If you're going through Hell, keep training ⚔ Garth

Rien n'était forcément très simple, dans la vie, mais bon, ça, Kory, elle l'avait compris depuis bien longtemps. C'est vrai, si l'on se référait uniquement à son titre de Princesse héritière de Tamaran, à ça et rien qu'à ça, sans doute que l'on pourrait aisément se dire qu'elle n'avait peu avoir que la vie belle, qu'on lui prémâchait le travail depuis toujours, et qu'à ses pieds, il y avait longtemps que le tapis rouge avait été déroulé, comme on dit chez les Terriens. Mais il n'y avait rien de plus faux. Penser ainsi, c'était faire totalement abstraction des épreuves qu'elle avait traversées, des sévices qu'elle avait endurés, des crochets du droit qu'on n'avait pas manqué de lui infliger, au sens propre comme au sens figuré. Mais ... Mais de toute façon, Kory savait qu'il était impossible pour quiconque de penser ainsi, ou du moins de le faire en se basant sur l'exemple donné, à savoir celui de sa très royale naissance. Parce que de ces choses là, elle n'en parlait pas. Oh, pas par pudeur, parce que, au fait, c'est quoi, la pudeur ? 5 ans qu'elle évoluait parmi les Terriens, et cela demeurait encore au nombre de ces concepts encore trop abstraits pour elle pour qu'elle arrive à toujours tout y comprendre. Mais, oui, de ces choses là, elle n'en parlait pas. C'était son fardeau, et elle préférait penser aux choses belles, aux choses jolies, plutôt que de vivre dans le passé. Sur Tamaran, on apprécie le passé. Et on le respecte. Mais on n'y demeure pas, on n'y vit pas. On préfère de loin profiter pleinement du moment présent, le savourer à pleines dents, en sentir la sève couler jusque dans sa gorge. Ce qui ne signifie en rien qu'on oublie tout, qu'on fait table rase du passé et qu'on n'a de cesse de recommencer sa vie à zéro. Kory n'oubliait rien. Et elle ne pardonnait pas forcément aussi facilement que cela, mais c'était sans doute là une facette d'elle-même qu'elle ne montrait que très peu, parce qu'on ne pouvait pas vraiment trop comparer les mauvais coups qu'on pouvait lui faire à ceux qu'elle avait déjà connu. Du moins, plus ou moins. Même si, présentement ... Présentement, elle avait la dent dure contre Ultraman et sa phobie du soleil, ou elle ne savait trop quo encore. A cause de lui, elle était privée de ses délicieux UV, et elle en était réduite à devoir faire ceinture sur tout ce qui lui était habituel et naturel concernant ce dont elle était surhumainement capable.

Mais elle ne se laissait pas abattre. Après tout, elle avait plus d'une corde à son arc, comme on dit, et puis, rester inactive, cela ne lui réussissait pas. On ne la laissait d'ailleurs pas trop faire, au sein des Teen Titans. Parce qu'une Kory privée d'action, c'est une Kory qui vous refait la décoration de toute la Tour, à son goût à elle, ou qui vous tombe dessus pour vous demander ce que vous pensiez de la dernière tenue qu'elle était allée s'acheter, afin de savoir si, celle-là aussi, vous alliez lui dire qu'elle allait lui attirer des ennuis. Oui, il fallait qu'elle bouge, qu'elle fasse quelque chose, alors quand Garth lui avait proposé de la former aux arts du combat atlantes, elle n'avait absolument pas dit non ! D'autant plus que les choses n'étaient pas toujours très simples entre eux, et qu'il fallait bien ne pas se priver de la moindre occasion pour établir un contact avec l'Atlante. Bien sûr, il ne refusait pas de lui parler ou de la voir, mais, bon, il ne semblait pas le plus prompt à accepter de la voir diriger l'équipe sans renâcler un peu. On lui avait dit que ce n'était pas personnel, et elle se disait bien qu'il ne la détestait pas, mais il y avait ces conflits, ces incompréhensions, aussi, pour tous deux qui, dans le fond, n'étaient pas des Terriens lambda. Lui était Atlante, et elle, elle venait carrément d'une autre planète ! Et puis ... Et puis se battre, elle aimait bien ça, Kory. Elle était même très douée ! Les Seigneurs de Guerre d'Okaara lui avaient assurée qu'elle avait des prédispositions naturelles, mais, pour autant, ils ne lui avaient pas facilité la vie et ne l'avaient pas laissée se reposer sur ses lauriers. Toujours remettre son ouvrage sur le métier, quelque chose comme ça. En tout cas, depuis le début de la séance, elle s'était prise des coups. Rien d'étonnant, étant donné que Garth ne retenait ni ses coups ni son énergie, et qu'elle ne faisait rien pour le réfréner. Quand on s'entraîne, il faut que ce soit le plus réaliste possible, sinon, une fois sur le terrain, on est tout perdus, et on ne sait même pas trop de quoi on est capable soi-même et jusqu'où on peut réellement aller. Il faut connaître ses limites, après tout, or, si on ne fait rien pour les tester et les repousser, on ne peut jamais savoir où elles se trouvent réellement !

Oui, elle s'était prise des coups, et à chaque fois, elle y était retournée. Parce qu'il le fallait, et qu'on avait beau se fourvoyer en l'observant de l'extérieur, cela ne changeait rien au fait qu'elle en avait sous le capot, pour réemployer une analogie toute masculine et un peu grivoise. Récemment, elle avait ressorti cette même expression de but en blanc à Dick, et il n'avait pas été très content, parce que, visiblement, la première personne à s'être adressée ainsi à elle avait sans doute voulu la piéger avec ce double sens pas trop caché que pourtant, elle qui prenait tout au pied de la lettre, elle avait été incapable de comprendre. Enfin, bref, elle en avait quand même sous le capot, et elle ne s'était pas laissée faire, face à son sparring partner du jour. Elle lui en avait collé plus que deux ou trois, à son tour, et au final, ils étaient sans doute tout autant rincés l'un que l'autre. Et si elle marqua finalement le temps de la pause, en signe de T, avec ses deux mains, comme elle avait si souvent vu de nombreuses personnes le faire, ce fut parce qu'elle avait soif. Depuis qu'elle ne pouvait plus bénéficier des rayons UV pour régénérer sa force et assurer ses besoins énergétiques, elle était obligée d'emprunter les mêmes habitudes alimentaires et hydratantes que les humains. Ce qui ne lui plaisait pas trop, mais elle n'avait pas le choix. En tout cas, ses longs cheveux s'étaient pour certains d'entre eux défaits de la longue tresse à quatre brins dans laquelle elle les avait attachées. Elle n'avait pas retiré son fameux collier, vecteur de ce charme qui lui donnait une apparence plus terrienne, mais elle aurait sans doute pu le faire. Quoi que, présentement, encore une fois, sans les UV, cela n'aurait sans doute pas été très utile. Mais cela ne changeait rien à ses habitudes vestimentaires. Même sans UV à recevoir au maximum, et face auxquels présenter le moins d'obstacle textile, la jeune femme n'allait pas changer ses bonnes vieilles habitues. Résultat, Garth ne pouvait rien ignorer des premiers hématomes qui se formaient sur son abdomen, ou sur ses cuisses, ou sur ses bras, Kory ne portant qu'une brassière de sport et un mini-short en textile sportif. Et elle était pieds nus, aussi. Cependant, ce n'était pas les réactions de son adversaire du jour, face à sa courte tenue, qu'elle guettait, en s'enfilant une bonne rasade d'eau à même le goulot. En réalité, elle tentait tant bien que mal d'analyser ce qu'il pouvait bien penser de sa performance. Mais finalement, face au silence et à un masque un peu imperceptible, elle ne tint plus.

« Quel est ton verdict ? Il faut vraiment être honnête, je peux encaisser, tu le sais. Et j'ai vraiment besoin que tu dises un truc, parce que depuis le début de la séance, tu as surtout laissé fusé quelques mots d'explications et ce qui, dans ta bouche, devait ressembler à des conseils, mais à part ça ... Je m'en suis tirée comment ? »

Depuis son arrivée sur Terre, Koriand'r avait pu constater un certain nombre de choses. Premièrement, les Terriens étaient très prudes. Ce qui était vraiment très étrange, pour quelqu'un comme elle, car il s'agissait là d'un concept lui étant parfaitement étranger jusque là, et continuait de totalement lui passer au-dessus, comme on dit. Et puis, c'était tout de même assez paradoxal. Il n'y avait qu'à allumer la télévision pour tomber sur des clips de musique où les garçons avaient des dents en argent, des grosses chaînes en or, des coiffures bizarres et des pantalons tellement larges qu'ils devaient sans doute pouvoir enfiler une ou deux couches-culottes en dessous que ça ne se verrait pas du tout. Et dans ces clips, les femmes étaient presque totalement nues et mettaient en avant leurs attributs parfaitement féminins. Elles se frottaient sur le capot des voitures ou bougeaient leurs fesses le long des jambes des garçons. Par contre, Kory, elle sortait avec un short, et bien tout de suite les gens la regardaient bizarre, alors qu'elle, elle n'allait pas se frotter aux gens. Et puis, à côté de ça, dès que quelqu'un disait des gros mots, c'était presque comme des crimes de lèse-majesté, alors qu'on entendait des paroles racistes tous les jours sans que cela ne semble poser de grands soucis. Ah, les Terriens ... Il y avait aussi leurs grands orgueils, aux Terriens, et leur immense amour-propre. Ils se vexaient facilement et se mettaient à vous insulter ou à vous sortir des insanités, comme s'il s'agissait là de leur unique moyen de défense et qu'ils ne savaient pas agir autrement. Ils se croyaient plus grands et plus forts qu'ils ne l'étaient, et reconnaître leurs erreurs leur semblait tellement difficile ! Kory se disait très tolérante et avec un cœur énorme, et elle ne se fâchait jamais. Cela lui semblait être impossible. Alors qu'en vrai ... En vrai, elle connaissait ce qu'était la fureur, mais c'était juste que, jusqu'à maintenant, tout ce qu'on avait pu lui dire ou lui faire sur Terre n'arrivait pas vraiment à la hauteur de ce qu'elle avait pu endurer et ce à quoi elle avait dû survivre. Même si ... Même si, bon, le caprice d'Ultraman lui restait en travers de la gorge, du moins, façon terrienne de parler. Et le fait de se faire mettre KO puis traîner par les cheveux, elle n'avait pas apprécier non plus. Sauf que lorsqu'elle avait pu reprendre connaissance, elle n'était plus en présence d'Ultraman, et que, depuis, elle n'avait pas eu l'occasion de le revoir. Mais elle lui en voulait, énormément, et elle refusait de rendre les armes et de baisser les bras. D'où sa présence, ici, en compagnie de Garth.

Elle, elle n'avait pas honte de reconnaître ses erreurs et de pointer du doigt ses propres faiblesses, ou, en tout cas, ses coups de mou. De la même façon, elle demandait directement et frontalement à son sparring partner ce qu'il pensait de sa performance, parce qu'elle n'allait absolument pas se vexer ou se mettre à bouder si ce qu'elle entendait risquait de ne pas lui plaire. Elle n'était pas Terrienne, elle n'allait pas piquer un fard, donner un coup de pied dans le premier truc qui se trouvait près d'elle, pas plus qu'elle n'allait insulter Garth ou claquer la porte tellement forte qu'elle allait finir par la dégonder sans même trop le vouloir. Elle n'allait pas se précipiter sur son ordinateur ou son téléphone portable pour poster des insanités sur Garth sur les réseaux sociaux, pas plus qu'elle n'allait poster de photos compromettantes ou embarrassantes juste pour exercer son pseudo droit de revanche. Elle n'allait pas non plus aller voir la police pour leur dire qu'elle venait d'être battue et que Garth avait profité du fait qu'elle soit une femme pour le faire. Et elle n'allait pas non plus aller taper le scandale auprès de Diana, ou bien encore de Cassandra, de Megan ou encore de Zatanna, histoire qu'elles viennent et qu'ensembles, elles refassent le portrait de Garth. Alors, elle écoutait, calmement et posément, ce que son partenaire allait bien pouvoir lui dire. Elle le regardait, aussi. Sans s'en cacher. Après tout, s'il ne voulait pas qu'elle regarde, il n'avait qu'à pas se montrer ! Et puis, de toute façon, ce ne serait pas elle qui jouerait aux prudes ou aux âmes sensibles et facilement heurtées et choquées. Elle écoutait donc tout en regardant, pouvant parfaitement faire les deux à la fois.

