LONG TIME NO SEE; Selina

« Chef. On dit que le Batman a disparu. » Je hausse un sourcil, le nez dans la paperasse. « Oui oui, j'ai entendu ça. C'est toujours la même chose. Il meurt, il revient à la vie, il meurt et il revient encore. » Dans mon dos, je sens mon acolyte qui piétine, non satisfait de ma réponse. « Oui mais chef... » Je soupire. Mon stylo quitte mes dos, et mon siège se tourne enfin vers mon interlocuteur. « Quoi ? Tu y crois vraiment ? D'ici quelques jours, il aura refait surface. » « C'est qu'ils l'ont plus vu depuis quelques temps... et il s'avère qu'il n'est vraiment plus là... » Je finis par croiser les bras sur mon torse et je regarde mon partenaire de haut en bas. « Plus là, hein ? Mmh... » Mon regard s'échoue sur la fenêtre donnant sur la ville, où la nuit s'invite déjà. Un sourire éclaire soudain mon regard. « Vous avez une idée, patron ? » « J'ai une fabuleuse idée. Pourquoi abattre une carte, alors qu'on peut en abattre trois ? » L'éclat de mes yeux devient de plus en plus fort. Mes mains se joignent et mon esprit bouillonne. « Dis à l'imbécile qu'on a recruté pour filer des informations à Catwoman qu'on a une affaire pour elle. Un camion. A Otisburg. 23h. » Si Batman se rend simplement plus discret, il viendra sauver le chat. C'est d'une logique implacable : tous les vilains de Gotham savent que la Bat-Family et Catwoman sont le moyen le plus facile d'atteindre la chauve-souris. Tous les vilains de Gotham savent que l'idylle est plus forte qu'ils ne veuillent le faire croire. Ce soir, l'occasion se présentait : atteindre l'amant du chat, et mettre en garde sa copine à la main verte.

La journée fût longue. Je languissais le moment de notre rencontre et les jeux auxquels nous nous adonnerons plus tard. Mille et une idées fusaient dans mon esprit pourtant je refusais de dresser un plan des tortures que je pourrais assener au chat. L'inspiration viendra sur le moment. Plus tard, mes équipes furent briefée. Je me suis empressé de monter dans le camion, déjà excité par la suite des événements. Cette petite garde de Selina Kyle était bien trop aveuglée par l'adrénaline que les vols lui procuraient ou que les butins lui apportaient. Et finalement...

Le bruit de la serrure me fait sourire, je ne me suis pas trompé. Je sais qu'elle est juste là, derrière cette porte, les deux pieds dans le piège à loup. La porte du camion finit par s'ouvrir, et je dévoile mon plus beau sourire. « Selina. Tu es toujours aussi... en forme. » Je descends du camion sans mal avant de faire face au chapardeur. Je peux déjà deviner ce qu'il se passe dans son esprit sûrement troublé par ma présence, elle qui me pensait mort. Je m'étais appliqué à ne pas la croiser pour que l'effet soit parfait, digne d'une pièce de théâtre. « Ça fait un moment, n'est-ce pas ? Je t'ai manqué, chaton ? » Dans mon dos, j'entends mes hommes de main qui me suivent. Ils l'encerclent, lui bloquent la moindre sortie. « Mes amis veulent jouer avec toi. Tu n'y vois pas d’inconvénient ? » Je réserve mon tour de jeu pour plus tard, à l'abri des regards inquisiteurs. Le mien se pose sur sa taille, où se trouve toujours son fouet légendaire. «  Toujours les mêmes jouets, hein. Tu veux voir les miens ? » La reine de la provocation a trouvé son roi. Je m'approche lentement d'elle et mon regard devient plus sombre. Ce soir, elle ne peut pas s'en sortir. Encerclée par mes hommes de mains, elle n'a plus le choix. Si elle se bat, elle se blessera ou s'épuisera bien vite. « Tu as perdu, Selina. » De ma poche, je sors un taser. Le but n'est pas de la blesser tout de suite, simplement de la faire se sentir prise au piège. L'esprit souffre beaucoup plus que le corps et cicatrise beaucoup moins vite. Et alors que son corps tremble sous l'effet de l’électricité, je fais signe à un homme de l'assommer, avant de remonter dans le camion sans plus d'attention. « Emmenez-la. »

La pièce est sombre et l'unique lumière est braquée sur elle. Attachée sur une chaise, Selina émerge doucement. « J'ignorais que les chats dormaient autant. » Je souris largement. Je m'approche doucement et me baisse à sa hauteur une seconde. Je ne peux attendre de voir cette lueur de panique dans son regard. Le même que sa sœur quand son mari hurlait à chaque coup que je lui assenais.

Black Mask & Catwoman

I hate you for the way you smile when you look at me, I'll bleed you dry.

