- growing pains, they're keeping me up at night. (jason)

Elle observe les cendres de Los Angeles. Sa personnalité lui jouait des tours. Elle avait en effet le sentiment d’avoir vécue ici toute sa vie, d’avoir vu, en plus de l’humanité, ses amis et ceux qu’elle avait considéré comme sa famille périr sous les assauts des bombes lancés par Savage. La réalité était tout autre, et elle le savait. Ses véritables amis n’avaient pas péris ici, sa véritable famille était quelque part, dispatchée sur une autre planète, ou comme elle, dans cet autre espace-temps. Si elle arrivait à se souvenir de sa vie passée, celle qu’elle considérait comme la véritable et la légitime, elle savait que beaucoup des autres personnes qu’elle avait pu côtoyé s’en souvenaient aussi. Elle ferme les yeux sur les vestiges d’un passé qui n’était pas le sien, puis se dirige vers sa villa, quasi intouchée par les bombes. L’autre Kara avait bien fait de vivre à l’écart de la ville. Elle se souvenait avoir choisi la villa pour son côté reculé, lui permettant ainsi de surplomber la ville et de pouvoir avoir connaissance de la criminalité plus rapidement, de s’enfuir plus rapidement, mais aussi de pouvoir s’entraîner en toute impunité. Elle appuie sur le bouton de son ascenseur, et descend au niveau du bunker. Elle pose sa main, et son empreinte digitale ouvre un pan dans le mur. Elle s’y engouffre, puis passe une main dans ses cheveux. Elle les attache en une queue de cheval, et observe l’arsenal qu’elle possède. Cette Kara était bien plus équipée qu’elle. L’argent l’avait considérablement aidé. Etait-ce comme ça que sa vie aurait réellement tourné si elle était arrivée à temps sur Terre, comme Jor-El l’avait prévu ? Etait-ce à ça que sa vie aurait réellement ressemblé si elle n’avait pas eu à gérer Kal. Elle fronce les sourcils alors qu’elle regarde son costume. Il n’avait rien à voir avec le sien, celui de sa réalité. Il était beaucoup plus flatteur, beaucoup plus séduisant. Ce n’était plus une jupe, mais une combinaison qui allait épouser parfaitement ses formes. Le sigle de sa famille trônait toujours sur sa poitrine, mais sans lui, et sans les couleurs bleus et rouges, l’uniforme était complètement différent. De plus, elle avait apprit qu’elle n’était pas Supergirl ici, mais Ultragirl. Elle secoue la tête face à cette pensée qu’elle trouve ridicule. Elle ne savait pas si c’était sa nouvelle personnalité, ses choses qu’elle avait gardé de l’autre Kara, de cette milliardaire directrice du magazine féminin le plus lu aux Etats-Unis avant la montée au pouvoir de Savage, ou si c’était les évènements de son passé à elle qui la rendaient ainsi, mais elle était calme face aux évènements. L’ancienne Kara aurait sûrement pleuré, aurait tapé des poings et foncé tête baissée dans la gueule du loup. Mais elle n’était plus cette Kara. Elle observe son visage dans le reflet du miroir. Son visage était noirci par le charbon, et la fumée dégagée par les bombes. Elle jette l’escarpin qui lui reste à ses pieds sur le sol, et prend une douche. Il lui fallait un plan. Elle en sort, le plan désormais en tête, et court enfiler son costume. Elle enfile par-dessus une chemise blanc, et un costume deux pièces rouge de la marque Versace. Elle arque un sourcil en observant la griffe du styliste. Elle enfile ensuite  ses escarpins noirs puis se dirige vers un autre ascenseur. Celui-ci l’emmenait au cœur du lac non loin de sa villa, et lui permettait de s’envoler et de quitter la ville désormais en ruine sans être vue. Elle devait se rendre là où tout commençait réellement, là où la majorité des évènements passés avaient eu lieu. Metropolis.

Elle pose les pieds dans une ruelle sombre, non loin de son appartement. Ancien appartement, se fait-elle comme réflexion. Elle inspire profondément, passe une nouvelle fois une main dans ses cheveux puis s’avance dans la rue. Elle regarde la tristesse sur le visage des gens, l’impassibilité sur celui des autres. Ils ne dégageaient plus rien de positif. Si elle pouvait voir parfois l’espoir passer sur le visage de certains, il restait fugace. Elle s’avance, la tête légèrement baissée dans les rues. Elle ne pouvait plus se permettre d’utiliser ses capacités désormais, et devait avancer comme le commun des mortels. Dans cette situation, elle savait que l’autre Kara, la naïve Kara, n’aurait pas hésité à s’envoler quitte à révéler sa véritable identité au monde. Parce qu’il s’agissait d’un cas d’extrême urgence. Elle savait que la Kara de cette réalité, était en lien avec la résistance, avec ceux qui étaient caractérisés comme des rebelles. Mais leurs deux personnalités se mêlaient désormais, rendant certains des souvenirs flous et parfois chimériques. Alors Kara avait décidé de tenter le tout pour le tout. Elle savait qui elle devait aller voir, elle savait ce qu’il lui restait à faire. Et si cela ne fonctionnait pas, alors elle trouverait autre chose. Elle devait garder l’espoir, l’espoir de faire changer ce monde à défaut de retourner dans le sien. Elle s’avance dans l’un des quartier riche de Metropolis et s’arrête devant un building. Elle pénètre dans l’enceinte, prend l’ascenseur et compte les secondes dans sa tête. Elle sort de l’ascenseur puis s’arrête brusquement. Son palpitant accélère. Elle n’était pas venue ici depuis le tragique évènement. Elle reste interdite, n’ose plus avancer. Le palpitant continue d’accélérer, il vient frapper dans sa poitrine, tente de s’échapper de sa cage d’acier. Elle inspire. Dans cette réalité, Ultragirl n’avait jamais été confrontée à Red Hood, elle n’avait même jamais été en contact avec Wonder Woman. Dans cette réalité, ils étaient des étrangers, et les erreurs du passé ne comptaient pas. Mais elles comptaient à ses yeux à elle, parce qu’elle se souvenait de tout. Elle se souvenait du martellement de ses poings sur le corps fragile de Jason, elle se souvenait l’avoir soulevé et éjecté sur le sol comme une poupée de chiffon. Elle se souvenait de la chaleur de ses yeux lasers tentant de soigner l’hémorragie qu’elle lui avait elle-même causé. Et elle se souvenait du regard de Diana, et de son palpitant à elle, qui s’était brisé en milliards de morceaux. Elle avait respiré la mort. Dans sa réalité, elle s’était pardonnée ses pêchés, elle avait apprit à vivre avec. Elle ne savait pas si Jason ou Diana avaient réussi à le faire, elle l’espérait d’une certaine manière, mais elle savait aussi que chaque jour qui passerait, elle chercherait à s’amender. Cette réalité n’y ferait pas défaut. Elle serre le poing, et fait claquer ses talons sur le sol froid du couloir jusqu’à la porte de l’appartement. Elle sort un miroir de poche, s’observe un instant. Cette version d’elle ne portait pas de lunette, et ça la perturbait quelque peu. Elle écoute les battements de cœur à l’intérieur de l’appartement, n’en entend qu’un seul. Elle décide de frapper. Elle entend des bruits de pas, son palpitant ralentit, elle retrouve son calme. Elle pose ses yeux sur Jason. Un instant, le souvenir de la soirée funeste lui revient en mémoire. « Jason je.. » Elle s’arrête un instant. « Je suis désolée. Je suis Kara, Kara Kent. »  dit-elle en plongeant ses saphirs dans ses abysses. « J'ai besoin de votre aide. »