In the waves I've lost every trace of you (hal)

In the waves I've lost every trace of you
hal & carol

Vide. C'était ainsi que je me sentais. Vide. Il y avait un abysse au fond de mon estomac. Un abysse au fond de mon cœur qui s'étendait à chacune de mes cellules. Et plus j'y pensais et plus il grossissais. Au point, qu'il allait m'avaler. Toute entière. Sans avoir besoin de me mâcher. La gorge nouée sur elle même, j'étouffais. Du moins en avais-je l'impression. Mes doigts tremblaient sur le rebord de mon fauteuil. N'y pouvant finalement plus, je bondissais hors de ce dernier. Je ramassais mon sac et  ouvrais mon bureau à la volée. Eva, sursauta. Ses grands yeux bleus me suivirent surpris. Sans piper mot, je disparaissais. Je ne pouvais pas travailler dans ces conditions. Je n'y arrivais pas. Si d'habitude, j'étais plutôt douée pour cacher mes émotions et les ranger dans des boîtes , aujourd'hui je m'y noyais. J'avais besoin d'air. Avec cette seule idée dans l'esprit, je montais dans mon véhicule et le lançais sur la route menant au front de mer. Certes, je pouvais avoir accès à la même chose en étant chez moi. Mais je ne voulais pas retourner à la villa. J'avais réellement besoin d'air. Cela voulait dire que je voulais être loin de tout. Et surtout loin de cette espace que j'appelais avant maison. Aujourd'hui, son intérieur me paraissait froid. Lugubre. Il manquait quelque chose. Un quelque chose sur lequel je pouvais facilement poser le doigt. Je n'avais pas eu besoin de me triturer les méninges pendant bien longtemps. La pièce manquante... je savais ce qu'elle était. Et je savais aussi que la place qu'elle devait occupée ne le serait jamais. Rien ne pourrait la remplacer. Ni aujourd'hui, ni demain. Elle m'était inaccessible. Perdue à jamais dans les tumultes du temps. Et c'était bien le cas de le dire.  C'était le temps qui me l'avait enlevé. L'espace temps même si je me devais d'être précise. Tout était de la faute de cette réalité alternative. Tout était de la faute de la personne qui l'avait provoqué. Évidemment, mes soupçons s'étaient immédiatement portés sur Barry. L'homme avait plus d'une fois commise ce genre d'erreurs. Il en avait payé le prix fort à chaque fois. Cependant, il n'était jamais le seul à souffrir. Changer le fil du temps avait des conséquences catastrophiques.  Il s'était néanmoins avéré que l'homme n'y était pour rien. Plus inquiétant encore, il ne semblait se souvenir d'absolument rien. Pour lui, la vie avait continué tranquillement et surtout normalement. La nouvelle m'avait fait hausser des sourcils. Il était tout simplement inconscient de son autre vie. Après la surprise était apparue l'envie. Celle d'être comme lui. De ne pas me souvenir. Sur le coup, cela m'avait rendue amère. Probablement l'étais-je toujours.

Les yeux mouillés des larmes que je retenais, je garais le véhicule et sortis. J'inspirais à plein poumon l'air marin et ne tardais pas à m'enfoncer dans le sable. Sur le chemin, je semais mes chaussures et plongeais finalement mes pieds nus dans l'eau froide. Le choc thermique eut pur effet d'ouvrir les vannes. De grosses perles salées déferlèrent sur la vallée de mes joues et allèrent s'écraser dans l'étendue bleue à mes pieds.  Dans un geste devenu réflexe, je posais mes mains sur mon ventre. Ce dernier était plat. Pire encore il le resterait. Cet enfant qui une fois grandissait au creux de mon ventre n'était plus. Il n'avait en fait jamais été. J'avais perdu quelque chose qui n'avait en fait jamais existé. Cette seule pensée me donnait la migraine. C'était si difficile à comprendre. Si difficile même à imaginer. Surtout, cela me mettait en colère. Cette justice me rebutait. J'aurais aimé me battre et faire tout ce qui était en mon pouvoir. Seulement, il n'y avait rien à faire. La vie avait repris son cours et cet enfant qui aurait du être le mien n'en faisait pas parti.  C'était ainsi. A part hurler de rage et de douleur, je n'avais aucun autre pouvoir. Aucun.

