true friends show their love in times of trouble, not in happiness
bruce & diana
Diana pense être une femme patiente. Du moins, elle estime l'être davantage que la moyenne – après tout, cinq millénaires de vie l'auront aidée à le devenir. Elle fait sincèrement de son mieux pour voir le bon côté de chacun, pour garder foi en l'humanité, pour garder espoir et ne jamais partir vaincue d'avance. Elle est adepte des secondes et des troisièmes chances, elle tend toujours la main avant son épée. C'est une coutume sur Themyscira, la preuve que les Amazones ne sont pas des guerrières assoiffées de sang, sans pitié ni compassion pour leurs ennemis. Une Amazone ne tue pas si elle peut se contenter de blesser, une Amazone ne blesse pas si elle peut se contenter de soumettre, une Amazone ne soumet pas si elle peut se contenter de pacifier. Et jamais, jamais, une Amazone ne lève la main avant de l'avoir tendue. C'est en suivant cet ordre d'idées que Diana a toujours fait en sorte d'agir, pour respecter les valeurs enseignées par Hippolyte et par toutes ses sœurs, et pour ne pas ternir l'idéal d'amour et de justice que représente Wonder Woman. Mais c'est dur, c'est de plus en plus dur. Diana a toutes les peines du monde à continuer à faire preuve de clémence envers ceux qui ne la méritent pas, à continuer à prétendre ne pas être affectée par les atrocités qu'elle voit jour après jour. Elle ne supporte plus de voir criminels et psychopathes s'en prendre à ses amis et à sa famille, à des innocents qui n'ont pas les moyens de se défendre. Elle craint de commencer à devenir amère, toute cette colère est comme du poison dans ses veines. Et mieux vaut ne pas l'accuser d'être simplement une femme perturbée par la naissance de son premier enfant, en plus d'être dégradant, ce serait tout à fait faux. Si l'envie de voir Ophelia grandir dans un monde où les conflits n'existent plus est utopique, elle veut faire de son mieux pour faire en sorte qu'ils diminuent. Pour autant, elle est parfaitement lucide et n'est en rien influencée par un quelconque bouleversement émotionnel dû à un changement hormonal. La colère qui gronde en elle est là depuis longtemps, Diana peine juste à l'étouffer comme elle le faisait auparavant. Elle n'aime pas ces effusions presque incontrôlables de rage, elles lui donnent l'impression de ne plus être elle-même et peine à comprendre pourquoi elle semble incapable de s'apaiser.
Bruce. Quand il se place entre la sortie et elle après la réunion pour le moins électrique de la Ligue, Diana fronce les sourcils. Parler ? Depuis quand Bruce Wayne est-il du genre à vouloir parler ? Elle ne lui répond pas immédiatement, reste silencieuse jusqu'à ce que le reste de l'équipe ait quitté la pièce. Elle adresse quelques sourires, puis retrouve son air sérieux lorsqu'elle se retrouve seule avec Batman. Pendant un instant, elle songe à l'écarter de son chemin pour pouvoir quitter la Tour de Garde comme elle en avait l'intention, mais elle s'avoue vaincue en soupirant. « Soit. Donne-moi une minute pour prévenir Jason. » Elle lui avait assuré rentrer sur Themyscira une fois la réunion terminée, mais lui avait aussi demandé de rester à proximité de son jet au cas où elle aurait besoin de l'informer d'un contretemps, puisque seul l'appareil dispose de technologie lui permettant de le faire. Elle lui passe un rapide coup de fil pour lui dire qu'elle aura un peu de retard, mais elle n'en précise pas la raison. Si les choses sont tendues entre Bruce et elle, elles le sont peut-être davantage entre Jason et lui. Cela fait, elle retourne s'asseoir à sa place et désigne le siège à côté d'elle. Rester debout ne ferait qu’accroître sa nervosité, et quand bien même Bruce lui ait dit de vider son sac, elle n'a pas particulièrement envie d'exploser. Pourtant, d'une certaine façon, elle en meurt d'envie. Elle voudrait pouvoir lui lancer ses mille et unes vérités au visage avant de l'abandonner à ses réflexions, mais ce n'est pas ainsi qu'elle a pour habitude de procéder. N'est-ce pas elle, parmi tous les membres de la Ligue, qui est la plus diplomate en cas de désaccord ? Elle est supposée l'être. Avec Bruce, tout lui paraît toujours plus compliqué, mais puisqu'il a fait l'effort de faire un pas vers elle, Diana va faire de son mieux pour garder son calme et ne pas s'emporter trop vite.
