La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara
La respiration lourde, voire presque saccadée, le cœur battant comme s’il devait se libérer de ma poitrine, c’est l’esprit terrifié que je me redresse sur mon lit dans un gémissement d’horreur, les yeux illuminés de cette lueur thermique. Et c’est à l’aide du miroir de l’armoire en face de mon lit que je me rends alors compte de ce visage marqué par la peine et la haine, une douleur qui grave sur mon visage l’expression du désespoir. Alors que ma respiration se calme, la lueur thermique disparaît pour de nouveau laisser place au bleuté de mes iris. Je me lève dans une frustration qui me colle à la poitrine, un sentiment désagréable que je ne cherche pas à apprivoiser, car je n'ai aucune volonté de la dompter. Après avoir constaté sur le réveil qu’il était à peine trois heures du matin, je me dirige vers la salle de bain pour me rafraîchir le visage, faisant couler l’eau au passage pour prendre un petit bain sans aucun doute vivifiant. Je n’avais plus le courage de me rendormir, surtout si c’était pour refaire encore ce rêve, toujours le même qui hante mes nuits sans relâche. J’y vois de nouveau Diana, Bruce et Clark se sacrifier pour protéger le monde de Darkseid. Je me vois encore à leur côté, complètement inutile, vaincu par mon inexpérience. L’image de Kal-L, ce cousin qui fut un père, me sauvant au détriment de sa propre vie à de quoi provoquer en moi, une intense colère envers moi-même. Même si je suis incapable de l’avouer ouvertement, intérieurement, je me sens responsable pour sa mort, comme celle de Diana et Bruce. Cette frustration est bien réelle, elle m’habite dans cet abîme ardent quelque part dans un coin de mon cœur. Je remarque que trop tard le lavabo écrasé sous mes mains, un soupire, lasse s’échappe de mes lèvres alors que je me détourne de ce dernier pour me dévêtir et rentrer dans mon bain. Je nettoierais quand j’aurais un peu moins la flemme.
Je reste un moment silencieuse une fois dans l’eau, dont la température est la plus chaude possible. Les yeux fixant le plafond, un léger vice travers mon esprit et qui me pousse à utiliser à la vision X pour observer les appartements au-dessus du mien. Je n’ai pas de réellement intérêt ou fantasme à observer les voisins dormir. Mais fixer quelque chose est un bon moyen d’encombrer mes pensées, un bon moyen de songer à autre chose ou de ne penser à rien. Pourtant, au bout d’un moment, je repense au fait que j’ai été si proche de Diana, de Bruce et de Clark au point de pourvoir même les toucher de nouveau… Je me demande si j’ai bien fait de m’enfuir comme je les fais après les derniers événements. On peut largement parler de fuite, oui, car il va s’en dire que j’ai eu peur de faire face à ceux que j’ai perdu dans mon monde. Il y a quelque chose d’angoissant que d’affronter le regard des personnes qui m’ont presque pratiquement élevé. Oui. Le Clark de cet univers n’est pas l’homme qui décida de devenir mon père pour mon bien-être, ce Clark là ignore qui je suis et c’est ce qui me terrifie : le fait de voir dans ses yeux l’étrangère que je suis pour lui. J’ai donc fui avant de lui donner l’opportunité de savoir qui je suis, me cachant sous mes traits civils alors que je continue à l’observer agir pour la sécurité de Metropolis, voire du monde. Je sais qu’il me cherche, c’est pourquoi je m’efforce de ne pas intervenir, car de toute évidence, je sais l’homme d’acier en chemin pour agir avant que je le fasse.
Le réveil sonne depuis ma chambre, ce qui me fait sursauter dans la baignoire. L’eau devenue froide, je réalise alors que je me suis endormie dans l’eau depuis plusieurs heures. Cette fois pas de cauchemar, peut-être parce que je n'ai pas eu le temps de plonger dans un sommeil profond. Peu importe, je sors de l’eau, attrapant une serviette au passage que j’enroule autour du corps. Mon regard posé sur le lavabo, je soupire à nouveau rien qu’à l’idée que je vais sérieusement me faire sermonner par le gardien. Aujourd’hui, je suis de l’ouverture du restaurant, je dois y être pour sept heures, il est six heures trente du matin. Quelques secondes suffisent pour être prête à aller au taf : fausse lunette de vue sur le nez et perruque brune sur la tête… Passant par les ruelles afin de passer le plus possible inaperçu, je cours en direction de mon lieu de travail à l’aide la krypto-speed comme je l’appelle… Oui, parce que super-vitesse, c’est quand même une appellation qui fait assez ringard et banal à côté de Speedforce, je trouve. Début de journée tranquille, passage obligatoire à la serpillière, au chiffon, jusqu’à l’arrivée des premiers clients matinaux, ceux dont le café est obligatoire pour bien débuter une journée. Les heures défilent et les premiers vrais clients débarquent en masse pour leur déjeuner, il est midi, l’heure de reprendre des forces pour certains, tandis que la lassitude s’installe pour d’autres. Je fais d'ailleurs partie de ceux qui commencent à regard leur montrer à l'approche de leur pause d'une heure.
Il y a un sursaut général à l’entente d’un bruit fracassant entre plusieurs véhicules en face du magasin. Immédiatement, les curieux se collent aux vitres du fast food pour voir les dégâts de la situation. Je m’approche des vitres et je constate qu’une voiture s'est encastrée à l’arrière d’une semi-remorque transportant un produit chimique au vu de l’odeur qui s’en dégageait. Et vue la position de la voiture, ainsi que sa déformation, la famille à l’intérieur devront attendre les secours pour pouvoir être libérée. « Superman va certainement intervenir, ce serait trop cool de le voir de si près. » Annonce une collègue. « Vous croyez, ce n’est pas si grave pour qu'il vienne, si ? » Intervient cette fois un des clients, il rajoute immédiatement. « Ce n’est pas comme si la voiture allait exploser comme dans un film. Mais j’espère qu’ils vont bien à l’intérieur, le choc a dû être brutal. » Je restais là à écouter et observer, mais une crampe au ventre grandissait alors que l’odeur chimique que je sentais, semblait s’accroître dans l’air. Dans un réflexe qui n’arrive pas assez vite, j’utilise de la vision télescopique qui me permet d’observer alors le trou où fuit un liquide marron. « Merde. » Dis-je sortant du restaurant par l'arrière, enlevant ma perruque, mes lunettes, ainsi que ma tenue de travail. Puis je fonce vers la voiture même si je suis habillée en civil. Pas le temps de rentrer enfiler ma cape, ni même le temps d'attendre sur les secours ou superman. En effet, si mes inquiétudes sont fondées, l’odeur qui se dégage de ce liquide provient de sa vapeur et je pense qu'il est dangereux à inhaler pour un humain. Arrivée à la voiture, je constate que la famille à l’intérieur est effectivement inconsciente. Je ne repère aucune blessure ou fracture. Toutefois, chacun d’eux saigne du nez. Je soulève l’arrière de la remorque que j’éloigne du véhicule sans tentant de reboucher le trou. Le liquide peut être inflammable, mieux valait éviter la vision thermique. Toutefois, je n'hésite pas à renverser la remorque sur le côté pour interrompre la fuite, et ce, devant des regards ébahis des spectateurs passifs. Ma chevelure blonde cachant le plus possible mon visage des smartphones braqué dans ma direction. Je reviens vers la voiture pour arracher la portière coincée et libérer la famille.
