you are mine and mine alone (LUCIAN)

Il fait chaud dans la pièce. C'est la première chose que Rosie remarque quand elle ouvre les yeux, il fait chaud dans la pièce, elle s'y sent bien et en sécurité. Il lui faut quelques secondes pour reprendre ses esprits et remettre de l'ordre dans ses idées. Elle est blottie sous d'épaisses couvertures, Lucian est encore endormi à côté d'elle, son bras est passé autour de sa taille et elle sent son souffle dans son cou. Un instant plus tôt, elle se trouvait encore en Islande avec lui, Kent, Zatanna... Et John. Son cœur se serre dans sa poitrine et toute l'angoisse de cette terrible journée la submerge comme une vague déferlante. Pendant plusieurs minutes elle n'ose pas bouger, tétanisée et doutant subitement de la réussite de leur entreprise périlleuse. Il ne fait pas complètement noir dans la pièce, la lumière encore faiblarde du jour traverse les volets fermés, il doit être encore tôt. Cette chambre n'est pas la sienne, mais elle reconnaît celle de Lucian. Dans une autre pièce de l'appartement, Sasha est elle aussi profondément endormie et fait de doux rêves que Rosie pourrait elle aussi voir si elle ouvrait davantage son esprit. Mais la seule chose qu'elle veuille voir pour le moment, c'est le monde. Malgré les apparences, sont-ils réellement parvenus à réintégrer leur véritable dimension ? Rien n'est jamais certain en magie, et quand elle se mêle à d'autres forces tout devient possible. Le pire comme le meilleur, mais en la matière Rosie préfère se garder de faire preuve de trop d'optimisme. Après s'être redressée dans le lit, elle pose une main sur l'épaule de Lucian pour le réveiller en douceur, malgré l'urgence de la situation. « Lucian... Lucian ! Réveille-toi. Réveille-toi, nous sommes de retour... » C'est en tout cas ce que les apparences laissent suggérer. Rosie repousse les couvertures et se lève, le cœur battant comme un tambour dans sa poitrine. Sur la table de nuit de son côté du lit, elle aperçoit son téléphone et s'en saisit rapidement au cas où elle pourrait en tirer quelques éléments de réponse. La date affiche le dimanche 9 décembre 2018 et il est à peine plus de sept heures du matin. Le fond d'écran de son téléphone est une photo de Lucian et elle qu'elle n'a pas le souvenir d'avoir pris. Elle fait le tour du lit et va allumer la lumière de la chambre pour y voir plus clair, au sens propre comme au figuré. Ses affaires sont éparpillées un peu partout, certaines rangées et d'autres non, à la façon de quelqu'un qui passerait la plupart de son temps à l'appartement mais ne s'y serait pas encore installé officiellement. « Sasha... Sasha est endormie dans sa chambre. Elle rêve qu'elle fait du patin à glace avec un bonhomme de neige... Elle va bien. » Et elle n'a sans doute pas la moindre idée de ce qui lui est arrivé dans cet autre monde. Rosie l'espère en tous cas sincèrement, elle ne veut pas que la petite fille ait à faire le deuil de ses parent une seconde fois. C'est une expérience contre nature que personne ne devrait avoir à endurer, elle est hélas bien placée pour le savoir. Prise d'un violent vertige, Rosie retourne s'asseoir sur le lit auprès de Lucian, visiblement troublée, pour ne pas dire complètement sidérée par ce réveil à des années lumières du chaos de ses derniers souvenirs. « Notre magie a fonctionné... » Un petit rire nerveux la secoue, ses épaules tremblent. « Notre magie a fonctionné, nous avons sauvé le monde... » Mais à quel prix ? Il y a forcément un prix à payer, il y en a toujours un. Était-ce le sacrifice de John, ou doivent-ils s'attendre à quelque chose de plus terrible encore ? De toute évidence, leur magie n'a pas remonté le temps, ils se sont simplement réveillés dans leur monde après des semaines dans un univers monstrueux, sans souvenirs des semaines écoulées dans cette vie censée être la vraie. À quelles autres répercussions doivent-ils s'attendre ? Rosie est peut-être un brin trop pessimiste, mais comment ne pas l'être après tout ce qu'ils ont enduré ? « Je me sens... Je me sens différente... Changée. » Il s'est passé quelque chose en Islande qui a changé tout son être, comme si son ADN avait été reconfiguré pour qu'elle devienne quelqu'un d'autre, autre chose. Elle passe une main tremblante dans ses cheveux et prend une profonde inspiration ; elle ne veut pas faire une crise de nerfs à peine de retour dans le vrai monde, même si elle en aurait certainement le droit en de telles circonstances. Lucian va bien. Sasha va bien. Et malgré ce qu'elle ressent, Rosie va bien elle aussi. Alors pourquoi meurt-elle d'envie de fondre en larmes, exactement comme elle l'aurait fait s'ils avaient échoué ?

C'est apaisant d'être bercé dans les bras de Morphée. C'est le seul moment de répit de tes journées, mais encore faut-il que tu ne sois pas assailli par les cauchemars. Dans l'autre réalité, tu n'avais pas ces précieuses pilules qui te privent de rêves, tu n'avais pas d'autres choix que de subir les attaques de ton propre passé. Cette nuit, ton sommeil est profond, très profond, comme si tu n'avais pas dormi depuis des mois. Et sans Rosalie pour te réveiller, t'es certain que tu n'aurais pas quitté le lit pendant des jours, terriblement épuisé, aussi bien physiquement que psychologiquement, par tout ce que vous avez traversé. Il te faut un petit d'adaptation pour comprendre ce qui se passe. Tu ne sais plus où tu es. Tu te redresses subitement et balaye la pièce du regard. C'est ta chambre. Vous êtes dans ta chambre. Et surtout, vous avez quitté l'Islande et ses horreurs. Est-ce vous avez réussi ? Ta première pensée va vers Sasha, et Rosalie te rassure rapidement à son sujet. Elle est là, juste à côté, paisiblement endormie. De ce que tu en sais, elle ne s'est jamais souvenue de qui elle était dans l'autre univers, et c'est un terrible soulagement pour toi, qui n'aura pas à lui expliquer pourquoi ses parents ne sont plus là. N'avoir aucun souvenir de ce qui s'est passé est largement préférable. Elle n'aura pas à souffrir de les avoir perdu à nouveau, et pour elle, c'est comme si une seule nuit s'était écoulée. C'est tout ce qui t'importe. Le reste, les conséquences possibles, tu pourras les gérer. Quant à Rosalie, et bien, tu ne serais pas surpris qu'elle soit quelque peu traumatisée par l'expérience – euphémisme. Jamais tu n'avais connu pareil combat, et tous avez sacrifié votre énergie pour parvenir à sauver le monde. Même sa vie, pour l'un d'entre vous. L'Ulfark, Wotan, Hela, et tant d'autres encore qui habitent ton esprit. Difficile de se détacher de ces derniers souvenirs, malgré la sécurité de ta chambre. « On a sauvé le monde. » Tu répètes pour être certain que tout ça est bien réel, et qu'il ne s'agit pas là d'une ruse perfide de Wotan. Vous avez sauvé le monde, vous avez retrouvé votre réalité, et emporté dans votre victoire tous les gens de cette planète. Votre petit groupe a connu mille souffrances, mais finalement, elles n'ont pas été subies pour rien. Tu attrapes les mains tremblantes de Rosalie pour la rassurer. Tu la connais que trop bien pour ignorer cette crise d'angoisse qui menace d'éclater. Le contre-coup est violent, il fallait s'y attendre. Elle s'est surpassée dans cette lutte, elle a été plus loin qu'elle n'a jamais été, et elle a côtoyé des forces qu'elle préférait jusque là éviter. Tu comprendrais qu'elle laisse les larmes couler pour extérioriser tout ce qui s'est passé. Toi-même, tu aimerais savoir quoi faire de tout ce que tu as vu lors de l'ultime confrontation. « C'est normal. T'as donné tout ce que tu avais en toi pour sauver cet univers. Jamais je ne t'avais vu aussi forte, aussi puissante. J'ignore comment tout ça fonctionne, mais j'imagine qu'il va te falloir un temps d'adaptation. C'est une sorte... d'évolution dans ta magie. » Tu n'y connais pas grand chose, mais tu ne dois pas être très loin de la vérité. Comme dans les sports de combat, il y a des paliers à franchir dans la magie, chacun étant plus puissant que le précédent. Et en Islande, Rosalie a explosé tous les paliers d'un seul coup, de quoi être maintenant un peu déroutée. « Je sais que c'est pas facile, que la victoire a un goût amer, mais on a quand même gagné. On a gagné, et c'est en partie grâce à toi. » Et à John, Zatanna et Fate, bien évidemment. Tous ont été admirables et ont affronté toutes les épreuves que Wotan a dressé sur votre chemin. « Laisse-toi un peu de temps. » Pour accepter tous ces changements, mais aussi avant de partir secourir Constantine. Tu le sais, elle le fera sans hésiter une seule seconde, et tu n'en attends pas moins d'elle. Il s'est sacrifié pour tous vous sauver, et son geste héroïque ne mérite pas une telle fin. Où qu'il soit en enfer, elle le trouvera. C'est aussi ta promesse, de ne laisser aucun homme derrière. Vous êtes une équipe, et c'est avec une équipe complète que tu veux fêter cette victoire. « T'as été formidable. » Pour la première fois depuis ton réveil, tu lui souris, désireux de la voir se focaliser sur le positif. Ses efforts ont eu un prix, mais ils n'ont pas été vain. Ce n'est pas la Justice League qui a sauvé le monde cette fois, c'est elle.

