Scream it like you mean it || Dinah

Scream it like you mean it

En reposant son téléphone, Zee savait qu’elle n’allait pas tenir sa promesse. Et d’abord, elle n’avait rien promis du tout. John lui avait demandé de rester à l’abri dans la Maison mais elle n’en avait pas envie. Pas après ce qu’elle venait de vivre, pas après avoir reçu des nouvelles de lui, aussi, qu’elle croyait très honnêtement mort quelque part dans un caniveau avec des rats en train de se disputer son cadavre. Elle sentait que dehors, dans la réalité, le soleil se couchait à peine, ce qui signifiait qu’une longue nuit l’attendait, et elle ne comptait pas la passer ici toute seule, dans cette maison vide. Elle avait envie de remuer, de frapper quelque chose, de gueuler, aussi, n’importe quoi pour évacuer sa colère et son stress. Alors non, elle n’allait pas rester là à l’abri, et tant pis si dehors, il y avait du danger, de toute façon il y en avait tout le temps, non ? C’était le principe de leur vie, à tous, eux les neuneus qui avaient décidé de dédier leurs existences à sauver le monde trois fois par mois. Elle avait quand même des raisons de se réjouir, non ? Cela faisait quelques jours qu’elle se sentait vraiment, vraiment seule, et maintenant elle savait que les choses allaient avancer, et en attendant, elle voulait sortir et aller se défouler. Elle sauta du lit où elle s’était vautrée, direction la salle de bains pour une douche brûlante. Ça ne suffirait pas à ce qu’elle se sente nettoyée du sang qu’elle voyait sur ses mains, à tort ou à raison, mais c’était la base avant une bonne soirée. Elle aurait pu claquer des doigts et se retrouver prête à partir, mais où était le plaisir et le fun ? De se coiffer et de piquer ses cheveux d’épingles argentées, d’enfiler des collants en résille et une mini-jupe en cuir, des bottines à bout ferré, un débardeur déchiré et un blouson en cuir par-dessus, de se maquiller…

Une fois satisfaite du résultat, elle s’adressa un regard assassin dans le miroir, puis revint récupérer son portable et tapa rapidement un SMS, pour Dinah. Oui, voilà quelqu’un qu’elle avait envie de voir, quelqu’un sur qui elle pourrait toujours compter pour aller s’amuser quelque part, peu importait où. Qui se fichait de la voir débarquer en peignoir ou en mini-jupe en cuir. Star City, here I am ! Elle vit qu’Orchid l’attendait sur le pas de la porte, et pour une fois, elle ne semblait pas mécontente de l’attitude de son encombrante locataire. Zee lui adressa un grand sourire. « Tu le sais déjà, hein ? Que le propriétaire des lieux va bientôt revenir. » Orchid hocha la tête en silence et Zee se sentit envahie d’une soudaine tendresse pour l’esprit de la Maison. « Pardon d’avoir été aussi invivable. Et merci d’avoir veillé sur moi. » Orchid la gratifia d’un simple hochement de tête. Venant d’elle, c’était déjà beaucoup. Avec un dernier geste d’au revoir, Zee lança une formule – « zehC eeD ! » – et disparut dans un claquement sec alors que l’air comblait soudain l’absence de son corps là où elle se tenait une seconde avant.

Elle atterrit dans un bel appartement, qu’elle connaissait plutôt bien. Directement dans le salon, et si elle avait visé le canapé, elle se retrouva debout sur une table basse qu’elle n’avait pas anticipée. Elle crut entendre un craquement, mais le petit meuble, à part ça, supporta gracieusement son poids. Dinah n’était nulle par en vue – heureusement qu’elle n’avait pas raté son sort et atterrit dans les toilettes ou dans la chambre à coucher, ne savait-on jamais à quoi son amie était occupée, là tout de suite. Cela dit, Zee faisait face à la cuisine et se contentait de regarder ce qui se trouvait dans son champ de vision, et Dinah aurait pu être assise sur le canapé qu’elle ne l’aurait pas remarquée. « DEE ! » La subtilité incarnée. Zee était de cette humeur-là, ce soir. Histoire d’être sûre que Dinah soit bien au courant de l’intrusion, elle répéta immédiatement : « DEEEEE ! » Puis elle agita son portable, comme l’explication de toutes les questions qu’il y avait dans ce monde. « On sort ce soir ! Je t’ai prévenue, tu n’as pas eu mon message ? » Son SMS d’il y a deux secondes.

