The Devil made me dance. [Jason et Cassandra]

The devil made me dance.

Jason et Cassandra.

Assise dans ton canapé, tu avais mis un certain temps à te décider à appeler Jason. Tu n'en avais pas parlé à Aspen, de ce qui t'était arrivé et il ne semblait pas être la bonne personne pour en parler. Tu avais pensé à Barbara et Jason. Mais pour une raison qui t'était inconnue, ton coeur avait choisi Jason. L'un ou l'autre avaient vécu des traumatismes avec la même personne et à y réfléchir, tu étais tout de même plus proche de Babs que de Jay. Alors pourquoi tu voulais lui en parler à lui ? Peut-être car votre proximité commune avec la Ligue vous rapprochait dans un sens. Tu fixais ton téléphone, devant toi, pesant le pour et le contre. Il était là pour toi, même s'il restait assez loin de la famille : lors de la "mort" de Bruce pendant la période Syndicat, il l'avait prouvé. Mais ce qu'il avait vécu avec le Joker... Il était mort, après tout. Pas de la meilleure façon qui soit, ni la plus douce, qui plus est. Les années ne pouvaient pas forcément l'effacer. Etait-ce une bonne idée de raviver ces douloureux souvenirs simplement car tu avais besoin de parler ? Ne serait-ce pas plus avisé de garder cela pour toi et de laisser Jason en dehors de ça ? Te décider fut long ; tu passas plus d'une heure assise là, à débattre avec toi même. Finalement, tu déverrouillas ton téléphone, lanças le logiciel créé par Tim et puis tu fis quelques signes, qui signifiait grossièrement : "Salut Jason. J'ai besoin de parler. Le Joker. Tu peux venir chez moi ?" Comme ça, il pouvait décider s'il voulait parler du Joker ou pas. Après tout, il était le mieux placé pour décider s'il en était capable, pas toi.


Posant ton téléphone, tu essayas de te changer les idées en regardant une série musicale, tout en t'empiffrant de glace au chocolat... Jusqu'à ce que tu tombes en pénurie. Regardant avec dépit le pot vide, tu vérifias ton téléphone. Jason avait accepté. Pfiou... Heureusement. Tu te levas, te décidant à ranger et nettoyer un peu avant qu'il arrive. Aspen n'était pas là. Il jouait probablement les justiciers. Il était doué et tu étais fière de lui, mais tu le voyais moins souvent. Alors que tu finissais de laver une assiette, on tapa quelques coups sur la porte. Tu essuyas rapidement l'assiette et tu la rangeas, avant d'étendre ton torchon. Puis, tu te dirigeas vers la porte pour l'ouvrir. Tu fis un léger sourire à Jason, accompagné d'un coucou de la main, puis tu te décalas pour le faire entrer. Vous vous asseyiez tous les deux sur le canapé et il y a un silence. Soudain, ton envie de parler s'est envolée et est remplacée par un poids sur ta poitrine. Fixant ta télévision éteinte plus loin, tu trouves enfin le courage de tourner ton regard vers Jason, lâchant sur un ton hésitant :

"Tu vas bien ?"

Le Joker. Chaque fois que tu lis son nom démoniaque un frisson d'horreur te parcoure l'échine. Un mal qui ronge la ville aussi bien que vos âmes. Et cette fois encore, il semblerait qu'il ait fait une nouvelle victime. Cassandra. Coeur battant, tu sens l’inquiétude grimper en flèche. Qu'est-il arrivé ? Qui va t-il encore traumatisé ? Barbara aura mis des années à se remettre de sa rencontre avec lui, clouée pendant longtemps dans un fauteuil roulant, mais pire encore, obligée à apprendre à vivre avec le souvenir de tout ce qu'il lui aura fait subir. Quant à toi, même si les cauchemars se sont considérablement apaisés, parfois, tu sens encore les coups de pied de biche fracasser tes muscles et tes os. Et tu entends son rire raisonner dans le recoin le plus sombre de ton esprit. Tu l'auras croisé à de nombreuses reprises depuis, mais aucune ne t'aura apporté la vengeance que tu désires depuis l'incident. Depuis qu'il t'a ôté à la vie quand tu n'étais qu'un adolescent. Ton désaccord avec Bruce venait de là, de son incapacité à mettre un terme à cette folie. Tu ne comprendras jamais pourquoi il s'évertue encore à essayer de l'enfermer derrière des barreaux dont il finit toujours par s'échapper. Chaque fuite d'Arkham est synonyme de nouvelles morts semées sur son passage. Aujourd'hui, c'est Cassandra qui doit payer le prix de cette imprudence, et c'est sans hésiter une seule seconde que tu réponds à ce que tu compares à un appel de détresse. Le temps d'enfiler une veste, de mettre ton casque, et de filer en moto jusqu'à chez elle. Vous n'avez jamais été particulièrement proches Cassandra et toi, même si vous avez appris depuis à vous apprivoiser, alors si c'est toi qu'elle a décidé de contacter pour parler de son entrevue sordide avec le Joker, c'est que la blessure doit être profonde. Invisible, mais profonde. Arrivé à destination, tu frappes quelques coups à la porte avant de voir le visage de ton hôte se dessiner sous tes yeux. D'un fin sourire mi-rassurant mi-gêné, tu pénètres à l'intérieur de l'appartement. Sans surprise, un léger malaise s'installe entre vous, tous les deux assis sur le canapé sans savoir quoi vous dire ou par où commencer. T'as pas envie de faire semblant, mais t'as encore moins envie de la forcer à parler si elle ne se sent pas encore prête. T'attendras le temps qu'il faut. « Je vais bien. » Et évidemment, tu n'oses pas lui retourner la question. Mais après quelques secondes d'hésitation, tu finis quand même par te lancer. Peut-être qu'elle attendait que tu ouvres la voie, et c'est exactement ce que tu vas faire, lui tendre une perche qu'elle sera ensuite libre de saisir ou non. « Et toi ? » T'espères qu'elle te pardonnera ce qui pourrait s'apparenter à un manque de subtilité, mais t'as jamais été très doué en communication. T'es le Robin tête brûlée au langage fleuri, pas l'épaule réconfortante sur laquelle se reposer comme Dick ou même comme Tim. Bien que ces derniers temps tu fasses de ton mieux pour améliorer cet aspect de ta personnalité – notamment avec Jinny. Tu dois apprendre à t'ouvrir aux autres, et ce soir est une excellente occasion de t'essayer au jeu des confessions. « On peut aller faire un tour, si tu veux. Je sais que moi l'air nocturne me fait toujours du bien, et m'aide à remettre mes idées en place. » Ce que t'essayes de lui faire comprendre, surtout, c'est que rien ne presse, et qu'elle peut prendre tout le temps dont elle aura besoin avant de se lancer dans le récit de sa rencontre avec le Joker. On ne force pas ces choses là, on attend patiemment qu'elles sortent d'elles-mêmes.