AVENGEDINCHAINS

Rosie réalise plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu avoir eu le sort du monde entre les mains. Une responsabilité lourde et difficile à assumer, dont elle n'avait pas réellement eu conscience dans le feu de l'action. Elle aurait sans doute dû se douter que le retour à la réalité et le contrecoup seraient violents, mais elle ne s'attendait pas à être submergée par une vague d'émotions aussi diverses qu'intenses. Il aurait été trop beau qu'elle soit seulement soulagée et fière de leurs accomplissements. L'angoisse qui lui serre la gorge et violente, alors Rosie s'estime heureuse de ne pas s'être réveillée seule dans son appartement. La présence de Lucian à ses côtés est salvatrice, elle n'aurait pas su comment réagir à tout cela si elle avait été seule. Malgré tout ce qu'il s'est passé en Islande, il demeure la seule personne qu'elle veuille avoir à ses côtés quoi qu'il arrive. Le roc contre lequel elle sait qu'elle pourra toujours s'appuyer sans risquer de flancher. Ses mains lui paraissent brûlantes quand il prend les siennes, si froides, pour la rassurer et calmer ses tremblements. Elle se sent si faible et si fragile, alors que quelques instants plus tôt elle était comme une supernova prête à exploser, bouillonnante d'une magie si ancienne et si puissante qu'elle avait eu l'impression d'avoir de la lave à la place du sang dans les veines. Tout ce qu'elle cherchait à éviter et à contrôler, elle a été forcée de le libérer et d'y faire face. Wotan avait été leur adversaire, mais affronter sa propre puissance avait été bien plus effrayant que lui. L'évolution de sa magie na rassure pas Rosie, bien au contraire. Elle n'a pas eu le temps de s'y faire, elle n'a pas franchi les niveaux les uns après les autres, progressivement. « Je ne suis pas certaine de vouloir toute cette magie, Lucian... » Rosie donnerait tellement pour être normale. Pour pouvoir mener une vie normale. Elle n'est pas taillée pour les responsabilités qui pèsent sur ses épaules, elle n'a pas l'âme d'un soldat ou d'une guerrière, et encore moins celle d'une héroïne. Elle hoche doucement la tête consciente qu'elle aura en effet besoin de temps – de beaucoup de temps – pour s'habituer à tous ces changements. « Formidable, à ce point là ? » Rosie affiche un sourire qu'elle espère convaincant, mais Lucian ne sera pas dupe. Elle n'a pas l'impression d'avoir été plus formidable que John, Zatanna, Kent et lui. « Et toi, tu as été un héros. » Sans magie, sans pouvoirs ou capacités extraordinaires, rien qu'avec son humanité et sa détermination. Il a sans doute été le plus courageux d'entre eux, ou peut-être le plus fou. Il faut certainement l'être un peu pour s'engager dans une telle expédition sans garantie d'en revenir. Mais Rosie sait que ce n'était pas pour sauver le monde que Lucian avait accepté de mettre sa vie en danger. C'était pour elle, pour qu'elle ne se sente pas seule, pour qu'elle ne soit pas trop effrayée pour faire quoi que ce soit. Pour être avec elle, au cas où... Un frisson la traverse quand elle revoit son corps ensanglanté dans ses bras, son visage pâle et son regard qui s'éteignait lentement... Elle est certaine de faire des cauchemars pendant des mois, comme si son sommeil n'était pas déjà assez agité. Comme si la peur de le perdre n'était pas devenue une phobie l'empêchant de vivre. Rosie tremble malgré la chaleur de la pièce, alors elle retourne sous les couvertures et va se blottir dans les bras de Lucian. Elle en oublie presque qu'il a manqué de la tuer lorsqu'il était sous l'influence de l'Ulfark. Ce n'était pas sa faute. Ce n'était pas sa faute. Elle l'enlace étroitement et pose sa tête contre son torse, elle aimerait pouvoir disparaître dans ses bras et ne plus jamais avoir à se soucier du monde. « Je sais que tu dois mourir d'envie d'aller retrouver Sasha, mais est-ce que tu veux bien me serrer dans tes bras, s'il te plaît ? Juste une minute. » Rien qu'une toute petite minute, pour qu'elle parvienne à se calmer et à se convaincre que, peut-être, tout ira bien. Rosie lutte contre les larmes qui menacent toujours de couler sur ses joues, contre cette vague d'angoisse qui menace de la submerger. C'est tellement dur d'être forte, elle ne sait pas comment il parvient encore à garder la tête haute après tout ce qu'ils ont traversé. Elle, elle n'y arrive pas.

Tu n'es pas un héros. Tu n'as jamais eu pour ambition de sauver le monde. Ni cette prétention. Ce que tu fais, tu le fais à ton échelle, sans te considérer autrement que ce que tu es réellement : un homme qui essaye de faire les bons choix. Ce qui s'est passé en Islande, tu le rapproches plus de l'inconscience que de l’héroïsme. Et tu n'as pas eu l'impression de te rendre si utile que ça. Bien au contraire, tu lui as fait du mal. Et cette simple idée te serre durement le cœur. Tu aurais pu la blesser. Ou pire encore. Jamais tu n'aurais pu te le pardonner. Quand tu fermes quelques secondes les yeux, tu te vois à travers l'Ulfark, t'attaquer à celle que tu aimes, et chercher désespérément à reprendre le contrôle. Les traumatismes d'une bataille acharnée, tu les connais que trop bien, et c'est pour cette raison que tu refuses d'y penser. Pas maintenant. Par pitié, juste un peu de répit. Parce qu'une fois qu'ils sont lâchés, libres de ravager l'esprit, il est terriblement difficile de les ramener dans l'ombre. Tu ne peux qu'imaginer combien Rosalie est bouleversée par tout ce qui s'est passé là-bas, à commencer par sa propre puissance, mais t'aimerais qu'avant toute chose, elle apprenne à respirer. Qu'elle reprenne son souffle. Sinon, tu crains qu'elle ne tienne pas la longueur. Quand elle s'allonge contre toi, tu passes ton bras autour d'elle pour l'amener plus proche encore. T'aimerais que tout soit aussi facile que cette étreinte. Que tout soit aussi naturel que votre amour. Car si vous avez retrouvé votre monde, tu n'oublies pas qu'il n'a pas cessé de tourner pour autant. Waller, A.R.G.U.S, il faudra bientôt trouver une solutions à ces problèmes. Et malheureusement, eux, il ne suffira pas de cesser d'y penser pour qu'ils finissent par disparaître. « Sasha est encore endormie, je ne bouge pas. » Ces deux femmes qui ont besoin de toi dans ta vie, et sans qui tu ne serais rien. Incapable de trouver les mots qui pourraient l'apaiser, tu passes le relais aux gestes. Tu la serres dans tes bras une minute, comme elle te l'a demandé, puis tu te redresses un peu pour pouvoir la regarder. Tes doigts viennent caresser la peau de son visage, comme s'ils dessinaient des formes invisibles. Tu sais qu'elle pense ne pas avoir les épaules assez larges pour toute cette magie, mais c'est faux. La Rosalie que tu as vu, elle était forte. Incertaine, mais forte. Et c'est exactement ce qui se cache derrière toute cette incertitude, cette crainte de ne pas être à la hauteur. Tu ne lui diras rien de tout ça aujourd'hui, parce que tu la connais que trop bien pour anticiper tout ce qu'elle répondra à ce que tu essayeras de lui faire comprendre. Il est trop tôt, c'est normal. Ce n'est pas le bon moment pour essayer de la convaincre de quoi que ce soit. Il y a cependant une chose que tu peux faire. Une chose qui pourrait vous arranger tous les trois, et vous offrir le bol d'air frais dont vous avez besoin. Tu n'es pas encore prêt à percer la bulle, pas encore prêt à renoncer à cette parenthèse. Tu étireras autant que tu le pourras cette normalité. Surtout après avoir connu l'enfer sur terre. « Prépare tes affaires, on part en vacances. » Oui, tu viens tout juste de le décider. Après ce que vous avez enduré, n'est-ce pas là une récompensée méritée ? Qu'importe l'endroit. A la mer, à la montagne, au bord d'une piscine ou d'une source d'eau chaude, tu irais n'importe où, du moment que c'est très loin d'ici. Mais avant qu'elle ne réponde quoi que ce soit, tu te penches pour l'embrasser – qui a dit que c'était savamment calculé ? Tu attrapes ses lèvres, joues avec un long moment, et ne les relâche que quand l'envie de connaître son avis sur la question reprend son droit. « N'importe où. Dis-moi où tu veux aller, et on y va. » Tant pis A.R.G.U.S, tant pis l'école de Sasha, tu ne vas pas prétendre que rien n'est arrivé. Que toute ton existence n'a pas faillie être chamboulée pour toujours, et que tu n'as pas besoin de retrouver tes fondamentaux. Tout ce que tu veux, c'est oublier le monde, et te consacrer entièrement à celui que tu t'es construit : Sasha et Rosalie.  