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Enfin! Un soupir de soulagement m’échappe alors que je me laisse lourdement tombée sur mon sofa. Si confortable. Je ferme les yeux et je profite du silence de mon appartement vide. S’il y a bien quelque chose de négatif à travailler avec ces jeunes adultes et des adolescents… c’est qu’ils sont bruyants. Énergiques et déterminés, pas l’ombre d’un doute mais… ils sont si bruyant. Je glisse une main dans mes longs cheveux blond et m’étire. Plusieurs craquements retentissent le long de mes épaules, mon cou et ma colonne vertébrale. Après ces longues semaines d’entrainement avec Young Justice, les Titans et les missions gouvernemental… j’avais grandement besoin de dormir et d’ignorer le monde pendant… oh je sais pas… trois ou quatre jours. Un coma d’une semaine même! Ça pourrait le faire aussi. En même temps, je ne peux pas me permettre un si long moment sans mon uniforme de Black Canary… c’est un plan pour que Star City soit en feu ou bien qu’Ollie décide de passer sa vie dans les rues. Parce qu’on sait tous que Black Canary est irremplaçable. Ha!

Ahhh… à contre-cœur, je me lève du confort des coussins moelleux pour prendre une douche. Je me traine lâchement vers la salle de bain retirant mes vêtements avant de me glisser dans le petit cubicule de verre. L’eau quasi-bouillante contre ma peau me fait relaxer d’un seul coup. Je ferme les yeux une nouvelle fois et me laisse bercer par le son de l’eau contre le sol de porcelaine.

Trente minutes ou une heure plus tard, un son vient briser la sérénité de ma douche. « DEEEEE ! » Zatanna. J’ouvre les yeux et coupe l’eau. Je m’enveloppe dans une serviette encore dégoulinante. Mes cheveux me collant à la peau tandis que j’ouvre finalement la porte de la salle de bain. Je sursaute lorsque je tombe face à face avec deux grandes iris bleues. « Merde ! » grommelai-je à la surprise. « Hey Zee. » Elle dit qu’elle m’a envoyé un message pour me prévenir. J’arque un sourcil « Ah… ouais, clairement je n’avais pas mon portable sous-marin pour l’occasion. » Je me dirige vers le comptoir de la cuisine pour consulté ce fameux texto… envoyé il y a deux minutes. Un classique de mademoiselle Zatara ; les textos juste pour dire qu’elle a prévenu. Je souris en coin. Je me faufile ensuite dans ma chambre essorant mes cheveux avec une plus petite serviette récupérée au passage.

« On parle de quel genre de sortie exactement? Est-ce que j’dois sortir ma nouvelle robe noire ou bien mes bas résilles? » Au même moment, j’ouvre ma penderie pour exhiber la fameuse nouvelle robe noire en question. Zee était sans doute la seule personne au monde qui pouvait me faire sortir de chez moi quand j’avais déjà mes sweatpants prêt à m’accueillir sur mon lit. Je leur jette un regard désolé avant de rapporter mon attention sur la magicienne. Une soirée entre filles en ville pourrait être une bonne idée. Après tout, j'suis une jeune femme célibataire... aussi bien profiter de la vie un peu. Récemment, tout ce que j'ai vu de Star City était les ruelles sombres, les bas fonds et les entrepôts désaffectés. Un nouveau sourire en coin illumine mon visage. « J’espère que t’as le temps de faire l’apéro ici parce que j’ai une nouvelle bouteille de vin, cadeau du Président pour une mission bien accomplie. » Je désigne la bouteille sur la table du menton.