AVENGEDINCHAINS

The devil made me dance.

Jason et Cassandra.

Tu te considérais chanceuse de n’avoir véritablement rencontré le Joker qu’après New Themyscira. Dans le sens où cela faisait des années que tu étais une justicière, ici à Gotham City, et que si tu avais déjà croisé son chemin, ce n’était jamais seule. Quand on est avec quelqu’un, tout ou presque semble moins horrible. Une présentation orale de groupe est souvent moins éprouvant qu’une présentation orale seul. Combattre le Joker n’était pas la même chose lorsque l’on n’était pas seul avec lui. Et si le rencontrer après Terre-4 n’était pas vraiment une aubaine car tu espérais un peu de calme après ça, c’était mieux que de l’avoir rencontré à tes débuts… A tes débuts où les envies de mettre fin à tes jours étaient puissantes et semble-t-il sans fin. Quand tu y réfléchis, tu penses sérieusement que ce monstre l’aurait vu. Qu’il l’aurait utilisé… et qu’il t’aurait fait beaucoup plus de mal que ta rencontre récente. Mais l’heure n’était pas vraiment à la relativisation. L’heure était plutôt aux confessions de cette rencontre macabre qui t’avait chamboulée.

Tu fais rentrer Jason et le silence s’installe. Au moins, vous êtes plutôt sur la même longueur d’onde ; celle du malaise et de la gêne. Vous ne savez pas trop quoi faire- TU ne sais pas vraiment par où commencer. Alors tu fais la première chose qui te vient à l’esprit : des banalités. Il répond alors et tu te trouves soulagé qu’il aille bien. En le regardant brièvement, tu vois son hésitation, tu vois qu’il se demande s’il devrait te retourner la question et tu vois finalement son corps se décider alors tu te prépares à la question. Si ses paroles étaient dénuées de tact, son corps en revanche avait montré qu’il se souciait de te blesser. Tu souriais légèrement avant de répondre :

“Ça… pourrait être pire, je suppose.”

Ton regard se détourna. C’était plus difficile que prévu de parler, comme si les mots étaient bloqués dans ta gorge. C’était une sensation assez étrange. Tout ce que tu ressentais depuis cette rencontre était nouveau ou presque, à vrai dire… C’était donc d’autant plus dur d’en parler.  Tu regardais le sol, essayant de trouver par où commencer. Et puis, il te proposa de sortir prendre l’air. Tu acquiesçais, trouvant l’idée très bonne. Tu te levais et attrapais un bout de papier, dessinant rapidement un dessin pour prévenir Aspen, au cas où il rentrerait. Et puis, tu attrapais ta veste, enfilais tes chaussures et sortais avec Jason. Le vent froid caressait ton visage, comme une caresse rassurante… Tu te sentais mieux un peu. Il avait eu raison. Ton regard passa sur le ciel et tu soupiras légèrement.

“Il mettait le chaos avec ses sbires… Je l’ai poursuivi jusqu’à l’hôtel de ville. Il fouillait dans les archives, il a trouvé un dossier sur nous que j’ai pu récupérer… Mais il a sûrement… pris des photos ou je ne sais quoi…”

Ce n’était que le contexte, rien de ce qu’il t’avait fait et mais c’était déjà un bon commencement.

Chaque mot de Cassandra est terriblement précieux, tu sais qu'elle ne s'exprime que très rarement à travers la parole. Jeune fille extra lucide, elle parvient à lire en vous comme dans un livre ouvert, et ce, en observant simplement votre attitude. Tu l'admets, au début, t'étais mal à l'aise avec cette idée, toi l'homme en colère qui l'a toujours exorcisée à l'aide de tes poings. Ce qu'elle a vu en toi était aussi clair et limpide que ton propre reflet dans le miroir, et c'est précisément pour cette raison que ça t'a déplu. Tu ne voulais pas être ce qu'elle voyait, tu voulais être plus. Heureusement, avec le temps, vous êtes parvenus à vous apprivoiser, et tu n'es plus autant réfractaire à sa capacité. Maintenant, tu acceptes qui tu es, les bons comme les mauvais côtés, et si elle t'a demandé de venir ici, c'est bien parce qu'elle les accepte aussi. Alors le flottement un peu gênant qui s'installe entre vous, tu sais qu'il finira par disparaître. Emporté par la bise nocturne, puisque qu'elle accepte de te suivre dehors. Tu la laisses écrire son mot puis enfiler ses chaussures, avant de l'emmener au plus sombre de la nuit. Gotham est grand, Gotham est vaste, et parfois, elle est terriblement effrayante. Mais toi, tu l'aimes aussi pour tout ça. Avec le temps, t'as appris à l'apprécier pour ce qu'elle est, qu'importe sa noirceur et la profondeur de ses abîmes. Tu t'es juré de la défendre coûte que coûte, au péril de ta propre vie – un peu trop littéralement d'ailleurs. Tu marches à ses côtés, et tout naturellement, tu la guides vers un endroit que tu connais bien. Toi non plus t'es pas un très grand bavard, alors t'essayes du mieux que tu peux de soulager sa souffrance palpable, usant de tes stratagèmes de l'époque, quand toi-même tu te sentais au plus bas. Elle commence à parler, Cassandra, alors tu l'écoutes sans l'interrompre, estimant cette introduction comme un bon commencement. « D'accord. T'inquiète pas, on trouvera une solution pour le contrer. » Bien sûr que la perspective de laisser le Joker en apprendre plus sur vos identités respectives est terrifiante, mais là n'est pas réellement l'intérêt de la discussion. Vous n'êtes pas ici pour l'arrêter, vous êtes ici pour mettre des mots sur son traumatisme. Et plus les secondes s'écoulent, plus tu sens ton cœur battre vite. Et si tu ne trouvais pas les mots justes pour la réconforter ? Et si tu n'étais pas à la hauteur ? Tu t'es déjà essayé à l'exercice de grand frère avec Jinny Hex, mais tu n'es pas certain d'être doué pour ça. Dick et Barbara sont bien meilleurs que toi dans le domaine, et t'as déjà peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes. C'est toi qu'elle a appelé, alors t'as plutôt intérêt à être efficace. Faisant fi de tes craintes plus ou moins rationnelles, tu l'entraines dans un immeuble abandonné du quartier, où tu la fais gravir les plusieurs étages qui mènent jusqu'au toit. Voilà. D'ici, vous avez une vue imprenable sur la ville. Paradoxalement, t'as toujours trouvé cette immensité réconfortante. De te dire que quelque part, il y avait forcément quelqu'un qui ressentait la même chose que toi. Ça te faisait te sentir un peu moins seul. « Regarde, c'est pas magnifique ? Toutes ces lumières, tout ce brouhaha. D'ici, Gotham a presque l'air d'une ville comme les autres. » Le crime ne se distingue pas aisément d'aussi haut. C'est presque comme s'il n'existait pas. Tu viens t'assoir au bord du toit, les jambes battantes dans le vide, et t'invites Cassandra à te rejoindre. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ? » Cette fois, tu oses poser la question, en espérant qu'elle ne s'en offusque pas. Mais maintenant que la main est tendue, tu te devais de la saisir.  

