Le moteur de la Porsche volée deux rues plus haut ronronne tendrement sous les pieds bottés de la jeune femme. Cette dernière tranche avec l’élégance de la voiture de luxe, vêtue d’une veste en cuir ferme, les mains gantées de la même couleur, les jambes vêtues d’un legging enfermé à son extrémité dans des bottes fines et ficelées jusqu’au genoux. Les pupilles noir ébène, dilatées, guettent le moindre mouvement. Prudente, elle s’est tenue à l’écart de sa cible, tournant depuis une demi-heure dans le quartier. Sur le siège passager, son ordinateur patiente, prêt à craquer le système de sécurité de la gigantesque bâtisse qu’elle s’apprête à pénétrer. Quelques jours plus tôt, une annonce avait été lancée, mais quelque peu particulière. S’adressant aux malfrats de Gotham, à la vermine de l’East End, à ces charognards ne considérant aucune règle de morale comme une barrière, elle avait dénoncé la présence d’un trésor, et surtout la récompense offerte pour sa livraison à bon port. Peu avaient été les intéressés, découragés face à la difficulté et aux risques engendrés par l’opération. Mais pas Eris. Elle, lueur insolente dans le regard, n’attend qu’une chose ; le chaos qu’elle ne va pas tarder à créer. Pourtant, depuis son arrivée sur les lieux, une certaine inquiétude l’avait saisie alors qu’elle observait et relevait les rondes effectuées par une sécurité privée, non armée, ou du moins en apparence. Elle n’avait aucun doute quant à la présence d’une sécurité à l’intérieur de la demeure. Impressionnante elle était d’ailleurs, s’érigeant au milieu d’un jardin s’étendant sur un hectare. Logiquement, cela représentait un demi-hectare de trajet à découvert avant même d’atteindre le porche d’entrée, lui-même masqué derrière une fontaine de marbre. Il était impossible de croire qu’Eris réussirait à entrer sans se faire remarquer, elle en avait parfaitement conscience. Idéalement, elle aurait eu besoin d’une diversion, qu’elle tenterait d’effectuer via le système d’alarme. Néanmoins, elle savait que ses compétences en combat au corps à corps allaient être mises à l’épreuve, elle devait simplement faire en sorte de ne point se retrouver submergée d’adversaires, au risque de se faire capturer. Un sentiment de déjà-vu avait pris possession d’elle depuis le début de l’après-midi, et elle savait pertinemment d’où il provenait. La dernière fois qu’elle avait participé à une opération d’infiltration, elle avait été la seule survivante, et surtout la seule responsable de ce fait. Sans qu’elle ne daigne se l’avouer, elle angoissait à l’idée de répéter les mêmes erreurs, de se retrouver entourée de cadavres, sans réellement pouvoir expliquer comme c’était arrivé. Elle se devait cette fois-ci de garder les idées claires, et pour ce faire, il lui aurait fallu un plan dressé à la seconde près, orchestré comme une symphonie, avec ses règles et ses étapes. Mais Eris n’était pas de cette trempe, elle était dans l’action, l’immédiat, l’impulsivité. Elle réagissait toujours mieux sous pression, donnait toujours le meilleur d’elle-même lorsqu’elle se retrouvait acculée contre un mur, sautait toujours mieux lorsqu’elle était au bord du vide. Et surtout, ressentait toujours plus l’adrénaline dans ce genre d’instant. Et c’était après cette hormone qu’elle courait, après cette sensation d’être magnifiquement, brillamment, scandaleusement en vie. Sans cesser de réfléchir aux différentes possibilités s’offrant à elle, elle observe la berline du propriétaire quitter le domicile via le portail doré, et sourit, narquoise, alors qu’elle passe non loin d’elle. Saisissant l’ordinateur à ses côtés, ses doigts se mettent à courir sur les touches, mettant en pratique les enseignements de son oncle. Le système de sécurité, difficile à craquer, résiste sous ses attaques. La fébrilité ne s’empare pas de ses mouvements, mais sa patience tendait à ses limites. Lâchant une insulte en arabe, elle remarque au passage une ombre rapide autour du domicile, mais elle n’est point surprise. Elle était loin de penser être la seule assez cinglée pour se lancer à la poursuite de cet œuf de Fabergé. Le second malfrat n’allait d’ailleurs pas tarder à savoir qu’il n’était pas seul, si ce n’était pas déjà fait. Eris savait parfaitement comme un système de sécurité réagissait sous la menace de cyberattaques, et n’importe quel voleur digne de ce nom était capable de le reconnaître également. Restait à savoir comme les dynamiques de cet assaut allaient se ficeler. Allaient-ils s’associer, malfrats contre sécurité, ou bien choisir d’avoir deux ennemis ?
Raven avait les yeux clos. Ses paupières étaient délicatement tombées quelques secondes plus tôt sur ses yeux bruns afin de ne laisser qu'un voile noir et épais entre elle et les rares meubles de sa chambre. Elle était assise au sol, à exacte même distance du lit auquel elle tournait le dos et du mur vierge de toute décoration qui lui faisait face ; chacune des respiration qu'exécutait l'Azarathienne étaient si longues et si rares que cela en devenait alors sonore et enveloppait la pièce dans une sorte de quiétude méditative. Qui se trouvait avec elle à cet instant précis pouvait entendre, également, de ses lèvres sortir quelques mots disposés avec mesure à la suite d'une quelconque inspiration ; quelques mots étranges prononcés dans une langue que nul n'aurait compris mais qu'elle prononçait avec une telle concentration que l'on devinait sans peine que cela avait une signification pour la jeune femme.
