but I can see the fire's still alight | arthur

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Cette prison était une disgrâce. Et Black Adam, lui, était d’une humeur massacrante, alors qu’il traversait le ciel de New Themyscira de long en large et en travers, à en tester les limites, tout ça pour se heurter à un champ de force qui résistait même à la force d’Amon et au pouvoir d’Aton, peu importait le nombre de tentatives qu’il y mettait. Furieux, le champion du Kahndaq finit par asséner un ultime coup de poing mâtiné de l’éclair vivant à ce gigantesque dôme qui avait l’audace de le retenir prisonnier – et le retour de bâton fut d’une telle force qu’il se vit propulsé droit vers le sol et s’écrasa dans un bâtiment en ruines qui acheva tout à fait de s’écrouler sous la force de l’impact. Un effondrement dont Adam se releva sans égratignure – sauf celles portées à son amour-propre. Quelqu’un, ou quelque chose, l’avait arraché à son pays, et l’avait fait prisonnier de cette gigantesque arène pour sa propre distraction. Il ne savait pas qui, il ne savait pas comment. Mais il savait le pourquoi, et ça lui suffisait amplement pour justifier son accès de colère. Impuissant, Adam leva les yeux vers le ciel, cherchant à distinguer les filaments pernicieux de ce bouclier qui l’empêchait de sortir. Ca n’était que partie remise, se promit-il. Il était pris au piège pour l’instant, et visiblement n’était pas le seul – mais sitôt qu’il serait face au responsable de cette indignité, il se ferait un plaisir de lui administrer une correction qu’il n’oublierait même pas une fois que son âme serait passée sur la balance de Ma’at. Le champion baissa à nouveau les yeux sur ses mains, parcourues de l’éclair vivant comme si ce dernier, lui aussi, se rebellait contre leur sort. Au milieu des ruines, Black Adam restait seul, absorbé dans ses pensées.

La créature qui les avait amenés ici l’avait arraché à son palais, à son royaume, mais il ignorait encore ce qu’il était advenu du Kahndaq lui-même. Zehuti, dans son infinie sagesse, et sa propre expérience avaient très vite éclairé ces questions complexes de multivers pour lui, mais trop de points d’interrogation subsistaient encore, et le destin de son peuple était le plus primordial de tous. Adam serra les poings, et afin de ne pas céder à un nouvel accès de rage infructueux et superflu, se remit en route, marchant au milieu des débris en restant attentif à son nouvel environnement. Il n’avait jamais vu, et encore moins visité Londres, ville lointaine d’Occident qu’il tenait dans le même mépris que les autres, et qui prouvait elle aussi son inhérente fragilité maintenant qu’elle gisait dans la poussière. Ses yeux balayèrent les rives dévastées de la Tamise et la chapelle de Westminster complètement rasée par les conflits. New Themyscira, royaume de désolation et de cruauté sous le joug des Amazones et des Atlantes de cette Terre… Il y avait là de quoi s’interroger. Mais, pour aussi différente que soit cette Terre par rapport à la leur, Adam avait au moins le soulagement de toujours sentir avec lui la présence des dieux, dont l’influence devait s’étendre jusqu’à cette Terre. Vaisseau du panthéon égyptien, il apportait avec lui leurs pouvoirs où qu’il soit – en revanche, il peinait à sentir la moindre trace de magie un tant soit peu familière en ces lieux. Circonspect, le champion s’approcha prudemment de la digue longeant la Tamise, et du pont de Westminster, l’un des deux seuls ponts encore debout qu’il lui ait été donné de voir durant son survol de la ville. Et enfin, il remarqua une silhouette – et une aura, familière, résidue d’un célèbre trident tellement unique qu’il en reconnaîtrait l’aura divine partout.

« Aquaman. » l’apostropha-t-il sombrement. S’agissait-il seulement du véritable Aquaman ? Zehuti murmurant à son oreille, il en conclut que son aura ne mentait pas. Cet Arthur Curry devait être celui de sa Terre d’origine. Et il n’était absolument pas quelqu’un qu’Adam aurait souhaité croiser, et réciproquement, sans doute, après la débâcle des Sept Péchés Capitaux, mais hélas, il semblait bien qu’il n’ait guère d’autre choix à l’heure actuelle. « Ta Ligue a-t-elle une idée du responsable qui a eu l’outrecuidance de faire de nous des rats de laboratoire, ou a-t-il aussi réussi à démembrer votre joyeuse bande ? » demanda-t-il sans chercher à dissimuler sa mauvais humeur ni son animosité. Des Amazones et des Atlantes qui se livraient à une guerre ouverte – une humanité en danger, et maintenant, leur planète à eux sur le fil du rasoir. Et la magie ; là non plus Adam n’était guère porteur de bonnes nouvelles, et il avait bien l’intention de le lui faire savoir. « Je ne peux plus accéder au Roc de l’Eternité, et j’ai beau fouiller chaque parcelle de magie de cette maudite ville, aucune trace de l’autre champion. Si votre cher Captain Marvel est à New Themyscira, il a retrouvé sa forme mortelle… » Et les dieux seuls savaient combien de temps un enfant de quinze ans survivrait dans cette arène. « … ou bien il est déjà mort. » Une perspective qui aurait dû réjouir Adam. Mais sur cette Terre hostile, dans ce contexte ? Les Hommes de Terre-1 allaient avoir besoin de leur champion. De Billy Batson. Et l’idée que les Amazones ou les Atlantes de cette maudite planète aient pu lui mettre la main dessus le faisait bouillonner plus que de raison. Les yeux rivés dans ceux du roi d’Atlantis, le roi du Kahndaq étendit le bras pour embrasser le paysage désolé tout autour d’eux. « Ton peuple a fait ça, Aquaman. Sont-ce eux aussi qui nous ont amenés ici ? » demanda-t-il, bien décidé à enfin obtenir des réponses.

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Teth Adam • Arthur Curry

Arthur Curry errait sur le pont délabré de Westminster. Profusion de carcasses de voiture sur l'endroit qui enjambait la tamise. Quelques squelettes de cadavres anciens. Là, le corps d'un atlante. Ça datait d'un combat qui remontait à loin, mais on reconnaissait la nature du squelette juste à son armure ouvragée qui prenait la poussière. Les tenus de l'armée d'Atlantis n'étaient pas si différentes d'une terre à l'autre songea Arthur. Il ramassa le trident écaillé qui traînait inerte aux pieds du mort. Il le soupesa dans ses mains un peu comme il l'aurait fait avec un objet ordinaire pour l'aider dans ses réflexions.

Une voix l'appela en l'air. Arthur leva les yeux. Oh non pas lui… Pourquoi fallait-il que dans ce monde maudit il croise la route d'un des rivaux de la Justice League plutôt qu'un de ses alliés ? Il riva un regard noir sur Adam, s'apprêtant à en découdre, mais dès que le méta-humain posa sa question, le visage d'Arthur laissa place à l'étonnement. Il n'avait clairement pas affaire au Black Adam de Terre-4, mais à celui de Terre-1. En tout cas il semblait visiblement aussi désemparé qu'Arthur, à le questionner sur le sort de sa ligue et sur l'identité de leur ravisseur.

« J'en sait foutrement rien. »

Et il resta indifférent aux indications de Black Adam qui enrageait d'être coincé ici, incapable de s'évader de l'endroit avec ses pouvoirs. En temps ordinaire, Arthur lui aurait lancé une bravade narquoise du genre : ça fait quel effet d'être coincé et de se sentir impuissant comme un humain normal? Mais vu son état d'esprit actuel il resta morose, le visage terne, se contentant de balancer le trident qu'il avait ramassé dans un geste négligent. L'arme poussiéreuse retomba à proximité du sol au dessus duquel Adam lévitait. Le message d'Aquaman était clair et se passait de commentaire : tu crois que je suis mieux lotit que toi ? Même avec mes capacités je n'ai pas plus d'influences que toi sur ce monde.