AVENGEDINCHAINS

The devil made me dance.

Jason et Cassandra.

L’air de Gotham, aussi pollué soit-il, était cependant apaisant. Il t’aidait à retrouver ton calme, ou en tout cas à être assez calme pour commencer à parler. Tu avais commencé par quelque chose qui concernait toute la famille ; le vol d’un dossier vous concernant tous, par le Joker. Le Joker n’avait jamais porté d’attention à vos identités, mais il était tellement imprévisible, tellement… Tellement illisible… que tu ignorais totalement ce qu’il voulait faire des informations qu’il avait volé. Mais vous alliez mener l’enquête et trouver ; tu n’en doutais pas un instant. D’ailleurs, Jason t’en donnait la confirmation ; vous ne laisserez pas ce Clown faire quoique ce soit avec ses informations. Tu lui répondais d’un simple sourire. Puis, tu le suivais à travers les rues. Il te menait vers un bâtiment abandonné, un immeuble, vers le toit exactement. Tu regardais la ville sous tes pieds, les immeubles et autres bâtiments à perte de vue, les gens s’amusant en bas, faisant abstraction de la dangerosité de Gotham, comme s’ils ne vivaient pas dans la ville du crime. Tu regardais les lumières s’étendre, partout sous tes yeux et tu souriais.

“Si. Magnifique.”

Sans un mot de plus, tu le rejoignais au bord du toit. Aussitôt, ton regard fut attiré vers le bas, vers le sol. Mais pas un vertige ne te vient, non ; tu étais habituée à ce genre de choses, à la hauteur. Tu aimais ça, même. Alors tu ne vacillas pas un instant… Ou en tout cas, pas à cause de la hauteur, mais plutôt à cause de la question de ton frère. Elle te ramenait à la vraie raison de votre présence sur ce toit : le Joker. Tu fermas les yeux un instant, soupirant, avant de les rouvrir pour fixer la foule en bas.

“On a parlé. Il m’a dit que j’étais différente de… De vous. Et puis il m’a laissé prendre le dossier. Pour pouvoir mettre le feu à la pièce. Il a menacé des enfants, sûrement pour s’assurer que je ne ferais rien pour l’en empêcher.”

Tu en venais bientôt au plus gros… A ce qui te serrait la poitrine rien que d’y repenser. A cette danse forcée, cette danse qu’il a prise sans demander, cette simple danse qui aurait simplement gêné et effrayé une autre personne, mais toi… Cela t’avait totalement retourné. En quelques mouvements chorégraphiés, il t’avait fait perdre ton sang-froid.

“J’ai attrapé son poignet… Et… Il m’a fait dansé. Je… Je sais. Je sais que ça peut paraître…”

Le mot refusait de venir. Tu ne le trouvais pas, alors tu continuais avec d’autres mots.

“Je sais qu’il a fait bien pire que ça. Que pour d’autres, ce serait… Juste des pas de danse. Mais pour moi, c’était plus que ça…”

Tes yeux se fermaient tout seul, alors que ta respiration devenait un peu plus chaotique.

“Je ne peux pas lire ses mouvements. Anticiper ses pensées. Quand il m’a fait basculé en dansant… C’est comme si non seulement j’étais retournée à l’époque où je ne pouvais ni comprendre ni parler, mais qu’en plus… Je ne savais plus du tout comprendre les mouvements. Comme si je ne pouvais rien faire d’autre que le regarder et l’écouter.”