« Le camion devrait arriver vers 23h. À partir de ce moment, tu as la voie libre. Je pense que tu pourrais en tirer un bon prix. » La proposition était trop belle : un cambriolage, à quelques rues de chez elle. Elle savait de source sûre que le véhicule contiendrait une belle somme d'argent, ainsi que quelques bijoux destinés à la revente illégale. Du pain béni, pensait-elle. Ce nouvel indic ne l'avait encore jamais déçue : depuis qu'elle travaillait avec lui, il lui avait toujours trouvé des affaires formidables, et était d'une fiabilité formidable. Je devrais penser à lui offrir un peu plus. Ce type est vraiment bien. Sortie de sa rêverie, Selina allait enfiler sa seconde peau de voleuse, avant de poser un baiser sur le crâne de son chat. Avec précaution, elle sautait de toit en toit, observant brièvement ce qu'était devenu Gotham depuis que son amant avait été porté disparu. 23h. Le camion était là, comme prévu. Avec une agilité certaine, Catwoman dévala les toits, jusqu'à atteindre sa cible. Patiemment, elle avait attendu que les gardes ouvrent l’entrepôt. Occupés a y faire de la place, elle aurait la voie plus que libre. La silhouette de cuir s'était glissée jusqu'à la porte, avant de crocheter la serrure avec brio. Et à moi le butin! Mais le contenu du camion était loin de celui qu'elle espérait.

Son corps s'était figé. C'était comme si on lui avait planté un couteau en plein cœur. Une douleur sans nom, qu'elle n'avait que rarement connu. Une douleur qui la cognait de l'intérieur, obligeant de douloureux souvenirs à remonter à la surface. Ces démons qu'elle s'efforçait de noyer à chaque seconde de sa vie, pour ne pas perdre le fil, pour ne pas plonger dans le vide. Maggie. La cause de tout, la cause de rien. L'image de sa sœur était venue la frapper en plein visage. Son visage en larmes quand leurs parents se battaient, ses cris lorsqu'ils étaient venus les séparer, ses yeux lorsque l'irréparable avait été commis. « Selina. Tu es toujours aussi... en forme. » Mais devant elle, c'était pourtant lui. Cette ordure qui avait tout gâché, qui avait préféré s'en prendre à sa petite sœur plutôt à qu'elle. « Black Mask... » Sous le cuir, ses muscles tremblaient. De peur, mais surtout de rage. Sous ses lunettes, les yeux envoyaient des éclairs. Elle aurait juré pouvoir le tuer une seconde fois juste avec son regard, tant il était meurtrier. « Ca fait un moment, n'est-ce pas ? Je t'ai manqué, chaton ? » Une nature beaucoup plus sombre refaisait surface, elle qui avait promis de ne jamais tuer. « Je croyais en avoir fini avec toi. » Il restait là, statique devant elle, tandis que ses gorilles s'approchaient de plus en plus d'elle. « Qu'est-ce qu'ils veulent, tes pingouins ? Dis leur de s'éloigner de moi tout de suite. » Main sur son fouet, Catwoman était prête à se battre. « Mes amis veulent jouer avec toi. Tu n'y vois pas d’inconvénient ? » Sa position de combat était parfaite, son regard se posait sur chaque individu autour d'elle. « Tu n'es même pas capable de te battre tout seul ? » Le fouet avait brisé l'air, faisant reculer un de ses hommes de main. « Qu'est ce que tu me veux ? Tu as eu ta vengeance. » Ils se rapprochaient. Sans trop de mal, Catwoman avait envoyé à terre deux hommes, griffant le premier au visage et enroulant son fouet autour du cou du second. « Toujours les mêmes jouets, hein. Tu veux voir les miens ? » Sourcils froncés, la jeune femme avait posé son regard sur son ennemi de toujours. Sans tarder, elle avait relâché la pression sur le cou du gorille, prête à dégainer son arme sur l'homme masqué. « Tu as perdu, Selina. » Et la décharge. L'électricité était partie de ses flancs, avant de paralyser tout son corps. Elle s'était écroulée au sol dans un cri, tombant comme une poupée de chiffon. Plié en deux, son corps essayait de survivre aux décharges produites par la machine. Et sans qu'elle ne puisse le voir, le coup de trop. « Emmenez-la. » Noir. Tout était noir.

Selina avait du mal à retrouver ses esprits. Tout était trouble, y compris sa vue. Elle avait ouvert un œil, puis l'autre. Le mal de crâne n'avait pas tardé de l'envahir, décrochant un gémissement de douleur à sa gorge. Elle ne reconnaissait pas cet endroit. Elle ignorait où elle était. Et très vite, elle compris qu'elle ne pourrait s'en échapper comme elle l'aurait souhaité : pieds et mains liés, elle était prise au piège. « J'ignorais que les chats dormaient autant. » La voix de Black Mask l'avait fait revenir à la raison. Ses yeux s'étaient arrondis, prise de panique. Remuant de toutes ses forces sur la chaise, Selina priait pour qu'un lien cède. Il fallait qu'elle parte d'ici. « Détache-moi, Roman. Ton petit jeu a assez duré. Dis-moi ton prix, et laisse-moi partir. » Elle se savait en mauvaise posture. Elle se savait en danger : Batman porté disparu, il n'y aurait personne qui s'inquiéterait de son absence sur les toits. Il n'y aurait personne pour sauver le chat noir.