Via la vision X, je perçois de multiples hémorragies dans leurs poumons et une inflammation au niveau de leurs trachées… C’est beaucoup moins graves chez les parents que chez les enfants ceci dit. « Tenez bon, les secours arrivent. » M’exprimais-je… Me voilà bien idiote. Je devrais les transporter vers un hôpital, seulement, je pourrais aggraver leur état de santé en les déplaçant sur une trop longue distance. Les éloigner de la voiture et de la semi-remorque est tout ce que je peux faire pour le moment.
CLARK KENT & KAREN STARR (METROPOLIS - FEVRIER 2019)
« La terre appelle Clark Kent. Smallville.. ohoh..tu m'écoutes ? » j'étais partis dans mes pensées, je n'écoutais même plus ce que me disais Lois. A vrai dire je repensais à ce qu'il s'est passé il y a a peine quelques jours, à Washington. « Mmm.. tu disais Lois ? » disais-je tournant mon regard vers elle, remontant mes lunettes sur mon nez. « Affabulateur.. un f ou deux f ?.. » je souriais, baissant ma tête à peine une seconde avant de la relever et de regarder Lois à nouveau. « Deux f Lois. Deux f... » elle me remerciait corrigeant la faute sur son brouillon. Quand a moi, je n'avais pas avancé d'une lettre sur mon article à rédiger, j'étais ailleurs oui, perturbé par ce qu'il s'était passé. Autant par ce que nous avions découverts avec la Ligue que par cette apparition soudaine, cette femme portant la cape, sauvant des vies, terrassant des paras-démons et il a fallut juste que nos regards se croisent, pour qu'elle s'éloigne dans les cieux, comme si elle fuyait. Étais-ce moi ? Étais-ce la tournure des événements ? Je n'en savais rien à vrai dire mais j'ai cru reconnaître un visage familier, pour être exact j'ai cru voir Kara mais non, elle me remplaçait à Metropolis ce jour-là, ça ne pouvait être elle. « Qu'est-ce qui t'arrives Clark ? Quelque chose ne va pas ? Tu veux en parler ? » me demandait Lois, en la regardant je voyais bien qu'elle s'inquiétait pour moi. Après tout elle avait raison, depuis bien des années nous n'étions plus de simples collègues, nous étions amis et les amis s'inquiètent non ? « Non ça va Lois.. merci de t'inquiéter mais ca va. » lui dis-je sourire léger au coin des lèvres. « Bon ok Smallville. Je sais que ça va pas alors on va déjeuner ensemble et tu va me dire ce que t'as. Et c'est un ordre. » affirmait-elle se levant de son siège, enfilant sa veste et prenant son sac à main. Lois Lane ne lâche jamais, j'ai toujours pensé que mon père était la personne la plus têtue sur cette planète, et j'ai vite réalisé qu'il était battu par Lois à plat de couture. Je me levais donc à mon tour, prenant ma veste, réajustant mes lunettes sur mon nez et je quittais le Planet en compagnie de Lois.
« ... Et là le mec me dit "Non ma belle. Je vous le répètes, vous ne pouvez-pas rentrer. C'est interdit aux femmes." non mais t'y crois toi sérieusement ? Tout ça parce que je suis une femme.. je collerai bien un procès à ce type je te jure !.. » je n'entendais que des murmures venant de Lois qui me racontait sa dernière mésaventure, j'avais le regard ailleurs, sur l'extérieur du restaurant à vrai dire, parce que je pensais à autre chose. « Continue à avoir la tête ailleurs et je te colle à toi aussi un procès Smallville ! » me sortait-elle, je reposais mes yeux vers elle, elle avait l'air sérieuse, ça faisait presque peur. « Désolé. C'est vraiment pas ma journée je crois. » dis-je en rigolant légèrement alors qu'un bruit fracassant à l’extérieur du restaurant m’interpelle. Moi, Lois et comme tous ceux présents dans ce fast-food -oui Lois avait envie d'un burger-, nos regards sont fixés vers la vitrine, je peux voir un accident, une voiture encastrée à l'arrière d'un camion. La plupart des clients et du personnel se sont rués vers la devanture de la vitrine et Lois m'a embarqué, nous sommes parmi la foule rassemblée, son portable en main en train de filmer. « Merde alors ! Je crois qu'il y a une famille dans la voiture et le chauffeur du poids lourd semble inconscient ! » s'exprima Lois « Clark faut app-- mais où est t-il passé encore ? » oui je n'étais déjà plus là. J'avais filé à l'arrière du restaurant, me débarassant de mes vêtements de civil et de mes lunettes pour arborer la tenue de l'homme d'acier. Mais alors que je m'envole dans la ruelle, alors que je passe le toit du restaurant, depuis le ciel je peux voir que quelqu'un était déjà sur place.
Une blonde, les cheveux détachés, portant jean et chemisier, éloignant la semi-remorque du camion de la voiture comme si ce n'était qu'un simple carton à renverser. Et elle arrache la portière de la voiture d'une main, d'un geste, secourant la famille inconsciente. Est-ce elle ? Est-ce celle a qui je n'arrête pas de penser ? Celle qui était là à Washington et qui a prit la fuite ? J'en suis sûr, persuadé. J'utilise ma vision télescopique et X pour constater les dégâts et il n'y a pas de temps à perdre. Un vrombissement se fait entendre dans l'air, les regards se portent vers le ciel, à l'origine de ce bruit vers le toit du restaurant mais personne. Je ne suis déjà plus là oui, je suis déjà à l’hôpital où je vois trois ambulanciers grimper dans une ambulance, surement répondant à l'appel du central concernant l'accident et je ne perds pas de temps. « Bonjour messieurs. Il n'y a pas de temps à perdre. Je ferai office de taxi. » et sur ces mots, l'ambulance s'envole, je la tiens fermement et en à peine quelques minutes d'écoulé, j'arrive de nouveau sur le lieu de l'accident. Les regards sont braqués sur moi, des doigts me pointant, j'entends mon nom et j’atterris tout prêt, déposant l'ambulance « Voilà messieurs. Plusieurs hémorragies aux poumons et inflammations de la trachée. Je vous laisse faire. » disais-je m'étant adressé aux ambulanciers qui s'activaient à prendre leur matériel et à aller secourir la famille. « Ils vont prendre le relais. C'est à eux de jouer maintenant. Tu t'es très bien débrouillée Merci. » dis-je à cette blonde après m'être dirigé vers elle. « C'est toi qui était à Washington non ? Pourquoi avoir pris la fuite en me voyant ? » la questionnais-je, et je voyais cette foule, leur téléphone braqués sur nous, peut-être devrions nous trouver un endroit à l'écart, tranquille, pour discuter, pour que je comprenne ce qu'il se passe. « Trouvons un toit tranquille pour parler... enfin si tu acceptes. » dis-je m'envolant légèrement, lui souriant malgré la situation qui devait la laisser perplexe.