In the waves I've lost every trace of you
Carol & Hal

Je filais à travers l’univers. Je revenais de mission, enfin mission. C’était ce que je me disais pour m’occuper l’esprit. Puisqu’en réalité, je ne faisais que patrouiller, surveiller le secteur. Mais ces derniers jours. Plus que d’habitude. Au point où depuis le retour de l’autre réalité, je ne faisais que ça. Pourquoi ? C’était simple. Pour me garder focus. Garder mon attention sur quelque chose que je connais, pour m’éviter de faire des bêtises, ou de penser à des choses négatives. Des choses qui pouvaient peut-être entraver mon métier. Ma capacité à être opérationnel. C’était ce que je me disais. Alors que la vraie raison était juste que je tentais de me préserver. De me préserver de quelque chose que je n’aurais jamais pu imaginer. Même dans mes pires cauchemars rien n’était à ce point douloureux. Rien. J’arrivais à toute allure sur Terre. Je ne passais même pas à la tour de Justice, je fonçais droit vers un endroit. Un endroit auquel je n’avais pas remis les pieds depuis un moment. Quelques mois je dirais. La dernière fois était avant l’avènement des zombies. Je me posais doucement, et faisais quelques pas pour entrer dans le cimetière. J’allais avec une facilité déconcertante au niveau des tombes de mes parents. Toujours vêtu du vert lanterne . Je restais immobile devant les deux blocs de pierre. Je les fixais pour essayer de trouver quelque chose, un espoir que tout ce qui s’est passé n’est qu’un mauvais rêve ? Mais non, c’était bel et bien vrai. Je sortais et je fixais l’horizon. Une soudaine colère montait en moi, l’envie de tout démolir. Me venger de tout ce qui était arrivé. Pour une fois que ce ne soit pas moi qui y perd quelque chose. Mais cela ne servait à rien, juste à faire encore plus de mal. Ce n’était pas juste. Mais je ne pouvais rien y faire. Juste à en baver, manger les conséquences. Et encore une fois, rien pouvoir faire pour y remédier. Je détestais ce sentiment, d’être inutile, de servir à rien. Ma colère était telle que j’aurais certainement pu charger les batteries des rouges. Mais tout ce que je faisais, c’était simplement commencer à marcher sur le petit chemin qui s’en allait au loin. Ma tenue de lanterne laissant place à une tenue plus civile, celle de d’habitude. Je marchais, les mains dans les poches, le regard vers le sol. Sans aucun son, ni expression faciale. Je marchais juste. Peu importe où j’allais, je voulais juste m’éloigner de tout ça. Je laissais le temps défiler, ce même temps qui m’a été volé. Mais dans ce malheur, je n’étais pas seul. Carol, la femme de ma vie était aussi impliqué dedans. Nous nous étions que peu vu depuis le retour, et nous n’avions pas reparlé de ce qui s’était passé. Il fallait que je la voie, que je sache si elle allait bien, comment le vivait-elle ? Mal, c’était sûr mais comment le traduisait-elle ? Puis, en une seconde, le craquement sonore annonçait que je reprenais mon envol. Je n’avais pas besoin de la chercher, c’était comme-ci je le savais déjà. J’arrivais et atterrissais quelques mètres derrière elle. Sans aucun mot, ni gestes superflues, je m’approchais derrière elle et je l’attrapais. Je la serais contre moi pour lui montrer qu’elle n’était pas toute seule, qu’elle n’avait pas besoin d’affronter cette montagne. Puis, je lui soufflais à l’oreille. « Comment tu vas ? » Je lui posais cette question bateau, mais il fallait bien commencer quelque part, et savoir son état de santé était primordial.

In the waves I've lost every trace of you
hal & carol

Une légère brise se leva sur la plage. Le sable se souleva derrière moi et vint se déposer en fine couche salée sur mes mollets nus et le reste de mon pantalon remonté. Grelottant un peu à cause de la fatigue qui s'était amoncelée dans mon corps, je resserrais mes bras autour de ma poitrine. Pour me protéger de la brise mais aussi du reste des sentiments difficiles qui se propageait dans mon corps. Parfois, je me demandais si je ne cherchais pas à les retenir. A retenir cette peine qui me tiraillait  dans tous les sens. J'imaginais qu'elle me permettait de me savoir que tout avait existé. Que ce que j'avais vécu n'était pas que le fruit de mon imagination galopante. Que à un moment donné dans cet espace temps, j'avais été heureuse et enceinte. Enceinte de l'homme que j'aimais. Même une différence de réalité n'avait pas réussi à effacer et changer ce lien si fort et important qui nous unissait. J'étais sienne et il tait mien. Du moins, l'avais je cru. Cependant peut être que j'étais seulement sienne et que l'inverse n'était pas vrai. Personnellement, je ne pouvais pas me voiler la face. Mes pouvoirs retrouvés.. ils parlaient d'eux mêmes. La bague à mon doigt parlait d'elle-même. Mais lui..lui n'était pas là. Je n'avais pas vu Hal depuis des jours. Une semaine si mes calculs étaient exacts. Une semaine sans sa présence où j'avais essayé de me noyer dans le travail en attente pour ne pas penser à lui et au trou béant qui avait pris place dans ma poitrine face à son absence. J'avais besoin de lui. J'avais besoin de son soutien. Maintenant, plus que jamais auparavant.  Faisant écho à mes pensées, un corps se posa derrière moi. Je le sentis arriver avant même qu'il ne ouche le sol. J'avais fini par m'habituer à la façon qu'il avait de se déplacer. Probablement parce que la mienne était comparable. Je restais surprise lorsque ses bras encerclèrent ma taille et qu'il me serra dans ses bras. «  Comment tu vas ? » souffla t-il à mon oreille. Le son de sa voix combiné à son souffle chaud sur ma peau froide me fit frissonner. J'aurais aimé pouvoir le repousser. En partant, il m'avait fait du mal. Énormément de mal. Ne pas le voir revenir avait été comme un coup de couteau porté directement à mon cœur. J'avais besoin de la chaleur de ses bras. J'avais besoin de sa présence tout simplement. Et il m'en avait privé. Égoïstement. Ou peut être étais-ce celle qui était égoïste à réclamer sa présence de cette manière. Il avait certainement des choses importantes à faire. Un secteur à protéger. Peut être avait il aussi besoin d'être seul. Tout le monde vivait le deuil de manière différente. Et sans savoir si il se pensait en deuil, je me devais au moins de considérer cette possibilité.

