(susan) he never wanted to leave

Susan would dance with her ghosts
The ones she had lost and the ones she had found
And the ones who had loved her the most







«  Maman ! » s'éleva une voix de l'étage. « J'arrive » criais je en retour pour me faire entendre de la petite fille qui devait sagement m'attendre dans son lit.  Je finissais tout de même la vaisselle avant d'essuyer mes mains et de monter l'escalier pour la rejoindre. Avec une habitude nouvellement acquise, j'évitais la cinquième marche. Celle ci grinçait affreusement à chaque fois que l'on mettait le pied dessus. Le bruit n'était pas sans me rappeler ceux des films d'horreurs , toujours porteurs de mauvais présage. Je supposais que c'était aussi bien qu'une alarme. Il n'y avait rien de tel pour entendre un intrus qu'une marche récalcitrante. Malgré ce petit détail – à la limite du sordide si l'on laissait vagabonder son imagination – j'aimais notre nouvelle maison. Certes, elles était petite et assez étroite mais elle était fonctionnelle. Nous avions tout ce dont nous avion besoin : deux chambres, une salle de bain, un wc séparé et une grande salle de séjour où nous aimions passer du temps en famille pour regarder la télé où jouer aux jeux de société. Surtout, il n'y avait pas de vis à vis. La vue donnait sur l'immense place en contrebas et s'étendait jusqu'au petit parc où Zoé aimait aller se promener. Il y avait là bas, caché par les arbres, une petite marre au canards qu'elle affectionnait tout particulièrement. Cet endroit n'avait donc rien à voir avec notre appartement à Gotham. Tout me semblait plus agréable. Pourtant, je devais avouer regretter un peu ma ville natale.  Gotham City avait cette attraction sur ses habitants. Une attraction qu'il tait souvent difficile d'ignorer ou d'oublier. «  Maman ! » rappela la voix. Le cri d'appel fut suffisant pour me sortir de mes  pensées et pour me forcer à reprendre ma route, détachant mon regard de la vue extérieure qui filtrait à traverser la fenêtre présente dans la cage d'escalier.

Avec un petit sourire tendre, je passais l'encadrement de sa porte. Un rire remonta légèrement le long de ma gorge lorsque je la découvrais enroulée dans toutes ses couvertures comme un petit saucisson. «  En voilà un joli paquet » m'amusais je en m'asseyant à ses côtés. Sans avoir besoin de me faire violence, je me penchais pour déposer un baiser sur son front. Une fois relevée, je passais mes doigts sur son visage pour chasser les quelques mèches blondes et rebelles  qui s'étaient posées sur son joli petit minois. Zoé me ressemblait tellement. Cheveux blonds, yeux bleus. Elle était presque ma copie crachée et je ne pouvais que remercier le ciel qu'il en soit ainsi.  «  Tu me racontes une histoire ? ». «  Bien sur ma chérie, tu veux laquelle ? ». «  Je veux que tu me racontes comment tu as rencontré papa ». Pendant l'espace d'un instant, je me figeais, le regard perdu dans le vide. Je reprenais cependant bien vite pied avec la réalité et lui lançais un regard qui en disait long. La petite fille se contenta de me sourire innocemment, ouvrant ses grands eux bleus pour accentuer son petit effet. Evidemment, elle ne me dupait pas. Si Zoé était une enfant adorable.. elle ne restait qu'une enfant. Et les enfants étaient connus pour leur cruauté et leur égoisme. Malgré tout, c'était notre rôle à nous de les soutenir et de les élever du mieux que l'on pouvait pour en faire des personnes honnêtes et honorables. Un rôle qui me revenait exclusivement. Il ne fallait pas trop compter sur son père pour être ces deux qualificatifs. Avec un soupir, je craquais et accédais à sa requête. L'enfant se  cala encore plus confortablement dans son lit et m'accorda toute son attention.