« Je croyais en avoir fini avec toi. » Je souris et écarte les bras, avance lentement vers elle sans lâcher son regard des yeux. « J'ai l'air un fantôme pour toi ? » Je secoue la tête, agacé par son manque de raisonnement. « Je suis pourtant bien réel, tu vois. Aussi réel que la douleur. Que les souvenirs. » Mon sourire s'étire largement et je fais signe à mes acolytes de se mettre au travail. « Qu'est-ce qu'ils veulent, tes pingouins ? Dis leur de s'éloigner de moi tout de suite. » Je soupire et lisse ma veste de costume de la paume de ma main, n'accordant aucune importance à ma rivale. « Ils veulent jouer avec toi. Ils sont un peu rouillés tu comprends mais toujours aussi efficaces. Laisse-les s'amuser. » « Tu n'es même pas capable de te battre tout seul ? » « Je préfère garder mes forces pour plus tard. J'en aurais grandement besoin. » Un sourire qui n'indiquait rien de bon se glisse sur mes lèvres, comme messager de la suite des événements.

La voleuse se réveille enfin. Quelques minutes de voiture et nous voilà dans  un quartier presque abandonné où personne ne viendra arrêter la fête. « Qu'est ce que tu me veux ? Tu as eu ta vengeance. » Je roule des yeux et soupire lourdement. « Ce que je te veux ? Voyons, Selina... Devrais-je t'expliquer tout, tout de suite ? » Je la regarde et hausse les épaules, résigné. « Si tu insistes... J'ai entendu quelques rumeurs, dernièrement. Batman serait mort. Alors, je me contente de vérifier avec toi. Je sais ce qu'il se passe entre lui et toi. Tu es tombée bien bas, Catwoman. Se taper un justicier pour bien se faire voir et filer plus facilement. » J'applaudis, jetant sur un elle un regard misérable. Je commence à tourner autour d'elle comme une proie prête à attaquer son repas. « Les années de prostitution qui ressortent ? Tu n'as donc aucune estime pour toi-même, que c'est triste. » Avec Selina, j'avais toutes les cartes en main. On m'avait raconté son sombre passé, grâce à quelques anciennes prostituées mais surtout à son amie qui n'avait pas manqué de la trahir. Silvia avait été la clé de ma vengeance envers Catwoman en me dévoilant sa véritable identité. Et Selina Kyle n'avait plus qu'à bien se tenir si elle réussissait à me survivre. « Détache-moi, Roman. Ton petit jeu a assez duré. Dis-moi ton prix, et laisse-moi partir. » Un rire franc et sadique envahit la pièce. Je ris de bon cœur mais rapidement, mon visage se renferme. Je me penche sur le chat et attrape son menton entre mes doigts, l'obligeant ainsi à plonger son regard dans le mien. « Mon prix ? Ma pauvre Selina, tu n'as aucune valeur à mes yeux. Regarde-toi, comment peut-on être aussi pitoyable. Comment as-tu pu croire que tu avais réussi à m'éliminer, hein... Les gens de ton espèce me font pitié. » Je finis par la lâcher et reprends mes pas dans la pièce. « Mon prix, c'est ça. Tu ne comprends donc pas ? Ton entourage me pourrit la vie, chat de gouttière. Si je t'attaque, j'attaque ton amie l'Empoisonneuse. Si je t'attaque, j'attaque Batman. D'une pierre, trois coups. BOOOOM ! » J'explose de rire et change à nouveau de visage en pointant une arme à feu sur elle. « Par où je commence ? Une épaule ou une jambe? » Un coup part dans les airs. « Décide-toi vite chaton, je ne vais pas rester gentleman très longtemps. » Le jeu commence et je sais déjà que ma main est beaucoup plus avantageuse que celle de ma prisonnière.

Black Mask & Catwoman

I hate you for the way you smile when you look at me, I'll bleed you dry.

Cauchemar. Drôle de cauchemar. Elle avait fermé ses yeux une seconde, priant pour qu'ils s'ouvrent de nouveau sur le plafond blanc de sa chambre à coucher. Rien. « J'ai l'air un fantôme pour toi ? » Se réveiller. Selina aurait voulu se réveiller. Black Mask était là, et en chair et os devant elle. « Je suis pourtant bien réel, tu vois. Aussi réel que la douleur. Que les souvenirs. » Douloureux souvenirs. Il lui avait tout arraché, rendant la seule personne de sa famille encore vivante complètement démente. Désormais, le chat savait que ça allait être son tour. Lorsqu'elle avait ouvert les yeux, elle avait déjà deviné le cauchemar. Une pièce semblable à laquelle étaient enfermés sa sœur et son beau-frère, et cet horrible monstre qui jouait avec le diable. « Ce que je te veux ? Voyons, Selina... Devrais-je t'expliquer tout, tout de suite ? » Le regard qu'elle lui avait renvoyé était lourd de sens. Elle n'avait pas réellement besoin d'explications, bien sûr. Elle savait qu'elle allait payer ce qu'elle lui avait fait. Cette balle qu'elle lui avait tiré dans le crâne, le laissant pour mort dans une ruelle sombre de Gotham. Mais elle, avait eu ses raisons. Et il n'avait pas été question de détournement d'argent. « Si tu insistes... J'ai entendu quelques rumeurs, dernièrement. Batman serait mort. Alors, je me contente de vérifier avec toi. Je sais ce qu'il se passe entre lui et toi. Tu es tombée bien bas, Catwoman. Se taper un justicier pour bien se faire voir et filer plus facilement. » Selina avait froncé les sourcils et commençait à s'agiter sur sa chaise. Chacune de ses paroles lui glaçait l'échine. La rage animait son regard, et sa poitrine se gonflait plus rapidement sous l'effet de la colère. « Tu es mal renseigné. Batman et moi, il n'y a rien. C'était pour me sortir d'une situation délicate. » Et Catwoman avait souvent à faire à ce genre de situation ; pourtant, elle se sentait réellement en danger en présence de Black Mask. « Les années de prostitution qui ressortent ? Tu n'as donc aucune estime pour toi-même, que c'est triste. » Coup de trop ; sans attendre une seconde de plus, la voleuse cracha au visage de son ravisseur. Son regard était des plus noirs, et plus menaçant.