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Pas prête, c’est un euphémisme ; Dinah était enroulée dans une serviette-éponge, visiblement sous la douche au moment où Zee avait débarqué. Celle-ci trépigna quelques secondes sur la table basse avant de sauter à terre. Elle avait la bougeotte, mais Dee n’avait pas son pareil pour garder son calme en toute circonstance, sauf quand les circonstances exigeaient que le calme soit mis au placard. En même temps, elle côtoyait quotidiennement des caractères qui nécessitaient d’avoir une patience à toute épreuve. Là-dessus, Zee pouvait compatir : sa ligue de bras cassés serait l’unique cause de ses futurs cheveux blancs. Elle suivit son amie dans son appartement, jusqu’à sa chambre. Visiblement, elle comptait passer une soirée tranquille devant Netflix ou quelque chose dans le genre. Zee pesa le pour et le contre pendant une fraction de seconde, puis décida que non, elle ne s’était pas habillée pour rien et n’évacuerait pas la pression en rattrapant son retard sur Vikings. À la question de son amie, elle répondit en pirouettant sur elle-même. L’évidence même, non ? Il fallait sortir le grand jeu. Le seul et l’unique. La robe ou la résille ? Mais pourquoi choisir ? En même temps… « Tu peux mettre un jogging-éponge si tu veux, tu seras toujours spectaculaire. Tout dépend de ce que tu attends de cette soirée ! » Elle, elle voulait s’amuser et arrêter juste deux minutes de s’inquiéter pour le sort de la planète, ou de la galaxie, ou de l’Univers, ou juste de sa propre personne, ce serait pas mal.

Du vin ? Elle avait toujours du temps pour du vin. Elle laissa Dinah s’habiller pour rejoindre le salon et la table où trônait ladite bouteille. Elle fouilla dans les placards, trouva deux verres, déboucha la bouteille d’un petit tour de magie et les remplit un peu plus de la moitié. Elle n’était pas une experte, mais puisque ça venait du président, c’était forcément un bon cru, non ? Elle éleva la voix pour se faire entendre de son amie. « Tu travailles souvent pour le président ? Est-ce que ça fait de toi une fonctionnaire ? Je croyais que les super-héros étaient censés rester neutres. » Bon, en vérité, tant qu’il s’agissait de sauver, d’aider, peu importait pour qui ou pour quoi. Elle goûta le vin et décida à part elle que oui, c’était du bon. « Qu’est-ce que tu as fait ? Tu l’as sauvé d’un kidnapping ? Exfiltré ses Navy Seals d’un pays en guerre ? » Et avec qui ? L’appartement de Dinah était comme son propre foyer : uniquement les goûts et les couleurs de la propriétaire. Nulle trace d’un ou d’une colocataire, pas une chemise d’homme qui traîne, rien en vue. Elle attendit que son amie la rejoigne au salon.

« Je pense à un ou plusieurs bars, pour ce soir. Peut-être une boîte de nuit pour finir. Mais je ne connais pas trop Star City, alors je compte sur toi pour nous emmener dans les endroits les plus intéressants. » Elle regarda Dee approcher, spectaculaire comme prévu. Zee savait qu’il y avait des choses récurrentes dans sa vie : un type un peu connu, tout de même, à la ville comme incognito, et puis son travail, ses élèves Titans. Une vie bien remplie, quoi, alors quel mal y avait-il à se détendre un peu ?

