ROSALIE ✵ gods are mad, men are madder

Devant elle, quatre photographies. Des scènes de crimes. « Vous voulez que je vous dise comment ces hommes sont morts. » La femme en face d'elle acquiesce sèchement. Rosie se saisit de la première photographie, elle fait glisser ses doigts sur le papier glacé pendant quelques secondes avant de répondre à voix basse. « Matthew Johnson. Mort pendant l'invasion de Darkseid. Il a eu le malheur de se trouver sur le chemin du tyran extraterrestre quand il affrontait Superman. Sa famille n'a presque rien eu à enterrer. » Seconde photographie. « Vladimir Kurienko. Assassiné par un criminel de Star City, après l'obtention de ses pouvoirs après l'explosion du générateur de particules. Il est enfermé ici, cellule numéro 478. » La femme hoche la tête, avec un petit sourire qui lui fait froid dans le dos. Troisième photographie. « Eleazar Lopez. Piétiné par... Par un minotaure lorsque les Olympiens ont attaqué Gotham. » Rosie grimace. Elle déteste toutes ces images qui défilent dans son esprit, avec une clarté horrifiante. Hélas, elle en a l'habitude. Dernière photographie. « Agents Michael Fraser et Mark Evans. Ils sont morts lorsque le tsunami Neptune a frappé Metropolis, sous la supervision de l'agent Steven Trevor. » Elle repose les photographies devant elle et pose les mains à plat sur la table. Vieux réflexe, né d'années de conditionnement dans un hôpital psychiatrique. « Tu sais qui je suis. » « Vous êtes Amanda Waller. Vous dirigez l'agence A.R.G.U.S. Je sais aussi que vous êtes là pour me recruter parce que vous avez payé un infirmier pour qu'il me fasse une prise de sang et vous la transmette. Vous avez vu que je possède un gène que le reste de la population ne possède pas et me classe sans la sous-race des Homo Magi. Vous n'avez pas d'élément magique dans votre agence et vous en voulez un pour l'intégrer à votre nouvelle division. » « Brave fille. » Rosie s'enfonce dans son siège. « Vous allez aussi m'interdire de vous toucher, parce que vous ne voulez pas que je vois votre mort. Si un jour je le fais, vous me renverrez ici et vous assurerez que je n'en sorte jamais. » « Brave fille. »

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Elle hurle. Elle hurle à s'en casser les cordes vocales, la tête entre les mains. « FAIS-LES TAIRE ! FAIS-LES TAIRE !! » Les voix. Elles se sont toutes mises à s'exprimer d'un coup, les visions n'arrêtent plus, son corps tremble, elle ne parvient plus à rester debout alors elle s'effondre et se recroqueville sur elle-même, comme un animal à l'agonie. C'est souvent ce qui arrive, quand Amanda Waller l'envoie résoudre une affaire. Trop de personnes, trop de contacts, trop d'informations d'un coup. Rosie devient alors comme une machine saturée qui ne parvient plus à suivre – à ceci près que c'est son esprit qui est malmené. Alors en cas de contretemps comme le dit si bien Waller, elle a prévu un tranquillisant à lui injecter en cas d'urgence, pour qu'elle ne perde surtout pas l'atout qu'elle représente pour son agence – et surtout pour elle-même – en tant que sorcière douée de prescience. Peut-être est-elle loin d'égaler le potentiel de l'Enchanteresse, mais au moins, elle est docile. « FAIS LES TAIRE ! » L'aiguille s'enfonce dans la chair de son cou brusquement. Le sérum est injecté ; l'effet est quasiment immédiat. Ses muscles se détendent, le silence se fait dans son esprit, ses paupières se font lourdes et elle sombre dans l'inconscience. C'est presque toujours comme ça que les choses se terminent. Waller lui en demande trop, beaucoup trop. Mais pour Rosie, ce trop est mieux que l'alternative. Elle préfère encore mourir libre que de devoir retourner dans cet hôpital psychiatrique où elle n'a jamais eu sa place et où elle a constamment été torturée. Quand elle ouvrira les yeux, elle sait qu'elle trouvera Lucian à côté d'elle, l'agent chargé de sa supervision, et probablement le seul ami qu'elle possède. Mais elle sera aussi là, à lui demander des explications et un compte rendu détaillé de ses visions. Oh, si elle savait, que si elle lui révélait l'entièreté de ce qu'elle voit, elle perdrait l'esprit.

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Le Syndicat du Crime. Metropolis ravagée. Le soleil disparu. Pour Rosie, tout cela a des allures de Ragnarök, les voix ne cessent de le lui répéter. La fin du monde, encore ? Rosie n'en sait rien. Après tout, elle voit des mondes – des existences – prendre fin tous les jours. C'est sa malédiction, voir à travers les yeux de la grande Faucheuse, sans jamais rien pouvoir faire pour l'empêcher d'accomplir son œuvre. La mort, elle la connaît bien, elle la côtoie tous les jours, elle est devenue sa compagne, son alliée, son ennemie, toutes ces choses à la fois.