Pour cette raison – et parce que j'avais irrémédiablement besoin de lui – je ne le repoussais pas. Je le laissais me serrer dans ses bras. Les larmes sur mes joues s'intensifièrent et bientôt je pleurais à chaude larme, tête rejetée vers l'avant. Seuls ses bras semblaient encore me tenir debout. Sans lui, il y avait fort à parier que je me serais écroulée dans cette eau fraîche pour y déverser toute ma peine. Elle était bien trop difficile à contenir. Plus encore depuis qu'il était apparu.  Finalement, je tournais dans l'étau desserré de ses bras et enfouissais mon visage au creux de son cou. Notre différence de taille rendait cette tâche aisée. Contre sa peau, je pleurais et dans le creux de sa clavicule, je me cachais. Je me cachais du monde extérieur et de tous les obstacles qu'il mettait inlassablement sur ma route. Mes doigts agrippèrent d'eux mêmes sa veste et je resserrais mes poings autour du tissu rigide. «  Je suis désolée » murmurais je d'une petite voix. Si petite qu'il était peu probable qu'il m'eut entendu. «  Je suis tellement désolée » répétais je finalement en décollant mon visage de son cou pour espérer me faire entendre. Mes yeux bleus mouillés de larmes allèrent trouver les siens. « C'est de ma faute » rajoutais je du bout de mes lèvres tremblantes. Je savais intellectuellement que rien de cela n'était ma faute. Que je n'y étais pour rien. Que tout cela était le fruit de quelqu'un d'autre. Mais malgré tout, je ne pouvais pas ne pas m'empêcher de me sentir responsable. Quelque part, je ne pouvais que me blâmer. J'étais supposée être la mère de cet enfant à naître. De cet enfant qui aurait du naître. Si il était mort, si il avait disparu, j'étais responsable. Il avait été dans mon ventre. De ce sentiment, je n'arrivais pas à m'en débarrasser. Ma raison me disait une chose et mon cœur m'en disait une autre. Faire la différence entre les deux à ce précis était tout bonnement impossible à faire pour moi.

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Carol & Hal

Je la tenais dans mes bras. Je la serais assez fort pour la sentir, mais pas assez pour lui faire mal. Je maintenais la pression, ça me permettait de savoir que c’était bien la réalité, qu’elle était bien là, avec moi, dans mes bras. C’était quelque peu difficile des fois de faire la différence, quelques fois l’esprit voulait prendre le dessus, pendant les rêves, nous créer des mondes dans lesquels tout ce passe pour le mieux. Un monde dans lequel cet enfant aurait vu la naissance. Un monde où cet enfant aurait pu grandir avec nous. Un monde où j’aurais pu le voir faire ses premiers pas, ses premiers mots, ses premières classes, sa vie. Mais ce monde portait bien son nom. Un rêve. Parce que le monde dans lequel je me trouvais était un cauchemar. Il avait tout d’un cauchemar. Dès qu’une chose se commençait à devenir bien, ou trop calme, il fallait que quelque chose vienne tout casser, tout réduire en miettes. Qu’importe ce qu’on faisait. Mais plus jamais. Plus jamais je ne voulais revivre quelque chose de la sorte. Plus jamais voulais-je que Carol vive quelque chose de la sorte. Plus Jamais. La voir si triste me rendait malade, et savoir que je ne pouvais rien faire pour y remédier l’était tout autant. Quel genre d’homme suis-je si je n’arrive même pas à protéger les personnes que j’aime ? Quelqu’un que je ne voulais pas être, pas devenir. Plus jamais. Plus jamais je laisserais passer quelque chose du style. Plus jamais je ne laisserais quiconque faire du mal aux personnes que j’aime. Surtout Carol. Elle avait déjà souffert, mais ce coup-ci, c’était probablement le pire. Je ne pourrais jamais imaginer sa peine, bien trop grande, et différente lorsque c’est la personne qui porte l’enfant, mais je peux imaginer quelque chose, c’est d’un futur où elle n’aura pas à penser à ce genre de chose. Un futur bien plus lumineux que le présent sombre autour de nous.