Adam le prit directement à partie sur SON peuple et s'interrogea en passant pour savoir s'ils avaient joué un quelconque rôle dans tout ça. Arthur qui avait tourné le dos à Teth et croisé les bras en observant la Tamise en contrebas, répondit :

« Crois moi, pour la première fois de ma vie j'ai honte d'être atlante, quand je vois ce qu'ils ont infligés à cette terre. Et ce n'est plus vraiment mon peuple. Aussi bien ici que sur notre monde à nous. »

Il faillit lui révéler en passant qu'il n'était plus leur roi sur Terre-1, qu'il avait abdiqué avec ressentiment et renoncé au trône dans son chagrin. Mais il préféra éviter d'aborder le sujet avec ce type là qui restait l'un des rivaux les plus intraitable de toute la communauté des justiciers méta-humains. Et à propos de cette communauté, Arthur avait pour le moment un sentiment d'inutilité. Il s'était retrouvé sur ce monde dénué de son armure et de son trident. Il avait été transporté ici alors qu'il était plongé dans ses réflexions et ensommeillé, accoudé au comptoir du bar d'Amnesty Bay, dans sa tenue sombre d'homme des mers.

Arthur se retourna, fouina dans l'épave d'une voiture et en arracha avec sa force la banquette arrière complète qu'il déposa au sol. Il s'affala dessus dans une sorte d'ironie mordante, même s'il tournait vers Adam un visage dénué d'humour.

« Va y prends toit une banquette, tu as le choix des épaves. Puisqu'on a rien d'autres à faire, autant discuter entre ennemis non ? Un concept nouveau pour toi peut-être ? »

Pour la première fois depuis qu'il s'était réveillé sur Terre-4 Arthur afficha son sourire moqueur. Puis, toujours assis, joignant ses deux mains dans un geste de réflexion, il prit une attitude plus sérieuse.

« Passons tout ça en revue. Notre ravisseur nous as fait entendre un message de bienvenue. Appelons le : « Le Collectionneur », puisqu'il s'est désigné ainsi. Tu n'as pas la moindre idée de qui il est et moi non plus. Ce qui veut dire qu'il n'est vraisemblablement pas lié à nos… univers respectif, à savoir le monde magique pour toi et le monde des profondeurs pour moi. Si ça se peut c'est un ennemi de Wonder Woman, un des dieux de ce foutus panthéon ? Ou bien un de ces savant fous aux pouvoirs technologiques avancés qu'Amanda Waller passe son temps à courser ? Voir même un de ces foutriquet du cosmos, comme ceux que Green Lantern ou Superman ont pour habitude de remettre dans le droit chemin? »

Depuis sa banquette Arthur se pencha, ramassa un rétroviseur de voiture cassé par terre et le balança en l'air par dessus le pont, un peu comme l'aurait fait un quidam qui jette une pierre vers un fleuve pour voir s'il est capable de la lancer loin.

« Quelque soit notre nouvel ennemi, ça me tue de le dire, mais pour en réchapper, on va encore devoir tous s'associer ensemble, comme pour le Syndicat du Crime et cie. Mais si t'as une meilleure idée je suis preneur.»

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Adam aussi aurait préféré tomber sur à peu près n’importe qui, tant qu’il ne s’agisse pas d’Arthur Curry – ou d’un quelconque représentant de la Ligue de Justice, d’ailleurs. Ils ne s’étaient pas exactement quittés en bons termes après qu’Adam ait consenti à aider Marvel à ré-enfermer les péchés, et c’était là une défaite que le champion déchu avait encore du mal à digérer. Mais Aquaman n’avait pas l’air particulièrement déterminé à passer à l’offensive, ni même à offrir figure belliqueuse – dépourvu d’armure, de trident, et visiblement aussi de combativité à son endroit. Ses paroles, aussi cryptiques soient-elles, ne manquèrent pas d’achever de désamorcer la propre agressivité d’Adam, qui fronça les sourcils et se contenta de le fixer du regard en survolant au-dessus du sol alors qu’il arrachait une banquette à une malheureuse carcasse de voiture. Hélas, ils avaient plus urgent à faire que de discuter des affaires internes d’Atlantis – quand bien même le champion aurait eu quelques questions à lui poser. Mais soit ; Adam déclina silencieusement sa proposition, bien plus à l’aise dans les airs à surplomber son interlocuteur et la scène désastreuse qui servait de décor à leur conversation. Il apparaissait donc qu’Aquaman était déjà au fait des agissements de ‘son’ peuple sur cette Terre, mais qu’il ne disposait guère de plus d’informations que lui, à en juger par la nonchalance avec laquelle il avait répondu à son apostrophe. Voilà qui l’avançait bien. Adam contint un soupir contrit et, l’espace d’un instant, envisagea de tout bonnement s’envoler et repartir à la recherche de quelqu’un de plus avisé – mais qui ? Il ignorait qui d’autre avait été enlevé sur cette abomination de planète, et pour autant qu’il en savait, il était même possible qu’en dehors d’Aquaman, il ne compte aucune figure familière sur ce champ de bataille.

« Tu n’as peut-être rien d’autre à faire, mais moi, j’ai un royaume à protéger – et le sort de son peuple à déterminer. » rétorqua Adam, dont le sens de l’humour déjà fort limité était présentement dans le même état que le trident d’Aquaman : aux abonnés absents. Et pourtant, il ne bougea pas de son point de survol, Black Adam, et au contraire prêta une attention réfléchie aux paroles de son ennemi, quand bien même son regard se promenait sur la scène de désolation qui s’étendait tout autour d’eux, et même au-delà de la Tamise. Il avait raison. Ce Collectionneur, qui qu’il soit, ne correspondait en rien à une menace qu’il avait déjà pu affronter, que ce soit depuis son retour au Kahndaq ou il y a trois mille ans de ça au service de Rasmsès II ou du prince Khufu. Et ce qui l’inquiétait plus encore, c’était le silence perplexe de Zehuti à ce sujet. Si même le dieu de la sagesse et du savoir était incapable de l’éclairer sur la situation, alors il était plus que certain que cette nouvelle menace n’avait rien de mystique, ni de terrien. Adam resta tout d’abord silencieux, observant Arthur se saisir d’un rétroviseur et le jeter dans la Tamise – décidément, Atlantis avait de curieuses exigences lorsqu’il s’agissait du standing de leur roi – puis accepta enfin de se fendre d’un commentaire constructif. « Je doute qu’il s’agisse là d’une action divine. A ma connaissance, même les Olympiens ne sont pas capables, ni désireux, de tels faits de déplacements entre les dimensions. Seul des faux dieux du calibre de Darkseid auraient l’inconscience ou le culot de déranger de la sorte l’équilibre du multivers. » remarqua-t-il sombrement. Ce qui laissait dans la liste des suspects les menaces extra-terrestres ou ces scientifiques insensés qu’Aquaman avait mentionnés. Autant dire que la liste était remarquablement longue.

Adam soupira, peu enthousiaste à l’idée que la proposition d’Arthur sous-entendait, mais avait-il vraiment le choix, dans ces circonstances ? Le terme d’association était peut-être un peu fort pour parler de ce qui les avait unis contre le Syndicat du Crime, mais cette fois, il allait falloir faire plus que prêter la force que lui conférait Amon dans la bataille. « Ca ne me réjouit guère, mais tu as raison. Qui que soit l’adversaire qui nous a joué ce tour, ses plans dépassent de loin les intentions d’invasion primitives de Darkseid, ou d’Ultraman et ses pathétiques acolytes. Cette fois, c’est d’une extermination pure et simple qu’il s’agit – et les forces sont déséquilibrées. » Enfin, Adam consentit à mettre fin à sa lévitation et toucha terre, pour se poster à quelques pas de son interlocuteur, les bras croisés sur son large torse. Aucune trace de Luthor, ni d’aucun de ses alliés habituels, lorsqu’il avait survolé la ville – faire la fine bouche ne faisait pas partie des possibilités, ici. « Tu es sans trident et visiblement sans ton armée. Je n’ai vu aucune force Amazone prête à s’opposer à celles de cette Terre-ci. Quant à moi, j’ignore ce qu’il est advenu du Kahndaq de cette Terre, et je n’ai aucune idée de si certains de mon peuple ont pu me suivre ici. » Un constat qui suffisait à faire bouillir le sang dans ses veines – mais les kahndaqi étaient résilients, se forçait-il à se rappeler. Avant son retour il y a quelques années à peine, la guerre était tout ce qu’ils avaient connu pendant des siècles. Si des gens étaient capables de survivre ici, c’était bien son peuple. « Si cette entité a l’intention d’organiser une guerre entre nous et les habitants de cette Terre, ils ont trop d’avantages pour le moment. La connaissance du terrain, l’équipement – ils sont déjà en pleine guerre, par les dieux ! » Et si eux perdaient face à ces adversaires à la fois trop familiers et parfaitement étrangers… Les poings d’Adam se serrèrent à en blanchir ses phalanges. Non – hors de question qu’il faillisse à son peuple de la sorte. A son peuple – et à ses devoirs de champion, quoiqu’en dise le Sorcier. « Nous devons découvrir qui d’autre nous a suivi ici. Trouver des alliés, établir une trêve entre nous si nécessaire, comprendre comment ce monde fonctionne, et nous organiser. Je n’ai fait que survoler la ville et tester la résistance du bouclier qui nous empêche de sortir pour l’instant – impossible de passer au travers, ni avec la force d’Amon, ni avec le pouvoir d’Aton. » Même les dieux seuls, cette fois, ne pourraient pas les tirer de ce mauvais pas. « As-tu croisé qui que ce soit d’autre de notre planète ? »

