Assise sur une chaise Harley regardait autour d’elle. Beaucoup trouvait cet endroit étrange, mais elle l’aimait beaucoup. Elle n’était pas une fan des plantes à la base, mais Pamela lui avait donné cette passion de prendre soin d’elles. Elle n’avait pas la main aussi verte que son amie, mais elle aimait bien les arroser et les tailler au besoin. Ca lui permettait de se vider l’esprit et de s’occuper d’êtres qui avaient besoin d’elle. Ca faisait du bien de se sentir utile parfois. Malheureusement pour la psychologue quelque chose clochait. Ca faisait un moment qu’elle n’avait pas vu Ivy et elle se faisait du souci. Elle avait fait travailler tout son réseau pour savoir si quelqu’un ne saurait pas quelque chose, mais personne n’avait de nouvelles. Même Selina ne semblait pas savoir et pourtant elle était douée pour retrouver les gens. Harley donc tenté de se changer les idées, mais elle n’y était pas parvenu. Après deux jours sans nouvelle, elle était venue s’installer chez Pamela. C’était sans doute irrationnel, mais elle avait peur. Peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Peur qu’elle ait quitté la ville. Peur que le Joker lui ai mis la main dessus. Quitter la ville, elle se disait que ça ne devait pas être le cas parce que ses plantes étaient toujours là et elle ne partirait pas sans elle. Mais partirait-elle sans lui dire au revoir ?
Cette pensée avait fait son chemin dans l’esprit de la jeune femme et elle était restée cloitrée ici depuis un long moment. Elle était sortie une seule fois pour aller faire un tas de courses pour avoir toute la nourriture dont elle avait besoin à porté de main. Elle s’en faisait vraiment pour Pamela et elle se fichait bien de savoir si le Joker allait lui faire payer son manque d’attention sur ses affaires. Quoi qu’il semblait plus intéressé par son business que par elle. Il risquait donc de ne même pas remarquer son absence. Elle fichait bien des conséquences pour une fois. Mais en pensant à lui, elle se demandait s’il n’avait pas fait de mal à Ivy. Elle savait se défendre, c’était certain, mais il était plus sournois. Harley espérait vraiment qu’il ne lui avait pas fait de mal. Elle ne voulait pas retrouver le corps de son amie dans une rue abandonnée ou que la police annonce qu’elle était décédée. Mais si ça n’était pas le Joker qui l’avait, alors qui ? Tout cela tournait dans l’esprit de la jeune femme pendant des jours entiers. Elle ne savait pas pendant combien de temps elle était chez son amie et pendant combien de temps elle l’avait attendue, mais elle avait fini par se concentrer sur les plantes autour d’elle. Allant arroser une plante encore petite, elle passa le bout de son doigt sur une feuille et esquisse un sourire.
Elle sera contente de voir que tu as pris des forces et que tu t’épanouis.
Pamela serait sans doute contente de cela et elle espérait qu’elle pourrait bientôt voir à quel point ses fleurs étaient magnifiques. Passant à une autre plante, elle lui donna à boire doucement et ce fut à ce moment-là qu’elle entendit un bruit. Des bruits de pas. Reculant doucement pour pouvoir mettre la main sur une fourchette, elle se retourna d’un seul coup, près à planté le couvert dans la personne qui était là. Mais son regard se posa alors sur sa meilleure amie.
Ivy !
Lâchant la fourchette, elle fonça vers son amie et la pris dans ses bras, la serrant fort contre elle.
Où étais-tu ? Qu’est-ce qui s’est passé ? On doit botter les fesses de qui ? Je peux faire quelque chose pour toi ?
Elle était soulagée de la voir là, mais toutes les questions qui tournaient dans son esprit avaient besoin de sortir. Reculant légèrement, elle vérifia rapidement que son amie allait vraiment bien.
Poison Ivy secourue par Batman. Dite à haute voix, la chose serait pour le moins étrange. Déroutante. Pour ne pas dire parfaitement inattendue et un tantinet déstabilisante. Ivy peine encore à se remettre du déroulement des événements, de son sauvetage, de sa guérison – passagère, de ce qu'elle a appris... Tout se bouscule dans son esprit, en même temps qu'elle traverse les rues au pas de course pour rejoindre son antre. Gotham n'est plus que désolation, un champ de bataille infâme, la ville a perdu sa superbe déjà bien écorchée, et il semble qu'elle soit plus que jamais au bord du gouffre. Syndicat du Crime par ici, Black Mask par là, le Joker par ici encore... C'est pire que ça ne l'a jamais été, et même Ivy s'inquiète de cette situation à la fois désespérée et désespérante. Les allées de Gotham sont plus que jamais dangereuses, peuplées de dealers, de petits caïds, d'hommes de main, de pervers et d'assassins, c'est Arkham en plein air, Gordon et ses hommes semblent avoir abandonné la partie, rendu les armes. À moins qu'ils ne soient tous morts, exterminés sans pitié ? L'Empoisonneuse n'en sait rien, et elle n'est pas certaine de réellement vouloir le savoir. Elle a des préoccupations bien plus urgentes que le sort des forces de police. Ses plantes ont été laissées à la merci des criminels bien trop longtemps, de même que les petits orphelins de la ville. Ces derniers, c'est tout juste si elle a eu le temps de les mettre en sécurité dans son refuge d'urgence situé à Toxic Acres, là où nul ne peut s'aventurer à moins d'être immunisé contre ses poisons et ses toxines. Les personnes qui le peuvent se comptent littéralement sur le doigt d'une main ; Harley, Jason, Selina, et à présent Batman lui-même. Toutes des personnes de confiance, reste à savoir lesquelles sont encore en vie. Le Chevalier Noir, elle vient de le quitter, il est plus increvable que jamais. Jason, il est déjà revenu d'entre les morts une première fois, alors il serait bien capable de recommencer cet exploit. Non, les Chauve Souris vont bien, c'est pour ses Sirènes qu'Ivy se ronge les sangs. Nul doute que ce dégénéré d'Owlman n'a pas oublié leur petit coup d'éclat à sa soirée d'intronisation chez Cobblepot. Elle ignore tout du sort de Harley et de Selina et tant qu'elle n'aura pas rejoint Toxic Acres, elle n'aura nul moyen de le savoir. Les êtres humains pour lesquels Poison Ivy s'inquiète sont rares, et donc d'autant plus précieux à ses yeux. Et en l'occurrence, Harley et Selina sont ses meilleures amies. Et plus si affinités...
