The Witch and the Ghost ☠ ft Rosalie

Des bisous!? Sérieusement, des bisous. Qu'est-ce qui m'était passé par la tête quand j'ai écrit ce sms? Qui même terminait ses sms par ça? Affligé par ma propre bêtise je me dépêchai d'ajouter un justificatif que j'envoyai directement à Rosie, comme si ça allait dissiper tout malentendu et pas du tout me faire passer pour encore plus bête que je ne l'étais déjà. A mes pieds, le gars que j'avais assommé un peu plus tôt était en train de reprendre connaissance. Enfin, pas si j'avais quelque chose à y redire. D'un coup de savate bien placé je le renvoyais chez Morphée, ou peu importe qui s'occupait du monde des rêves ces jours-ci. Ce type était le pote du gus que je possédais en ce moment. Tous les deux étaient des sympathisants des Gens, non merde, le Peuple, c'est ça... Bref, les tordus qui voyaient tous les Méta-humains comme une menace, sans réellement savoir pourquoi, juste parce que ce qui était différent était forcément mauvais ou un truc du style, c'était toujours la même rengaine. Généralement je ne m'occupais pas trop de ces choses là, y avait bien assez de monde du côté des gens "normaux" pour pister ces ahuris et les empêcher de pousser leurs conneries trop loin, mais ces derniers temps ça avait tout de même dérapé sévère. Je savais pas trop comment, mais ces crétins étaient parvenus à mettre la main sur les dossiers d'Amanda Waller, la parano avec le bras long qui se croyait tout permis parce qu'elle avait l'appui tacite du gouvernement... Ou un truc dans le genre. Ces dossiers étaient gros, genre maouss, et les zozos des Ge-... Du Peuple, z'avaient tout leaké à la presse comme des gros sales, foutant un spotlight taille géant sur un tas de Meta qui avaient rien demandé... Dont moi. Et Rosie. Comment diable Waller était-elle au courant de mon existence voir même celle de Rosalie, j'en savais fichtre rien, mais surtout comment des débiles d’extrémistes étaient-ils parvenus à mettre la main sur ce genre d'info, ça ça me sidérait. Du coup j'ai enquêté. Du moins j'ai essayé. J'avais cru atteindre une piste avec ce cher Marco ici présent dont j'habitais la carcasse et son bff Nico qui faisait maintenant des câlins au plancher avec la mâchoire légèrement déboîtée, mais la piste n'allait pas plus loin. Ces deux cons avaient reçu des instructions via une application de messagerie sociale bien trop cadenassée pour que je puisse aller plus loin du coup j'étais juste planté là, téléphone de Marco à la main et... Rien.

Impossible pour moi de pousser plus avant avec mes maigres moyens pour l'instant du coup je m'étais dis pourquoi pas en parler à Rosalie, puisqu'après tout, elle était également concernée. C'était comme ça que j'avais installé ma propre appli sur le phone de ce cher Marco et avait envoyé quelques sms avec pour fixer rencard à Rosie, avant d'effacer l'appli comme d'hab, ni vu ni pas vu. Enfin, rencard, c'était pas vraiment que... Ni que... Bien que... Pourquoi diable étais-je en train de me justifier au fait? Donc. Oblivion Bar. Avant de m'y rendre j'avais évidemment délaissé le corps de Marco parce que mine de rien, gross. Je serais bien resté derrière pour voir les deux andouilles se demander à coup de "bro" pourquoi ils s'étaient mis sur la tronche, mais j'avais franchement mieux à faire. En poussant la porte du bar je pus rapidement apercevoir Chimp au bar parce qu'évidemment. J'allais finir par croire qu'il passait sa vie ici et si c'était le cas, c'était plutôt triste. D'un autre côté ça avait ce petit quelque chose de rassurant, qu'il le voulait ou non, il était tout de même un pilier pour nous tous... A moins que ce soit juste moi. Enfin bon. "Chimp." "Boston." Il n'avait même pas relevé la tête, il lisait un journal, comme d'hab en gros. "Dis-moi, t'as encore de ces verres que je peux saisir et boire?" "Non." La réponse avait été immédiate et limite laconique, comme pour m'interrompre avant que je ne parte plus loin dans des explications dont il n'avait clairement rien à faire. Sauf que ça m'embêtait un peu moi du coup. "Comment ça non?" "JE n'ai pas de verres comme ça, Boston. Le bar en a." Ah. Monsieur jouait sur les mots. Oookay? "C'est pas plus ou moins pareil?" "Je ne suis pas le bar, Boston. Et je ne bosse pas ici." Patato potayto. "Huh-huh. Wait, tu bosses pas ici? Sérieusement? Mais t'es tout le temps derrière le comptoir!" Sauf qu'en fait non, il y était pas. Au comptoir, certes, mais derrière, non. Et j'ignorais pourquoi j'avais jamais vraiment fait gaffe. En même temps il avait à plus d'une reprise pris des bouteilles pour servir des verres aux autres, ça venait sans doute de là. "Ca va juste plus vite ainsi." Me répondit-il comme s'il avait suivi le fil de mes pensées parce qu'of freakin course he did. Saloperie de détective. Parfois je détestais cette boule de poil. De manière affectueuse hein, mais bref. Il était temps de changer de sujet.