Le problème, c'est qu'elle ne sait pas par où commencer. Elle tapote nerveusement la table du bout des doigts, se demandant comment entamer la conversation sans risquer d'allumer un brasier d'entrée de jeu. Le regard fixe et le visage inexpressif, elle reste songeuse un long moment, jusqu'à ce que le silence devienne pesant, même pour Bruce. Puis elle finit par le regarder droit dans les yeux, pour ne lâcher que quelques mots. « Est-ce que tu me méprises, Bruce ? » Elle, et tous ceux ayant déjà pris la vie d'un ennemi pour sauver celles d'innocents. C'est la grande question, et peut-être même le cœur du problème. Qu'ils aient des points de vue différents et un code moral différent, ce n'est pas nouveau, cela a toujours été ainsi. Ils sont nombreux au sein de la Ligue à avoir des méthodes différentes, Diana espérait que cela ne les empêchait pas de se respecter. Mais aujourd'hui, elle doute. Est-ce que Bruce la méprise, elle, Arthur, Oliver ? Jason ? Et que dire de ceux qui tuent – mais uniquement des êtres qui ne sont pas humains, de quel droit peuvent-ils décider ceux qui sont dignes d'être épargnés ou non, ceux qui sont supérieurs aux autres ? N'est-ce pas de l'hypocrisie, n'est-ce pas se prendre pour des dieux ? Après tout, n'ont-ils pas tous tué les Paradémons de Darkseid, lors de l'invasion ? Diana partage le point de vue de Kal-El à ce sujet, toute forme de vie est précieuse et aucune n'est supérieure à une autre. Pourtant, lorsqu'elle n'a pas le choix, elle tue, Bruce aurait tort de croire que cela ne l'atteint pas. Mais ce qu'elle tient à savoir, avant toute chose, avant de lui parler de Jason et de leur famille, c'est s'il la méprise parce qu'elle a déjà ôté des vies, quand bien même elle n'a jamais, jamais, agi comme un bourreau qui exécute un condamné à mort à genoux et sans moyen de défense. Elle a besoin de le savoir, car cette réponse déterminera le reste de leur conversation et peut-être même de leur relation.
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Diana fronce les sourcils. Elle n'est pas certaine que Bruce et elle se soient un jour compris, réellement compris. Et cette tension qui existe entre eux depuis peu n'est peut-être qu'un symptôme de leur incompréhension mutuelle. Mais ce dont Diana est certaine, c'est que si Bruce lui demande de lui parler, c'est qu'il se sent mis au pied du mur, alors il fait l'effort de laisser son éternel mutisme de côté. Un effort qu'elle considère à sa juste valeur, bien qu'elle ne soit pas sûre de l'issue de leur conversation. Elle n'est plus sûre de rien concernant beaucoup de choses, et c'est bien là le cœur du problème. Il ne s'agit pas uniquement de Bruce ou de la Ligue, mais d'elle-même. C'est vrai tout ce que l'on dit, devenir parent change absolument tout. Les priorités de Diana ne sont plus les mêmes, elles ont été bouleversées par l'arrivée d'Ophelia. Elle tient toujours à sauver le monde, oui, mais le monde ne passera jamais avant elle. Elle veut être juste, oui, mais si elle doit être injuste pour protéger sa chair et son sang, alors elle le sera. Diana a changé et elle ne le nie pas. Mais ce changement n'est certainement pas à l'origine du malaise qu'il y a entre Bruce et elle, cela date d'avant sa grossesse. Mais elle ne saurait dire quand exactement les choses ont commencé à s'envenimer. Elle soupire doucement en secouant la tête. Voilà qui ne leur ressemble pas ; Bruce se fait bavard et Diana peine à articuler quelques mots. « J'ai tué, Bruce. Plus d'une fois. » Le portrait qu'il dresse d'elle est juste, elle est celle qui ne renonce jamais, celle qui protège ceux qui ne peuvent pas se défendre par leurs propres moyens, celle qui espère être porteuse d'un message d'espoir et d'amour. Mais elle est aussi celle qui n'a pas peur de mettre un point définitif à la croisade meurtrière de ses ennemis, celle qui préfère se salir les mains du sang d'un fou sanguinaire plutôt que d'avoir la mort d'innocents sur la conscience.