AVENGEDINCHAINS

Lucian a toujours été un roc sur lequel Rosie peut s'appuyer. Peu importent les circonstances, il est toujours là. C'est la seule chose de réellement rassurante dans ce monde qui ne tourne pas rond – n'importe quel monde. Mais même lui ne possède pas les réponses à toutes les questions qu'elle se pose. Après tout, comment le pourrait-il ? C'est à peine s'il comprend l'univers de la magie et en plus de cela c'est elle qui est censée être clairvoyante. Jamais l'avenir ne lui a semblé aussi incertain. Et même si Rosie sait que la plupart de ses angoisses sont liées au fait qu'ils viennent à peine de se réveiller d'un cauchemar – littéralement – il est encore trop tôt pour qu'elle parvienne à les rationaliser. Quant aux autres... Cela ne fait aucun doute, elle va devoir passer du temps à panser de vieilles blessure qui ont été rouvertes. Mais elle sait qu'elle n'est pas la seule à souffrir terriblement. Lucian a lui aussi perdu sa famille une seconde fois. Pire, il a sacrifié le temps précieux qu'il aurait pu passer aux côtés des siens par amour pour elle. Alors Rosie n'imagine pas une seule seconde à se morfondre sur son sort égoïstement sans songer à lui et à ce qu'il ressent. Il a peut-être l'air aussi solide que l'Homme d'Acier, mais ce n'est qu'une façade, une vieille habitude de militaire habitué à museler ses émotions pour qu'elles ne risquent pas de lui causer la vie en plein combat. Quand il se redresse pour la regarder, Rosie esquisse un sourire et attrape ses doigts pour les serrer entre les siens. « Je t'aime, Lucian. » C'est important pour elle de le lui dire encore une fois. Il le sait, mais elle veut qu'il l'entende, elle a besoin de le lui assurer. Dans un conte de fées, cette simple déclaration d'amour aurait suffit à rompre n'importe quelle malédiction. Hélas dans le monde réel, les mauvais sorts sont bien plus coriaces. Mais peu importe, cela n'enlève rien à l'importance de ces quelques mots. Rosie affiche un air surpris quand Lucian lui annonce qu'ils partent en vacances, qu'elle n'a qu'à préparer ses valises et que le choix de la destination lui appartient. Il l'embrasse avant qu'elle n'ait eu le temps de lui répondre, et quand il s'écarte Rosie le regarde avec de grands yeux. « Des vacances, maintenant... ? » Ce n'est pas qu'elle n'en ait pas envie, bien loin de là. Au contraire, elle meurt d'envie de s'échapper, de disparaître pendant un court laps de temps, d'être oubliée. Ils le pourraient... Ils le peuvent. Rosie déteste le faire, mais elle pourrait forcer Amanda Waller à leur accorder ce repos si mérité, elle pourrait même aller jusqu'à effacer Lucian et elle de son esprit de façon définitive. Et autant l'admettre, l'idée est plus que tentante... « Loin. Dans un endroit isolé, perdu au milieu de nulle part... Je veux pouvoir oublier que le reste du monde existe. Peut-être... Quelque part où il y a de la neige, beaucoup de neige. » Parce qu'il n'y a rien de plus apaisant qu'un paysage blanc et silencieux. Scandinave, Rosie n'a pourtant eu que très peu d'occasion de profiter de la neige. Depuis sa chambre d'hôpital, il lui arrivait de regarder les flocons tomber, mais rien de plus. Et à Washington, c'est différent. La neige est rapidement salie et transformée en mélasse grise qui n'a rien d'attrayant. « Le nord du pays. Ou le Canada, peut-être ? Un chalet quelque part dans les bois... » L'image la fait rêver, elle s'y voit déjà. Mais – car il y a un mais – il y a une ombre au tableau qu'elle ne peut pas ignorer plus longtemps. « Nous allons y aller... Mais pas tout de suite, Lucian. Je ne peux pas... » Sur le point de s'excuser, elle se mord la lèvre avant de se redresser dans le lit. « Rien ne me fait plus envie que de disparaître avec toi, crois-moi... C'est la seule chose que j'aie envie de faire... » Rosie secoue la tête et un soupir lui échappe. Reculer pour mieux sauter, encore et toujours. « Il faut que j'aille sauver John. Je ne peux pas le laisser en enfer, torturé par je ne sais combien de démons... Je ne peux pas le laisser là bas, je dois aller le chercher, je suis sûre que Zatanna m'aidera... » Si elle ne s'y est pas déjà précipitée, au lieu de se prélasser au lit. Rosie n'a pas bien saisi la nature du lien qui unit la sorcière à son lointain cousin, mais elle a bien ressenti son intensité. « Quelques jours, Lucian... » Elle se penche de nouveau au dessus de lui, paumes posées à plat sur son torse. « Donne-moi quelques jours, et après je te promets de disparaître à l'autre bout du monde avec toi et Sasha, aussi longtemps que tu le voudras. Mais il faut vraiment que je le fasse... » Sinon, sa conscience lui fera porter le poids de la culpabilité toute sa vie. Et après avoir perdu une nouvelle fois sa famille, Rosie ne peut supporter l'idée d'abandonner John à son triste sort alors qu'elle peut faire quelque chose pour l'aider. Il comprendra, n'est-ce pas ? Après tout, c'est lui qui lui a appris qu'un bon soldat ne laisse jamais un équipier derrière lui, jamais.

Loin du monde. Dans un chalet. Au milieu de la neige. Un feu de cheminée. Tu visualises parfaitement ces vacances de rêve. Là tout de suite, rien ne te ferait plus envie. Envoyer valser les responsabilités, se réapproprier son existence, faire des choix qui ne seront sans conséquence pour l'avenir de la planète entière. Laisser les meta-humains aux autres, et simplement choisir entre du poulet ou du bœuf pour le repas du soir. En d'autres mots, une normalité déconcertante, mais terriblement grisante. Tu es épuisé de devoir te battre sans arrêt. De sacrifier ton énergie pour des causes parfois vaines. Waller n'oeuvre pas pour un avenir meilleur, elle le fait pour elle-même. Et si tu ne peux pas te permettre de claquer la porte, tu aimerais au moins te débarrasser de tout ce bordel pendant quelques jours. Etre égoïste. Demander au reste du monde d'attendre un peu. « Tout me va. Tant que je suis avec vous, le reste m'importe peu. » Mais ces vacances là devront patienter. Il y a d'abord une dernière mission à remplir. Et tu n'en veux pas une seule seconde à Rosalie de la privilégier. C'est normal. Evident même. Sauver John, ramener celui qui s'est sacrifié pour vous parmi les vivants. Bien sûr, tu n'es pas particulièrement enchanté par l'idée de la savoir de retour en Enfer. Tu étais là en Islande, tu as tout vu de tes propres yeux, c'est un lieu imprévisible dont personne n'est sûr de réchapper. Tu n'es pas serein. Tu es même terriblement inquiet. Il a fallu le pouvoir de plusieurs magiciens pour pouvoir vous en sortir, et là cette fois, il ne s'agira que d'elle et de Zatanna. Tu cogites, te perds dans un océan d'inquiétude. Mais la fatalité est là, qu'est-ce que tu peux faire ? Rien. Ta présence auprès d'elles non seulement serait inutile, mais tu les obligerais à veiller sur toi, à prendre des risques pour te protéger. Tu ne seras pas un poids. Rosalie doit le faire, mais elle doit le faire sans toi. Même si c'est difficile de l'accepter. « Bien sûr, le sort de John avant tout. » Tu n'as jamais abandonné qui que ce soit à son sort. Encore moins quelqu'un qui a tant donné pour le bien commun. Tu sais que John Constantine n'est pas parfait, mais son sacrifice, combien aurait été prêt à le faire ? Bien peu. Sur le champ de bataille, parfois le courage fait défaut. Tu as vu tellement d'hommes fuir un combat, persuadé qu'il n'y arriverait pas, ou simplement incapable de lutter contre leur propre instinct de survie. Alors si il y a un soldat qui mérite d'être sorti de là, c'est bien John Constantine. « Prends tout le temps qu'il te faut, mais fais juste attention, d'accord ? » Ne rien faire de stupide. Ne pas se mettre bêtement en danger. Tu sais que ce n'est pas du tout son genre, mais tu te sens obligé de le lui dire quand même. Par prévention. Parce que tu es incapable de lui cacher ton inquiétude. Mais aussi parce que tu mesures pleinement la difficulté de la tâche. Tu sais que ramener quelqu'un de l'Enfer n'est pas aisé et que les risques sont immenses. Jamais tu ne l'empêchera de mener cette mission, mais qu'elle ne te demande pas de ne pas te ronger les sangs en attendant. « On ne laisse personne derrière. » Tu lui souris, fier de partager la vie de quelqu'un comme elle. Une femme qui malgré ses doutes, malgré ses craintes, prendra toujours la bonne décision. Jamais Rosalie ne laissera qui que ce soit dans le besoin. Et cette compassion est précieuse, dans un monde toujours plus rongé par la cupidité et le chacun pour soi. Tu pousses un long soupire en guise de conclusion à cette désagréable discussion, avant d'à ton tour te pencher au-dessus d'elle. « Dis-moi, je t'accorde quelques jours, mais toi, est-ce que tu veux bien m'accorder quelques minutes avant que Sasha ne se réveille ? » Tu lui souris, sans cacher la lubricité de ta question. Tu comprendrais qu'elle refuse, mais toi, tu as besoin de la sentir au plus près de toi. Tu as besoin de ressentir de la chaleur, de l'amour, d'être rassuré. Tu veux pouvoir la prendre dans tes bras, ne fait qu'un avec elle, car c'est la seule chose qui pourrait purger tes sombres pensées. Vous avez sauvé le monde à un prix élevé, alors vous avez bien mérité quelques minutes de plaisir, pas vrai ? Pour appuyer ta demande, tu commences déjà à lui embrasser le cou, non sans laisser échapper un rire amusé à son oreille. C'est si rare que Sasha ne soit pas déjà réveillée, il faut bien en profiter. Un dernier instant à deux, avant que tu ne la laisses repartir dans de lointaines et brûlantes contrées. Une dernière étreinte, avant d'essayer de reprendre le cours de votre vie. Comme un pansement sur la plaie. Apaiser l'âme de ses tourments avec la chaleur du corps.

