèrement, elle crut que Chas allait cogner John. Elle ne le connaissait pas mais ne s’attendait pas à ressentir chez lui autant de colère, une colère rentrée, quasi violente, de sorte qu’elle se figea entre eux comme un animal sauvage près à s’échapper si ça tournait mal. Apparemment, même son meilleur pote avait envie d’étrangler John Constantine, et dans d’autres circonstances ça l’aurait fait rire, si ce n’était qu’elle voyait bien qu’ils lui cachaient un truc – un truc gros comme trente piges d’amitié, quoi. De qui on parlait ? Qui était mort dans cette baraque à cause de John ? C’était cela qu’elle imaginait, et elle aurait voulu qu’ils développent au lieu de se regarder virilement mais silencieusement dans les yeux. Comme son père avec John. Comme sa mère avec John. Comme tout le monde avec John, sauf elle : les non-dits pesaient si lourds qu’ils siphonnaient l’oxygène. Et aussi curieuse soit-elle, là, c’était trop pour elle, elle préférait changer de sujet à leur place, être la grande personne. Et accessoirement, elle avait senti la présence de Swamp Thing, ce qui était bien sûr beaucoup plus important qu’elle ne savait quelle querelle entre deux Anglais mal rasés. Elle écouta les explications de John avec sérieux et toujours la même petite lueur d’espoir que d’habitude, qu’il étouffa aussitôt tout aussi rapidement, le schéma classique entre eux depuis qu’elle lui était tombée dessus aux trois-quarts mort dans la clairière. Elle nota quand même que son père pouvait s’inviter ici et se demanda si elle pourrait faire de même. Et si seulement elle en aurait envie.

Elle haussa les épaules et emboîta le pas à John quand ce dernier se releva avec la grâce de son grand-père – Tefé ne savait même pas s’il en avait un, de grand-père, tiens –, adressant un salut maladroit à Orchid qui leva la main avec zéro conviction, simplement pour l’imiter, et ce qu’elle aurait voulu être un hochement de tête entendu à destination de Chas, lequel lui tourna le dos pour contempler le feu dans la cheminée avant de voir son geste de sorte qu’elle se prit un vent. John le lui avait dit : ils étaient coincés dans cette baraque, et l’ambiance s’annonçait chouette. Malgré tout, elle oublia ses a priori à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les entrailles de la maison. Elle avait l’impression d’être dans une attraction à la fête foraine. Tout semblait bouger ici, les murs, les meubles, les portes, les gens dans les tableaux, seulement quand elle posait le regard dessus alors tout se figeait sagement. Elle se retourna plusieurs fois pour constater que le couloir d’où ils venaient était devenu une porte, ou que la femme représentée sur un tableau, son chien dans les bras, tenait désormais une dague. Loin de l’effrayer, cela la fascinait, mais comme le feu pouvait fasciner les humains autant que les brûler. « De toute façon j’ai pas très envie de fouiner. Cet endroit me donne le vertige. On se croirait dans la version horreur de Harry Potter. » Dans un escalier, elle se saisit du bas du trenchcoat de John sans même s’en rendre compte, le temps d’arriver en haut, de peur se perdre ses points de repère, alors même qu’il ne se passait rien, mais pourtant, bordel, il se passait quelque chose, elle le sentait sans le voir et surtout sans le comprendre, ce qui expliquait peut-être pourquoi cela la mettait si mal à l’aise. Il lui manquait les clés de la compréhension de cet endroit. En haut des marches, elle se hâta de lâcher le trench et essuya sa main sur sa cuisse comme si elle s’était brûlée. Et elle sursauta quand il fit remarquer qu’elle avait son sang dans les veines et que peut-être cela lui donnerait des passe-droits. Elle, elle n’en était pas sûre.

Et puis il s’arrêta devant une porte, elle crut un instant qu’il allait lui montrer sa chambre, elle ne savait pas pourquoi, mais c’était mieux, bien mieux que ça. Elle se précipita dans la serre sans en croire ses yeux. Elle s’avança prudemment d’abord, mais partout, elle sentait l’œuvre de son père, comme une présence rassurante. Pourtant, cette végétation n’était pas connectée au Green, c’était impossible, alors comment ? Est-ce que c’était le pouvoir de Swamp Thing, qui se substituait au Green ? Fallait-il encore une preuve que son père était exceptionnel ? Bien sûr c’était du faux, en quelque sorte, pas artificiel, mais presque, mais cela ne l’empêcha pas d’aller en courant jusqu’à un arbre pour l’étreindre, puis serrer une brassée de feuilles contre elle, avant de se laisser tomber à genoux pour goûter cette étrange terre, avant de se relever et de se tourner vers John avec un sourire perplexe, et ravi comme jamais. « Comment est-ce que c’est possible ? Pourquoi est-ce que ça ne meurt pas ? » C’étaient des questions rhétoriques, évidemment. D’un bond, elle sauta dans la fontaine, qui était beaucoup plus profonde que ce qu’elle croyait. Elle sentit quelque chose effleurer son mollet et, de nulle part, vit une silhouette furtive apparaître. Elle s’en saisit pour le brandir vers John. « UN BÉBÉ LOUTRE !! » Pourquoi ? Comment ? L’animal lui glissa des mains pour replonger dans l’eau et disparaître comme si la fontaine n’avait pas de fond, ce qui était impossible. Ou probablement magique. Ainsi rassasiée d’eau, comme une plante asséchée qu’on arrosait enfin, elle retourna auprès de John. Là, tout de suite, en cette seconde, ses paroles faisaient sens. Ici, c’était parfait. Ici, elle pouvait rester à l’abri. « Merci, John. C’est pas si nul que ce à quoi je m'attendais, ta maison. Et Abby s'est foutue de moi, y a pas l'air d'y avoir de strip-teaseuses, ici. Je crois que je veux rester. Personne n’essaiera de te tuer, enfin à part Chas peut-être, et moi, je préfère cet endroit à dehors. Ce… truc dans Hyde Park ne peut pas me trouver ici. Et peut-être que papa finira par venir. Je sais que tu as essayé, mais peut-être que… » Elle recommençait, mais comment s’en empêcher ? Maintenant qu’elle était là, peut-être qu’il sentirait sa présence, peut-être qu’il ferait l’effort de défoncer le mur des dimensions pour la retrouver ici ? Oui, vraiment, l’avenir lui paraissait soudain moins désagréable. Voire optimiste. Oui, tout irait bien.


***


Tout allait mal. Et elle détestait cet endroit. Serre ou pas serre, elle n’en pouvait plus de ces tous ces murs, de ces plafonds inatteignables mais pourtant si présents, de cette obscurité permanente, et surtout, elle avait besoin d’air. Elle avait besoin du Green, et elle en avait sa claque de ce fourmillement sous sa peau. Elle était de mauvaise humeur, en gros, et ça ne faisait même pas une semaine qu’elle était là. Même s’il y avait de quoi s’occuper ici, à force, il n’y avait pas ce dont elle, elle avait besoin pour passer le temps. Les vieux bouquins, les magazines périmés ne l’intéressaient pas. Alors bien sûr qu’elle avait fouiné. Qu’elle était partie toute seule explorer la maison, qu’est-ce qu’il croyait, John ? D’ailleurs la première chose qu’elle avait faite, c’était de chercher la chambre du propriétaire – à des fins scientifiques évidemment. « Chercher », avait consisté à ouvrir toutes les portes qui lui étaient tombées sous la main en psalmodiant « la chambre de John, la chambre de John », mais ça n’avait jamais marché, elle tombait tout le temps sur des toilettes, et au début ça l’avait fait rire parce qu’elle avait cru que c’était une blague CONTRE John ? Mais elle avait fini par comprendre que la blague était à ses dépends. Il y avait une porte dont elle n’avait pas pu, physiquement, toucher la poignée, elle avait été prise de tremblements, avait transpiré et claqué des dents, et avait renoncé. Une fois, elle était passée devant un miroir et son reflet y était passé à retardement. Une autre fois elle avait vu une silhouette dans la pénombre à l’autre bout d’un couloir, qui s’était esquivée, et qui n’était ni Chas, ni John, ni Orchid. Une fois encore, elle avait entendu des rires rebondir sous les plafonds, des rires féminins, sans réussir à localiser l’endroit d’où ils venaient, s’ils existaient vraiment. Malgré tout, elle se disait que ce n’était qu’une maison, une maison magique, mais il n’y avait pas de quoi en faire un plat, qui est-ce qui se perdait dans une foutue maison ?

Bon, elle s’était perdue.

Mais le positif, c’était qu’elle avait trouvé une pièce intéressante, pleine d’objets louches. De quoi en apprendre plus sur John. Et puis si la pièce était vraiment dangereuse, elle n’aurait pas pu y entrer, non ? Ou alors elle commençait un peu à prendre le dessus sur la maison moqueuse ? Bref, elle avait exploré la salle aux murs couverts d’étagères pleines d’objets qui n’avaient aucun sens. Elle avait tripoté un couteau sur lequel elle s’était coupée et qui avait aspiré son sang jusqu’à ce qu’elle le lâche et ça lui avait fait un mal de chien et la plaie ne s’était pas refermée comme d’habitude. Le doigt dans la bouche, elle avait ouvert un livre et commencé à en lire la première phrase mais au milieu elle avait eu le hoquet alors que ça ne lui arrivait jamais, pendant une heure, la torture, et qu’est-ce qu’il foutait avec un livre qui donnait le hoquet, John, à quoi ça lui servait ? Ou alors c’était un hoquet qui lui avait bizarrement empêché de lire le reste de la phrase, bref, de toute façon elle se fichait des livres poussiéreux. Elle avait ouvert une montre à gousset d'où avaient clairement émané des appels au secours, comme si un type était enfermé dedans, ce qui l’avait répugnée et elle s’était empressée de la refermer. Maintenant, elle avait mis la main sur une petite boîte en bois noire. Elle l’ouvrit, et aussitôt un concert de hurlements en jaillit, des milliards de voix de tous les timbres, sur tous les tons, des milliards de façons de hurler de terreur. Elle lâcha la boîte qui tomba par terre et se boucha les oreilles en hurlant elle aussi, mais sa voix était recouverte par les cris, elle ne s’entendait pas elle-même et ça lui fit peur : si elle appelait à l’aide personne ne l’entendrait. Mais petit à petit, elle se mit à trouver les hurlements plutôt sympas à entendre, ses mains s’abaissèrent, glissèrent le long de son corps, c’était un chœur désormais, une chorale de voix. Elle ne savait pas si elles hurlaient toujours mais qu’elle ne les entendait plus pareil ou si les voix chantaient vraiment. C’était agréable, elle serait bien restée là des heures, mais une main se posa sur son épaule et lui arracha un sursaut : c’était Orchid. Brutalement, Tefé n’entendit plus rien et elle crut que la boîte l’avait rendue sourde, elle regarda l’esprit de la maison se baisser, ramasser la boîte, la refermer et la reposer sur l’étagère, et Tefé n’entendait toujours rien, elle voulut s’expliquer mais Orchid la poussa fermement vers la porte et l’élémentaire se retrouva de nouveau dans le salon, ce foutu salon où ses pas la menaient toujours, comme un aimant, une prison, et en plus, là, assis sur un fauteuil devant le feu, un journal daté d’allez savoir quand ouvert devant lui, se trouvait Chas, en bermuda et chaussettes.

« Tu pourrais t’habiller, quand même. » « Pour finir comme toi ? Non merci. » Elle baissa les yeux sur sa tenue. Le premier jour, elle avait fait s’effriter sa robe végétale pour prendre une douche, enfin, et avait fouillé les placards à la recherche de fringues et tout ce qu’elle avait trouvé, à chaque fois, malgré ses multiples tentatives dans de multiples placards de la maison, c’étaient des robes au design enfantin, comme si la maison elle-même pensait qu’elle était censée s’habiller comme une petite fille sage. Elle avait dégoté un chouette blouson de cuir mais quand Chas l’avait vue parader dedans il l’avait engueulée en lui disant de l’enlever sans lui donner la moindre explication, comme d’habitude, alors pour se venger, elle lui avait piqué un sweat dont elle avait coupé les manches, sauf que finalement le sweat n’était pas à lui, ni à personne apparemment, ce qui avait fait frissonner Tefé, comme si elle portait la fringue d’un mort. Mais sa fierté l’avait poussée à le garder alors voilà, elle allait pieds nus dans la maison, dans une petite robe bleu layette à ourlets en dentelle et manches bouffantes aux coudes avec par-dessus un sweat sans manche dont elle rabattait sans cesse la capuche sur son visage comme un gangster. Voilà pourquoi Chas se foutait d’elle – et accessoirement se baladait en bermuda-chaussettes. Ils s’entendaient plutôt bien tous les deux. Elle le trouvait gentil et surtout, il dégageait quelque chose de familier pour elle, qui des fois le reniflait comme une bête, sans qu’il dise rien, parce qu’il était patient, et elle avait essayé de l’énerver de plein de façons différentes, toujours pour la science, mais il ne tombait pas dans le piège. Il lui avait dit qu’il avait une fille, et elle lui avait posé plein de questions sur elle, et sur son bébé. « Il est où, John ? » Chas agita vaguement la main, replongé dans son journal, et Tefé se laissa tomber sur le fauteuil le plus éloigné du feu, se racla la gorge, tapota du pied dix-sept secondes exactement, puis n’y tint plus et se releva brutalement en hurlant : « JOOOOOOOOOOOOOOOHN !!! » Chas sursauta et la foudroya du regard.