La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara
Je ne me suis pas rendu compte de sa présence, après tout, ici, il est si jeune. Mon cousin, mon père adoptif, qu’était Kal-L, avait les cheveux gris et quelques rides. Pourtant, le regard levé vers cette traînée blanche s’échappant dans une direction à l’opposée de l’incident, semble comme indiquer qu’il était là. Aurait-il été aussi rapide à venir sur les lieux ? Même s’il est vrai qu’un mâle kryptonien est plus fort, j’ai toujours battu mon cousin au niveau de la vitesse où j'excelle. Il devait donc être déjà sur place en tant que civil et pourtant, je ne l’ai même pas remarqué. Mais je n’ai guère le temps de me préoccuper de mon inattention, je mets les victimes de l’accident en position de PLS afin d’alléger le fardeau de leurs blessures internes. J’espérais retarder l’éventuelle possibilité qu’ils se noient dans leur propre sang. Superman se manifeste quelques minutes plus tard dans sa grande efficacité et originalité, portant l'ambulance. Grâce à lui, la famille a gagné de précieuses minutes. Qui sait comment le trafique aurait pu retarder le véhicule de l'ambulance sur le trajet. Je m’écarte légèrement à l’arrivée des expertes, malgré tout un peu soucieuse de l’état des enfants. Je ne pouvais m’empêcher d’être inquiète, leur fragilité étant bien plus conséquente que celle de leur parents, déjà physique plus robuste. Mon regard se porte naturellement vers Kal-L, j’ignore si ici, c’est son nom. D'ailleurs, est-ce qu’il se nomme Clark comme mon père ? Toutes ces choses que je devrais savoir sont désormais remises en question, puisque tout est différent ou presque tout. Lorsqu’il s’adresse à moi, je sais que cette fois, je ne peux pas fuir, cela ne pouvait de toute façon pas devenir une éternelle course vers l'inconnu. Et puis qu’elle intérêt y a-t-il de fuir sans trouver de destination finale ? J’acquiesce simplement de la tête avec un sourire discret, évasif, presque timide. Puis il me demande si c’est moi qui était à Washington et pourquoi j’ai fui. « C’est… C’est compliqué. » Avais-je répondu détournant mon regard pour éviter les caméras des smartphones.
Même si j’avais enlevé ma perruque et mes lunettes, je n’avais pas la tenue adéquate pour me laisser prendre en photo. Une personne attentive pourrait très bien minutieusement étudier en détails mes vêtements et faire son enquête pour mettre la main sur mon identité civile. C’est d’ailleurs pourquoi je n’hésite pas une seconde à m’élever dans les airs à mon tour lorsque Superman m’invite à le suivre. D’ailleurs, si Clark était là en civil bien avant l’accident, c’est peut-être le cas de la présence de ‘’mère’’. Dans mon monde, Loïs est vachement douée pour trouver des choses contraignantes ce qui lui a valu plusieurs fois le Prix Pulitzer en tant que journaliste. Je ne doute pas que si la Loïs de cet univers est présente ici, elle saurait largement tirée partie des photos qu’elle aurait prises. Je préfère prendre aucun risque, bien que voir une femme semblant avoir des capacités similaires – pour le peu que j’ai montré – à Superman et en plus la voir s’envoler à ses côtés risque d’attirer sur moi la passion de ces curieux de journalistes que je le veuille ou non. Une fois sur un toit, un peu plus éloignée de l’agitation, me retrouvant seul avec Superman, je me rends compte que je n’arrive pas à trouver les mots. La dernière fois où j’ai eu un tel instant avec lui, c’était peu avant que Darkseid attaque la Terre dans mon univers, avant qu’il meurt sous mes yeux. Rien qu’on y repense mon cœur s’emballe et je sens les larmes se frayer un chemin vers mes yeux. Pourtant, il est hors de question de pleurer, me retournant pour contempler depuis notre position les médecins faire leur travail, le geste me permet de recentrer mon esprit sur la raison, plutôt que la passion. « Pourquoi j’ai fui, n’est-ce pas ? Je dirai que la raison est simplement parce que je ne suis pas une personne très sociale. Je ne suis pas prête à ce que le monde reconnaisse mon existence. Agir dans l’ombre des autres est plus facile que sous les projecteurs. Le fardeau est moins imposant. » C’est une vérité que je lui offre, mais pas la vérité exacte. Il est vrai que depuis que j’ai été arrachée à mon univers, j’évite de me sociabiliser le plus possible, car persuadée qu’un jour, je repartirais dans ma réalité et qu’il n’était pas nécessaire de me créer des liens solides… Et puis quand viendra le moment de couper ses liens, je serai la première à en souffrir, je le sais. Cependant, dans la vérité la plus exacte, je ne pouvais simplement pas regarder en face Kal-L à Washington, comme je ne le peux guère en cet instant.
Suis-je crédible pour autant dans la réponse que je lui ai donné ? Probablement, bien que lorsqu’on me connaît parfaitement, on vous répondra que je ne le suis pas. On vous répondra que c’est ma manière de fuir la conversation. Loïs a toujours su discerner ce moment où je répondais par une vérité, mais pas celle qui me préoccupait réellement. Clark un peu moins, mais il pouvait s’appuyait sur sa partenaire pour me délier la langue. Comment celui en face de moi allait s’y prendre pour me donner le courage de dire la vérité, lui qui ne sait rien de mon identité ou de mes origines, ou encore du lien qui nous unit ?
