Butterflies and hurricanes [Pv Iris West]

Iris West & Eobard Thawne

« Je comprends parfaitement. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus les choses de ce monde deviennent chaotiques, insensées, inatteignables. J'ose à peine imaginer ce qu'a pu être cette histoire de ville perdue, je suis même sûr que tu ne m'en as dit qu'une petite partie par soucis de confidentialité, » souris-je, espiègle, mais sans accusation ni reproche. Je marchai aux côtés d'Iris le long du large fleuve qui séparait Central City de Keystone City. Le parce d'attraction était derrière nous, et nous dégustions de délicieuses glaces à l'italienne prises à l'un des stands. L'été revenait doucement, il faisait bon, et les journées rallongeaient. Autant de raison pour nous autoriser ce genre de promenades après le travail, comme nous avions coutume de le faire de temps à autre avant la période glacière du Syndicat.
« Tu vas me manquer si tu pars aussi longtemps... Avec qui vais-je bien pouvoir profiter des belles soirées d'été et des glaces de chez Luigi ? » me plaignis-je faussement. J'étais sincère. Plus ou moins. Dans ma logique émotionnelle à moi. J'avais fini par éprouver une réelle amitié pour celle que pourtant, auparavant, dans le futur, j'avais assassiné froidement. Pourrais-je le refaire même libéré de toute menace de représailles ? Je me posais parfois la question. J'aimais à penser que oui, mais le doute était tapi au fond de mon esprit et de mon coeur. A partir de là, je n'étais, par définition, sûr de rien. J'avais cependant su dès le début que passer une dizaine d'années au plus près de mes ennemis risquait fortement de créer des liens impossible à endiguer. « Pauvre Barry, il va compter les jours... » soupirai-je. Intérieurement, son malheur à venir me réjouissait. « Mais tu as raison, il faut en profiter. Le monde est plus grand que Central City, et il y a tant à voir ! Ce n'est pas quand tu auras des enfants que tu pourras avoir ce luxe de liberté, » dis-je pour l'encourager à suivre son instinct. Non sans un sous-entendu qu'elle ne comprendrait que plus tard.
Il s'ajoutait aux milliers d'autres que j'avais semé au fil de ces dix dernières années. Après avoir poursuivi cette conversation encore quelques temps jusqu'à la nuit, lui demandant quels pays elle souhaitait voir en premier, parmi d'autres questions, nous finîmes par nous quitter afin de rentrer chez nous. Elle ne partait pas dès demain, nous nous reverrions avant son départ à n'en pas douter. Sauf peut-être si je venais rajouter un sentiment d'oppression et de perdition dans l'addition.

* * * * * * * * *


Ah, j'entendais du bruit. La voilà qui rentrait enfin. Bien installé dans le fauteuil du salon, jambe sur l'accoudoir, nonchalamment affalé, j'observai dans la pénombre la poignée de la porte bouger puis tourner complètement. La porte s'ouvrit pour laisser rentrer sa propriétaire. Je ne lui laissai que le temps d'allumer la première lumière, avant qu'elle ne remarque ma présence pour le moins immanquable de par les seules couleurs de mon uniforme jaune et rouge. « Bonsoir Iris, » dis-je avec bien sûr, ma voix assez modifiée pour ne pas qu'elle reconnaisse son bon ami Harrison. « Tu rentres tard, tu en as mis du temps, j'ai presque fini par m'impatienter. » Un "ding" retentit dans la cuisine. La bouilloire. En un bond je fus parti et revenu dans le salon, tasse de thé en main. Deuxième tasse posée sur la table basse à son attention. Wells ou Thawne, je restais le même, j'étais poli et galant, toujours. Ou du moins, dans la mesure du possible.

« Inutile de paniquer, si j'avais voulu te faire du mal, ce serait déjà fait depuis bien longtemps. Tu ne l'aurais même probablement pas vu venir, tu serais morte juste... comme ça, » m'amusai-je en claquant des doigts pour imiter l'instantanéité de la chose. Oui, dans un tourbillon d'éclair tu serais morte comme tu étais morte dans ton futur, mon passé. Simple rappel de la puissance apparente qui était la mienne. Apparente seulement, car elle ignorait que je ne pouvais la tuer, sans quoi je mourrais aussi. « Allons, relax, on est entre nous, mets-toi à ton aise. Tu m'en veux pas, j'ai fait le tour du propriétaire. Sympa ton petit nid. Très jolies photos, ton neveu te ressemble tellement, » fis-je sournoisement en attrapant d'un éclair un cadre avec elle et Wally côte à côte. Bondissant dans son dos en une micro-seconde, je la lui mis sous le nez par-dessus son épaule, avant de revenir m'affaler dans le fauteuil tel un prince en son royaume. « Dis-moi, Iris, tu veux des enfants plus tard ? » Mon sourire en coin s'étira plus encore en avisant son expression. Doigts joints devant mon menton, je la fixai et attendis sa réponse. Et ses questions. Il était certain qu'elle devait en avoir. Malheureusement pour elle, la façon dont j'avais prévu de lui répondre n'allait faire que rajouter des questions par-dessus les réponses. A présent qu'elle avait amorcé sa phase de remise en question, tout ce qu'il me restait à faire, c'était de la prolonger, l'aggraver. Et j'avais plus que de quoi parvenir à mes fins vu ce que je savais sur elle. Ou plutôt, vu ce qu'elle ignorait sur elle.