Zatanna ❂ Wonderful wit and sparkling theatrics

« Zatanna, ça a suffisamment duré, tu ne pourras pas le laisser sous cette forme pour l’éternité. » Moue dubitative peinte sur les lippes. Il y a des métamorphoses qui ont duré bien plus longtemps. Étincelle sournoise collée aux pupilles, elle se souvient très bien du sort qu’elle réservait à ceux qui la traitaient comme une moins que rien quand elle a sauté à pied joint dans l’âge ingrat de l’adolescence. Son Paternel était trop occupé à se défaire de sa malédiction pour lui inculquer les limites de la bienséance et Bruce s’est chargé d’aiguiser son sens moral. La légende raconte que la magicienne serait à l’origine des premiers cheveux blancs du milliardaire...
Zee passe la main dans la barbiche du bouc qui chevrote de plus belle avant de lui fausser compagnie pour brouter l’herbe du jardin. Elle n’est pas tellement d’accord avec la voix de la sagesse qui s’élève et trouve Constantine bien plus inoffensif et presque attachant maintenant qu’il est métamorphosé. « C’est un défi ? Il a risqué nos vies et trois des nôtres n’en ont pas réchappé. Il est une menace, au même titre que le Syndicat du Crime. » Et elle ne peut pas lui réserver le même sort ou l’envoyer hanter une autre dimension. Destin intrinsèquement lié, Zatanna pourrait croire que c’est une malédiction qui a conduit John à entrer dans sa vie. « Tu ne peux pas être juge, jurée et bourreau… » Ce n’est pas ainsi qu’agisse les héros mais elle n’a jamais pris vraiment part dans leur lutte, les valeurs qu’elle défend sont d’avantages celles de son Paternel qu’elle désirait plus que tout rendre fier. Et il n’est plus. Par la faute du bouc ! Et de la sienne aussi, la culpabilité lui encrasse le cœur. « Je n’ai jamais connu un seul héros qui soit mort dans son lit. Rien de tout ça n’est de ta faute. »  Lirait-il encore une fois dans ses pensées ? Elle est trop embourbée dans sa colère pour s’en offusquer. L’illusionniste dépose un baiser sur la joue du sorcier avant de se relever. « Taog semoceb namuh niaga ! » Et l’animal sacrificiel devient un homme qu’elle rêve de sacrifier. « Il n’est plus le bienvenue ici. Veille à faire disparaître sa face de traite de mon manoir et tâche de le lui faire comprendre, je ne serai pas aussi clémente la prochaine fois. »


« Ce livre est une légende, une fable que l’on raconte aux apprentis sorciers. C’est vraiment à ça que tu veux qu’on emploie notre temps et notre énergie quand on nage en pleine apocalypse ? Se lancer à la poursuite d’une chimère, vraiment ? » Elle fulmine l’impétueuse sorcière, vaincue par la vulnérabilité de ses incantations. La magicienne n’est pas de taille à affronter le syndicat du crime et pourtant, chaque goutte de son sang réclame vengeance pour les deux millions d’âmes qui viennent d’être anéanties. Esprit tiraillé par ses fantasmes de croisade, se contenter de prendre place dans un cercle magique à la recherche d’une relique est loin de satisfaire son impériale envie de destruction. « Zee, on ne parle pas d’un livre de recettes de grand-mère, mais d'artefacts magiques d'une puissance jamais égalée. Imagine ce qu’on pourrait accomplir une fois en possession de tels ouvrages ! » Ses bras se croisent sous sa poitrine, le cœur bat le rythme des tambours d’un champ de bataille qu’elle ne rejoindra jamais. « Des ouvrages perdus depuis des siècles… » Son regard fustige son amant puis son père. « Tu es d’accord avec lui ? Il a tout ton soutien ? » Elle ne comprend pas qu’il puisse se contenter de ça, lui, le membre de la Justice League, cette même équipe qui vient d’essuyer une cruelle perte qui en ébranle les fondations. Batman est mort, sacrifié pour la cause. La nouvelle est bien difficile à accepter. Gotham a perdu l’un de ses héros. Les Zatara ont perdu un ami de longue date, un membre de leur famille au soutien indéfectible. Elle sait qu’il y pense, son père n’a pas besoin de mettre des mots sur ses émotions pour qu’elle sache qu’ils sont unis dans la même douleur comme… Il y a dix ans maintenant, quand ils ont dû faire face pour la seconde fois à la perte de Sindella. Le poing se comprime, les doigts deviennent serres et s’enfoncent dans les chairs, tout son être tremble de colère. Elle ne laissera pas son présent devenir un charnier et le cimetière accueillir l’autel de son passé. « Nous ne pouvons négliger aucune option, Zee. Le dernier affrontement qui nous a opposés au Syndicat du Crime nous a laissé exsangue. » La magicienne n’a pas besoin d’une piqûre de rappel, c’est à peine si elle s’est remis de ses blessures, sa peau n’est pas aussi dure que celles des Kryptoniens qu’ils ont affronté. Et qu’ils auraient fini par défaire avec une meilleure organisation au lieu de devoir se replier sous l’impulsion de leur échec cuisant. Et Gotham n’a jamais autant ressemblé à une ruine insalubre en pleine insurrection que depuis qu'Olwman l’a revendiquée comme sienne. Bientôt, elle n’aura plus besoin de finir sous les eaux pour être dans le même état de délabrement que sa plus proche voisine. « Il est peut-être temps de faire appel à des méthodes moins... conventionnelles. » Moue de dégoût, ces paroles nauséabondes, elle peine à croire qu’elles sortent de la bouche de son paternel. Elle sait peut-être mieux que lui, la folie qui étreint l’esprit de ceux qui se laissent séduire par les promesses de puissance qu’apportent les livres de la Magie. L’arcaniste en a perdu Nick, son mentor et amour de jeunesse, elle refuse qu’il en soit de même pour Zatara ou Constantine qu’elle toise actuellement de tout son ressentiment. Elle devine très bien pourquoi cette "mission" a la bienveillance de son Magicien de père et comment expliquer sa présence autour de la table. La maison des mystères a été le point de ralliement de la JLA quand ils ont perdu leur base spatiale. Rien n’est jamais à prendre pour acquis avec le fourbe sorcier et le service qu’il a rendu à l’équipe se paie aujourd’hui très cher. « Bien, puisque tout le monde semble d’accord, je m'en voudrais de jouer les rabat-joies plus longtemps… »