« Il doit être plongé dans ses maudis bouquins à planifier la prochaine fin du monde, laisse-le. Il a des soucis. » Ils se regardèrent un moment puis gloussèrent en même temps parce que, c’était peu de le dire quand on parlait de John Constantine, puis Tefé prit un air un peu fourbe. « C’est à cause de Zatanna. » Mais là encore, Chas ne se fit pas avoir, et lui renvoya un regard neutre, mais ferme, auquel elle ne pouvait pas répondre grand-chose. Elle se carra dans le fauteuil, morte d’ennui, puis Sting sauta sur ses genoux et elle remonta les jambes contre elle pour emprisonner le petit chat contre sa poitrine, ravie. Lui aussi était content, elle le savait. Ils avaient fait connaissance dès le premier jour, et le courant passait bien. Elle était sûre que Merc l’aurait adoré. « Raconte-moi un truc sur John. » Chas releva de nouveau les yeux, en soupirant. « N’importe quoi ! » Chas posa son journal et croisa les bras. « Est-ce que tu savais que ton père s’est tapé tout Los Angeles ? Au sens littéral du terme, je veux dire. C’était… » « Pas ça ! Un truc sur vous deux ! » Aucun enfant ne voulait entendre ce genre d’exploit concernant son père, quand bien même, à voir la tête de Chas, elle sentait qu’elle passait encore d’une vanne qui lui échappait. « Okay, okay. Alors, un jour, on était dans un pub, c’était un soir de match, l’ambiance était électrique. J’ai l’air calme comme ça, mais des fois, je monte vite en tours, et c’était clair qu’il allait y avoir de la bagarre, et John… » Tefé écouta Chas encore dix secondes avant que ses paupières ne tombent doucement. Les histoires qui commençaient avec ces deux-là dans un bar, il lui en avait raconté cinquante en quelques jours.

Elle comprit qu’elle s’était endormie quand elle rouvrit les yeux avec un sursaut. Sting était parti, Chas aussi et le feu était éteint. La pièce gigantesque était plongée dans le noir. Et il faisait froid, vraiment très froid. Tout ça ne lui paraissait pas normal. Elle se leva en appelant doucement – d’abord John, ensuite Chas, ensuite Orchid. Mais aucun ne lui répondit. Elle s’approcha de la cheminée, les bras serrés contre elle. Il y avait quelque chose dans la cendre. Qui bougeait. Comme un visage. Un visage horrible. Elle se pencha malgré tout et le visage posa les yeux sur elle et sourit. « Te revoilà, ma petite âme. Tu m’as manqué. »

Elle se redressa en hurlant, et Sting fit un bon de trente centimètres sur ses genoux avant de filer en pédalant des pattes arrière se réfugier sous un meuble. Chas la regarda comme si elle était démente. Elle n’avait pas écouté son histoire, elle était juste contente que tout cela n’ait été qu’un cauchemar. Même si ça semblait très réel. Presque comme un souvenir qui lui serait revenu. C’était cet endroit, qui la rendait folle. Elle se leva. « JOHN ! » Chas secoua la tête. « Tu sais qu’il est là depuis le début, hein ? Enfin, en quelque sorte. Cet endroit lui obéit au doigt et à l’œil, il sait toujours tout, pas la peine de gueuler. » « J’en ai marre d’être ici ! Je deviens folle ! Je veux rentrer chez moi ! » Même si elle ne savait pas où c’était, chez elle. Elle détala dans le salon direction une porte, n’importe laquelle, et l’ouvrit d’un coup, et tomba pile sur John, comme s’il avait été dans la pièce à côté tout ce temps, ce qui était peut-être le cas. Une pièce qui semblait bien trop grande pour rentrer dans la maison vue de l’extérieur, remplie jusqu’au plafond de bouquins, de trucs, de bidules et de machins. Elle ne voyait pas John mais elle était sûre qu’il était là. « Qu’est-ce que tu fais ? Tu as trouvé un moyen de nous ramener chez nous ? » Parce que c’était à ça qu’il s’occupait, bien entendu, cet homme si plein d’abnégation. Elle s’avança de quelques pas en résistant à l’envie de toucher à tout. Elle se retourna et vit Chas qui lisait son journal dans le salon, mais tout petit, comme si la distance s’était étirée entre eux, ce qui lui donna la chair de poule. « Il faut que je sorte. Je me sens bizarre, ici, je crois que j’ai besoin du Green, même s’il est dénaturé. » En le disant, elle savait qu'elle se mentait à elle-même. Elle était aussi humaine, elle pouvait supporter, physiquement à défaut de moralement, d'être coupée de sa nature. C'était autre chose. Cela faisait un moment qu’elle se disait que ça valait le danger encouru, parce qu’avec le temps et la protection, les mauvais souvenirs des dernières semaines s’étaient peu à peu effacés. « Ou alors, c’est autre chose. Depuis que tu m’as emmenée ici, je ressens des trucs étranges. Je suis sûre que c’est à cause de ton héritage. Il y a quelque chose qui vibre. » Et elle était là, à attendre qu’il lui ouvre enfin les portes du savoir magique. Et puis, dans le désordre, parce qu'elle ne posait pas souvent cette question : « Tu... tu vas mieux, hein ? Ça va aller pour toi, maintenant. » Presque une affirmation, l'affirmation égoïste de ce qu'elle voulait entendre. Elle avait détesté voir John aussi mal en point. Même si là tout de suite elle se serait contentée de le voir tout court. « Vous êtes là, professeur Dumbledore ? » Elle n’avait pas l’habitude d’appeler quelqu’un, mais elle se disait, en guise de consolation, qu’il ne devait pas non plus avoir l’habitude qu’on le cherche comme ça.

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John Constantine

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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
Ville : Vagabond, propriétaire de la Maison du Mystère, pilier de l'Oblivion Bar. Londres adoptive gravée dans l'ADN et dans l'âme, malgré la distance.
Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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This so-called team... we don't actually have to like each other, do we?

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"Just what the world's been waiting for. The charge of the Trenchcoat Brigade."
"I heard that, Constantine."

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"I'm not having you turning into my trusty sidekick or something." "Quick, Chas! To the piss-upmobile!"

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"I still don't know what kind of fate it is that makes us into bastards. I thought I came close once, but... I know it tries to get to us all. Us Constantines."

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"Be well, John."
"Say it backwards."

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"A trickster and an illusionist."

Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyVen 28 Fév - 20:31


who wants to live forever anyway


Des bébés loutres, des serres luxuriantes où la végétation poussait comme par magie, des couloirs qui apparaissaient et disparaissaient à l’envi, des portes qui menaient vers partout et vers nulle part, des murmures enfantins, des fantômes aperçus du coin du l’œil alors que d’autres ne cherchaient même pas à se cacher ; des cauchemars enfermés dans des placards, cohabitant joyeusement avec des rêves d’enfant qui n’avaient jamais pu fleurir. Dans la Maison du Mystère, il y avait un monde, un monde à part où tous les mondes se rentraient dedans dans une cacophonie silencieuse, un patchwork ahurissant digne des plus grands délires surréalistes de tous les artistes qui avaient foulé leur foutue planète. C’était ça, aussi, que John aimait tant dans sa Maison du Mystère. Un lieu où le bizarre et la folie asseyaient leur supériorité sans complexe, sans fards et sans artifices, sans les masques habituels de la réalité qui, comme l’avait dit le génie, n’était somme toute que très relative. Dans la Maison du Mystère, la réalité et ses multitudes levaient leur voile et se révélaient à son œil un peu admiratif, et un peu voyeur, maître marionnettiste qui était bien le seul à distinguer les fils qui tiraient les pans du visible et du vivable. Un moyen un peu pathétique, peut-être, de se donner de l’importance, de gonfler son égo et de se sentir un tant soit peu spécial ; lui qui n’aurait dû être qu’un grain de poussière dans l’immensité des choses, dans cette Maison, il était exactement au centre de tout, à l’abri, observateur et non plus participant, préservé plutôt qu’au milieu du danger. Il l’aimait, cette Maison, John, et parfois, il se prenait presque à croire qu’elle l’aimait en retour, plutôt que de se contenter de le tolérer, lui et ses lubies, son alcoolisme, ses démons, ses cauchemars et ses rituels juste bons à inviter des trucs pas net entre ses murs et cramer la tapisserie. Sous ce toit, le chaos qui faisait bouillir ses veines prenait corps, s’extériorisait, s’exorcisait tout seul, parfois c’était facile à gérer, parfois non, mais c’était toujours, toujours préférable à l’épave bardée de trous sanguinolents qu’il devenait un peu trop souvent lorsqu’il foulait à nouveau le monde de mortels, le monde extérieur, dans lequel il devait compter sur les Chas, les Zatanna et les Swamp Thing qu’on voulait bien mettre sur son chemin pour le ramasser à la petite cuillère quand, trop souvent, c’était les démons et les cauchemars qui gagnaient la bataille. Dans cette Maison, dans laquelle, trop nomade, il ne restait jamais bien longtemps pourtant, John Constantine avait un semblant de chez lui, dans une architecture qui reflétait le désordre absolu qui régnait dans sa pauvre caboche. Madness is the only constant. Mais entre ces murs, il en était maître et non esclave, il s’y épanouissait plutôt que de se laisser s’y noyer. Un caprice, peut-être, de l’irresponsabilité, sans le moindre doute, un exutoire à la laideur et la monstruosité qui grouillait sous son crâne et sous tous les pores de sa peau – mais seigneur, tellement salvatrice.

Sa semaine, John l’avait passée dans cet état d’apathie réparatrice dans lequel la Maison savait si bien le mettre, même quand elle y rechignait, ce vieux chien rentré à la niche pour lécher ses plaies en geignant. Il n’avait, dans la théorie, pas besoin de garder un œil sur Tefé, Orchid s’en chargeant très bien toute seule, mais il l’avait fait quand même, enfermé dans sa chambre, ou la bibliothèque, relevant régulièrement les yeux de ses grimoires ou de ses innombrables verres à moitié vide pour jeter un œil au premier miroir présent et laisser la Maison, qui savait toujours ce qu’il avait à l’esprit, lui montrer où était Tefé. Creepy, sûrement. Mais hé, personne ne lui avait décerné le diplôme de daron de l’année, donc il allait surveiller sa môme dans sa maison magique comme il l’entendait, hein. Pathétique paternel, enfoncé dans son canapé avec son énième verre de scotch à la main, l’œil torve, luttant contre la myriade de sentiments contradictoires qui malmenaient son esprit déjà fracassé alors qu’il la regardait déambuler dans la Maison telle Alice découvrant le pays des merveilles – version horrifique, sans doute. Sa môme, sa gosse, sa fille, la chair de sa chair, le sang de son sang, ritournelle infernale à laquelle il avait souvent essayé d’échapper, mais il n’avait plus la force de courir. Et quelque part, il savait bien qu’Alec et Abby aussi, avaient arrêté. A la voir errer comme ça de pièce en pièce, ses doigts léger parcourant les étagères d’une remise ou d’une autre, la fatalité faisait son petit bout de chemin. Ils avaient essayé – mon Dieu, qu’est-ce qu’ils avaient pu essayer – de supprimer l’héritage Constantine de son système. De se concentrer sur l’héritage du marais, de la nature, du Green. Sur le vivant, le vibrant, plutôt que sur le glauque et le macabre. Sur ce qui aurait dû la tirer vers le haut, en laissant loin derrière ce qui l’aurait inévitablement tirée vers le bas. Mais tous leurs efforts n’auraient su faire mentir le sang qui coulait dans ses veines, pas vrai ? Tefé était la fille d’Abby, elle était la fille d’Alec, et elle était sa fille à lui, tout pareil, à part égale. Et à chaque fois que cette réalisation lui traversait l’esprit, il sentait son cœur se décrocher un peu plus, et tomber un peu plus bas dans sa poitrine. Putain, mais qu’est-ce qu’ils avaient fait. Allongé sur son canapé, pas tout à fait certain du temps qui s’était écoulé depuis leur retour dans la Maison – de toute façon le temps était très relatif, dans cette baraque – John laissait son bras et son verre pendre dans le vide, l’autre couvrant à moitié ses yeux alors qu’il regardait sans vraiment regarder Tefé et Chas (bordel, mets au moins une chemise, Chas) papoter tranquillement dans le salon, l’écho de leurs voix familières transperçant à peine le brouillard éthylique dans lequel il s’enfonçait avec entêtement un jour sur deux, ou un peu plus, quand il n’avait pas ses sursauts d’activité frénétique qui le poussaient dans ses grimoires inutiles à la recherche d’une solution à il ne savait même plus quel problème. Ils s’entendaient bien, ces deux-là. Et stupidement, alors qu’ils ricanaient de concert, John sentit une pointe de jalousie lui percer le flanc – mais envers qui, pourquoi, il aurait été bien infoutu de le dire. Grommelant dans sa barbe, John se renfonça un peu plus dans ce canapé, dans lequel il se verrait décidément bien passer le reste de l’éternité, et, fermant les yeux, sombra à son tour dans un semi-sommeil comateux et agité. Jusqu’à ce que le hurlement de Tefé ne l’arrache aux doux bras de sa gueule de bois perpétuelle, et qu’elle ne se mette à aboyer son nom, les nerfs à vif, sans qu’il ne sache pourquoi, et en même temps il savait parfaitement pourquoi. Aaaaaaaaaah bollocks. John grimaça, et cette fois, la Maison sembla décider d’arrêter d’épargner sa pauvre carcasse, et d’enfin permettre à Tefé de le localiser dans cet immense labyrinthe. Bouge-toi, Constantine, qu’elle semblait dire, la traîtresse. Stupid house.