Tu fais de ton mieux pour masquer la colère qui grandit en toi, conscient que ce n'est pas de ça dont a besoin Cassandra ce soir. Pourtant, tu le sais, dès lors que tu connaitras toute l'histoire, elle se fera de moins en moins sourde et muette. Parce que t'es lassé. Parce que t'es arrivé au bout de ce que tu peux supporter à son égard. Le clown doit mourir, rapidement, avant que la situation ne devienne incontrôlable. Et c'est autant pour le dossier trouvé que pour le mal qu'il fait à ta famille. Barbara a perdu ses jambes, toi t'as été tué, jusqu'où faut-il aller pour qu'enfin une décision radicale soit prise ? Silencieux, tu laisses maintenant Cassandra exprimer ce qui lui compresse la poitrine. Une rencontre dont elle se souviendra toute sa vie. Comme vous tous. Et qu'est-ce que tu pourrais lui dire pour alléger le fardeau ? Pour apaiser le traumatisme ? T'es mieux placé que quiconque pour comprendre, et pour savoir que rien n'est facile quand il s'agit de lui. Que la marque qu'il laisse sur votre âme est aussi brûlante que la braise, et aussi ancrée en vous qu'un tatouage sur la peau. Une danse. Une perte de contrôle. Une impression de plonger dans un gouffre sans fond, comme une prison dans les abysses elles-mêmes. Tu la ressens sa souffrance, elle fait écho à celle que tu éprouvais jadis. Alors pour lui donner un peu de courage, tu viens glisser ta main dans la sienne. Un geste plutôt que des mots, dans un premier temps, puisque tu sais à quel point ils sont plus éloquents pour elle. Tu ne trouves rien de ridicule au contexte de leur rencontre, loin de là, tu peux lire combien elle a été traumatisante pour ta cadette. C'est comme si toute son essence avait été absorbée par le clown. Comme si elle avait perdu son identité. Et pire encore, comme si elle était retournée en arrière, incapable de se raccrocher aux fils de son présent. « Il a cet effet là sur les gens. Je suis désolé que tu aies eu à subir tout ça... » Il faut d'abord qu'elle sache qu'il n'y a rien de plus normal à ce qu'elle a ressenti, et que n'importe qui d'autre à sa place l'aurait tout aussi mal vécu. Elle n'a pas fait preuve de faiblesse, bien au contraire, elle a été terriblement forte. « Tu sais, quand je suis revenu, j'étais complètement perdu. » Revenu, un mot moins brutal pour exprimer ton retour parmi les vivants après avoir été massacré à coups de pied de biche par le clown. « Tellement perdu que j'ai volé sa première identité, Red Hood. Aujourd'hui j'ai réussi à faire en sorte qu'elle devienne mienne, que plus rien ne me rattache à lui. Mais pendant longtemps, il m'a obsédé. Je ne pensais qu'à assouvir une vengeance qui ne m'aurait de toute façon rien apporté. Ça m'a tellement bouffé... » Sans que tu cesses de croire pour autant que sa mort serait bénéfique pour tout le monde. Et un jour ou l'autre, tu sais qu'il se retrouvera au bout de ton canon, et que tu n'hésiteras pas une seule seconde à tirer. Cassandra t'a donné une raison de plus de le faire. « Et puis, je me suis rendu compte que c'est exactement ce qu'il aurait voulu. Que je reste ce Robin brisé toute ma vie. Que jamais je ne parvienne à aller au-delà de ce qu'il m'a fait subir. » Parce qu'il n'est pas fou. Non, il est pire que ça. Il est intelligent, sournois, et il sait très bien où appuyer pour que ce soit le plus douloureux possible. D'une façon ou d'une autre, il a réussi à trouver le point faible de Cassandra, et il s'en est servi pour la marquer, elle aussi. « On peut pas lui laisser un tel pouvoir. Quoi qu'il fasse, on ne peut pas laisser son image et son influence nous poursuivre aussi facilement. » Plus facile à dire qu'à faire, pas vrai ? Mais finalement, ça a plutôt bien marché pour toi. Tu t'es débarrassé des démons qu'il avait lancé à tes trousses, et aujourd'hui, t'es parvenu à trouver une certaine forme de sérénité. Ce qui signifie qu'elle le peut tout aussi bien que toi. « Ne le laisse pas gagner, Cassandra. » Et tu seras là pour l'aider, si elle a besoin que tu te battes à ses côtés.

AVENGEDINCHAINS

The devil made me dance.

Jason et Cassandra.

Les mots étaient sortis difficilement, douloureusement. Les mots exacts, convenant parfaitement à ce que tu ressentais. Le Joker ne laissait jamais personne indemne, même si on pourrait le penser en apparence. Quelqu’un d’autre pourrait penser que le plus grave qu’il t’ait fait ce soir-là, c’était t’empoisonner avec son gaz hilarant - tu “remerciais” ton entraînement avec ton père qui t’avait aidé à résister à celui-ci, d’ailleurs. Mais ça, ce n’était rien. Rien comparé à cette marque semble-t-il indélébile qu’il avait laissé en toi. En quelques secondes, il s’était temporairement emparé de toi, il avait fait de toi ce qu’il voulait… Il avait utilisé tes faiblesses pour te retourner, te perturber, pour avoir l’emprise sur toi… Et ça avait très bien marché. Tu n’étais pas la première. Tu ne serais pas la dernière. Quand tu pensais à ça, tu ne pouvais t’empêcher de penser… Y a-t-il un réel moyen de l’arrêter, définitivement ? Tu sais très bien qu’il y en a un… Mais tu ne veux pas l’utiliser. Jamais. Quelque part, si tu arrivais à cette éventualité, il aurait gagné. Tu savais que Jason y pensait aussi. Et à cet instant… Si jamais tu voyais Jason pointer une arme sur le Joker, tu n’étais pas sûre que tu l’arrêterais.

Red Hood t’écouta patiemment, attentivement. Tu pouvais le sentir se tendre, sentir sa colère. Une colère légitime, une colère que tu ne partageais pas mais que tu comprenais, une colère qui résonnait avec tes propres sentiments pourtant différents. Et tu le laissas parler. S’exprimer sur ce qu’il avait vécu. Sur sa mort. Tu ne pouvais imaginer ce qu’il avait vécu. C’était une douleur tout autre que la tienne, et pourtant étrangement similaire de part la personne qui l’avait causé… De part les intentions de cette dernière, aussi. Tu aurais aimé avoir été à ses côtés à ce moment là… Comme il l’était actuellement pour toi. Mais les regrets du passé ne servaient à rien. Tu savais que quoi qu’il arrive maintenant, vous serez là l’un pour l’autre.

Ces mots sur l’emprise, l’influence que le Joker laissait… que vous deviez combattre. Et ces derniers mots… Ne pas le laisser gagner. On pourrait dire que c’était quelque chose de plus facile à dire qu’à faire : quand le Clown vous avait marqué, c’était dur de s’en détacher. Mais tu parlais à Jason Todd. Red Hood. Celui qui était revenu, qui avait combattu l’ombre de ce monstre dans sa vie et qui avait gagné. Jason se présentait à l’instant à toi non seulement comme un exemple, mais un soutien, une aide pour accomplir ce qu’il te demandait de faire. Alors, l’expression “plus facile à dire qu’à faire” n’avait plus lieu d’être ; ce ne serait pas facile pour autant, mais tu savais que tu y arriverais. Tu posais doucement ta tête sur son épaule, trouvant le courage d’ouvrir les yeux pour plonger le regard sur les multiples lumières devant toi. Les larmes coulaient, mais un léger sourire venait les combattre.