AVENGEDINCHAINS

Rosie n'a pas la moindre envie de retourner en enfer, cette idée la terrifie. Elle n'est pas certaine d'avoir les épaules assez larges pour endurer un nouveau voyage, mais elle sait également ne pas avoir le choix. Elle serait incapable de se regarder dans un miroir en sachant avoir laissé John souffrir en enfer alors qu'elle aurait pu faire quelque chose pour le sauver ; ou au moins essayer. Rien ne lui ferait plus plaisir que de disparaître avec Lucian, mais elle ne le pourra pas avant d'avoir fait tout ce qui est en son pouvoir pour secourir son lointain cousin de l'enfer.  « J'ignore s'il est possible d'être prudent en enfer... Mais je te promets de faire attention. Je te le promets. » Elle n'a pas l'intention d'y aller seule, mais s'il le faut elle fera tout ce qu'il faut pour lui revenir. Impossible pour Rosie d'oublier le sortilège qui les unit. Ce n'est pas simplement sa propre vie qu'elle mettra en danger, c'est celle de Lucian aussi. Et si elle peut supporter l'idée de souffrir, qu'il puisse subir les conséquences de ses actions lui est insupportable. Quand il se penche au dessus d'elle, Rosie lui sourit. Elle comprend très bien le sous-entendu de sa question, mais laisse planer le suspense de sa réponse quelques secondes, profitant allègrement de ses lèvres sur la peau de son cou.  « Tu peux même avoir ma vie toute entière, si tu veux. » Mais pour le moment, quelques minutes devront faire l'affaire, jusqu'à ce que Sasha se réveille et qu'elle soit obligée de repartir.

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Dès leur arrivée au chalet, Rosie est frappée par le calme de l'endroit. Il fait déjà nuit, mais la voûte céleste est illuminée par de nombreuses étoiles et des aurores boréales aux couleurs vives. Une épaisse couche de neige recouvre le sol, la végétation et le toit du chalet. L'air est glacé, mais Rosie apprécie étrangement ce froid mordant. Le voyage depuis Washington a été long, presque six heures en avion pour atteindre Anchorage et encore cinq heures de route pour arriver jusqu'au parc national de Denali. Pour leurs vacances plus que méritées, c'est donc vers l'Alaska que Lucian et elle se sont tournés. Enfin, Lucian surtout, puisque c'est lui qui a organisé leur séjour pendant qu'elle traversait une fois de plus les enfers pour aller secourir l'âme de son lointain cousin. Rosie est épuisée, aussi bien physiquement que psychologiquement, et craint que le contre-coup de toutes ces épreuves ne soit violent. Mais en attendant d'être submergée, elle veut profiter de la tranquillité de leur petit chalet éloigné du reste du monde. Sasha déjà endormie dans les bras, elle laisse Lucian passer devant pour aller leur ouvrir la porte. Il fait un peu frais à l'intérieur, mais rien dont un bon feu de cheminée ne puisse venir à bout. Pendant que Lucian décharge leurs affaires de la voiture, Rosie s'occupe d'aller coucher Sasha dans la petite chambre qui lui est réservée. Elle la dépose sur le lit, allume le chauffage et ferme les rideaux. Quand son oncle dépose son sac dans la pièce, Rosie la réveille doucement pour qu'elle se mette en pyjama et aille se brosser les dents. Puis elle la borde, ajoute une couverture sur son lit et s'assure qu'elle a bien ses peluches préférées avec elle avant de s'éclipser, la petite fille n'ayant besoin que de quelques minutes pour retrouver les bras de Morphée. Pendant un instant, Rosie déambule dans le chalet, émerveillée par la beauté des lieux. Elle n'a pas gardé le moindre souvenir de ses dernières vacances avec ses parents. C'est comme si elle n'était jamais partie, ce qui n'est pas loin de la vérité. Ses voyages n'ont jusque là été que synonymes de malheur, de travail ou d'apocalypse. Les familles d'accueil, l'hôpital, A.R.G.U.S, le paradoxe temporel... C'est la toute première fois qu'elle va quelque part pour se reposer et pour découvrir un nouvel horizon, loin de son quotidien extraordinaire – au sens propre du terme. Rosie retourne dans le salon, et elle ne peut s'empêcher de sourire en voyant Lucian accroupi devant la cheminée pour allumer le feu. Elle pourrait s'en charger d'un claquement de doigts, mais elle préfère le regarder faire, il a l'air terriblement concentré sur sa tâche. Quelques instants plus tard des flammes crépitent dans l'âtre, projettent des ombres dansantes sur les murs à peine éclairés du salon.  « Un feu de cheminée... C'est romantique. » Tout autour d'eux est romantique. Toujours souriante, elle va le rejoindre pour l'enlacer. Sa tête posée contre son torse, elle ferme les yeux et soupire longuement, apaisée par les battements de son cœur.  « Tu es vraiment un ange. Tout est parfait. » Elle ose à peine imaginer le coût du séjour, probablement hors de prix. Rosie voulait un endroit loin de tout et avec beaucoup de neige, mais elle n'imaginait pas que Lucian puisse lui servir le plus beau parc d'Alaska sur un plateau d'argent. Quand elle relève la tête, elle est obligée de se mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir l'embrasser. Il est beaucoup trop grand... À moins qu'elle ne soit beaucoup trop petite ?  « Il est tard et tu as conduit toute la soirée, sans ce décalage horaire nous serions déjà couchés depuis longtemps... Tu dois être épuisé. Nous ferions peut-être mieux d'aller nous coucher ? À moins que tu ne préfères profiter un peu du romantisme de la cheminée... ? » Peu lui importe, tant qu'elle est dans ses bras. C'est l'unique chose qu'elle veuille vraiment, la seule qu'elle réclame.

Pays enneigé aux couleurs féériques. Le tableau est si beau que tu peines à le croire réel. Cette interlude, tu l'attends depuis des mois. Une occasion de retrouver l'essentiel, et de laisser les traumatismes de chacun derrière d'imposantes murailles. John de retour parmi vous, le voyage s'est ensuite très vite organisé. L'entre, très vite trouvé. Et vous voilà en train de fouler vos premiers pas en Alaska, où pendant plusieurs jours, vous allez pouvoir profiter de vacances en famille. Une famille recomposée, qui apprend encore à vivre ensemble, mais que tu aimes de tout ton cœur. Jamais tu n'aurais pensé en arriver là un jour, toi qui avais tout dédié à ton pays, puis à A.R.G.U.S. Rosalie et Sasha sont entrées dans ta vie, sans prévenir, et si les débuts furent difficiles, maintenant tu ne pourrais plus imaginer un futur heureux sans elles. Vous n'avez rien de commun, mais c'est ce qui fait aussi que vos liens continuent de se renforcer chaque jour. Ces vacances vont aussi être un test, voir comment vous vous en sortez loin de chez vous, sans toutes les contraintes de votre travail. Comme des gens normaux, après avoir vécu le pire dans cette autre réalité. Tu espères aussi que cette bouffée d'air frais fera le plus grand bien à Rosalie, qui tu le sais, lutte contre elle-même pour ne pas sombrer dans un profond spleen. En vérité, finalement, ce séjour est bien plus qu'un simple repos. Vous avez placé beaucoup d'espoir en lui, et les choses qui pourraient en découler sont nombreuses. Si vous pouviez rentrer en étant libéré de quelques fantômes, et si elle réussissait à prendre du recul sur ses nouvelles facultés, ce serait une énorme victoire. Une fois à l'intérieur du chalet, après avoir rentré les bagages et laissé Rosalie s'occuper de coucher Sasha, tu t'attèles avec précaution à l'allumage du feu de cheminée. Tout sera parfait, c'est la promesse que tu t'es secrètement faite. Les deux femmes de ta vie vont passer des vacances qu'elles n'oublieront pas, et qui les aideront ensuite à affronter la dureté de votre quotidien à Washington. La première flamme allumée, le reste s'embrase rapidement, et c'est avec un sourire satisfait que tu te redresses, prenant le temps d'admirer quelques secondes ton œuvre. Qui aurait cru que tu prendrais autant de plaisir à faire des choses aussi simples ? Préparer à manger, regarder un film, allumer ce feu, ce sont tout ce que tu ne peux que rarement te permettre chez vous, et qui leur donnent une portée encore plus belle et forte. « Quoi, t'as déjà douté de mon romantisme ? » Et elle n'aurait pas tort. Tout s'est tellement enchainé vite que t'as l'impression de ne pas avoir pu t'occuper d'elle comme tu l'aurais souhaité. Votre couple a subit les crises extérieures, et même si tu sais dans le fond qu'il s'en est retrouvé renforcé, tu ne peux que te sentir frustré de ne pas pouvoir lui offrir un peu plus de normalité. Un peu plus de romantisme. Tu l'entoures de tes bras, lui rendant chaleureusement son étreinte. Si elle trouve tout ceci parfait, alors qu'elle attende la suite. Tu as non seulement choisi l'endroit dont elle rêvait, mais en plus ce chalet regorge de quelques surprises. Alors se coucher maintenant, c'est absolument hors de question. « Tu plaisantes ? Je dois encore te faire visiter. » Tu déposes un baiser sur ses lèvres avant de t'écarter à contre-coeur, direction la cuisine. Qu'elle se rassure, ce n'est qu'une séparation temporaire, vous avez toute la nuit pour vous retrouver. Et même demain matin, si l'envie vous prend. Enfin, ce serait croire au Père Noël, avec une Sasha qui si elle n'était pas épuisée, serait déjà déchainée. « Que ce serait un séjour au froid sans une tasse de chocolat chaud à la chantilly ? » Tu récupères ce dont tu as besoin dans l'un des sacs, prévoyant jusqu'à ce petit détail. C'est ton entrainement militaire qui ressort, celui de penser à tout peu importe les circonstances. Et sourire toujours scotché aux lèvres, tu vas préparer vos deux tasses pour le début de cette soirée. Le lait sur la plaque, tu la retrouves l'instant de quelques minutes, comme déjà en manque de votre proximité. « Tu sais quoi ? Je crois que c'est les premières vacances que je m'autorise depuis de longues, très longues années. » Les dernières remontent probablement à ton enfance, quand tout était moins compliqué, et que l'innocence te préservait encore de la réalité de la vie. Depuis ton entrée dans l'armée, ton incident et Amanda Waller, tu n'as pas eu l'opportunité de lâcher prise. Elle te remercie, mais tu as tout autant à lui remercier. Parce que sans elle, tu n'aurais pas le droit à cette légèreté et à tout ce bonheur. Tu serais bien trop occupé pour t'en soucier, ou pour penser à le chercher. Depuis que Rosalie est à tes côtés, même les épreuves les plus difficiles te paraissent surmontable. Tu retournes à ta casserole et verse le lait dans deux tasses où se trouve déjà la poudre de cacao. Et en touche finale : une belle montagne de chantilly. « Et voilà pour mademoiselle. » Tu lui tends sa tasse, avant de la cogner doucement avec la tienne. A ce repos de guerriers bien mérité, et au début d'une nouvelle vie en famille, peut-être.