Quand Ivy arrive enfin aux abords de son repère, elle soupire de soulagement – enfin un endroit familier. Les émanations toxiques tueraient n'importe qui en quelques minutes, et si cela ne suffisait pas, des plantes carnivores et d'autres aux épines aussi grosses que des crocs rôdent dans les environs, prêtes à dévorer ou réduire en charpies les étrangers. Mais devant leur maîtresse, elles s'écartent, dociles comme des chatons. Ivy grimace, elle les sent faibles, en manque de soleil elles aussi. D'ici peu, elles commenceront à mourir, comme cela a été son cas, et comme ce le sera de nouveau bientôt. Le fusil à UV de Batman l'a aidée, mais ce n'est qu'une solution temporaire, et certainement pas adaptée à tout un écosystème, à toute une planète. Ivy sait que si elle devait se plonger dans les pensées du Green, elle ressentirait une détresse incommensurable. Elle ne le fait pas, pour garder toute sa tête et ne pas risquer de sombrer dans la folie. Elle n'a pas encore eu l'occasion de tenter une connexion spirituelle avec Swamp Thing, mais elle craint que les nouvelles soient pires encore qu'elle ne se l'imagine. Un nouveau soupir, plus franc, franchit les lèvres de l'Empoisonneuse, puis elle s'avance à l'intérieur de son antre. La végétation s'agite, s'éveille, mais Ivy constante avec tristesse que les plus jeunes pousses n'ont pas survécu à son absence. C'est un nouveau coup dur pour elle, mais elle essaie de se raisonner – elle pourra pleurer ces pertes plus tard, mais pas encore. Le moment n'est pas encore propice au deuil et à la tristesse, elle doit tenter de garder la tête sur les épaules, pour les survivantes, et pour les enfants. Elle fronce les sourcils en ne percevant aucune agitation de la part de ses bambins, son cœur s'affole à la pensée qu'il puisse leur être arrivé quelque chose de terrible. Elle presse le pas, et si elle tombe brusquement sur une silhouette familière, le soulagement n'est hélas pas instantané pour autant.
« Harley ? Mais qu'est-ce que tu... Qu'est-ce que tu fais ici ? » Et avec cette fourchette ? Ivy n'a pas le temps d'aller au bout de sa pensée que la jeune femme se précipite dans ses bras, alors elle lui rend son étreinte bien volontiers. « Tout va bien, Harley... Enfin presque... Je vais bien. » Ce n'est pas tout à fait un mensonge, n'est-ce pas ? Comparé à quelques heures plus tôt, elle est en pleine forme. « En l'absence du soleil, je suis affaiblie. Le Syndicat s'en est rendu compte, et Owlman a envoyé ses nouveaux larbins me capturer. Quelque chose comme ça... Pour faire court... Et surtout ne répète ça à personne, Harley, je suis extrêmement sérieuse... ! Batman est en vie. Nous avons fait équipe pour nous échapper, et ensuite, il m'a sauvé la vie. J'étais en train de mourir à cause de mes toxines, il a utilisé l'un de ses gadgets sur moi et me revoilà... Si je ne m'abuse, le Syndicat devrait s'attendre à une contre-attaque plutôt franche de la Ligue de Justice. Et tu sais quoi ? Pour une fois, je vais soutenir cette bande de héros multicolores, il est temps que ces psychopathes dégagent de notre planète ! » Ou du moins, qu'il y rendent leur dernier souffle, l'alternative lui convient parfaitement également. Tout ce qu'elle veut, c'est que cette folie cesse, et vite, avant que toute la planète n'en meure. « Harley... » Elle pose ses mains sur ses épaules pour l'écarter légèrement d'elle, un air plus sérieux que jamais sur le visage. « Où sont mes... Où sont les enfants ? Je les avais emmenés ici pour qu'ils soient en sécurité... Harley, où sont-ils ?! » La peur a trouvé sa place dans ses yeux. Rose, Hazel, Violet, Thorn, Daisy... Ces petits garçons et ces petites filles qu'elle a recueillis – adoptés – et aimés comme ses propres enfants depuis qu'ils ont perdu parents, familles et toits après l'attaque de Darkseid. « S'il leur est arrivé quoi que ce soit... » Elle ne se le pardonnera pas. « Je ferai payer quiconque les aura touchés... ! » Ils ne peuvent pas avoir tous disparu ainsi, en si peu de temps... Et puis, qui aurait pu pénétrer dans Toxic Acres sans être immunisés contre les poisons et survivre suffisamment longtemps pour s'en prendre à ses petits protégés ? « Je t'en prie, dis-moi qu'ils ne sont pas loin, et que je me fais des idées. » La paranoïa, de loin préférable au drame.
La patience n’était pas une qualité chez Harley. La plupart du temps, il lui fallait tout, tout de suite. Ca lui apportait pas mal d’ennuis d’ailleurs. Cependant, cette fois-ci, elle devait attendre. Faire en sorte que ses journées passent en espérant voir revenir son amie. Pamela lui manquait, beaucoup plus qu’elle ne voulait bien se l’avouer. S’occuper des plantes et des enfants, ça lui allait un temps, mais elle aurait voulu pouvoir s’assurer que sa meilleure amie allait bien. Qu’elle était en vie et que rien de grave ne lui était arrivé. De plus, avec cette obscurité à longueur de journée, Ivy devait être dans le même état que ses plantes et ça n’était pas rassurant du tout. De son côté, elle arrosait les fleurs et plantes qu’elle avait autour d’elle, mais la psychologue devait avouer qu’elle ne savait pas comment faire plus. Elle n’avait pas la main verte et aucun don pour pouvoir les aider à fleurir et s’épanouir. Ca la touchait de les voir aussi mal en point et elle voulait vraiment pouvoir faire quelque chose. Malheureusement, elle se retrouvait dans l’impossibilité d’être un atout. A la place, elle faisait ce qu’elle pouvait. C’était un début, mais aujourd’hui, elle fut surprise par une nouveauté. Un bruit. Quelqu’un était là. Attrapant la première chose qui lui tomba sous la main, elle prit une fourchette dans sa main, prête à attaquer la personne qui n’était pas très loin. Heureusement pour elle, son arme improvisée n’eut pas besoin de se planter dans un bras ou le corps de l’intrus. Car il s’agissait d’un visage familier et surtout de la personne qu’elle voulait voir par-dessus tout. Délaissant le couvert, elle fonça vers son amie pour la prendre dans ses bras. Ca lui faisait beaucoup de bien de pouvoir la voir de ses propres yeux. Elle avait entendu la jeune femme lui poser une question, mais pour le moment, tout ce qu’elle voulait, c’était savoir ce qui s’était passé, si son amie allait bien et même si elle devait s’occuper de quelqu’un, car cette personne aurait été la cause de la disparition de Pamela. L’écoutant répondre, elle fut soulagée, mais le enfin presque la dérangea. Fronçant les sourcils, elle écouta alors ce que Ivy ajoutait.