Je serrais encore plus fort lorsque sa tête basculait à l’avant, posant quelques secondes la mienne sur l’arrière de la sienne. Toujours aucun mot, juste mon souffle qui faisait décoller quelques mèches de ses cheveux. Lorsqu’elle faisait demi-tour dans mes bras, je reculais  un peu la tête, histoire de pas donner de coup de boule, ce serait bien la dernière chose à faire. Lorsqu’elle finissait son tour, elle venait se poser dans le creux de ma clavicule pour y continuer de faire couler des larmes. De mon côté, des débuts de larmes, mais pas encore coulante. Je n’aimais pas pleurer, mais surtout je n’ai pas pleuré depuis longtemps, très longtemps. Je n’y suis plus habitué. Mais voir Carol dans cet état pourrait être le déclencheur. Je lâchais une main pour venir la poser sur sa tête, caresser sa tête doucement pendant que je regarde au loin, cherchant à trouver quelque chose qui pourrait la réconforter. Mais il y avait de forte chance que rien ne le puisse, juste le temps. Je la voyais remonter la tête, le visage remplis de larmes. Et la voir bouger ses lèvres, une première fois dans un ton trop bas pour que je puisse le comprendre, mais une seconde fois un peu plus fort. Un mélange de colère et de tristesse remontait. J’étais si triste de penser qu’elle y croyait. Qu’elle pensait vraiment que c’était de sa faute alors que pas du tout. Au contraire, c’était grâce à elle que nous avions vécu énormément de bons moments. C’était grâce à elle que nous étions ensemble. Et c’était grâce à elle aussi que nous resterions ensemble. Je venais la prendre des mes deux mains. Une sur chaque joue alors que je venais la regarder droit dans les yeux. «  Qu’est-ce que tu racontes, c’est pas de ta faute, au contraire ! Si ça devrait être la faute de quelqu’un, ça serait la mienne. J’ai pas su empêcher tout ça d’arriver, d’empêcher tout ça de t’atteindre. » finissais-je tout en passant mes pousses pour essuyer ses larmes. Je venais replacer mes bras contre elle pour la serre une nouvelle fois. « Plus jamais. » ma tête l’a dépassant, j’ajoutais. « je sais que ça va être dur, très dur, mais on va le faire ensemble. On va traverser ce moment ensemble » tout en la serrant plus fortement.

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hal & carol

Yeux rouges et des larmes salées sur les joues, je continuais de pleurer mais en silence à présent. Bien sur, mes épaules étaient encore secoué de soubresauts et mes lèvres continuaient de trembler plus que raison.  Je fixais mes yeux dans les siens lorsqu'il posa ses deux mains sur mes joues pour maintenir mon visage dans sa direction. « Qu’est-ce que tu racontes, c’est pas de ta faute, au contraire ! Si ça devrait être la faute de quelqu’un, ça serait la mienne. J’ai pas su empêcher tout ça d’arriver, d’empêcher tout ça de t’atteindre ». Face à ses paroles, j'esquissais un sourire triste. Cela n'était pas de sa faute. Je savais qu'en tant qu'homme il pensait avoir le poids du monde et ma sécurité sur les épaules. Je ne pouvais pas l'empêcher de penser ainsi. Surtout, vu ses activités, il était normal qu'il en arrive de penser à ce genre de choses. Et puis, il n'avait pas été à l'origine de ce qui s'était produit. Seule la malchance l'avait été. La malchance et quiconque avait changé le monde pour en faire autre chose. «  Chut.. » soufflais je finalement entre deux hoquets de pleurs. Si il disait que je n'étais pas responsable alors lui n'avait pas le droit de dire qu'il l'était à ma place. Après tout, comme je le savais déjà, ni lui ni moi n'étions responsables. Mais après avoir touché une grossesse des doigts, après avoir eu la vie au creux de mon corps, j'avais du mal à réfléchir de manière raisonnable. «  Tu n'as pas le droit de dire que c'est de ta faute, je te l'interdis. Tu n'aurais rien pu faire. Jusqu'à preuve du contraire, tu n'as pas le pouvoir de changer les réalités ». Pour connaître les particularités de son anneau, je savais ce que j'affirmais. Bien sur, j'entendais parfaitement l'ironie de mes paroles. Surtout après lui avoir soufflé que j'étais responsable.

Sans opposer de résistance, je me laissais guider contre son corps et enfouis mon visage dans son buste au pus près de son cœur. L'organe tambourinait dans sa poitrine, signe évident de son propre stress. Malgré le battement un peu trop rapide pour être totalement normal, il me calma. Parce que   j'avais certes perdu un enfant, mais je ne l'avais pas perdu lui. Et pourtant j'aurais pu. Sa survie n'avait pas été garantie lors de notre retour à notre réalité. Beaucoup avaient péris, emportés par la vague énorme qui avait ravagé le monde. Cela n'avait pas été notre cas. Hal nous avait sorti de là. Grâce à ses souvenirs, il avait retrouvé son anneau et l'avait fait fonctionner. C'était vers l'espace que nous nous étions envolé pour échapper à notre annihilation. Mais cependant, nous avions été les témoins involontaires de la fin de l'humanité.  Aujourd'hui, si cette dernière se portait plus ou moins bien, je savais que beaucoup gardé les séquelles de cette fin douloureuse et violente. « Plus jamais. Je sais que ça va être dur, très dur, mais on va le faire ensemble. On va traverser ce moment ensemble». Pour lui répondre , je hochais positivement la tête mais ne pipais pas mot. Lorsqu'il resserra son étreinte, je passais mes bras autour de sa taille pour l'encercler également.  Mes doigts agrippèrent l'arrière de son tee shirt pour le maintenir contre moi et me maintenir à flot.