« Je te l'avais dis, je suis performante et endurante. Il ne faut jamais me sous-estimer, après, les gens se plaignent que ce n'est pas du jeu et que je triche. » Cela lui faisait plaisir de l'avoir agréablement surpris en tenant plus longtemps qu'il ne l'aurait pensé. En plus de cela, même s'il devait lui taper un petit peu sur les doigts, il reconnaissait aussi qu'elle s'en était plutôt bien sortie et qu'en plus de cela, elle avait un peu dépassé la face de copycat pour reprendre ce qu'elle avait appris à l'adoptant à sa propre personne, à son propre style, à sa propre façon de faire et d'agir. Ce qui était une bonne chose, non ? En revanche, elle ne put que soupirer en réaction à la suite des propos de Garth. Pas qu'il ait tord ou qu'elle soit lasse de s'entendre dire ce genre de choses, mais plutôt que cela la dérangeait beaucoup d'être coincée dans cette situation là. « Ultraman me casse vraiment les pieds ... C'est bien comme ça qu'on dit ? ... Je n'ai pas l'habitude d'être dans une situation comme celle-là. C'est comme si on me coupait une jambe, ou un bras, voire même les deux à la fois. En fait, je ne sais pas trop comment expliquer, mais j'en suis venue à devoir boire et manger comme les humains. D'ailleurs, ça ne te dérange pas ? Merci ! » Sans réellement attendre sa réponse, elle se saisit de la barre vitaminée qu'il tenait encore dans une main, avant de la défaire de son emballage plastique et de croquer dedans. Elle avait clairement besoin de se nourrir pour recouvrer des forces et mettre en branle le processus de régénération de sa santé. A défaut de simplement avoir à se présenter entièrement nue aux délicieux rayons UV du soleil. En tout cas, elle restait attentive aux conseils de Garth, en plissant légèrement les yeux, signe de sa concentration. Le temps pour elle d'avaler sa bouchée, et elle reprit. « Je n'en doute pas Garth, tu sais ... C'est pour ça que j'écoute absolument chacun de tes conseils. Parce que je ne suis pas ton ennemie, et que je suis pas le genre de fille qui se met à pleurer à la moindre contrariété. Je ne vais pas non plus te sauter au cou en te suppliant de te protéger. Déjà, on n'arrête pas de me dire qu'il faut que je demande avant, parce qu'après, ça met la pagaille si t'es en couple et que c'est de l'abus, quelque chose comme ça. Ensuite ... Ensuite, comment il m'a expliqué ça, Dick, déjà ? Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours. Je crois que j'ai compris ce qu'il voulait dire, même si je ne suis pas sûre. Je préfère la viande rouge, moi, enfin, j'ai pas vraiment testé le poisson ... Mais j'imagine que je ne peux pas vraiment te poser la question, à toi ? Tu es un Atlante, après tout. En tout cas ! En tout cas, je suis bien contente que tu m'apprennes. Les Seigneurs de Guerre d'Okaara m'ont toujours dit de ne jamais cesser d'apprendre. J'espère en tout cas que je ne t'ai pas fait trop mal quand j'ai pu te rende coup pour coup. » La barre vitaminée n'était pas trop bonne, et après la seconde bouchée, Koriand'r abandonna. « J'aime pas ton truc. Je te le rends, si tu veux. Il paraît qu'il ne faut pas gaspiller, et que l'écologie, c'est très sexy. »

Il ne fallait pas croire que Koriand'r était totalement hermétique à la nouveauté, aux changements et à la différence. En réalité, les Tamaraneans étaient un peuple très ouvert, où on encourageait chacun à se développer personnellement, ainsi qu'à être en parfaite connexion avec son soi intérieur. En fait, si l'on devait comparer ça à ce qui existe sur Terre, cela ressemblerait sans doute beaucoup au bouddhisme, au yoga, et à toutes ces choses là, avec un côté pansexuel ou libertin. Ce n'était pas que la fidélité était réprouvée, mais disons que tant qu'il n'y avait pas de mariage, il n'y avait nulle obligation ! En tout cas, en tant que Princesse, Kory avait pu recevoir le meilleur enseignement qu'elle pouvait recevoir, et ce jusqu'à ce qu'elle soit envoyée en formation auprès des Seigneurs de Guerre d'Okaara, alors que, du point de vue terrien, elle n'avait que 9 ans. Cela ne lui avait pas paru brutal, car on lui avait toujours dit qu'elle devrait s'y rendre, que c'était son devoir autant que son droit, en tant que future monarque de Tamaran. Dit comme cela, elle savait que cela pouvait grandement faire passer son peuple pour une foule d'êtres belliqueux et meurtriers, mais il n'en était rien. En réalité, les arts du combat étaient vus comme l'un des parfaits prolongements de la connaissance ainsi que de la gestion et du respect de son propre corps. On combattait et on menait des démonstrations en l'honneur des ancêtres disparus, et aussi et surtout en l'honneur de la Déesse, X'Hal. Comme des pratiques rituels, si vous voulez. Mais c'était aussi, pour la famille royale, la garantie de ne pas devoir rester en arrière, caché derrière les lignes, en cas de conflit. Koriand'r avait toujours entendu son père lui dire à quel point il était important que le Souverain mène ses hommes, qu'il assume ses responsabilités et qu'il soit, le cas échéant, au nombre des pertes. Cela avait été le cas pour les deux grands-pères de la jeune femme, autant que pour ses propres oncles paternels. Les années précédant sa naissance avaient été sanglantes et violentes, et c'était donc au sein d'un deuil planétaire que son propre père, Myand'r, avait accédé au trône, alors que les corps de son père et de ses deux frères étaient encore tout chaud.

Koriand'r n'avait donc point attendu d'arriver sur Terre pour apprendre à se battre. Elle avait reçu l'une des meilleures éducations martiales qui puisse exister, et l'une des plus strictes et sévères, aussi. Mais il fallait bien cela pour que l'enseignement dispensé par les Seigneurs de Guerre d'Okaara demeure réputé et qu'y faire son apprentissage reste un privilège réservé à quelques privilégiés seulement. Cela avait été dur, cependant, et ce en dépit du fait que, mentalement et psychologiquement, Koriand'r y avait été préparée. Disons surtout qu'elle était très attachée à sa famille, et que le fait d'être séparée d'eux avait été un peu dur à gérer. Mais elle avait heureusement eu sa sœur aînée à ses côtés, Komand'r, même si, finalement, cela s'était révélé avoir des effets désastreux. D'une certaine façon, à partir de l'instant où elle avait rejoint Okaara pour y recevoir sa formation martiale, plus rien n'avait était comme avant, tout avant changé, et l'engrenage pernicieux était entré en branle. Quelque chose comme ça. Mais, visiblement, les choses ne se passaient pas ainsi sur Terre. Et si, dans le fond, la jeune femme n'avait pu rencontrer que peu de personnes aussi hautement nées qu'elle, elle avait tout de même appris qu'il existait encore plus d'une trentaine de monarchies ou d'empires sur Terre. Et au sein de ces systèmes politiques, il n'y avait quasiment aucune comparaison possible entre le rang des enfants princiers terriens et son rang à elle, en terme d'obligations et d'apprentissages dès le plus jeune âge. Heureusement que certains relevaient le niveau. Tiens, comme Wonder Woman par exemple ! Kory aurait bien englobé le cas de Superman, aussi, mais visiblement, lui, il avait appris sur le tare, enfin, à ce qu'elle en savait. Elle ne lui avait jamais posé la question, en fait. Pas qu'il l'impressionne, mais bon, c'était quand même un fermier, à la base, lui. Non ? En tout cas, vivre sur Tamaran et vivre sur Terre était deux choses différentes. Sur Tamaran, on appréciait le passé, on le respectait. Mais on ne s'y enfermait pas, on n'y vivait pas reclus. On vivait dans le présent, dans l'instant immédiat, là, tout de suite, maintenant. Et présentement, Kory discutait quelque peu avec Garth après leur séance d'entraînement.

« Je sais, qu'il faut boire et manger, mais ... Trois fois par jour, ça fait quand même beaucoup ... Je ne suis pas habituée. D'ordinaire, ce sont les UV, ma nourriture, du moins, si l'on peut dire ça comme ça. Je suis plus comme une gigantesque forêt de panneaux solaires ! Ou alors ... Ou alors, comme les plantes ! Du soleil, beaucoup de soleil, de l'eau, aussi, mais pas un litre par jour, et hop, tout va bien ! » Face à l'indication de Garth, elle s'approcha quelque peu de lui, en plissant les yeux, pour analyser son cou. C'est qu'il avait l'air plus enclin à se laisser approcher, comparé à d'habitude, alors elle en profitait. « Je n'ai aucun gène commun avec les humains. En fait, on ne peut même pas dire qu'initialement, les Tamaraneans appartiennent aux humains droïdes. ... Humains droïdes ? Non, ça ne doit pas être comme cela qu'on dit, mais j'ai perdu le mot. A la base, nous descendons de ... Félins ? Je crois que c'est le terme qui se rapproche le plus de la vérité. » Kory était très curieuse. A la fois parce qu'elle savait qu'elle avait encore tant à apprendre des Terriens, de leurs habitudes, de leur histoire, mais aussi parce qu'il s'agissait là d'un trait naturel de son caractère. Et elle ne cessait chaque jour d'en apprendre plus en plus, preuve en était sa discussion actuelle avec Garth. Même s'il était vrai que les choses étaient quelque peu biaisées, avec lui. Il était Atlante, après tout, ce qui était très différent. Et encore très nouveau et mystérieux pour la jeune femme. Mais elle fronça quelque peu les sourcils, ne comprenant pas exactement bien le raisonnement présenté par son interlocuteur. « Mais les poissons vous ressemblent, non ? Tu as des branchies, comme eux. C'est bien ça le mot, "branchie" ? » Doucement, toute à son observation, elle glissa les doigts sur les dîtes branchies. A peine un effleurement, et c'était fini. Elle en revenait à ce qu'elle disait. « La faune de Tamaran n'est pas aussi inoffensive que sur Terre. Parmi les animaux qui entourent Tamarus, il y a ce qui ressemblerait à de très gros tigres à dents de sabre. Cela ne viendrait jamais à l'idée d'aucun Tamaranean d'essayer d'en manger ! » Voilà donc une différence de plus à rajouter entre sa vie d'avant et sa vie de maintenant ! De la même façon que, présentement, elle était contrainte et forcée d'accepter de ne pas exactement pouvoir être elle-même, au maximum de ses capacités, tant que l'on n'aurait pas remis la Lune en place et que le Soleil ne pourrait pas repointer le bout de son nez ! « Pendant plusieurs semaines, au début de ma formation sur Okaara, les Seigneurs de Guerre nous ont enfermées dans une sorte de caisson imperméable à la lumière, pour que nous apprenions à ne pas uniquement nous reposer sur ce que notre génétique nous permettait de faire. Mais cela remonte à ... 15 années humaines ? En tout cas, si tu veux bien, je te promets de te frapper de toutes mes forces dès notre prochain entraînement sous la lueur du Soleil ! Bon, par contre, je n'utiliserais pas mes Starbolts, ce serait de la triche. Et tu sentirais le brûlé, après. »