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Le regard sur mon amie, j’esquisse un sourire. Sacrée Zee. Elle avait le don de me surprendre. En même temps, ce n’était pas la première fois que la magicienne se présentait à l’improviste au beau milieu mon appartement. Parfois, elle n’était pas en état alors qu’elle venait tout juste d’arrivée. Comme le mois dernier… où une Zatanna complètement bourrée dansait au milieu de mon salon sans la moindre musique. Je rentrais d’une mission pour la League lorsque je suis tombée nez à nez avec elle m’offrant un verre… je vous épargne les détails mais disons que mes souvenirs du reste de cette soirée sont assez flous. Tout ce que je sais, c’est que le réveil – et la journée qui a suivi – n’a pas été facile. C’était, d’ailleurs, la raison pour laquelle la magicienne et moi étions si proche; on avait le même niveau de déchéance lorsque l’envie de nous amuser se présente. Ça et le fait qu’elle était une partenaire d’arme incroyable, une amie à l’écoute, qu’elle était hilarante… bref, la jeune Zatara était bien plus qu’une simple collègue, elle était une amie pour qui j’avais énormément d’affection.

Maintenant sortie de la douche et sèche, j’entre dans ma chambre exposant ma nouvelle acquisition vestimentaire. Je m’enquis de la nature de notre sortie, si elle était pour le plaisir ou bien le travail – d’où la désigne des bas résilles. Le commentaire de mon amie me fait lever les yeux au ciel mais esquisser un sourire en coin. Sacré Zee. Je me glisse dans ma nouvelle petite robe noire, cette dernière épousant chacune de mes courbes avec perfection, et relâche mes longs cheveux blonds. Ma tignasse doré cascade alors le long de mon dos et ma poitrine formant de légères vagues. Meh, ça ira sans doute une fois que le tout sera sec. « T’en pense quoi? » dis-je en direction de Zatanna en ouvrant la porte de ma chambre afin de la laisser voir. Je la rejoins dans le salon et retrouve cette fameuse bouteille de vin. Je n’étais pas surprise d’y voir déjà deux coupes… après tout, Zee n’avait jamais été timide. Elle se permet toujours d’explorer mes cabinets, ma penderie ou mon réfrigérateur… bien que ce dernier soit, malheureusement, bien souvent vide. Mon amie verse le vin alors que je retourne en direction de la salle de bain question de me donner un peu de couleur. La voix de la magicienne retendit jusqu’à mes oreilles. J’étire ma tête vers le cadre de la porte pour croisé le regard bleuté de l’héroïne. « Pas vraiment… c’était surtout un long dossier qu’il était bien heureux de voir boucler. Il a fait livrer ce cadeau à la plupart des agents sur le coup. C’est sa secrétaire qui a écrit la carte de remerciement. » Un homme occupé. « J’imagine… malgré que j’suis pas dans la bureaucratie. » j’esquisse un sourire. « Black Canary est neutre… Dinah Laurel Lance… disons qu’elle apprécie les cadeaux de remerciement du gouvernement américain. »

Je rapporte mon attention sur ma réflexion dans mon large mirroir et commence à me maquiller. Rien de bien extravagant. Fond de teint, mascara noir, eyeliner de la même couleur et un peu de blush pour me rosir les joues. Simple et efficace, exactement comme je l’aimais. Je retourne à la rencontre de mon amie et saisi la coupe sur la table. Je porte le liquide rouge à mes lèvres. Bon choix de la part de Washington. Je soupire de satisfaction. Zee m’expose son plan et j’hoche de la tête. « Hm… eh bien, dépendemment de ce qui te tente comme type de bar, il y a un club sympa pas trop loin. Enfin, si tu as envie de danser! Après on peut y aller au feeling, voire où la soirée nous mène. » Je jette un coup d’œil à l’heure et me remercie intérieurement d’avoir dit au Titans que l’entrainement sera repoussé à plus tard dans l’après-midi demain. Je sens que la soirée ne sera pas de tout repos.