CLARK KENT & KAREN STARR (METROPOLIS - FEVRIER 2019)
Est-ce le destin qui a voulu que je la retrouve à ce moment précis ou est-ce alors un simple hasard ? Je n'en savais rien mais il ne fallait pas que je laisse cette occasion s'échapper. Je pouvais trouver les réponses à mes questions auprès d'elle alors pas question de la laisser s'envoler et fuir comme elle l'a fait à Washington. Arrivée la première sur le lieu de l'accident, je l'ai laissé faire, la laisser secourir cette famille pendant que je volais vers l’hôpital. Il n'y avait pas de temps à perdre alors j’atterrissais de nouveau près de l'accident en déposant une ambulance, je briefais les secours sur les dégâts que j'ai pu constater et c'est à eux de faire le reste. Et bizarrement mon cœur s'accélère alors que je me rapproche de cette jeune femme inconnue bien que son visage me semble si familier. Je la remercie pour ce qu'elle a fait et j'en viens surtout à lui poser des questions, savoir si c'était bien elle à Washington, savoir pourquoi a t-elle fuit. Et après un sourire timide, elle vient à ouvrir ses lèvres me regardant dans les yeux pour simplement me sortir que c'est compliqué. Je la voyais détourner le regard et baisser légèrement la tête, les flashs des portables nous harcelaient et elle n'hésita pas une seule seconde lorsque je lui proposais de discuter loin de la foule, sur un toit. Un envol dans les airs et à peine cinq secondes plus tard nous voilà les pieds sur le toit juste à l'angle de la rue. La blonde inconnue marche jusqu'au rebord du toit, me faisant dos, scrutant visiblement la scène de l'accident où les secours prenaient en charge cette famille blessée. Puis elle vient s'exprimer, m'en dire plus sur la raison de sa présence et sa fuite à Washington. C'était bien elle, elle me le certifiait mais elle prétendait aussi que ce n'est que parce qu'elle est insociable qu'elle avait fuit et qu'agir dans l'ombre allège son fardeau. « Je te comprends sur ce fardeau à porter. J'ai agis dans l'ombre pendant des années, j'ai caché au reste du monde ce que j'étais, ce dont de quoi j'étais capable. Mais je ne te crois pas quand tu me dis que tu as fuis parce que tu n'es pas sociable. » je viens me rapprocher d'elle et viens alors ajouter « Depuis Washington je n'arrête pas de penser à toi... essayer de trouver le comment du pourquoi... tu ressembles tellement à ma cousine Kara.. mais tu sembles différente.. » lui disais-je, venant me mettre à côté d'elle sur le rebord du toit et baisser mon regard sur l'accident en bas.
« Tu es bien elle par vrai ? » lui dis-je certain de moi. Ça expliquerait pas mal de choses, le fait qu'elle me semble familière, le fait qu'en m'ayant vu elle est fuit et cela s'explique surement par le fait parce que cette Kara me connaisse et moi pas. « Tu m'as dis que c'était compliqué tout à l'heure. Aide moi à comprendre. » je me faisais peut-être une idée sur le comment du pourquoi mais je voulais l'entendre de ses lèvres. Qu'elle confirme mon hypothèse.
La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara
Une autre Kara, bien sûr… J’avais émis l’hypothèse que s’il existait une autre version de Kal-L, il devait exister une autre version de moi-même. Cependant, que ce soit dans la réalité modifiée par Bart ou bien cette réalité-ci, je n’ai jamais rencontré cette version. J’avais fini par oublié la possibilité qu’il me reconnaisse via l’image de cette autre Kara. J’imagine que tout comme ce Kal-L est différent du mien rien qu’en apparence, il doit y avoir physiquement une différence notable au niveau du physique entre cette autre Kara et moi, sinon il n’aurait pas eu de mal à m’associer à elle. Là, je peux encore sentir le doute, je peux sentir qu’il a besoin d’une confirmation. Pour autant, je ne peux pas jouer la carte du parent éloigné de cette Kara là, il est fort possible que son histoire diffère du mien. Si par exemple, je n’ai pas eu l’occasion de connaître la véritable Krypton autre que par un support virtuel, peut-être que cette Kara a grandi sur Krypton.
Du coup, que suis-je sensée dire ou faire ? Là non plus, il me semblait désormais inutile de continuer à cacher la vérité plus longtemps. Pourtant, c’est un sujet difficile à aborder, davantage pour moi-même que pour lui. Étant donné qu’il s’agit avant tout de mon traumatisme. Je soupire légèrement, décidé finalement à faire face à cette vérité. « J’ignorais qu’il y avait une Kara dans cet univers, l’ayant jamais croisé. Je devrais réellement songer à suivre un peu plus les médias. » Au moins j’aurais dû voir qu’il y avait plus d’un Kryponien sur Terre. Le ton de ma voix est plus décontracté bien que toujours neutre. Je fixe un moment Clark avant de m’asseoir sur le bord du toit tout en reportant mon attention sur les médecins. « J’ignore exactement si je suis en tout point elle, mais dans mon univers, je porte effectivement le nom de Kara Zor-L. » Je frotte mes mains délicatement, comme pour apaiser progressivement un sentiment d’anxiété grandissant.
« Ma venue dans ce monde n’est pas volontaire, ce sont les conséquences de la dernière bataille contre Darkseid qui m’ont arraché à mon univers. » Je cherchais à comprendre comment et pourquoi j’étais dans cette réalité et si j’avais un moyen de rentrer chez moi, quitte à vivre dans un monde de ruine. Ici, j’étais une anomalie, rien que l’idée de croiser cette autre version de moi-même a de quoi me retourner le ventre. Ma présence n’était pas normale… Oui. Même si j’ai perdu Diana et Clark dans mon monde, j’avais toujours là-bas Loïs, ma mère adoptive. Ici, elle ne me connaît même pas, je ne sais même pas quelles sont les relations entre Clark et elle. Ce genre de changement est juste trop bouleversant pour moi.