De toute façon, assez rapidement, on lui avait conseillé de ne pas faire usage de ses Starbolts, sur Terre. Déjà, elle n'avait pas besoin de ça pour sortir du lot, et pour rappeler à tous ceux qui la connaissaient et qui l'entouraient qu'elle était loin d'être semblable à eux. Ensuite, parce que cela faisait des ravages. Elle pouvait démolir des murs en béton armé, alors, la moindre erreur de visée ou la moindre esquive de la part de sa cible, et un Starbolt perdu pourrait faire de grands ravages, et bien des dommages non recherchés et non escomptés ! Et puis ... Elle le savait, les Terriens eux aussi étaient curieux, ce n'était pas un privilège réservé à son peuple natal. Et tant de choses chez elle soulevaient déjà bien des questions. Or, elle refusait d'expliquer que, non, techniquement, tous les Tamaraneans n'étaient pas capable de faire ce qu'elle faisait avec ses yeux et ses mains en terme de Starbolts, et que tout ceci, chez elle, n'était que le résultat de terribles manipulations génétiques et de tests inhumains. En somme, elle était partiellement la résultante de sadiques expérimentations scientifiques. Il s'agissait donc d'une part d'elle-même qu'elle ne reniait pas, mais tout elle n'avait pas spécialement envie de parler. Pour ainsi dire, dans le fond, même ses plus proches amis savaient peu de choses sur elle, sur son passé, sur les sévices qu'elle avait pu subir et sur les tortures qu'elle avait enduré. Elle préférait, et de loin, avoir une image édulcorée, plutôt qu'ils se rendent compte que tout n'était pas lumineux chez elle, et qu'exposer à certaines émotions intenses, une face très létale d'elle-même pouvait surgir. Tout comme là, présentement, elle appréciait d'enfin pouvoir quelque peu plaisanter en compagnie de Garth.

« J'ai bien faire de te redonner ta barre vitaminée alors ! Bart dit que mon deuxième prénom, ça doit être Sexy ! On ne jette rien, sur Tamaran ! On recycle, quand ce n'est pas organique, sinon, on donne ça à manger aux animaux de la faune. » Y compris les cadavres des ennemis, mais ça ... « Tu ... vas prendre une douche. ... Hmm ... » Autant qu'elle le pouvait, et elle avait une bonne volonté à toute épreuve, Kory essayait par elle-même de comprendre les expressions employés par ses interlocuteurs pour en déceler le second degré et les messages subliminaux. Elle avait encore beaucoup de travail à faire là-dessus, mais elle essayait, au moins. Et en règle générale, elle tombait encore si souvent à côté, tant et si bien que les 3/4 du temps, c'étaient à ceux qui l'entouraient de lui expliquer ce qu'il fallait comprendre, ou ce qu'elle ne devait pas dire. Et là, si elle se souvenait bien, l'histoire de la douche, cela pouvait dire plein de choses. Peut-être qu'il voulait vraiment se doucher, ou alors, cela faisait comme avec les garçons des Teen Titans, au tout début, quand ils allaient souvent à la douche après quelques minutes en sa présence. Ou alors, peut-être que Garth était en train de l'inviter à venir avec lui ? Dans le doute, cependant, elle ne se prononça pas, mais son regard un peu décontenancé et songeur parla peut-être pour elle-même. « Je dois rester debout. Un Leader rendu par terre, ce n'est pas un bon Leader. Je veux bien manger avec toi, d'accord. Mais pas ta barre vitaminée hein : je ne veux que des bonnes choses qui entrent dans ma bouche ! » Elle lui offrit un grand sourire, totalement à côté de la plaque concernant toute allusion déplacée qu'elle aurait involontairement pu formuler. Mais ce sourire fut remplacé par de l'étonnement face à cette main se posant sur son ventre, là où s'étaient déjà formés des hématomes. Jusqu'à ce qu'elle plante son regard dans celui de Garth. « C'est génial ton truc ! Tu as juste à poser ta main, et hop ? Refaisons le ! » D'office, elle rattrapa la main de Garth et vint la poser sur l'un de ses flancs, puis sur son épaule, sur son cou, puis sur l'une de ses fesses. « Oh, c'est cassé je crois, ça fait plus rien ... Tu n'as plus de jus, c'est ça ? Peut-être que c'est comme avec l'endurance au lit ... Vous, les mâles, vous avez besoin de temps pour vous en remettre. »

Contrairement à ce qu'on pourrait penser au premier abord à en voir sa grande curiosité et son apprentissage sans fond des Terriens, de leur de tous les jours, de leurs us et coutumes, la jeune femme n'avait absolument pas attendu de se crasher sur Terre pour comprendre et savoir qu'en son univers natal comme dans bien d'autres galaxies, il existait d'autres espèces et d'autres races que les propres siennes. Elle savait très bien que les Tamaraneans n'étaient pas les seules espèces vivantes survivantes, qu'il y en avait d'autres, et qu'il était sans doute vrai que la majorité d'entre elles n'avait encore survécu à rien du tout. Et que leur seule grande victoire, pour celle-ci, était sans doute d'être encore en vie aujourd'hui, ayant survécu et supplanté toutes les autres espèces vivantes de leur environnement, et ce même si cela pouvait plus ressembler à un miracle qu'à une prouesse dans certains cas ! Plus elle cohabitait et vivait en leur compagnie, plus Koriand'r en venait à se poser des questions sur tout ce qui pourrait expliquer encore aujourd'hui que l'Homme n'avait nul équivalence et nul grand rival sur cette planète qui était la Terre. Comment était-il possible que l'Homme demeure en haut de la grande pyramide alors qu'il passait son temps à se rouler dans la guerre, le meurtre, la vengeance et l'envie, voire même l'orgueil et la jalousie ? Pas qu'elle ne comprenne rien à de tels principes, cependant. Elle savait se faire violente et implacable, et elle avait déjà pu le montrer. Initialement, d'ailleurs, cela avait posé problème, et Dick avait bien dû se faire plus d'un cheveu blanc avant l'âge pour parer contre cela. En fait, la simple perspective et probabilité de pouvoir être juge, jurée et bourreau ne dérangeait et ne choquait nullement la jeune femme. Mais visiblement, sur cette planète, cela ne se faisait pas. C'était vu comme du despotisme, de la tyrannie, voire même comme de la dictature et de la monstruosité. Mais les choses n'allaient pas de la même façon sur Tamaran, et Koriand'r portait encore en ses gênes ses origines royales, celles qui faisaient qu'elle possédait de nombreux privilèges et que de grandes attentes reposaient sur ses épaules. Même si, aujourd'hui, elle ne pouvait tenir ce rôle qui était le sien, de par la force des choses et les sacrifices qu'elle devait continuer à faire, cela n'y changeait pas grand chose, dans le fond. Elle avait été sculptée pour devenir Reine, un jour. Pas seulement d'un petit groupe de personne, pas seulement d'une nation, mais bel et bien d'un peuple tout entier, d'une planète toute entière. Un seul système politique, un seul dirigeant, relayé par de nombreux administrateurs, bien évidemment, mais il n'en demeurait pas moins que la bicéphalie n'était pas de mise. Les choses avaient fonctionné autrement, autrefois, quand plusieurs rois se partageaient encore la surface de Tamaran, mais les temps belliqueux avaient tout bouleversé. Peut-être que cela ressemblait un peu à la dictature romaine, quand on allait outre les dispositifs politiques habituels, multipartites, pour n'ériger qu'un seul homme à la tête du pouvoir. Certes sur un temps court et délimité, mais, tout de même ... Koriand'r accrochait plutôt bien avec l'Histoire. Cela réveillait en elle des logiques de fonctionnement qu'elle comprenait parfaitement, et puis, au moins, ces hommes du passé pouvaient être vus comme ayant pour eu la naïveté et l'ignorance d'encore bon nombre de choses, alors qu'aujourd'hui, avec la télévision, internet, tout ça ... Certains persistaient et signaient, pourtant, en prétendant ne rien avoir su de tels ou tels carnages, de telles ou telles injustices ...

Tout était matière à apprendre et à comprendre, pour elle. Pendant si longtemps, Kory avait donc été consciente de l'existence d'autres espèces, comme les Peregot par exemple, les tous premiers explorateurs de l'univers, pourtant si méconnus, qui avaient créés les toutes premières cartes des étoiles, et qui, du point de vue humain, ressemblaient si fortement à des nains de jardin. Mais elle avait tout ignoré de ceux qu'étaient réellement les humains. En fait, elle ne se souvenait pas trop d'en avoir entendu parler, et peut-être cela n'avait-il d'ailleurs jamais été le cas. Après tout, la Terre et Tamaran ne se trouvaient pas dans la même galaxie, et les Terriens étaient encore tellement en retard comparés à d'autres espèces ! Le voyage inter-spatial, sur Tamaran, on avait déjà dû le maîtriser quand l'Homme, lui, sortait tout juste de l'eau pour aller vivre dans des grottes. Mais maintenant, les choses évoluaient, et l'attention de nombre de belligérants belliqueux était désormais attirée par la Terre, qui connaissait ses premiers grands conflits extraterrestres, comme on dit, depuis quelques décennies seulement, là où, ailleurs, de tels quotidiens existaient depuis plus longtemps. Enfin, bon. Kory ne ferait pas l'offense à Garth de lui dire qu'elle pensait réellement que son peuple et les humains étaient en tout point semblables, et qu'entre eux, c'était du pareil au même. Ce serait très offensant, après tout, et si Kory pouvait être très franche et très directe, jamais elle ne l'était dans l'intention délibérer de faire mal. Du moins, la majorité du temps, et son interlocuteur n'avait absolument rien fait pour motiver son courroux. Mais, oui, à ses yeux, Humains, Atlantes, cela ne changeait rien au fait qu'il s'agissait de Terriens, soit des êtres vivants sur Terre. Mais peut-être qu'il y avait une nuance à faire, une nuance qui, pour l'instant, lui échappait quelque peu. En tout cas, certaines réactions semblaient transcender la notion d'espèces. Car ces muscles qui se tendaient, c'était aussi quelque chose qu'elle avait déjà pu remarquer, Kory, chez certains Humains. En général, c'était parce que la personne face à elle se retenait de lui faire quelque chose, parce qu'elle se présentait dans une position tentatrice et un peu provocante, de leur point de vue à eux. Mais là, là, elle avait juste approché ses doigts ... Mais elle comprit suffisamment bien le message pour ne point insister, et pour ne pas non plus accentuer le toucher. Et puis, elle préférait écouter ce qu'il lui expliquait. Il y avait peu de sources sur les Atlantes, même s'il ne s'agissait pas d'une civilisation perdue, contrairement à ce que pouvaient bien prétendre certaines œuvres de fiction. Et puis, il y avait de vieilles légendes, aussi, qui évoquaient la même idée, quand même un peu. Même si c'était différent, comme pour Ys. Elle était déjà allée en France, Kory, et on lui avait raconté cette histoire là, à la lueur d'une bougie, assise en haut d'une falaise escarpée, tenant fermement une bouteille de cidre doux dans la main. Mais ce que lui expliquait Garth n'avait rien à voir avec tout ça, d'où son intérêt et son attention.