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Ça faisait quoi, alors de travailler pour le gouvernement ? Par nature, par éducation, Zee se méfiait toujours de ces choses-là. Les allégeances, les vassalités, les promesses qui n’engageaient que ceux qui les croyaient, les mensonges, la manipulation, les guerres d’ego, les buts inavoués, les intentions cachées, les conséquences qui retombaient toujours sur ceux qui n’avaient rien demandé… Durant son bref passage à la Justice League, elle avait bien compris quel genre de dilemme agitait sans cesse les gens en général et les membres de la ligue et les politiques en particulier. Quel statut pour ces surhommes et ces surfemmes ? Quelle loi pour les encadrer, quels moyens pour les restreindre, quelles frontières pour légitimer leurs actes, quel président pour leur demander des services – ou leur donner des ordres ? Et, en poussant plus loin, qu’est-ce qu’on fait des aliens, quel visa on leur accorde, et puis les Amazones immortelles, hein, comment on fait pour leur régime de retraite, si on en fait des fonctionnaires ? Zee avait claqué la porte avant de savoir comment tout cela s’était réglé. Elle était partagée entre sa méfiance vis-à-vis des gouvernements et de toutes les armes dont ils disposaient – particulièrement l’armée – et la conscience qu’il fallait bien établir des limites, à un moment ou à un autre. Et que pour quelqu’un capable de sauver le monde, ou même une seule personne, il fallait bien de temps en temps répondre à un appel à l’aide, de quelque provenance que ce soit. Alors, ça faisait quoi de travailler pour le président, même quand on ne partageait pas les vues de ce président ? Est-ce qu’on compartimentait valeurs personnelles et bien commun ? Est-ce qu’on privilégiait les vies au détriment de la fierté ?

Tout cela, dans cette pièce, il n’y avait bien qu’elle pour se le demander. Se prendre la tête, une de ses spécialités. Dee avait mené une mission à bien. Elle avait mis sa vie en danger pour les autres, et en remerciements, au lieu de se voir ériger une statue ou décréter un jour férié à sa gloire, elle avait reçu une bouteille de bon vin. Eh bien soit. Demain, elle risquerait sa vie à nouveau. Et en attendant, Zee pouvait gober un grand cru. Alors elle n’allait pas se plaindre. Elle leva son verre en direction de son amie, qui achevait de se maquiller. « Je bois à ton abnégation et à ta santé, Dinah Laurel Lance ! Et à ta robe stratosphérique ! Et au type qui aura la chance de te l’enlever. Qui que ce soit. Parce que je ne sais pas qui ce sera. Mais j’aimerais bien savoir. Vu que tu ne me dis jamais rien sur ce sujet. » Enfin « jamais », c’était un peu fort. C’était juste Zee qui n’en savait jamais assez. Elle trinqua avec Dee revenue de sa chambre, avec un clin d’œil qu’elle ne se força pas à rendre subtil. C’était criminel de sa part de vouloir savoir ce qui se passait dans la vie de Dee en ce moment ? Il y avait tellement de drames et de problèmes et de vies parallèles stupides, alors un peu de normalité au milieu de tout ça, ça ne faisait de mal à personne. Zee sauta du comptoir où elle s’était perchée. « Un club, ce sera parfait ! Danser, ça me paraît être un bon plan. » Elle envoya les verres se caser tout seuls dans l’évier, glissa un bras sous celui de son amie et ainsi, elles sortirent dans la nuit, même si la nuit à Star City, dans les quartiers animés où se trouvaient restaurants, boîtes et bars, n’avait rien de glauque. Enfin, pas encore – la soirée ne faisait que commencer.

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Sacrée Zee! Même si je venais de passer la pire soirée de sa vie, même si les rondes étaient de plus en plus longues et même si j’avais des soucis personnels… la magicienne trouvait toujours un moyen de me faire sourire! S’inviter chez moi comme ça, ce n’était rien de nouveau. C’était même devenue une coutume pour la femme aux cheveux d’ébène. Ce n’est pas pour me déplaire non plus, hein… après tout, nous n’avions pas l’occasion de se voir aussi souvent que nous le souhaitions!

Certes, avec la League, c’était plus fréquent mais le cadre professionnel de toutes nos réunions ne laissait pas de place aux petites conversations pour se mettre à jour quant à nos vies respectives. Après tout, les réunions de la JL étaient généralement pour des cas d’urgence extrême, des crises planétaires voir galactiques. Ce n’était pas l’endroit approprier pour savoir comment s’était passé son rancard la soirée précédente.  

