Why did the Ring have to choose me? I could be safely at home, watching cartoons and eating firecracker chips right now!

Courant 2013 - Maison-bunker de Jessica
Jessica, je sais que tu es là ! Ouvre-moi ! Je couinais en entendant encore une fois le poing de ma soeur frappait ma porte d’entrée. Je resserrais les pans de mon plaid autour de moi et je fermais les yeux. Peut-être que si je fermais les yeux assez fort, tout disparaîtra ? Et peut-être que si je les ouvrais correctement, je finirais par me réveiller de ce mauvais rêve ? Mais connaissant Sister Sara, je doutais fortement qu’elle puisse disparaître aussi facilement que cela. Elle était plus têtue qu’une mule et quand elle avait quelque chose derrière la tête elle ne l’avait pas ailleurs. Elle m’impressionnait avec cela, je l’avais toujours un peu envié. Je n’avais pas la même volonté qu’elle et aujourd’hui, incapable de mettre les pieds dehors, je regrettais un peu que ce ne se soit pas le cas. Je rouvrais mes yeux et je regardais l’écran d’ordinateur devant moi. Je survolais les lignes de codes, cherchant l’erreur que me débloquerait, jusqu’à ce que son poing frappe à nouveau la porte en métal. De quelques appuis sur les touches, je réduis la fenêtre qui est ouverte et lance un invite de commande. Quelques mots plus tard, j’entends les mécanismes de la porte s’ouvrir d’eux-mêmes. J’avais commencé l’informatique y a des années, par curiosité mais j’avais vraiment mis les pieds dedans le jour où j’avais décidé de plus mettre les pieds dehors. Pour rendre ce lieu aussi sécurisé que je le pouvais et parce que c’était une sacrée occupation. Même si je m’étais assuré de pouvoir gérer sans l’informatique dans cette maison tout ce que je gérais avec. En cas de fin du monde ou apocalypse de zombie, il y avait fort à penser que l'électricité risquait de faire défaut. Et plus sûrement encore qu’internet ne serait pas fonctionnel. Et puis tout pouvait toujours être hacké avec du temps et de la patience. J’en avais fait mon métier, j’étais bien placée pour le savoir. Je finissais de réduire toutes les fenêtres de mon ordinateur juste au moment où Sara arriva dans la pièce. Je redressai la tête et lui souris, faisant tomber mon plaid que j’avais rabattu comme une capuche. Tu comptes sortir de ton trou un jour ? Mon sourire se transforma en grimace. Toujours aussi délicate et à tourner autour du pot trois heures pour dire les choses. Pas vraiment… Je la vis lever les yeux au ciel pendant que je me levais du canapé. Mon plaid fini de tomber et je me sentis terriblement à nue, comme plus vulnérable sans ce poids doux et chaud sur mes épaules. Je récupérais le carton que Sara me tendait. Y avait ça devant ta porte. Tu te fais toujours livrer de la nourriture ? Je haussais les épaules en ouvrant le carton d’une main pour y voir justement de la nourriture dedans. Quelques denrées périssables mais principalement des choses à la date de conservation assez éloignée. Ca tiendrait pas quelques années si l’apocalypse arrivait mais pour ça, j’avais déjà une bonne réserve. En attendant la fin du monde, je préférais manger des nouilles chinoises desséchées que des conserves. Tu vas bien ? Un café je suppose ? Je coupais court à ses questions sur mes habitudes alimentaires tout en me dirigeant vers la pièce que j’avais transformée en cuisine. Je posais le carton dans un coin, me disant que j’aurais le temps pour le ranger plus tard. Je mettais de l’eau à chauffer avant de m’appuyer contre un meuble. Ca va et toi ? Toujours pas décidée à sortir ? Au moins pour te nourrir correctement ! J’avais l’impression que c’était toujours la même chose. Nous avions eu cette discussion un nombre incalculable de fois depuis que j’avais vu mes amis se… depuis ce qui était arrivé. Je savais que Sara faisait cela pour mon bien. J’avais juste l’impression qu’elle n’avait pas compris ce que c’était. Qu’elle n’avait pas compris que déjà sortir de mon lit était une épreuve de tous les jours. Bientôt. Je préparais le café, me soustrayant comme possible à son regard. Tu dis ça à chaque fois… Je ne relevais pas. Oui je disais ça à chaque fois. Mais ça allait mieux. Je commençais à aller mieux je crois. J’étais sortie faire des courses le mois dernier. Je ne lui avais pas dit, qu’elle ne se fasse pas trop d’espoir. Ca avait été dur mais… mais je pensais pouvoir le refaire peut-être ce mois-ci. C’était mieux, j’allais mieux. C’était peu mais un début.