« Ce qu'il m'arrive, Bruce ? » Elle reste immobile sur sa chaise, pétrifiée comme une statue de marbre entreposée dans un musée. Même son regard est fixe, elle ne regarde pas Bruce mais un point invisible derrière lui. « Je suis fatiguée. Voilà ce qu'il m'arrive. » Il n'y a aucune agressivité dans sa voix, juste beaucoup de lassitude. De longues secondes passent, puis elle cligne des yeux et semble se souvenir qu'elle n'est pas seule et son regard trouve enfin celui de Bruce. « Toute cette hypocrisie... Ça ne te fatigue pas ? Est-ce que tu la vois, au moins ? » Elle incline légèrement la tête sur le côté, comme un félin curieux qui observe sa proie avant de bondir. « Qui dans la Ligue n'a pas tué de Paradémons ? De formes de vies extraterrestres ou non humaines ? Où est la limite, Bruce ? Qui a le droit de décider que la vie d'un être vaut moins que celle d'un être humain ? » Qui a le droit de se prendre pour un dieu ? Diana songe à plus d'une personne dans la Ligue de Justice qui font cette différence, mais elle ne les cite pas. Elle n'en a pas besoin, Bruce sait aussi bien qu'elle qui elles sont. Diana ne comprend pas que l'on puisse penser ainsi. Si elle tue, c'est par nécessité, et pas parce qu'elle estime que certaines espèces méritent plus de vivre que d'autres. Quand on pense ainsi, où est la limite ? « J'ai cinq mille ans. Je sais que vous l'oubliez la plupart du temps, parce que j'ai l'air plus jeune que beaucoup... Mais j'ai cinq mille ans. Je sais ce dont l'humanité est capable, et Themyscira n'a pas toujours été à l'abri. Tout le monde... Tout le monde ne mérite pas une seconde chance. » Elle lève la main, refusant d'être interrompue. Ou même qu'il cherche à discuter, ils ne seront probablement jamais d'accord sur ce point. Diana prend une profonde inspiration puis elle quitte son siège. Elle fait quelques pas dans la salle avant de se diriger vers la baie vitrée de la station spatiale. « Tout semble tellement paisible, vu d'ici. » Un petit ricanement sinistre lui échappe. « C'est un beau mensonge. »
Diana croise les bras sous sa poitrine et serre les dents quand sa vision est brouillée par les larmes. Les perfides, elle ne les a pas anticipées. « Tu n'imagines pas ce que j'ai ressenti quand j'ai tenu ma fille dans mes bras pour la toute première fois. Elle avait l'air tellement petite, tellement fragile et vulnérable... Mais elle était la plus belle chose que j'aie jamais vue. Tout a changé cette nuit là, absolument tout. » C'est un moment qu'elle n'oubliera jamais, cette rencontre magique après l'avoir portée pendant neuf mois. Mais... « Ophelia était à peine née que déjà, quelqu'un menaçait de me l'arracher. Quelqu'un menaçait de prendre la vie d'un nouveau-né, juste pour me faire du mal. » Et elle devrait laisser une chance à cette personne ? À Graal, et à tous ceux qui proféreront les mêmes menaces ? Diana baisse la tête, et grimace quand les larmes s'écrasent sur ses bracelets. « Tu veux savoir ce qu'il m'arrive, du veux la vérité pure et dure, Bruce ? » Elle parle si bas qu'elle n'est même pas sûre qu'il puisse l'entendre. « Je suis fatiguée, et je ne suis plus certaine d'avoir envie de continuer à me battre. » Elle sait qu'elle n'aura pas le choix. On ne la laissera jamais en paix. Si ce n'est pas Graal ce sera Cheetah, si ce n'est pas Cheetah ce sera Arès, si ce n'est pas Arès ce sera Maxwell Lord... Avant la naissance d'Ophelia, ce n'était pas aussi important. Choisir de défendre l'humanité, c'était être assurée de se faire quelques ennemis en chemin, mais elle était prête à faire face. Mais maintenant ? Maintenant tout ce qu'elle veut, c'est protéger son enfant. Et inutile de le nier, elle a songé à mettre un terme au massacre initié par Graal pour ensuite se retirer sur Themyscira et ne plus la quitter. Un fantasme qui ne deviendra jamais réalité, elle a tristement conscience. Même si elle voulait cesser de se battre une bonne fois pour toutes, les combats viendraient à elle. Et comme l'a si bien dit Jason, sa conscience la rattraperait bien assez tôt.