Depuis combien de temps voix humaine n’avait-elle pas résonné à ses oreilles, lui qui avait passé ces derniers jours en ermite à regarder le monde à travers ses fichus miroirs ? Il n’en avait aucune idée, mais le timbre mélodieux de Tefé en pleine crise lui sciait les tympans en deux – évidemment, l’alcool qu’il avait pu ingurgiter sans particulièrement se modérer et les gueules de bois enchaînées sans discrimination n’avaient rien du tout à voir avec tout ça. « Arrête de crieeeeeeeer… » bougonna-t-il dans sa barbe de trois jours encore moins bien taillée que d’habitude, alors que sa chère fille émergeait comme un tourbillon platine. Perdue dans cette bibliothèque possiblement plus chaotique que les autres encore – peut-être parce que c’était un des cœurs de la Maison, et donc, un des endroits au plus près du cœur de son infernal propriétaire. Forcément que ça donnait naissance à un bordel monstrueux, et même un peu menaçant. Un gouffre sans fond, bardé de plein de trucs pour attiser la curiosité de ses visiteurs, mais dans le fond, toujours ça : un gouffre. Duquel, si on n’était pas prudent, on ne revenait souvent jamais. Sans bouger de son canapé, John pressa ses poings sur ses yeux, jusqu’à en voir danser des étoiles derrière ses paupières. Zee s’était approchée trop près – après toutes ces années, il avait fait l’erreur de finir par croire qu’elle savait toujours à quel moment retirer sa main du feu, mais la preuve que non, maintenant c’était son âme à elle qui flirtait avec les flammes de l’Inferno, par sa faute, parce qu’il était un trou noir qui avalait tout sur son passage. Est-ce que Tefé devait être la prochaine ? Un nœud dans son estomac – ils étaient nombreux, ces temps-ci – se tordit brusquement, et l’espace d’un instant, il crut qu’il allait être malade. Tefé se sentait bizarre, dans cette maison ? Egoïstement, il songea qu’au moins, il n’était pas le seul à se sentir au fond du trou.

Encore planqué dans un recoin de la bibliothèque à l’abri du regard de la petite pousse devenue trop grande, trop maline et trop observatrice, John ramassa tout ce qu’il pouvait bien lui rester de courage (c’est-à-dire pas beaucoup) et d’énergie (c’est-à-dire encore moins), et se redressa avant de s’extirper de son canapé. Il croisa son reflet dans le miroir, avisa sa gueule de déterré, et grimaça face à cette vue pas bien glorieuse – mais hé, au moins, il avait l’air un peu plus vivant que quand elle l’avait ramassé à moitié envahi de fourmis à Hyde Park. Progress. John soupira en grognant sous cape, puis, acceptant enfin de sortir de sa planque, émergea de derrière une série d’étagère sur laquelle s’empilaient artefacts magiques sur babioles occultes et parchemins. « Arrête de crier, personne n’est sourd, dans cette baraque. » râla-t-il avec la voix de quelqu’un qui n’avait pas parlé à voix haute depuis un bon moment. Il se racla la gorge et s’ébouriffa les cheveux, avant de fouiller nerveusement les poches de son pantalon à la recherche d’une clope et de son briquet. « Depuis quand les honnêtes gens ne peuvent plus se lamenter sur leur sort en paix dans leur propre maison, hein ? » Il ne répondait pas à sa question – pas vraiment. Mais peut-être bien qu’elle était assez maline, ou observatrice, ou qu’ils étaient assez liés, pour qu’elle lise la réponse dans son regard sitôt que leurs yeux se croisèrent. Physiquement ? Il allait beaucoup mieux – les soins d’Orchid avaient merveilleusement complété les premiers soins de Tefé, et deux-trois tours de passe-passe supplémentaires avec un peu d’aide de la Maison avaient achevé de faire cicatriser pratiquement toutes les blessures que Nebiros avait eu la gentillesse de lui laisser. Mais le reste ? John Constantine avait l’habitude d’être une épave, mais là, l’épave avait en plus réussi à se briser en deux sur un récif. Au top de sa forme, quoi. Malheureusement pour Tefé, c’était tout ce qu’il lui restait, en cet instant. Disparue, la super-maman avec laquelle elle savait si bien se prendre la tête, mais qui s’était baladée jusqu’aux tréfonds des pires horreurs pour la retrouver à chaque menace qui lui était tombée sur la tête. Disparu, le grand chou-fleur plus humain, intègre, et profondément bon qui ait jamais foulé cette Terre indigne – enfin, la leur, quoi. Ne restait plus que le raté notoire que ses vrais parents avaient fait de leur mieux pour tenir éloigné de leur chère petite fille. Et à ce moment-là, John se demanda ce qu’elle pouvait bien en penser, Tefé. Parce que d’habitude, il ne se demandait pas vraiment ce qu’elle pouvait penser de lui, mais pour une fois, il sentait bien qu’il s’en inquiétait, et ça, ça ne lui plaisait pas du tout. « … t’as pas l’air d’aller trop mal non plus. » dit-il en la détaillant de la tête aux pieds, elle et son drôle d’accoutrement qui était encore plus étrange en vrai qu’à travers un miroir.

Et comme il n’avait strictement aucune envie de s’étaler sur ses états d’âme, il décida plutôt de rebondir sur les inquiétudes de Tefé – même si, se connaissant, il savait bien qu’il allait juste faire empirer la situation. D’autorité, il s’empara de son bras, refermant ses doigts sur son poignet, pressant contre ses veines pour sentir son pouls – le sang qui pulse au rythme de son cœur, et surtout, ce à quoi il était attentif, lui, au rythme du cœur de la Maison, et des myriades d’énergies qui la parcouraient comme une véritable membrane sanguine invisible et intangible, mais non moins vitale. « Qui l’eut cru, hein ? Tes parents ont beau avoir essayé de me tenir le plus loin possible de l’équation, t’as hérité de plus de choses de moi qu’on ne l’aurait voulu. Appelle ça une erreur de calcul, le résultat est le même. » Exhalant une bouffée de fumée, il resta songeur un instant, avant de consentir à la relâcher – de préférence avant qu’elle ne lui arrache la tête pour avoir franchi cette limite-là. « J’étais jeune quand t’as été conçue, mais j’avais déjà un certain nombre de saloperies dans le système. Ni ton père, ni ta mère, ni moi n’avons vraiment soupçonné que ça pourrait se transmettre, mais on a vite réalisé notre erreur. La magie et la génétique, ça finit toujours par donner des trucs bizarres. » Difficile de dire ce dont elle avait hérité exactement sans procéder à des examens plus poussés, mais il n’était même pas sûr d’avoir envie de connaître la réponse. Et honnêtement, peut-être qu’elle ne devrait pas chercher non plus. Elle avait un héritage suffisamment lourd sur les épaules, qu’est-ce qu’il avait bien pu lui transmettre d’autre, exactement ? Son sang de démon ? Mais lequel, de démon ? Il frissonna en songea à un suspect en particulier, et s’empressa de le ranger sous le tapis. Et l’héritage des Constantine ? Oh, pas qu’il en connaisse les détails lui-même, toutes ces histoires de prétendue lignée de mages, ça puait les ennuis à plein nez, mais même lui n’était pas assez dans le déni pour refuser de voir, ou de croire, qu’elle avait peut-être hérité d’un ou deux traits de la famille. Notamment un instinct infaillible pour le bizarre, et une propension non-négligeable à attirer comme un aimant toutes les étrangetés magiques et occultes qui pouvaient croiser son chemin – tout ce qu’une élémentaire ne devrait pas faire. Tefé était une hybride, une hybride de la plus belle eau. Avec des bagages absolument impossibles à porter sur les épaules. Et avec ça, Alec s’étonnait qu’elle ait mauvais caractère.

Des cernes profonds sous les yeux et l’air aussi peu aimable qu’un pitbull réveillé en pleine sieste, John se dirigea vers l’une des tables de travail de la bibliothèque sur laquelle s’empilaient grimoires et parchemins en tout genre – et d’un geste agacé, envoya valdinguer un lourd volume qui devait moyennement apprécier de se faire malmener de la sorte après plusieurs siècles d’existence paisible. « Je sais pas comment rentrer chez nous, d’accord ? » lâcha-t-il, exaspéré, en braquant à nouveau son regard sur Tefé. Pourquoi c’était toujours à lui qu’on demandait, d’abord ? On n’arrêtait pas de l’accuser d’être un bon à rien, un monstre pas foutu de penser à autre chose qu’à sa pomme et sacrifier tout son entourage – il n’avait même pas réussi à tirer Zatanna des griffes de Nebiros, alors qu’est-ce qu’elle attendait de lui, elle, hein ? « Quoi qu’il nous soit tombé sur la gueule, ça n’a rien de magique, et c’est bien au-delà de mon domaine de compétences – même la Maison n’arrive pas à partir, et si cette fichue baraque est bloquée quelque part, alors on l’est tous, point. » Réussir à immobiliser l’un des artefacts les plus puissants du monde sur un seul plan d’existence, c’était un exploit extraordinaire en soi. Et rien que pour ça, John n’avait aucune envie d’aller au coude à coude avec le responsable. Not my division. Not my scene. « Et la dernière fois que j’ai prétendument sauvé le monde, on sait comment ça s’est fini, hein. Alors tu m’excuseras si j’ai moyennement envie d’en remettre une couche alors qu’on se fera encore emmerder dans six mois par je ne sais quelle casse-pieds cosmique. Donc t’as le choix, Tefé : soit tu retournes là-dehors, avec ton Green agonisant, en espérant que les clowns bariolés de la Ligue de Justice se remuent un peu pour nous sortir de là, et tu te fais étriper par le premier Atlante ou la première Amazone qui passe, soit… » Il ne savait pas, pourquoi il s’emportait comme ça – alors qu’elle n’avait somme toute fait que poser une question relativement innocente. Mais, comme si ces quelques jours de relatif repos venaient de se volatiliser, tout autour de lui n’était plus qu’aiguilles brûlantes et douloureuses – Chas dans le salon qui lui en voulait encore pour Gary, la Maison qui essayait tant bien que mal de lui insuffler un peu de calme dans le système, Tefé qui le regardait comme si elle attendait quelque chose. Qu’il prouve sa réputation, qu’il lui montre qu’il savait faire quelque chose, au lieu de se lamenter, qu’il y a bien une raison pour laquelle son père, son vrai père, le bon père, était incapable de complètement se détacher de lui. « … soit t’acceptes qu’on est dans une merde noire, qu’on y peut rien, et tu restes dans cette baraque, avec mon héritage, et t’apprends à vivre avec, comme une grande. » Excellent boulot, John. Si Alec pouvait l’entendre, il passerait un sale quart d’heure. Mais c’était trop tard – si elle cherchait du réconfort, de la stabilité, un peu d’espoir, la pauvre enfant avait frappé à la mauvaise porte. Au lieu d'optimisme, elle se coltinait le vieux clébard maltraité qui réagissait au quart de tour quand bien même personne ne lui volait de mal. Tout ce qu’il y avait, chez un vrai Constantine, c’était la certitude que tout irait au plus mal, et qu’il toucherait le fond, et qu’il n’arriverait cette fois peut-être pas à s’en relever. Et qu’il l’entraînerait avec lui dans la fin de sa dégringolade.


 
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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyLun 2 Mar - 8:26

who wants to live forever anyway

Ça ressemblait un peu à sa forêt, cette bibliothèque. Elle s’en fit la réflexion en avançant prudemment dans la pièce. Du sol jaillissaient des piles branlantes de livres qui déployaient leurs feuilles en formant de véritables arcades, les murs étaient tapissés non pas de mousse mais d’étagères blindées de vieux bouquins, et sous ses pas, il y avait toujours un bruit de froissement de papier, et la lumière ne filtrait qu’à travers ces étranges constructions de bois, de cuir, de reliures et de colle, et la poussière dansait dans ses rayons, stagnante, et elle s’attendait à tout moment à entendre le lointain pépiement d’une quelconque créature des bibliothèque, oiseau-origami qui vivrait ici à l’année et battrait joyeusement de ses ailes de papier… Au lieu de quoi, elle crut capter un vague râle, peut-être même des mots, mais de là où elle était, elle n’en capta pas le sens. Elle reconnut simplement la complainte de l’alcoolique au réveil. Elle avança en passant la main ici ou là, sentant sous ses doigts l’âge des reliures centenaires, le grain épais du vélin ou du papyrus ; et là, comme une décharge qui lui fit retirer sa main avec une exclamation outrée et silencieuse. Ici, même les livres mordaient. La jungle, mais pas du genre à lui obéir. Un autre genre de royaume, un qui l’appelait et la repoussait à la fois. Le Green avait toujours passé outre son sang souillé par la sorcellerie ou quoi que ce soit qui entachait celui de John, mais elle sentait que sa nature même d’élémentaire était aussi la raison pour laquelle cette sorcellerie la rendait malade, au sens métaphorique du terme. Mais ce sang, justement, cet héritage indéniable, participer à l’ancrer dans ce monde, dans sa filiation – elle existait par ce sang. Elle se pencha sur une espèce d’œuf qui trônait comme un roi sur un petit piédestal doré, sur une étagère pleine de diverses saloperies, quand John jaillit, la faisant reculer d’un pas. Bordel, l’épave ! Franchement, il avait presque l’air en plus sale état que quand elle l’avait trouvé dans Hyde Park, et à ce moment-là au moins, il avait une bonne excuse pour agoniser. Elle le regarda avec méfiance juste parce qu’il la regardait, laissant échapper divers grognements en attendant qu’il se décide à dire des trucs utiles.