"De quoi j'ai l'air?" lui demandais-je en relevant un peu mon col et me tenant incomfortablement droit pour un esprit flottant. Un peu à l'image du jeune premier qui essaie maladroitement de faire bonne impression son soir de bal de promo. "Mort, Boston, comme d'habitude. Pourquoi?" Je ne savais pas trop à quoi je m'attendais en posant la question, surtout venant de Chimp. Mais hé, au moins il avait levé les yeux de son journal! "Rien de spécial, y a juste quelqu'un à qui je dois parler et qui va pas tarder à arriver du coup..." Eeeet il replongea la tête dans le journal comme s'il avait regretté de poser la question. Pas la peine de s'éterniser sur le sujet, du regard je repérai une table qui ferait l'affaire pour le rencard et après quelques derniers mots j'allai m'installer, ou plutôt flotter au dessus de la banquette puisque je pouvais pas vraiment poser mon cul dessus. Sur le coup je me demandais si j'allais pouvoir le faire si Rosie me lassait... Non, c'était pas l'objectif de ce rendez-vous. Mais ce serait bien tout de même, non?                

Rosalie se jette sur le côté pour éviter un massif coup de poing. Elle atterrit sur la terre humide du nord de la Suède, et un juron lui échappe. « Bon sang, Thor ! C’est pas toi qui nous avait promis la fin de l’invasion des géants sur Midgard, hein ?! » Dans son esprit, le dieu du tonnerre grommelle. « C’était il y a trois mille ans ! » « Et alors ?! Une promesse est une promesse ! Vraiment, ce n’était pas le jour pour ça, j’ai un rendez-vous important ! » Et Rosalie d’envoyer une salve d’énergie magique sur le Jötunn avant que ce dernier ne l’envoie valser en bas du fjord. « UGH !! » La jeune völva lâche une nouvelle salve de jurons avant de se relever et de s’épousseter sommairement pendant que le géant reprend ses esprits après avoir été sonné par son attaque. Rosalie soupire, profondément agacée par cette mission de dernière minute. Bien sûr, qui envoie-t-on pour s’occuper d’un géant de la mythologie scandinave ? La dernière völva ! Comme si Superman ou Wonder Woman n’auraient pas pu renvoyer grognon d’où il venait d’une pichenette ! « Bon, écoute-moi bien, le gros… Tu as deux options… Option numéro une, j’ouvre un portail vers Jötunheim et tu rentres bien sagement à la maison rejoindre tous tes copains et tes copines… Option numéro deux, j’ouvre un portail au hasard sur Yggdrasil et tu atterriras où tu atterriras et franchement ça me ferait une belle jambe que tu finisses rôti par Surtur à Muspellheim ou au fond de l’estomac de Jörmungand ! Je veux bien être gentille, mais ma patience à des limites ! » Le Jötunn grogne, marmonne quelque chose que Rosalie ne comprend pas, visiblement furieux. Elle lève les yeux au ciel, en même temps qu’elle agite les bras. « Oh, pour l’amour de dieu ! » « Lequel ? » répondent tous en chœur les Asgardiens. « Oh, vous, fermez-la deux minutes, je n’arrive plus à m’entendre penser ! » Naturellement, c’est un concert de protestations divines qui s’ensuit, au grand désespoir de Rosalie qui donnerait n’importe quoi pour avoir la paix cinq minutes, rien que cinq minutes. « Bon, eh bah ce sera la seconde option et on ne pourra pas dire que je ne t’avais pas prévenu !» Un peu à la manière d’un taureau, le géant la charge et… disparaît dans le portail que Rosalie ouvre devant elle juste avant qu’il ne la heurte de plein fouet. À en juger par le coup d’œil qu’elle jette à l’intérieur du portail, il atterrira sur Svartalfheim. L’accueil des Elfes sombres ne sera sans doute pas franchement chaleureux, mais tant pis, il survivra. « Bon, est-ce que quelqu’un d’autre a oublié de finir son ménage ? Je peux y aller, ou on va m’appeler pour m’annoncer que des trolls se baladent en Islande ? » Silence. « Ah tout de suite, on la ramène moins, hein ! » Si deux ans plus tôt, on lui avait dit qu’elle finirait par s’adresser ainsi aux dieux, elle ne l’aurait pas cru… Pas plus qu’elle n’aurait cru devenir la protégée de Black Adam. Comme quoi, même pour quelqu’un capable de prophétiser, elle pouvait encore être surprise.

