sirens calling away (mera)

Comme toute belle romance, cela commençait par un regard timide, mais farouche. Curieux mais embarrassé. La princesse venait de trouver l'atlante qui siégerait avec elle, jusqu'à la mort. L'héritière devenait reine, sans la moindre misère, et Xebel semblait rayonner sous le bonheur de ses souverains. Rien ne les promettait à connaître un trouble dans leurs eaux tranquilles et disciplinées. Puis naquit leur fille, la fébrile, docile, douce, robuste, petite atlante que l'on nomma Mera. Malgré la modestie de ses parents, Mera se plaisait de trop dans ses aises de princesse. Le confort lui était devenu d'une banalité, et jamais elle n'eut cru que son bonheur pusse être bâclé. Dans le royaume calme, la vie suivait son cours jusqu'au drame national. Le meurtre de la reine et de son roi, tous deux retrouvés morts dans leur lit. C'était une bonne qui venait leur apporter de quoi petit-déjeuner qui les découvrit, inconscients, et le teint blafard. Ce fut cette même bonne qui se précipita à la chambre de Mera pour hurler d'une voix brisée par la panique: « Le roi et la reine ont été assassinés! ». Une souffrance dans le ton, un grain de tonnerre qui rugit. A cet instant, Mera n'eut la décence de dévoiler à son tour sa douleur. Elle balaya la pièce du regard, et fusillant la demoiselle de ses prunelles enfantines, la princesse abandonna sa candeur et se donna l'image d'une reine impétueuse. Manières prétentieuses pour camoufler son petit coeur, si minuscule qui peinait à encore battre. Juste, elle le restait mais aimante, elle ne se le pardonnait plus. S'attacher, aimer sa famille avait fait trop mal pour qu'elle chérisse son peuple comme l'eurent fait ses parents. Une ouverture béante dans sa poitrine, personne pour la remplir de compassion. Elle était devenue la petite fille arrogante qu'on craignait qu'elle devienne, mais à Xebel, l'on pardonnait de trop à cette jeune reine qui avait le même visage que sa défunte mère.

Coup d'état. Putsch. Alerte. Alarme. Hurlez, criez, cachez, pleurez, suppliez, prévenez sa royauté. Le criminel Leron, et ses hommes, dépourvus de vertus, les mains encore sales du sang qu'ils eurent fait couler. La porte s'ouvrit brusquement, comme elle s'était déjà ouverte si sauvagement lors du meurtre de ses parents. Les gardes, en sueur, le souffle haletant, coupé par les mots qui leur manquaient. Mera, la chevelure désordonnée telle une crinière, et ses grands yeux bleus ouverts sur ses militaires en détresse. « Au nom de Poséidon, dites moi ce qui se passe! ». Les mots s'emmêlent, le vocabulaire manque, mais certaines syllabes d'horreur se répètent: sang, mort, arme, roi, trahison, armée, fuir. Fuyez, ma reine. Voilà ce qu'on lui implora de faire. Elle ne le fit pas, au nom d'une fierté absente. Et, ce fut Leron qui pénétra les lieux du palais, sur ses lèvres un sourire carnassier. Lui, prédateur, elle, le regard honteux de sa propre défaite. « Il me semblait avoir été clair, dans mes intentions. Xebel est mienne désormais. Mera, vous êtes pathétique, abandonnez.». Les corps entassés dans les escaliers, du sang, du sang partout. L'aide qu'elle ne pouvait pas donner. Les larmes qui ne devaient pas couler. Le devoir qu'elle devait respecter. « Mon peuple ne sera jamais tien, les mers se vengeront de ta barbarie. Je reviendrais. ». Et un dernier ordre que Leron clama d'un tel orgueil que Mera n'en resta que bouche bée: « En tant que roi, je te bannis, et te condamne à l'exil pour l'éternité. Enfermez-la dans le triangle des Bermudes. ». Désespoir à vif, blessure interne, errance interminable.