AVENGEDINCHAINS

Un an plus tôt, ils échangeaient timidement leur premier baiser. Et après cette drôle de Saint-Valentin, les choses s'étaient enchaînées rapidement et pas toujours le plus délicatement possible. Mais quoi qu'il ait pu arriver, quoi qu'ils aient pu traverser, ils s'en sont sortis. Pas forcément indemnes, mais ensemble. Ensemble parce qu'ils voulaient sincèrement l'être et pas parce que Waller avait manigancé leur romance, pas parce que le destin ne leur laissait pas le choix. En décidant de tout avouer à Lucian concernant ce qu'elle avait entrevu de leur futur, elle l'avait paradoxalement risqué. Du moins en avait-elle été persuadée, jusqu'à ce qu'il l'embrasse sous le clair de lune parisien. « Oh, non, je sais que tu es un grand romantique depuis notre petite escapade parisienne. » En fin de compte, elle garde de très bons souvenirs de leur séjour, n'en déplaise aux petits plans machiavélique de leur directrice. Dans les bras de Lucian, Rosie se sent minuscule mais plus en sécurité que nulle part ailleurs, tout la rassure chez lui. Sa chaleur, sa douceur, sa tendresse... Tout. « Me faire visiter... ? Toi tu as une idée derrière la tête, et je serais presque curieuse d'aller la chercher. » Elle rit en même temps qu'il l'embrasse, évidemment elle ne pense pas un seul instant à fouiner dans ses pensées. Pas parce que cela gâcherait la surprise, mais parce que c'est une chose qu'elle a promis de ne jamais faire. Ce qui ne l'empêche pas d'en plaisanter de temps en temps, avec lui elle est plus à l'aise avec sa magie qu'avec qui que ce soit d'autre. « Du chocolat chaud ? Lucian Thorne, vous aimez vivre dangereusement... Tu sais que si Sasha sent la moindre odeur de chocolat, elle sera debout toute la nuit... Et j'ai vraiment envie de visiter ce chalet, maintenant que tu en as parlé. » Elle profite de sa brève disparition dans la cuisine pour retirer son manteau et ses bottes, déjà réchauffée par le feu, et s'installe sur le canapé qui fait face à la cheminée. Elle n'a pas la moindre idée de l'heure qu'il est et à vrai dire, elle s'en moque. Malgré la fatigue, Rosie n'a pas plus envie que Lucian d'aller se coucher, elle veut profiter de leurs premiers moment de calme depuis... Depuis trop longtemps pour qu'elle puisse se souvenir de la dernière fois où ils n'ont pas eu une épée de Damoclès au dessus de la tête. « Tu mérites ces vacances plus que n'importe qui d'autre. Tu fais tellement attention à Sasha, à moi, et à tous ceux qui croisent ton chemin que tu en oublies de faire attention à toi. » Sans oublier le travail dans lequel il s'est plongé au risque de s'y noyer pour tenter d'oublier ses nombreux traumatismes. Rosie n'est pas dupe, même s'il ne lui parle pas souvent de ses relations compliquées avec sa famille, de sa dernière mission pour l'armée ou de son coma, elle sait combien tous ces événements continuent à le hanter. Elle se relève quand il revient, et prend doucement ses mains entre les siennes. « Tu as le droit de respirer, Lucian. Tu es inquiet et fatigué, ne crois pas que je ne le vois pas. Je me repose sur toi peut-être plus que je ne le devrais... Mais tu as le droit de le faire, toi aussi. Tu le sais, n'est-ce pas ? » Elle lui offre un sourire qui se veut rassurant avant de le laisser retourner terminer leurs boissons chaudes. Elle prend bien volontiers la tasse de chocolat chaud qu'il lui tend un instant plus tard, séduite par l'odeur sucrée qui s'en dégage. Si Sasha ne se réveille pas, ils auront vraiment beaucoup de chance... Cuillère en main, Rosie attaque la montagne de chantilly qui accompagne le chocolat avant de porter la tasse à ses lèvres et d'en boire quelques gorgées. « Je découvre encore un de tes nombreux talents cachés, tu sais, tu es bien meilleur cuisinier que tu ne le penses ! Si tu fais un chocolat chaud comme ça à Sasha demain matin, tu pourras lui faire faire n'importe quoi ensuite. À moins que cette avalanche de sucre ne la rende incontrôlable, je ne sais pas... » Et quand bien même ce serait le cas, peu importe. Sasha est elle aussi en vacances, elle mérite de profiter de l'Alaska autant qu'eux. Elle voudra certainement faire un millier de bonhommes de neige à peine sortie du lit, et aura bien raison. Son chocolat terminé, Rosie pose sa tasse sur la table basse devant le canapé. Sur la pointe des pieds, elle glisse ses bras autour du cou de Lucian et embrasse le coin de ses lèvres avec un sourire enjôleur. « Alors, cette visite... ? Ce n'est pas poli de faire attendre une dame, mon ange... »