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Teth Adam • Arthur Curry

Black Adam doutait qu'il s'agisse d'un dieu Olympien. Ce qui contenta Aquaman qui avait encore de mauvais souvenirs de ces gens là : Arès le destructeur qui répand la mort dans les villes début 2017. L'année suivante il avait croisé la route de Zeus le dédaigneux à Themyscira, en froid avec la reine amazone et avec Diana. Et puis Poséidon aussi… qui ne semblait pas ravit que son trident, confié au légendaire Atlan, soit maintenant entre les mains de lui… Curry le médiocre hybride chevelu buveur de bière. Mais on était maintenant en 2019 et Poséidon n'était jamais revenu réclamer son trident. Ce qui devait signifier qu'il considérait Arthur comme digne de le brandir au combat ? Plus aucune importance maintenant qu'il n'était plus roi d'Atlantis. Le salopard de dieu poisson pouvait se le reprendre, Arthur endeuillé par la mort de son fils ne s'en formaliserait même pas.

Black Adam s'il n'imaginait pas un olympien être responsable de ça, soupçonnait quand même Darkseid. La réflexion était logique, le tyran d'Apokolips préparait son retour depuis des lustres, la Justice League le savait très bien. Et ce n'était pas un hasard si sa salope de fille avait été envoyé en avant-garde, à attaquer l'île de Themyscira et à dérober un enfant doté de pouvoirs. A l'époque Arthur s'était promis de la traquer jusqu'au bout du monde pour avoir enlevé le nourrisson. Et maintenant que son propre fils même pas né était mort, il avait encore plus envie d'arracher l'autre gosse des griffes de Graal juste pour avoir une vengeance posthume sur Black Manta, avant de mettre la main sur lui. Mais pour en revenir à Darkseid, Arthur avait quand même du mal à l'imaginer responsable de leur arrivée sur Terre-4. Ça ne ressemblait pas aux méthodes du dieu noir d'Apokolips. Leur pire ennemi était un génocidaire qui ne s'embarrassait pas de subtilités.

Aquaman constata que malgré ses colères célèbres et son abord peu avenant, Black Adam restait animé par la raison. Qu'il acceptait l'association entre des gens comme eux deux par pragmatisme pour combattre les dangers de ce nouveau monde. C'était toujours ça de gagné. Adam passa en revue leurs possibilités, leurs atouts et points faibles. Il énuméra tout ça en se rapprochant d'Arthur. L'atlante ne put s'empêcher de jeter un regard aux muscles de cet adversaire. Adam avait des bras aussi massifs que lui et des épaules aussi robustes, mais son torse semblait encore plus large, et il disposait d'une plus grande allonge, dépassant légèrement Arthur en taille. Curry ne put s'empêcher de se demander (fierté masculine oblige) lequel des deux battrait l'autre dans un bras de fer.

« Non j'ai croisé personne encore. Visiblement c'est vers la résistance locale qu'on doit se tourner. Mais je ne sais absolument pas comment les contacter. Notre avantage c'est que les deux armées en présence passent leur temps à s'affronter et donc ne ferons pas attention à nous. Et si tu veux mon avis, je pense que sur ce monde là, la Justice League n'a jamais existé. »

Arthur se retourna vers la Tamise, se posta contre la rambarde rouillée du pont et écarta les deux bras, comme pour embrasser tout le panorama de dévastation en le désignant.

« Regarde tout ça. Jamais Superman, Wonder Woman ou moi même n'aurions permit à tout ça d'arriver sur notre monde à nous. Tu sais ce que je crois ? Qu'ici soit mes alliés de la ligue n'ont pas existés. Soit que les connard de ta ligue à toi ont gagné et ont tués mes amis. Regarde encore tout ça, juste une fois et vient ensuite me jurer dans les yeux que ce n'est pas l’œuvre de votre ligue sur cette terre ? Je suis sûr que mon foutus frère s'est fait renverser à la tête des atlantes ou n'a jamais été roi. Qu'un sociopathe suprématiste est à la tête d'Atlantis, comme Corum Rath ou Nereus. Je suis sûr que c'est Arès qui a prit le contrôle des amazones et les as rendu folles d'esprit par contrainte avec son bellicisme. »

Il s'éloigna de la rambarde et se planta devant Adam.

« Mais je me contrefout de savoir qui donne les ordres et qui est sur tel ou tel trône. Ce qui m'intéresse c'est comment on arrête tout ça. Tu ne peux pas ouvrir la barrière pour faire sortir la population avant qu'elle ne soit massacré jusqu'au dernier enfant... »

Il se mit à frémir rien qu'à la pensée de son fils tué par Black Manta et continua en étouffant un sanglot dans sa voix.

« ...donc faut stopper cette guerre, c'est le seul moyen. Je me suis laissé dire que les leaders des deux camps n'était pas d'un abord… commode. Faut les trouver et les stopper eux. Par la force, pour ne pas changer, on n'arrivera jamais à leur faire entendre raison, comme toujours. »

Arthur n'évoqua même pas des efforts ou une recherche de solution pour revenir sur leur monde d'origine. Comme s'il n'était pas affecté par ce collectionneur et ce kidnapping général. Il omettait ça devant Adam car au fond Arthur ne souhaitait même pas revenir sur leur Terre-1. Maintenant qu'il avait perdu sa femme, son fils, qu'il n'avait plus ni mère, ni père et que son frère l'avait renié depuis des lustres, plus rien ne le retenait là bas dans son désespoir. Il ne restait qu'ici. Un endroit où il pourrait expier ses fautes. Maintenant qu'il n'était plus roi d'Atlantis après avoir abdiqué, il était libéré de toute contraintes.

Il ne put s'empêcher d'ajouter pour conclure :

« Ah et quand tout ça sera finis… faudra qu'on le fasse toi et moi... »

Arthur mima le geste du bras de fer dans le vide avec son bras.

« Juste pour savoir... »

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Spoiler:

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Il y avait quelque chose de pourri, dans ce monde. Qu’il s’agisse des relents de magie corrompue qu’il percevait dans cette atmosphère malade, ou de la présence d’Arthur Curry sans son célèbre trident face à lui, il lui semblait bien que cette partie du multivers faisait partie de ces planètes empoisonnées desquels il valait mieux se tenir à distance. S’il supportait à peine le monde moderne de Terre-1, que la magie semblait avoir presque complètement désertée comparé à l’âge d’or des pharaons, celui de Terre-4 n’était qu’un immense terrain vague où la mort et la misère collaient à la peau et au palais. Où étaient passés les champions supposés protéger l’humanité ? Le Sorcier de ce monde les avait-il enfermés à la jamais, lui aussi ? Avait-il banni la magie dans le Roc de l’Eternité ? Ou avaient-ils connu un sort plus funeste encore ? Et les Amazones, et les Atlantes : chez eux, les deux peuples jouissaient au moins de son estime, même s’il était rarement d’accord avec leurs dirigeants respectifs. Les derniers peuples issus de, et représentant, une certaine forme de magie ; que s’était-il passé sur cette Terre, pour qu’ils dévient à ce point de leur noblesse naturelle, et corrompent la magie même qui aurait dû les garder sur le droit chemin ? Adam suivit Arthur des yeux, alors qu’il s’avançait jusqu’à la rambarde et lui désignait le paysage autour d’eux d’un mouvement de bras. Et son regard s’assombrit. Non, jamais Superman, ni Wonder Woman n’auraient permis une telle chose dans leur monde – pas sans se battre, en tout cas. Et idéalement, le Champion non plus ne l’aurait pas permis. Il fallait donc bien qu’il se soit passé quelque chose de sérieux pour que le monde en arrive à une telle extrémité.