Son corps avait maigri d'une manière affolante, son ventre mugissait sous la faim, sa gorge asséchée, et ses pieds usés. Son visage était creusé par l'épuisement, des jours que Mera n'était plus reine mais esclave des intempéries, de la nature et de ses caprices. Ce fut en rejoignant Atlantis, essoufflée, crevée et délavée que Mera rencontra la reine Atlanna, celle qui lui tendit sa main, et lui promit son aide. Retournant à Xebel avec l'armée de la reine, la demoiselle récupéra son royaume avant de l'abandonner en gratitude d'Atlanna qui lui proposait le poste de directrice de l'école de magie. L'offre ne se refusait point, et bien vite, Mera se retrouva en institutrice, sévère mais pertinente, douce mais ferme, juste mais autoritaire. Les années passèrent, Mera dévouée à sa souveraine qui lui avait permis de délivrer son peuple natal. La prétention passée s'était estompée, et elle comprit que sur ses épaules reposaient le poids des responsabilités. La différence était qu'elle avait désormais la force de les supporter. Orm, le fils d'Atlanna se fit finalement de plus en plus entendre. Homme belliqueux, malheureux, tendu, arrogant, ses propos déplaisaient à Mera qui dès que le soleil se couchait prévenait doucement sa reine: . « Atlanna, méfiez-vous de votre fils. Je crains qu'il n'ait de mauvaises intentions, croyez-moi, ma reine. ». Pendant longtemps, Atlanna taisait les doutes de Mera en répondant d'un hochement de tête, mais une fois, une fois la reine ordonna alors que sa subordonnée se retournait déjà pour retrouver sa propre chambre: « Attendez. Tenez cette adresse, vous y trouverez mon cadet. Faites vite, amenez-le ici. Il régnera à la place d'Orm, c'est décidé. ». Il y eut un court silence, une césure pendant laquelle Mera se permit de sourire d'un air compatissant. « Mera!... Je vous remercie. Mon fils s'appelle Arthur. Arthur Curry, je vous en prie, je-... Je le protégerais, ma reine. ».


Comme elle l'eut juré, elle le sauva. Et le ramena malgré sa stupéfaction, malgré sa surprise, elle le ramena à Atlantis où Atlanna devait l'attendre. Mais ce n'était pas la reine qui l'attendait sur son trône. C'était Orm, les pieds posés sur le cadavre meurtri de la défunte mère d'Arthur. Mera et Arthur durent se battre. Malgré la douleur. Malgré la tristesse. Malgré le corps inconscient d'Atlanna qui reposait là, sans funérailles dignes de son prestige. Malgré ce manque dans leur poitrine. Atlanna, Atlanna, elle se répétait ce nom en vain. Rien ne lui ramènerait celle à qui elle s'était dédiée. Alors, Mera se dévouait à son héritier, celui qu'elle espérait vite retrouver; Arthur. Orm fut vaincu comme la nature l'avait désiré, et sous la bénédiction de Poséidon mais sous le regard critique des atlantes, Arthur reprit la couronne de sa mère et régna à son tour sur Atlantis. Le monde marin ne changea point. Mera servit avec autant de ferveur son nouveau roi, et de ses grands yeux bleus, elle le charma. Envoûtés l'un, l'autre, amour logique, pertinent, fidèle et confiant. Elle devint reine à son tour, couronnée comme elle l'avait déjà été. Mais ses erreurs n'étaient plus les mêmes. Elle n'était plus la fillette capricieuse, elle était une reine qui de par son parcours, se battait pour mériter son titre. Ensemble, ils régnèrent. En honorant leur promesse; défendre Atlantis coûte que coûte.

A l'invasion de Darkseid, Arthur en membre de la ligue de justice, et Mera remontèrent à la surface afin de contrer la menace. Si la terre était occupée, les océans le seraient bien vite, alors pour protéger Atlantis de tout drame inutile, ils aidèrent les terres de Gaïa à retrouver la paix, une paix qui garantissait à Atlantis la même tranquillité. Eaux lisses, eaux calmes, eaux limpides, eaux pures. Mera, gardienne des siens, Arthur prophète de tous.

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