En entendant parler de Owlman, Harley serra les dents. Ce type était pire que ce qu’elle avait imaginé. Elle avait songé qu’il serait bien plus sympa que Batman, mais finalement c’était tout l’inverse. Peut-être qu’elle aurait dû écouter ce dernier quand il lui avait dit que le Joker ne lui apporterait que des problèmes. Il avait eu raison, elle ne l’avait pas écouté et maintenant c’était trop tard … ou pas apparemment. En effet, Pamela venait de lui dire que Batman était en vie. Surprise, elle ne savait pas quoi répondre à ça et franchement c’était une bonne nouvelle. Attendez quoi ? Ils avaient fait équipe ? Oh non, elle avait loupé ça ! Elle était déçue, mais en même temps contente de savoir que Batman n’avait pas laissé Ivy derrière lui. Bon, peut-être qu’il n’était pas si nul que ça au final. Elle mettait l’information de côté et elle pourrait la ressortir quand elle verrait Batman un de ses jours. Ah, la Ligue de Justice, allait réagir. Ca serait clairement une bonne chose et parfois Harley rêvait de pouvoir être avec eux pour écraser Owlman et les autres. Mais, elle savait qu’elle n’aurait pas le dessus et puis, elle travaillait mieux seule. En tout cas pour le moment c’était vrai. Souriant, quand son amie l’appela par son prénom, elle fut surprise quand elle la poussa de son chemin. Que faisait-elle ? A ce qu’elle demanda alors, la psychologue comprit mieux et sourit. Elle appréciait également la façon qu’avait Ivy de monter sur ses grands chevaux pour protéger les enfants qui vivaient chez elle. Venant poser une main sur l’épaule de la jeune femme, elle sourit un peu plus.
Ils vont bien. Viens voir.
Elle lui fit signe de la suivre et lui montra les enfants qui dormaient à points fermés.
Tu t’en prendrais vraiment à quiconque les auraient touchés ? Tu ferais une super maman.
Voilà un sujet qu’elle n’avait jamais abordée avec qui que ce soit. De toute façon, depuis qu’elle était devenue Harley, elle n’avait pas du tout songé au fait de devenir mère. Non, c’était un mensonge. Pendant un temps, elle avait voulu que son poussin lui fasse un enfant, mais il avait toujours repoussé l’idée, ou l’avait repoussé elle. Mais, parler enfants lui faisait souvent plus de mal que de bien et elle sentait que son sourire venait de disparaître, alors elle secoua la tête et sourit à nouveau en fixant la rousse. Je suis contente que tu ailles bien et j’ai fait ce que je pouvais pour tes plantes. Je les arrosés autant que possible et les petits ont mangés autant que je pouvais leur apporter de la nourriture. J’ai essayé de faire au mieux quoi.
Haussant les épaules, elle devait avouer qu’elle n’aimait pas quand des gens dépendaient d’elle, mais pour son amie, elle pouvait bien faire ça. Tu as faim ou soif ? Je peux préparer quelque chose si tu veux ? A moins que tu ne préfères aller te reposer ?
Si Harley lui avait manqué ? Bien plus que la jeune femme n'était sans doute capable de le soupçonner. Sans doute ne faut-il pas oublier de penser qu'Ivy n'est pas nécessairement un modèle en matière d'expression de ses sentiments. Plus du genre à hausser les épaules et à prétendre que rien ne l'atteint ou ne l'intéresse, l'Empoisonneuse semble aussi peu communicative que certaines de ses plantes... Une apparence trompeuse, encore. Comme bien des fleurs empoisonnées, elle cache bien son jeu. Évidemment, qu'Harley lui a manqué. Peut-être même plus que n'importe qui d'autre dans ce trou à rats qu'est Gotham. Elle est soulagée de la retrouver saine et sauve, ravie de la trouver dans son antre, et touchée par l'attention qu'elle a accordé à ses plantes en son absence. Et puis, il y a les enfants. A priori introuvables, mais la jeune femme la rassure rapidement. Ils vont bien, ils sont en sécurité, elle a pris soin d'eux. Un soupir de soulagement lui échappe, avant qu'elle ne secoue doucement la tête. « Harley, tu sais bien que je ne peux pas avoir d'enfant. » Elle aurait pu, avant. Mais sa condition d'être mi-humaine, mi-plante est incompatible avec une maternité standard. Elle l'a déjà expliqué à Harley par le passé, mais qu'elle ait oublié ne l'étonne guère. Ivy aurait sauvagement remis à sa place quiconque lui aurait fait une telle remarque, mais pas Harley. Quoi qu'elle puisse faire, elle semble être incapable de lui en vouloir pour quoi que ce soit. « Mais je peux t'assurer que oui, je tuerais quiconque s'en prendrait à eux. Ils sont ma responsabilité, et je... Je tiens à eux comme je tiens à mes plantes. » C'est une véritable preuve d'amour, pour elle qui ferait absolument n'importe quoi pour préserver le Green. « Tu as été parfaite, Harley. Je ne sais pas comment te remercier... » Ivy sait pertinemment que pour Harley, prendre soin de qui que ce soit ou de quoi que ce soit demande un effort important. Non pas qu'elle soit du genre égoïste, mais elle n'est pas réellement la personne la plus stable psychologiquement qu'elle connaisse. Et puis, il y a ce Joker, ce maudit Joker, qui s'imagine pouvoir la manipuler comme une marionnette. Harley se sera forcément attirée ses foudres en le quittant pour prendre le relais auprès des plantes et des enfants. Il voudra sans doute la punir et cela... C'est absolument hors de question. Elle a beau s'être assagie et avoir passé un marché avec Batman, si elle doit pendre le Joker par une liane pour en débarrasser Harley – et accessoirement le reste du monde – elle le fera sans hésiter et ce n'est certainement pas sa mort qui troublerait sa conscience.