Pendant de longues minutes nous restâmes ainsi, sans bouger, les pieds toujours dans l'eau. Même mes légers frissonnements ne furent pas suffisant pour nous faire bouger. Même la nuit qui tombai doucement ne nous chassa pas de la plage. «  Je n'avais même pas imaginer... » soufflais je finalement une fois que mes larmes se furent taries. «  Je... » reprenais je en cherchant mes mots. «  Je ne savais même pas que j'en voulais un » lâchais je finalement en fermant les yeux contre le tissu de sa veste et en me remettant à sangloter de nouveau. Avant de me retrouver enceinte, je n'avais jamais pensé vouloir un enfant. L'idée ne m'avait même jamais effleuré l'esprit. J'avais toujours été une femme très occupée. Trop occupée même pour ce genre de responsabilités. Pilote, femme d'action, directrice d'une des plus grosses société du monde .. Je ne comptais plus mes heures. Et puis... ma relation avec Hal avait été en dent de scie pendant de très nombreuses années. Pourtant, il était le seul homme que j'aimais vraiment. Les autres ne lui étaient jamais arrivé à la cheville. Mais l'amour n'avait pas tout fait. Il ne sauvait pas tout. Nous avions donc rompu de nombreuses fois. Peut être avions nous été trop jeunes. Ou trop impétueux.  Jamais, en tout cas, notre relation n'avait été aussi stable qu'aujourd'hui. Depuis que nous nous étions remis ensemble, nos disputes avait été rares. Nous étions finalement sur la bonne voie. Je savais cependant intellectuellement que ce que nous vivions actuellement pouvait nous tuer. Nous et notre couple.

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Carol & Hal

Puis, c’était à nouveau à elle  de reprendre la parole. Elle me disait tant bien que mal entre des pleures qui me déchirait le cœur que ce n’était pas non plus de ma faute. Que je n’aurais rien pus faire de plus. Ce qui était totalement vrai mais qui faisait d’autant plus mal. Je n’étais que spectateur. Sans pouvoir agir pour pouvoir empercher tout ça. Ce sentiment d’impuissance faisait tout autant de mal que le reste. Je continuais à la serrer, à tenter de la réconforter par ce geste. Je savais bien qu’il ne servirait pas à grand-chose, mais c’était une des seules façons pour moi de l’aider. Je n’étais clairement pas dans mon élément. Montrer ses sentiments, ce que l’on ressent, c’est clairement pas ma tasse de thé. Je préférais plutôt aller affronter Arkillo et quelques autres du corps de la peur plutôt que faire ça. Je ne savais pas pourquoi. Sûrement un problème d’égo ? Non. Plus un problème de figure. Je ne voulais pas que les gens sachent ce que je ressentais. Je voulais que les gens voient Hal le sans peur. Hal qui s’en fout de tout. L’intrépide. Ce genre de chose. Mais surtout pas un Hal qui ressent des choses. Pourquoi ? Parce que j’avais le sentiment que ça donnait l’aspect d’être faible. Ou du moins d’exposer une faiblesse. Mais j’avais beau avoir tout ça de construit, je ne pouvais rien cacher à la personne qui se trouvait dans mes bras. Même si je tentais du mieux que je le pouvais, il y avait fort à parier qu’elle le sentirait. J’en étais même convaincu.

Mais alors que je finissais mes mots, je sentais qu’elle s’agrippait un peu plus, dans une position probablement plus confortable, mais aussi plus agréable. Étant donné qu’elle était plus petite de taille que moi, la position actuelle était parfaite et s’accordait plutôt bien. Son mouvement de tête venait confirmer mes dires. Je souriais quelques instants, portant mon regard dans les étoiles. Une once de mon esprit venait à penser à Walker. Lui qui m’avait tant répété de fois de toujours garder espoir. Que ce soit dans un jour noir ou une nuit d’enfer, que tout ce qu’il fallait faire était de contempler les étoiles car l’espoir se régénère. C’était ce que je faisais. J’avais besoin de cette lueur, de savoir et d’être sûr que tout ça ne serait que du passé bientôt, et que le futur sera bien plus rayonnant qu’il ne l’est maintenant. Un certain temps s’écoulait, alors que la voix de Carol se faisait entendre. C’était au bout de la troisième tentative que je comprenais tellement ce qu’elle voulait dire. Moi non plus, je ne le savais pas. Déjà parce que je ne l’avais jamais imaginé. Mais aussi parce que tout ça me faisait peur. Oui, c’était l’une des seules choses qui flanquaient la trouille. C’était une responsabilité bien trop grande, bien trop importante. Une responsabilité que je ne pourrais pas tenir. Pas que je m’en irais ou quoi que ce soit, loin de là, mais moi et les responsabilités, on ne fait pas bien ménage. Je panique souvent, très souvent. Il y avait de quoi paniquer.  Mais alors que je passais ma main dans ses cheveux pour tenter de la calmer, j’ajoutais. « Moi non plus, qui l’aurait cru aussi ? Et pourtant, je sais pas… Il me manque... » Même s’il n’était pas réel ou pas vraiment là. Il me manquait. Des pensées me revenaient, comme par exemple à comment allait être sa chambre, ou dans quelle école nous allions le mettre… Plein de petites questions idiotes comme cela, mais elles venaient me perforer le cœur. Ce petit bout n’était bel et bien pas de ce monde.