“Il me connaît mal, s’il pense gagner. Je ne perds jamais. Demande à Tim.”

C'est important la famille, et trop souvent, tu l'as oublié. Tu t'es éloigné d'eux pour mener une vie de solitaire, et maintenant, tu réalises que t'as sans doute fait une erreur. Bien sûr que ce ne sera jamais parfait, vous êtes bien trop différents pour ça, mais dans le fond, quelle importance ? N'est-ce pas le lot de toutes les familles que d'être rythmées par des querelles ? Tu sais pas si tu l'as réellement aidé, Cassandra, mais elle, à sa façon, elle t'aura aidé. Parce que pour la première fois depuis des années, tu te sens à l'aise dans le rôle du grand frère. Rien de compliqué, rien d'illégitime. Tu fais de ton mieux pour apaiser ses tourments, et t'as l'impression de plutôt bien t'en tirer. En tout cas, en apparence, et tu ne te leurres pas sur le fond, il faudra bien plus que quelques mots réconfortants pour faire disparaître le traumatisme. Mais tu crois en elle. Fermement. Elle ne se laissera pas abattre par le clown. Et dans le pire des cas, tu lui fais la promesse silencieuse de ne jamais la laisser sombrer. Pour éviter absolument ce qui t'est arrivé à toi. Tu ne le souhaites à personne. La perdition est douloureuse, et la colère dévastatrice. Un chemin auto-destructeur dont il est après difficile de s'écarter. « Tu perds jamais ? Je demande à voir. » Une invitation à quelque chose de plus intime, si elle le veut bien. Si vous êtes capables de tenir une discussion difficile, t'es certain que vous parviendrez à vous entendre aussi sur votre sens de la compétition. Vous oubliez trop souvent que votre quotidien n'a pas uniquement à rimer avec patrouilles, vous êtes autorisés aussi à vous amuser, de temps en temps. « Mais je sais déjà que tu t'en sortiras. » Son passif compliqué l'a déjà prouvé, elle est forte, et même si Joker est aussi cauchemardesque qu'un démon sorti des enfers, elle en viendra à bout. Pas aujourd'hui. Pas demain. Mais un jour. A un moment donné, il n'aura plus d'emprise sur elle, et il n'aura pas réussi à traumatiser un autre d'entre vous. Elle ne rajoute rien sur l'histoire, Cassandra, alors tu en fais tout autant, contemplant simplement l'horizon, et profitant de ce silence réparateur et apaisant. Tu la laisses reprendre ses esprits, la tête sur ton épaule, toujours en soutien en cas de besoin. Qu'elle prenne le temps dont elle a besoin, rien ne presse, vous pouvez rester ici aussi longtemps qu'elle le voudra. Même si t'as une autre idée derrière la tête. Et après avoir respecté son silence un bon moment, tu t'autorises à le briser pour lui faire une proposition. « Ça te dit d'aller manger un ptit dessert ? » Parce qu'aussi agréable soit ce moment avec elle, tu commences à avoir un peu faim. « Je connais un endroit sympa pas loin. Y a aussi des flippers, ce sera l'occasion de me faire une démonstration de ton sens de la compétition. Et je te préviens, j'y ai passé de longues heures quand j'étais plus jeune, alors n'espère pas trop me battre. » Présomptueux ? Oui, toujours. Mais surtout désireux de lui changer un peu les idées. Et quoi de mieux pour y arriver que de titiller sa rage de vaincre. Sourire aux lèvres, tu attends son approbation avant de l'y emmener. Tu peux jouer encore un peu les grands frères.

AVENGEDINCHAINS

The devil made me dance.

Jason et Cassandra.

Toi et la compétition, c’était une grande histoire d’amour. Tu adorais te lancer des défis, surtout si l’enjeu était de gagner contre quelqu’un. C’était des défis de toute sorte, et tu aimais que cela sorte de ta zone de confort aussi. C’est-à-dire que tu préférais quand ça ne touchait pas au combat ou à la danse. Cela t’apportait beaucoup de satisfaction. Il n’était pas rare que ton adversaire te voit sourire quand tu gagnais - car tu gagnais toujours. Bon, tu devais te l’avouer, tu ne gagnais pas vraiment toujours. Mais tu faisais ton maximum pour que ça soit le cas la majorité du temps ! Et ça portait ses fruits. Peu de personnes pouvaient se vanter de t’avoir battue à quelque chose ! Tu souris à la petite provocation amicale, rétorquant rapidement :

“Quand tu veux.”

Jason se montrait un soutien indispensable à cet instant. La tête sur son épaule, tu prenais le temps de te calmer en écoutant ses paroles rassurantes, qui étoufferaient au moins l’espace de cette soirée - et plus longtemps tu l’espérais - les douloureux doutes et les affreux souvenirs que t’avait laissé le Joker. Sa présence, même silencieuse, suffisait à t’apaiser, au final. Bien sûr ça ne durera pas, mais il avait raison : tu allais t’en relever. Tu n’étais pas seule. Tu avais ta famille… Tu pensas alors à Aspen. Tu ne pouvais pas continuer à lui cacher ce qu’il s’était passé avec le Joker… Mais c’était si dur d’en parler. Ca t’avait déjà pris une force colossale pour en parler à Jay… Tu chassais tes pensées inquiètes pour reprendre totalement une contenance et finalement, relever ta tête. Jason prit l’occasion pour briser le silence. Il te proposait de manger et ça, tu ne pouvais pas refuser. Tu pouvais encore moins refuser quand il te défia de le battre au flipper. Un sourire joueur se dessina sur ton visage, répondant au sien.

“J’apprends très vite figure-toi, Jason ! J’accepte avec plaisir de te mettre une raclée.”