« Hm... J'aurais bien besoin d'un peu d'eau, merci. » Sa seule source de nourriture reste quant à elle les rayons du soleil, pas vraiment disponible pour le moment... Elle se demande combien de temps le fusil à UV du Chevalier Noir fera effet sur son organisme, avant qu'elle n'ait de nouveau besoin de son assistance pour éviter d'être empoisonnée par ses propres toxines. C'est bien sa chance, devoir dépendre de Batman pour vivre... Une chance qu'il suive un code moral strict qui l'empêche de laisser mourir quiconque, même ses ennemis. Encore que, Ivy serait apparemment entrée dans la catégorie des "âmes encore bonnes à sauver". Tout ce qu'elle espère, c'est qu'il ne soit pas naïf – pour ne pas dire simplement stupide – au point de croire le Joker possédant un semblant d'âme, lui aussi. « Sans doute aurais-je besoin de repos, mais je... J'ai juste envie d'étrangler Owlman de mes propres mains, il ne mérite que cela ! » Ivy secoue la tête, mais la colère ne part pas, elle demeure ancrée en elle. « Ils ont pris de mon sang. Je les ai entendus parler, quand ils croyaient que j'étais inconsciente... Ils veulent synthétiser une nouvelle drogue qui rendra les gens complètement accros dès la première utilisation, pour les soumettre plus facilement... Je crois que Black Mask sera le distributeur. Je ne peux pas... Je refuse de les laisser m'exploiter ainsi, tu comprends ? » Certes, Ivy est à des années lumières d'être une grande admiratrice de l'espèce humaine, mais ce n'est pas pour autant qu'elle est totalement insensible. Elle connaît les ravages de la drogue, et sait d'avance qu'un produit synthétisé à partir de ses poisons serait pire que tout ce qui existe déjà sur le marché. Elle soupire longuement, avant de se laisser tomber assise sur une énorme feuille de fougère. « Il va falloir que je crée un antidote, et vite... Mais pour ça, il faudrait que j'aie accès au laboratoire botanique de la ville... » Toujours scientifique dans l'âme, Ivy sait ce dont elle a besoin. Et malheureusement, elle ne possède pas le matériel nécessaire dans son repère de Toxic Acres. Elle hausse alors un sourcil. « Dis-moi, Harley... Est-ce que ça t'amuserait, de m'aider à voler un peu de matériel... ? Pour la bonne cause. » Poison Ivy et Harley Quinn, sauveuses de Gotham. Ah, elle devrait sans doute envoyer un message à Selina, histoire de lui demander si Catwoman veut elle aussi être de la partie.
Après une longue minute de réflexion, Ivy se relève, et pose doucement les mains sur les épaules de son amie. « J'ai vraiment besoin de ton aide, Harley. Et je te promets que le Joker ne te fera rien. S'il tente quoi que ce soit... » Elle laisse sa phrase en suspend, mais le message est clair. S'il tente quoi que ce soit, je le tue. Si Harley ne se rend pas compte à quel point sa relation avec le clown psychopathe est nocive, ce n'est pas son cas. Elle n'est pas la seule à s'en être aperçue, même Batman et Selina en ont conscience. Et à force d'efforts, elle est même parvenue à convaincre Red Hood qu'elle n'est qu'une victime de plus de cet être hautement dérangé. Ivy se rapproche encore un peu plus, ses mains quittent les épaules d'Harley pour prendre son visage en coupe entre ses paumes. Et là, elle se penche et plante un baiser plein de douceur sur les lèvres de la jeune femme. « S'il te plaît... ? »
Oui, elle le savait, mais ça ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas le devenir un jour. Après tout, il y avait des tas d’enfants abandonnés dans les rues et vu la façon dont elle s’occupait de celles et ceux qui étaient endormit un peu plus loin, Harley n’avait pas de doute sur les instincts maternelles de son amie. Cependant, elle avait été surprise de l’entendre dire qu’elle pourrait faire du mal à quiconque s’en prendrait aux enfants. En même temps, elle n’aurait pas dû l’être. Son amie était souvent décrite comme froide et sans cœur. Mais Harley, elle, savait que son amie avait un cœur et qu’elle était une très bonne personne. Bien meilleure qu’elle d’ailleurs. Hochant simplement la tête quand elle l’entendit lui indiquer que ces petites personnes étaient importantes pour elle, la blonde devait avouer qu’elle était touchée. Son amie était vraiment quelqu’un de géniale et elle devait avouer qu’elle était vraiment contente d’avoir pû faire sa connaissance, même si ça n’avait pas été dans des circonstances très favorables à l’époque. Mais avec le temps, elle avait eu la chance de découvrir quelle femme formidable est Ivy. C’est aussi comme ça qu’elle était tombée sous son charme, mais elle ne voulait pas y penser pour le moment. Elle voulait juste s’assurer qu’elle allait bien. En l’écoutant reprendre la parole, Harley sourit de plus belle.
Tu n’as pas à me remercier et c’est vrai que je suis parfaite.