Elle savait qu'il connaissait beaucoup d'elle. Elle savait qu'il pouvait jouer des informations qu'il détenait, et détruire sa vie en un claquement de doigts. « Tu n'es qu'un enfoiré, Roman. » Elle n'avait pas même eu le temps de continuer sa phrase qu'il avait fondu sur elle, attrapant son menton de ses mains couvertes de sang. « Mon prix ? Ma pauvre Selina, tu n'as aucune valeur à mes yeux. Regarde-toi, comment peut-on être aussi pitoyable. Comment as-tu pu croire que tu avais réussi à m'éliminer, hein... Les gens de ton espèce me font pitié. » Son cœur battait la chamade. Elle aurait voulu fuir son regard, mais elle en était incapable. Incapable de retenir les larmes qui animaient le vert de ses yeux, aussi. Elle avait aussi détourné le regard lorsqu'il avait lâché son visage, tournant autour d'elle comme un lion en cage. « Mon prix, c'est ça. Tu ne comprends donc pas ? Ton entourage me pourrit la vie, chat de gouttière. Si je t'attaque, j'attaque ton amie l'Empoisonneuse. Si je t'attaque, j'attaque Batman. D'une pierre, trois coups. BOOOOM ! » Ivy, Bruce. Elle se refusait de les mettre en danger. Ils ne méritaient pas de souffrir par sa faute, elle qui n'était pas digne de leur attention. Elle n'avait jamais été pour Ivy ce que Harley avait pu être. Elle n'avait jamais pu faire les sacrifices nécessaires pour Bruce. Et si elle devait avoir une raison de se battre pour sortir d'ici, c'était pour eux, pour leur sécurité. Pour revoir Bruce s'il est encore vivant, et enfin lui dire ce qu'elle a sur le cœur. « Que tu es mal renseigné. Ivy a essayé de m'empoisonner avec ses plantes parce que je m'en suis pris à Harley. Elle en a après moi, tu lui rendais un beau service en jetant mon corps du haut d'un immeuble. » Dire à Bruce qu'elle l'aimait depuis le premier jour, qu'elle n'avait jamais aimé que lui. « Et Batman... » Rire amère. « Tu crois vraiment qu'il est mort ? » Elle s'était légèrement penchée sur sa chaise, animée par un souffle nouveau. « Si on ne peut pas te vaincre toi, crois-tu qu'on peut vaincre le grand Chevalier Noir? » Se battre pour Pamela. Se battre pour Bruce. Et rapidement, un sourire moqueur était venu effacer toute la peur qui s'était invité sur le doux visage du chat. « On ne tue pas une légende. » Elle fixait le canon du pistolet pointé devant elle, avant de reposer le regard sur lui. « Par où je commence ? Une épaule ou une jambe? » Elle le fixait, longuement. Au fond, elle a peur. Mais elle sait comment il fonctionne. Elle sait que l'esprit ne cicatrise pas, lui. Black Mask est un tortionnaire ; mais ce qu'il préfère, c'est d'avoir de voir le mental perdre pied avant tout. Le corps n'est qu'une finalité, lorsqu'il a atteint son but. « Décide-toi vite chaton, je ne vais pas rester gentleman très longtemps. »  Un rire avait brisé le silence qui régnait dans la pièce. « Pourquoi te faire perdre du temps? » Elle avait levé le menton, en ultime provocation. « Vise la tête. La mort ne m'effraie pas, Black Mask. Tu es tombé sur le mauvais pion. »

J'avais toujours mal vécu les provocations de ce chat de malheur. Pour toutes les fois où elle avait volé mes butins ou qu'elle avait mis ses sales pattes sur mon territoire. Pour toutes les fois où elle m'avait humilié devant mes troupes et pour cette balle qu'elle m'avait collé dans le crâne en toute impunité. Et aujourd'hui, le temps semblait être venu pour que je brise ce qu'il reste d'elle. Les tortures psychologiques sont les meilleures. L'âme se brise plus facilement que les os et ôter l'espoir de l'esprit de quelqu'un était plus jouissif que de lui ôter la vie trop rapidement. À travers ses lunettes, je sais qu'elle me regarde. Ses yeux me lancent des éclairs, je le sens. Malgré le cuir, je peux voir que son corps tremble. De froid, de peur, de haine. Elle est tombée dans mon premier panneau et mon plan va parfaitement pouvoir s'exécuter. Elle ne répond guère à mes provocations parce qu'elle est trop nerveuse, trop en colère. « Tu as donné ta langue au chat? » Je ris longuement et me donne la peine de lui expliquer la raison de sa présence ici. « Tu es mal renseigné. Batman et moi, il n'y a rien. C'était pour me sortir d'une situation délicate. » Je hausse un sourcil, son excuse est pitoyable. Sa relation n'est plus secrète parce que la discrétion n'est pas forcément leur fort. Combien de fois ont-ils été aperçus dans les bras l'un de l'autre sur les toits ? « Tu ne vois donc aucun inconvénient si je lui colle une balle dans le crâne alors. Ne me prends pas pour un idiot. Ton petit jeu ne marche pas avec moi. » Je renchéris sur son passé. Je sens qu'elle bouillonne, prête à exploser. Je souris de la façon la plus malsaine qu'il soit et m'arrête soudainement. Cette petite garce a eut le culot de me cracher au visage. Ma réponse ne se fait tarder, ma main vient s'écraser sur sa joue. La violence du choc fait voler ses lunettes nocturnes et très vite le sang coule de son arcade sourcilière. « Ne t'avise plus à recommencer, petite garce. Je vais te le faire payer, tu peux me croire. » J'essuie mon visage du revers de ma manche, lui jetant un regard détestable. Mon esprit me crie d'en finir avec elle mais la raison me rappelle doucement. Elle ne mérite pas de mourir aussi vite. Le plaisir doit durer plus longtemps.