CLARK KENT & KAREN STARR (METROPOLIS - FEVRIER 2019)
Je dois avouer que dans ma tête tout se bouscule. Je me suis toujours cru le dernier survivant de Krypton, pendant longtemps puis un beau jour d'autres survivants arrivent. Zod et ses troupes, déclarant immédiatement leurs mauvaises intentions puis quelques années après, c'est Kara. 30 ans à errer dans l'espace sans même le savoir et qui débarque sur Terre un beau jour, j'étais si heureux de ne plus me savoir seul sur cette planète. Enfin je ne l'étais pas non mais j'avais quelqu'un comme moi, de Krypton, de ma famille biologique. Et puis il y a elle, cette jeune femme blonde troublante, me rappelant Kara. Pas trait pour trait physiquement mais dans le regard et c'est depuis que le doute s'est installé. Et aujourd'hui elle peut répondre à mes questions, aujourd'hui je peux enfin savoir la vérité. Envolés sur le toit juste à côté de l'accident, elle se confie enfin, du moins en partie. M'avouant que c'était bien elle que j'avais vu à Washington et avouant avoir voulu rester dans l'ombre, se faire discrète pour que le poids de son fardeau soit moins lourd. Je peux la comprendre, pendant longtemps j'ai agis comme elle, jusqu'à ce que j'apparaisse dans la lumière et que j'embrasse mon destin. Mais elle ne me dit pas tout, une vérité dissimulée rôde encore. Elle est perdue, perturbée, je dirais presque déboussolée mais je veux savoir la vérité. Me tenant à côté d'elle sur le rebord du toit, je lui fais part de mes hypothèses, qu'elle est Kara mais pas celle que je connais. Je veux qu'elle m'aide à comprendre. Et là, elle me sort qu'elle ignorait qu'il y avait une autre Kara dans cet univers. J'arque mes sourcils, surpris de ce qu'elle vient de me dire même si j'y avais pensé et s'asseyant sur le rebord du toit, les yeux toujours rivés sur les secours, elle continue. Kara Zor-L. Son nom. « Je.. je t'avoue que j'en viens a être aussi perturbé que toi. » lui confiais-je, décidant moi aussi de m'asseoir à ses côtés.
« Donc tu es bien ma cousine. Enfin.. son homonyme d'un autre univers si j'ai bien compris...» mes deux mains sont posées de part et d'autre de mes cuisses, sur la froideur de la brique. « Tu as dis que tu t'appelais Kara Zor-L mais la prononciation semble la même qu'ici. Tu l'écris comment ? » Différemment je supposais, il n'y avait pas que physiquement qu'elle se différenciait de ma Kara. Elle m'avouait ensuite que sa venue n'était pas volontaire, qu'elle était les conséquences de la dernière bataille contre Darkseid. Au moins nos deux univers ont un ennemi commun. « Notre dernière bataille contre Darkseid remonte à trois ans ici. Et nous avons gagnés, nous l'avons renvoyés sur Apokolips mais je n'ai pas de souvenir d'une faille temporelle s'étant crée quand nous l'avons combattus. » je tournais ma tête vers elle « Je sais que je ne peux me confier qu'à ta parole mais raconte moi.. ton univers je veux dire. Est-ce que j'existe dedans ? Quelles sont les différences par rapport à ici... » je ne veux pas non plus l'accabler de questions et qu'elle me croit trop insistant. « Sauf si tu refuses Kara.. ce que je comprendrai évidemment.. » lui dis-je posant ma main sur la sienne. Un geste affectif, compatissant. Pour la rassurer surtout, elle ne doit pas être effrayer, avoir peur. Elle n'est plus seule.
La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara
J’ai à la fois cet étrange sentiment de légèreté, celui libérateur qui intervient quand vous vous délaissez d’un poids sous le cœur. Mais j’ai aussi un creux au ventre qui grandit au fur et à mesure que j’en dis davantage sur moi-même. Malgré les quelques révélations qui auraient pu laisser de marbre n'importe qui tant mon histoire semble fantaisiste, Clark est toujours très intéressé de savoir la suite, soucieux de connaître mon histoire. Je suis alors du coup rassurée que son coeur soit aussi pur et sincère que celui de mon père. Cet aspect pourtant ridicule, me permet d’être progressivement moi-même. Il semble intéressé par la manière dont s’écrire Zor-L, c’est là une question qui me surprend. Est-ce qu’il y aurait une différence ? Je n’ai pas de stylo sur moi, du coup… À l’aide de la vision thermique dans une très faible puissance, je grave au laser sur le bord du toit le nom ‘’Zor-L’’ évidemment dans l’écriture Kryptonienne. Pour être honnête, je n’ai jamais songé à adapter mon nom famille d’origine à travers l’écriture humaine. Ils ont tellement de symboles et de lettre en fonction de la langue que cela m’a semblé futile. Surtout, que bon… J’étais Kara Kent avant de finalement opter pour Karen Starr à la suite, voulant m’émanciper de l’ombre de mon cousin et père. Ayant donc un nom humain, je n'ai pas cherché à humaniser mon nom d'origine. Il m’annonce que leur dernière bataille contre Darkseid date de trois ans, j’acquiesce silencieusement de la tête. Cela venait confirmer les propos de Zatanna. Trois ans, moi cela ne remonte à peine à quelques mois pour ma part. J’ai encore l’odeur de Darkseid sur moi, j’ai même encore la sensation de sa poigne contre ma nuque. Cette impuissance qui continue à parcourir mon corps dans un désagréable souvenir physique. Impossible d’oublier même avec tous les efforts du monde. Il m’annonce qu’ils ont vaincu Darkseid et qu’il n’a pas souvenir d’une faille. J’imagine que les circonstances de leur bataille et celle de mon monde devait certainement être différente. Après tout, la violence de Darkseid était telle qu’il en coûtait le sacrifice des trois plus grands héros de ma Terre. Mais moi-même j’ignore ce qui a provoqué l’ouverture de cette faille, j’étais prise dedans avant même que je réalise sa présence. Et j’étais dans ce monde sans vraiment comprendre ce qui en était vraiment.
Ensuite, Clark semble vouloir en connaître un peu plus sur mon monde, afin de comparer ce dernier au sien. Je le fixe à mon tour, peut-être un peu hésitante au début… Mais je me dis qu’au final, Kal-L reste Kal-L. Bien évidemment, lui parler de sa relation avec Loïs sans savoir ce qui on est ici, ça me gêne. Mais, si je dois lui raconter mon histoire, il faut bien lui parler de ça. « On était tous les deux bébés quand nous avons quitté Krypton. Jor-L confection pour toi le vaisseau le plus rapide afin que tu atteignes la Terre lors de la destruction imminente de Krypton, tandis que le mien eut le temps que de construire un vaisseau long qui maintint toutefois mon corps en stase. Là où il t’a fallu quelques mois pour arriver sur terre, il m’a fallu des années. J’ai presque atteint l’adolescence dans le vaisseau où je vécus à travers une simulation de Krypton. » Commençais-je, frottant de nouveau délicatement mes mains pour combattre cette anxiété. « Quand je suis arrivée sur terre, je venais de quitter l’enfance, j’étais une adolescente qui venait de découvrir que son monde n’était qu’un simulacre virtuel. Mais… Mais Loïs et toi m’aviez accueilli et vous… » Je lève mon regard vers le ciel tellement que c’était compliqué de finir cette phrase. « Vous êtes devenue mes parents… Et… Et vous m’avez appris à m’adapter à la Terre, ainsi qu’à ces pouvoirs qui s’étaient imposés à moi. Dans mon univers Loïs et toi, vous étiez, disant un peu plus âgés et je dois avouer que c’est étrange pour moi de te voir aussi jeune. » Bon dieu, comment il va réagir face à tout ça, même pour moi qui raconte les fait, c’est bien trop à digérer.