Comment ça elle prenait la grosse tête ? Pas du tout, elle ne faisait que dire la vérité. Bon d’accord, être entouré d’enfants c’est sympa cinq minutes, mais ça n’était pas un boulot de tout repos. Cependant, elle avait fait cela pour son amie. Elle voulait que cette dernière rentre à la maison et ça avait finalement payé. Elle était de retour et semblait soulagée de voir que tout le monde allait bien. Enfin moins les plantes au vu du manque de soleil. Mais Harley espérait que ce problème serait vite réglé avec la League de Justice au vu de ce que son amie lui avait dit quelques minutes plus tôt. Se concentrant sur la rousse, la psychologue lui proposa à boire et à manger. Peut-être qu’elle avait besoin de reprendre des forces et si c’était le cas Harley pourrait s’occuper d’elle. Parfois ça lui faisait étrange de se dire de telles choses. Pouvait-elle vraiment prendre soin de quelqu’un ? Elle n’en était pas certaine. Pourtant, elle l’avait fait pendant plusieurs jours avec les enfants endormit plus loin, elle l’avait aussi fait avec Selina quand elle en avait eu besoin et avec Ivy. Quand il s’agissait de personnes en qui elle avait une totale confiance ça devenait sans doute plus facile. En entendant sa vis-à-vis lui demander de l’eau, Harley fila prendre un verre et le remplir, tout en écoutant les paroles de la jeune femme. En l’entendant parler de Owlman, la blonde grimaça, n’appréciant vraiment pas ce type, mais elle se crispa en écoutant Pamela lui dire qu’on lui avait prélevé du sang. Black Mask avait apparemment décidé de s’occuper de la distribution d’une drogue avec pour base le sang de la rousse et Harley devait avouer que si elle mettait la main sur ce type, elle n’en ferait qu’une bouchée. Bien sûr, il risquait de la frapper, de lui tirer dessus et même pourquoi pas de la torturer, mais elle s’en fichait bien. Il avait osé s’allier avec le soit disant justicier et avait fait du mal à sa meilleure amie. C’était quelque chose qui ne passerait pas pour la blonde.
Je comprend parfaitement.
Son ton était froid, presque distant, mais c’était parce qu’elle était en train d’imaginer tout ce qu’elle pourrait faire à Owlman et Black Mask. Tellement de possibilités de les faire souffrir. Tellement de possibilités de leur faire perdre leur masculinité. Tellement de possibilités de se venger. Tournant la tête vers son amie quand elle reprit la parole, Harley fut alors attentive, mettant ses plans de vengeance dans un coin de son esprit. Elle y reviendrait dessus plus tard. Avoir accès au laboratoire ? Ca allait demander un certain talent pour y entrer. Mais Harley ouvrit de grands yeux aux paroles de la jeune femme. Venait-elle vraiment de lui demander de faire une telle chose ? Ivy lui avait souvent dit de calmer ses ardeurs pourtant. Fixant son amie, elle attendit une nouvelle réaction et elle grimaça quand elle parla du Joker. Avant elle aurait dit à Pamela qu’elle n’avait pas à se mêler de tout ça, mais depuis que Harley avait fait face à Barbara Gordon, elle ne répondait plus de rien. Le clown allait prendre cher et Harley avait déjà un plan en tête. Elle avait contacté Nightwing, parce qu’elle savait qu’il l’aiderait. Pour le moment elle attendait qu’il lui donne un lieu et une heure pour pouvoir lui dire tout ce qu’il voulait savoir sur le Joker. Donc la menace de Ivy fut grandement appréciée par Harley, mais elle ne voulait pas que cette dernière se retrouve prise entre les griffes du clown. La blonde sortit de ses pensées en sentant les mains de son amie venir prendre son visage entre elles. En sentant ses lèvres sur les siennes, elle ne savait plus quoi penser. A son ton et sa demande, Harley allait grogner, mais en repensant au laboratoire, elle se mit à sourire.
On va pouvoir entrer là-bas par effraction ? J’aurais le droit d’amener ma batte ? Oh oh non mon maillet plutôt ! Quoi que la batte serait peut-être mieux …
Réfléchissant à la question, elle savait qu’elle devrait être discrète le moment venu. Donc une arme à feu n’était pas une bonne option et le maillet serait trop encombrant. La batte serait sans doute mieux. Fixant alors son amie dans les yeux, elle décida d’être sérieuse.
Le Joker ne tentera rien du tout, il aura d’autres chats à fouetter et je t’aiderais.
Hochant la tête de façon déterminée, elle se mit finalement à sourire. Rester sérieuse longtemps n’était pas quelque chose qu’elle savait faire.
Mais, il va falloir que tu m’aides … en me donnant du courage … ce que tu viens de faire juste avant aiderait beaucoup.
Elle n’avait pas besoin de recevoir de courage de quelque façon que ce soit, mais si ça pouvait lui rapporter un autre baiser, elle ne dirait pas non. Après tout, elle pouvait en profiter non ? Ca faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu et elle lui avait manqué. Même si dans le fond de son esprit elle se disait que d’une certaine manière c’était de la manipulation, elle comptait bien recevoir un autre baiser de la rousse.
Jeu dangereux ? Peut-être. Certainement, même. Mais Ivy en a assez de faire comme si de rien n'était,comme s'il n'y avait pas quelque chose d'évident entre Harley et elle. Au diable le Joker et son gang de clowns, ils ne lui font pas peur, et elle ne les laissera certainement pas faire le moindre mal à Harley. Il est temps que cette dernière se libère de ses chaînes, après bien trop d'années passées à subir les maltraitances du Joker. Ce n'est pas de l'amour qu'il y a entre eux, c'est quelque chose de pervers qui ne possède pas de nom. Jamais Ivy ne lèvera la main sur Harley, pour aucune raison. Jamais elle ne lui fera commettre des atrocités contre sa volonté. Jamais elle ne la culpabilisera de passer du temps avec des personnes qui ne sont pas elle. Ce n'est pas ainsi qu'une relation saine, à défaut d'être parfaite, ne fonctionne. Mais comment faire comprendre cela à une ancienne psychiatre souffrant du Syndrome de Stockholm ? Autant dire que la partie est loin d'être gagnée, mais Ivy n'a plus peur de faire avancer ses pions. Si Owlman ne devait faire qu'une chose pour Gotham, qu'il s'occupe de faire ce que Batman n'a jamais eu le courage de faire au Joker... Qu'il les en débarrasse, peu importe de quelle façon. Ivy serait même capable de mettre momentanément ses griefs de côté pour lui donner un coup de main. Quelqu'un finira bien par craquer et mettre fin au règne de terreur du clown psychopathe, non ? À moins que l'honneur ne lui revienne... Elle soupire doucement, chassant de ses pensées la figure peinturlurée du Joker. Autant dire que celle d'Harley est nettement plus agréable à regarder, même avec des traces de maquillage un peu partout. Il faut dire qu'elle la trouverait adorable en toutes circonstances.