Janvier 2015 - Appartement de Sara & Jessica, Metropolis
Concentre-toi Jess. Concentre-toi Jess… Je fermais les yeux. J’inspirais. Expirer doucement et par la bouche. Concentre-toi Jessica. Essaye de te rappeler de ce qu’ils t’ont dit. J’essayais mais j’avais du mal à m’en souvenir. Je re-voyais le visage masqué de Batman qui me regardait sans peur apparente en me disant que je pouvais reprendre le contrôle, que je le pouvais encore. J’entendais la voix chaleureuse de Flash me dire que j’allais réussir. Je me répétais les explications de Hal qui me disait comment prendre le contrôle de cette bague. Je voyais, re-voyais, entendais, écoutais encore et encore tous leurs encouragements, toutes les explications. Mais c’était plus fort, c’était trop fort. La bague était trop forte. Cédant à la panique, cédant au désespoir encore une fois, je tentais à nouveau de retirer la bague. Je n’en voulais pas. Je ne l’avais pas choisi. Et ce putain d’anneau me changeait, me faisait faire des choses qui me gardaient éveillé la nuit ou peuplaient mon sommeil de cauchemar.Je n’en voulais pas. Je tentais de tirer la bague jusqu’à me prendre une sorte de décharge qui me faisait tout lâcher et tomber à l’arrière. PUTAIN ! Heureusement, j’étais déjà assise sur un matelas quand cela arriva. Mais cela n’empêcha pas des larmes de rages monter à mes yeux à nouveau. Putain de bague, putain de vie, putain de… J’inspirais un grand coup. Inspirer par le nez, expirer par la bouche. Lentement… doucement. Mais il n’y avait rien à faire. Je paniquais. Je paniquais. Et j’étais pas enfermée dans ma maison-bunker. J’étais chez Sara, dans son appartement, en pleine ville, là où j’allais faire un massacre si je perdais le contrôle sur cette foutue bague. Et j’étais sure que je perdrais le contrôle. Peut-être pas aujourd’hui. Peut-être pas cette semaine. Mais je perdrais le contrôle. A nouveau. Et j’espérais bien que cette fois-ci la Justice League ne me laisserait pas le temps de commettre à nouveau des atrocités, quitte à ne même pas essayé de me ramener à la raison. Je restais allongée, essayant de me concentrer sur ma respiration. Mais c’était difficile. Difficile quand j’entendais la voix de la bague résonner dans ma tête. Volthoom qui parle à mon oreille. Qui me susurre monts et merveilles. Qui me tente. Je les vois. Je revois ces deux hommes, ceux qui ont massacrés mes amis. Je les vois morts, moi me tenant au-dessus de leur corps. Je me vois marchant dans la rue comme si je ne souffrais plus de mes crises de panique. Je me redresse difficilement du matelas sur lequel je suis prostrée. Tu es plus forte que cela Jessica. Ils te l’ont dit. Difficilement, je réussis à m’assoir. Je ne suis pas mes peurs. Je me mis debout et difficilement je marchais jusqu’à la cuisine. Je ne suis pas mes peurs… La voix dans mon oreille était de plus en plus forte. Je sentais tout mon corps qui tremblait. Je sentais mon souffle devenir encore plus court. J’hyperventilais. J’appuyais ma main sur le mur de la cuisine, me laissais glisser contre celui-ci. Bague appelle Hal. Pas de réponse de la bague. Du moins pas de réponse positive. J’entendais toujours cette litanie qui me disait de lâcher prise, de me laisser aller. Tout ce que je ne devais surtout mais surtout pas faire. Je fouillais dans mes poches, ne sentant pas vraiment la force de bouger même si je savais que je devais le faire. J’étais pas dans la maison bunker. Je pouvais pas seulement appuyer sur les touches de mon clavier pour que tout se fasse à ma place. J’avais promis à Sara que je resterais pas enfermé. Je lui avais promis que je ferais la vaisselle. Je lui avais promis que j’essayerais et je devais essayer. Je trouvais mon téléphone portable. Tremblante, j’appuyais sur l’écran jusqu’à ce que la sonnerie retentisse. Hal ? C’est Jessica. Je… je vais pas y arriver Hal. J’arrive pas à contrôler la bague. Ne pas bouger. Résister. J’hochais la tête, inconsciente du fait qu’il ne me voyait pas. Il avait dit qu’il allait m’aider. C’était tout ce que j’avais besoin d’entendre pour tenir encore un peu.