« Des vampires, comme Eric Northman dans la série True Blood ? Quelqu'un m'a dit qu'elle avait envie d'enlever sa petite culotte en le voyant, mais je ne sais plus qui c'était, et je ne comprends pas trop le rapport. Mais en tout cas, je comprends l'idée. C'est comme la théorie de l'évolution de Charles Darwin, un peu, non ? » Oui, cela faisait partie intégrante de sa personnalité que d'être très ignorante, naïve et innocente sur un certain nombre de choses, tout en possédant dans le même temps de très grandes connaissances en d'autres domaines. « Pour survivre, il faut muter, ou s'acclimater, ou s'adapter. Je comprends ça. J'ai un peu dû faire pareil, tu sais ... » Il continuait son explication, et elle avoua ne pas forcément tout comprendre de l'allusion qu'il avait pu lui glisser. Les Terriens employaient tellement de dérivés pour exprimer la même idée, c'était à s'y perdre ! « Les mammifères, ce sont ceux qui ne pondent pas d’œuf, c'est ça ? Je pense que j'en suis une aussi, alors. Et je suis sûre que tu as de très beaux attributs ! »

Peut-être qu'elle pensait avoir compris sans que ce soit totalement le cas, mais elle préféra ne pas lui demander d'expliquer, et tenter sa chance. Il ne lui en voudrait sans doute pas, et puis, comme il savait d'où elle venait, il comprenait sans nul doute que si elle tombait à côté, ce n'était pas parce qu'elle avait des problèmes intellectuels. Parce qu'elle était très intelligente, Kory. Elle avait dans la tête de nombreux savoirs de nombreuses espèces, de nombreuses civilisations. Le fait qu'elle puisse parler tant de langues aidait beaucoup, surtout pour déchiffrer des textes anciens, comme elle le faisait dans le cadre de ses études. Alors, évidemment, elle pouvait donc rapidement en apprendre plus sur ces anciennes civilisations là où ses camarades n'en étaient encore qu'à déchiffrer le premier mot. Elle parlait atlante, aussi, et ce grâce à Garth, quoi que le jeune homme pouvait être vu comme l'ayant plus ou moins aidé dans cette voie bien malgré lui. Diana aussi avait connu la même expérience, ainsi que Dick, et des tas d'autres personnes. Mais, vraiment, ces trois là étaient quand même à part. Déjà parce qu'elle les avait encore dans sa vie, d'une façon ou d'une autre. Ensuite parce qu'elle les connaissait, désormais, et qu'ils n'en étaient pas restés au stade de parfaits inconnus tout juste rencontrés ou presque ! En tout cas, sa présence et ses paroles semblaient amuser son interlocuteur, ce qui les changeait un peu de ce à quoi ils pouvaient être habitués, d'ordinaire, tous les deux. Il existait des frictions et des points d'opposition, entre eux, mais aujourd'hui, les choses semblaient être différentes. Et Kory ne s'en plaindrait surtout pas ! C'était là la preuve, en tout cas, que contrairement à ce que certains avaient pu lui dire, Garth n'avait pas un trident enfoncé dans le cul ! D'ailleurs, le visage de Garth ne se mit pas à faire de la concurrence à la vraie couleur de cheveux de Kory, et il ne blêmit pas, ne prit pas ses jambes à son cou, non plus, quoi que la jeune femme n'avait encore jamais vu qui que ce soit réussir à courir avec les jambes autour du cou ...

« Ce n'est pas la même magie que celle du collier que m'a donnée Zatanna, c'est ça ? » Elle observa son collier, le prenant entre ses doigts, avant d'émerger de sa pensée fugace en entendant la suite des propos de Garth. Propos qu'il ne manqua pas de conclure en ne retirant pas exactement précipitamment sa main. Kory ne s'en offusquerait pas. Ce n'était pas gênant, cela ne l'offensait pas, et puis, si l'on résonnait avec la logique humaine, après tout, c'était elle qui avait commencé ! « C'est de ta faute si j'ai transpiré, tu sais ... »

Il était déjà parti en direction de l'une des douches, sans doute, quand la jeune femme réalisa quelque chose. Il l'avait appelée par son prénom. Son vrai prénom, pas celui qu'elle arborait pour avoir une identité, ici, sur Terre, et ainsi mieux pouvoir se fondre dans la foule. Dick l'avait aidée à se choisir un pseudonyme, mais il avait eu du mal à trouver des prénoms lui plaisant. Alors, Diana avait dit qu'il ne fallait pas se casser la tête, et qu'il était hors de question que Koriand'r se sente flouée de quelque façon que ce soit. Elle n'avait rien fait de mal, mais elle était pourtant en fuite, traquée. Alors autant ne pas la faire se sentir comme une paria ou une criminelle en l'obligeait à emprunter une identité entièrement différente de la sienne. Mais Garth, là, il l'avait appelée Koriand'r. Cela la rendait nostalgique. Un peu. Mais peut-être que l'effet était dû au fait qu'elle s'était remémorée certains épisodes de son passé, et que, même très légèrement et superficiellement, ils avaient parlé de Tamaran. Sa planète lui manquait. Sa famille, aussi, malgré toutes les émotions conflictuelles qu'elle pouvait ressentir à leur égard. ... Une douche, donc, il avait dit ? Et bien, soit ... Il était un peu dans son monde, ou alors, il ne l'avait pas entendue entrer parce qu'elle avait été discrète. Dans les deux cas, elle s'était déjà défaite de son mini-short de sport et de sa brassière, ainsi que des attaches maintenant ses cheveux en place, ne gardant alors que le micro-boxer qu'elle portait en guise de seul sous-vêtement restant, ainsi que son collier, quand il sembla remarquer quelque chose. Mais cela ne la stoppa pas. Pas suffisamment, en tout cas, pour la dissuader de le rejoindre. Les douches, cela ressemblait un peu aux cascades sur Tamaran, sauf qu'on y était plus à l'étroit, et qu'il n'y avait normalement aucun risque de s'y trouver en même temps que l'un des dignes représentants de la faune environnante ! L'eau toucha rapidement sa longue chevelure, plaquant quelque peu celle-ci le long des courbes de son corps et de sa poitrine. Et, sans lui demander l'autorisation ni lui laisser le temps de réagir, elle posa l'une de ses mains contre sa peau, le fixant droit dans les yeux. Elle devait attendre, faire les choses à la méthode terrienne. Quelque chose comme ça. Et puis, si le sexe et les émotions étaient deux choses différentes pour quelqu'un de son espèce, il n'en demeurait pas moins que, présentement, il flottait quelques embruns des deux.

Les gens pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient d'elle, cela lui importait peu, à Kory. Sans doute parce que c'était la même chose qu'avec cette expression toute terrienne, quand soit disant vous étiez tellement hermétique à quelque chose que c'était comme l'eau glissant sur les feuilles, pour vous. Mais, dans les faits, ce n'était pas que la jeune femme se détournait de ce qui pouvait se dire sur son compte, parce qu'elle était au-dessus de ça et se savait supérieure. C'était plutôt parce que, petite, elle avait appris que s'éterniser sur la moindre parole ne serait qu'une perte de temps, et qu'il était plutôt pertinent de ne pas prêter l'oreiller à ceux que vous saviez ne pas suffisamment vous connaître pour viser dans le mile lorsqu'ils vous faisaient un reproche. Et puis, son esprit était perpétuellement en branle, elle n'avait jamais la tête vide et pensait toujours à quelque chose. Alors, elle était déjà rendue ailleurs, dans sa pensée, quand vous en étiez encore à la critiquer ou à lui donner des conseils. Sauf quand elle vous comptait au nombre de ses proches et qu'elle s'intéressait à ce que vous lui disiez, pour prendre en compte le moindre de vos conseils et s'améliorer, quand c'était possible et que cela n'allait pas à l'encontre de celle qu'elle était. Alors, dans le fond, la majorité de ses camarades, à l'université, ne savait trop comment la qualifier. Naïve ou terriblement intelligente ? Kory n'oubliait pratiquement rien. Dans le fond, elle occultait plus qu'elle n'oubliait. Et elle connaissait un grand nombre de choses, parlait des dizaines de langues, et avait pris connaissance, très jeune, d'un certain nombre d'informations sur bon nombre de planètes. Du système Vega et au-delà. Et dans le fond, si la Terre avait été laissée de côté dans son instruction, c'était peut-être parce que sur Tamaran, on faisait l'erreur, depuis toujours, de croire que, parce que les Terriens ne naissaient habituellement pas dotés de la moindre capacité dite surnaturelle, ils ne représentaient ni la moindre menace, ni le moindre potentiel de force d'alliance. Depuis son arrivée sur Terre, Kory n'avait donc pu que constater l'erreur de jugement commise par son peuple, et principalement par ses parents et par ses ancêtres, car, après tout, c'étaient eux qui avaient décidé du contenu de l'enseignement destiné aux princes et princesses de Tamaran, et particulièrement de l'éducation que devait recevoir le futur monarque, y compris lorsque l'héritier était une héritière, comme cela avait été le cas. Et comme cela était toujours le cas. Car, même si elle était officiellement bannie et donc en exile, Kory ne s'était jamais vu signifier la perte de son rang et de sa position dans la ligne de succession. Quoi qu'il en était, elle avait une tête bien faîte. C'était simplement qu'elle visait à combler les lacunes qu'elle pouvait avoir concernant la Terre, ses habitants, leurs coutumes et les préceptes qui étaient les leurs. Et comme la Terre n'était pas peuplée d'une seule nation et d'un seul peuple, il y avait beaucoup d'informations à engranger. Et peu de possibilités, en retour, pour elle, de partager le puits sans fond de ses connaissances sur bon nombre d'autres races de cet univers.

« Un artefact ... Habituellement, je n'entends jamais ce terme me concernant ! En général, cela concerne mes études et les civilisations impériales ou royales anciennes, ou alors un objet susceptible de mettre en péril cette planète et toute sa population ! » Elle lui sourit, avant de poser quelques uns de ses doigts sur son collier, sur le fameux artefact, donc, non sans baisser le regard en sa direction. Avant de braquer les yeux sur Garth. « Tu devrais tout de même essayer, un jour. Je suis sûre que je pourrais comprendre. Mais je suppose qu'il faudra qu'en retour, un jour, je t'explique les principes de la physiologie tamaraneanne ... »

Son arrivée sur Terre avait plutôt été brutale. Et pas seulement parce que, si l'on voulait être clair, précis et honnête, elle n'était pas vraiment arrivée sur Terre. Non, en réalité, elle s'y était crashée. Ou plutôt y avait-elle fait crasher son vaisseau. Tout plutôt que de risquer d'être désintégrée en plein vol en sortant de la propulsion hyper vitesse et en continuant son trajet sans prendre cas des dommages subis par l'appareil qu'elle pilotait. Mais si Kory était peut-être une grande sentimentaliste aux yeux de certains qui, dès lors, de fait, ne la connaissaient décidément pas du tout et n'y comprenaient rien à rien, elle n'avait pas choisi de protéger son vaisseau dans quelque hangar que ce soit pour le faire réparer. D'abord parce qu'elle ne pouvait pas exactement le réhabiliter pour pouvoir regagner sa planète natale, sous peine de génocide de tous ses potentiels futurs sujets, mais aussi parce qu'elle n'avait pas eu les fonds nécessaires, au début, pour faire tout ça. Et puis, elle ne s'appelait pas Kal-El, et donc, son vaisseau et elle ne partageaient aucune étrange connexion. Pour être honnête, d'abord, elle l'avait volé, ce vaisseau. Il appartenait aux Psis, pas à elle. Il n'avait donc même pas été fabriqué sur Tamaran, et elle avait mis HS son intelligence artificielle, ou presque, pour être seule maîtresse à bord. Alors elle avait accepté de laisser Dick s'en occuper, quoi qu'elle pensait bien savoir qu'il avait refilé le "bébé", comme disent les humains, à Bruce Wayne, ou quelque chose comme ça. Bref, elle s'en souciait peu. Elle avait au contraire eu tant de choses à faire, à apprendre, une fois recueillies par les Teen Titans, que tout ceci était plus ou moins passer au second plan. Elle avait dû se confectionner une identité, et, dans les premiers temps, elle avait dû aussi apprendre à accepter de dissimuler sa vraie apparence. C'était que des êtres comme elle, sur Terre, on les comptait sur les doigts de la main. Le pouce suffisait, d'ailleurs ... Il n'y avait aucun ordre représentant de son peuple, ici, ce qui la rendait unique. Pas qu'elle ait besoin de ça pour d'ores et déjà l'être, mais bon ... Ce n'était pas comme si elle se sentait seule et qu'elle souhaitait faire venir l'un de ses futurs sujets sur Terre, auprès d'elle ... Le dernier représentant de son espèce qu'elle avait vu, c'était sa soeur. Celle-là même qui avait voulu la faire assassiner, juste après que, pourtant, Koriand'r l'ait libérée. La reconnaissance, ça se perdait ... Mais, de toute façon, il n'avait jamais été question pour elle de vouloir absolument se trouver un compagnon ou une compagne de Tamaran. Elle se sentait comme ayant relativement vite été adoptée par les Terriens, et particulièrement par les Titans, ainsi que par les grandes figures tutélaires de ce groupe à part auquel elle appartenait : les superhéros, les surhommes, appelez ça comme vous voulez. Elle se sentait ici chez elle, dans cette Tour récemment reconstruite, tout comme elle se sentait aussi très bien et très à son aise quand elle se trouvait pour quelque raison au Manoir Wayne, ou même dans d'autres lieux de vie de ses proches. Mais, effectivement, parfois, elle se disait que tout ce remue-ménage, un peu partout, lui saturait les oreilles et la vue.