Mais ce fut contre lui, cette fois, qu’Arthur retourna son ire, et piqué au vif, Adam le fusilla du regard ; mais pouvait-il faire ce qu’il lui demandait ? Jurer que ce n’était pas là l’œuvre de ses associés habituels ? Zod n’avait jamais caché ses velléités destructrices, ni Orm, d’ailleurs – son alliance avec ce dernier ne tenant qu’à la condition que le Kahndaq soit épargné dans ses plans de destruction de l’humanité une fois son trône regagné. Black Adam étouffa un soupir, et ne cilla pas face au regard que le roi d’Atlantis vint planter dans le sien. « Tu sautes aux conclusions, Aquaman. » siffla-t-il, implacable. « Si ta Ligue de Justice n’existe pas sur cette Terre, alors la mienne, comme tu l’appelles, n’a jamais eu aucune raison d’exister non plus. Nous ne nous sommes formés qu’en réaction à votre groupe, ne l’oublie pas. » Une relation de cause à effet. Sans Ligue de Justice, pas de Ligue d’Injustice. Mais ça n’excluait pas ses membres, à titre individuel, de la liste des suspects. En cela, au moins, ils pouvaient tomber d’accord. Imperturbable, parangon de sérieux régal, Adam écouta la suite du discours de son ennemi plus si ennemi que ça, et crut détecter une fêlure dans sa voix qui ne manqua pas de l’interpeller. L’angoisse de leur situation, peut-être ? Ou y avait-il autre chose, qui lui échappait encore ? Mais l’heure n’était pas aux questions – pour l’heure, ils avaient une contre-attaque à organiser. Et contre toute attente, il semblait bien que tous deux soient d’accord, sans s’être concertés, sur la marche à suivre. Black Adam aurait bien été incapable de déterminer lequel d’eux deux devrait s’inquiéter : Arthur pour adopter les méthodes radicales d’Adam, ou lui-même, pour tomber d’accord avec un superhéros. « Arrêter une guerre en se débarrassant de ses instigateurs par la force ? Curieux, lorsque j’ai fait la même chose au Kahndaq, les vôtres n’ont pas attendu un instant avant de m’estampiller tyran et meurtrier. » s’amusa-t-il, sans joie. « Cette approche me convient. Au vu de l’urgence de la situation, je doute que nous ayons de toute façon une autre option. »

Ils étaient donc d’accord. Et maintenant ? Adam s’éloigna de quelques pas, en direction d’une voiture couverte de poussière, mais adressa un regard de côté à Aquaman face à sa curieuse proposition. « … un bras de fer ? C’est bien ainsi que vous appelez ce… jeu ? » demanda-t-il en se remémorant le défi qu’Albert lui avait lancé, dans ce qui semblait être une autre vie. « Tu as du culot, pour espérer te mesurer à un dieu. » Mais pour une fois, point de reproche ni de jugement dans son ton. Presque un défi amusé. Puis, Adam fit signe à Aquaman de le rejoindre, alors que de son index il dessinait sur le capot de la voiture, dans la poussière et les gravats, un plan sommaire de la ville telle qu’il l’avait vue en la survolant. « En volant au-dessus de la ville, j’ai eu la nette impression que les Amazones dominaient l’ouest. Les Atlantes, eux, ont pris possession d’une zone à l’est, ainsi que le sud, tout le long du fleuve. Mais j’ai aussi remarqué deux zones où des civils avaient encore l’air d’évoluer : ici… » Il entoura la zone équivalente à Covent Garden. « Et là, tout à l’est, au-delà des Atlantes. » Et il désigna Whitechapel, encore sans nom dans son esprit. « Si nous devons trouver la résistance locale, si tant est qu’il y en ait une, je suppose que c’est par là que nous devrons commencer. Néanmoins… » Délaissant son semblant de carte, il se redressa et toisa Arthur avec le plus grand sérieux du monde. « Tu as entendu comme moi ce ‘Collectionneur’. Son intention est de nous dresser les uns contre les autres. Même si nous réussissions à conclure une alliance avec ces gens, même si nous nous débarrassions des Amazones et des Atlantes, à la fin de cette guerre, ce sera eux, ou nous. » Planifier de mettre fin à la guerre, très bien ; mais le plan d’Arthur n’était qu’un plan à court terme, qui n’assurait leur survie que s’ils oubliaient les desseins de celui qui les avait placés ici. Et Adam, très franchement, s’étonnait de ne pas entendre Aquaman prendre en compte ce facteur décisif. Ils jouaient dans des camps opposés ; mais jamais il ne l’avait pris pour un idiot, et il n’allait certainement pas commencer maintenant. Il y avait forcément autre chose. « C’est du multivers, dont on parle. Nos repères habituels n’ont plus d’importance. Et une fois cette guerre interrompue, il faut que nous trouvions un moyen de ramener les nôtres chez nous. Je m’étonne seulement de te voir faire passer cette priorité-là au second plan. » remarqua-t-il, presque soucieux de cet étonnant retournement de situation.

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Teth Adam • Arthur Curry

Aquaman porta un regard mauvais vers Adam le narquois. Non seulement il défendait sa foutue ligue avec des mots qui avaient le don d'agacer Arthur, mais en plus il comparait sa lutte contre les tyrans de son pays avec leur combat actuel sur Terre-4, tournant en dérision en passant la Justice League. Pire il dédaigna le viril bras de fer qu'Arthur avait proposé pour conclure leur lutte contre les deux armées despotiques, le moment venu. Pour Curry, expert des bras de fer enivrés dans tous les bar côtiers du Maine (et même du Massachusetts) se sentit insulté. Cet emmerdeur osait se comparer à un dieu ? Et il s'estimait déjà gagnant d'un tel bras de fer ? Arthur voulut lui rétorquer que les asiles comme Arkham ou les prisons comme Stryker's Island étaient déjà remplis de super-criminels tel que lui qui se prenaient pour des dieux. Mais il préféra ne pas lancer ça, le contexte l'obligeait à faire alliance avec Black Adam et d'autres super-méchants de Terre-1 dans son style. Mieux valait le ménager et reporter toutes leurs querelles à plus tard.

Adam lui exposa la situation d'une cité qu'il avait eut l'occasion de survoler depuis le ciel. Si Arthur avait déjà perçut la zone occupée par les atlantes avec toutes les créatures marines qui y vaquaient depuis la Tamise, il découvrit où se situait le bastion des amazones. Mieux, il découvrit quelles étaient les deux principales zones de peuplement de la ville martyr. Arthur acquiesça du menton lorsqu'Adam proposa d'aller fouiner dans ces deux zones, selon lui la Résistance ne pouvait s'être qu'établit là bas. Mieux encore, Arthur estimait que ça serait là que ses compagnons de Terre-1, comme Superman ou Wonder Woman iraient. Par soucis primaire de protéger les populations vulnérables. C'était là qu'il fallait traîner pour trouver des natifs de Terre-1. Arthur commenta l'idée d'Adam, d'aller à la rencontre de la résistance :

« Ouais, la meilleure initiative. On a affaire à deux armées au grand complet, donc faut qu'on réunisse le plus de méta-humains issus de Terre-1 (voir même de Terre-4 pour ceux de bonnes volontés) avant de passer à l'offensive. »

Comme pour souligner qu'il approuvait l'idée de Teth, Arthur posa avec insouciance sur son épaule sa main robuste, en une tape fraternelle, un peu comme il l'aurait fait avec n'importe quel autre allié grand costaud ou même n'importe quel compagnon de beuverie de type « Biker ». Réalisant qu'Adam restait quand même un antagoniste sur Terre-1 et l'un des ennemis les plus intraitable de la Justice League, Arthur retira aussitôt sa main dans un geste étourdie et lança un regard gêné à Adam qui signifiait : oups-pardon-c'est-l'habitude.