En pouffant de rire, tu te levas, t’éloignant du bord du toit pour suivre ton frère qui te guidait à son fameux “endroit sympa”. Sur le chemin, tu te permettais de poser une question :

“Comment va Ophelia ?”

C’est sûr que tu ne la voyais pas souvent du tout, mais tu lui envoyais toujours des cadeaux d’anniversaire et de Noël. Même blessée ou au bord de la mort, tu n’oublierais jamais de lui envoyer. Elle avait une place spéciale dans ton coeur, c’était ta nièce après tout. Depuis le temps que tu l’avais vu, elle devait bien avoir triplé sa taille… Les enfants, ça grandit vite après tout. Tu devrais plus prendre le temps d’aller la voir… Même si en ce moment, ce n’était pas la meilleure période. Tu te promettais qu’une fois que tout serait calmé, tu lui rendrais une petite visite, avec un ours en peluche géant et des tonnes de bonbons pour te faire pardonner.

“Et Diana ? Ça va vous deux ?”

Vous n’aviez jamais beaucoup parlé amour tous les deux. Vous n’aviez tout simplement jamais énormément parlé, tous les deux… Mais après tout, mieux vaut tard que jamais, non ?

Après son accord, vous vous mettez en route. En espérant que ce petit moment sur le toit lui aura permis de s'apaiser un peu. Tu sais à quel point ça a été difficile pour elle de mettre des mots sur son traumatisme, et t'as conscience qu'il ne suffit pas d'une soirée en ta compagnie pour tout effacer. Mais le pas qu'elle a fait est déjà énorme, et tu n'as aucun doute qu'elle parviendra à se relever complètement. Que ce soit en attrapant ta main ou celle d'un autre. Avec ces temps difficiles, il est plus que jamais important que vous comptiez les uns sur les autres. Sur le chemin, Cassandra te questionne sur Ophelia, et tu ne peux t'empêcher de laisser échapper un rire amusé. Bon sang, comment résumer les progrès récents de ta fille ? Les enfants humains sont déjà difficilement gérables à cet âge, mais alors une petite Amazone en puissance ? Encore pire. « Et bien je dois régulièrement lui confisquer l’épée de sa mère qu'elle arrive toujours à trouver. Et je lui apprends à maitriser sa force pour ne pas qu'elle casse les os de son pauvre père en ne faisant pas assez attention.  Mais elle va très bien. » Jamais tu n’avais imaginé devenir père. Dans ton esprit tourmenté, ton avenir était déjà tout tracé, et le bonheur n'en faisait clairement pas partie. Voilà longtemps que tu t'étais résigné à l'idée. Jusqu'à ce que Diana bouscule ton existence. « Tu te rends compte que c'est moi le premier à être papa ? Avoue, vous n'auriez jamais parié sur moi. » Et tu ne peux pas les blâmer. Tu n'aurais pas parié sur toi-même non plus. « N'hésite pas à passer quand tu veux. Elle est toujours contente de recevoir tes cadeaux, mais à chaque fois elle me demande quand elle te reverra. Je le dis sûrement pas assez, mais vous êtes tous les bienvenus à la maison. » Tu lui adresses un sourire chaleureux avant de glisser tes mains dans les poches. Vous n'êtes plus très loin. « Quant à Diana, on se porte aussi bien que possible. C'est pas tous les jours facile d'être marié à Wonder Woman, surtout en temps de crise, mais je crois qu'on s'en sort pas trop mal. L'un comme l'autre on savait parfaitement dans quoi on s'engageait. J'imagine que ça aide aujourd'hui à relativiser. » Tiens donc, tu ne te souviens pas de la dernière fois où vous avez eu une conversation aussi intime elle et toi. Peut-être jamais ? En tout cas t'es ravi, ça fait du bien d'instaurer un nouvel aspect à votre relation. Vous devriez faire ça plus souvent. « Et toi alors ? Je sais que t'es pas du genre bavarde, mais je suis curieux de connaître les dernières nouveautés du quotidien de Cassandra Cain-Wayne. » Tu ne la mettras pas mal à l'aise en mentionnant spécifiquement le côté amoureux de sa vie, mais qu'elle se sente libre de t'en parler si elle en ressent l'envie. C'est important de parler du pire pour l’exorciser, mais c'est tout aussi important de parler des belles choses. Pour garder espoir. Pour ne pas avoir l'impression que l'obscurité est aussi opaque qu'elle en a l'air. « Comment va Aspen ? » Jeune homme talentueux que tu as rencontré plusieurs fois, et qui a su se sortir d'un passé tumultueux pour faire le bien autour de lui. Un brave garçon, qui tu l'espères, finira par trouver la paix, lui aussi.

AVENGEDINCHAINS

The devil made me dance.

Jason et Cassandra.

Vos pas se suivaient, synchronisés inconsciemment alors que vous vous dirigiez vers votre destination pour finir cette soirée sur une note plus légère et positive que comment elle avait commencé. Tu te sentais mieux qu’avant, c’était indéniable. Même si ce n’était pas parfait, tu avais réussi à repousser tes souvenirs au fond de ta tête pour te concentrer sur ce moment passé avec Jason. C’était d’ailleurs à tes yeux le moment parfait pour prendre des nouvelles du jeune homme et de sa petite famille. Tu fis écho au rire de Jason lorsqu’il t’apprit que Ophélia était en pleine forme. Littéralement, car il semblait avoir besoin d’apprendre à la petite à contrôler sa forme, justement. Ca ne devait pas être facile d’élever une petite Amazone. Tu te souvenais bien qu’elle était déjà très forte, la dernière fois que tu l’avais vue. Sa force ne devait certainement pas aller en diminuant…

“Tant mieux, alors.”

Il fit référence au fait qu’il était le premier à être papa de vous tous. Cela te tira un petit sourire amusé.

“Oui, c’est vrai, je l’avoue. Mais ça te va bien, être papa.”