Alors, les moments d'accalmie étaient les bienvenus, malgré tout, pourvu qu'ils ne s'éternisent tout de même pas trop. Était-ce pour cela, alors, qu'instinctivement, elle avait rejoint Garth sous cette douche ? Pour ne pas rester seule, alors qu'il était la seule personne présente dans la Tour en ce moment ? Quoi qu'il en était, ses pas l'avaient conduite elle aussi sous cette douche, et désormais, elle faisait face à l'Atlante. Elle ne se sentait nullement effrayée ou trop impressionnée par son vis à vis. Il n'avait absolument pas à rougir de son corps et de ce dont Mère Nature l'avait pourvu, bien au contraire, mais Kory n'avait jamais été le genre de jeune femme à s'effaroucher de la nudité. Il s'agissait d'une chose tout à fait normal, pour elle. Après tout, sur Terre comme sur Tamaran, et même ailleurs, on venait au monde entièrement nu, alors pourquoi s'en formaliser ? Mais elle savait que, parfois, ses proches devaient sans doute se faire de fausses idées de ce à quoi pouvait ressembler la vie sur Tamaran concernant tout ce qui avait attrait au corps, à la sexualité, à la nudité et aux relations charnels. Mais malgré tout, malgré ce qui était naturel pour elle, Kory savait qu'elle devait faire des efforts, ou tout du moins qu'elle devait essayer de se conformer un peu plus souvent aux standards terriens, à ce qui se faisait et ne se faisait pas. On ne manquait d'ailleurs jamais de lui prodiguer quelques conseils au sujet de la sexualité et des relations amoureuses. Et même si elle parlait parfaitement bien votre langue, et que, si ce n'était pas le cas, elle réglait la situation en deux trois coups de langue, justement, il n'en demeurait pas moins que tout ceci pouvait continuer de lui apparaître un peu cryptic, malgré tout. Parce qu'entre comprendre un mot et réellement percevoir sa véritable signification, dans la mise en action ou la version psychologique, concrète et morale, il y avait tout de même un fossé. Ainsi, on avait beau lui expliquer que, parce qu'il s'agissait l'un d'un acte charnel qui engageait un contact très intime entre deux personnes, avoir du sexe avec quelqu'un était une sorte de mise à nu et d'engagement physique et sentimental, ne serait-ce que pour le temps que durait l'étreinte, Kory ne comprenait pas tout de ce concept là. Sentiments et émotions étaient des choses pouvaient totalement se désolidariser de l'acte charnel en lui-même, non ? Mais, apparemment, les choses n'en allaient pas ainsi sur Terre. Sur Terre, on est censé avoir la politesse de ne pas passer à autre chose dès la partie de jambes en l'air finie. Sur Terre, on est censé culpabilisé de planter la personne dans le lit, ou sur le canapé, ou sur le tapis, ou dans le cagibi, sans s'excuser ou la rappeler plus tard. En tout cas, Garth ne semblait pas trop sauter sur ses grands chevaux ou faire la fine bouche. Mais ses paroles désarçonnèrent quand même un peu Kory. A moins qu'elles ne la perturbent et ne la désorientent un peu, plutôt.

« Je ne comprends pas trop. Diana, comme Dick, d'ailleurs, et bien d'autres, m'ont dit de toujours demander, avant. Et de ne jamais entièrement me déshabiller devant un homme avant qu'il ne signifie qu'il est d'accord. » En tout cas, Garth ne semblait pas être en colère, ni même paniqué, ou effrayé. Bon, Kory savait bien qu'elle n'avait rien de repoussant, bien au contraire, mais on lui avait expliqué qu'elle pouvait impressionner et donc mettre mal à l'aise la personne face à laquelle elle se trouvait. Il était vrai qu'elle-même, sans être mal à l'aise, pouvait être désorientée face à ce qui ne lui était ni familier, ni habituel. Elle imaginait donc que cela pouvait fonctionner de la même façon, mais en sens inverse ? C'était juste que, si sur Tamaran, elle avait aussi l'habitude de ne pas être regardée de façon normale et raisonnée, c'était pour d'autres raisons, et majoritairement parce qu'en tant que Princesse, elle avait un statut particulier. Mais là, il n'était question de rien de cela. L'Atlante face à elle ne semblait pas être furieux ou préférer vouloir la mettre à la porte, à la sortir de la pièce, donc. Au contraire, il s'était saisi de la main qu'elle lui avait posé sur le torse. Et il posait même sa propre main sur son torse à elle, juste au-dessus de sa poitrine, avant de glisser ses doigts sous la chaîne de son collier. Cela ne la déstabilise pas, pas plus que cela ne la dérange, en fait. Alors, face à ses propos, elle sourit. Peut-être avec un fond de tristesse, juste sur les bords. « Je sais que je ne te fais pas peur. Tu ne sembles avoir peur de rien, d'ailleurs ... Mais je sais que je peux impressionner, sous ma vraie apparence. Est-ce vraiment si étrange que cela de contempler des pupilles sans iris ? Ce n'est pas comme si c'était déplacé ou comme si cela signifiait que je suis aveugle ... Je vous autorise à ôter ce collier, si c'est ce que vous désirez, Prince Garth. Mais ne vous formalisez pas des quelques répercussions que peut avoir cette nuit perpétuelle sur ma physionomie. ... S'il te plait. » Il fallait être poli, avec les gens. Sinon, ils vous insultent. C'était plus ou moins ce qu'elle en avait compris, de par son apprentissage sur le terrain, comme toutes ces fois où elle marchait dans la rue, se faisait siffler ou proposer des plans un peu salaces, et qu'elle ne répondait pas et ne se retournait pas. Le tout versait alors si rapidement dans l'insulte et les paroles encore plus crues ... Ce qui n'était pas le genre de Garth, elle le savait, mais être polie ne coûtait rien, et cela lui fournissait un bon entrainement hebdomadaire. Un instant, face à sa proposition, elle resta muette, et un peu figée. Le second degré n'était pas une seconde nature, chez elle, ni même un premier réflexe. Elle avait encore besoin d'un temps d'adaptation, comme pour traduire ou convertir dans son esprit. Un temps nécessaire qui se raccourcissait progressivement, fort heureusement. « Rien n'est jamais simple, avec moi. Tu dois bien l'avoir compris, maintenant ... Ô, oui, cher Prince Garth, soyez de nouveau mon professeur ... » Elle arquait volontairement un sourcil, non sans se mordiller la lèvre inférieure. C'était ainsi que faisaient les Terriennes, non ? Tout comme elles laissaient glisser leurs mains sur le torse de l'homme face à elle avant de les embrasser sans hésitation et sans retenue, comme elle, présentement, n'est-ce pas ? « Pas besoin d'excuse, ni de raison ... Pas besoin de complications. »

Elle en avait reçu, bien des conseils, Koriand'r, et ce dès son arrivée sur Terre ou presque. Parce qu'il n'avait pas suffit à Zatanna de lui enchanter un collier pour que la jeune femme puisse se fondre dans la masse. Sur Terre, visiblement, dans certains pays, et particulièrement aux États-Unis, l'apparence semblait primordiale. Il fallait se conformer aux canons de la mode, et si l'on n'y parvenait pas, alors une nuée de chirurgiens esthétiques étaient prêts à vous aider en ce sens. Et à contribuer à vous faire passer dans le rouge ! La concernant, côté physique, Kory avait rapidement compris, et elle se l'était vu confirmer, qu'elle n'avait absolument pas à s'en faire de ce côté là, et que si elle devait modifier son apparence, c'était uniquement parce que son physique était trop inconventionnel et rare. Elle ne s'était pas vexée, et elle avait compris. Pas qu'elle ait honte de venir de Tamaran, bien au contraire. Mais elle avait rapidement eu vent des atrocités dont étaient capables les Terriens, et elle n'envisageait en rien de tomber entre les mains de tordus, qui tenteraient de la disséquer pour comprendre comment elle était faîte, ou pour lui faire subir d'autres saloperies. En fait, ce qui pouvait sans doute créer le plus de remous concernant son physique, ce n'était pas tant sa taille, bien que peu courante pour les humains. C'était plutôt sa couleur de peau, et ses yeux si particuliers. Sans parler de sa chevelure, également. Mais tout ceci, c'était facilement dissimulable grâce aux bonnes œuvres de Zatanna. Un caractère, en revanche ... Elle avait encore beaucoup de travail à entreprendre, et ce même si personne ne lui avait jamais décemment demandé de changer du tout au tout. Du moins, personne de sensé et qui l'appréciait réellement. Parce que la vouloir toute autre, n'était-ce pas, au final, ne pas vouloir d'elle du tout ? Bref, Kory était habituée à recevoir des conseils, ainsi qu'à se voir expliquer certaines choses, quoi que cela ne résume en rien ce à quoi ressemblait son quotidien. Mais comme elle n'aimait pas la facilité, se confronter à des choses inconnues ne l'effrayaient pas. Même si elle ne disait pas non à certains raccourcis. Les études qu'elle menait en étaient en quelque sorte un certain exemple : toutes ces civilisations perdues qu'elle étudiait, elle ne les connaissait pas personnellement, et elle n'avait aucun vrai lien avec elles. Mais grâce à ses capacités de linguiste innée, elle n'avait pas du tout à autant se creuser la tête que ses camarades de promo' ! Alors, en voulant mieux comprendre Garth, ses origines et ce qui le concernait en tant qu'Atlante, Kory était autant curieuse que réellement intéressée, et cela comblerait autant ce gouffre entre eux ou tendrait à le faire que cela complèterait ce à quoi ressemblaient déjà ses études. Mais cherchait-elle aussi à faire un pas vers Garth, là, sous cette douche, alors que leurs relations étaient parfois conflictuelles et un peut tendues, ou s'agissait-il de toute autre chose ? Mais, dans le fond, était-ce réellement important d'avoir réponse à une telle interrogation ?