Au milieu de la table trône un coffre en bois à peine plus grand qu’un rubik’s cube, sur sa tranche se trouve une serrure inviolable qui ne s'ouvrira qu’avec la bonne clé, qu’importe l’acharnement magique à vouloir la faire céder… Quatre clés, pour quatre cartes qui mènent chacune à l’un des livres. Ordre et Chaos, Mort et celui qu’ils recherchent aujourd’hui : le livre de Vie. Le scepticisme de l’arcaniste est muselé au fond de sa gorge, elle peine à croire que son amant a réellement réussi à mettre la main sur un objet d’une valeur inestimable, s’il se révèle être ce que Constantine prétend. Mais son homme est réellement plein de talent, la preuve avec cette demeure exceptionnelle qui les accueille et qui est devenue sienne sur un coup de poker.

Les doigts fins enlacent ceux de son père qui se tient à sa droite, sa main gauche ira rejoindre celle de Constantine dès qu’il se joindra au cercle, pour l’instant, il est occupé à faire glisser la petite clé dans la fente prévue à cet effet. « Sale fumier ! » La surprise est trop grande, le temps lui manque, la boite est déjà ouverte et le cercle scellé quand elle se rend compte que le magicien vient de les rouler dans la farine, qu’il l’a trahi, encore une fois. Car la clé en forme de squelette au sommet de laquelle règne un crâne n’est certainement pas celle permettant de mettre la main sur le livre promis. « Ce salaud nous a menti. Cette carte, c’est au Necronomicon qu’elle mène !! » Avant qu’elle ne referme la bouche, les ténèbres s’y engouffrent et la vide de toute sa substance pour n’y laisser que le désespoir. Ses entrailles sont froides comme la mort et elle en convulse alors que sa peau est un brasier qui la fait souffrir.  « Ce n’est pas le moment, chérie, le cercle ne doit être brisé sous aucun prétexte, c’est notre seule protection. » La fièvre s’empare d’elle, Zee ne sait pas ce qui est en train de la… tuer, mais la force est ancienne et elle n’arrive pas à lutter contre, juste à paniquer. « C’est moi ou il commence à faire très chaud ici ? » Son père est le premier- peut-être le seul, à comprendre ce qu’il se passe. « Tu n’auras pas ma fille !! Ssenkrad ekat em daetsni. » Sentence de mort. Elle échappe à son destin funeste qui s’agrippe à la carcasse fumante de Zatara. « Non pitié, Papa, ne fais pas ça. Reprends ton sort, par pitié !! Je ne te laisserai pas te sacrifier aussi pour moi. » Les larmes dévalent ses joues, elle est bien moins puissante que son père et donc totalement inutile s'il ne consent pas à accéder à sa supplique. « C'est trop tard, mon ange. Constantine ! Si tu ne protèges pas ma fille et qu'elle ne sort pas indemne d'ici, sache que mon fantôme viendra te hanter pour l'éternité, compris ?! » Ces mots seront les derniers avant la combustion spontanée, elle hurle de douleur et ce n'est pas la morsure du feu de la main brasier qu'elle serre contre elle, c'est d'assister une fois de plus, au sacrifice d'un parent pour sa vie. « Ne lui lâche la main sous aucun prétexte Zee. Je sais ce que tu dois ressentir mais... » Elle l'a aimé si fort mais à cet instant, il n'y a que la haine qu'elle ressent. « Tu ne sais rien, ou tu disparaîtrais pour te cacher sur le champ. Tu nous as poussé dans cette situation. Mon père est mort et son sang est sur tes mains. Tu es une malédiction John, où que tu ailles, la mort suit tes pas ! » « Comme toujours, mon amour. »


Couverture en cuir épais et lettres stylisées encrées par la magie, on est loin du mythe de la doublure en peau humaine et de l'écriture sanglante. Pourtant, elle le sent, le Necronomicon n'en est pas moins puissant, les forces protectrices qu'ils ont eu à défier suffiraient à le prouver. Les ténèbres personnifiées ont eu raison de son père et deux autres sorciers sont tombés sous les coups de la trinité démoniaque. Constantine a tout à fait conscience du pouvoir de l'artéfact mais elle tiendra l'objet loin de ses doigts fourbes même si c'est la dernière chose qu'elle doit faire ! Ce livre lui revient de droit. C'est elle qui affronte les affres de la mort et la douleur du deuil.
Les sirènes de ses merveilles ont fini de la séduire, elle qui donnerait tout pour revoir le visage de son Paternel. Rassembler les ingrédients nécessaires en toute discrétion n'a pas été une mince affaire mais aujourd'hui le calvaire prend fin. Pentagramme tracé au sol, sa langue se délie en psaumes sorciers. Un corps est arraché à la mort, une âme est prélevée des Enfers. Et bientôt, tous viendront réclamer à sa porte ce qu'elle leur a subtilisé.

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