Zatanna s’enquit sur ma carrière, j’esquisse un sourire et tente autant que possible de répondre. C’est vrai que le gouvernement n’avait rien de bien intéressant pour une justicière comme moi… mais c’était cette interminable quête vers un monde meilleur qui me poussait à me plier aux exigences de notre président. Mieux vaut garder un œil sur ceux dont on se méfie et demeurer près de ces derniers, non? Et puis, c’est plus facile de s’assurer que nos identités demeurent secrètes si j’ai accès aux dossiers « Justice League », non?

Une fois prête, je prends une gorgée du vin et sourit en regardant mon amie en face de moi. Zatanna Zatara, une championne des toast solennels! Je lève les yeux au ciel lorsqu’elle commente ma robe et tente de rester de marbre lorsqu’elle mentionne l’existence d’un type. Ouf, si seulement elle savait. C’était loin d’être une histoire simple. Nos coupes clinquent ensemble et je porte, une nouvelle fois, le liquide cramoisi à mes lèvres. « Mais quel honneur, je suis flattée ma chère! Je pourrais en dire tout autant sur vous! » Je lui fais un clin d’œil et repose la coupe sur le comptoir de granite noir. Je laisse planer un court silence puis j’affiche un rictus en coin joueur. « Qui te dit qu’il n’y a qu’un seul type? S’pas n’importe qui qui peut maintenir la cadence avec moi. » Ce qui n’est pas faux. Dans toute ma vie, je n’ai rencontré qu’un seul homme capable de me suivre… et ce n’est certainement pas la relation la plus facile et harmonieuse. Je fini mon premier verre de vin. « Et toi alors? Comment se passe les histoires de cœurs? John te fait encore tourner en bourrique j’imagine? »  

En moins de temps qu'il ne faut pour dire "zip zap" la jeune magicienne était déjà debout sur mon comptoir, visiblement en accord avec mon plan d'aller danser. Je ricane doucement à son soudain enthousiasme. Un classique Zatanna encore une fois! Nous terminons notre apéro avant de quitter mon appartement. Les rues sont calmes malgré les quelques individus qui sont, eux aussi, en direction d'une soirée quelconque. Zee et moi chantons à tue-tête vers le club non loin de chez moi. Après dix minutes de marche, nous arrivons finalement à l'entrée du commerce. Une longue file d'attente nous y attend. J'entends déjà mon amie ronchonner à ma droite tandis que je la tire vers l'entrée sans me soucier des autres qui attendaient. Nous arrivons face au videur et je lui fait mon plus grand sourire: « Salut Damon! J’te présente mon amie Zee, tu crois que tu pourrais nous faire entrer ce soir? » deux bises sur les joues du colosse, quelques plaisanteries et nous voilà à l’intérieur.  

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Avec Dinah, Zee ne partageait pas qu’un amour immodéré pour le cuir, la résille et les motos. Non, elles avaient tendance également à vouloir sauver tout le monde, et à paver leurs vies sentimentales respectives de tout à un tas de catastrophes ambulantes entre deux prises de catch émotionnelles avec un type vaguement blond, plus ou moins barbu et… Oh, la ressemblance s’arrêtait là, en fait. Elle leva de nouveau son verre pour trinquer à ça, tout de même. Zee non plus ne voyait pas quel type pouvait être assez sûr de lui pour fréquenter Dinah sur la durée sans se mettre à chouiner. Enfin, elle pouvait penser à un type en particulier mais apparemment, il était trop tôt pour l’amener dans la conversation. Circonstances obliges… Elle serra les doigts autour de son verre à pied en hochant la tête. John la faisait-il tourner en bourrique ? Était-ce seulement une vraie question ? Est-ce que mourir et aller en enfer, ça comptait ? « Oh, lui, si tu lui parles avant moi, tu pourras lui demander de ses nouvelles. Et quant aux autres… Tu connais les hommes. Ils ont du mal à gérer les femmes comme nous ! » Un peu cryptique, mais elle avait du mal à trouver d’autres mots pour décrire l’absurdité de la situation. Quand elle ne draguait pas des cinglés, c’étaient des démons déguisés, ou juste des débiles qui ne supportaient pas plus d’une journée qu’elle soit mieux payée, plus célèbre, dotée de pouvoirs, etc. En attendant, la magicienne n’était pas plus avancée en ce qui concernait son amie, mais la soirée ne faisait que commencer et elle ne se faisait aucun souci : elle aurait tout le temps de saouler Dinah de questions auxquelles elle répondrait ou pas selon l’avancement de la nuit et leur degré d’alcool dans le sang. Elles finirent donc leur apéritif et partirent en ville comme deux jeunes femmes avec trop de pression sur les épaules pouvaient se le permettre, juste parce que.