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hal & carol

Un soupir passa mes lèvres. Mon souffle se perdit dans les plis de sa veste, contre la matière rugueuse et usée. Lui avouer qu'être tombée enceinte avait bouleversé ma perception de la vie m'avait quelque part soulagée. Et puis, Hal partageait ma vie. Il avait donc le droit de savoir. Plus que tout, il devait savoir. Après tout, si dans le futur je voulais quelque chose de la sorte, il fallait bien que je connaisse sa position sur ce genre de choses. Avoir un enfant, n'était pas quelque chose qui se faisait seul. Ou du moins pas vraiment. Et je n'avais aucune envie de me lancer dans ce genre d'aventures par moi même. Je savais par avance que je n'avais pas les épaules pour supporter un tel poids. Une telle responsabilité. Et puis, c'était une expérience que je voulais partager. Que je voulais partager avec lui. Parce que je l'aimais et que cet enfant hypothétique futur serait le fruit de cet amour. De notre amour. Mais pour le moment une telle idée était bien loin de mon esprit. Pour l'instant, je ne pensais pas véritablement à mon futur. A notre futur. La douleur de la perte de ce petit être était trop fraîche et me maintenait à la fois fermement ancrée dans le présent et dans le passé. Passé qui n'en était même pas un. Que tout cela était compliqué. Un autre soupir passa mes lèvres et je m'enfonçais un peu plus contre le corps robuste et masculin de Hal lorsqu'il passa une main dans mes cheveux.

«  Moi non plus, qui l’aurait cru aussi ? Et pourtant, je sais pas… Il me manque... ». Malgré la situation, un fin sourire se posa sur ma bouche. Jamais je n'aurais pensé l'entendre me dire ces quelques mots. Jusqu'à présent, je n'avais pas vraiment su ce qu'il en avait pensé et en pensait actuellement. L'air de rien ces quelques mots me firent du bien. Je n'étais pas toute seule. Non pas que j'en avais douté mais … c'était toujours mieux de se le faire confirmer. Au moins, maintenant, nous savions tous deux où nous en étions. Et c'était sur la même longueur d'ondes que nous nous tenions. Doucement, je relevais mon visage de sa cachette et  plongeais mon regard bleu dans le sien. Je l'observais pendant un instant, sans rien faire de plus. Finalement, les joues encore mouillées de larmes à moitié taries, je me soulevais légèrement sur la pointe des pieds. De mes lèvres j'embrassais les siennes. Le baiser ne dura pas et fut plus un effleurement de peau qu'autre chose. Mais le geste m'apaisa. «  Et si on rentrait à la maison ? » demandais je à vois basse en me reculant. Rien dans ma phrase ne me choqua. Cela aurait pu et peut être que quelques mois auparavant cela aurait été le cas. Mais plus aujourd'hui. Ma maison était la sienne , si il en voulait. Après tout, il fallait peut être que l'on commence par cette étape là avant de sauter aux autres. On n'était pas très forts pour faire les choses dans l'ordre mais cela avait aussi du bon. Peut être alors que pour une fois cela n'allait pas nous faire de mal. Ce fut donc mue par une nouvelle volonté et une certaine émotion que je prononçais les mots suivants. «  Et ta maison cela peut l'être de manière permanente si tu le veux ». A présent, la balle était dans son camp. Après tout, je venais de faire le premier pas. C'était à lui de prendre sa décision. Et qu'importe ce que la réponse serait, j'allais respecter sa volonté. Après tout, nous n'avions jamais discuté de rien de tel. Il pouvait avoir une opinion bien différente de la mienne.  Même si j'en doutais. Après rien n'était jamais certain dans la vie. Surtout, rien n'était acquis. Cette perte nous l'avait encore une fois démontrée.

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Carol & Hal

Je la serrais toujours dans mes bras, le vents faisant bouger ses cheveux à son gré. Toujours de la même force. Rien n’avait changé. Le regard rivé sur le large alors qu’elle était contre moi. Mes mots tambourinaient dans ma tête. Ce que je venais de dire. L’importance de ce que je venais de dire. J’étais prêt ? Absolument pas. Clairement pas. Pas du tout même. Je ne l’étais clairement pas. Mais quelques fois, il suffit d’y être confronté pour se rendre compte qu’on l’est. Mais ici, j’en étais persuadé. Mais quoi qu’il en était, s’il aurait été réellement ici, je l’aurais été. Pour Lui, pour Carol. Je l’aurais été. Une mission que je n’aurais pas failli. Une des missions les plus importantes qu’on m’aurait données de ma vie. Encore plus grande que celle que me confie ma bague. Mais tout ça n’était que des rêves d’une vie qui n’est plus. Je la sentais bouger, mon regard venait se porter sur elle. Je la voyais esquisser un petit sourire, sourire qui venait d’apparaître. Était-ce dû à ma phrase ? Probablement. C’était pas tous les jours qu’on pouvait entendre Hal Jordan se plaindre du fait qu’il n’aura pas d’enfant. Clairement pas non. Elle se mettait donc sur la pointe des pieds, pour venir poser ses lèvres sur les miennes. Peu surpris, je la laissais donc faire et profitais. C’était plutôt court, mais c’était assez. Assez pour me faire comprendre sans utiliser de mots, juste par ce bref contacte.