Juillet 2016 - Metropolis
Tu vois, ce n’était pas si horrible que ça ! Je me tournais vers Sara et avec toute la maturité dont je pouvais faire preuve, je lui tirais ostensiblement la langue. J’amais assez peu qu’elle se paye ma tronche. Déjà qu’elle avait réussi à me faire mettre les pieds dehors, qu’elle s’en vantait, il n’allait pas falloir qu’elle se moque de moi. Tu sais qu’en cas d'invasion alien, le cinéma c’est vraiment pas l’endroit où se trouver ? Ca faisait combien d’année maintenant ? Presque six… Et pourtant, je vivais toujours avec cette peur au ventre qu’il se passe quelque chose de grave, particulièrement quand j’étais hors de chez moi. J’avais commencé à réussir à aller dehors, puis forcée par la possession de Power Ring qui faisait un peu ce qu’elle voulait de moi pendant un temps. Elle c’est la bague, elle a une conscience. Enfin avait… Mais arrête avec l’invasion ! Je levais les yeux au ciel. Sara ne comprenait pas. Elle n’avait jamais compris. Avant c’était normal, elle n’avait pas vu ce que j’avais vu. Mais je devais avouer que depuis que Darkseid avait essayé de nous envahir et que j’y avais plus ou moins laissé la vie -histoire compliquée à laquelle je n’avais pas tout compris-, le fait qu’elle n’y croit pas me dépasser. Si c’était arrivé qu’est-ce qui nous prouvait que ça ne recommencerait pas ? C’est arrivé. Ça ré-arrivera. Et crois moi ce jour là, je ne serais pas au cinéma ! Quel lieu naze pour mourir ! Parce que tu iras sauver le monde. Je souriais en coin. Sara trouvait mes actions contre Darkseid bien plus excitantes que moi. Probablement parce qu’elle ne se réveillait pas en hurlant au milieu de la nuit. Ni parce que ses crises de paniques semblaient pires depuis que c'était arrivé. Elles étaient moins présentes en continue. Mais je me retrouvais incapable de respirer tant la peur me serrait les tripes. C’est ça… Tu rentres tout de suite ? Non je vais voir des copines. Et toi ? Je fais quelques courses et je rentre. Je la vis sourire alors je n’en dis pas plus. Certes j’allais faire des courses mais seulement pour acheter de quoi me préparer des pancakes, pour me détendre alors que je sentais mes mains tremblaient d'appréhension. J’embrassais Sara et filais dans le magasin le plus proche de son appartement. Ou du nôtre… je ne l'avais jamais considéré comme le mien. Chez moi c’est la maison-bunker. Pourtant j’étais bien tous les jours chez Sara et je participais comme je pouvais aux dépenses du foyer. Mes sacs de courses dans les bras, je poussais la porte et refermais à double tour derrière moi. C’était mieux, déjà mieux. Je soupirais et me dirigeais dans la cuisine. J’aurais besoin d’une pause. D’une pause de Sara. D’une pause du monde extérieur. D’une pause de la panique qui m’enserrait le coeur. Jessica Cruz de la Terre… Je sursautais, hurlant. J’attrapais un couteau pour me retourner même si je savais déjà que ça ne servait à rien. J’avais reconnu cette voix. C’était la voix d’une bague du spectre des émotions. Et puis qui d’autres franchement m’appellerait Jessica Cruz de la Terre ? Personne. Pitié pas encore. ...pour devenir un Green Lantern. Un… Oh quoi ? Non ? J’ouvrais de grands yeux en fixant la bague, reconnaissant le signe gravé dessus. Un Green Lantern. C’était pas possible ? Comment moi, Jessica Cruz ou la fille la plus apeurée de la terre pouvait devenir une Green Lantern ? Je clignais des yeux, ayant l’impression d’assister plus que de participer à la scène devant moi. Je récitais le serment des Green Lanterns sans même m’en rendre compte. Je clignais à nouveau des yeux, regardait la bague verte qui ornait ma main. Merde. Qu’est-ce que je venais de faire ? J’étais pas prête pour ça moi.