« Tu n'es qu'un enfoiré, Roman. » Je prends l'air surpris et me pointe du doigt. Voilà qu'elle m'insulte, maintenant. « Tu as juste. Mais toi, tu es bien pire. » Je jette sur elle un regard plein de dédain, avant de bien lui faire comprendre à quel point elle était misérable. Une vague de contentement s'empare de moi lorsque je vois des larmes dans ses yeux. Elle se sent prise au piège, perdue. Son esprit lâche, la partie semble déjà gagner. Je soupire. « Pas si vite, Kittycat. La partie ne fait que commencer. » Un sourire et je lui tourne le dos quelques secondes, juste assez pour charger mon arme à feu. « Que tu es mal renseigné. Ivy a essayé de m'empoisonner avec ses plantes parce que je m'en suis pris à Harley. Elle en a après moi, tu lui rendais un beau service en jetant mon corps du haut d'un immeuble. » Je hausse un sourcil et grimace. Poison Ivy, Catwoman et Harley Quinn sont amies, je le sais. Il est impossible que cette sale petite empoisonneuse puisse en vouloir à la voleuse en cuir. C'était tout bonnement impossible. « Et même t'en prendre à Harley, tu as échoué ? » Je lève les yeux au ciel. « Seigneur mais Selina, tu es une vraie bonne à rien. » La voilà qu'elle se penche sur la chaise, soudainement abandonnée par ses précédentes émotions. « Et Batman... Tu crois vraiment qu'il est mort ? Si on ne peut pas te vaincre toi, crois-tu qu'on peut vaincre le grand Chevalier Noir? » Mon corps est en ébullition. Elle me provoque ouvertement et elle se met à me sourire, comme si elle ne pouvait être vaincue. Cette situation me met hors de moi. « On ne tue pas une légende. » Je ris jaune durant une seconde. « C'est pour ça que je ne suis pas mort, ma belle. Regarde-moi, toujours debout et prêt à te faire vivre un véritable enfer. » J'essaie de me rendre plus menaçant en pointant mon arme sur elle. Je m'impatiente, mais sa réponse me décontenance. « Pourquoi te faire perdre du temps? Vise la tête. La mort ne m'effraie pas, Black Mask. Tu es tombé sur le mauvais pion. » J'écarquille les yeux et vise son épaule. La balle ne tarde pas à venir s'y loger, tirée par ma main qui tremble encore d'énervement. « Ne me provoque pas trop Selina. Je te signale que c'est moi qui suis en bonne position. » Je m'approche d'elle et la saisis à la gorge, avant d'appuyer ma main sur son épaule blessée. « Maintenant tu vas sagement coopérer. Tu vas me dire où on peut trouver le repère de tes petits copains et où tu planques ta fortune. » Je vois rouge de colère et de bonheur. Je sens mon corps qui entre en transe et mes muscles m'ordonnent de serrer encore mes doigts autour de cette belle gorge. 

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Black Mask & Catwoman

I hate you for the way you smile when you look at me, I'll bleed you dry.

« Tu as donné ta langue au chat? » Elle n'avait pas même prêté attention à sa réflexion. Trop facile, trop ridicule. Elle se murait dans le silence, avant qu'il ne la pousse à cracher ses mots. Cracher des mensonges, comme toujours. Il était évident que l'insolente vérité qui la liait à Bruce resterait à jamais secrète. « Tu ne vois donc aucun inconvénient si je lui colle une balle dans le crâne alors. Ne me prends pas pour un idiot. Ton petit jeu ne marche pas avec moi. » Son esprit lui criait de se méfier. Elle savait que si le Batman n'était pas mort, Black Mask pouvait tirer son épingle du jeu. Il était parfaitement capable de faire lui aussi vivre le véritable enfer qu'avec vécu Jason et Barbara avec le Joker, à sa manière. Nightwing, Red Robin, Batgirl, et même ce sale gosse de Damian pouvaient être des cibles de choix. Elle devait être prudente pour eux. Si elle ne devait pas sortir vivante de cette pièce, elle voulait au moins avoir l'esprit tranquille concernant son amant et sa famille. « Quel petit jeu ? Tu me crois assez idiote pour qu'on me livre à la police ? C'est un tour de passe-passe, rien de plus. Colle-lui une balle dans la tête si tu veux, mais ça ne t'apportera que des ennuis. » Elle avait poussé un lourd soupir, désespérée de la situation. « Owlman a déjà fait ses preuves. Et si Batman n'intervient pas, tu peux dire au revoir à ton petit business. Adieu, équilibre paisible de la pègre à Gotham City. » Ses paroles étaient avérées. Elle savait qu'elle jouait sur un terrain qui intéressait son ennemi, aveuglé par l'argent et les paillettes.