Ce qu’elle attendait, c’était qu’il lui annonce qu’il avait mis à profit ces jours de paix et de félicité pour travailler à leur problème – c’est-à-dire son problème à elle – qui était de les ramener  – c’est-à-dire la ramener elle – sur leur monde, pour qu’elle puisse aller vérifier en personne que Swamp Thing n’était pas mort. Lui qui était si prompt à lui donner des leçons cuisantes, contrairement à celles de son père en général si douces et pédagogiques qu’elles glissaient sur Tefé comme l’eau sur les plumes d’un canard, elle s’attendait vraiment à ce qu’il se remette à lui expliquer la vie, et surtout lui explique la solution à leurs ennuis. C’était bien pour ça qu’ils étaient venus ici, non ? Pour se reposer, pour retrouver des forces, et surtout pour lutter contre cette horrible adversité. Maintenant qu’elle connaissait cette maison, et tous les trésors qu’elle recelait, et les millions de possibilités que John avait pour faire naître un miracle de cette apocalypse, comme elle pouvait faire éclore une fleur des cendres d’une terre ravagée, elle n’attendait que ça de lui. Au lieu de quoi, il se saisit de son bras sans prévenir, et elle le regarda le bec ouvert, même si au fur et à mesure qu’il parlait, son expression se durcit. Elle avait déjà l’autre main levée, toutes griffes dehors, pour lui refaire le portrait, quand il la lâcha. Elle était toujours à la recherche de bribes de ce passé à trois dont il lui parlait en ce moment même, mais pas comme ça, pas maintenant, et pas alors qu’il balançait ces paroles comme si c’était elle qui était coupable de quelque chose et pas eux. Parce que c’étaient eux qui avaient bravé la nature elle-même, c’étaient eux qui avaient brisé les règles, eux qui avaient décidé de la mettre au monde, dans ce monde qui n’était pas fait pour elle et dans lequel elle se sentait si seule, et c’étaient encore eux qui refusaient d’assumer leur connerie. « C’est moi, l’erreur de calcul, dans tout ça, hein ? Le résultat et l’erreur, c’est pareil. Tu regrettes, John ? Je sais que ma mère a des regrets, parfois, et pas seulement d’avoir dû… » Elle le toisa des pieds à la tête. Mais son dégoût, en fait, était pour elle-même, pour comment elle se sentait enfant quand, parfois, elle voyait la peur dans le regard d’Abby quand elle posait les yeux sur elle, et le souhait non exprimé de ne pas avoir pris la décision de l’enfanter. « “On savait pas”, ça me fait une belle jambe, ton excuse. Si vous aviez un peu moins la trouille, vous m’auriez expliqué ce que je suis, parce que tes “je sais pas” et “c’était pas prévu”, j’en ai rien à foutre ! »

Swamp Thing, lui, bien sûr qu’il ne regretterait jamais rien. Sa colère à son encontre parfois, sa violence, ses punitions quasi divines, même Tefé savait que ça avait été pour le bien de tous, pas forcément le sien à elle, mais celui de cette humanité qu’il tentait d’éduquer, et puis, elle savait qu’il souffrait avec elle, toujours. Mais des fois, elle se demandait s’il y avait une différence entre l’amour qui lui portait, et celui qu’il portait à Abby, et celui qu’il portait à la nature, au Green, à la moindre pâquerette qui lui poussait sous le nez. S’était-elle déjà demandé si John avait des regrets ? En vérité, jamais, jusqu’à aujourd’hui. Elle se disait qu’il ne pouvait pas regretter quelque chose qui n’avait pas d’importance à ses yeux. Qui était-il, pour elle, qu’était-elle, pour lui ? Comment avoir le moindre regret sans un peu d’amour, sans un peu d’attachement inconditionnel ? Elle savait, depuis Hyde Park, qu’elle était capable de le détester de toute son âme tout en souhaitant ardemment qu’il vive, et qu’il vive en tant que John Constantine, son père biologique, puisqu’elle n’avait que faire du reste de sa vie d’exorciste. Et elle ne pouvait pas prétendre qu’il ne lui avait pas déjà sauvé la vie, même au prix de conséquences insupportables, alors, qui était-elle pour lui ? Et est-ce qu’il regrettait de lui avoir donné la vie, littéralement donné une vie ? Elle le suivit des yeux alors qu’il envoyait valdinguer des livres. Parfait, de la colère. Il était en colère et Tefé ne savait même pas pourquoi, mais elle savait pourquoi elle était en colère, elle. Et ça faisait des jours qu’elle attendait d’exploser, à croire qu’il était simplement pour ça dans sa vie, pour qu’elle déverse sur lui sa colère – et avec, sa trouille, et ses interrogations, et ses angoisses, bien cachées dans le tourbillon de rage. Il ne savait pas ? Il n’avait pas le droit de ne pas savoir. Tout comme il n’avait pas le droit de la fuir, maintenant qu’elle était là, à cause de lui, maintenant qu’il l’avait laissée développé les graines de quelque chose qui ressemblait à de l’attachement envers lui. Ça s’appelait des responsabilités. Elle était la première à les fuir, d’ailleurs.

Elle recula d’un pas face à la colère de John, refusant d’essayer de la comprendre, de le comprendre lui. Elle voyait sa fatigue, elle voyait même son désespoir, mais elle ne voulait pas compatir, elle ne voulait pas avoir de la peine pour lui. Mais elle en avait, de la peine. Elle s’en rendit compte quand elle sentit comme un coup de poignard dans le cœur, quand il lui proposa, en gros, d’aller crever dehors ou de rester ici à se tourner les pouces avec comme seul spectacle sa majesté en train de mariner dans sa gueule de bois perpétuelle. Elle se sentait trahie. Il n’avait pas du tout l’intention de l’aider, ni d’aider qui que ce soit. Il n’avait pas du tout l’intention d’essayer de trouver le chemin de la maison. Il voulait juste rester là, enfermé dans sa cabane, avec ses jouets, bien à l’abri, et regarder le monde brûler. Et Tefé n’était certes pas intéressée par le sort du monde, mais elle se souvenait encore de la détresse sans limite de son alter ego dans Hyde Park, qui lui donnait encore des cauchemars. Il y avait encore quelque chose qui comptait pour elle. Mais pas pour lui. En tout cas, elle, elle n’était pas assez. Elle ne comprenait pas comment elle avait pu s’imaginer le contraire. Elle s’était bêtement, naïvement imaginée qu’elle serait assez pour qu’il fasse quelque chose. Sa rage était telle qu’elle suffisait à faire s’évaporer ses larmes, et elle serrait les poings à s’en faire mal. « T’as essayé, au moins ? T’as essayé de nous sortir de là ou tu t’es contenté de boire en pleurant sur ton sort ? Si tu peux te contenter de rester ici en attendant que quelqu’un d’autre fasse le boulot à ta place, alors c’est que plus rien d’autre ne compte à part ta petite personne, pour toi. Y a rien dans ce monde et ailleurs qui compte assez pour que tu cesses d’être cette épave dont tout le monde m’a tant parlé. Putain, quelle conne j’ai été de te croire ! Tu m’as dit qu’ici on serait en sécurité, tu m’as dit… J’ai cru… »

L’air lui manquait, elle allait s’étouffer – de colère, de haine ou de trahison. Un jour, il y avait quelques mois déjà, elle était assise sur une digue de bois flottante qui s’avançait dans Lake Crescent de la péninsule olympique de Washington. La surface était si lisse que les montagnes et les forêts qui servaient d’écrin au lac se reflétaient parfaitement sur elle comme dans un miroir. Elle avait senti la caresse d’une brindille pousser entre les lattes de bois du ponton et s’enrouler autour de son poignet, et elle avait écouté son père lui annoncer la mort de John. Il lui avait expliqué qu’il était mort pour sauver le monde et elle n’y avait pas cru une seule seconde, pas après tout ce qu’on lui avait dit de lui, pas après tout ce qu’il lui avait fait, pas après toutes ces fois où elle l’avait croisé et avait voulu lui arracher les yeux. Mais en vérité, jamais elle ne s’était dit, en parlant avec lui, que l’image que lui en avait donné Abby, ou Swamp Thing, ou le Green, était contractuelle. Alors, qu’il soit mort pour sauver le monde, c’était aussi abscond que n’importe quel exploit que n’importe qui d’autre avait pu lui rapporter sur John. Et elle avait trouvé ça injuste, qu’il ait dû mourir pour un monde qui n’en valait pas la peine. « Il n’y a pas de tombe », lui avait dit son père. Il lui avait demandé de ne pas le chercher, et elle ne l’avait pas fait. Elle s’était simplement faite à l’idée qu’à défaut du monde, il y avait des gens pour qui même lui pouvait mourir, et qu’en même temps que le monde, Swamp Thing, Abby et elle avaient survécu. Cela rendait cette anomalie un peu plus acceptable.

Mais elle ne voulait pas du tout qu’il se sacrifie pour le monde, elle s’en fichait, des humains. Cela aussi, elle le tenait de lui ? Elle voulait juste qu’il ait l’air d’en avoir quelque chose à foutre, de qui pouvait arriver : à lui, à elle. Elle se saisit du premier truc qui lui tomba sous la main – l’œuf – et le lui jeta à la figure. Puis un livre. Puis un autre. Puis elle réduisit la distance qui les séparait et leva le poing, prête à l’abattre sur sa figure mal rasée et défaitiste. Elle se figea en plein mouvement, cependant. Son bras s’abaissa lentement alors qu’elle prenait conscience de ce qu’elle racontait, et un sourire tordu fendit son visage. « Oh non… Regarde-moi, qui suis là à te demander de lutter contre ta nature… » Elle posa sa main sur son front, plus brûlant que jamais. « T’as raison, John. Sauve-toi. Reste-là. Ici, c’est… comme une illusion. Si tu penses que tu peux vivre ici pour les cinquante prochaines années, avec ton pote et ton garde du corps, s’il n’y a vraiment que ça qui compte pour toi, alors d’accord. Clairement, ça te réussit. Je déteste quand mon père me demande de faire mon devoir, alors je ne peux pas te faire le même coup. Si je pouvais, j'irais me réfugier dans le Green, moi. Je suis pas mieux. » Elle effleura du bout des doigts sa mâchoire mal rasée. Tellement humain. Bien sûr, qu’il était humain. C’était parce qu’il était ce qu’il était qu’elle était venue au monde dans toute sa splendide erreur. Ces derniers jours l'avaient induite en erreur. Elle avait cru voir autre chose en John, mais ce n'était que la projection de ses propres désirs, qu'elle n'assumait même pas. Ils étaient aussi cons l'un que l'autre, en fait. « Je ne veux pas que tu meures. C’est la réalité, crois-moi. Alors reste-là. Bourre-toi la gueule et égraine tes regrets un par un. C’est ce que tu veux, hein ? Si c’est ce que tu veux alors d’accord. Je vois bien que t’es malheureux. Je ne sais pas pourquoi, mais je le vois bien. Je voudrais comprendre, mais je vois bien que tu ne me diras rien. » Putain, il lui avait fait mal. Elle avait mal à la poitrine. Elle ne savait pas s’il venait de lui dévoler sa vraie nature – exactement celle qu’Abby lui avait décrite en long, en large et en travers – ou si c’était un moment de faiblesse et de désespoir de sa part, et elle ne savait pas ce qui, des deux, serait le pire. Elle ne voulait pas le voir échouer, passer du statut d’adulte chiant à un type comme elle, pas capable de tenir sa vie en laisse. Pas plus qu’elle ne voulait que ces derniers jours n’aient été qu’un mensonge, au simple motif que depuis le début, il n’était que ce type dont personne ne pouvait rien attendre. Mais justement, c’était injuste d’attendre trop de quelqu’un, elle était bien placée pour le savoir.

Elle baissa les yeux sur le foutoir qu’ils avaient mis, s’accroupit, le menton sur un genou, pour caresser le plancher, le bois au grain vieux et usé, à la recherche d’un peu de Green, et ne sentant en retour que cette vibration magique. Elle releva le visage vers lui, et pour une fois, il n’y avait nulle trace de sarcasme dans sa voix, seulement de la sincérité. « Je suis un boulet, pour toi, hein ? T’as le droit de pas vouloir de moi dans ta vie. T’as le droit d’être un sombre connard, John. Je sais que tout le monde te le reproche, et moi aussi, j’ai pas honte de le dire, t’es un vrai connard. Mais t’as le droit d’être ce que tu veux. Je comprends pas trop pourquoi tu as accepté le deal de mes parents si tu ne voulais pas de moi au final, permets-moi de te dire que c’était vraiment très con de ta part, vu les circonstances, mais je comprends. Je vois bien que ta vie en ce moment, c’est le foutoir. Je ne te demanderai plus rien. Je préfère aller me faire étriper avec mon Green agonisant. Ça te fera un truc en moins sur la conscience. Parce que je ne te demande plus rien, d’accord ? Je ne suis pas ta responsabilité. Tu peux dormir tranquille. Tu peux régler tes soucis de… bonne femme, de démon ou je ne sais pas quoi. Pour ce que ça vaut, je crois pas que quiconque mérite qu’on se mette dans l’état où tu t’es mis. Recommence pas. Et je crois qu’on peut dire que tu en as assez fait pour moi. » Se taper sa mère. Assassiner une adolescente. Sans parler de ses diverses apparitions dans sa vie, que Tefé ne comprenait pas étant plus jeune, mais qu’avec le temps elle avait décryptées – ces fois ou en fait, c’était Swamp Thing qui avait demandé son aide à John, pour elle, et n’était-il pas toujours venu ? Elle n'était pas du tout censée lui en demander plus que ça. Il n'était rien de plus que ça, non ? Elle se releva, le toisant de la tête aux pieds, le trouvant fragile, tout d’un coup. Comme si son image tremblait sous ses yeux, prête à se briser en mille morceaux. Sauf que c’était elle qui tremblait. C’était elle qui se sentait fragile. « Ça va aller. C’est bon. » Il fallait se distancier, de toute urgence. Couper illico ces trucs qu'elle avait cru sentir se lier entre eux. Gamine immature jusqu'au bout des ongles, incapable de parler calmement, de tenter de réparer les choses, de contextualiser la personne en face d'elle, préférant choisir la facilité, casser le verre pour prétendre ensuite ne plus pouvoir le réparer, c'était bien plus facile. Bien plus lâche, mais on ne se refait pas, hein ? Et puis, lui aussi ça devait l'arranger. Qu’est-ce qui était bon ? Elle n’en savait rien. Elle savait juste qu’elle ne supportait plus de se tenir là, sous ses yeux, si c’était si difficile pour lui, et puisque c’était si difficile pour elle.