Quand à la réflexion sur le Collectionneur, Arthur lança pensivement :

« Le meilleur moyen de ne pas perdre un jeu, c'est de ne pas y jouer. Une fois qu'on aura mit fin au conflit amazone-atlante, il faudra trouver une façon de convaincre les méta-humains de Terre-1 comme de Terre-4 de ne pas faire son jeux en s’entre tuant. »

Un projet chimérique, et Adam le perspicace le questionna sur son manque de désintérêt pour rejoindre Terre-1. Arthur se crispa. Face à Adam, sans cligner des yeux. Si près qu'il pouvait percevoir son souffle. Un échange de regard digne de Darkseid.

« Je ne rentrerais pas quand on en aura finit ici. Il n'y a plus rien pour moi chez nous. Dis à ton grand ami Orm quand tu le verras, qu'il peut allez se carrer sur le trône d'Atlantis, j'en ai plus rien à battre. J'ai donné 7 ans de ma vie à ce royaume pour rien. Et dis à ton autre grand ami Manta de ta ligue de sous-doués, qu'il est déjà mort. Qu'il ne quittera pas Terre-4 vivant. Que sa tête m'appartient et qu'il va le sentir passer dès que j'aurais trouvé un trident ici. Que je lui ferais ça encore plus doucement qu'il a jamais rêvé de me le faire. Qu'il va supplier la mer de n'avoir jamais existé, quand je donnerais ses restes sanglants à bouffer au Karathen. »

Le vent siffla sur le pont. Quelques débris de voitures emportés par le souffle roulèrent sur le bitume lézardé, comme pour souligner l'ambiance massacrante qui régnait sur l'endroit alors que les deux colosses s’affûtaient l'un l'autre des regards de défi.

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Ce bruit, cette présence sur le côté. Arthur tourna subitement la tête. Là : trois petits mômes, perchés debout sur une carcasse de voiture. Vêtements sales, les visages dévorés par la faim. Les cheveux en bataille. Ils ne portaient pas de chaussures, mais des sandales qu'ils avaient taillés à partir de pneus de voitures. Arthur devina des fouineurs occupés à faire de la récup dans les débris. Il ignorait depuis combien de temps les trois mioches les observaient bouche bée. S'ils étaient là depuis une minute ou cinq minutes. L'un des gamins fasciné questionna avec une voix fluette :

« Vous allez vous taper ? »

Arthur s'écarta d'Adam avec un air prit au dépourvut dans le style de l'adulte qui a peur de donner une mauvaise image aux enfants.

« Euh non, c'est juste une petite dispute, en fait… on est alliés ! »

Et pour souligner cette plus ou moins contre-vérité, Arthur asséna une claque retentissante de tout le plat de sa main dans le dos de Black Adam, avec la gestuelle typique du super-héros qui échange un geste viril et fraternel avec un compagnon d'arme méritant. Mais le faux sourire d'avaleur de couleuvres d'Arthur en disait long : zéro pointé pour l'ami sincère.

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Avait-il sans le savoir touché un point sensible ? C’est la seule conclusion qu’il pouvait tirer de la réaction à vif du souverain d’Atlantis – ou ancien souverain ? Sans broncher alors qu’Arthur le fixait droit dans les yeux, Adam plissa les siens pour le dévisager avec perplexité alors que le héros des océans déversait son venin. Depuis le Kahndaq, et principalement allié d’Ocean Master, il ne se souciait guère des politiques internes d’Atlantis pendant que son camarade de l’Injustice League ne montait pas sur le trône, aussi les paroles d’Arthur restèrent-elles pour le moins cryptiques. Arthur Curry avait-il finalement décidé d’abdiquer ? Mais pour quelle raison ? La rancœur et la colère perlait dans sa voix, suintait par tous ses pores, alors il en conclut que quoi qu’il soit arrivé, une tragédie quelconque avait dû frapper le royaume, ou son roi personnellement. Et Ocean Master n’était visiblement pas encore au fait de ce nouveau développement, alors que leur prétendu camarade, Black Manta, y était directement mêlé ? Adam fronça les sourcils, sans répondre à la provocation de son interlocuteur. Il n’avait jamais aimé Black Manta. Un banal criminel, un arrogant sans foi, ni loi, ni honneur, avec lequel il ne frayait que parce qu’il n’avait pas d’autre choix pendant qu’ils officiaient tous à l’Injustice League. Arthur pouvait bien le menacer tant qu’il le voulait : le sort de Black Manta ne lui faisait ni chaud ni froid. « Fais ce qu’il te plaît, Aquaman. Vos querelles ne me concernent pas. Peut-être même que le monde se portera mieux sans les vermines de son engeance. » rétorqua-t-il d’un ton froid, à des années lumières du bref moment de presque camaraderie d’un instant plutôt, où Adam lui avait décoché une œillade peu amène en sentant sa lourde main sur son épaule. Mais il ne l’avait pas foudroyé sur place pour son audace – ça devait bien compter pour quelque chose, non ?

De concert avec Arthur, il tourna la tête, surpris par la présence de ces trois enfants qu’il n’avait ni vu ni entendu arriver. Et pour la première fois depuis bien longtemps, Adam se trouva désarmé face à ces trois gosses, qui les dévisageaient comme des bêtes curieuses, eux les colosses, dont un en costume frappé d’un éclair et d’une cape. Incapable de rétorquer à la question naïve de celui qui semblait être le leader de leur drôle de trio, le champion se contenta de les regarder, perplexité peinte au fond de ses yeux noirs, alors qu’il détaillait les trois enfants. Ils vivaient dans la pauvreté la plus totale : Adam l’avait trop souvent vue et vécue pour ne pas la reconnaître au premier coup d’œil, quelle que soit l’époque, quel que soit le continent. Quelle que soit la planète. Mais avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Aquaman lui asséna une bourrade retentissante dans le dos, et Adam, le souffle brièvement coupé, tourna la tête pour le fusiller du regard. « Ne fais plus jamais ça. » l’avertit-il, bien loin de soupçonner qu’ils ressemblaient, eux-même, plus à deux enfant en train de se chamailler, qu’à deux souverains sans doutes capables à eux deux de raser la ville de ses fondations. Mais avant qu’ils ne puissent en venir aux mains, ou même aux insultes, l’ouïe aiguisée d’Adam perçut quelque chose. Comme un écho, lointain sous la surface. Comme un tremblement sur le liseré de la surface de l’eau de la Tamise, à quelques mètres d’eux à peine. Le regard du champion se braqua sur le fleuve, et lui resta là, tous sens aux aguets. « … tu as entendu ça, n’est-ce pas ? » souffla-t-il à Aquaman.