Tu le pensais : il faisait un super boulot avec la petite Ophélia. Elle était heureuse et tu voyais bien que lui aussi. Cela te faisait chaud au coeur de voir à quel point il avait changé et combien sa famille lui avait apporté. Cela te faisait te poser tout un tas de questions auquelles tu n’avais pas pensé avant… Comme la possibilité d’avoir des enfants. Tu ne l’avais jamais envisagé, comme si ton cerveau trouvait ça impossible. Est-ce que tu serais une bonne Maman ? Plus important… Est-ce que tu voulais des enfants, au final ? Des questions bien trop compliquées pour être répondues maintenant, mais maintenant que tu avais commencé à y penser, tu n’allais certainement pas arrêté. Jason te ramena un peu dans la réalité en parlant tout d’abord de sa relation avec Diana. Tu étais soulagée de savoir que ça allait, malgré les difficultés. Et puis il rappella que vous étiez les bienvenus chez eux. Tu souris doucement.

“Bien sûr, je le sais. Je ne prends juste pas assez le temps… J’essayerais de passer la semaine prochaine. Je t’enverrais un message pour te prévenir. Attends-toi à ce que je lui ramène une épée en bois pour me faire pardonner de ne pas passer assez souvent.”

Ton sourire se fit un peu plus moqueur et taquin en précisant cela. Au moins, peut-être qu’elle arrêtait de piquer l’épée de sa mère. Tu avais hâte de la revoir, tu ne pouvais pas le nier ça. Finalement il te demanda à avoir des nouvelles de ta vie. Aussitôt, tu ne pus t’empêcher de penser à deux personnes en particulier.

“Je n’ai pas encore pu reprendre le ballet. Disons que… Terre-4 a fait des dégâts à mes collègues aussi.”

Mais tu changeas rapidement de sujet, préférant ne pas repenser plus que ça à ce monde de malheurs. Les nouveautés dans ta vie… Wyatt. Tu l’aimais bien… Plus ça allait et plus tu te demandais si ce n’était pas de la simple affection. Tu n’avais pas vraiment pu le revoir depuis ton retour de Terre-4 et… Il te manquait. Vraiment. Jason s’est confié, autant te confier aussi, non ?

“Je crois que j’aime bien un garçon. Il s’appelle Wyatt. Il est gentil. On a empêché un meurtre-suicide et après, il m’a offert un cheeseburger. Et puis, on s’est revus quelques fois avant… Tout ce bazar.”

Un petit sourire était apparu sur tes lèvres. Bon, c’était un résumé un peu bizarre de votre rencontre et de votre relation, mais c’était un résumé plutôt représentatif. Et une autre nouveauté… Bizarrement, une certaine soirée sur Terre-4 te revint en tête. Ta main se porta à ton cou, et tu sortis de sous ton manteau un petit collier en argent, avec un pendentif représentant un trèfle à quatre feuilles. Tu t’étais promis de ne jamais quitter le cadeau de Tim et tu t’étais tenue à cette promesse. Tu lui montras le collier, souriant.

“Tu sais, on était sur Terre-4 pour nos anniversaires, à moi et Tim. Il m’a offert ce cadeau.”

Plus tu repensais à cette soirée, plus tu souriais sans t’en rendre compte. Et bien que toi tu ne saurais interpréter ce sourire autrement que par de l’amitié, Jason connaissait certainement ce genre de sourire et le genre de sentiments qui allaient avec.

“Il a même dansé avec moi. Il se débrouille très bien, d’ailleurs.”

Vous vous approchiez de plus en plus de la destination et Jason te posa une autre question : Aspen. Une question un peu délicate en vérité car tu ne savais toujours pas si tu devais parler de ce qu’il s’est passé avec le Joker avec lui ou pas. Tu ne savais pas si tu t’en sentais capable et puis ça pourrait le mettre en danger…

“Oui, je crois. Terre-4 l’a chamboulé mais il va mieux depuis qu’on est revenus chez nous. Je crois. On… on parle pas beaucoup depuis quelques jours.”

La danse, tu sais à quel point c'est important pour elle, et tu es navré d'entendre qu'elle ne peut pas encore s'y exercer comme elle le souhaiterait. C'est tellement fondamental d'avoir une échappatoire dans le monde dans lequel vous vivez, pour s'échapper un peu du quotidien et oublier ces horreurs que vous traversez régulièrement. Tu ne rebondis pas sur sa réflexion, sentant bien qu'elle ne tient pas à ce que tu le fasses, mais tu lui adresses malgré tout un sourire compatissant. Quant à la seconde révélation, elle est on ne peut plus surprenante. Quand tu lui as subtilement posé la question sur sa vie amoureuse, tu ne t'attendais pas à ce qu'elle réponde par l'affirmative. Et bien, et bien. Allez, tu vas pas jouer les grands frères taquins et l'embêter avec ça, mais n'empêche que t'es content de l'apprendre. « Un cheeseburger, hein ? Va falloir qu'il fasse un peu mieux la prochaine fois. » Aussi fanatique sois-tu de la mal bouffe, ce n'est pas ainsi que l'on séduit une fille. Enfin, c'est ce que tu dis, mais le stratagème semble avoir marché avec Cassandra. Elle qui pourtant ne se laisse pas facilement approchée, et qui n'accorde pas sa confiance à n'importe qui. Tu ne connais pas du tout ce Wyatt, mais s'il est parvenue à la toucher, c'est qu'il doit être quelqu'un de bien. Tu l'espères en tout cas. … Et ça ne s'arrête pas là ! Tim ? Tim Drake?! Bon sang, celle-ci non plus tu ne l'as pas vue venir. Elle semble accorder une réelle importance au cadeau qu'il lui a offert, et tu vois bien dans son sourire que se cache quelque chose dont elle n'a peut-être pas encore conscience. Mais sans vouloir être rabat-joie, t'as un peu peur que tout ceci se termine mal. Pour l'un ou l'autre. Quand un cœur balance, la chute n'est jamais très loin. « Alors Tim et toi vous êtes... » Comment dire ça ? T'as pas l'impression qu'elle réalise clairement ce qu'elle est en train de t'exprimer. Et c'est normal, c'est facile avec le recul d'avoir une vue d'ensemble de la situation, mais quand l'on est directement concerné, il est parfois compliqué de mesurer pleinement tout ce que cela implique. « … proches ? » Pas sûr qu'elle comprenne ce que tu essayes de lui dire, mais c'était le compromis entre la subtilité et les gros sabots. Et qu'elle s'estime heureuse, parce que d'habitude tu joues plutôt dans la cour des gros sabots. « Et je ne doute pas une seule seconde qu'il soit bon danseur. Ou du moins, qu'il fait de son mieux. » Tim et Cassandra. Cassandra et Tim. Pendant un instant, tu ne peux t'empêcher d'imaginer le tableau. Et la seule conclusion que tu en tires, sourire aux lèvres, c'est qu'ils méritent le bonheur. Tous. Dick avec Kory – un jour peut-être – et Barbara avec Nate. Votre famille a trop traversé, il est maintenant temps d'accéder à un peu de paix et d'amour. « Il a sûrement besoin d'être un peu tout seul. Chacun a sa façon de gérer les choses. » Mais tu notes quand même de lui envoyer un message pour t'assurer qu'il va bien. Ce gosse est probablement traumatisé, comme vous tous, mais tout le monde n'a pas la même faculté à retomber sur ses pattes. Même s'il a déjà prouvé à quel point il était fort. Après cet échange étonnant mais agréable, vous voilà arrivé à l'endroit où tu voulais l'amener. Un café qui ressemble aux anciennes salles d'arcade. Un bar pour se désaltérer, mais aussi plusieurs bornes de jeux, dont le flipper dont tu lui as parlé tout à l'heure. Et c'est directement vers lui que tu te diriges. « Bon, après avoir vanté tes prouesses, je crois qu'il est maintenant temps que tu en fasses la démonstration. » Et pendant qu'elle se prépare, tu t'absentes quelques minutes pour vous rapporter deux verres de coca. Allez, qu'elle t'en mette plein les yeux. On va avoir si elle est à la hauteur de ce qu'elle prétend. Et d'humeur joueuse, tu trouves le parfait stratagème pour la déconcentrer – et pour ainsi conserver ton record, bien évidemment. « Du coup, la prochaine danse, tu préférerais l'accorder à Wyatt ou à Tim ? » Oui, oui, c'est fourbe. Mais y a pas de règles qui interdit ce procédé. Et puis, t'es réellement curieux. Elle t'a parlé de Wyatt, puis de Tim, mais tu restes confus, pour qui son cœur balance vraiment ? T'as pas l'impression de te faire des idées sur la nature de sa relation avec les deux garçons, et tu serais pas contre un petit éclaircissement. Enfin, encore faut-il que ce soit clair dans sa tête. C'est dur parfois la jeunesse.