« L'un de mes premiers contrats de mannequinat, c'était pour de la lingerie féminine. » Pourquoi lui disait-elle ça ? Sans vraie raison, sans doute, ou peut-être y en avait-il une. « Pourquoi ce serait grave ? Je ne fais rien de mal, si ? Sauf si tu es marié. On m'a déjà dit que je devais faire attention à ne pas créer de conflits dans des couples mariés. Êtes-vous marié, Prince Garth ? » En tout cas, elle n'était jamais passée dans les mains expertes d'un chirurgien esthétique, encore une fois parce qu'elle n'en avait pas besoin. Et parce qu'elle n'en voyait pas l'intérêt. Le physique était moins important sur Tamaran, on préférait largement ce qu'il y avait en dedans : l'âme, le courage, par exemple. On n'avait ainsi pas écarté Komand'r de la succession du trône parce qu'elle était brune et non rousse, mais bel et bien parce qu'elle souffrait de cette maladie qui la condamnait à devoir rester clouée au sol, incapable de convertir les UV pour voler. En tout cas, Kory, en regardant Garth droit dans les yeux, espérait bien qu'il comprenne ce qu'elle voulait lui dire sans devoir employer le moindre mot pour s'expliquer. Il ne fallait pas croire, mais elle avait son propre orgueil, et le fait de savoir physiquement diminuée par cette nuit éternelle ... Peut-être que Kal-El aussi était plus pâle que d'ordinaire, mais sur elle, cela se remarquait sans doute un peu plus. De toute façon, elle n'avait pas discuté de tout ça avec le Kryptonien, chacun d'eux ayant ses problèmes soucis à gérer. « J'assume. Tout. Toujours. Mais peut-être pas là, pas entièrement, en tout cas. Peut-être que, dans ton cas, ce serait comme si soudainement tes branchies se flétrissaient, à force de privation d'eau. »

La jeune femme n'était pas bien sûr de la pertinence de sa comparaison, pas plus qu'elle ne savait s'il était vraiment possible pour Garth de se dessécher parce qu'il avait passé trop longtemps loin de cette eau qui lui était un environnement si propice, familier et agréable. Quoi qu'il en était, elle ne faisait pas marche arrière, elle ne reculait pas et n'engageait pas le moindre pas pour l'éloigner de Garth, alors qu'il parachevait de la défaire de son fameux collier. Ce qui lui faisait gagner bien des centimètres. De toutes ses connaissances et de tous ses alliés proches et moins proches, Koriand'r ne devait guère être dépassée en taille que par Victor. Et par J'onn J'onzz. A ce qu'elle en savait. Mais comme elle ne se promenait pas sans cesse sous sa réelle apparence ... J'onn J'onzz non plus, remarquez ... Un instant, la jeune femme eut comme l'impression d'entendre sa chevelure crépiter, avant de savoir qu'il ne s'agissait que d'une hallucination auditive. Privée d'UV, il lui était impossible de s'envoler, ou de se déplacer rapidement, et donc, aussi, de laisser sa chevelure s'épanouir pleinement. Mais Garth ne lui en tiendrait sans doute pas rigueur. De toute façon, sous la douche, cela aura été une sorte de combat, de cercle vicieux. Une bataille entre l'eau et le feu. L'essentiel était ailleurs, quoi qu'il en était. La jeune femme avait déjà constaté qu'en règle générale, les hommes n'apprécient guère que vous ayez l'esprit ailleurs alors qu'eux, ils ambitionnaient de vous faire chavirer, ou, en tout cas, d'accaparer toutes vos pensées et toutes vos sensations jusqu'à ce qu'ils en aient décidé autrement. Et bien que Kory ne soit pas le genre à se tromper de prénom au moment de l'apothéose, ni même à songer à autre chose alors qu'elle se livrait aux plaisirs de la chair, elle était tout de même elle-même. C'est à dire une jeune femme sexuellement libérée, pas frustrée du tout, pas pudique et pas hésitante, certes, mais qui n'avait pas le même sens des choses que les Terriens. Pour elle, ces histoires de sexe n'engageaient en rien, et il lui semblait inutile de le préciser. Pour elle, du sexe était juste du sexe, cela n'entraînait en rien de façon obligatoire quelque tourment de l'âme ou des sentiments. Mais Garth devait bien le savoir, alors, ce n'était pas comme s'il se jetait dans la gueule du loup en toute inconscience, n'est-ce pas ? Alors, face à ses paroles, si cela était possible, le regard de Koriand'r prie une lueur encore plus tamaraneanne que d'ordinaire. Un vert encore plus profond, plus pénétrant, plus joueur, mutin, scintillant et érotisant.

« Je plaide ta totale et délibérée prise de responsabilités s'il advenait que tu ne tiennes pas le coup ... » Il devait avoir conscience de ce qu'il faisait, non ? Bien qu'il n'ait jamais vu Kory entièrement nue, alors qu'il venait de se débarrasser de son boxer. Et bien que, aussi, il n'ait jamais été témoin de ce à quoi pouvait ressemblait un tel petit jeu pour une personne de son espèce. Alors, quand il l'embrassa, la jeune femme ne chercha pas à le raisonner, ou à lui remettre les pieds sur Terre. Ce qui aurait été ironique : lui, un Atlante, et elle, une Tamaraneanne. La terre ferme, ce n'était pas exactement leur élément naturel et initial, à la base ... L'une de ses mains vint s'enrouler, serpentine, gracieuse et agile, autour du crâne du jeune homme, alors que ses doigts venaient s'agripper à la base des cheveux, s'y mêlant et s'y accrochant, avec fermeté et détermination, non sans y exercer une légère pression vers l'arrière. Cette paroi fraîche et humide, contre laquelle son dos vint se heurter, ne la fit pas ciller, et ce même que sa prise dans les cheveux de Garth se raffermit, et que les ongles des doigts de son autre main ne manquèrent pas d'attiser la résistance de l'épiderme du jeune homme. C'était plaisant, très plaisant. Et ce même si Kory n'était pas au mieux de sa forme, et donc, aussi, de ses capacités. Cette main, restée sur la poitrine, se mit elle aussi à glisser le long de la peau du jeune homme, passant derrière son dos, et traçant une douce morsure le long de l'épiderme de l'Atlante. Pas besoin d'acupuncture pour savoir qu'un corps possède certaines zones plus hétérogènes que d'autres, plus réactives, aussi. Des zones en contact avec d'autres parties du corps, plus intimes ... L'une de ses jambes, graciles et agiles, se glissa entre celles de son interlocuteur, et ce bien qu'aucun ne parlait, actuellement. Une jambe qui s'enroula, une main qui se fixait dans le creux des reins du jeune homme, et Kory, d'un mouvement, inversa leur position, non sans décoller quelque peu leurs lèvres jointes en tirant le crâne de Garth vers l'arrière. « Pour mon peuple, par bien des aspects, le sexe peut s'apparenter à une pratique de combat ... Et je suis une excellente guerrière ... » Sa bouche vint mordiller l'un des lobes d'oreilles de l'Atlante, avant que sa langue ne mène une certaine danse lascive le long de son cou, non sans faire plus qu'effleurer les fameuses branchies. A moins que ne s'y mêlent également quelque peu les dents de la jeune femme ...

Sur Terre, visiblement, on vous interdisait facilement un certain nombre de choses à partir du moment où on estimait, là, comme ça, tout seul dans son coin, que vous n'étiez pas en mesure de vous plaindre ou de donner votre avis, et ce sous prétexte qu'on jugeait que, vous, ce n'était pas comme pour les autres. Que, vous, vous aviez de la chance et vous étiez mal placé pour parler, ou plutôt, trop bien placé pour parler, quelque chose comme ça. Et c'était là l'un des nombreux concepts qui lui passaient totalement au-dessus. Elle avait voulu comprendre, au début, et puis, finalement, tout ceci lui avait paru si ubuesque que, désormais, comme on disait, elle s'en fichait comme d'une guigne. Elle laissait aisément les gens parler. A croire qu'ils adoraient ça, parler. Comme si entendre le son de leur propre voix les rendait tout chose, et qu'ils en étaient presque rendus au point de l'extase dans des conditions pareilles. En tout cas, jamais elle ne se plaignait de son physique. Et les gens estimaient qu'elle n'avait pas matière à le faire. Elle se savait jolie, très jolie, même. Déjà, sur Tamaran, dès toute petite, on avait vanté ses qualités et ses atouts physiques. Mais sur Tamaran, sans doute que l'on ressemble plus à des mannequins terriens qu'à autre chose. Peut-être que cela tenait à leurs origines félines, allez savoir ... En tout cas, elle ne courrait pas après la reconnaissance ou les compliments portant sur son physique. Elle n'était pas comme ça, Koriand'r. Mais elle n'avait rien contre le fait qu'on la rassure de temps à autre. Elle ne vivait pas dans l'insécurité ou l'hésitation. C'était juste que ... C'était juste que certaines choses devaient sans doute être un peu plus primordiales que pour le commun des humains. Et son rapport à ses capacités étaient très particuliers. Peut-être que pour certains, cela ressemblait à de la vanité, du narcissisme ou de la vantardise, mais il n'en était rien, même si, bien sûr, il y avait une part de fierté et d'orgueil. C'était juste que ... C'était juste qu'elle avait un rapport très étroit avec tout ceci. Question de passé et de passif familiaux, sans doute. Mais question, surtout, d'expériences passées assez traumatisantes. Et encore, c'était là un mot bien doux pour qualifier ce qu'elle avait dû et pu endurer, et ce qu'elle avait ressenti. Il lui était arrivé de plus ou moins perdre la notion du temps, quand la moindre seconde semblait s'éterniser ... De ça, elle ne parlait pas. Les gens ne comprendraient pas, et puis ... Cela tenait du domaine du très intime, là où elle était mise à nue, et présenter avec ses faiblesses, et ses déviances.

Alors, face aux propos de Garth, elle ne répondait rien. Sans doute parce qu'elle se sentait quelque peu rassurée. Garth, il n'hésitait pas à lui dire ses quatre vérités, comme on dit, et elle ne craignait nullement quelque doux mensonge censé la rassurer. Elle était un peu satisfaite, en tout cas. Et puis, ce n'était pas comme si sa peau partait déjà en lambeaux, ou comme si ses cheveux se faisaient cassants. Elle demeurait droite dans ses bottes, et elle voulait faire face, du mieux possible. Elle n'était pas partie se mettre au vert, et ne s'était pas éloignée pour se cacher. Pas qu'elle pense que c'était ce qu'avait fait Kal-El. Sa situation à lui n'était pas non plus évidente, mais elle était très différente. Metropolis était ... Ce n'était plus réellement Metropolis, n'est-ce pas ? Et il était attaché à cette ville, Kal-El, n'est-ce pas ? Sans parler du fait que lui aussi était impacté par cette déviation de la Lune juste devant le Soleil ... En tout cas, Kory préférait de loin profiter du moment présent plutôt que de se faire des cheveux blancs. Sa chevelure lui plaisait énormément, et elle était unique en son genre. Autant garder cette particularité intacte, n'est-ce pas ? Et puis ... Et puis, son occupation présente était bien plus intéressante, n'est-ce pas ? En tout cas, Garth, à ses yeux, battait, et de loin, l'ensemble des membres du Syndicat en terme d'attraction sexuelle et de potentielle de séduction. En même temps, Koriand'r n'avait jamais été du genre à être attirée par les ordures, alors, le problème était réglé. Alors qu'avec l'Atlante ... Avec l'Atlante, il existait cette petite tension, cette électricité dans l'air, aussi, pour diverses raisons, mais jamais jusqu'à les pousser à s'entretuer ou à mettre en péril les Teen Titans ou quelque équilibre primordial. En tout cas, tout ceci s'illustrait encore très bien dans leur attitude respective. Prendre l'ascendance et mener la danse était visiblement un jeu pour eux, à moins que ce ne soit une habitude. Et, dès lors, face à deux tendances de domination, les choses ne pouvaient que se corser et s'embraser d'autant plus ... Ce qui était très, très intéressant ... Et stimulant, aussi. Oh que oui.