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John Constantine


John Constantine

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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
Ville : Vagabond, propriétaire de la Maison du Mystère, pilier de l'Oblivion Bar. Londres adoptive gravée dans l'ADN et dans l'âme, malgré la distance.
Profession : Détective de l'occulte, magicien, exorciste, spécialiste des démons et autres saletés surnaturelles, escroc patenté, anti-héros du dimanche qu'on n'appelle qu'en dernier recours quand ça ne pourrait de toute façon pas être pire...
Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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"I'm not having you turning into my trusty sidekick or something." "Quick, Chas! To the piss-upmobile!"

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"I still don't know what kind of fate it is that makes us into bastards. I thought I came close once, but... I know it tries to get to us all. Us Constantines."

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"Be well, John."
"Say it backwards."

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"A trickster and an illusionist."

Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyMer 11 Mar - 22:12


who wants to live forever anyway


« Non ! C’est pas… » C’est pas que t’avais voulu dire ? Dans ce cas, bravo pour l’exploit, parce que c’était exactement ce qu’elle avait entendu, la gamine. Et pour le coup, ç’aurait été difficile de la blâmer, parce que lui, le maître de la manipulation, lui qui usait des mots comme autant de fils de marionnettes pour diriger son monde à la baguette, il aurait dû savoir mieux que personne l’effet que son récit décousu allait avoir. Et quelque part, c’était peut-être ça, le pire. Qu’il avait su. Une déferlante de culpabilité mêlée d’angoisse s’écrasa contre la falaise de sa colère et de son désespoir. Evidemment, que c’était pas sa faute, à Tefé. Elle, elle n’avait rien demandé à personne, et surtout pas de se retrouver propulsée au milieu d’une guerre ou d’une autre, ni dans les affaires cosmiques auxquelles ses trois crétins de parents se retrouvaient mêlés tous les quatre matins. Elle n’avait rien demandé, à part le droit d’exister, et même ça, ils n’avaient pas réussi à le lui accorder correctement. Ou tout court, d’ailleurs. Et tout ce que John aurait pu dire pour se défendre ou rattraper le coup mourut dans sa gorge, étouffé par une main invisible venue enserrer son cou, comme son père à l’époque, quand il lui martelait, complètement ivre, que c’était lui, qui aurait dû y rester, pas sa mère, que c’était injuste, que tout aurait été tellement plus simple, si… Incapable de soutenir le regard de Tefé, John se retourna, soudain pris d’une violente nausée, le visage blême et la mine agitée comme un animal pris au piège. Il se dégoûtait souvent lui-même, John, pris au piège volontaire d’un cercle vicieux de mépris de soi qui durait depuis trop d’années pour qu’il arrive à les compter, mais cette fois, il avait l’impression vertigineuse d’avoir franchi un nouveau palier, parce que toute sa vie, il avait essayé de faire mieux que son bon à rien de géniteur, d’être un poil moins indécent, un poil moins cruel, un poil moins… sans un seul instant songer que toutes ces années, avec Tefé, il n’avait pas valu mieux. Elle avait raison, oh, mille fois raison d’être en colère, la gamine. Il avait tout fait pour effacer son existence, non ? Il avait fui. Puis il avait tué une autre gosse pour l’enfermer dans une enveloppe corporelle qui n’était pas la sienne. Puis il avait fui à nouveau. Puis il s’était pointé pour limiter les dégâts à chaque fois qu’il l’avait fallu, avant de disparaître une énième fois. Les mains sur la tête, compressant son crâne comme un citron, John aurait voulu arrêter de l’entendre, arrêter d’entendre ses reproches qui sonnaient si juste, et lui faisaient si mal, glissant au travers de sa cote de mailles pourtant étroitement tissée. Est-ce qu’il avait déjà regretté sa naissance, à Tefé ? Jamais – contrairement à toutes les horreurs qu’il avait pu un jour lui dire, ou lui faire subir. Par contre, peut-être bien qu’il regrettait d’être son père. Parce qu’il avait toujours redouté les moments comme celui-là, où il ne serait pas à la hauteur, où il détruirait tout d’une pichenette, et où le monde d’une enfant s’écroulerait encore à cause de lui.

Est-ce qu’il avait essayé ? Non, évidemment que non – enfin, pas plus que le minimum syndical, quoi, partant du principe que si la Maison du Mystère, une entité qui échappait à l’emprise du temps et de l’espace, ne pouvait pas foutre le camp de là, alors rien de ce qu’il pourrait tenter ne solutionnerait son problème. Il avait ouvert quelques grimoires, par acquis de conscience, pour trouver quelque chose qui lui permettrait de rentrer, lui, et Chas, et… et c’était tout. Il n’avait pensé à personne d’autre. Il n’avait pas pensé à Zatanna, mais Zatanna s’était tirée pour aller semer mort et destruction sous l’emprise de Nebiros, donc techniquement, il n’y avait plus rien qu’il puisse faire pour elle. Peut-être même qu’il aurait rendu service à la Terre en l’abandonnant ici. Il n’avait pas pensé à Rosie, qui s’était carapatée à peine revenue d’entre les morts pour courir après son surfeur californien pas du tout californien, furieuse qu’il l’ait arrachée à son cher Valhalla et forcée à affronter les conséquences de ses actes. C’était son choix, donc si elle restait ici, ça n’était pas de sa faute à lui, pas vrai ? Pas sa responsabilité. Et il n’avait pas pensé à Tefé. Parce qu’il n’avait pas pensé qu’elle puisse être là, parce qu’il ne s’était pas posé la question, surtout. Putain, quel déchet tu fais, Johnny. Il se mordit l’intérieur de la joue, et sentit presque aussitôt le goût âcre du sang dans sa bouche. Alec, lui, il se serait posé la question, immédiatement, instantanément, parce qu’il était comme ça, Alec. Un vrai père, et quelqu’un qui se souciait des autres avant de se soucier de lui-même. Souvent, John se dédouanait ou tentait d’échapper à la comparaison en arguant que l’abnégation de saint d’Alec Holland n’était de toute façon pas humaine, mais la vérité, c’est qu’il ne fallait pas être un sain pour se demander si sa propre fille était en vie, et en bonne santé. Il fallait juste être un type à peu près décent et fonctionnel. Un type vaguement normal, qui remplit les cases du minimum syndical de la décence de l’humanité, et John n’arrivait même pas à se hisser à ce niveau-là, ce minimum de chez minimum, et c’était ridicule, et honteux, mais c’était lui. Au fond du trou. Une raclure, un égoïste, qui comprenait enfin, avec quelques années de retard, toute l’horreur de ce mot-là, lui qui l’avait si souvent entendue dans la bouche d’autrui, de Chas, de sa sœur, qui s’en était réclamé lui-même, mais toujours comme quelque chose dont il avait l’impression qu’il devait être fier, comme sa marque personnelle. John Constantine, selfish bastard, au cœur sec et tout décrépi de ne penser qu’à sa pomme, et qui finirait, inévitablement, tout seul, parce que qui s’accrocherait au pauvre mec qui était prêt à tous les abandonner en un claquement de doigts ?

Ce malheureux œuf, il l’évita à peine – coup de chance, histoire de dire que la synchronicité était quand même encore un peu de son côté, mais la suite, les livres, il dut lever les bras pour se protéger de ses assauts furieux et justifiés, explosion de violence à la hauteur de tout ce qu’il lui avait infligé toutes ces années, à la hauteur de sa déception, aussi, et de la fureur avec laquelle il aurait pu dire qu’elle était née, s’il ne la connaissait pas assez pour savoir qu’elle n’était que le produit de son environnement. Une famille dysfonctionnelle qui lui avait fait vivre des choses qu’aucun enfant ne devrait avoir à endurer, un monde crade et à l’agonie et cruel dans lequel elle n’avait pas sa place, une société égoïste et stupide et nombriliste qui préférait regarder la planète brûler plutôt que de se fatiguer à la sauver. Le problème de Tefé, c’était qu’elle sentait trop, tout, trop fort. Il savait bien, parce qu’il était pareil. Largués dans un monde qui les agressait constamment, et sans les outils nécessaires pour se défendre ou se préserver, ils n’avaient pas d’autre choix que de répliquer avec les griffes et les dents en faisant couler le sang et les larmes au passage. Et Tefé, elle ne lui avait jamais autant ressemblé qu’à ce instant, où toutes les soupapes volaient en éclat, et que sa rage et son désespoir s’exprimaient à corps et à cris et à coups. Il était prêt à l’endurer, cette violence. Il aurait dû l’endurer, mais, alors qu’elle avait levé les poings pour le frapper, il l’aperçut se figer, avant de les baisser lentement. Alors, lentement, il baissa les bras aussi, retenant son souffle en attendant le coup de grâce. Pendu par une ronce. Encastré dans un arbre. Assassiné par empoisonnement. Transformé en bouillie de chair. Mais non – elle avait le don de le prendre au dépourvu, Tefé, et il la regarda sans comprendre, cette sale gosse qui avait soudainement décidé de lui dire ses quatre vérités avec une lucidité et une compassion déconcertantes. Il recula, à peine, légèrement, comme s’il hésitait à s’enfuir en courant, lorsqu’elle approcha à nouveau sa main, et sa gorge se serra au contact de ses doigts sur sa joue. Ca devait bien être la première fois de sa vie d’adulte qu’elle se permettait un geste pareil. Mais ça n’était même pas un geste d’affection. Il suffit à John de relever les yeux pour croiser le regard de sa fille, et coupler ce qu’il y lisait aux paroles qu’elle égrenait d’une voix douce et détachée. De la pitié. Elle avait pitié de lui. Parce qu’il était pitoyable, et ne méritait même plus sa colère, ni qu’elle se batte pour lui. Il avait souvent eu honte, dans sa vie, John. Parfois à cause de la façon dont Chas le regardait. Souvent, à la réflexion, à cause de la façon dont Alec le regardait. Mais rarement autant qu’à cet instant-là, quand il se vit pour la première fois à travers les yeux de celle qui avait le malheur d’être sa fille.

Fragile, il l’était, incontestablement. Fragile, idiot, humain, passé, debout planté là comme un piquet avec l’impression d’avoir essuyé un tsunami, alors qu’elle s’agenouillait par terre comme si de rien n’était, le laissant là, ébranlé dans ses fondations. « Tefé… » commença-t-il, mais elle l’interrompit, et il s’interrompit, le bec cloué comme un gamin – pire, un adulte – pris en faute. Elle avait renoncé. A lui, aux illusions auxquelles elle s’était accrochée toutes ces années, sources de conflits, mais aussi un peu d’espoir et d’optimisme un peu tordus dans le miroir. Elle comprenait, maintenant, qu’il n’y avait vraiment rien à attendre de John Constantine, et John aurait tant voulu l’agripper par les épaules et lui dire que non, qu’il allait se ressaisir, et la convaincre du contraire, comme il en avait convaincu tant d’autres avant elle, Alec, Kit, Zatanna, Chas, tous ceux-là qui lui redonnaient chance après chance après déception après déception. Elle, elle jetait l’éponge pour de bon. Elle n’avait pas besoin de lui. Même le Green écorné et tout flétri de ce monde valait mieux que sa compagnie à lui – dans le Green, au moins, elle avait une chance de s’épanouir, de faire quelque chose d’elle-même, de pousser, de renaître, elle n’avait jamais eu besoin de personne et elle le lui prouverait encore. Ca n’était plus une pierre qu’il avait dans l’estomac, c’était un trou noir. « T’es pas… » articula-t-il, avant de se rendre compte qu’il avait la bouche sèche, et de chercher machinalement une bouteille des yeux, sauf qu’à part des bouteilles d’encre et de formol, il n’y avait rien, dans cette foutue bibliothèque. Merde. Il déglutit, prêt à s‘effriter sur place. Et ça n’aurait fait aucune différence. Il prit une longue inspiration, pendant laquelle le silence s’étirait, physique, palpable, élastique entre eux. Dis quelque chose, Johnny. Fais une pirouette si tu veux, de l‘humour vaseux si nécessaire, brise-lui le cœur encore une fois s’il le faut, mais dis quelque chose. « J’ai accepté le deal de tes parents parce que j’étais un crétin égocentrique. » Il ne savait pas trop pourquoi il commençait par là, mais puisqu’il fallait bien commencer quelque part, et que c’était de toute façon foutu d’avance, autant continuer sur sa lancée. « Être au cœur d’une prophétie à la mords-moi-le-nœud, sentir que l’avenir de la planète reposait sur moi et mes plans de génie et mon accord – c’était mon dopage, à l’époque. » Bon dieu, qu’il avait été vacciné, depuis. « Et tes parents – même en ignorant les grands desseins de l’univers, ils te voulaient tellement. Même quand ta mère avait peur, même quand ton père doutait de sa place dans tout ça, ils te voulaient. Leur bonheur, leur petite famille, tout ça, ça ne dépendait que d’un facteur : moi. Mon bon vouloir. Je sais pas pourquoi ton père voulait que ce soit moi exactement, et je me suis pas posé la question, à l’époque. J’ai dit oui parce que tes parents avaient besoin de moi… » Mais, quand on s’appelait John Constantine, l’abnégation n’existait pas. La générosité pourrissait à son contact. Il n’y avait vraiment que lui, et lui seul, qu’il servait. Quelle honte. « … et que ça me plaisait, cette idée d’être le centre de leur monde. » Voilà. Tout l’égoïsme crasseux, tout l’égocentrisme dégueulasse. Mis à nu devant elle, pour ses beaux yeux.