AVENGEDINCHAINS

The devil made me dance.

Jason et Cassandra.

La simple question subtile de Jason s’était transformée en une véritable confession. Enfin, façon de parler. Après tout, tu n’avais même pas encore conscience de tes sentiments, que ce soit pour Wyatt ou Tim, ni de leur vraie nature. En tout cas Jay t’écoutait plutôt attentivement. Tout d’abord, il s’étonna du lieu où t’avait emmené Wyatt. Tu ne compris pas vraiment où il voulait en venir par “faire mieux la prochaine fois”. C’était un repas très agréable, après tout. Et même si le fast-food n’était pas ton type de nourriture préféré, c’était quand même bon. Tu ne relevas pas cependant, mentionnant maintenant le temps que tu avais passé avec Tim sur Terre-4, effleurant le cadeau qu’il t’avait offert pour ton anniversaire. Tu tournais la tête vers Red Hood lorsqu’il reprit la parole et tu fus intriguée par l’hésitation dans le choix de ses mots. Fronçant les sourcils, tu répondais simplement :

“Oui, nous sommes proches. Pourquoi ?”

Tu ne comprenais pas du tout la subtilité de ce que venait de dire le jeune homme, à vrai dire… Pour toi, c’était évident que tu étais proche de Tim. Et donc, tu t’interrogeais de la raison de cette question. En tout cas, la conversation continuait. Tu évoquais que Tim dansait bien et hochait la tête face à la réponse de Jason. Bien sûr que ce n’était pas parfait, mais Tim avait pris beaucoup de cours, tu l’avais vu lorsque vous avez dansé. C’était ça qui te touchait le plus : les efforts qu’il avait fait pour toi. Danser n’était pas l’un des centres d’intérêt de Red Robin après tout. Pourtant, il avait pris la peine d’apprendre. Mais le sujet de conversation ne resta pas aussi léger, car vous parliez maintenant d’Aspen. Aspen avec qui la distance s’installait doucement. C’était un peu effrayant… Mais Jason avait probablement raison : Terre-4 a été une épreuve pour tout le monde et Aspen avait sûrement juste besoin de temps. De toute façon, tu avais besoin de temps et d’espace aussi, avec ce qu’il s’était passé avec le Joker. Car oui, tu n’étais pas du tout prête à en parler à Aspen.

En tout cas, vous étiez maintenant arrivés au café où Jason souhaitait t’emmener. Tu aimais bien la décoration et l’ambiance, c’était plutôt agréable. Tu t’approchas d’un flipper en suivant le jeune homme. C’est donc le fameux flipper où tu vas lui botter les fesses ? Très cool. Tu adresses un sourire taquin à Jason en guise de réponse : oh oui, il va l’avoir sa démonstration ! Tu retires ton manteau et le pose sur une chaise à côté du flipper. Quelques minutes plus tard, Jay revient avec deux verres de Coca et tu ne manques pas de le remercier. Et finalement, tu te mettais au travail, commençant à jouer au flipper. Concentrée, la phrase de Jason te déstabilisa. Tu tournas la tête vers lui, fronçant les sourcils, essayant de comprendre ce qu’il voulait dire. Car ce n’était clairement pas une question au sens propre. Tu rattrapas la balle de flipper au dernier moment, mais tu avais raté ton parfait enchaînement. Fixant le jeu, tu eus un petit sourire :

“Tu sais que j’ai tendance à casser le nez de ceux qui me déconcentrent ?”

Est-ce que tu plaisantais ? Est-ce que tu comptais vraiment casser le nez de Jason ? Personne ne le sait. En tout cas, les sous-entendus de Jason commençaient à vraiment t’intriguer.

“Tu sais, je peux comprendre qu’il y a des sous-entendus, mais j’avoue que je comprends pas vraiment le sens de celui-là.”