« Hmm ... Je veux le voir pour le croire ... »

Et pour le voir ... Pour le voir, elle l'avait vu ! Elle avait vu le Loup, comme on dit. Pratiquant l'étude des civilisations anciennes, Kory avait majoritairement des connaissances historiques sur toutes ces civilisations autrefois glorieuses et aujourd'hui disparues ou diluées dans l'époque actuelle. Mais elle savait aussi certaines petites choses datant d'époque plus récente. Alors, face à cette expression si étrange que celle qui parlait de voir le loup, elle avait fait des recherches. Et visiblement, cela datait de ce siècle révolutionnaire qu'était le XVIIIe, en France. Mais ... Mais elle ne songeait absolument pas à tout ça, présentement. Elle avait encore un peu les oreilles qui bourdonnaient, et quelques explosions lumineuses, microscopiques, semblaient parsemer son champ visuel. Dans les faits, il n'y avait rien, bien évidemment, et c'était juste des hallucinations cérébrales, quelque chose comme ça. Une expérience assez agréable, en tout cas, tout comme celle de quelque peu se sentir sur un matelas de plume, en lévitation au-dessus du sol. Du moins était-ce ainsi que Koriand'r pouvait essayer de décrire ce qu'elle ressentait. En général, dans des cas comme ça, on est très décoiffé. Alors, Kory, avec sa chevelure ... Pensez donc ! Fermant un bref instant les yeux, elle laissa un sourire lascif et satisfait prendre corps sur son visage, autant face aux premiers propos cohérents de Garth depuis plusieurs minutes que face à au contact de cette main sur son épaule.

« Tu te défends aussi très bien ... Même plus que bien. Pour une première fois avec un Atlante, je n'aurais guère pu prendre encore plus de plaisir ... » Écartant délicatement une mèche de cheveux qui épousait la courbe de l'une de ses joues, elle s'étira quelque peu, gracieusement, non sans sentir avec délectation quelques craquements, alors que toutes ces articulations se réalignaient avec harmonie. « Tu penses que tu y survivrais ? Je crois toujours avoir gardé quelque retenue, malgré ce qu'on peut penser de moi. Après tout, je suis Tamaraneanne. Avec tout ce que cela implique en terme de force et de physiologie. » En tout cas, face à la question de Garth ... Face à la question de Garth, la jeune femme resta quelque peu silencieuse. Se redressant progressivement, comme pour constater les dégâts, et sans prendre la peine de se couvrir, elle resta silencieuse. Plissant les yeux, elle tentait d'évaluer l'ampleur des dégâts, tout en essayant de se souvenir de ce qui avait bien pu se passer, mais ... « C'est assez confus. Je crois que nous avons enchaîné plusieurs rounds. Et que vider le ballon d'eau chaude a dû nous obliger à migrer, je suppose. »

La première fois qu'elle avait partagé les liens de la chair avec un humain, elle avait ensuite eu la sensation d'avoir comme shooté dans un petit chiot en détresse. Le regard du jeune homme avec qui elle avait roulé sous la couette, comme on dit, lui en avait en tout cas dit bien long sur le fait qu'il ne s'attendait absolument pas à ce qu'elle ait la réaction qu'elle avait eu. Sans doute parce qu'en général, les Terriennes disent bien que les hommes sont des porcs parce qu'ils vous jettent dès qu'ils ont obtenu ce qu'ils voulaient, sans faire de ronds de jambe dans l'eau et sans prendre des pincettes. Elles disent souvent, aussi, qu'elles en avaient assez des plans cul Kleenex, où les hommes vous jettent dès qu'ils vous ont bien utilisé, un peu comme les mouchoirs en papier, quoi. Koriand'r avait mis bien du temps à comprendre l'allusion. Et aujourd'hui, si elle était capable de vous l'expliquer, elle restait un peu moins capable de vous dire pourquoi une telle attitude était mal. Pourquoi les Terriens semblaient-ils tant tenir à ce qu'une histoire de fesses soit forcément le début de quelque chose ? C'était très étrange, comme attitude et comme attentes, en tout cas, à ses yeux. Elle n'aimait pas trop s'expliquer de ça, parce que les gens ne comprenaient pas, quoi qu'elle dise. Oh, elle voyait bien que certains faisaient des efforts, mais ça n'y changeait pas grand chose, dans le fond. Le résultat était le même, on finissait rapidement par se dire que c'était elle qui agissaient étrangement et qui ne faisait pas comme tout le monde. En tout cas, peu importait les retours qu'elle pouvait avoir, elle n'y changeait rien. Rien ou presque. Elle faisait tout de même des efforts, comme ne pas partir dès que c'était fini. Elle ne s'attardait certes pas, mais elle disait merci, ou quelque chose comme ça, en tout cas. Parce qu'après, les hommes se mettent à douter de leurs performances et, bon, ce n'est quand même pas le but. Pas qu'elle cherche à se les garder sous le coude, quoi que puisse signifier cette expression. Koriand'r ne récidivait jamais avec la même personne, à quelques exceptions près. Les privilégiés se comptaient sur les doigts des deux mains, et encore, avec peine ... Pas que cela la chagrine ou la dérange. Il fallait que son amant ait une réelle importance à ses yeux, et ça, ce n'était pas une place qu'elle acceptait de donner à n'importe qui. Là, si on le lui demandait ... Oui, sans doute que oui, elle accepterait de récidiver avec Garth. Parce que, lui, en quelque sorte, il comprenait, ou, en tout cas, parce qu'il savait, et qu'il ne cherchait pas à trouver ça anormal. Et en plus, pour ne rien gâcher, elle avait pris beaucoup de plaisir entre ses bras. Et au-dessus de lui. Et en dessous. En fait, dans toutes les positions qu'ils avaient expérimenté à deux.

« Et bien, ce sera à vérifier, je suppose ... Me concernant, je n'ai jamais mesuré ma résistance à la pression sous-marine en très grandes profondeurs. Je sais juste que je nage très bien, et que je suis peut-être un peu beaucoup en mesure de parler avec les dauphins. Par contre, je sais aussi très bien que je n'ai aucun souci à me déplacer dans le pur espace, sans vos combinaisons si peu seyantes. » Elle pensait comprendre pourquoi les astronautes devaient se munir de toute cette tenue encombrante. Il y avait quelque chose en rapport avec le fait que les Humains avaient besoin d'oxygène, et qu'il n'y en avait pas dans l'espace, et que leurs poumons pouvaient alors exploser. Comme leur cerveau. Ou alors, çà, c'était l'un des délires de Garfield. Ou bien de Damian. Ou encore de quelqu'un d'autre, parce qu'elle ne se souvenait plus trop à qui elle avait posé cette question. En tout cas, ce n'était sûrement pas à Raven, parce qu'elles ne parlaient pas de ce genre de choses là, entre elles. « Elle te maudirait sûrement. Parce que de nous deux, je pense que c'est de toi qu'on attend le plus de logique terre à terre. Moi, je suis dans les étoiles, c'est bien connu ... » La remarque était tout autant sur le ton de la plaisanterie que d'une fine ironie et d'une certaine amertume. Les gens cherchaient si peu à la comprendre ... Mais en même temps, leur en laissait-elle réellement l'opportunité ?

Garth finissait par se lever, et Kory réprima une petite grimace de déplaisir. Après tout, il lui était bien agréable de le sentir lui caresser doucement l'épaule. Comme elle savait qu'il ne se faisait pas de fausses idées et qu'il ne cherchait sans doute en rien à l'amadouer pour qu'elle accepte de tomber dans les clichés des relations charnelles terriennes, elle profitait pleinement du geste et des sensations qu'il produisait. Elle ne savait pas où il était parti, en tout cas, pas plus qu'elle ne savait ce qu'il voulait faire. Elle ne lui couru pas après, en tout cas. Mais elle se leva quand même. Elle se leva pour bien pouvoir s'étirer, de toute sa longueur, avec grâce, élégance et application, l'une de ces qualités n'occultant en rien les autres. Elle était grande, Koriand'r, alors autant se mettre debout pour bien faire craquer toutes ses jointures et délaisser ses muscles. En fait, elle l'avait appris assez jeune, mais les os ne craquaient pas vraiment. Elle avait beau ne pas être humaine, là, cela n'y changeait rien, et les choses étaient les mêmes : c'était une question de bulles de gaz présentes dans le liquide synovial qui, quand elles explosaient, produisaient ce bruit caractéristique. Pendant quelques instants, tout en continuant de s'étirer et de se délasser, la jeune femme jeta un coup d’œil par la baie vitrée de la chambre de Garth. En contrebas, bien plus bas, la vie des Terriens continuait son cours alors que, là haut, dans le ciel ... Dans le ciel, c'était la Lune, encore et toujours elle, depuis déjà trop de semaines. Et, bien plus loin encore ... Bien plus loin, hors de sa vue, elle savait qu'il y avait Tamaran ... Ce n'était pas bon d'être trop nostalgique et mélancolique, n'est-ce pas ? Le retour de Garth la tira de sa contemplation, et, bien qu'elle ne se soit toujours pas couverte, cela ne sembla ni heurter, ni choquer l'Atlante. Pas plus que cela ne le mit dans un état second, car, à ce qu'elle en voyait ... A ce qu'elle en voyait, soit il était trop fatigué pour récidiver aussi vite, soit il savait très bien se contrôler ! Mais en apercevant l'objet qu'il tenait en main, elle quitta sa nouvelle contemplation.

« Tu as bien fais ... Il n'y a pas de voleurs parmi nos coéquipiers, mais des petits plaisantins, si ! Zatanna m'a offert ce collier, et j'y tiens beaucoup. Surtout maintenant. Sans le Soleil, tout ça ... » Enfin, bref, ils en avaient déjà précédemment parlé, inutile d'étoffer là-dessus, n'est-ce pas ? En tout cas, Garth ne manquait pas de continuer à la surprendre, avec cette histoire de whisky, mais peut-être qu'au final, ce n'était pas si surprenant que ça, compte tenu du fait qu'il n'était pas présent à plein temps parmi les Teen Titans, et qu'il conservait plus qu'une petite part d'ombre et de mystère le concernant ! Bon, elle savait bien qu'il n'y avait pas de risque qu'il cherche à l'empoisonner, mais, quand même ... Tout ceci était suffisamment surprenant pour qu'elle ne se précipite pas, un grand sourire aux lèvres. Et ce bien qu'elle avala d'une traite le contenu du verre dès qu'elle porta ce dernier à ses lèvres ! « C'est ... C'est assez bon. J'en ai déjà bu. Alfred Pennyworth d'Angleterre m'en a déjà servi, mais tous les deux, on ne venait pas de faire ce que nous venons de faire ensembles. ... Je ne bois pas vraiment d'alcool, en général. Cela ne me fait aucun effet, je crois. Enfin, disons que cela ne me fait pas tourner la tête, même si, là, ça me donne en effet bien chaud dans la gorge. »

Et alors qu'il venait la rejoindre, debout ... Alors qu'il venait la rejoindre, elle ne s'empêcha pas de fermer les yeux, cessant alors délibérément de voir, ne serait-ce que pour quelques instants. Elle sentait quelque nécessité pour elle de profiter pleinement du moment, qui lui semblait un peu comme un instant hors du temps, de leur relation habituelle et des circonstances environnantes. Elle savait que la vie suivait son cours, dans cette ville que la Tour surplombait, mais ... Mais c'était un peu comme si sa propre existence à elle avait besoin d'être mise entre parenthèses, quelques instants. Elle n'avait jamais classé Garth dans la catégorie des brutes, mais ... Mais cette proximité entre eux, sans aucune barrière, c'était assez nouveau. Suffisamment, en tout cas, pour qu'elle s'y émerge le plus possible. L'une de ses mains, par réflexe, se tendit vers l'arrière pour s'enrouler derrière le crâne de Garth. Comme pour s'assurer de sa présence physique derrière elle, bien que, dans les faits, elle n'en ait sans doute pas vraiment besoin.