Paris. Il y a plus d'un an désormais. Comme le temps passe vite, surtout si il est ponctué d'instants heureux aux côtés des gens qu'on aime. Après ton rapatriement et la longue période d'hospitalisation qui a suivi, tu n'avais plus goût à rien. Un traumatisme de guerre, la perte brutale d'une sœur, et une tutelle non désirée qui s'annonçait terriblement périlleuse. Et voilà où tu en es aujourd'hui, dans un chalet avec Sasha et une femme qui t'aime plus que tout. On dit souvent qu'il est inutile de regarder en arrière, mais parfois, comme dans ton cas, ça a du bon de pouvoir constater avec satisfaction les changements positifs qui ont opéré dans nos vies. Bien sûr que tu en tires une certaine fierté. Bien sûr que tu te sens beaucoup plus fort maintenant que tu es entouré. Toutes ces choses, finalement, auxquelles tu avais renoncé par choix, et qui te sont presque arrivées par obligation. Tu n'as aucun regret, absolument aucun, car le bon comme le mauvais t'ont mené jusqu'à là. « Sasha est trop fatiguée pour sentir quoi que ce soit. On risque rien. » Tu sais que ce n'est pas toujours facile pour Rosalie, de devoir te partager. Et tu le comprends parfaitement. Quand un enfant se rajoute au couple aussi tôt, il y a une facette de la relation qui ne peut pas être jouée. Celle de la tranquillité absolue, où seul compte l'autre. Sasha est adorable, c'est c'est une petite-fille facile à vivre, et Rosalie l'aime de tout son cœur tu n'as aucun doute là-dessus, mais ça ne t'empêche pas d'avoir conscience que parfois, elle aimerait que vous puissiez profiter plus longuement rien que vous deux. Et c'est aussi ton cas. Entre ton travail et tes responsabilités envers Sasha, tu dois constamment trouver des moments à consacrer exclusivement à ton couple. Parce que c'est important. Parce que tu sais que Rosalie en a besoin. Elle, cette femme qui reprend l'ascendant sur les tourments de sa vie, mais qui a quand même régulièrement besoin que tu sois à ses côtés. Pour l'aider à marcher ou à se relever. Un rôle que tu as accepté quand vous avez franchi le cap du premier baiser, mais que tu ne peux pas toujours endosser comme tu le voudrais. C'est un équilibre à trouver. Pas tous les jours facile, mais vous avez toujours fait de votre mieux. « Oui, je sais. » Tu souris pour la remercier de sa prévenance, mais malheureusement, tu crains de ne pas pouvoir suivre son conseil. Tu as beaucoup trop à faire dans ton quotidien. Ce n'est pas un simple boulot administratif dans un open-space, c'est une agence gouvernementale dont tu gères une des équipes les plus actives. Un piège dans lequel Rosalie elle aussi est tombée, une erreur qu’égoïstement tu ne regrettes pas, car ça t'a permis de la rencontrer. Mais jamais tu ne lui feras porter plus de poids que nécessaire. Et tant pis si tes épaules à toi doivent un peu s'affaisser. L'heure n'étant pas à la gravité, tu laisses tous ces tracas de côté pour te concentrer sur ton chocolat chaud et sa montagne de chantilly. « Arrête de me flatter comme ça, c'est pas bien compliqué un chocolat chaud. Mais je prends quand même le compliment ! » Ce pauvre chocolat n'aura pas tenu bien longtemps avant d'être complètement ingurgité. Et même si tu te sens d'humeur à te prélasser sur le canapé près du feu, elle a raison, t'as encore une visite à faire. Alors après avoir déposé un bref baiser sur ses lèvres, tu te lèves en lui tendant la main pour qu'elle te la prenne. « C'est parti, mademoiselle. » Tu lui fais faire le tour du propriétaire, ouvrant chaque porte pour qu'elle puisse découvrir tout ce qui t'a charmé toi en premier lieu, quand tu as choisi cet endroit pour vos premières vacances ensemble. Tout est ici est rustique, typique, mais également avec une belle touche de modernité pour séduire les couples et les familles. Et c'est dans la suite parentale, sur la terrasse extérieur, que ce trouve la plus belle surprise. Tu ouvres la baie vitrée qui mène dehors, et l'invites à passer devant. Là, à quelques mètres de votre chambre, se trouve un jacuzzi protégé par un porche en bois. Mais pas n'importe quel jacuzzi, un jacuzzi à haute température, assez pour pouvoir se prélasser dans l'eau tout en étant à l'extérieur, entouré de cette étendue de neige blanche encore immaculée. Un paysage somptueux, exactement comme il le serait sur une carte postale. « Tu supportes le froid, non ? C'est une expérience à tenter. » Avec tout le panthéon qui se cache quelque part dans son esprit, c'est un milieu dans lequel elle devrait se sentir à l'aise. Toi en revanche, t'en es pas certain. Mais c'est une tradition par ici, alors tu joueras le jeu jusqu'au bout. « Au pire, y en a un autre en bas. Et à l'intérieur. » Oui, parce que t'allais pas non plus prendre trop de risques. Pour que ce séjour soit parfait, il faut toujours penser à un plan B, voir un plan C. Petite déformation professionnelle.

AVENGEDINCHAINS

Tous les jours, ils doivent chercher des miettes de normalité dans un quotidien qui n'a rien d'ordinaire. S'ils ne faisaient pas partie de la même équipe, ils se verraient probablement à peine, ils ne feraient que se croiser et n'auraient pas le temps de s'aimer. Et quand ils ont un peu de répit, ils doivent prendre soin de Sasha. Non pas que la présence de la petite fille pose le moindre problème, elle est loin d'être difficile, mais parfois... Parfois, très égoïstement, Rosie aimerait avoir Lucian pour elle toute seule, ne pas avoir à le partager avec qui que ce soit. Ni avec Sasha, ni avec leur équipe, et encore moins avec Amanda Waller qui s'imagine n'avoir qu'à claquer des doigts pour qu'il exauce ses moins volontés. Elle sait que Lucian se demande trop souvent si il est à la hauteur, s'il est un bon petit ami pour elle, un bon tuteur pour sa nièce, s'il en fait assez pour qu'elles soient toutes les deux heureuses, pour qu'elles soient en sécurité, pour qu'elles ne manquent d'absolument rien. Quitte à se négliger, quitte à porter le monde sur ses épaules comme Atlas. Rosie aimerait tellement pouvoir trouver les mots pour le convaincre de penser un peu à lui et de s'autoriser quelques moments de faiblesse. À ses yeux, Lucian est un héros, un surhomme, mais... Il est humain. Et personne ne peut être fort en permanence, à toute heure du jour et de la nuit. Alors qu'il le veuille ou non, elle est déterminée à prendre soin de lui autant qu'il prend soin d'elle. Le chalet qu'il a réservé pour le séjour est merveilleux – et non, le terme n'est pas exagéré. Rosie a l'impression d'être à la fois dans un paysage de conte de fées et dans un catalogue de décoration. Chaque détail semble avoir été réfléchi, de la couleur des rideaux jusqu'aux motifs des tapis. L'endroit est déjà parfait, d'un romantisme absolu, alors quand Lucian la conduit jusqu'à leur chambre, elle ne s'imagine pas découvrir un jacuzzi sur le porche. « Oh. » La surprise est de taille, et l'impatience de se glisser dans l'eau brûlante avec lui également. Si Rosie n'est pas certaine de si bien supporter le froid que cela, en revanche elle est sûre de vouloir tenter l'expérience. Le contraste entre la température de l'eau et l'extérieur doit être intense, et leur permettre de profiter du paysage polaire sans mourir de froid. « Trois ? Il y a trois jacuzzis dans ce chalet ? » Rosie manque d'éclater de rire face à tant de démesure, mais préfère déposer un baiser sur la joue de Lucian. « Je vais tester ta théorie. » Elle commence à retirer ses vêtements. Son pull, son débardeur, son jean – tout sauf ses sous-vêtements, qu'elle garde par pure provocation. Une poignée de secondes s'écoulent avant qu'elle ne se mette à frissonner et à claquer des dents. « Ahem, non, je suis en train de me transformer en glaçon. » En prononçant la bonne formule, en adressant une prière à la bonne divinité, Rosie pourrait sans doute se protéger contre le froid mordant de l'Alaska. Mais elle n'en a pas la moindre envie. Elle veut rester aussi humaine que possible, tant pis pour les éventuels désagréments, et ne veut entendre parler ni de magie ni de dieux pour toute la durée de leur séjour. De plus en plus grelottante, elle se dépêche d'entrer dans l'eau brûlante, tellement chaude qu'elle a l'impression de mettre les pieds dans un bain de lave. Après quelques secondes, son corps s'habitue à la chaleur et ses muscles se détendent doucement. C'est parfait, à un détail près. « Tu veux me rejoindre, ou tu préfères rester là à me regarder ? » Elle sourit et fait mine de s'interroger sérieusement, même si elle ne doute pas beaucoup de son choix. Une fois que Lucian l'a rejoint dans l'eau, elle se blottit dans ses bras de façon à profiter de lui autant que du spectacle des aurores boréales. Elle noue ses doigts aux siens et pendant plusieurs minutes, elle reste parfaitement silencieuse. Dans un premier temps parce qu'elle est captivée par les lumières colorées qui ondoient dans le ciel comme l'auraient fait des rubans, au milieu des étoiles. Du bleu, du vert, du rose et du violet, certaines teintes plus intenses que les autres, mais tout aussi hypnotisantes. « C'est magnifique. » Et pourtant, malgré elle, Rosie ne peut s'empêcher de s'en désintéresser. Son regard se perd sur un point invisible loin devant elle et elle ne perçoit plus du monde que des contours flous. Chaque seconde qu'ils passent ensemble est plus précieuse que la précédente. Elle ne sait pas combien de temps il leur reste, combien de temps il lui reste avant que la mort ne s'invite une fois de plus dans leurs vies. Pendant un instant, Rosie en veut au monde entier. Elle en veut au destin de tuer Lucian dans absolument tous les avenirs possibles à l'exception d'un seul. Elle en veut à l'univers de vouloir le lui arracher alors qu'il est la dernière personne sur Terre à mériter un tel sort. Elle lui en veut à lui, comme si mourir dans d'atroces souffrances dans un futur plus proche que lointain était son choix. Et plus que tout, elle se hait profondément. Quatre ans. Cela fait quatre ans qu'elle ment à Lucian jour après jour, qu'elle lui cache une vérité qui le concerne lui plus que quiconque. Elle lui a promis en le regardant droit dans les yeux qu'il mourrait de sa belle mort, en paix et entouré de ceux qu'il aime. Il le sait rien et ne saura rien avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'elle ait échangé sa destinée avec la sienne pour le sauver. Elle a menti, et elle continuera à mentir. Pour le protéger, pour qu'il ne s'inquiète pas et n'ait pas peur... Et surtout, pour qu'il ne l'empêche pas d'agir. Après être restée immobile, elle se redresse presque brusquement et fait un quart de tour sur elle-même pour glisser ses bras autour de Lucian et l'embrasser comme si le monde était sur le point de finir. Avec fougue et empressement, en oubliant de respirer, comme si c'était la dernière chose qu'elle puisse faire avant de disparaître. Elle glisse une main derrière sa nuque, l'autre sur son torse et ses doigts s'arrêtent sur la cicatrice atypique sur son cœur – la rune qui le lie à elle et dont elle possède l'équivalent. Elle s'écarte légèrement en espérant qu'il méprenne les larmes qui brillent dans ses yeux pour le reflet de la lune et des étoiles. « Pas de regrets... ? »