« Ta batte, ton maillet... Peu importe, tu prends ce que tu préfères. Et oui, bien sûr que nous allons devoir entrer par effraction... Je doute qu'on veuille bien me prêter ce dont je vais avoir besoin, tu vois ce que je veux dire ? » Aucun des scientifiques du laboratoire botanique de Gotham n'offrira à Poison Ivy ce dont elle a besoin pour créer un antidote contre ses propres toxines. Et puis, elle ignore si Owlman a su les convaincre de travailler pour lui en leur faisant le même genre de démonstration de force que celui fait devant les criminels à l'Icerberg Lounge. Alors tant pis, elles vont devoir commettre une effraction pour le bien de tous... Quelle ironie. Si on lui avait dit un peu plus tôt qu'elle mettrait sa vie en danger pour protéger les habitants de Gotham, elle aurait ri... Il faut croire qu'elle a réellement changé, mais elle n'est pas encore certaine de savoir si elle apprécie ce changement autant que le Chevalier Noir. Auquel elle aurait sans doute mieux fait de demander le matériel scientifique nécessaire pour créer l'antidote. À trop être pressée de quitter sa cave, elle en a oublié l'essentiel... Encore que, la perspective de cette petite virée avec Harley est plutôt alléchante. Elle lui sourit d'ailleurs, ravie de la voir s'élever contre le Joker ainsi. Peut-être ne le réalise-t-elle pas, mais un an plus tôt elle n'aurait probablement pas accepté de l'aider aussi facilement, pour ne pas risquer de s'attirer les foudres du clown. « Je suis certaine que nos chauve-souris préférées se feront un plaisir de l'occuper pour nous. » Après tout, même Red Hood semble avoir repris du service. Et s'il y en a bien un qui rêve de coller une balle entre les deux yeux du Joker, c'est lui. C'est tout juste si Ivy n'est pas tentée de lui proposer de se charger de son sort ensemble... Une idée à garder pour une autre nuit, peut-être ?
« Que je te donne du courage ? » Le sourire d'Ivy s'élargit. Elle se penche une nouvelle fois et dépose un nouveau baiser sur les lèvres de la jeune femme, un peu plus poussé que le premier. Puis elle s'écarte, et rompt le contact entre elle. « Tu en auras d'autres une fois notre mission couronnée de succès. Si tu en veux, bien sûr. » Elle fronce les sourcils, presque brusquement. « Tu sais que je ne fais pas ça pour te faire faire quoi que ce soit, n'est-ce pas ? Je ne suis pas comme lui. Tu n'as pas à faire ce que je te dis si tu n'en as pas envie, Harley. » Cette précision, Ivy la juge importante. Elle ne veut pas que la jeune femme se sente obligée de faire quoi que ce soit, que ce soit par peur de la décevoir ou par crainte de subir un violent retour de bâton. Certes, elle a beaucoup de défauts, mais la violence gratuite n'en fait pas partie. « Je fais ça parce que je tiens à toi, Harley. Parce que j'en ai envie. Pour aucune autre raison que celles là. »
Hochant vivement la tête à la question de la jeune femme, elle voyait en effet de quoi elle parlait. Harley était contente de pouvoir faire une telle chose avec Ivy. Ca faisait longtemps qu’elles n’avaient pas travaillés de la sorte ensemble. Ca lui avait manqué d’ailleurs. Elle pourrait donc amener son matériel et cogner quelques personnes. Ca ne pourrait pas être une mauvaise chose. Bon, elle se doutait qu’elle devrait sans doute avoir la main légère. Il ne faudrait pas qu’elle tue quelqu’un au passage. Oui, même si elle l’avait fait par le passé, elle savait que changer de mode de vie, voulait aussi dire changer de façon d’opérer. Elle serait avec Ivy, donc elle suivrait son exemple. Si celui-ci était de ne pas tuer, alors elle ne ferait qu’assommer les gens, ce qui était déjà bien à ses yeux. D’ailleurs quand son amie parla du Joker, la blonde ne pû s’empêcher de monter sur ses grands chevaux. Il était le dernier de ses soucis et même si elle savait qu’il pourrait lui mettre la main dessus, elle protègerait Pamela. Elle ne laisserait pas cette dernière être capturée et torturée par le clown. Il avait fait de mal à assez de monde comme ça. Il avait tué Jason, fait du mal à Batman à de nombreuses reprises, avait fait de Barbara une handicapée … Trop c’est trop ! La psychologue ne pouvait pas accepter que son ex poussin puisse encore faire du mal à ses proches. Elle lui tiendrait tête, même si cela voulait dire mourir de sa main.
Elle ne voulait pas perdre la vie, mais elle ne voulait pas non plus que cet abruti s’en prenne à ses proches. Elle ferait donc en sorte d’aider Pamela et les autres autant qu’elle le pourrait. Elle se doutait aussi que Amanda Waller risquait de la rappeler à un moment donné. Quoi que rappeler était trop gentil. Elle risquait plutôt de la kidnapper et lui mettre sa puce dans le cou. Ca lui faisait penser qu’il faudrait qu’elle en touche deux mots à Floyd. Peut-être qu’il aurait une solution face à ces puces, mais ça faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu. Enfin bref, se concentrant sur son amie, Harley esquissa un sourire aux paroles de la rousse. C’est vrai que la troupe de Batman pourrait s’en prendre au clown le temps que Pamela et elle s’occupent du laboratoire. Une idée qui lui plaisait énormément d’ailleurs. Mais il faudrait que les chauves-souris fassent attention malgré tout. Surtout que Nightwing était son ticket de sortie. Donc, lui en particulier devrait faire attention. Mais elle savait de quoi ils étaient capables, donc elle préféra se concentrer à nouveau sur son amie et surtout sur le fait qu’elle pourrait sans lui donner un peu de courage … avec un nouveau baiser. En voyant la jeune femme sourire, Harley se disait que le tour était joué et qu’elle allait recevoir un nouveau baiser. Appréciant grandement le baiser plus prolongé de son amie, elle hocha vivement la tête à ce qu’elle ajoutait.