CLARK KENT & KAREN STARR (METROPOLIS - FEVRIER 2019)
Quand elle me donne les réponses à mes questions, je suis aussi soulagé que perturbé. Je pensais me sentir soulagé, que mes doutes deviennent des certitudes mais à la place, je suis perplexe, c'est difficile à croire, dur à avaler même mais au fond de moi je sais qu'elle dit la vérité, elle est si perturbé et déboussolé que ses paroles raisonnent le vrai. J'ai finis par m'asseoir à côté d'elle, ne lui cachant pas le fait que ses révélations m'avaient un peu retourné le cerveau. Puis je veux en savoir plus, intrigué au possible, lui demandant pour commencer l'écriture de son nom de famille, et je vois bien dans l'expression de son visage qu'elle ne s'attendait pas à une telle demande, elle doit trouver ça stupide mais ce n'est que ma curiosité qui a parlé. Et entre nous deux, sur les briques du rebord, deux rayons de chaleurs très fins viennent inscrire quelque chose, du kryptonien, son nom. Malgré la situation, je viens à sourire mon regard tourné sur l'inscription « Il n'y a que la fin qui diffère. Toi ce n'est qu'un simple L qui suit Zor, ici c'est un E et un L. » puis je la laissais continuer ses explications. Notamment sur la guerre contre Darkseid et la faille apparut pendant qu'il l'a fait venir ici, dans notre univers. Et elle hoche la tête de haut en bas, acquiesçant mes propos, notre version de la guerre contre Darkseid. J'en déduis donc qu'elle était déjà au courant, donc qu'elle a déjà rencontré quelqu'un de notre univers autre que moi. Je me garde de lui demander plus d'explications parce que ce n'est pas ce que je veux savoir en priorité. Non, je veux qu'elle me parle de son univers, les différences avec celui-ci. Et kara se laisse aller, m'en disant d'avantage de son monde même si je sens bien que c'est difficile à en parler, rien que l'intonation de sa voix et l'expression de son visage.
Le début de son récit reste semblable au mien et celui de ma Kara. Krypton, mon arrivée sur Terre bébé, l'arrivée de Kara des années plus tard. Mais la suite me choque, je ne m'y attendais pas du tout. Elle a été recueillie par moi et surtout Lois. Nous étions ses parents adoptifs. M'avouant que dans son univers, Lois et moi étions plus vieux. « Ouaaaah. Je ne m'attendais pas du tout à une révélation pareille. » dis-je la voix légèrement grave. « Je.. enfin ce n'est pas d'avoir appris que je t'ai re.. enfin que le moi de ton univers t'ait recueillie qui me chamboule assez. Mais que tu m'apprennes que Lois et moi sommes devenus tes parents. Si je comprends bien chez toi, Lois et moi sommes ensemble ? Mariés ? Cela veut dire qu'elle connait mon secret non ? » j'arrivais pas à me faire à cette idée, à me dire que Lois et moi avions une histoire. Je n’éprouve que de l'amitié sincère pour elle à l'heure d'aujourd'hui, cela veut-il dire qu'il y a quelque chose en plus et que j'ignore, enfin que je cache à moi-même sans le savoir ? Sans oublier le possible fait qu'elle soit au courant pour ma véritable identité. Encore plus de doutes que de quiétudes viennent habiter mon esprit. « Lois et moi... nous ne sommes qu'amis ici. Et elle ignore que je suis Superman. Je ne m'attendais pas à tant de différences entre nos univers.. bien que des similitudes coexistent. » lui avouais-je. Je la regardais et je sentais sa tristesse, comme si d'une certaine manière nous étions connectés, comme je peux le ressentir avec ma Kara mais non, nous ne le sommes pas. Enfin je n'en sais rien. « Je suis désolé de t'avoir demandé tout ça.. j'ai agis comme un égoïste. Je réalise que c'était dur pour toi. » ajoutais-je, laissant un silence peser. Après tant de révélations, c'était normal.
La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara
Apparemment, nos noms diffèrent juste à la fin, c’est ce qu’il m’explique. Donc, il ne s’appelle pas Kal-L, mais Kal-El. Je me demande d’où provient ce changement orthographique dans nos cultures alternatives. Du coup, je suis intriguée, car finalement, je ne sais de lui que le fait qu’il est Superman. « Chez nous, même la Justice League se nomme autrement, connu sous l’appellation de ; Justice league of America. Du coup, je me demande… Toi, tu t’appelles bien Kal-El avec E et L, n'est-ce pas ? Et… Et est-ce que tu te nommes Clark Kent sur Terre ici aussi ? » Et me voilà à mon tour curieuse. Ma personnalité aime se manifester dès qu’elle en a l’occasion... Quand je suis passionnée, je peux oublier ce qui se passe autour de moi, maintenant à voir si ce trait de ma personnalité est un don ou bien une malédiction. Peut-être que c’est selon le contexte, parfois, c’est propice, parfois pas. Quoi qu’il en soit, à nouveau, je lui révèle un peu plus sur moi, sur mes origines, mon arrivée sur terre. La réaction de Clark quand il apprend pour Loïs est complètement normale, je m’en veux presque immédiatement d’en avoir trop dit. Même si après, ce n’est pas comme si je venais du futur et que j’ai par erreur révéler son futur à lui. Ce n’est bien sûr pas la même chose, ce qui se passe ici n’est pas de mon ressort que j’intervienne ou non. Mais, c’est peut-être gênant de savoir quelque part que son double à oser faire des choses que peut-être inconsciemment, il désire réaliser. Franchement, je ne suis pas pressée de rencontrer mon autre moi, surtout parce qu'elle pourrait avoir ce que je n’ai plus ou faire ce que je n’ose pas faire, mais que je désire. C’est comme si on était face à un reflet qui te crache au visage ce que tu es incapable de réaliser presque par lâcheté, alors que tu en as par exemple les capacités, mais du coup pas la mentalité. Je sens bien qu’il est un peu plus curieux, mais je ne sais pas si je devrais continuer à parler de ça.