Est-ce qu’il y avait de la mauvaise foi, dans ses paroles ? Il ne savait pas, et il s’en foutait, refoulant loin, très loin dans son système le souvenir des pincements au cœur qu’il avait ressenti, les quelques fois où Alec s’était confié à lui, sur ses doutes, ses craintes de ne pas pouvoir offrir à Abby la vie qu’elle méritait. C’était des gens bien, Alec et Abby, même s’ils le détestaient – deux des seuls gens vraiment bien qu’il ait jamais croisés dans sa triste existence. Peut-être qu’il s’était laissé hypnotiser, finalement ; il le soupçonnait souvent. Hypnotiser par l’aura aimante et apaisante de ces deux-là, harmonieux autant que lui était désastreux. Au fond, il avait voulu un peu de cette harmonie-là. Il avait voulu, pour une fois dans sa vie, participer à quelque chose de bien. Une minuscule contribution, qui n’engageait à rien, qui n’aurait dû engager à rien, mais qui aurait subsisté, discrètement, dans cette enfant-miracle. Un test, un demi-pas en avant, une tentative pas du tout assumée et complètement lâche, mais une tentative quand même. Sans penser un seul instant aux conséquences pour cette pauvre gosse qui devrait vivre en résultat de sa tentative pitoyable de se creuser sa petite place dans ce noyau familial en formation. Une pauvre gosse que, même après toutes ces années, après toue la bile versée, il ne pouvait toujours pas regarder sans se prendre à regretter, non pas de lui avoir donné naissance, mais de ne pas avoir été ce dont elle aurait eu besoin. « On est en sécurité ici, Tefé. » reprit-il, sautant du coq à l’âne en reniflant, évitant son regard et ignorant délibérément le sel qui s’y était accumulé en refusant obstinément en quitter ses glandes lacrymales – encore heureux. Pour se donner contenance, autant que par nécessité soudaine et impulsive, il fouilla dans sa poche et en tirant briquet et pack de Silk Cuts, avant de s’allumer une cigarette ; prêt à se cacher derrière son nuage de fumée coutumier. Putain. C’est qu’elle l’avait drôlement remis à sa place, Tefé. Même autour de lui, il sentait que la Maison avait retenu son souffle. Les voix de Chas et d’Orchid avaient disparu. Fuck you. Fuck you all. « On est plus en sécurité que n’importe qui sur cette planète. C’est pas grand-chose, c’est pas ce que tu veux, c’est pas le Green, je sais, mais c’est tout ce que j’ai à t’offrir. L’échappatoire parfaite, la planque idéale loin des horreurs qui nous attendent, là, dehors, le seul endroit où t’auras pas affaire à un Green agonisant et ses avatars en décomposition. » Il tentait de reprendre le contrôle ; mais il s’aperçut très vite qu’avec une main qui tremblait, son image devait en prendre un sacré coup. Constantine démystifié, mis à terre par sa propre fille. Sa fille qu’il n’avait pas envie de voir disparaître, de voir filer entre ses doigts, avec laquelle il avait déjà échoué mais qui lui faisait encore mal dès qu’elle posait le regard sur lui. Indifférence, tu parles. On ne souffrait pas du regard de quelqu’un qui nous laissait indifférent. On ne s’en voulait pas d’avoir abandonné un enfant dont on n’avait jamais voulu, ou qu’on avait jamais aimé, même mal. « Reste, s’il te plaît. » lança-t-il, comme ultime supplique. Parce qu’il sentait bien que c’était la dernière. « Reste au moins pour ton père, tu veux ? » Et, sciemment, il omit de préciser lequel.

 
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Tefé Holland


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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptySam 14 Mar - 13:56

who wants to live forever anyway

Enfin, la vérité. Enfin, des mots qu’elle n’avait jamais entendus, des vérités qui semblaient vraies. Loin des histoires alambiquées qu’il lui sortait toujours, loin des omissions, des fuites, des esquives verbales et toutes ces acrobaties frustrantes, qu’il maniait si bien et grâce auxquelles il avait toujours réussi jusqu’à aujourd’hui à ne pas répondre à sa question. Alors voilà, elle l’avait, la vérité. Au moins sur cette question-là, cruciale : pourquoi est-ce qu’il avait fait ça, finalement ? Et son histoire était si crédible qu’elle y crut, elle sut que cette fois, il ne lui mentait pas. Bien sûr qu’il n’avait pas fait cela pour elle. Bien sûr que pour lui, à l’époque, elle ne devait pas compter, même pas avoir d’existence tangible. Ce n’était pas pour elle qu’il l’avait fait, et en vérité cela ne la dérangeait pas. Elle comprenait ça, elle l’acceptait, elle trouvait ça logique. Oui, cela l’apaisait enfin. Il était jeune à l’époque  – c’est vrai, c’est si vrai, il était tellement jeune. Plus jeune qu’elle aujourd’hui, enfin, son âge, en réalité. Quelqu’un viendrait lui demander de donner la vie à un enfant dans ce monde aujourd’hui qu’elle refuserait. Elle n’en serait pas capable, et pourtant elle aussi, elle était égoïste. Un peu trop probablement. C’était énorme, comme décision, de permettre à un gosse d’apparaître sur cette Terre. Et elle lisait en ombre chinoise ce que John ne disait pas, ne voulait peut-être même pas s’avouer. Elle n’y croyait pas, qu’il n’avait pas une seconde, même une fraction de seconde, songé à la conséquence ultime de son acte : elle, Tefé. La conséquence. Le résultat. L’erreur… Cela lui avait forcément traversé l’esprit. Il l’avait peut-être pris à la légère. Il avait peut-être décidé de s’en ficher. Il avait probablement cru qu’il n’aurait jamais à la croiser de sa vie, qu’il pourrait vivre sans jamais penser à elle. Ou bien il avait simplement accepté cette idée sans plus s’en soucier que ça. Mais elle en était sûre, que l’hypothèse d’une Tefé dans le monde, qui portait ses gènes, lui avait traversé l’esprit avant qu’il accepte. Et rien que ça, rien que cette conséquence de son acte, qui en était aussi le but, en aurait dégoûté ou fait fuir plus d’un. Aurait été plus fort que l’idée de compter, d’être le centre du monde. Mais pas pour lui. C’était son égoïsme qui avait sauvé Tefé, peut-être, ironiquement. Elle n’en avait pas la force, mais intérieurement, cela la fit sourire. Égoïsme de ses parents qui voulaient un enfant, égoïsme de John qui voulait s’adonner à une expérience inédite, unique, jamais reproduite. Née de l’égoïsme de ses parents, mais les enfants naissaient toujours de ça.

Il avait vraiment une sale touche. Elle ne l’avait jamais remarqué avant. Elle savait qu’il était censé être cet alcoolique à l’air fatigué, aux fringues froissées et aux épaules voûtées par le poids de tout un tas de problèmes, mais ça, c’était la description contractuelle. En vérité, elle n’avait jamais prêté attention à ce à quoi il ressemblait sauf quand elle détaillait avec curiosité les traits de son visage à la recherche des siens. Cette fois cependant, elle nota l’épuisement jusqu’aux os, l’abîme dans son regard, son expression hantée. Il avait l’air cassé. Il avait l’air de tenir debout grâce à du scotch. Rien à voir avec Swamp Thing, la force de la nature. Mais ça aussi, c’était faux. Elle le voyait toujours avec les yeux d’un amour biaisé, parce qu’il était le seul, pensait-elle, qui pouvait le comprendre. Chez sa mère, elle avait appris à voir les défauts très tôt et ne lui laissait plus rien passer. Mais son père n’était pas plus indestructible que John Constantine, elle l’avait vu dans Hyde Park, dans cette souche ; carcasse sèche, cassante. Elle avait trop vécu, déjà, Tefé, elle se pensait vieille, mais ses parents, tous ses parents, avaient mille fois plus vécu. C’était le cycle de la vie, les vieux déclinaient, les jeunes s’accaparaient leur force. Face à John, elle se sentait mieux de lui avoir dit ce qu’elle avait sur le cœur, mais elle voyait à présent le prix qu’il payait en permanence. C’était elle, qui avait fait ça ? Pas elle toute seule, mais elle quand même, non ? Elle était la dernière en date à l’avoir secoué par le col, et elle était la fois de trop, voilà. Ses mains tremblantes, ses yeux fébriles, son cœur flétri, pas besoin de le voir, Tefé le savait, que son cœur était flétri comme une plante pas assez arrosée. Il allait mal. Il avait mal. Et qu’est-ce qu’elle pouvait y faire ? Rien.

« T’es pas mon père simplement parce que t'as mis ma mère en cloque. Si c’était que ça, j’en aurais rien à foutre. Tout le monde peut faire ça. Mais tu t’en rends compte, au moins ? Que tu as toujours été dans ma vie ? Je te crois quand tu me dis qu’à l’époque tu as juste voulu, je sais pas… faire un truc inédit. Une prophétie. Sauf que maintenant, pour moi, c'est plus que ça. Je me souviens de toi depuis toujours. Comment est-ce que je pourrais ne pas te considérer comme un... ? » Elle ne le dit pas, mais elle n'avait pas besoin de le dire. C’est sûr que ça foutait en l’air les plans qu’il avait peut-être eu à l’époque et jusqu’à il n’y a pas longtemps, à savoir ne pas se préoccuper d’avoir une gamine. Sauf que le choix que ses parents, tous ses parents avaient fait, ils n’en avaient plus le contrôle depuis longtemps. Aujourd’hui, qu’ils le veuillent ou pas, c’était elle désormais qui décidait, qui leur imposait ses vues, ses angoisses, ses accusations. Ce qu’elle ressentait. Ce qu’elle attendait d’eux. Ils n’étaient pas forcés de se plier à ses demandes. Mais ils ne pouvaient plus s’abriter derrière le passé. « Je me souviens de tes bras, je suis sûre que tu m’as portée quand j’étais bébé. J’en suis sûre. J’en suis sûre. » Elle martelait ça comme une accusation. Même si ça avait été pour la tenir deux minutes, le nez froncé et l'air dégoûté, pendant que Swamp Thing plantait la tête d'un bûcheron dans le sol. « Je me souviens de tes visites à mon père, et tu crois que dans ces moments-là, je ne savais pas qui tu étais ? Je me souviens de ta sale tête quand tu m’as arraché mes pouvoirs et ma mémoire. Et quand tu as… avec Mary… » Elle ne pouvait pas le dire, pas aujourd’hui, pas ici. Ce n’était pas le lieu, pas le moment. « Et quand je t’ai haï, haï, haï ! ensuite quand j’ai retrouvé ma mémoire. Et quand je t’ai retrouvé pour te tuer. Et toutes les fois où on s’est croisés…  Tu crois peut-être que je te voyais comme un figurant dans mon existence pendant tout ce temps ? Tu as toujours été plus qu’un simple... vaisseau dans toute cette histoire. Sinon, ça me serait égal. Je sais que tu trouves toujours ton compte à aider mon père, que tu dis toujours en retirer quelque chose, mais que tu le fais aussi parce que tu te sens obligé, ou pire, parce que t’en as envie. Et toutes ces fois où tu l’as aidé me concernant en prétendant que tu lui devais un service… Ben, John, j’ai toujours eu envie de croire que tu l’as fait un peu pour moi aussi ! » Elle avait presque crié, parce qu’elle avait trop honte de dire des trucs pareils. Crise d’ado totale. Est-ce qu’elle se trompait ? Elle ne rougissait jamais, plante en pot oblige, mais si elle avait pu, physiologiquement, elle savait qu’elle serait d’une belle couleur pourpre, là tout de suite. Putain, il devait vraiment lui faire de la peine pour lui arracher une telle introspection. Et puis pourquoi est-ce qu'elle lui disait tout ça ? Pour ajouter à son malheur, alors qu'il avait déjà l'air à deux pas de la tombe ? Par méchanceté ? C'était ce qu'elle ressentait, ça sortait enfin, mais la vérité pouvait être méchante. Et décevante. Parce que pour elle, ce n'était pas grave que John n'ait jamais voulu d'elle comme Swamp Thing et Abby avaient voulu d'elle. C'était normal, et elle n'était pas naïve. En parlant, elle en prenait conscience. Cela comptait moins ce qu'il avait ressenti ou justement pas ressenti envers elle à l'époque que maintenant, maintenant qu'elle était là, qu'elle existait, qu'il le veuille ou pas.

« Je crois que mon père… Swamp Thing… Il t’a choisi toi justement parce qu’il pensait comme toi. Tous les deux, vous avez beau dire… Vous êtes pareils. Tu l’as fait parce que tu pensais que t’en foutais. Et il t’a choisi parce qu’il pensait que tu t’en foutais. Vous êtes deux idiots. Deux gros idiots. Et je crois qu’Abby l’a su dès le départ, elle. C’est pour ça qu’elle t’a toujours détesté. Papa, il ne te déteste pas. Il ne sait juste pas quoi faire de toi quand il s’agit de moi. Mais Abby, elle savait qu’elle ne pourrait jamais se débarrasser de toi. Mais elle te tolère dans nos vies parce qu’elle sait aussi que même si tu ne fais rien gratuitement, quand il s’agit de Swamp Thing ou de moi, tu le fais quand même. Je sais pas ce que c’est, moi, un père, dans vos dictionnaires d’humains. Et je te demande pas de cocher toutes les cases. J'ai pas l'impression d'être la fille de qui que ce soit, si ça peut te rassurer. Et souvent, je te déteste. Je sais même pas si j'ai envie de te considérer comme mon père. Mais je peux pas m'en empêcher, des fois. » Elle se perdait dans ses tentatives d’explications. Pour la première fois, elle affrontait ce qu’elle ressentait, sans seulement se contenter de poser des questions en espérant vaguement retenir les réponses. Et puis, est-ce que c’était trop tard, ces petites confessions ? Est-ce que c’était trop tard pour rattraper le coup ? Il lui avait donné sa version. Elle lui avait donné la sienne. La sienne était fantasmée, parce qu’elle émanait de son point de vue d’enfant, parce qu’elle était faite de tout un patchwork de réflexions personnelles, d’attentes, de suppositions, d’hypothèses, toute cette histoire dont elle ne connaissait pas le début et qu’elle avait dû se bâtir toute seule. Elle le détestait toujours. Mais elle l’aimait aussi. Mélange parfait d’Abby et de Swamp Thing. Saupoudré d’un peu de cet égoïsme made in Constantine qui lui faisait trouver un peu de soulagement dans ces aveux qu’elle lui avait arrachés, même si pour ça elle l’avait fait souffrir. Elle les faisait tous les trois souffrir, elle en avait conscience. Mais elle n’était pas prête à les épargner, pas encore. Pas tant qu’elle ne savait pas à quoi elle servait dans ce monde. Mais elle savait au moins maintenant qu’elle était née de l’égoïsme de trois êtres – l’égoïsme après tout, ça lui convenait, ça fonctionnait bien. L’amour, c’était égoïste, non ?