Et avant que tous deux n’aient le temps de réagir, une colonne d’eau entra en éruption dans l’eau, et de l’écume surgit une escouade d’hommes en armures identifiables entre mille, d’une planète à l’autre, peu importait qui était à leur tête. « Les Atlantes ! » s’exclama un des enfants d’une voix étranglée, pendant qu’un deuxième laissait échapper un cri de frayeur. Adam n’eut même pas le temps de réagir : profitant de l’effet de surprise, les Atlantes se saisirent de leurs fusils à plasma, qu’ils braquèrent sur leur petit groupe avant de tirer sans sommation. Un premier tir fusa et fit sauter une carcasse de voiture voisine, qui devait encore avoir une fin de réserve d’essence, à en juger par les flammes qui s’en échappèrent, et un deuxième tir atteignit le capot de la voiture sur laquelle les enfants étaient perchés. « Cachez-vous ! Vous… » commença Adam – mais un nouveau tir de plasma le coupa dans son élan en l’atteignant en plein dans l’abdomen. La force du choc lui coupa le souffle et le projeta brutalement contre cette même voiture, qui recula de plusieurs mètres avec les enfants qui s’accrochaient tant bien que mal à travers la panique. Sonné, le dos encastré dans la carrosserie, Adam baissa les yeux et constata que si des volutes de fumée s’élevaient du point d’impact, et que son costume semblait endommagé, lui en revanche, n’était guère blessé. Bien. « Aquaman… » gronda le champion en se relevant, alors que l’éclair sur sa poitrine commençait à crépiter, de concert avec ses yeux qui débordaient déjà de l’éclair vivant du Sorcier. Un bref instant, les Atlantes semblèrent hésiter, et cessèrent de faire feu face à cette démonstration de pouvoir dont personne ne les avait prévenus. Qui étaient donc ces deux surfaciens qui refusaient de fuir ? Et pouvaient encaisser leurs tirs ? « Tu n’es peut-être plus roi. Mais prouve-moi au moins que tu es encore un héros. Mets ces enfants à l’abri. » Et sans s’attarder pour voir si Arthur allait ou non suivre ses instructions, Black Adam, particulièrement remonté, s’élança dans un bruit de tonnerre et faucha de plein front un premier soldat, son poing jeté en avant, percutant de plein fouet son armure jusqu’à la briser et la percer, et encastrer son propriétaire dans la rambarde du point de Westminster ; puis, avec un regard mauvais, le poing enfoncé dans l’armure de ce malheureux, il relâcha le pouvoir d’Aton, foudroyant le soldat sur place. Très bien. Si c’était la guerre, que voulaient ces Atlantes, ils avaient choisi les mauvais adversaires, ce jour-là.

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Teth Adam • Arthur Curry

Aquaman avait baissé sa garde dans l'endroit, Westminster n'était plus qu'un No Man's Land, vestige d'innombrables combats entre amazones et atlantes dans la ville martyr. Aussi fut-il prit au dépourvu et étonné en voyant surgir les soldats atlantes qui étaient sorties des eaux en armure pour bondir sur le pont. Ils tirèrent sur lui et Adam. Le champion du Kandhaq se retrouva encastré dans une épave de voiture et Arthur se heurta avec violence au bastingage du pont. Un pont qui fut bientôt noircis par ces soldats de l'Imperator Orm qui ne cessaient d'affluer en jaillissant. Des dizaines et des dizaines, maintenant une centaine sur le pont ! Voir plus ! Il faut croire que le vol d'Adam dans le ciel avait été repéré par des sentinelles. Et qu'en le voyant atterrir sur le pont de Westminster, c'est un escadron au grand complet qui avait convergé jusqu'à lui. Le temps qu'il échange des paroles avec Arthur, cette troupe en arme avait eut le temps de parvenir ici en totalité. Preuve de l'esprit martial des atlantes.

Arthur se releva. Sa première réaction fut de penser aux enfants, tout comme Adam qui lui ordonna de les protéger. Arthur tourna la tête. Les 3 mômes décampaient à toute jambe vers l'autre extrémité du pont, dos tournés. Adam répondit aux hostilités atlantes en jetant un prodigieux coup sur le premier ennemi à portée avant de le foudroyer. Arthur se posta juste à côté de lui :

« On les retient ici pour faire diversion, dans 2 minutes les gosses auront atteint la sortie du pont. »

Il lâcha ça alors que les assaillants se regroupaient, tridents en avant, en vue d'un assaut massif. Un espèce d'olifant atlante résonna alors qu'ils se formèrent en rang d'acier face aux deux surhomme de terre-4. Un vrai serpent de guerriers atlantes sur tout le pont. Et là tout au bout, on pouvait apercevoir leur leader et officier supérieur, dans son armure plus noire que toutes les autres. Arthur bouche bée, souffla à son comparse :

« Déjà que les atlantes plaisantaient pas sur notre monde, mais là c'est encore plus sérieux. Je comprend pourquoi Londres est presque rayé de la carte. »

Il n'avait même pas finis sa phrase que les piquiers avec leurs tridents se mirent en marche, armes dressés. Arthur prit une longue inspiration. Adam ne put la percevoir. A partir de ce moment toutes les paroles qu'auraient pu prononcer les deux hommes auraient été recouvertes par le vacarme de cette marche titanesque. Le mouvement atlante aurait été perçut par n'importe qui survolant le pont, comme le mouvement d'écume d'une grande vague hostile. Teth et Arthur avaient juste en face d'eux un océan d'acier étincelant en mouvement.

Et pourtant…

Lorsque les deux silhouettes massives de Black Adam et Aquaman avancèrent d'elles même face à la nuée… Tout le premier rang atlante pâlit à cette simple vision. Sans doutes que la rage du combat déformait les traits des deux hommes de Terre-1, au point de leur conférer un aspect démoniaque. Et à partir de là, absolument rien ne fut en mesure d'arrêter la progression des deux alliés de circonstance. Aucun trident n'était de taille à les stopper. C'était un élan contre un autre : une forêt entière de tridents sur le pont, épaulés par des tirs de plasma, face à deux colosses en colère. Tout le pont vibra au rythme du combat imposé par ces deux forces qui se heurtaient l'une à l'autre. Deux individus contre des centaines. Ce fut pourtant l'escadron qui fut aveuglé, enfoncé et piétiné par la force brute de Black Adam et Aquaman. D'un air sinistre ils balayaient de coup tout atlante qui tombait sous leurs poings. Épaule contre épaule, bien campés au sol fauchés par les coups, les lignes atlantes tentèrent de résister à l'avance. Ils poussaient des râles bref et glauques au fur et à mesure que les poings de l'un au l'autre des deux cibles les assommaient ou les tuaient. La confusion régna bientôt dans leurs rangs au fur et à mesure qu'ils comprenaient qu'ils n'étaient pas le marteau dans cette situation, comme ils l'avaient cru, mais bien l'enclume.

Les rangs atlantes se mirent à refluer, les 3 mômes qui avaient rejoint l'autre côté du pont saints et sauf contemplaient maintenant en jubilant la terrible charge des deux hommes. Et ils auraient pu en rester là, laisser fuir la horde qui avait comprit son funeste sort. Mais non. Aquaman continuait d'avancer avec fracas dans la masse désorganisé. Il se ramassa un long trident tombé au sol et se mit à fondre de plus bel sur l'ennemi. Il continua d'enfoncer les lignes aux côtés d'Adam. Le tonnerre convoqué régulièrement par Adam achevait de pétrifier de peur l'escadron en panique. Certains se jetèrent du pont et prirent la fuite dans l'eau pour fuir le maelstrom. Beaucoup s'enfuirent par l'autre extrémité tant qu'il était encore temps pour aller s'abriter dans les ruines. Et le nouveau trident d'Aquaman s'enfonçait toujours plus avant dans la foule ennemie. Il continua à s'enfoncer dans la mer d'acier en criant un espèce de cri de guerre qui n'était pas sans rappeler les vociférations des all Blacks et de toute autre « guerrier » du Pacifique. Il se fraya un chemin avec Adam jusqu'à l'officier atlante livide en armure noir. De son trident, Arthur percuta le casque et le crâne du leader ennemie qui s'écroula à terre. Une clameur monta dans les rangs atlantes. Ils semblèrent hésiter, puis se mirent tous à refluer.

L'escadron se disloqua de toute part dans un sauve qui peut général. Le pont fut bientôt vidé, ne restant que les corps inconscients ou tués par les deux hommes. Arthur posa le revers de son poing droit sur la poitrine d'Adam, dans un espèce de geste viril qui se voulait comme une marque d'attention. Comme s'il signifiait qu'il reconnaissait pleinement sa valeur au combat.

« J'avoue, ça a du bon de t'avoir juste à côté dans les moments durs. »

Arthur balança par terre le trident qu'il tenait pour en ramasser un autre encore plus ciselé et mieux ouvragés : celui du défunt officier atlante terrassé.

« C'est dans les moments d'adversité qu'on reconnaît les vrais. Tu restes toujours mon ennemi. Mais crois moi, le jour où je serais contraint de te tuer, je le regretterais. »

Et il tendit sa main vers Adam pour qu'il la saisisse amicalement avec poigne afin de prendre acte de ce qui venait de se passer.