Presque amusée par son affront – le mot clé étant presque-, je secouais la tête et commençais mon retour dans le passé. Je lui parlais comme toujours en premier lieu de la jeune fille que j'avais été. Une jeune fille née dans le milieu privilégiée de Gotham avec une cuillère en argent dans la bouche. Enfant, j'avais eu tout ce que je désirais.  Malgré ma classe sociale, je n'aspirais qu'à une seule chose : la liberté. Etre née riche sur le papier semblait magnifique mais la réalité était tout autre. Je n'avais jamais été faite pour le milieu conservateur dans lequel j'étais née. Il y avait trop de règles, de protocoles, de codes. Trop de non dits et qu'en dira t-on aussi. Tout cette mascarade m'avait toujours donné la nausée. Je m'étais sentie étouffée, brimée jusqu'à n'être qu'une version épurée de moi-même. En prenant de l'âge, j'avais bravé les interdits et m'étais faite toutes les mauvaises connaissances. Du moins de l'avis de mes parents qui voyaient mes escapades dans les autres quartiers de Gotham comme une disgrâce. N'ayant cure de leur mépris et de leurs esprits étriqués, j'avais continué. Jusqu'à rencontrer Floyd. Son père. L'homme que j'avais aimé de tout mon être. L'homme que j'aimais encore quelque part malgré la rancœur et la haine. Après tout ces derniers évoluaient sur le même fil, l'équilibre entre eux toujours précaire.  A ce moment du récit, je prenais une pause avant de reprendre la gorge presque nouée douloureusement par l'émotion. Floyd. Ce nom était presque tabou à présent dans notre maisonnée. Pour autant, je le revoyais dans sa jeunesse comme si c'était hier. Tout chez lui criait le danger dès le premier moment. Un fait qui ne m'avait pas empêché de plonger tête la première dans ce dangereux piège qu'était l'amour. Un piège qui m'avait rendue heureuse pendant un temps. Malgré les interdits et les bâtons dans les roues mis par mes parents – qui avaient d'ailleurs fini par me renier - nous avions vécu une histoire passionnelle et passionnante. Une mariage, deux enfants. Tout cela pouvait paraître si idyllique. «  Est ce que tu regrettes ? ». «  Est ce que je regrettes quoi mon amour ? » lui demandais je en reposant mes yeux bleus sur elle. «  d'avoir rencontré papa ? ». «  Non jamais ». «  Pourquoi ? ». «  Parce qu'il m'a offert le plus beau des cadeaux mon ange.. toi » lui répondais je en déposant à nouveau mes lèvres sur sa peau douce. «  Maintenant c'est l'heure de dormir Zoé » lui apprrenais je. La petite fille râla quelques secondes avant de faire ce que je lui avais ordonné. Elle me souhaita une bonne nuit et j'en fis autant avant de me pencher pour éteindre sa petite lampe de chevet. «  Tu sais … Eddie me manque » déclara t-elle alors que j'allais fermer la porte de sa chambre. «  A moi aussi il me manque » réussis je à articuler avant de fermer la porte dans mon dos.

Main toujours sur la poignée, je restais immobile et silencieuse. Entendre le nom de mon fils me faisait toujours l'effet d'une douche froide. Il était synonyme d'une douleur incommensurable. Une douleur qui n'avait jamais eu cesse de m'enserrer le cœur. Yeux déjà humides, je me forçais  bouger pour retourner dans le salon.  Je n'allais cependant pas bien loin lorsque mon regard accrocha la bouille joyeuse de mon petit garçon, à jamais immortalisée sur le papier glacé d'une photo. Les lèvres tremblantes, j'attrapais le cadre. Je serrais ce dernier contre moi avant de me laisser glisser le long du mur jusqu'à m'asseoir au sol. Dès que je fermais les yeux, je pouvais l'imaginer avec clarté face à moi. Je pouvais entendre le son de sa voix, le carillonnement de ses rires d'enfants. Jusqu'à ne plus rien entendre que le silence laissé par sa disparition. Par sa mort. Perdre un enfant n'était pas dans l'ordre des choses. Et personne ne vous préparez donc jamais à l'effet que cela faisait. A la culpabilité et à la dépression. A cette impression d'avoir échouer. Une impression qui était plus une réalité qu'autre chose. C'était mon rôle de mère que de protéger mes enfants. Et j'avais échoué. Mon fils était mort. Mort après avoir subi le martyre.  Bien sur, je blâmais les circonstances sur Floyd. Il était responsable de sa disparition. Son fichu boulot était responsable de son enlèvement. Mais je me blâmais aussi pour ne pas avoir pu faire quelque chose. Plusieurs psychologues s'étaient relayés pour me faire comprendre que je n'y étais pour rien. Mais le savoir et le mettre en pratique étaient deux choses bien différentes.  Aujourd'hui, il n'y avait plus que Zoé. Et il était hors de question que quelque chose de la sorte lui arrive à elle aussi. Je devais la protéger coûte que coûte. Je la protégeais dès lors de son père, le criminel,  mais aussi du reste du monde et de ses menaces.  De darkseid au syndicat du crime et leurs esprits de conquête destructrices. Elle avait toujours été ma priorité. Et même si nous avions souffert de tous ces mois sans soleil, de toutes ces horreurs, nous avions survécu. Zoé avait été épargné autant se faire que peut. Je ne pouvais demander rien de plus. C'était mon rôle de lui offrir la meilleure vie possible et ce malgré les circonstances. Zoé ne devait manquer de rien. Et sans parents ou mari pour m'épauler, je construisais son avenir à la sueur de mon front.

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