Je souris et par politesse, je lui réponds tout de même. « Mam… Loïs est celle qui m’a appris à gérer mes pouvoirs… Même dans mon Univers Superman était très occupé. » Quand il m’annonce que lui et Loïs ne sont qu’amis, qu’il ne s’attendait pas à tant de différence entre nos univers, lentement mon sourire disparaît jusqu’à ce que je vienne à mordiller ma lèvre inférieure. Posant mon front sur mes jambes recroquevillées. « Tant de différence… Oui. C’est probable. » Dis-je alors que les larmes coulèrent finalement avant même que j’en ai conscience. « Darkseid allait gagner contre les forces de la justice league of america… Sans le sacrifice de nos trois plus grands héros, la Terre de mon univers aurait été condamnée. » Enfonçant ma tête un peu plus entre mes jambes comme pour y cacher mes yeux rougis, je rajoute. « Darkseid a été vaincu il y a quelques mois, mais avant que la faille m’emporte… La seule chose que je revois, c’est Bruce, Diana et toi tombé au combat. » Incapable de retenir un gémissement de peine, mêlé à une fureur évidente, je pleure comme une gamine ruminant sa colère. « J’ai laissé ma mère seule là-bas… À cause de cette guerre, elle a désormais perdu son mari et sa fille. Elle est seule ! » Dis-je en pensant à Loïs. « C’est tellement injuste ! »
CLARK KENT & KAREN STARR (METROPOLIS - FEVRIER 2019)
Bien que je sois tout de même perturbé par la venue de Kara dans cet univers, je dois avouer être curieux. Oui curieux d'en apprendre d'avantage, sur les différences, sur les similitudes qui persistent entre nos deux mondes. Assis à côté d'elle sur le rebord du toit, je l'écoute me parler de son univers, des révélations qui ont le don de me faire me sentir encore plus perturbé que d'avoir simplement appris qu'elle était l'homologue de ma cousine. Entre nous, ses yeux laissent sa vision thermique émettre deux fins rayons de chaleur pour écrire son nom en kryptonien. Sans trop savoir pourquoi je souriais alors, venant lui dire que la prononciation de nos noms étaient la même, qu'il n'y avait que l'orthographe qui changeait. « Ligue de Justice d'Amérique ? Beaucoup trop long... » je lâchais un faible rire avant de reprendre et de répondre à sa curiosité « Kal El avec E et L oui et je suis bien Clark Kent aussi sur cette Terre. » lui dis-je d'un faible sourire. Un sourire qui s'éteint vite quand Kara continue à me raconter l'univers d'où elle vient, ce qui s'y est passé, son histoire. Je ne m'étais pas attendu à de telles révélations, en particulier sur Lois et moi. Et je ne peux m'empêcher de lui demander si Lois et moi sommes mariés, si elle connait mon secret. Et en entendant la réponse de Kara, je comprends que Lois connait mon secret, que c'est même elle qui a aider Kara à gérer ses pouvoirs pendant que j'étais occupé à sauver le monde.
« Je.. je vois. » Et j'en viens à lui révéler qu'ici, Lois et moi ne sommes qu'amis, qu'il n'y a jamais eu quelque chose entre nous.. enfin pas encore. Et est-ce cela qui me perturbe autant ? Pourtant Kara ne vient pas du futur mais d'un univers parallèle, dois-je faire comme si de rien était avec Lois ou est-ce une vérité que je me refuse de croire ? Je n'en savais vraiment rien à l'heure actuelle et je pouvais bien voir la tête de Kara, presque désolé d'en avoir dit autant. Kara vient resserrer ses genoux contre sa poitrine, les encerclant de ses bras, enfouissant presque sa tête contre ceux-ci alors qu'elle continuait à m'en dire d'avantage. Inutile d'utiliser mon ouïe sur développée pour l'entendre pleurer, je tournais ma tête vers elle et je venais poser une main sur son épaule. « Relève la tête Kara et regarde moi. » lui dis-je, je voulais la rassurer, faire tout mon possible pour qu'elle ne se sente pas seule. « Je suis sincèrement désolé pour ce que tu as enduré. Et.. je.. je ne veux pas remplacer le Clark de ton univers.. mais si tu acceptes, je peux t'aider. Si tu y tiens vraiment, je peux t'aider à rentrer chez toi.. enfin La Ligue fera son possible j'en suis certain mais quoiqu'il en soit tu peux compter sur moi. Vraiment. » je pensais chaque parole, j'étais sincère, j'ai aidé la Kara de mon univers, je peux aider celle d'un autre univers.
Accueil 
« La terre appelle Clark Kent. Smallville.. ohoh..tu m'écoutes ? » j'étais partis dans mes pensées, je n'écoutais même plus ce que me disais Lois. A vrai dire je repensais à ce qu'il s'est passé il y a a peine quelques jours, à Washington. « Mmm.. tu disais Lois ? » disais-je tournant mon regard vers elle, remontant mes lunettes sur mon nez. « Affabulateur.. un f ou deux f ?.. » je souriais, baissant ma tête à peine une seconde avant de la relever et de regarder Lois à nouveau. « Deux f Lois. Deux f... » elle me remerciait corrigeant la faute sur son brouillon. Quand a moi, je n'avais pas avancé d'une lettre sur mon article à rédiger, j'étais ailleurs oui, perturbé par ce qu'il s'était passé. Autant par ce que nous avions découverts avec la Ligue que par cette apparition soudaine, cette femme portant la cape, sauvant des vies, terrassant des paras-démons et il a fallut juste que nos regards se croisent, pour qu'elle s'éloigne dans les cieux, comme si elle fuyait. Étais-ce moi ? Étais-ce la tournure des événements ? Je n'en savais rien à vrai dire mais j'ai cru reconnaître un visage familier, pour être exact j'ai cru voir Kara mais non, elle me remplaçait à Metropolis ce jour-là, ça ne pouvait être elle. « Qu'est-ce qui t'arrives Clark ? Quelque chose ne va pas ? Tu veux en parler ? » me demandait Lois, en la regardant je voyais bien qu'elle s'inquiétait pour moi. Après tout elle avait raison, depuis bien des années nous n'étions plus de simples collègues, nous étions amis et les amis s'inquiètent non ? « Non ça va Lois.. merci de t'inquiéter mais ca va. » lui dis-je sourire léger au coin des lèvres. « Bon ok Smallville. Je sais que ça va pas alors on va déjeuner ensemble et tu va me dire ce que t'as. Et c'est un ordre. » affirmait-elle se levant de son siège, enfilant sa veste et prenant son sac à main. Lois Lane ne lâche jamais, j'ai toujours pensé que mon père était la personne la plus têtue sur cette planète, et j'ai vite réalisé qu'il était battu par Lois à plat de couture. Je me levais donc à mon tour, prenant ma veste, réajustant mes lunettes sur mon nez et je quittais le Planet en compagnie de Lois.