Tu ne rates pas une miette de son effeuillage qui en soit n'a rien d'un jeu sensuel, mais qui t'incite néanmoins à la fixer du regard avec une insistance lascive. Puis, le spectacle terminé, c'est à ton tour de te dévêtir pour braver le froid en boxer, te questionnant, une fois le vent venu caresser ta peau dénudée, sur pourquoi cette idée t'a traversé l'esprit. Une expérience, oui, mais alors il faut du courage pour s'y tenir. Très vite, tu te presses pour te glisser dans l'eau brûlante, assez pour te faire oublier les températures hivernales de l’extérieur. C'est magique. Tout ce qui vous entoure est magique. Et à commencer par celle qui partage désormais ta vie. De nouvelles habitudes auxquelles tu commences doucement à t'habituer. Des choses que petit à petit tu te mets à accepter. Ce qui te donne un espoir certain pour la suite de votre relation. Rien ne sera jamais parfait, mais tu t'en fiches, c'est pas que tu recherches, et t'es presque certain que elle non plus. Enfoui presque entièrement sous l'eau, tu passes un bras autour de Rosalie quand elle vient te rejoindre, détournant cette fois sans mal ton regard d'elle pour profiter du spectacle qui se dessine sous vos yeux ébahis. Jamais auparavant tu n'avais pris le temps de te poser quelque part pour simplement en admirer la beauté. Le travail, le travail, toujours le travail. Et le tien, en l'occurence, a toujours été particulièrement difficile. Une vie entière dévouée à la guerre, qu'importe sa nature. Alors ces aurores boréales qui illuminent le ciel et étendent un voile d'enchantement au-dessus de vos têtes, pourraient presque te donner les larmes aux yeux. La simplicité de la vie. La simplicité de la nature. Toutes ces choses que tu apprends à connaître à ses côtés. Pas un pour relever l'autre, finalement, quand il s'agit de lâcher de prise et de vivre normalement. Alors c'est ensemble que vous faites l'apprentissage d'une existence paisible. Ces quelques moments, rares mais précieux, qui vous donnent l'impression d'être tout ce qu'il y a de plus normal. C'est le baiser de Rosalie qui te tire finalement de tes pensées et de ta contemplation nocturne, quand ses lèvres s’agrippent aux tiennes avec une envie qu'elle ne cherche pas à dissimuler. Un désir que tu lui rends aisément, acceptant de la relâcher simplement pour mieux la récupérer. Malgré la fatigue, il y a définitivement des choses pour lesquelles tu ne manqueras jamais d'énergie. « Des regrets ? » Tu répètes ses mots, un peu surpris par sa question. Peut-elle seulement avoir un doute, quand contre toi, elle sent ton cœur battre sous ses doigts ? C'est vrai que tu es un homme d'action, toujours au combat qu'importe les risques, mais tu restes quelqu'un de réfléchi. Tu as mené des soldats à la guerre, ils t'ont confié leur vie, et c'était ton devoir de faire en sorte que tous en réchappent. Et l'on n'y parvient pas en prenant des décisions hâtives. Quand tu décides de quelque chose, tu en es sûr à cent pourcent. Qu'il s'agisse de stratégies militaires ou d'amour. « C'est probablement l'une des meilleures décisions de ma vie. » Tu souris, avant de laisser échapper un léger rire, conscient que même si tu as toujours cherché à bien faire, parfois il y a des facteurs que l'on ne peut pas prendre en compte et qui viennent fausser la donne. Ce n'est pas le cas avec ta relation avec Rosalie. Bien sûr, ce n'est pas facile tous les jours, mais il y a malgré tout la certitude d'être exactement là où tu es censé être, et avec celle qui t'est destinée. Il y a toujours eu cette notion étrange de futur déjà écrit entre vous, même si tu as du mal à l'accepter au début, en bon homme terre à terre que tu as été. Mais quand on partage la vie d'une Homo Magi, et bien, les perspectives finissent par changer. « Maintenant je sais que je ne serai plus jamais perdu. » Parce qu'elle sera toujours là pour te retrouver, si jamais tu venais à te tromper de chemin. Et c'est à la fois beau et déroutant. « Pourquoi, tu regrettes toi ? » C'est une question taquine, simplement pour la mettre face à l'évidence de la réponse. Vous en avez tellement affronté au cours de l'univers alterné que c'est un soulagement aujourd’hui d'avoir cette rune gravé sur ta peau. « Peut-être qu'on devrait rajouter un nom et un numéro de téléphone, tu sais, pour être certain. » Quoi, tu es d'humeur joueuse, c'est l'effet qu'elle a sur toi ce soir, quand la seule chose à laquelle tu dois penser, c'est comment profiter pleinement d'elle sans réveiller Sasha tout à l'heure. Des problèmes mineures, que tu aimerais vraiment avoir plus souvent. Mais finalement, la rareté de ces moments les rendent d'autant plus importants. Et te font réaliser à quel point tu aimes les deux femmes qui partagent ta vie.

AVENGEDINCHAINS

Si Lucian lui avait posé la même question, Rosie l'aurait trouvée ridicule. Pire, elle se serait même offusquée qu'il puisse penser qu'elle regrette d'avoir uni son âme à la sienne. Mais voilà, elle manque encore cruellement de confiance en elle et ne peut s'empêcher de se demander s'il n'éprouve pas quelques réserves à propos de connexion si particulière. Lucian est un homme cartésien, le genre de personne qui applique les tactiques militaires à la vie de tous les jours, consciemment ou non. Avant de la rencontrer, la magie n'était pour lui qu'un concept imaginaire et rien de plus. Et trois ans plus tard, le voilà lié à la dernière des descendantes des sorcières de Scandinavie, habitée par des dieux plus vieux que le monde et capables de choses qui dépassent l'entendement. Comment, même après des années, ne pas être dérouté par tout cela ? Du bout des doigts, Rosie effleure doucement la cicatrice aux traits précis et sourit quand Lucian lui affirme que cette union magique est l'une des meilleures décisions qu'il ait jamais prises. « Je te retrouverai toujours. » Dans ce monde ou dans n'importe quel autre, dans la vie comme dans la mort. Rosie s'efforce une fois de plus de dissimuler la tristesse qui lui serre le cœur ; de ne pas penser à l'inévitable drame qui approche et va les séparer pour plusieurs décennies. « La seule chose que je regrette, c'est de ne pas l'avoir fait plus tôt. » Cela leur aurait évité d'être séparés dans cette autre réalité, cela leur aurait épargné bien des maux. Ce terrible monde aura au moins au le mérite de les aider à apprendre de leurs erreurs, en plus de leur faire réaliser l'ampleur de leurs sentiments. Rosie rit doucement à son absurde proposition et lui répond sur un ton faussement sérieux. « Si vous trouvez Lucian Thorne seul et égaré, merci de le retourner à Rosalie Rosewood, vous pouvez la contacter au 454-027-191 et à l'adresse suivante... » Elle éclate de rire avant de pouvoir terminer sa phrase et enfouit son visage contre le cou de Lucian, pour ne pas risquer de réveiller Sasha en faisant trop de bruit. Pendant un moment elle ne bouge pas, elle reste silencieuse et quasi immobile dans les bras de sa moitié. Elle ferme les yeux – tant pis pour les aurores boréales – et inspire à fond, comme si elle souhaitait s'imprégner de son odeur, de sa chaleur, de tout son être. Il n'y a qu'avec lui qu'elle se sente en sécurité, protégée de tout et de tous. S'ils avaient été les personnages d'un conte de fées, elle aurait été la demoiselle en détresse et lui le chevalier servant, c'est cliché mais aussi représentatif de leur relation. Lucian est un protecteur, il l'a toujours été, c'est dans sa nature. Rosie finit par se redresser lentement, toujours en faisant en sorte de rester le plus possible contre lui. Ses iris verts brillent d'une détermination nouvelle, et malgré les battements nerveux de son cœur elle laisse ses pensées s'exprimer à voix haute. « Épouse-moi. » Elle s'empresse de poser un doigt sur les lèvres de Lucian ; s'il dit le moindre mot avant qu'elle ait terminé, elle craint de perdre le peu de courage qu'elle est parvenue à rassembler. « Je ne veux pas de mariage. Je ne veux pas de cérémonie. Je ne veux pas non plus d'une belle robe, d'une bague hors de prix, d'une pièce-montée ou d'invités... Je veux juste... » Rosie secoue la tête quand elle se sent rougir, même sous la lumière douce des étoiles elle doit être aussi rouge qu'une pivoine. Mais elle refuse de perdre son assurance alors elle reprend une profonde inspiration. « Je me moque de toutes ces choses... Tout ce que je veux, c'est toi. Nous. Peut-être que ça n'a aucun sens, peut-être que c'est ridicule, mais après tout ce que nous avons vécu... Et ça. » Elle presse une paume à plat contre son cœur. Le sien lui semble être sur le point d'exploser. Elle n'a pas besoin de lui rappeler à quel point la magie qui les lie est forte, à la limite de l'indestructible. C'est une union parfaite... Et qui n'a pas de nom, dont la symbolique échappe à tous les concepts humains anciens et modernes. C'est leur secret, une chose que personne d'autre qu'eux ne peut comprendre et ressentir. Mais Rosie, qui n'est pourtant pas du genre à aimer étaler sa vie privée en public, veut que le monde entier sache ce qu'ils sont l'un pour l'autre, avant que... « Je veux juste être ta femme. Montrer à tous que je n'appartiens qu'à toi. Je t'aime. C'est tout. »