Lorsqu’elle me proposait de rentrer à la maison, puis qu’elle me proposait de la rejoindre, habiter avec elle, j’avais un moment d’hésitation. Je ne répondais pas sur le moment, je regardais le sol, puis elle, avec un sourire, et enfin le chemin qui nous sortait de la plage. Avant de me mettre à marcher, Carol toujours dans proche. Mon hésitation venait du fait que je n’étais déjà pas présent chez moi, elle le savait, du rythme de vie que je menais. Je ne voulais pas lui imposer ce rythme en plus et encore plus si nous nous mettions à vivre ensemble. Mais c’était la suite logique de ce que nous commencions à construire. Certes, je n’y serais pas beaucoup de temps, mais le peu de temps que j’y serais, la femme de ma vie s’y trouverais aussi. Chose qui n’égaye clairement pas et qui manque dans mon appartement. Je montais avec elle, prenant le volant, je voulais lui soulager ça. Je faisais la route avec une main dans la sienne, pour lui montrer que j’étais avec elle. Aujourd’hui, demain et ainsi de suite. Une fois devant chez elle, je garais la voiture d’une façon à peu près correcte, avant de rentrer avec elle. Lorsqu’elle ouvrait sa porte et que nous rentions à l’intérieur, les deux animaux volants étaient là pour nous accueillir. Je l’accompagnais jusqu’à son canapé, lui proposait de s’y installer avant de prendre la direction de la cuisine. Hal Jordan le cuistot était de mise. Je lui demandais donc. « Tom me dit que tu manges moins en ce moment, qu’est-ce qui te ferait plaisir ? » disais-je tout en inspectant ce qui se trouvait devant moi, c’était du chinois pour moi, je n’avais pas l’habitude de cuisiner, mais j’allais essayer si ça pouvait permettre de penser à autre chose, et de m’occuper un peu d’elle. Alors que je commençais à toujours à deux trois ustensiles, manquant de faire tomber un pot en verre, je profitais de son temps de réflexion pour sortir un plateau, où je posais une assiette, une fourchette ainsi que le reste d’un kit de cuisine. Lorsque je relevais la tête vers elle, je l’observais de loin. Je n’aimais pas la voir dans cet état, et si ça allait me prendre des semaines pour qu’elle aille mieux, et bien c’est ce que j’allais faire. Le reste n’avait pas autant d’importance. Et puis même si les gardiens m’invoquaient, je les enverrais promener. Je n’allais pas être Green Lantern toute ma vie, alors que mon amour pour elle l’était, lui. Intemporel.  

In the waves I've lost every trace of you
hal & carol

Il reste silencieux et je me mordais la lèvre soudainement inquiète. J'étais prête à respecter son choix mais cela ne voulait pas dire que même en comprenant sa position je ne serais pas blessée par cette dernière. Pour autant, je n'ajoutais rien. Et je n'essayais pas de le convaincre du bien fondé de ma proposition. Après tout, c'était à lui de se décider. Et cette décision je préférais qu'il la prenne en toute connaissance de cause sans avoir été forcé ou autre. C'était important. Pour lui. Pour moi. Pour notre avenir à deux.  Finalement, il ne me répondit rien mais prit ma main dans la sienne et me mena le long du petit chemin de sable pour me ramener à la voiture. Je lui donnais les clés de cette dernière lorsqu'il me les demanda et allais m'installer côté passager. Je n'avais pas l'habitude de me faire conduire mais j'appréciais grandement le geste. J'étais épuisée et mes yeux papillonnaient déjà à moitié de sommeil. Conduire aurait été une véritable torture. Pendant le trajet, il garda ma main dans la sienne. Le simple geste gonfla mon cœur d'une joie indescriptible. Hal – pour sa grande bouche et son humour douteux – était souvent un homme de peu de mots lorsqu'il s'agissait de parler de ses sentiments. Il n'avait jamais été à l'aise avec ces derniers et préférais éviter les conversations qui s'y rapprochaient de loin ou de près. Avec moi cependant, il n'avait eu guère le choix. Un couple, après tout, était basé sur la communication. Parler de ce qu'on ressentait était donc une nécessité. Surtout, c'était le seul moyen de savoir que l'on évoluait sur la même longueur d'ondes. Pour autant, cette fois là, il n'eut pas besoin de plus. J'avais compris. Ce fut donc avec un sourire aux lèvres, que je posais même tête sur son épaule et me rapprochais autant de lui que possible sans gêner sa conduite et ses mouvements.  