« ... Et là le mec me dit "Non ma belle. Je vous le répètes, vous ne pouvez-pas rentrer. C'est interdit aux femmes." non mais t'y crois toi sérieusement ? Tout ça parce que je suis une femme.. je collerai bien un procès à ce type je te jure !.. » je n'entendais que des murmures venant de Lois qui me racontait sa dernière mésaventure, j'avais le regard ailleurs, sur l'extérieur du restaurant à vrai dire, parce que je pensais à autre chose. « Continue à avoir la tête ailleurs et je te colle à toi aussi un procès Smallville ! » me sortait-elle, je reposais mes yeux vers elle, elle avait l'air sérieuse, ça faisait presque peur. « Désolé. C'est vraiment pas ma journée je crois. » dis-je en rigolant légèrement alors qu'un bruit fracassant à l’extérieur du restaurant m’interpelle. Moi, Lois et comme tous ceux présents dans ce fast-food -oui Lois avait envie d'un burger-, nos regards sont fixés vers la vitrine, je peux voir un accident, une voiture encastrée à l'arrière d'un camion. La plupart des clients et du personnel se sont rués vers la devanture de la vitrine et Lois m'a embarqué, nous sommes parmi la foule rassemblée, son portable en main en train de filmer. « Merde alors ! Je crois qu'il y a une famille dans la voiture et le chauffeur du poids lourd semble inconscient ! » s'exprima Lois « Clark faut app-- mais où est t-il passé encore ? » oui je n'étais déjà plus là. J'avais filé à l'arrière du restaurant, me débarassant de mes vêtements de civil et de mes lunettes pour arborer la tenue de l'homme d'acier. Mais alors que je m'envole dans la ruelle, alors que je passe le toit du restaurant, depuis le ciel je peux voir que quelqu'un était déjà sur place.
Une blonde, les cheveux détachés, portant jean et chemisier, éloignant la semi-remorque du camion de la voiture comme si ce n'était qu'un simple carton à renverser. Et elle arrache la portière de la voiture d'une main, d'un geste, secourant la famille inconsciente. Est-ce elle ? Est-ce celle a qui je n'arrête pas de penser ? Celle qui était là à Washington et qui a prit la fuite ? J'en suis sûr, persuadé. J'utilise ma vision télescopique et X pour constater les dégâts et il n'y a pas de temps à perdre. Un vrombissement se fait entendre dans l'air, les regards se portent vers le ciel, à l'origine de ce bruit vers le toit du restaurant mais personne. Je ne suis déjà plus là oui, je suis déjà à l’hôpital où je vois trois ambulanciers grimper dans une ambulance, surement répondant à l'appel du central concernant l'accident et je ne perds pas de temps. « Bonjour messieurs. Il n'y a pas de temps à perdre. Je ferai office de taxi. » et sur ces mots, l'ambulance s'envole, je la tiens fermement et en à peine quelques minutes d'écoulé, j'arrive de nouveau sur le lieu de l'accident. Les regards sont braqués sur moi, des doigts me pointant, j'entends mon nom et j’atterris tout prêt, déposant l'ambulance « Voilà messieurs. Plusieurs hémorragies aux poumons et inflammations de la trachée. Je vous laisse faire. » disais-je m'étant adressé aux ambulanciers qui s'activaient à prendre leur matériel et à aller secourir la famille. « Ils vont prendre le relais. C'est à eux de jouer maintenant. Tu t'es très bien débrouillée Merci. » dis-je à cette blonde après m'être dirigé vers elle. « C'est toi qui était à Washington non ? Pourquoi avoir pris la fuite en me voyant ? » la questionnais-je, et je voyais cette foule, leur téléphone braqués sur nous, peut-être devrions nous trouver un endroit à l'écart, tranquille, pour discuter, pour que je comprenne ce qu'il se passe. « Trouvons un toit tranquille pour parler... enfin si tu acceptes. » dis-je m'envolant légèrement, lui souriant malgré la situation qui devait la laisser perplexe.
Est-ce le destin qui a voulu que je la retrouve à ce moment précis ou est-ce alors un simple hasard ? Je n'en savais rien mais il ne fallait pas que je laisse cette occasion s'échapper. Je pouvais trouver les réponses à mes questions auprès d'elle alors pas question de la laisser s'envoler et fuir comme elle l'a fait à Washington. Arrivée la première sur le lieu de l'accident, je l'ai laissé faire, la laisser secourir cette famille pendant que je volais vers l’hôpital. Il n'y avait pas de temps à perdre alors j’atterrissais de nouveau près de l'accident en déposant une ambulance, je briefais les secours sur les dégâts que j'ai pu constater et c'est à eux de faire le reste. Et bizarrement mon cœur s'accélère alors que je me rapproche de cette jeune femme inconnue bien que son visage me semble si familier. Je la remercie pour ce qu'elle a fait et j'en viens surtout à lui poser des questions, savoir si c'était bien elle à Washington, savoir pourquoi a t-elle fuit. Et après un sourire timide, elle vient à ouvrir ses lèvres me regardant dans les yeux pour simplement me sortir que c'est compliqué. Je la voyais détourner le regard et baisser légèrement la tête, les flashs des portables nous harcelaient et elle n'hésita pas une seule seconde lorsque je lui proposais de discuter loin de la foule, sur un toit. Un envol dans les airs et à peine cinq secondes plus tard nous voilà les pieds sur le toit juste à l'angle de la rue. La blonde inconnue marche jusqu'au rebord du toit, me faisant dos, scrutant visiblement la scène de l'accident où les secours prenaient en charge cette famille blessée. Puis elle vient s'exprimer, m'en dire plus sur la raison de sa présence et sa fuite à Washington. C'était bien elle, elle me le certifiait mais elle prétendait aussi que ce n'est que parce qu'elle est insociable qu'elle avait fuit et qu'agir dans l'ombre allège son fardeau. « Je te comprends sur ce fardeau à porter. J'ai agis dans l'ombre pendant des années, j'ai caché au reste du monde ce que j'étais, ce dont de quoi j'étais capable. Mais je ne te crois pas quand tu me dis que tu as fuis parce que tu n'es pas sociable. » je viens me rapprocher d'elle et viens alors ajouter « Depuis Washington je n'arrête pas de penser à toi... essayer de trouver le comment du pourquoi... tu ressembles tellement à ma cousine Kara.. mais tu sembles différente.. » lui disais-je, venant me mettre à côté d'elle sur le rebord du toit et baisser mon regard sur l'accident en bas.
« Tu es bien elle par vrai ? » lui dis-je certain de moi. Ça expliquerait pas mal de choses, le fait qu'elle me semble familière, le fait qu'en m'ayant vu elle est fuit et cela s'explique surement par le fait parce que cette Kara me connaisse et moi pas. « Tu m'as dis que c'était compliqué tout à l'heure. Aide moi à comprendre. » je me faisais peut-être une idée sur le comment du pourquoi mais je voulais l'entendre de ses lèvres. Qu'elle confirme mon hypothèse.