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Sur une Terre, Atlantis étaient des alliés présumés – sur celle-ci, Adam n’éprouvait aucune espèce de remord à leur briser les os ou à abattre la foudre d’Aton sur eux. Qu’importait la situation géopolitique de cet endroit que les Amazones avaient baptisé New Themyscira : ce que le champion du Kahndaq voyait, c’était qu’il était coupé de son pays, que les Amazones cherchaient à affirmer leur domination sur l’espèce humaine, et qu’il fallait trouver un moyen de rentrer chez eux. Si les Atlantes de cette Terre choisissaient de se dresser entre Black Adam et ses objectifs, ils en paieraient le prix, comme tant d’autres avant eux. Un peu plus de sang sur les mains et sur son âme prétendument corrompue, aux yeux des dieux, ne ferait guère de différence. Aquaman à ses côté, Adam ne chercha pas un instant à retenir ses coups. Face à la masse d’infanterie Atlante, les dieux égyptiens libéraient leur pouvoir sans se soucier des dégâts, bien conscients eux aussi de la nécessité de la bataille, et la force d’Amon brisait armure après armure, secondée par la détermination inébranlable de Mehen qui infusait son champion d’une rage belliqueuse. Et peu à peu, les Atlantes comprirent qu’ils avaient affaire à des adversaires dont ils n’avaient pas mesuré la force, et commencèrent à battre en retraite sous le regard courroucé de leur officier supérieur. Passablement agacé par cette attitude, Adam décolla du sol, et le ciel gris de New Themyscira commença à s’assombrir. Lâches, songea-t-il, alors que l’air s’électrifiait, de lourds nuages noirs comme la nuit amoncelés au-dessus de leurs têtes. Un air de panique circula dans les rangs Atlantes, et la plupart de ceux qu’il restait plongèrent dans la Tamise tête la première. « Vous n’irez nulle part. » siffla-t-il entre ses dents ; et alors qu’Aquaman achevait le commandeur, l’orage éclata dans le ciel londonien, et Adam déchargea la foudre d’Aton directement dans l’eau dans la Tamise, une explosion d’énergie qui les aveugla tous en même temps que la décharge foudroyante tua les malheureux qui avaient cru pouvoir trouver refuge dans leur élément habituel.

Après ces démonstrations de force, il ne restait plus qu’une poignée de soldats, qui s’échappèrent à leur tour alors qu’Adam se laissait redescendre sur le pont de Westminster. L’idée de les achever lui traversa l’esprit, puis il songea qu’il serait bon que les dirigeants de ce monde à l’agonie sachent qu’ils avaient maintenant d’autres adversaires dont ils auraient à se méfier – des adversaires déterminés, et prêts à tout pour leur survie. Debout à côté d’Aquaman, Adam garda momentanément le silence, contemplant leur œuvre destructrice maintenant que le calme était revenu. Au-dessus d’eux, le ciel s’éclaircit à nouveau – quant aux trois enfants, ils n’étaient plus en vue, et Adam en déduit qu’ils avaient pu se mettre à l’abri. Le commentaire de son acolyte l’arracha à sa contemplation. « Ne t’y habitue pas trop. » se contenta-t-il de lui répondre. Après tout, il avait accepté une trêve, le temps de jeter la lumière sur cette mystérieuse affaire, mais que le héros n’aille pas s’imaginer qu’il avait ne serait-ce que l’once d’une envie de développer le moindre sentiment cordial à son égard. Mais Adam admettrait au moins une chose : il avait, le temps d’une courte bataille, trouvé un frère d’armes dont il voulait bien reconnaître la valeur. Il baissa les yeux sur la main que lui tendait le roi – ou ancien roi – d’Atlantis, et après un court instant d’hésitation, accepta sa poignée de main, scellant officiellement leur accord. « Ne t’inquiète pas pour ça. Tu n’arriverais jamais à avoir ne serait-ce qu’une chance de le faire. » rétorqua-t-il, avec tout le naturel et la conviction du monde. Et il ajouta même, avec au coin des lèvres la plus minuscule trace du début d’un sourire en coin. « Commence déjà par t’entraîner pour ce bras de fer. » Quoi. Après tout, c’était bien lui qui l’avait demandé.

Adam relâcha la main de son allié inattendu, et décolla à nouveau du sol, à quelques centimètres seulement, dans son attitude coutumière de lévitation, embrassant la scène du regard. Les Atlantes savaient désormais qu’ils étaient là. Qu’ils aient identifié leurs adversaires ou non, c’était une autre question : mais ils savaient qu’un danger rôdait, et il ne doutait pas qu’ils réagiraient en conséquence. « Et maintenant ? » demanda Adam. « Ces Atlantes ne sont peut-être pas ceux que tu connais, mais ils leur ressemblent. Que feraient tes troupes à leur place ? » A quoi devaient-ils se préparer, maintenant ? Les Atlantes feraient-ils payer les conséquences de cette débandade aux humains de ce monde ? Ou se lanceraient-ils à leurs trousses ? Ils en savaient encore si peu – et même Zehuti à la tête d’ibis ne pouvait pas les assister de son précieux savoir. « Nous devons trouver nos alliés. Tu as ta Ligue – moi j’ignore si quiconque du Kahndaq a échoué dans cet endroit. Mais il faut nous rassembler, et vite. Avant que nos adversaires n’aient le temps de contre-attaquer. » Pas de Billy Batson. Pas d’Isis – et cette pensée lui étreignit le cœur, avant qu’il ne la secoue pour passer à autre chose. « Nous savons où trouver ce qu’il reste d’humanité sur cette planète. Explorons-la chacun de notre côté, et recontactons-nous une fois nos rangs épaissis. Donne-moi ton trident. » Et d’autorité, Adam s’empara du trident qu’Arthur avait arraché à son adversaire. Un jouet de pacotille, en comparaison avec le trident de Poséidon, mais ils n’avaient guère d’autre choix. « Aton-al’iishara. » articula-t-il, et le pouvoir d’Aton crépita, remontant de l’éclair sur sa poitrine jusque son bras, sa main, et enfin, le trident, qui absorba les étincelles de magie sans la moindre résistance. Satisfait, Adam rendit l’arme à son nouveau propriétaire. « J’ai ensorcelé ce trident – je pourrai à tout instant te localiser, et tu n’auras qu’à prononcer le même sort pour me faire savoir que mon assistance est requise. Ne le perds pas. » l’avertit-il. Puis il marqua un bref instant de silence pensif, avant de décider de céder à la curiosité. « Black Manta. » dit-il, en relevant les yeux sur Arthur. « Quel nouveau péché a-t-il commis pour mériter ton ire ? »

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Teth Adam • Arthur Curry

La poignée de main fut accompagnée de bravades verbales d’Adam auxquelles Arthur répondit lui aussi par un semblant de sourire, reconnaissant tacitement la mésentente cordiale ou la rivalité respectueuse qui liait maintenant les deux durs à cuirs qui ne comptaient pas en rester là dans le domaine des virilités entre adversaires récurrents et alliés occasionnels. Aquaman devait bien l’avouer, il allait vraiment le regretter le jour où il serait face à Black Adam dans l’inévitable confrontation à mort qui les opposeraient lui et ses compagnons d’armes, à l’Injustice League. Quel dommage que le leader du Kandhak ait adhéré à la cabale orchestré par Luthor au lieu de se reconnaître dans la Justice League, lui qui voulait avant tout défendre sa nation des sables.