La réponse de l'homme masqué à son insolence ne s'était fait tarder ; sa main s'était écrasée sur le visage de la brune, la privant de ses lunettes nocturnes. Un gémissement de douleur s'était échappé de ses lèvres une seconde ; la violence de la gifle la laisse muette quelques secondes. « Ne t'avise plus à recommencer, petite garce. Je vais te le faire payer, tu peux me croire. » Elle avait levé les yeux sur lui, avant de sentir le sang sur sa peau. Cet enfoiré lui avait écorché l'arcade, et elle sentait sur sa lèvre s'était prête elle aussi à rendre du sang. « C'est tout ce que tu as dans le ventre? » Ses lèvres s'étaient étirées en un sourire en coin. Elle multipliait bêtement les provocations, connaissant pourtant les répercutions de ces dernières. Selina savait qu'elle ne sortait pas entière de cet enfer ; quitte à souffrir, au moins le faire pour une réelle raison. Son sourire s'était cependant rapidement fané. Son ennemi continuait de creuser sur son passé, de blesser son esprit. « Tu as juste. Mais toi, tu es bien pire. » Pire : non, elle n'était pas pire. Selina savait qu'elle n'était pas une enfant de cœur ; elle ne l'avait jamais été. Cependant, elle n'avait jamais tué. Ce n'était pas une criminelle, et ce malgré les nombreuses erreurs qui l'avaient conduite à mener une vie de débauche. Elle n'était pas foncièrement mauvaise, et Black Mask le savait pertinemment. « Pas si vite, Kittycat. La partie ne fait que commencer. » Dualité parfaite de l'esprit : vouloir s'en sortir à tout prix, savoir que ce serait impossible. Et Catwoman espérait réellement que les légendes sur les nombreuses vies des chats étaient bien réelles. « Et même t'en prendre à Harley, tu as échoué ? Seigneur mais Selina, tu es une vraie bonne à rien. » Elle avait décroché un sourire, secouant un peu la tête. « Tu en doutais encore ? Si je n'ai pas réussi à te tuer toi, je ne pourrais jamais tuer personne. » Touché. Black Mask était touché, et son corps trahissait ses émotions. Il devenait nerveux, colérique. Et finalement, il semblait adopter le même chemin pour tromper ses émotions. « C'est pour ça que je ne suis pas mort, ma belle. Regarde-moi, toujours debout et prêt à te faire vivre un véritable enfer. » L'enfer, elle le vivait déjà. Elle le portait en elle, un trou béant que personne n'arrivait à refermer. La mort ne lui faisait pas peur.

Le visage de son ennemi s'était déformé en une grimace de colère. Elle n'avait pas même le temps de réfléchir ; le coup de feu était parti, et la douleur qui avait arraché un cri.  « Ne me provoque pas trop Selina. Je te signale que c'est moi qui suis en bonne position. » Plié en deux sur sa chaise, le chat serrait les dents. La douleur l'empêchait de respirer comme il faut, de penser comme il faut. Paralysée par la douleur, c'était de la main de son bourreau qu'elle s'était redressée. Cette dernière lui coupait davantage le souffle, l'obligeant à avaler de grandes bouffées d'air quand elle en avait la possibilité. « Fils de... » L'air lui manquait. Les flammes dans son épaule l'étourdissaient lourdement, mais rien n'était comparable à celles qui étaient venues naître lorsqu'il avait déposé sa main sur son épaule. Nouveau cri de douleur. « Je vais t'arracher les yeux, abruti ! » La rage la faisait tenir ; l'adrénaline, sûrement. Il ne fallait pas baisser les bras tout de suite, elle devait se battre. Elle connaissait Black Mask, et savait que tout ceci n'était qu'un échauffement. « Maintenant tu vas sagement coopérer. Tu vas me dire où on peut trouver le repère de tes petits copains et où tu planques ta fortune. » Son corps était secoué par des spasmes de douleur. Elle sentait le sang couler le long de son corps, venir goutter sur le sol brut. Croyait-il vraiment qu'elle lui dévoilerait tout ? Son regard était venu se coller dans le sien, brillant d'une rare haine. « Va te faire foutre. » Elle souffrirait, elle le savait. Mais la souffrance était sa seule issue ; la voleuse savait que Roman ne la tuerait pas avant d'avoir ces précieuses informations. Et si la violence était la prix à payer pour la vie, Selina était prête à s'y sacrifier.