Evidemment que …
En la voyant froncer les sourcils et reprendre rapidement la parole, Harley fut surprise. Elle n’avait jamais vu son amie se mettre dans cet état face à elle. Quelque chose semblait la perturber. Alors, la blonde fut très attentive aux paroles de la rousse. Haussant les sourcils, Harley devait avouer qu’elle ne s’était pas attendue à entendre une telle chose. Elle venait même de parler du clown dans tout ça. Ca aurait dû l’horripiler, mais ça n’était pas le cas, parce que Ivy lui prouvait à nouveau qu’elle était la seule personne en qui Harley pouvait avoir une totale confiance.
Tu … tu tiens à moi ?
Personne ne lui avait jamais dit ça avant. Même pas ses parents, même pas ses amis et encore moins le Joker. Fixant son amie, Harley devait avouer qu’elle restait sans voix. Puis, elle finit par sourire et elle hocha vivement la tête.
À force de se considérer plus plante que femme, Ivy en a presque oublié comment exprimer des sentiment typiquement humains. Mais voilà, l'aveu est fait. Bien sûr qu'elle tient à Harley. Elle s'est attachée à elle au moment où elles sont devenues voisines de cellule à Arkham. Et son attachement n'a eu de cesse de grandir, de même que son envie de la libérer de l'emprise toxique du Joker. C'est ironique, une psychiatre qui souffre du Syndrome de Stockholm. Mais le Joker sait y faire, il l'a détruite avant de la reconstruire comme il l'entendait. Non, décidément, Ivy ne parviendra jamais à ressentir ne serait-ce qu'une once de sympathie pour cette... chose... qu'est le Joker. Le plus triste dans cette histoire, c'est que Harley est loin d'être son unique victime, elle n'est qu'un nom de plus sur une liste interminable. Plus elle y songe, et moins elle comprend que Batman – ou même le GCPD – puisse le laisser en vie. C'est bien beau d'avoir un si honorable code moral, mais quand les victimes du Joker sont de plus en plus nombreuses et que le nombre de cadavres qu'il laisse derrière lui ne fait qu'augmenter... Le laisser en vie, est-ce réellement appliquer la loi et la justice ? Ivy ne le pense pas, non. Le seul à comprendre cela semble être Jason, mais il faut dire qu'il est nettement moins impliqué dans le monde criminel de Gotham depuis que Wonder Woman est entrée dans sa vie... Non pas qu'elle puisse le blâmer, qui préférerait la crasse de ces rues au bras d'une femme de ce genre ? Mais d'une certaine façon, elle regrette son absence. Ou plutôt, elle regrette la balle qu'il n'a pas encore collé entre les yeux du Joker. Et ils ne retrouveront pas le clown pendu par une racine, puisque Ivy ayant accepté de faire alliance avec Batman, cela signifie qu'elle ne pourra certainement pas se débarrasser de sa Némésis sans mettre le feu aux poudres. Ivy n'étant plus seule, elle ne peut se permettre d'agir égoïstement. Mais bon sang, ce que peut la démanger...
« Je tiens à toi, Harley. Et j'en ai assez de te voir souffrir à cause de ce psychopathe. » Ivy fronce les sourcils avant de soupirer longuement. Elle sait qu'il lui faudra du temps pour parvenir à complètement séparer Harley de son tortionnaire, qui a trop bien fait son travail pour que la séparation puisse être nette et immédiate. « Tout ce que je veux, c'est que tu sois heureuse. » Elles pourraient l'être ensemble. Ivy n'envisage pas une vie tranquille pour elles, ce ne sera jamais le cas, mais elles pourraient au moins s'éloigner des carnages quotidiens de Gotham. Depuis qu'elle a les orphelins sous sa protection, Ivy a changé, elle n'est plus avide de vengeance et ne recourt plus qu'à la violence en dernier recourt. Elle aimerait qu'il devienne ainsi pour Harley, qu'elle s'ôte de la tête les idées psychopathiques du Joker. Si elle avait été là lorsque le Joker avait tué le second Robin, aurait-elle été capable de le supporter, de le regarder faire sans broncher ? Elle en doute beaucoup, Harley est quelqu'un qui aime les enfants. Et quand il était mort, Jason n'était qu'un enfant. Elle soupire doucement, en passant une main dans ses cheveux emmêlés. « Maintenant que je suis de retour, est-ce que tu vas retourner avec lui ? » Ivy regrette presque de lui poser la question, mais elle doit le savoir, pour être prête à la protéger et à la défendre. Pas besoin d'avoir un doctorat en poche pour savoir que le Joker n'appréciera pas sa petite escapade. Non content d'être possessif avec ses jouets, il est jaloux. Une jalousie violente, mais que l'Empoisonneuse ne tolérera pas une fois de plus. Il est grand temps que le règne du Joker cesse, et cela commence dès à présent. Peu importe le Syndicat du Crime, peu importe Darkseid, peu importe un tyran ou un autre, Gotham restera toujours Gotham. Et Gotham n'a besoin que d'une chose, se débarrasser du Joker une bonne fois pour toutes. Qu'il n'en reste plus rien, pas même un atome.