Adam lévita sur les décombres de leur premier exploit sur cette Terre-4, s’interrogeant sur la suite à donner à tout ça. Arthur joua d’une main distraite avec le trident qu’il avait récupéré tout en commentant les yeux dirigés vers la Tamise :

« Je suppose qu’après ça ils nous traqueront d’un bout à l’autre de cette ville, même si c’est complètement vain pour eux. Atlantis n’aime pas laisser un affront quelconque impuni. Juste par principe. »

Son allié du jour annonça ses intentions : aller à la rencontre d’autres alliés pour organiser une parade à cette situation cauchemardesque. Ça rejoignait les intentions d’Arthur qui s’il ignorait encore en détails l’ampleur de la Résistance, avait déjà dans l’idée de retrouver tous ses collègues de la Ligue. Adam le prévenant poussa le pragmatisme jusqu’à ensorceler son trident, lui permettant de « l’invoquer » si l’on peut dire dès qu’ils seraient plus avancé ici. Arthur soupesa son arme tout en indiquant avec son air d’habitant du Pacifique qui ne rate jamais une occasion d’en découdre comme un All-Black ou autre guerrier Samoa :

« Méfie-toi, si je t’appelle, ça sera forcément pour remettre ça avec les atlantes ou pour faire le coup de poing avec les amazones. »

Arthur fit mine de rejoindre une des extrémités du pont pour entreprendre son exploration de la ville détruite. Adam l’interpella avec le nom maudit de sa némésis. Arthur s’arrêta net et se tourna vers Teth avec un regard ROUGE. Le chauve posa carrément la question. Le regard d’Aquaman passa de ROUGE à NOIR TOTAL. Au moins 3 veines à palpiter sur son cou et sur son front.

« Ma femme. Enlevée et meurtrie dans son corps. Mon enfant. Mort. »

Cette lueur dans ses yeux jaunes d’atlantes. Un sentiment de fin de monde qui dépassait la sauvagerie de tous les trenchers réunis.

« Le pire c’est qu’il s’en fichait d’eux. C’est moi qu’il voulait blesser. Le même genre de plaie béante qu’il a dans sa tête. J’ai tué son père. Il voulait tuer les miens en réponse. »

Un lent mouvement en direction d’Adam. On ne savait dire si Curry avait l’allure d’un prédateur blessée qui prépare sa réplique ou celle d’un type qui accepte de se confier, juste parce que l’individu en face de lui était neutre, car n’appartenant pas au cercle des océans.

« Quand je le retrouverais, je lui ferais ça encore plus doucement qu’il a jamais rêvé de me le faire. Il sera conscient quand je le livrerais aux créatures des abysses morceaux par morceaux. Il y a des sorts pire que la mort. Il me l’a apprit. Je vais lui rendre la pareille. »

Il songea qu’il n’avait plus d’autres motivations pour quitter New Themyscira à part celle-ci. Et encore. Il savait que la mort cruelle de Manta n’allait rien résoudre pour sa peine. Et l’envie d’en finir ici sur New Themyscira, dans un dernier grand baroud d’honneur. En emmenant dans la mort le maximum d’ennemis ici parmi tous les tyrans qui opprimaient la ville, prévalait dans l’esprit d’Arthur.

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Il avait posé la question en toute connaissance de cause. Si les plans de Black Manta lui étaient complètement inconnus, il avait suffisamment fréquenté le personnage pour deviner que ses desseins à l’égard d’Aquaman n’avaient pas dû être des plus plaisants – et si Black Manta avait bien laissé une impression sur le champion déchu, c’était celui d’un être aussi brutal que perfide, dénué d’honneur, prêt à tout, y compris aux pires bassesses, pour atteindre ses objectifs. En un sens, il lui rappelait ce renard de Luthor – l’intelligence supérieure en moins, ce qui justifiait à ses yeux que l’un ait droit à son respect, mais pas l’autre. Le fiel entre le pirate et le roi d’Atlantis était de notoriété publique au sein de leur Ligue d’Injustice, mais ce qu’il avait pu inventer exactement comme nouvelle ignominie, Adam n’en avait aucune idée. Mais il avait dû réussir à frapper, et frapper très fort, pour parvenir à mettre Aquaman hors de lui à ce point. Il en respecterait presque son collègue, s’il ne soupçonnait pas, sans même avoir besoin de l’aide de la sagesse de Salomon, que le procédé ait été vil et parfaitement hideux. Et il avait eu raison. Enlever son épouse enceinte et tuer son enfant dans le ventre maternel – Adam avait longtemps soupçonné Manta d’être capable de pareille cruauté, il en avait désormais l’indéniable confirmation. Un criminel. Une vermine méprisable. Et si Adam avait déjà eu ses réserves quant à sa participation à cette Ligue que lui avait fait miroiter Luthor, il fallait maintenant qu’il se demande si, réellement, il voulait être associé à ce genre de personnage à l’avenir.

Si Adam conserva un air parfaitement impassible, ses yeux, en revanche, brillèrent brièvement d’une lueur indéchiffrable. Aquaman ne savait rien de son histoire, et Adam n’avait aucunement l’intention de la partager avec lui, mais la perte d’un enfant était une douleur qu’il connaissait bien – une douleur insupportable, insoutenable, qui dévorait les entrailles comme de l’acide et un feu brûlant tout à la fois, et rendait fou de souffrance le parent qui avait le malheur de survivre. Adam ne souhaitait à personne de connaître ce sort. Pas même à ses ennemis de la Ligue. Et pour la première fois, Adam eut l’impression que lui et Aquaman n’étaient, finalement, pas si différents l’un de l’autre. Arthur Curry souffrait le martyr, Adam le lisait dans ses yeux, sa posture, et oh comme il se souvenait de son propre calvaire, trois mille ans auparavant, quand ses propres fils lui avaient été enlevés. « Et comment comptes-tu venger la mort de ton enfant, si tu restes ici ? » demanda Adam en se remémorant les paroles du roi atlante. Ils n’avaient encore aucune preuve que Black Manta était lui aussi dans ce monde. Cessant de léviter au-dessus du sol, Adam toucha terre et franchit les quelques pas qui le séparaient d’Aquaman, le regard dur et intraitable. Sa compassion, pour le peu qu’il en restait, s’exprimait comme ça. Dureté. Colère. Inflexibilité. Si Isis avait su inspirer en lui un peu de douceur, aujourd’hui, c’était l’impitoyable Mehen qui le guidait dans toutes ses actions.

« Rien ne guérira jamais cette blessure, Aquaman. Quoiqu’il arrive, tu es condamné à vivre avec. Ce sera ton fardeau pour le restant de tes jours. » Arthur pouvait-il seulement percevoir à quel point il savait de quoi il parlait ? Trois mille ans. Trois mille ans d’un deuil sans fin, et la douleur était toujours la même. Mais par tous les dieux, il y avait bien une erreur qu’il ne pouvait pas, en son âme et conscience, laisser son étrange allié commettre. « Tu veux le venger ? Tu veux venger ta femme ? Réfléchis-y bien, car j’ai connu peu d’hommes dont la résolution n’aie pas vacillé avant qu’ils n’aillent jusqu’au bout de leurs desseins. Manta, lui, n’a pas hésité. Si tu es sérieux dans ta volonté, montre le, roi d’Atlantis. » martela-t-il, laissant Mehen s’exprimer lui aussi à travers son vaisseau – dieu protecteur, dieu de la volonté, qui peut-être, aujourd’hui, pouvait inspirer quelqu’un d’autre que lui. Un autre père endeuillé. Un roi bafoué. Un homme à l’agonie. « Bats-toi dans cette guerre. Cette colère, cette rage que tu gardes et destines à Black Manta, tu dois la nourrir ; laisse-la infuser ton trident et guider chacun des pas que tu feras sur cette maudite Terre. Et le jour venu, rentre chez toi. Et fais ce que tu as à faire. » Dans un autre temps, un autre monde, Isis l’aurait sermonné pour encourager de la sorte des sentiments aussi noirs, mais Adam était à bout de compassion. La compassion, le pardon, ça n’avait pas sauvé Isis. La fureur, en revanche, et le châtiment pour les coupables : voilà ce qui permettait aux victimes d’obtenir la justice qui leur était autrement si cruellement refusée. « Souviens-toi, Aquaman. Black Manta, lui, n’a pas hésité. Et si tu abandonnes maintenant, en te sacrifiant ou en restant ici, tu lui auras donné exactement ce qu’il voulait : la preuve définitive qu’il aura réussi à te briser. » Libre à lui de suivre ou non ses conseils et ceux de l'impitoyable Mehen. Arthur Curry était maintenant à l'embouchure de deux nouveaux chemins. A lui seul de décider lequel vaudrait la peine de survivre encore, jour après jour, malgré l'abysse qu'il avait désormais dans la poitrine, là où l'amour d'un père en devenir avait existé.

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