L'atmosphère devient aussi électrique que pesante. Cette garce de Kyle est aussi agile sur les toits qu'avec la parole et sa langue de vipère ne cesse de multiplier des provocations quitte à en risquer sa vie. Où est le plaisir de prendre la vie de quelqu'un qui ne semble pas s'en préoccuper ? Mes pensées s'embrouillent et s'affolent, je sens que je vais perdre pieds devant cette moins que rien. « Quel petit jeu ? Tu me crois assez idiote pour qu'on me livre à la police ? C'est un tour de passe-passe, rien de plus. Colle-lui une balle dans la tête si tu veux, mais ça ne t'apportera que des ennuis. » Je ne peux m'empêcher de rire et d'applaudir, impressionné par sa réflexion. « Tu n'es donc pas si stupide que ça ? J'ignorai que tu pouvais faire preuve d'autant de ruse. Un tour de passe-passe... Tu m'expliqueras comment un justicier comme lui peut choisir une prostituée comme toi. » Je souris largement. « Voyons Selina, ce n'est un secret pour personne. Combien de fois que tu as laissé tomber ton costume ? » J'entreprends de marcher un peu dans la pièce et la regarde d'un air faussement désolé. « Mais c'est pour le passe-passe, c'est ça ? Moi qui pensait que tu avais abandonné cette technique... » Martèlement de l'âme, comme je sais si bien le faire. Je sais que ces réflexions la feront rager et l'épuiseront encore plus vite. « Owlman a déjà fait ses preuves. Et si Batman n'intervient pas, tu peux dire au revoir à ton petit business. Adieu, équilibre paisible de la pègre à Gotham City. » Je grimace une seconde, elle n'a pas tort. Owlman veut la main sur tout, y compris mes quartiers. Ce satané oiseau causerait bien des problèmes s'il arrive à se hisser à la tête de Gotham. « Owlman n'est qu'un pion sur un échiquier. Et j'ai les bons coups pour le mettre en échec et mat. » Je souris avidement avant de m'approcher un peu d'elle, avant de perdre pieds.

« C'est tout ce que tu as dans le ventre? » Je me recule de quelques centimètres et passe une main dans mes cheveux. Je rêvais de lui arracher son sourire insolent de ses lèvres si parfaites. Je sais que si les coups ne la font pas flancher, mes dossiers sur son obscure passé le feront pour moi. Bien sûr j'aurai pu jouer la carte de la facilité et kidnapper sa petite protégée. Lui faire subir le même sort que le mari de sa sœur ne me posait aucun problème mais je refuse de faire du déjà-vu. Je sais aussi que Selina n'a aucune attache. Un point que nous avons en commun depuis de nombreuses années. Cependant je n'ai pas la protection d'un justicier en collant et en cape pour me protéger, quoi qu'elle semble plutôt être abandonnée ce soir. « Tu en doutais encore ? Si je n'ai pas réussi à te tuer toi, je ne pourrais jamais tuer personne. » Sais-tu idiot de chat, que tes neuf vies sont une légende ? Son sang bouillonne et ma main tremble. « Selina, ne me dis pas que tu crois en ces conneries de chat à neuf vies. » Je me rapproche de son visage. « Tu n'es qu'une vaurienne d'humaine, rappelle-toi ça. » J'appuie sur la détente et le coup vient se loger dans sa délicate épaule. « Fils de... » Je me penche sur elle en appuyant sur sa blessure. « Reste polie, s'il te plaît. Je sais que tu n'as jamais reçu d'éducation, mais est-ce une raison valable pour être vulgaire ? » « Je vais t'arracher les yeux, abruti !» Je soupire et renforce mon appui. « Tu es désespérante. Pas étonnant que tu ais finie dans la rue, avec ce langage personne n'aurait voulu de toi. » J'en viens aux faits. L'idée de lui faire cracher le morceau sur ses combines me hante et m'anime. Je la vois qui souffre et qui se retient de hurler. Le sang vient peu à peu tâcher le sol et goutter sur mes incroyables chaussures en cuir. Ses yeux viennent m'offrir une réponse que je ne désirai pas. Ils se plantent dans les miens et brillent d'un mal autre que la douleur.  « Va te faire foutre. »  Je fronce les sourcils et pousse un cri. Je pousse violemment la chaise en arrière et elle s'effondre sur le sol. Sans tarder je m'avance et attrape cette foutue voleuse par le col de son costume. Mon visage est menaçant tout comme le poing qui se dresse dans les airs. « PARLE MAINTENANT. PARLE OU JE TE DEFIGURE. JE TE FAIS BOUFFER TA LANGUE SELINA, JE TE TUE ! » Elle à terre et moi au dessus. Si j'ai le dessus sur elle, elle a également le dessus sur moi. Moi sur le physique, elle sur le mental. Bientôt, je perdrai patience. Je sais pourtant que je dois encore tenir pour avoir mes informations. Il n'y a qu'elle et moi, et la nuit ne vient que de commencer.

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Black Mask & Catwoman

I hate you for the way you smile when you look at me, I'll bleed you dry.