« Tu sais quoi, ne parlons plus de tout ça ce soir. Il est tard, je suis épuisée, et tu dois l'être aussi. Puisque nous allons cambrioler un laboratoire demain, il faut que nous soyons en forme. » Ivy se force à afficher un sourire, même si le cœur n'y est pas tout à fait. Elle aimerait pouvoir disparaître dans la jungle qu'elle s'est créée et attendre que l'orage ait fini de passer, mais elle n'a pas le choix. Elle a promis d'aider Batman, promis de l'aider à sauver des vies. Son cœur humain se rappelle un peu trop à elle. C'est trop tard, elle ne peut plus faire demi-tour, elle ne peut plus changer d'avis. En agissant ainsi, peut-être parviendra-t-elle à enfin se racheter une réputation, une qui ne la ferait pas tout simplement passer pour une folle furieuse à tendance écoterroriste. « Tu restes avec moi, au moins cette nuit ? »
Tuer le Joker. Beaucoup de monde avait tenté le coup. Mais personne ne pouvait dire qu’ils y étaient parvenus. Pour Harley, la seule personne qui pouvait enfin mettre un terme à son règne de terreur était Batman. Seulement ce dernier semblait rester loin de cette idée. La blonde pouvait comprendre que le justicier ne voulait pas tuer, mais pour le Joker, pourquoi ne pas faire une exception ? Pour Harley en tout cas, elle le ferait si elle y était obligée. Pour le moment, elle profitait de son temps loin de lui et elle espérait bien pouvoir vivre sa vie sans lui. Elle se doutait qu’à un moment où un autre, elle devrait lui faire face, mais ce moment n’était pas encore venu. Non, pour l’instant, elle profitait de sa semi-liberté et elle fut donc particulièrement contente en voyant Pamela arriver en un seul morceau. Cependant, elle ne s’était pas attendue à l’entendre lui parler de la sorte. C’était à la fois étrange et bienvenue. La psychologue devait avouer qu’elle était un peu prise au dépourvu. Personne n’avait jamais été aussi gentil avec elle. Personne ne lui avait dit de telles choses. Donc, elle ne savait pas vraiment quoi répondre. La surprise était donc de mise. De plus, il en fallait beaucoup pour la surprendre. Mais, en étant totalement honnête avec elle-même, elle ne pouvait que lui dire la même chose. Oui, elle tenait à elle également et elle le dit, enfin, haut et fort. Hochant la tête aux propos de la rousse, elle comprenait ce qu’elle voulait dire. Oui, elle aussi voulait être heureuse. Cette perspective lui plaisait énormément et elle ne pouvait plus la dissocier d’Ivy désormais. A la question de son amie, Harley secoua vivement la tête. Mais la rousse semblait fatiguée par tout ça. A sa question suivante, Harley retrouva le sourire.
Evidemment.
Venant passer ses bras autour de son amie, elle perdit à nouveau son sourire. Elle devait être claire, nette et précise avec la rousse pour que tout soit clair entre elles. Je ne retournerais pas avec lui Ivy. Je vais faire mes valises et personne n’est censé le savoir, mais Nightwing veut m’aider. Il m’a dit qu’il me trouverait un endroit sûr. Je ne suis pas une famille de tous ces justiciers, mais j’ai confiance en lui … ce qui est étrange, mais c’est le seul qui peut réellement m’aider.
Il y avait Batman évidemment, mais Harleen ne voulait pas compter sur lui. Il avait d’autres chats à fouetter, sans mauvais jeux de mots en pensant à Selina. Cependant, elle ne faisait pas confiance à Jason, ni aux deux autres Robin. Ils étaient trop jeunes, donc il ne restait que Dick. C’était étrange, mais il était sans aucun doute le seul avec qui elle accepterait de fuir de la sorte des griffes du clown.
Je serais discrète et je sais que je risque de le regretter au moment il me mettra la main dessus, mais je ne retournerais pas vers lui. Plus jamais.
Elle était sûre d’elle. Il lui avait fait trop de mal, alors c’était terminé, pour de bon cette fois. Venant déposer un baiser sur la joue de son amie, elle sourit à nouveau et pris sa main dans la sienne pour l’amener plus loin. Il était temps d’aller dormir. Il était temps que la rousse se repose. Il était temps qu’elles pensent à elles pour une fois. Reposes-toi. Je m’occupe de tout.
C’était étrange pour elle de dire de telles choses, mais pour Ivy, elle était prête à beaucoup de choses. Peut-être qu’elle pourrait arriver à mettre tout son passé de côté pour vivre quelque chose avec la rousse. En tout cas elle l’espérait vraiment.
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Poison Ivy secourue par Batman. Dite à haute voix, la chose serait pour le moins étrange. Déroutante. Pour ne pas dire parfaitement inattendue et un tantinet déstabilisante. Ivy peine encore à se remettre du déroulement des événements, de son sauvetage, de sa guérison – passagère, de ce qu'elle a appris... Tout se bouscule dans son esprit, en même temps qu'elle traverse les rues au pas de course pour rejoindre son antre. Gotham n'est plus que désolation, un champ de bataille infâme, la ville a perdu sa superbe déjà bien écorchée, et il semble qu'elle soit plus que jamais au bord du gouffre. Syndicat du Crime par ici, Black Mask par là, le Joker par ici encore... C'est pire que ça ne l'a jamais été, et même Ivy s'inquiète de cette situation à la fois désespérée et désespérante. Les allées de Gotham sont plus que jamais dangereuses, peuplées de dealers, de petits caïds, d'hommes de main, de pervers et d'assassins, c'est Arkham en plein air, Gordon et ses hommes semblent avoir abandonné la partie, rendu les armes. À moins qu'ils ne soient tous morts, exterminés sans pitié ? L'Empoisonneuse n'en sait rien, et elle n'est pas certaine de réellement vouloir le savoir. Elle a des préoccupations bien plus urgentes que le sort des forces de police. Ses plantes ont été laissées à la merci des criminels bien trop longtemps, de même que les petits orphelins de la ville. Ces derniers, c'est tout juste si elle a eu le temps de les mettre en sécurité dans son refuge d'urgence situé à Toxic Acres, là où nul ne peut s'aventurer à moins d'être immunisé contre ses poisons et ses toxines. Les personnes qui le peuvent se comptent littéralement sur le doigt d'une main ; Harley, Jason, Selina, et à présent Batman lui-même. Toutes des personnes de confiance, reste à savoir lesquelles sont encore en vie. Le Chevalier Noir, elle vient de le quitter, il est plus increvable que jamais. Jason, il est déjà revenu d'entre les morts une première fois, alors il serait bien capable de recommencer cet exploit. Non, les Chauve Souris vont bien, c'est pour ses Sirènes qu'Ivy se ronge les sangs. Nul doute que ce dégénéré d'Owlman n'a pas oublié leur petit coup d'éclat à sa soirée d'intronisation chez Cobblepot. Elle ignore tout du sort de Harley et de Selina et tant qu'elle n'aura pas rejoint Toxic Acres, elle n'aura nul moyen de le savoir. Les êtres humains pour lesquels Poison Ivy s'inquiète sont rares, et donc d'autant plus précieux à ses yeux. Et en l'occurrence, Harley et Selina sont ses meilleures amies. Et plus si affinités...