Après une petite marche en ville à la tombée de la nuit, pas désagréable, surtout qu’absolument aucun appel à l’aide ne retentit dans les environs, elles arrivèrent devant un club. C’étaient presque des vacances. Si ce n’était qu’il y avait un monde fou. Zee réfléchissait déjà à les téléporter à l’intérieur, quitte à rentrer sans payer, mais Dinah avait un meilleur plan. Elle l’entraîna jusqu’à l’entrée ; apparemment elle connaissait le videur. Et ça, c’était la classe. Pendant que Dinah négociait leur entrée dans le club, Zee put profiter des regards jaloux et haineux des autres gens dans la file d’attente – un plaisir ! Mais ce n’était que justice encore une fois. Ceux-là, demain matin, ils allaient se lever pour aller prendre le métro et bosser dans elle ne savait quel bureau, pendant que Dinah et elle feraient probablement face à la prochaine invasion extraterrestre prévue sur la liste. Et juste comme ça, elles étaient rentrées. Elles passèrent devant le vestiaire sans s’arrêter, vu que compte tenu de leurs vêtements, elles n’avaient rien à y laisser, puis débouchèrent dans le club en lui-même. Lumière sombre, basses lourdes, musique forte, un bar à éclairage LED sur la gauche, des tables au fond et quelques-unes à l’étage, et au milieu, une foule de gens qui dansaient à s’en mettre la tête à l’envers. La perfection. « Allez viens, celle-ci est pour moi ! » Elle ne savait pas si son amie l’avait entendue, mais Zee l’entraîna vers le bar, ce qui était assez clair, comme message. Elle joua des coudes pour atteindre le comptoir et attirer l’attention d’un des deux barmans qui voltigeaient devant les centaines de bouteilles. Elle leva deux doigts pour lui commander deux verres, sans préciser quoi, et récupéra deux cocktails bleus néons. Eh bien, soit, pourquoi pas ? Si elles pouvaient survivre à Darkseid, elles pouvaient survivre aux édulcorants qui rendaient la boisson fluo.

Elle s’adossa au comptoir pour observer la foule puis se pencha vers son amie, obligée d’élever la voix pour se faire entendre. « Tu viens souvent ici, non ? J’ai l’impression que pas mal de gens te connaissent ! » Pour ne pas dire qu’ils la regardaient, quoi. Ici et là, des mecs tout seuls ou à deux ou trois, évidemment. « Dis-moi la vérité, est-ce qu’Oliver possède cette boîte ? Il va nous rejoindre tout à l’heure ? Dis-le-moi, histoire que je prépare dès maintenant ma sortie. » Sur ses deux jambes, ce serait bien, déjà. Toute seule ou pas, ça dépendrait de son degré de dignité à l’heure H. Dans son dos, deux cocktails de plus apparurent. Le barman leur désigna un vague point dans la foule des gens massés au comptoir. Offert par Bidule et Machin, que d’ici elles ne pouvaient même pas voir. Oh, trop sympa. Aussi généreux que le gouvernement américain, en somme !

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