Je ne sais plus quoi faire, moi. Ah, oui, ça aurait été trop simple, comme dans un épisode de série télé sur des amis qui vivent en coloc, qui règlent leurs problèmes en vingt-cinq minutes de rires enregistrés. Tout ça ne réglait rien. Tout ça, c’étaient des mots, mais des mots qu’elle se sentait incapable de transcrire en actes. Et à voir John tirer sur sa clope comme un camé en bout de course, lui encore moins. Elle était sincère : elle lui rendrait service en disparaissant de sa vie, là tout de suite. Elle le voyait bien. Il avait trop de problèmes. Mais les problèmes, par définition, ça touchait des trucs auxquels on tenait, sinon ce n’était pas des problèmes, juste des trucs dont on n’avait rien à foutre. Et si tous ses problèmes se faisaient la malle, alors tous les trucs ou les gens auxquels ils tenaient se faisaient aussi la malle. Est-ce qu’elle était censée rester avec son vieux père, pour le soutenir, après l’avoir jeté au fond du trou et lui avoir collé un coup de pelle en bonus ? Cette pensée la terrifia. Le retour de la gamine immature, acte deux : terreur générée par cette responsabilité dont elle ne voulait surtout pas, être celle sur qui l’autre comptait. Quand bien même elle avait exigé de lui qu’il fasse cela pour elle. Eh bien, il comprendrait, n’est-ce pas ? Il comprendrait, qu’elle ne pouvait pas rester, pas après ça, pas après cette discussion horrible. Oui, il comprendrait. Il ferait la même chose. Tenta-t-elle de se convaincre. Elle lui adressa un sourire pâlichon. Le timing, entre eux, ça ne fonctionnerait jamais. « Je sais que je suis en sécurité ici. Je te crois. Et en temps normal c’est tout ce dont j’aurais besoin. Ce serait vraiment un truc de père, venant de toi, de me protéger comme ça. Mais là tout de suite, ce n’est pas de cette sécurité-là, dont j’ai besoin. J’ai besoin de me sentir en sécurité dans le monde. Pas en dehors. C’est déjà trop dur de ne pas me sentir appartenir au monde, peu importe lequel. Je ne peux pas en plus le déserter physiquement. » Oui voilà, elle avait besoin de planter ses racines, même dans un monde à l’agonie, et de mourir avec lui s’il le fallait. Mais mourir, cette seule pensée la terrifiait et de nouveau, la voix devint petite, flûtée, et agressive à la fois : « Mais toi, tu pourrais venir avec moi, non ? » Oh, regardez-les. Si semblables et si opposés – semblables dans leurs oppositions. Elle le savait, qu’il n’avait pas plus envie de quitter la sécurité et le calme de cet endroit qu’elle de rester pourrir ici. Et d’ailleurs, mieux valait pour lui qu’il ne la suivre pas. Elle en prit conscience à ce moment-là. Mieux valait pour elle qu’elle s’en aille, et mieux valait pour lui qu’il reste. Mieux valait pour eux qu’ils se quittent. Au moins pour le moment. « T’es pas si seul que ça, John. Je crois que ça ira, non ? » Elle avait vécu ici quelques jours et elle en était déjà sûre. Il n’était pas si seul que ça. Et même s’il y en avait qui ne vivait pas ici dans cette maison à ses côtés, il le savait bien, que d’autres étaient dans le monde, qui faisaient partie de sa vie, à qui il pouvait penser à tout moment et qui pensaient à lui. Souvent pour l’insulter, mais quand même. C’était déjà quelque chose, non ? Quelqu’un comme elle, la mauvaise herbe.

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Age du personnage : 38 ans, on ne sait toujours pas par quel miracle.
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Affiliation : Co-leader occasionnel, officieux, et peu motivé de la Justice League Dark ; quatrième larron de l'affectueusement surnommée Trenchcoat Brigade.
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Maître-manipulateur ; connaissance encyclopédique de divers types de magie ; ondes synchrones (toujours au bon endroit au bon moment) ; manipulation de sa propre chance et des probabilités ; magie noire et occultisme ; exorcisme ; invocation de démons ; 'Worldwalker', une des rares personnes à connaître tous les chemins entre paradis, enfer, et au-delà ; voyage inter-dimensionnel ; contrôle des esprits et persuasion ; illusion ; pyromancie ; divination ; nécromancie ; cercles magiques ; magie rituelle ; magie du sang ; extrêmement résistant à la télépathie, au contrôle mental, et à la possession ; prestidigitateur confirmé. L'ange déchu Vestibulan vit dans son téléphone portable.

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"I heard that, Constantine."

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"I'm not having you turning into my trusty sidekick or something." "Quick, Chas! To the piss-upmobile!"

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"I still don't know what kind of fate it is that makes us into bastards. I thought I came close once, but... I know it tries to get to us all. Us Constantines."

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"Be well, John."
"Say it backwards."

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"A trickster and an illusionist."

Situation Maritale : Accro à sa princesse qui parle à l'envers, et qu'il choisira toujours, en dépit de ce qu'ils sont, en dépit de toute raison. Père réfractaire et un peu trop largué de la fille de Swamp Thing.









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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyVen 20 Mar - 19:51


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Il avait jamais eu de bol avec les enfants, John. Enfin. Là, ça n’était même plus de bol qu’on parlait, quand on en arrivait à un stade aussi fatidique. Les reproches de Tefé sonnaient dur à ses oreilles, parce qu’au fond, ils étaient tous vrais ; comme tous les gosses du monde, la vérité ne sort que de la bouche des enfants, peu importe leur âge, en réalité. Il s’était largement planté, avec elle, comme il s’était largement planté avec tous les autres, aussi. D’abord avec elle, d’ailleurs, jeune con qu’il était à l’époque, à se mentir à lui-même sous couvert que quelqu’un d’autre prenait responsabilité de la gamine à sa place. Puis Astra, le véritable péché original, l’acte manqué fondateur dont l’apothéose avait pourtant été pavée de ses erreurs pavées : il était moins jeune alors, il s’était pensé moins con, et il s’était planté sur toute la ligne. Avec Tefé, il avait joué au nombriliste, satisfaisant un égo endommagé en prenant toute la place alors que c’était elle, qui aurait dû être au centre de leur petit monde, et avec Astra, il avait commis la même erreur. S’était laissé prendre au jeu, s’était encore imaginé que tant que lui était là, tout irait bien, n’est-ce pas. C’était lui, qui avait les cartes en main, pas les crétins de démons qui s’imaginaient pouvoir mettre leur grain de sel dans leurs vies, et manipuler les pauvres mortels qu’ils étaient comme des pions sur un échiquier. Tu parles. Il s’était vu plus grand qu’il ne l’était vraiment, à l’époque, et bordel, que la leçon avait été amère. Déchu de son piédestal, rejeté bien loin du centre du monde, parce qu’au final, ce n’était pas lui qui décidait de qui gagnait ou qui perdait, et la vie d’Astra n’était pas un jeton à arracher à un adversaire. C’était une vie humaine. Une vie de petite fille fauchée bien trop tôt parce qu’il avait été imprudent, inconsidéré, vaniteux, arrogant. Parce qu’il s’était cru intouchable et capable de faire plier le monde selon ses envies – bon sang, ce qu’il rirait, Nick, s’il le voyait. Nergal l’avait remis à sa place, et il avait appris sa leçon, John Constantine. Mais, leçon apprise ou pas, les rappels ne cessaient de pleuvoir autour de lui. Gemma mise en danger parce qu’elle se trimballe elle aussi la poisse des Constantine – et probablement un don de médiumnité que ni elle ni Cheryl n’ont demandé à personne ; et maintenant, Tefé. Tefé, deux en une, Tefé et Mary, Mary et Tefé, Mary l’autre immense erreur de son existence dont la simple mention lui donnait la gerbe. Il savait pas, putain. Pour une fois, l’erreur avait été honnête. Il avait vraiment cru qu’elle était condamnée. Et son ignorance, une fois de plus, une fois de trop, avant coûté la vie d’une petite fille et enchaîné une autre en lui volant sa vie par… par précaution. Ou du moins, c’était ce dont ils avaient essayé de se convaincre à l’époque. Des salades. Ils avaient juste eu les jetons, et comme tous les crevards d’adultes qui ont les jetons, ils avaient cherché à cacher le squelette dans le placard à grands renforts de discours moralisateurs de type ‘c’est pour le bien commun’. Comme si lui, ou Abby, ou même ce grand légume d’Alec, en avaient vraiment quelque chose à foutre, du bien commun.

Bien sûr, qu’il l’avait déjà tenue dans ses bras. Dos au mur, pistolet sur la tempe alors que sa colère justifiée se déversait sur lui, il voulait bien l’admettre : malgré toutes ses bonnes résolutions, malgré toutes ses belles paroles, il avait toujours été incapable de s’en foutre. C’était à peu près facile, quand elle était tout bébé, et qu’il ne la voyait que rarement, pour la tirer des griffes d’un démon ou d’un autre, puis elle avait grandi, la petite pousse du Green, et plus ça devenait difficile, plus il se prenait, parfois, rarement, surtout quand il était en état d’ébriété, à regarder les passants se balader avec leurs gosses – et alors ouais, il s’en souvenait, clair comme de l’eau de roche, de cette époque-là où, parfois, par accident, c’était dans ses bras à lui qu’elle échouait. Une petite pousse de vie qui tendait ses mains minuscules vers lui et cherchait à agripper son imperméable, avec dans ses grands yeux qui voyaient toujours deux mondes à la fois, déjà trop de questions auxquelles il n’avait que des mauvaises réponses. Est-ce que Swamp Thing les avait aperçus du coin de l’œil, ces moments où John, le souffle coupé, comme tétanisé et prisonnier quelque part entre émerveillement et pure terreur, contemplait sa fille sans oser se demander ‘et si’ ? Est-ce qu’Abby, peut-être, en avait conscience, plus que n’importe lequel des deux autres idiots qui constituaient cette étrange famille ? Peut-être. Et peut-être que c’était pour ça aussi qu’elle le détestait autant. Parce qu’elle savait que son indifférence légendaire n’était qu’un vaste mensonge et qu’avec Constantine, sitôt qu’on avait e malheur de capter son attention, c’était forcément le début de la fin. John se redressa, encaissant les coups la mâchoire crispée, et voilà. Il était là, le constat. Elle ne voulait pas le considérer comme un père, mais parfois, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Et lui, il ne voulait pas non plus se considérer comme un père, mais parfois, il n’avait pas vraiment le choix. Elle était là, sa grande conséquence. On n’amène pas un enfant dans le monde sans que ça ne laisse une trace quelque part. Il avait essayé de se convaincre du contraire, lui qui était capable de laisser n’importe qui derrière lui sans se retourner. Sauf elle. Sauf la petite pousse du Green qui s’accrochait encore à son imper’ quand elle avait la trouille. Elle ne pouvait pas toujours s’empêcher de le considérer comme un père. Et lui, parfois, trop souvent, ne pouvait pas non plus s’empêcher de a considérer comme sa fille. Et c’était bien là tout le cœur du problème, et de la tragédie qu’était la leur.

Now what ? Le condamné à mort attendait la dernière salve du peloton d’exécution. Mais peut-être qu’elle n’allait jamais venir, la dernière salve. Ils le savaient bien ça : ils étaient incapables de s’entretuer, au sens littéral du terme. Ils avaient déjà essayé, c’était pour ça qu’ils le savaient – quelle paire de père et fille s’entretuaient de toute façon, hein, c’était dire à quel point ils étaient foutus dès le départ s’ils en étaient arrivés un jour à ce stade. Alors qu’est-ce qu’ils étaient censés faire ? John n’en avait foutrement plus la moindre idée, et il lui suffit de relever les yeux sur Tefé pour constater qu’elle n’en savait foutrement rien non plus. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il voulait qu’elle reste. Qu’il y ait au moins un truc qu’il ait fait à peu près correctement avec elle, en lui offrant un toit, un abri, quand elle était en danger et n’avait plus nulle part où aller. Sur leur Terre, il était incapable de lui donner ça, ça n’était pas son rôle, et il savait qu’elle n’en voudrait pas de toute façon, mais ici, les règles étaient différentes, non ? Mais sitôt qu’elle lui adressa ce sourire pâle et désenchanté, il sut que c’était perdu d’avance. Qu’elle lui filait entre les doigts. Qu’elle prenait la poudre d’escampette, qu’elle se barrait elle aussi, parce que le monde à moitié crevé là-dehors lui semblait quand même plus attrayant que cette maison magique pleine de trucs démoniaques et des obsessions de son géniteur. Franchement, il ne pouvait pas la blâmer. Mais ça faisait mal quand même. Une porte qui se ferme, un point final à un chapitre, sans savoir s’il y en aura un prochain. Est-ce qu’il devrait protester ? Alec insisterait, c’est sûr – il tempêterait, il fulminerait, il déchaînerait une de ces colères homériques dont lui seul avait le secret, et peut-être que ça ne fonctionnerait pas mais au moins il aurait eu le mérite d’essayer. C’était ça, qu’un vrai père ferait. Et ça, c’était exactement ce que John ne ferait pas, parce qu’il n’était pas un vrai père. Il ne savait demander qu’une fois. Il ne pouvait demander qu’une fois. Alors un refus, un seul, et c’était acté. Elle serait plus en sécurité dehors qu’ici avec lui – et ça, dans leur langage, ça voulait absolument tout dire. Même si elle continuait la comédie qu’ils s’imposaient en lui demandant, à lui, de venir avec elle, et il se contenta de la regarder sans rien dire, le cœur dans la gorge et la poitrine sur le point d’éclater sous la pression. « Tu sais que je peux pas, Tefé. » réussit-il à articuler sans trop savoir comment, d’une voix étranglée. C’était lui qui ne survivrait pas, là dehors. Pas comme ça, en tout cas. Pas comme elle, elle l’entendait. Je crois que ça ira, non ? Non. Non ça n’irait pas – c’était comme ça, la vie avec John Constantine. Ca n’allait jamais ; mais hé, fallait bien faire avec, puisqu’il n’avait pas le choix, de toute façon.