Octobre 2017 - Maison-bunker de Jessica & Sara, Coast City
Accroupie sur un énorme coussin, je me laissais aller à l’arrière jusqu’à ce que mon dos rencontre l’assise du canapé. Je ronronnais presque de confort tout en ramenant l’ordinateur vers moi. Mes doigts pianotaient sur le clavier et je regardais les lignes défiler selon ce que je faisais, ce que je leur demandais. C’était apaisant. A cet instant, je me sentais bien et j’avais plus ou moins oublié le monde extérieur. Il n’y avait que moi et ce code devant mes yeux. Et la musique que j’avais vis à fond dans mes oreilles. Je ne savais pas combien de temps cela allait durer alors j’en savourais chaque instant jusqu’à ce que deux jambes envahissent mon champs de vision. Un fol espoir me fit croire qu’elles allaient disparaître et que je pouvais donc tout simplement ignorer leur présence. Un fol espoir que bientôt une main s’agita entre moi et mon écran d’ordinateur pour attirer mon attention. Je soupirais et relevais la tête, retirant un des deux côtés de mon casque. Tu comptes manger ou ton ordinateur est plus intéressant qu’un peu de conversation ? Je ne relevais pas le ton assez peu agréable de Sister Sara, ayant conscience que la situation n’était pas plaisante pour elle actuellement. Je me redressais légèrement, étirant mes jambes. Si c’est l’heure de manger ou que tu as faim, on peut faire ça. J’arrive. Mes doigts se posèrent à nouveau sur les touches, leur donnant quelques ordres avant que je ne rabaisse le capot de l’ordinateur et le pose sur la table basse. Je me redressais lentement. Brrr ! Je sais pas comment tu fais pour rester aussi calme ! Ne pas sortir un peu et voir la lumière du jour. Un sourire moqueur se posa sur mes lèvres pendant que j’accompagnais ma soeur vers la cuisine de ma maison, sentant bien qu’elle avait décidé de me faire cuisiner. Tu peux sortir mais je ne suis pas sure que tu trouves du soleil. Je la vis clairement lever les yeux au ciel. Mais c’était vrai. Après tout le soleil avait disparu depuis août quand le syndicat du crime avait attaqué Metropolis. Et depuis août, et le tsunami qui avait dévasté Metropolis, nous vivions avec Sara dans la maison-bunker, comme je l’appelais, que j’avais à Coast City. Tu joues avec les mots ! Comment fais-tu pour rester aussi calme ? On est plus en sécurité dedans qu’à l’extérieur. Et je suis pas calme… J’étais plutôt en crise de panique total depuis l’été. Je l’avais vu à la télé ce fameux Power Ring, alter-ego maléfique de Hal. J’avais vu la bague à son doigt. Et depuis la panique ne m’avait pas vraiment quitté un seul instant. Parce que je l’avais reconnu, ayant porté la même, venant d’ailleurs dans le multiverse, pendant un temps. Je me souvenais encore de sa voix murmurant à mon oreille, des promesses qu’elle me faisait, de la façon dont elle me consumait. Alors, quand la Justice League et les autres héros combattaient le Syndicat du Crime, je ne pouvais m’empêcher de me demander : quand ce monstre allait mourir, et il le fera au combat ou bien consommer par cet anneau, la bague reviendra-t-elle pour moi ? Ca me maintenait éveillée la nuit, à moins que ce soit l’absence de soleil qui faisait ça… Ca tournait en boucle encore et encore dans ma tête. Je regardais la bague à mon doigt, celle des Green Lanterns… Ce n’était pas encore cela, j’étais pas encore vraiment douée à ce jeu. Mais ça se passait bien. A peu près. Jusqu’à l’arrivée du Syndicat du crime, je gérais à peu près. Il y avait cette question qui me trottait encore dans la tête : pourquoi moi ? Je déglutissais, gardant mes inquiétudes pour moi. Tu veux manger quoi ? Je souriais, me voulant rassurante. Je l’étais pas mais ça, Sara n’avait pas besoin de le savoir.

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