Au bout de peu de secondes et de quelques mots soufflés, il se produisit quelque chose de particulier autour d'elle : les ombres que dessinaient la lumière émise par une lampe murale se mirent à vriller sans aucune raison apparente et il en sorti une forme en si peu de temps que quiconque aurait cligné des yeux une seconde à peine n'aurait pu comprendre d'où cela provenait : elle était de la même taille que Raven mais au lieu du manteau long et noir qu'elle portait sur le dos se tenait sur ses épaules une large cape tombante jusqu'au sol et faites de longues plumes bleues ; d'un ton plus blanc et nacré, le reste de ses vêtements ne paraissait en comparaison pas tant inhabituel que cela ; elle se tenait à près d'un mètre de Raven, debout et les jambes tombantes au sol, narguant le parquet de toute sa personne en lévitant à quelques pouces au-dessus de lui. Son visage ne montrait rien si ce n'était des lèvres timides qui ne démontrait aucune notes d'émotions et de son nez, et de ses yeux, et du reste de son visage tout entier, il n'y avait rien d'autre qu'un masque blanc semblant également fait de plumes. Elle leva une main et devant elle, et devant Raven, une masse informe et noire se créa. L'on entendit la jeune femme, toujours assise au sol et les jambes croisées, murmurer quelques autres mots dans cette langue si particulière et celle se tenant à côté d'elle la traversa d'une simple enjambée.
C'était sa part astrale, une partie de son âme cachée derrière ces vêtements si singuliers, cette apparence si étrange, qui s'en était alors allée ; et si à ce moment Raven était partie à Gotham afin d'enquêter sur un culte qui l'effrayait quelques peu, ce fut une curieuse impression qui accapara son intérêt lorsqu'elle arriva au New-Jersey au travers une autre de ces masses informes et noires qui l'avait fait quitter sa chambre à Star City. Au moment où elle en ressortie, elle ne pût empêcher la gravité de lui faire toucher terre : sa main droite vint alors se poser sur son masque blanc pendant que son visage s'abaissait vers le sol. Elle paru épuisée comme si son corps avait considérablement été vidé d'une part importante de son énergie et, sachant qu'elle aurait peiné à faire quelques pas de plus, elle n'avança le temps de reprendre ses esprits autant que cela se pouvait.
Cela dura quelques minutes : quelques minutes où Raven, sous cette forme également, s'assit à même le goudron sur lequel elle avait atterri en arrivant et médita quelques peu. Pendant ce moment de quiétude et d'absolu concentration, elle commença à sentir au travers la ville – à quelques kilomètres de là – une bien étrange chose : comme un appel noir à travers Gotham, une sensation curieuse et glaciale qui semblait vouloir la happer dans les entrailles de cette dernière. Et pour sûr que Raven connaissait cette frappante impression puisqu'elle en avait été de nombreuses fois la cible quand elle s'approcha bien trop dangereusement – souvent – d'un être diabolique. Alors elle fit ce qu'elle savait faire de mieux : elle continua de méditer quelques minutes, utilisant cette activité pour regagner en énergie et pour trouver l'origine de la bête.
Et elle y parvint. Une nouvelle fois ses yeux se fermèrent et ses lèvres émirent quelques mots prononcés avec une certaine grâce pendant qu'elle mettait toute une partie de son Être dans la recherche de cette ombre féroce se cachant en ville : et au bout de nombreuses inspirations, elle trouva finalement une direction dans laquelle aller : une fois qui lui fut à nouveau permit de se déplacer, elle traversa plusieurs rues et autres boulevards jusqu'à atteindre un quartier que les citadins aimaient à appeler le « Diamond » de Gotham City ; il était d'un calme foudroyant pour une antre où se cachait une bête assurément cruelle, mais Raven ne s'en effraya pas et commença à en faire le tour, guettant le paranormal au cas où elle le croiserait : elle devint une ombre dans la nuit, perdant de sa forme humaine pour une masse informe et noire se cachant des citadins possiblement aux fenêtres.
Elle arriva dans une rue où la sensation devint plus féroce qu'auparavant, il lui aurait semblé qu'un doigt glacial et fin avait tâché de caresser son échine tant un frisson absolu lui parcourra ce corps quand elle arriva jusqu'à une voiture quelconque garée là. Mais il n'y avait là à ses yeux nulle trace d'un démon : seulement, à l'intérieur, quelqu'un d'angoissé, calme et vigilant. Raven s'était trompée mais ça, elle ne le savait pas encore : elle pensait farouchement que ce qu'elle cherchait était un être bien plus vil et féroce que celui à l'intérieur de la voiture, parce qu'il lui semblait destructeur et qu'il lui paraissait invraisemblable alors qu'il puisse être, pour quelques raisons que ce soi, angoissé à cet instant précis. Elle repris la forme sensiblement humaine qu'elle avait revêtu quelques minutes auparavant et s'avança à quelques pas de la voiture comme pour tenter de sentir plus encore qu'avant la présence du démon.
Puis elle disparue à nouveau en une masse noire et informe après avoir croisé, sans le vouloir d'ailleurs, le regard de la jeune femme derrière les vitres teintées de sa voiture ; elle ne disparue par car elle avait compris mais car elle avait sentie la présence d'une autre personne non loin, aux intentions froides et criminelles, qui lui sembla être la personne qu'elle recherchait : alors elle se dirigea vers elle, délaissant Eris Al-Djehouty et sa part démoniaque.
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mission inflitration. What's it gonna be? ft. Raven
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