Qu’il était lourd, ce silence qui suivait les points finaux. Elle allait partir. Elle allait retourner dehors, dans ce monde éventré, et elle allait rester en attendant que ça passe, ou en attendant de mourir avec. Et lui, géniteur indigne, ne pouvait rien faire pour l’en empêcher. Enfin, ne voulait rien faire d’autre pour l’en empêcher, surtout. Elle avait fait son choix, et qui était-il, lui, pour lui donner des consignes ? Ils avaient compris depuis longtemps qu’elle ne les écouterait jamais de toute façon. C’était Alec, celui qui était doué pour se faire entendre, pas lui, pas sans user de chantage et de manipulation mais pour une fois, il n’en avait pas envie. Assez. Pour une fois, baisser les armes, ce serait peut-être la meilleure option pour tous les deux. « Ca ira, ouais. Quelqu’un quelque part trouvera un moyen de nous ramener chez nous – mais ça, c’est toujours la même chose, chérie, quelqu’un, quelque part, paiera le prix, et la note sera sacrément salée. Si tu ne retiens qu’une chose, ça doit être celle-là. Sauver le monde et toutes ces conneries, ça a un coût. Et c’est pas à toi de le payer. Compris ? » Quoiqu’elle fasse là-dehors, qu’elle n’essaye pas de jouer aux héroïnes, même si ça n’était pas dans son ADN. Ou plutôt, pas dans celui qui s’était visiblement manifesté, jusque-là. Quelle aille dans le Green, qu’elle s’y planque en attendant que ça passe, et avec un peu de chance, les restes du Green survivraient suffisamment longtemps pour la préserver jusqu’au retour dans leur monde. Alec le tuerait s’il le voyait abandonner de la sorte. Mais Alec n’était pas là, alors avec toute l’amitié du monde, fuck off Alec. C’était lui, ce grand légume, qui n’était pas là, alors qu’il aurait dû l’être. Oui, voilà, blâmer Alec, c’était bien plus simple, parce qu’il ne pouvait pas se défendre, et même s’il était là, il ne protesterait même pas, cette salade verte sur pattes, et John sentit l’acide lui tordre encore les entrailles et il avait vraiment besoin d’un putain de verre, maintenant. Exhalant un long soupir, il passa une main fébrile dans sa tignasse blonde. Et maintenant, quoi ? Ils étaient censés se dire au revoir ? Adieu ? Se prendre dans les bras les larmes aux yeux alors que ce n’était pas le genre de la maison, mais c’était ce que les familles un tant soit peu fonctionnelles étaient censées faire ? « Viens avec moi. » lui intima-t-il, sèchement ; il n’arrivait plus à adopter le moindre autre ton, et, sans la regarder, il fila en lui passant devant pour sortir de cette bibliothèque gigantesque mais qui, d’un seul coup, le faisait se sentir claustrophobe. Ils ne se diraient pas au revoir comme les gens normaux, il n’avait rien à lui laisser qui soit un souvenir un tant soit peu heureux, mais peut-être qu’il pouvait se permettre une dernière tentative un peu pitoyable d’être un père potable.

Un dernier souvenir. Une dernière clé. Chez les Constantine, on tenait jusqu’au bout à avoir le dernier mot, et il ne ferait pas exception à la règle. D’un pas vif, John ouvrait la marche, et les ramena tous les deux au rez-de-chaussée – d’où Orchid et Chas avaient mystérieusement disparu. Ne restaient qu’eux, le salon, et la solennité d’une Maison qui savait l’heure des adieux arrivée. John se dirigea d’un pas décidé vers la cheminée qui ronronnait encore allègrement, s’empara du tisonnier, et farfouilla dans le foyer sans se soucier de la cendre qui volait déjà partout grâce à ses efforts désordonnés, ni des flammes qui menaçait de s’accrocher à sa chemise froissée – jusqu’à ce qu’un morceau de bois tout charbonneux ne s’échappe du tas pour rouler par terre. Hop, il se baissa pour le ramasser, grimaça et jongla brièvement avec parce que le bois brûlé brûlait encore, et, dès qu’il eut refroidi, le tendit à Tefé. Cadeau d’adieu. Un morceau de charbon, d’un enfant pas sage à une autre. « Prends ça. » lui intima-t-il d’un ton pressant. Voyant son air perplexe, il soupira : « Le foyer d’une cheminée, c’est le cœur d’une maison. Tout ce qui brûle dans cette cheminée est à jamais lié à la Maison du Mystère. Tu veux pas rester, soit, mais avec ça, il t’en restera au moins quelque chose, et tu sais jamais quand ça pourra te sortir du pétrin. » C’était sûrement du grand délire de poudre de perlimpinpin, d’un point de vue extérieur, ce qu’il lui racontait là, mais depuis quand se souciait-il de crédibilité, lui. « Si un jour t’es dans le pétrin, et que tu veux revenir, garde ce truc dans ta main, et répète ‘Maison du Mystère, apparais’. Ou quelque chose d’approchant. C’est pas les mots qui comptent, c’est la foi que tu mets dans le sortilège – tous les débutants et même les sorciers les plus expérimentés ont plus de facilité à croire en ce qu’ils font si c’est un peu ritualisé avec un package de formule magique. L’important, c’est qu’en appelant la Maison, tu croies vraiment qu’elle va apparaître. Compris ? » C’était pas grand-chose. Et peut-être qu’elle l’utiliserait jamais. Mais au moins, ça n’était pas rien. Et pas rien, c’était quand même plus que tout ce qu’il lui avait donné jusqu’à maintenant. Est-ce que ça suffirait ? Il releva les yeux sur elle, un nœud étouffant dans la gorge. Elle allait se débrouiller, Tefé. Elle n’avait jamais eu besoin de lui pour se débrouiller. C’était même à cause de lui qu’elle avait dû apprendre à se débrouiller. Et si elle avait survécu à ses malédictions, encore et encore, alors elle serait capable de survivre à ce qui se tramait, là, dehors, et au Green agonisant, et à toutes les horreurs que ce monde lui jetterait à la figure. Elle en reviendrait sûrement changée. Comme eux tous. Mais elle, ça irait. Forcément. « T’es un tiers Holland, un tiers Arcane, et un tiers Constantine, Tefé. T’es équipée pour affronter tout et n’importe quoi. Faut juste que tu sois prête à le faire. » Et peut-être que, pour une fois, la nature sombre et égoïste et increvable des Constantine pourrait se révéler une bénédiction.

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Tefé Holland


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+ Le Green : manipulation de la végétation, métamorphose, capacité à se rendre dans le Green
+ Le Red : communication, et manipulation des animaux, manipulation de la chair, métamorphose, guérison de la chair
+ Sensibilité à la magie, âme tâchée par une marque démoniaque, sang de démon dans les veines

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MessageSujet: Re: who wants to live forever anyway || John   who wants to live forever anyway || John EmptyVen 20 Mar - 23:16

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Qu’est-ce qu’elle avait espéré exactement ? Qu’il dise oui ? Oui, il allait la suivre ? Ou bien qu’il insiste pour qu’elle reste, qu’il tente de la retenir ? Qu’il l’a sermonne comme il savait si bien le faire – encore un truc de père sans même qu’ils s’en rendent jamais compte tous les deux –, qu’il la traite d’inconsciente, lui dise qu’elle n’avait aucune chance de survivre là dehors ? Qu’il tente de lui faire peur pour qu’elle reste, ou bien qu’il fasse du chantage, ou même qu’il lui promette de chercher un moyen de rentrer, et qu’en attendant, ils pouvaient très bien vivre sous le même toit sans se voir ? Est-ce qu’elle espérait tout ça à la fois ? Peut-être. Mais finalement, il ne fit rien de tout cela. Elle pouvait partir et il ne la retiendrait pas, ne tenterait pas de l’en décourager et ne la suivrait pas, et elle ne fut pas déçue, en fait. Elle avait pensé à tout sauf à la réaction normale, typique, évidente. Elle se rappela qu’elle avait eu tort de trop attendre de lui une fois déjà et qu’elle refusait de se brûler deux fois sur la même flamme. Et si elle avait été prête à se battre, à débattre, à partir en claquant la porte comme elle savait si bien le faire, en bonne drama queen, tout cela disparut à la seconde où à son ton, elle comprit que cette fois, ça y était. Elle n’avait plus d’excuse derrière laquelle se cacher pour s’accrocher à lui, et il ne lui en donnerait plus. D’un commun accord, ils s’abandonnaient, d’un commun accord ils entretenaient le même mensonge, l’illusion que tout les séparait, que rien ne les retenait. Alors à partir de là, fierté oblige, immaturité oblige, elle suivit cette partition écrite à quatre mains. Il lui disait qu’il irait bien et elle fit semblant de le croire. Il fit semblant de croire en un happy ending à toute cette histoire et elle fit mine de s’en foutre. Les mensonges s’entassaient les uns sur les autres, formant cette barrière protectrice entre eux, un état d’esprit retrouvé, familier, qui rassurait. Oui, mieux valait ça qu’eux deux à se balancer des vérités qui font mal à la figure. Elle le fixa quelques secondes, afficha un sourire de machine sur son visage. « Compris. T’en fais pas, là-dessus, toi et moi, on est pareils. » Et elle venait de prononcer ses mots, et elle ne pouvait plus les retirer, malgré toute leur ironie, quand bien même c’était encore là une vérité, la dernière qu'elle prononcerait avant longtemps probablement.

C’était fini, cette étrange rêve d'une vie à deux, bizarre, illogique mais où elle avait su trouver ses marques le temps que ça avait duré dans cette maison magique. Et elle restait là à attendre… quoi, qu’il la jette dehors ? Elle ne savait même pas comment partir d’ici en vérité. Alors oui, c’était à lui de la jeter dehors, littéralement. Elle en aurait ri. Elle rentra la tête dans les épaules quand il lui ordonna de le suivre. Souviens-toi de qui il est. Souviebs-toi du mal qu'il a fait. Il n’y avait plus rien de plaisant en lui, là tout de suite, et elle, de toute façon, s’était barricadée, enfermée à double tour dans ce qu’elle faisait de mieux – le silence, les yeux qui jugent, la bouche en une moue moqueuse sans autre raison qu’énerver l’autre, des papillons dans les jambes tant elle voulait s’enfuir, désormais. Elle avait toujours fini par ressentir cette sensation, ce besoin de s’en aller avant que tout ne devienne horrible, avant que quelque chose ne se casse, et elle avait réussi avec Jinny, avec Layla, avec Pilate, avec Merc. Avec John, elle avait trop attendu, elle s’était fait avoir par le sentiment qu’elle ressentait sans pouvoir l’identifier – sécurité ? elle n’était pas sûre de savoir ce que c’était… acceptation ? reconnaissance ? En tout cas, elle avait trop attendu, et voilà, quelque chose avait cassé. Bien fait. Pour eux. Plantée devant la cheminée, elle fixa l’âtre dans lequel il fouillait elle ne savait pourquoi, comme hypnotisée. Puis tendit les mains pour récupérer son bout de charbon. Et son premier réflexe fut de rire, mais son éclat de rire, qui s’annonçait cynique, s’écrabouilla dans sa gorge et se transforma en une plainte légère et non-identifiable, qui s’échappa de ses lèvres.

Ce n’étaient pas les mots qu’il prononçait à toute vitesse qui la laissait sans voix. Qu’on puisse sérieusement faire apparaître une maison en l’appelant, elle aurait préféré ne pas y croire, mais elle savait bien qu’il ne se fichait pas de sa gueule. C’était probablement vrai, parce que tout était possible, avec la magie, hein ? C’était probablement pour ça que tous les magiciens qu’elle connaissait étaient si malheureux. Non pas qu’elle en connaissait beaucoup. Mais finalement, il semblait que ce qui avait été cassé ne soit pas irréparable. Il n’était pas tombé à genoux en hurlant son prénom et en la suppliant de revenir, comme Abby l’avait fait quand elle lui avait tourné le dos et était partie, mais il n’était pas non plus sur le pas de la porte, le poing levé, à lui dire de ne jamais revenir. Elle fit rouler le morceau de charbon dans sa paume, la maculant de suie. « Compris. » Deux fois en une minute. Il était plein de bons conseils pour elle, décidément, et elle toute prête à écouter. Elle fixait le bidule qu'il lui avait donné en se promettant de trouver un moyen de le protéger plus tard. Quand elle releva le nez pour enfin le regarder, il la regarda en même temps. Et soudain, sans prévenir, les mots qu’il n’avait prononcé à voix haute, et qu’elle n’avait même pas formulé en pensée. Ce n’était qu’un truc comme ça, mai c’était malgré tout comme un chaînon manquant à ce qu’elle était. La fille de son père. La fille de sa mère. Et la fille de John. « Ouais. C’est ce que je suis. Et toi, te laisse pas tuer pour des conneries. Me fais pas honte. Affronte tes problèmes. Je pourrais pas supporter que le type qui a créé la huitième merveille du monde soit qu’un lâche. » Tout avait été dit, bien avant cela. Elle repartait de là, toujours sans père, en tout cas aucun qu’elle puisse emporter avec elle. Elle partit sans dire au revoir à Chas, sans dire merci à Orchid, et sans un geste d’adieu pour John. Mais ça, c’était parce qu’elle avait besoin de ses deux mains pour protéger son petit bout de charbon.

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