Epouse-moi. Deux mots à la portée inimaginable, deux mots qui peuvent changer toute une vie. Et Rosalie les prononce presque simplement, avec une spontanéité déroutante. Son doigt sur tes lèvres, tu n'aurais de toute façon rien pu dire de cohérent là tout de suite, bien trop secoué par cette demande inattendue qui te prend totalement de court. Y a ton cœur qui s'emballe, ta tête qui surchauffe, et tu ne sais même plus où tu te trouves, alors que tu essayes difficilement de mesurer ce qui est en train de se passer. Elle vient de te demander en mariage. Comme ça. Dans ce jacuzzi au milieu de nulle part. Même si c'était une possibilité d'avenir entre vous, c'est néanmoins quelque chose dont vous n'avez jamais vraiment parlé auparavant. Parce que pour toi, t'occuper d'une petite fille et assurer ton travail chez A.R.G.U.S étaient déjà assez prenant, et tu n'imaginais pas rajouter un mariage à ta liste énorme de choses à gérer. Non pas que ce soit une corvée, loin de là, simplement que ta stabilité n'était pas encore acquise. Bien sûr que t'es heureux avec elles, bien sûr que tu ne retrouverais ta vie de soldat pour rien au monde, mais on n'oublie pas pour autant les traumatismes du passé, et les conséquences d'une existence complètement chamboulée. Te marier n'a jamais était une priorité, que ce soit avant ou après Rosalie. Pour toi, l'amour n'a pas à forcément être synonyme de contrat, et il peut s'exprimer et se prouver d'un millier d'autres façons quotidiennement. Tu ignorais jusqu'à présent l'avis de ta compagne sur la question, mais maintenant il n'y a plus de doute possible : elle semble tenir à cette union sacrée. Ce qui par conséquent, rend ta future réponse extrêmement importante pour elle. Tu la laisses cependant finir avant de te prononcer. Pas de cérémonie ? Voilà qui te rassure un peu. Parce que ce ne serait pas vous. Tu n'es pas quelqu'un qui a besoin d'être entouré d'une centaine de personnes pour faire d'eux les témoins de votre amour. Tu n'as plus vraiment de famille. Pas beaucoup d'amis. Personne que tu aimerais réellement avoir à tes côtés pour célébrer ta relation avec Rosalie. Mais vous êtes visiblement sur la même longueur d'onde, et tu commences à comprendre pourquoi elle s'est lancée ce soir. Ce n'est pas une question de mariage. Elle est aussi peu intéressée que toi par le côté protocolaire de la chose. Mais c'est simplement un autre moyen de sceller ce qui vous unit depuis que vous vous êtes rencontrés. Et ça, tu l'approuves totalement. Tu es prêt à lui offrir cette nouvelle preuve d'amour, si cette preuve ne regarde que vous. Rien de tape-à-l'oeil, rien de faramineux, quelque chose de très simple et à l'encontre des institutions. Parce que l'inverse ne vous ressemblerait pas. Et si tu dois franchir cette étape, tu veux le faire en restant entièrement fidèle à ce que tu es et à ce que vous êtes. Quand elle termine, tu viens glisser ta main sur ta joue pour la rassurer, un fin sourire aux lèvres. Tu sais que ça exige du courage de se lancer dans une telle demande, sans avoir la certitude absolue que l'autre acceptera. Et tu ne vas être ni plus ni moins qu'entièrement sincère avec elle. Parce que s'il est difficile d'être initiatrice, la réponse ne doit pas non plus être prise à la légère. « Tu sais que le mariage n'a jamais été une priorité absolue pour moi. Quand j'avais parfois l'audace d'imaginer mon avenir, pas une seule fois je ne me suis vu marié. Je suis un homme qui s'est construit tout seul, qui s'est émancipé autant qu'il le pouvait, et lier ma vie à quelqu'un n'était pas quelque chose d'essentiel à mon épanouissement personnel. » A tort ou à raison. Plus à tort, d'ailleurs, puisque désormais tu ne parviens plus à imaginer ta vie sans Rosalie à tes côtés. Elle est venue et elle a tout chamboulé, y compris des principes ancrés en toi depuis bien longtemps. Tu étais renfermé, presque en retrait quand il ne s'agissait pas de ton travail. Mais maintenant, tu es devenu responsable de deux filles merveilleuses, et c'est probablement là le meilleur rôle que tu as eu à endosser. « Je ne veux pas non plus de cérémonie ou d'une succession de banalités protocolaires. » Et là-dessus, vous êtes parfaitement en accord. Vous n'avez jamais été de ceux qui font comme les autres. « Mais oui, je veux bien t'épouser. » Voilà la réponse tant attendue. Celle qu'elle redoutait peut-être, après s'être livrée dans une nouvelle touchante confession. Comment pourrais-tu ne pas lui rendre tout cet amour ? A votre façon. Comme vous le faites depuis toujours. « Je t'aime, et si t'unir officiellement à moi peut te rendre d'autant plus heureuse, alors ça me rend heureux aussi. » Tu t'approches d'elle pour t'emparer de ses lèvres et lui offrir un baiser bref mais assez appuyé pour que vous en profitiez quelques précieuses secondes. « Vous m'aurez fait tout faire, mademoiselle Rosewood. » Sans présomption aucune qu'elle ne prenne ton nom par la suite. Mais pour l'heure, vous voilà déjà fiancés.    

AVENGEDINCHAINS

Un jour, qui arrivera malheureusement bien trop vite, Lucian comprendra pourquoi Rosie est pressée de tout faire. Pressée d'accumuler les preuves d'amour. Certains ont peur d'aimer, mais elle a peur de ne pas aimer assez. Est-ce qu'elle en demande trop ? Est-ce qu'elle en fait trop ? Est-ce qu'elle ne le bouscule pas sans le vouloir, trop consciente que les jours sont comptés alors qu'il n'imagine pas une seule seconde ce qui les attend ? Rosie ne veut pas risquer de paraître impatiente, et pourtant c'est exactement ce qu'elle est. Mais comment justifier son attitude sans tout lui avouer ? Excuse-moi d'être si pressée, mais l'un d'entre nous va bientôt mourir alors je ne veux pas perdre de temps. Sa gorge et son cœur se serrent, et la culpabilité prend le pas sur les autres émotions. Elle n'en peut plus de garder ce terrible secret, elle n'en peut plus d'être hypocrite bien malgré elle. Elle voulait bien faire et protéger Lucian de la vérité, mais en fin de compte elle n'a fait que s'empêtrer dans le mensonge. Et à chaque fois que Rosie songe à tout lui avouer, elle est incapable de le faire. Ce n'est pas qu'elle veuille absolument continuer à lui mentir, bien au contraire, c'est juste... C'est juste qu'elle ne veut pas gâcher les derniers moments qu'il leur reste. Et surtout, elle refuse de l'entendre essayer de la convaincre de ne pas échanger leurs places. Sa décision est prise depuis trop longtemps. Quand il pose sa main sur sa joue pour la rassurer, elle la retient pour faire durer la moindre marque d'affection le plus longtemps possible. Elle comprend ce qu'il essaie de lui dire, et cela la rend d'autant plus triste. Pas parce qu'il n'avait jamais envisagé la possibilité de se marier jusque là, mais parce qu'il a été et reste terriblement seul malgré l'existence d'une famille qui aurait pu – et dû – lui apporter un soutien indéfectible quoi qu'il décide de faire. Mais ce sont eux les perdants, eux qui passent à côté d'un homme merveilleux. « Combien de fois vais-je devoir te le dire, Lucian ? Tu n'es pas seul, tu n'es plus seul. » Elle se retient de lui d'ajouter qu'il ne le sera plus jamais. Mais pour le moment elle est là, et la réponse à sa question ne changera rien aux sentiments qu'elle ressent pour lui. Elle prend son visage entre ses mains, pleine de tendresse. « Je suis là, maintenant. Tu as été obligé de te construire seul, tu as été obligé de t'émanciper pour fuir une famille qui ne voulait pas respecter tes choix... Mais tu n'es plus obligé de continuer à te persuader que tu es le seul à pouvoir et à devoir porter le monde sur ses épaules. Je suis là, mon amour, je suis là. » C'est une erreur de croire que dépendre de quelqu'un est une preuve de faiblesse. Rosie assume parfaitement avoir besoin de Lucian, n'en déplaisent à ceux qui estiment que cela fait d'elle quelqu'un de fragile. Elle n'a jamais été aussi forte que depuis qu'elle a fait sa rencontre ; sans lui elle n'aurait jamais osé assumer sa nature. « La seule chose que je veux, c'est toi. Je me moque du reste. Je ne veux que toi. » Aller à la mairie pour signer des papiers qui officialiseraient leur union lui conviendrait très bien et ferait d'elle une femme comblée. Elle l'a dit, et elle le redira autant de fois qu'il voudra l'entendre, elle se moque des cérémonies et des traditions. Elle veut juste devenir sa femme. Et puisqu'il le veut lui aussi, Rosie est véritablement plus heureuse que jamais. Elle sourit comme une idiote contre ses lèvres quand il l'embrasse et quand il s'écarte après quelques secondes, il sera sans doute persuadé que ce ne sont que des larmes de joie qui roulent sur ses joues. « Je t'aime. » Beaucoup, passionnément, à la folie. « Profite de mon nom tant que tu le peux encore, je vais bientôt te voler le tien. » Elle n'est pas certaine d'en avoir un jour l'occasion, mais elle pourra se contenter d'en rêver. Rosalie Thorne. Au revoir Rosewood, ce nom qui l'aura accompagnée pendant des années et des années de malheur. Oh, si seulement... « Est-ce que mon fiancé veut bien me montrer notre chambre, maintenant... ? » Beaucoup, passionnément, à en mourir.