Après quelques minutes seulement, la voiture fut garée et je me posais dans mon canapé. Mon premier geste fut d'enlever mes chaussures avant de me lever pour passer dans ma chambre. Dans cette dernière, je me délaissais de tous mes vêtements serrés et m'habillais de vêtement d'intérieur ample et confortable. De leur douceur et de l'effet cocooning qu'ils procuraient j'en avais bien besoin ce soir. Pour Hal, je sortais une paire de survêtement et un vieux tee-shirt blanc que je laissais en évidence sur l'édredon de mon lit king size. Une fois changée, je revenais dans le salon et  me laissais tomber une nouvelle fois dans mon canapé. Je ne restais cependant pas tranquille bien longtemps car mes oiseaux ne se firent pas prier pour me rejoindre sur ce dernier. Un léger sourire s'accrocha à mes lèvres devant leurs piaillements et âneries. Tous les moyens semblaient bon pour attirer mon attention. « Tom me dit que tu manges moins en ce moment, qu’est-ce qui te ferait plaisir ? ». «  Bah tu diras à Tom qu'il est viré » répondais je soudainement avec humeur. Non mais de quoi se mêlait il au juste ? J'avais encore le droit de faire ce que je voulais. Et puis, ce n'était pas comme si j'étais à l'article de la mort. Bien sur, je n'allais pas renvoyer mon ami pour si peu mais tout de même cela me vexait qu'il aille raconter ce genre de choses à Hal. Et ce même si cela partait d'un bon sentiment et que c'était son rôle d'ami proche que de s'inquiéter des choses qui lui paraissaient anormales. Finalement, je soupirais. Je n'aimais pas être aussi transparente. Cela me mettait dans une situation de vulnérabilité que j'exécrais. Cependant, difficile de faire autrement. J'étais triste et incapable de le cacher. Cette peine elle était beaucoup trop forte, beaucoup trop omniprésente pour être mis efficacement de côté. Je n'étais donc pas surpris d'entendre que mes amis s'étaient rendus compte de mon état. Même si je faisais ce que je pouvais pour paraître normale. «  Et si on commandais à manger ? » demandais je en me radoucissant et en m'enfonçant dans mes gros coussins couleur crème. Téléphone déjà en main, j'attendais simplement Hal me rejoigne. J'étais touchée par le fait qu'il voulait me faire à manger mais je connaissais assez bien ses talents pour avoir envie d'éviter un désastre. Jordan avait des talents par dizaines … la cuisine n'en faisait pas partie. Et honnêtement, je n'avais pas envie de rajouter une cuisine en feu à ma liste longue comme le bras de problèmes et autres choses à gérer. Lorsque l'homme se posa à mes côtés, je me calais contre son flanc et lui montrais les différentes options qui s'offraient à nous. Après quelques bavardages, ce finalement la cuisine thaï qui retint notre attention.  La commande passée, je laissais mon téléphone à mes côtés et fermais les yeux en me calant un peu plus contre lui. Aujourd'hui j'avais tout simplement besoin de sa chaleur et de sa présence. Ce soir, il était mon rocher, ma bouée, mon ancre. J'avais besoin de lui. J'avais besoin de son contact.

In the waves I've lost every trace of you
Carol & Hal

La dame voulait commander plutôt que je lui fasse quoi que ce soit. C’était une sage décision, elle évitait probablement que sa cuisine ne prenne feu. C’était imagé bien-sûr, je n’étais pas à ce point mauvais, mais mon rayon dans le domaine de la cuisine était bien plus réduit qu’autre chose. Je reposais donc les ustensiles où je les avaient trouvés, pour ensuite la direction de Carol. Avant de voir qu’elle m’avait laissé quelques vêtements pendus sur le bout de son lit, je les voyais du coin de l’œil. J’entrais donc dans sa chambre pour retirer ceux que j’avais déjà, et j’enfilais les nouveaux, plus souples et plus décontractés. Je pouvais faire mes mouvements avec une plus grande facilité, ce qui m’arrangeait plus même si je n’allais pas faire de la gym non plus, j’aimais juste pouvoir bouger à mes aises, peut-être trop habitué aux tenues du lantern Corps. Quoi qu’il en était, j’avais donc fait le changement, et je rejoignais Caroline sur le canapé, là où elle tenait déjà un téléphone dans sa main, prête à faire le numéro qui correspondait à notre choix, alors qu’avec son autre main, elle me montrait un catalogue avec diverses enseignes, tous variées dans la restauration. Le choix fut vite porté vers la cuisine Thaï.

La dame commandait donc avant de reposer le téléphone, et de venir se caler un peu plus, et de finir par fermer les yeux. Plusieurs minutes passèrent, et son souffle se régularisait, signifiant qu’elle s’était endormie. Je laissais quelques autres minutes passer, lui laissant le temps de tomber dans un sommeil un peu plus profond avant de me décaler tout doucement, sans qu’elle ne se réveille. Je posais délicatement sa tête contre le coussin avant d’aller dans sa chambre ouvrir le lit, je faisais demi-tour pour la récupérer, je la prenais avec tant de douceur, que je me surprenais moi-même. J’étais plutôt le bourrin habituellement, mais aujourd’hui, j’allais faire dans ce domaine. Tout comme je prenais du verre dans mes mains, je l’apportais sans qu’elle ne ressente le changement ou le mouvement, avant de la déposer sur son lit, la couvrant avec ses parures ensuite. J’allais donc dans la salle, j’attendais que le livreur vienne, pour réceptionner le colis, mais aussi l’empêcher de faire retentir la sonnette, au risque de réveiller la dame. Nul n’allait le faire, c’en était ma mission. Est-ce que j’étais ridicule à prendre ce job trop à cœur ? Absolument, mais il le fallait. Une fois la transaction faite, j’allais le mettre dans le micro-onde, pour que ce soit dégusté plus tard dans la soirée, ou peut-être demain, mais pas pour le moment. J’allais rejoindre Carol au lit, même si j’avais cette capacité à ne jamais sembler fatigué, ce n’était qu’une apparence, je ressentais la fatigue comme tout autre être humain. Il fallait donc aussi que je me repose un peu, et être en plus aux côtés de la femme que j’aimais était le comble. Une soirée qui semblait si mal mais qui s’est finalement mieux passé que ce que je le pensais, un cap venait d’être franchis, un cap qui n’avais jamais été franchis par le passé, c’était le début de peut-être quelque chose de nouveau, d’une nouvelle dimension.