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Personne n'est infaillible, et Diana n'échappe pas à la règle. Elle aurait aimé l'être, pourtant. Comme n'importe lequel d'entre eux, elle aurait aimé être une héroïne parfaite, ne jamais faillir ni faiblir, ne jamais avoir envie de baisser les bras. C'est parfaitement impossible, mais cela n'empêche pas Diana d'éprouver une étrange forme de culpabilité, comme si qui que ce soit allait lui reprocher de ne pas pouvoir constamment porter le monde sur ses épaules. Mais elle est maudite par son propre cœur, incapable de se détourner lorsque le malheur frappe le monde. Son altruisme est sa plus grande qualité et son plus grand défaut, même lorsqu'elle voudrait pouvoir fermer les yeux et ignorer la détresse des uns ou des autres, elle ne le peut pas. Aussi épuisant que ce soit, elle ne le peut pas. C'est certainement pour cette raison qu'elle ne peut plus le supporter, sa propre incapacité à ignorer l'horreur l'empêche de vivre convenablement. Lorsqu'elle n'est pas en train de lutter pour protéger les fragiles et les innocents, elle ne peut s'empêcher d'y penser. Combien de vies se perdent alors qu'elle profite d'un repos pourtant bien mérité sur Themyscira ? Combien de crimes sont commis quand elle passe une soirée avec Jason, avec ses amis ? Elle a beau savoir qu'elle ne peut pas être partout à la fois et tout le temps, Diana n'a pas encore trouvé le moyen de se débarrasser de ces pensées aussi obnubilantes qu’oppressantes. Même Jason ne parvient pas à la raisonner complètement, il ne parvient pas à être plus fort que la petite voix qui ne se tait jamais dans son esprit. En quittant Themyscira, Diana n'aurait jamais deviné que les choses seraient si compliquées. Elle ne pensait pas que le monde était si dur, ne pensait pas que les hommes pouvaient être capables du pire plus que du meilleur. Ajoutez à cela des dieux, des êtres venus d'ailleurs et des entités mystiques inépuisables et vous obtenez un cocktail pour le moins explosif.
Diana relève les yeux vers Bruce quand il prend sa main dans la sienne, surprise par ce signe d'affection. Il n'est pas ce qu'on appelle un homme démonstratif, alors le geste la prend réellement au dépourvu. Elle secoue la tête doucement. « Tout m'oblige à continuer, Bruce. Absolument tout. » A commencer par le tout petit bébé qui l'attend sur Themyscira. Diana ne veut pas que sa fille grandisse dans un monde aussi terrible. De la même façon qu'Hippolyte n'a pas su la garder à l'abri sur Themyscira, elle ne pourra pas non plus vouloir qu'Ophelia vive dans l'isolement. Elle vient de deux univers différents, et si elle n'a hérité que de la moitié des caractères respectifs de ses parents, elle ressentira le besoin de découvrir, d'explorer le monde. Et Diana ne veut pas qu'elle soit blessée comme elle a été blessée. Alors elle est prête à se sacrifier pour que son enfant n'ait pas à souffrir, comme n'importe quelle mère digne de ce nom. Ce qui ne rend pas la chose aisée pour autant. Les paroles de Bruce font écho à celles de Jason, aux mots qu'il lui répète souvent dans l'espoir de réussir à l'apaiser. Hélas, elle ne donnera pas à Bruce une réponse différente de celle qu'elle a donné à son fils. « Je ne pourrai pas garder Ophelia dans une bulle toute sa vie, Bruce. Même si je décidais de l'élever sur Themyscira, un jour viendra où elle voudra découvrir le monde, voler de ses propres ailes. Et je ne pourrai pas le lui interdire. Et puis, si Themyscira est chez moi, je ne peux pas imposer à Jason d'abandonner Gotham. Il le ferait si je le lui demandais, mais ce serait terriblement égoïste de ma part. » Et puis, elle-même ne saurait retourner vivre en autarcie sur l'île, aussi paradisiaque soit-elle. Themyscira est toujours son havre de paix, mais un jour ou un autre, elle finit toujours par retourner à ses obligations.