« Minuit ... Les heures semblent tant se ressembler, depuis la Nuit perpétuelle. J'ai ... J'ai déjà perdu la notion du temps, et j'aimerais te dire que c'est un sentiment sans cesse agréable, mais pour l'avoir expérimenté de première main, je sais que ce n'est pas le cas. Mais ... Mais là ... Toutes mes félicitations, Prince Garth ... » Elle le sentait hésitant. Pas dans sa décision, ou plutôt, pas dans sa proposition, mais dans la façon dont il la formulait. Il semblait chercher ses mots, et elle ne voulut ni le contrarier, ni le perturber, ni même l'interrompre. Se mordillant un instant le coin de la lèvre inférieure, finalement, elle décida de rester muette. Et ses deux mains vinrent se poser sur son ventre, ou plutôt sur les mains de Garth, elles-même posées sur son ventre. Une façon pour elle de le rassurer, de l'encourager, à sa façon. Alors qu'elle rouvrait les yeux. « Passer à autre chose ... Oui. Mais ... Mais, en général, si je le fais rapidement, c'est en partie pour ne pas donner de faux espoirs à mes amants d'un soir. Encore une fois, mon rapport au sexe et aux choses charnelles n'est pas le même que celui conventionnellement accepté et acceptable parmi les Humains. Je ne suis pas cruelle, mais je ne veux pas aller contre ma nature non plus, d'où le fait que ... Mais tu as sûrement compris ce que je voulais dire. » Et voilà que, visiblement, à présent, c'était un peu elle qui était à la peine quant à exprimer sa pensée ! Chacun son tour, sans doute. Elle le sentait finalement s'éloigner, sans en prendre peur. Il regagnait son lit, ça, juste ça. Il ne la fuyait pas, elle ne lui avait pas fait peur, et elle ne l'avait visiblement pas échaudé non plus, alors, tout allait bien. Penchant légèrement la tête sur le côté, elle finit par sourire, tout en laissant fuser un doux éclat de rire. Il savait se vendre, et vendre ses idées, il n'y avait pas à dire ! A moins qu'elle n'ait en effet simplement besoin que d'une pause, d'une aparté. Alors ... Alors, elle nattait très rapidement ses cheveux, en quatre brins, de façon lâché-relâché, et sans élastique, avant de poser son collier sur la table de nuit la plus proche, car Garth ne lui en voudrait sûrement pas de ne pas revêtir de nouveau une apparence bien plus humaine, n'est-ce pas ? Et puis, toute féline et sensuelle qu'elle était, elle regagnait la couche, à son tour. D'abord les deux mains, puis les genoux. Jusqu'à finir par s'aplatir sur le ventre, en observant, yeux plissés, le visage du bel Atlante, juste à côté d'elle. « Tu sais ... Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien après le sexe. Pas de prise tête, pas de fausses idées, mais pas de détachement non plus ... En réalité, je ne me suis pas encore détachée de ta présence. Les amis servent à ça, oui, mais pas qu'à ça, comme nous l'avons prouvé ! » Elle marqua un léger temps d'arrêt, avant de reprendre. « Cela fait aussi bien longtemps que je n'ai pas partagé la même couche qu'un homme pendant toute la nuit ... La dernière fois, c'était ... » La dernière fois, il lui semblait que c'était avec Dick. « Ainsi, donc, j'aurais des petits soucis ... C'est sans doute vrai. Bien plus compliqué à exprimer qu'à reconnaître, sans doute. »

Il était difficile pour elle d'expliquer ce que c'était que d'être de Tamaran. Ou du moins, elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait sans doute jamais l'expliciter en long, en large et en travers. Il y avait tant de choses à dire, tant de choses qui différaient de tout ce qui était convenable et acceptable du point de vue humain. Plein de petites choses, en réalité, mais qui, misent bout à bout, devait bien créer un immense fossé. Sans parler de tous ces grands concepts qui étaient parfois diamétralement opposés à leurs correspondances terriennes, même si, de fait, on ne pouvait sans doute même pas parler de correspondances. Il ne s'agissait point de jeu de miroir, pas plus que d'un jeu de miroir inversé. Et parfois, il s'agissait de plus que de simples nuances. Alors, oui, il y avait un grand fossé, mais Koriand'r était souple, et athlétique. Faire le grand écart ne la dérangeait point, sans parler du fait que, fort heureusement pour elle, la majorité de ses proches, elle les avait choisi, et en réalité, ils étaient du coup très peu nombreux à vouloir la voir choisir, ou à vouloir la voir changer. C'était parce qu'elle était elle-même, avec toutes ses contradictions et ses différences, qu'elle avait sans nul doute quelque peu une place à part dans leur vie, ou qu'en tout cas, cela faisait d'elle quelqu'un d'inhabituel et d'unique pour eux. En fait, le plus simple et le plus appréciable, pour elle, c'était quand la personne face à elle l'acceptait telle qu'elle était, et qu'elle ne cherchait pas à pointer du doigt ses différences, comme si Kory était anormale et que quelque chose clochait chez elle. De son point de vue à elle, après tout, s'il fallait jouer à ce petit jeu là, alors c'étaient eux, tous autant qu'ils étaient, qui étaient étranges et irrationnels ! En fait ... En fait, chacun était tel qu'il était, et c'était très bien comme ça. Cela donnait de la saveur, du piment et du piquant aux choses, non ? Et puis ... Et puis, cela n'empêchait pas la Tamaraneanne de tout de même parfois essayer d'expliquer ce que cela signifiait que d'être de son peuple. Et il y avait des choses qui, fort heureusement, semblaient résonner un peu plus facilement aux oreilles terriennes. Il ne semblait donc pas forcément ubuesque aux personnes à qui elle en parlait qu'un peuple tout entier puisse vouloir être relié à Mère Nature, et que ce même peuple souhaite également garder les pieds sur terre, au sens propre comme au sens figuré, et ce en dépit du fait qu'ils étaient en mesure de voler, et donc, de décoller, justement ... Pour un ressortissant de Tamaran, l'un des principes essentiels était de rester soi-même, en tout temps et en toute occasion. Il était donc nécessaire et essentiel, et parfois même vital, de demeurer en harmonie avec son propre corps et ses propres ressentis, comme pour quérir quelque symbiose. Et c'était ainsi que Koriand'r voyait et vivait les choses, la concernant. Et ce même si elle devait parfois un peu rogner sur ses instincts. Il fallait tout de même se faire à quelques règles terriennes. Ce qu'on appellerait plus facilement, sur Tamaran, une juste sanction de la justice, ici, sur Terre, certains pourraient parler de meurtre de sang froid, par exemple. Mais, bon ...

« C'est là la destination à atteindre, et celle qu'il faut retrouver, quand on s'égare : être soi-même, se sentir bien, ressentir chaque petite parcelle de son propre corps et de son propre intellect. »

Et pas besoin de drogue pour ça ! Pourtant, c'était bel et bien le genre de réponse, ou de question, qu'elle avait pu entendre les premières fois où elle avait pu évoquer tout ça. Et à ses yeux, cela avait quelque peu été choquant. Pas qu'on lui propose de la drogue, mais plutôt que, sur Terre, on semble se sentir incapable de naturellement pouvoir atteindre un tel seuil de cohésion entre soi et ses ressentis. Comme si, sur Terre, il fallait absolument un apport extérieur, de l'artificiel, parfois, aussi, pour atteindre un tel but après avoir couru après un tel dessein. Mais, présentement, elle ne songeait pas à tout ça. Garth n'était pas l'un de ces preneurs de tête, et il était suffisamment Atlante pour comprendre qu'on avait le droit d'être différent sans avoir à s'en expliquer ou à s'en défendre. Ainsi, et de loin, Koriand'r préférait apprécier les douces caresses qu'il avait à son égard. C'était agréable, et puis, elle savait qu'il ne la voyait pas comme un trophée, après lui être passé dessus, comme disent certains crétins de mâles humains. Elle en venait alors à plisser les yeux, alors qu'une sorte de son étrange naissait dans sa cage thoracique. Ce qui se rapprocherait sans doute le plus d'un ronronnement, sauf que cela n'était pas non plus exactement ça.

« Nous voilà donc sur la même longueur d'ondes : ce fut une merveilleuse soirée, et cela en reste encore une. Et si notre nuit pouvait être dans la même continuité, j'en serais fort aise, tout comme toi, visiblement. »

Elle se laissait faire, Koriand'r. Pas parce qu'elle était dénuée de volonté, ou parce qu'elle était incapable de réfléchir et d'agir par elle-même. Et pas plus non plus parce qu'elle était aisément manipulable, ou qu'elle appartenait à cette étrange catégorie créée par les Humains qui semblait vouloir ériger le concept de fille facile. En réalité, elle était simplement en parfaite cohésion avec les désirs et les espérances de Garth, concernant le restant de leur nuit. Alors, elle ne voyait nullement de raison valable pour aller à l'encontre de ses gestes, ou pour délibérément vouloir tout faire par elle-même, en simple esprit de contradiction. Elle n'avait point à s'imposer auprès de lui, et il n'avait absolument pas besoin qu'elle lui prouve quel genre de femme elle était. Parce qu'il était déjà parfaitement au courant, et que, tout ça, il le savait déjà. Et puis ... Et puis, bien que Koriand'r n'en demeurait pas moins être Tamaraneanne, il y avait dans son corps à elle aussi l'existence de substances sécrétées par son cerveau, après certains efforts ou certaines actions. Ici, c'était comme si elle sentait déjà poindre en elle ce qui se rapprocherait le plus de la mélatonine mêlée aux endorphines, quelque chose comme ça. La jeune femme se savait être intelligente, et capable de comprendre très vite certains concepts, surtout les plus compliqués. En règle générale, c'étaient les choses les plus terre à terre qui la laissaient un peu dans l'embarras. Ça, et puis les expressions figurés, et les différents niveaux de compréhension et de signification. En tout cas, même si elle n'avait point fait d'études dans la biologie et qu'elle n'envisageait pas vraiment de se lancer dans cette voie là, elle savait plus ou moins quelles étaient les logiques qui entraient en jeu dans ses ressentis et ses envies du moment. Alors elle n'avait donc rien contre d'ores et déjà être dans une position agréable pour fermer les yeux et se laisser porter. Et il se trouvait que le torse de Garth était tout trouvé, même si les oreillers devaient eux aussi être agréables. Seulement, les oreillers, Koriand'r pourrait les retrouver plus tard, une autre fois, même si, alors, il ne s'agirait pas forcément des mêmes. Alors que le torse de Garth, et Garth lui-même, eux ... C'était une proposition qu'elle ne voulait ni ne pouvait refuser, et cela la fit quelque peu sourire de l'entendre lui confier, plus ou moins, qu'il voulait piquer un petit somme, voire même un gros dodo, comme disent les enfants terriens. Elle était plus ou moins dans la même optique, sauf qu'elle n'avait point besoin de le lui expliquer, sans doute. Surtout qu'elle entendait les battements du cœur de l'Atlante, l'une de ses oreilles étant collée contre le cage thoracique de Garth. Une cage thoracique qui faisait caisse de résonance, rajoutant de l'agréable et du plaisir à la sensation. Elle frotta alors seulement son nez, quelque peu, contre la peau du jeune homme, sa façon à elle de bien lui indiquer qu'elle l'avait entendu, qu'elle comprenait et que, oui, ils pourraient reparler de tout ça plus tard. Genre, demain, ou même après. Ils avaient tout le temps, non ? Elle songeait à tout ça, et puis, en fait, pas du tout. C'était un mélange, une sensation qui la prenait peu à peu, et la plaçait dans la position paradoxale et particulière d'une jeune femme entre deux eaux, présente physiquement mais s'évaporant déjà mentalement vers ailleurs. La gravité, elle la ressentait bien moins, et la réalité autour d'elle s'étiolait quelque peu. Ses traits et ses contours se déformaient, et il n'y avait guère que le rythme régulier des battements cardiaques de Garth qui pouvaient encore lui indiquer qu'elle n'était pas tout à fait endormie. Cependant, ce fut dans un demi-sommeil, déjà, qu'elle entendit les dernières paroles de son amant du soir. Des mots là, et pas là en même temps. Elle sourit, et se laissa partir, raffermissant inconsciemment la prise de sa main sur le flanc gauche de l'Atlante. Elle sourit, oui, et elle se laissa partir.