Histoire de ne pas avoir l’air sortie tout droit d’un fossé, Rosalie repasse par ses quartiers au Kahndaq pour se changer avant de se décider à se rendre à l’Oblivion Bar, encore une fois grâce à l’un de ses portails. Sauf que celui-ci prend la forme d’une porte tout à fait ordinaire, qu’elle franchit après avoir une dernière fois remis de l’ordre dans ses cheveux. Recevoir un message de Boston l’avait surprise. D’abord parce qu’elle s’était demandée comment un fantôme pouvait utiliser un téléphone portable – non pas que ce soit la chose la plus étrange qu’elle ait jamais vue – et ensuite parce qu’au-delà de leurs quelques échanges un peu maladroits, ils ne se connaissaient pas beaucoup. Ah, peut-être était-ce justement la raison ? Faire plus ample connaissance, se plaindre de John, complimenter Zatanna… La routine dans la Justice League Dark. Naturellement, au comptoir du bar se trouve Chimp, qu’elle salue en premier d’un petit signe de la main. « Euh… hé. Bonjour. » Elle bat des cils, un peu bêtement, avant de balayer le bar du regard. Quand elle aperçoit Boston assis – enfin presque – à l’une des tables, elle affiche un petit sourire. « Salut, Boston ! » Elle reste plantée comme une idiote au milieu du bar avant de se décider à rejoindre la table du fantôme. « Comment vas-tu ? » Elle espère ne pas avoir mis les pieds dans le plat directement en demandant à un mort comment il se porte. D’autant plus qu’il doit l’entendre souvent, cette petite phrase en apparence inoffensive…Rosalie s’éclaircit la gorge, espérant dissiper tout malentendu. « Tu, euh… Tu veux t’asseoir ? Pour de bon, je veux dire. Si tu veux, tu peux mettre ta main sur mon épaule, ça ne me dérange pas. Enfin, sauf si tu as l’habitude de flotter et que tu préfères… Je n’ai pas expérimenté l’étape fantôme quand je suis morte. J’ai directement été traînée au Valhalla, je n’ai même pas eu le droit de hanter qui que ce soit… J’aurais adoré hanter Amanda Waller, je te jure, je lui aurais pourri la vie jusqu’à ce qu’elle fasse appel aux Ghostbusters ! » Et elle rit doucement, Rosalie, en s’imaginant suivre son ancienne patronne à la trace, façon esprit frappeur, pour la rendre encore plus folle qu’elle ne l’est déjà.