« Nous savons tous les deux que ni Clark, ni toi, ne prendrez jamais votre retraite. » Diana esquisse l'ombre d'un sourire. Ils ne peuvent pas disparaître du devant de la scène du jour au lendemain. Trop de gens comptent sur eux, et trop de criminels en profiteraient. La situation est déjà critique, mais si la Ligue devait disparaître, ce serait le chaos total. Diana a parfois – souvent – l'impression qu'ils sont les seuls à assurer un semblant d'ordre, parce qu'ils sont hélas craints et détestés autant qu'ils sont aimés et respectés. « Malheureusement, Bruce, je souffre des mêmes maux que toi... J'ai une conscience. Une conscience qui m'empêche d'ignorer ce qu'il se passe autour de moi. Je ne peux pas, et je ne pourrai jamais abandonner Wonder Woman sans un regard en arrière. Je ne pourrai jamais prétendre ne pas voir la douleur et l'injustice. » Aussi épuisée soit-elle, et même en n'ayant plus la moindre envie de se battre, Diana sait qu'elle le fera de toute façon. Tourner le dos à des innocents en danger serait contre-nature. De la même façon que Bruce ne tuera jamais, elle n'arrêtera jamais de lutter car ce serait aller à l'encontre de tous ses principes, de tout ce en quoi elle croit. « Je suis lasse de me battre, mais je n'ai pas le choix. J'ai perdu ce choix le jour où j'ai décidé de devenir Wonder Woman. Quand bien même je serais capable de m'arrêter, nous savons tous les deux qu'on ne me laissera pas en paix. Il y aura toujours quelqu'un pour vouloir s'en prendre à moi, à nous, à nos familles, à nos amis. » Ils ont tous de nombreux ennemis, certains plus dangereux et cruels que d'autres. Diana secoue la tête, puis un petit rire à la fois triste et moqueur la secoue. « Et puis tu sais, je ne pense pas que la fille de Darkseid me laisse le choix. À cause d'elle, même Themyscira n'est plus un lieu sûr. Je dois l'arrêter avant qu'elle ne tue davantage de demi-dieux et de dieux ou pire, qu'elle permette à son père de revenir sur Terre. » Ce serait une véritable catastrophe pour la planète. Après le Syndicat du Crime, elle n'est pas prête à subir une nouvelle attaque de cette ampleur. Et c'est justement parce que la Terre est vulnérable que ce serait pour Darkseid le moment idéal pour tenter une nouvelle invasion. Diana ne peut laisser Graal gagner, alors son repos bien mérité, elle n'est pas prête d'en profiter.
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La Ligue de Justice est tellement souvent occupée à se disputer pour une raison ou pour une autre qu'il est facile d'oublier qu'ils forment en réalité une véritable famille. En la rassurant comme il le fait, Bruce le rappelle à Diana. Elle sait pourtant qu'il n'est pas le plus bavard d'entre eux, ni même le plus expressif. Mais il se soucie de chacun d'entre eux, plus qu'il ne le veut bien le montrer – et peut-être même plus qu'il ne veut se l'avouer à lui-même. Mais entre Bruce, Kal-El et Diana... C'est encore autre chose. Le lien qui les unit est différent, plus fort. Ce n'est pas sans raison qu'ils forment le trio de tête de la Ligue et forment leur propre équipe, la Trinité. Ils sont complémentaires et comme Bruce le dit si bien, ils peuvent toujours compter l'un sur l'autre. Prenant une profonde inspiration, Diana serre doucement les mains de son ami entre les siennes. « J'ai cru vous avoir perdus tous les deux en même temps. Le Syndicat avait annoncé ta mort, et j'ignorais si Kal-El survivrait à ses blessures... » Elle secoue la tête en soupirant. Des mois se sont écoulés, mais les souvenirs sont encore limpides dans son esprit. Elle a cessé d'en vouloir à Bruce d'avoir mis en scène sa mort, même en ne comprenant toujours pas l'intérêt de cette stratégie, car elle ne voulait pas d'embarrasser de rancœur et d'émotions négatives juste avant de mettre Ophelia au monde. Elle aurait aussi préféré s'en passer après sa naissance, mais de toute évidence elle risque d'avoir bien du mal à tenir sa bonne résolution quand chaque ennemi vaincu est remplacé par un nouveau. À tel point que Diana a parfois l'impression de lutter contre une Hydre invincible, peu importent le nombre de têtes coupées, il en repoussera toujours le double. Alors elle se demande sincèrement... Combien de temps tiendront-ils le coup, elle comme tous les autres... ?