« Tu n'es donc pas si stupide que ça ? J'ignorai que tu pouvais faire preuve d'autant de ruse. Un tour de passe-passe... Tu m'expliqueras comment un justicier comme lui peut choisir une prostituée comme toi. » Ses yeux s'étaient rivés au plafond, cherchant une solution à son enfer. Elle ingérait les mots de son ennemi pour les vomir dans un coin de son esprit, se forçant à se détacher de chacune de ses paroles. « Nous ne sommes pas tous aussi idiots que toi, tu sais. » Un sourire forcé était né sur son visage, sans même illuminé un seul de ses traits. « Voyons Selina, ce n'est un secret pour personne. Combien de fois que tu as laissé tomber ton costume ? » Elle avait haussé un sourcil, avant de pencher légèrement la tête sur le côté. « J'en sais rien, peut-être autant de millions que tu as perdu parce que tu es un mauvais gestionnaire? » Un rire avait brisé le silence pendant une seconde. « On ne joue pas dans la même cour. » Elle avait arrêté d'observer ses allées et venues, et essayé de se concentrer sur une éventuelle issue de secours. « C'est pour le passe-passe, c'est ça ? Moi qui pensait que tu avais abandonné cette technique... » Elle n'avait pas pris le temps de réfléchir à ses futurs mots, désirant mettre un terme à cette discussion au plus vite. « Je n'abandonne jamais les techniques qui fonctionnent, Roman. Mais je te pardonne. Pour le savoir, il aurait fallu que tu en connaisses ne serait-ce qu'une. » Elle connaissait ses échecs, son parcours. Si elle n'avait pas voulu lui renvoyer la balle de suite, c'était uniquement pour gagner du temps. Un temps qu'elle savait précieux. C'était le moment qui lui semblait le bon pour utiliser les seules armes qu'elle avait sous la main : ses souvenirs, ses échecs, sa médiocrité. Taper là où la douleur est la plus intense, comme lui savait si bien le faire : le mental, l'ego et les souvenirs trop lourds pour être portés.

Mask Black savait comment continuer cette danse macabre avec la voleuse. Trop bien renseigné, il prenait un plaisir sournois à enfoncer un peu plus chaque épine de sa vie dans sa chaire encore tendre, mal guérie. « Selina, ne me dis pas que tu crois en ces conneries de chat à neuf vies.Tu n'es qu'une vaurienne d'humaine, rappelle-toi ça. » Son regard s'était assombri. Elle ignorait si elle devait encore jouer dans la provocation, ou si elle devait capituler. Son esprit ne lui avait pas même laissé le temps de peser le pour et le contre, s'engageant dans une vaste bagarre d'égo. « J'en sais rien, tire-moi neuf fois dessus, on verra bien. » Une lueur de provocation avait éclairé son regard. « Ne crois pas que parce que la balle que je t'ai collée dans le crâne ne t'a pas tué te rends un sûr-homme. Tu es bien plus misérable que moi, et tu le sais très bien. » Elle s'était mise à recracher son venin, comme pour exorciser les démons qu'il s'appliquait à raviver en elle. « Reste polie, s'il te plaît. Je sais que tu n'as jamais reçu d'éducation, mais est-ce une raison valable pour être vulgaire ? » Selina avait lâché un demi-rire, avant de poser son regard sur la pièce, cherchant désespérément une porte de sortie. « Je ne suis polie qu'avec les gens que je respecte, Roman.Je te laisse deviner l'estime que j'ai de toi. » « Tu es désespérante. Pas étonnant que tu ais finie dans la rue, avec ce langage personne n'aurait voulu de toi. » Elle s'efforçait de faire impasse sur ses mots, refusant d'admettre une quelconque vérité sur son passé. Tout était faux : le suicide de sa mère n'était pas de sa faute. La mort de son père n'était pas de sa faute. L'arrachement de sa sœur n'était pas de sa faute. Ce n'était qu'une môme qu'on avait placé au moment endroit, au moment mauvais. Elle avait perdu à la loterie de la vie, et s'était promis de refaire tourner la roue une nouvelle fois ; elle en était ressortie victorieuse, des années plus tard. « Tu changes jamais de disque, Roman? » Elle avait lâché un soupire qui en disait long. « Tu veux jouer à ce jeu ? Tu veux qu'on parle de ta fiancée ? Comment elle s'appelait, déjà? » Selina savait qu'elle jouait sur un terrain dangereux ; la pente n'en serait qu'un peu plus glissante. Bientôt, elle s'était retrouvée projeter à terre, s'écroulant sans même pouvoir se rattraper. Elle avait déclenché la colère de Black Mask, et devait s'apprêter à en subir les lourdes conséquences. « PARLE MAINTENANT. PARLE OU JE TE DEFIGURE. JE TE FAIS BOUFFER TA LANGUE SELINA, JE TE TUE ! » Les yeux de la belle s'étaient écarquillés d'horreur. Elle voyait sa fin. Sa mort dans cette pièce, par la main de cet affreux personnage. Elle savait que personne ne viendrait la sauver de son sort ; elle était piégée comme une vulgaire guêpe dans un gobelet de sirop. Malgré sa rage de vouloir s'en sortir, elle ne pouvait contrôler les tremblements de son corps ; la peur, la colère, le manque de chaleur et la plaie ouverte dans son épaule. Pendant une seconde, elle avait osé relever les yeux sur son bourreau, avant d'ouvrir la bouche en prenant soin de détailler chaque syllabe de ses paroles : « Vas.Te.Faire.Foutre. » Un léger sourire s'était invité comme une ultime provocation sur ses lèvres, avant qu'elle se rende compte qu'une de ses jambes s'étaient libérées de l'emprise des liens de la chaise. Son cœur en avait manqué un battement, retrouvant soudain tout espoir ; si un pied de la chaise s'était brisé, le reste en était certainement fragilisé.