Diana fronce légèrement les sourcils quand Bruce évoque une stratégie qui la laisse profondément sceptique. Échanger leurs ennemis ? Dans l'immédiat, Diana ne voit que les failles d'un tel plan. Et si elle ne doute pas une seule seconde de la bonne foi de Bruce et de ses capacités, elle peine à l'imaginer faire face à la plupart de ses ennemis. « Bruce... Soyons complètement honnêtes l'un avec l'autre... Tes ennemis ne représentent pas de danger pour moi. Je pourrais me charger de leur sort rapidement. Si je ne me suis jamais mêlée des affaires de Gotham, c'est par respect pour toi, Bruce. » Diana secoue doucement la tête en retirant ses mains de celles de Bruce. La plupart des criminels de Gotham ne sont que des hommes. Des psychopathes, des manipulateurs, des hommes d'affaires sans foi ni loi... Mais des hommes quand même. Le regard de l'Amazone s'assombrit, et elle détourne le regard. « Nous savons tous les deux ce qu'il adviendra du Joker si tu laisses la sécurité de Gotham entre mes mains. » Elle serre les poings. Si elle ne tue pas le clown de ses propres mains, elle n'empêchera certainement pas Jason de le faire. Est-ce que, secrètement, Bruce espère que l'un d'entre eux le fasse en son absence, le débarrassant ainsi de la plaie qui gangrène Gotham depuis maintenant bien trop d'années ? Si le Joker tombait entre ses mains, Diana sait qu'elle n'éprouverait pas le moindre scrupule en se chargeant de lui une bonne fois pour toutes. Et cela malgré tout le respect qu'elle a pour Bruce ; le clown est un sujet sur lequel ils ne s'entendront jamais, alors qu'il y réfléchisse à deux fois avant de remettre son sort entre ses mains... « Ta suggestion n'est pas fondamentalement mauvaise, Bruce... Mais nos ennemis sont tous tellement différents. Crois-moi, tu ne veux pas de mes dieux et de mes monstres. » Et encore moins de ses problèmes de conscience – il n'est pas le seul à en avoir une multitude. « Graal est mon fardeau. Comme Arès, comme Cheetah, comme Maxwell Lord. C'est à moi de faire en sorte qu'ils ne représentent plus une menace, à personne d'autre. Fais-moi confiance, Bruce. Tu ne veux pas mettre le nez dans les affaires des dieux, peu importe qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs... Je ferai ce que j'aurai à faire, comme tous les membres de la Ligue le font. » Diana quitte son siège et fait quelques pas dans la pièce. Derrière la baie vitrée, le paysage désertique de la lune s'étend et derrière lui, la Terre. « Mais peut-être devrions-nous travailler en équipe un peu plus souvent. En duos, en trios, qu'importe... Nous gagnerions tous à comprendre les conflits de nos amis. » Tout en respectant les droits de chacun à prendre les décisions les plus importantes concernant leurs adversaires. Elle s'imagine mal s'occuper du sort d'Orm sans s'être entretenue avec Arthur, comme elle imagine mal Kal-El expédier Black Adam dans l'espace sans avoir obtenu l'accord de Billy auparavant.
« Mais tu sais, je n'ai pas attendu ta proposition pour découvrir Gotham. Quand tu as la tête ailleurs, tu ne plaisantes pas... En novembre dernier, Jason et moi nous sommes installés dans une villa sur les hauteurs de la ville. Je ne te le cache pas, j'étais un peu réticente à l'idée de quitter Metropolis pour Gotham, surtout juste avant d'avoir un bébé. » Diana sourit en pensant au foyer qu'ils ont construit, en moins de temps qu'elle ne le croyait possible. Quel dommage qu'il n'ait pu y passer que si peu de temps... Mais c'est pour le mieux. En attendant que les choses s'améliorent, Ophelia est beaucoup plus en sécurité sur Themyscira. « Et puis, Jason m'a fait découvrir Gotham, son Gotham. À présent, je comprends pourquoi vous y êtes tant attachés. J'ai compris que cette ville est un peu comme un diamant brut, il faut faire preuve d'imagination et de persévérance pour en voir la beauté. » Un petit rire la secoue, et elle se retourne pour faire face à Bruce. « Vous ressemblez à Gotham, tous les deux. Ou Gotham vous ressemble, je ne sais pas... » Dans l'un ou l'autre cas, cette drôle de ville lui a donné les êtres qu'elle aime plus que tout, la famille dont elle rêvait depuis des siècles. Alors, comment pourrait-elle continuer à détester Gotham ?