crazy things make best memories | diana (fb)

Themyscira. Ile d’abondance, île d’espoir, foyer chaleureux dont les hauteurs osent jouer avec le ciel. L’air n’en est que plus pur, à même d’offrir le meilleur de ses bénéfices de manière à protéger les êtres dont il permet la survie. Le verdoyant se mêle au nuances bleutées, révélant combien la nature dépasse l’entendement. Ses droits sont légitimes, dévots devant cette religion qui émerveille les âmes les plus curieuses. Les déesses ont su fonder un monde duquel elles peuvent s’enorgueillir. Parce que la pureté reste immaculée, que la nature demeure indemne. Nulle trace de malfaisance, seul l’honneur persiste et signe ce pacte depuis des millénaires. La civilisation n’en est que plus gratifiante, désireuse de protéger un peu plus son dû. Les Amazones s’inclinent devant leur Reine, déclarent leur loyauté à chacun de leur geste et échangent des paroles à même de rappeler leurs origines célestes. Athéna surveille du haut de son sommet, accompagnée de son volatile empli de sagesse. Elle préserve davantage le havre de paix, soutenant à moindre escient cette armée en devenir. Protectrices des innocents, défenseuses des plus faibles, les Amazones se doivent de répondre à l’appel de leurs cheffes pour rétablir l’équilibre de la bienfaisance. L’eau n’en devient alors que plus limpide, d’une pureté quasi parfaite. L’apprentissage perdure. S’endure. Il rappelle ce même peuple autour de cette cause commune. Chacune détient sa place, se doit de la tenir pour assurer l’équilibre de ses sœurs. Toutes forment une entité collective, toutes sont uniques.

Pourtant l’âge émet des hypothèses plus ou moins différentes. Si pour la majorité, l’enjeu est de taille, la petite fille, elle, cherche à s’amuser de la situation. Le sérieux lui fait encore défaut, tout comme certaines attentions pour une meilleure éducation. L’élève en arrive parfois à exaspérer sa mère, son maître, mais amuse tout de même lorsque ses tentations l’entraînent vers des réactions imprévisibles. L’enfant défie gentiment, elle pose des allures de « grandes » en répétant des termes entendus de ses paires. Donna s’ennuie aussi lorsque Rhéa lui rapporte certains récits passés. Ses yeux cherchent meilleure occupation, s’interrogent sur les agissements de sa sœur. Son désir de la retrouver n’en devient que plus fort dans ces moments là. Et pourtant, elle n’a d’autre choix que de rester là, écouter, tirer des leçons des rapports qu’on peut lui faire. Souvent, le sujet ne l’intéresse pas, parce qu’elle préfère rester à l’extérieur, parce que cela l’importe peu de connaître les chants de l’Odyssée. Ulysse n’est qu’un homme. Qu’un faible, qui, s’est laissé berner par ses propres démons au point d’assassiner son fils. La leçon de cette tragédie lui sembla être vite apprise, l’homme est jaloux de nature. La méfiance se doit de rester intacte, mais elle n’y accorde aucun crédit puisqu’elle n’est pas vouée à croiser les humains. Sa mission est de se tenir aux côtés de Diana, sa sœur. L’évidence la frappe et l’assigne de ce geste. Sa main soutient son menton et la petite fille souffle à plein poumon pour exprimer sa lassitude. Sa mère ne tarde pas à réagir, contracte ses sourcils dans un premier temps, puis arque celui de gauche, l’air grave barre ses lèvres. « Eole n’a pas aidé Ulysse dans ce passage ! » Sa voix n’en devient que plus ferme, obligeant l’enfant à afficher une moue dubitative. « Est-ce qu’on peut faire une pause ? » demande l’enfant avec espoir non dissimulé. Hélas, l’air grave ne s’estompe pas d’un trait et la mère adoptive reprend le cours de ses leçons. Donna cède malgré elle. Espère avec impatience la fin du chapitre pour rejoindre l’extérieur. Elle trépigne sur son assise, donnant l’air d’avoir envie de faire pipi. Peut-être est-ce cette tactique qui fonctionne ? Le calvaire s’achève enfin, entraîne naturellement le sourire espiègle de l’enfant. Elle se redresse comme un I et s’échappe en direction de ce chemin qu’elle ne connaît que trop bien.

Sa course affole son cœur, l’endurance lui est acquise mais l’excitation, elle, prend le dessus. Ce sentiment de liberté, Donna ne s’en lasse jamais. Ses embardées l’entraînent sur des rochers qu’elle enjambe avec sureté. Sa chevelure virevolte aux rythmes de ses foulées, telle la jument d’Antiope, elle galope, s’ébroue, jusqu’à ce que ses mains trouvent obstacle sur le mur. Son courage l’habite mais plus encore, son désir de retrouver sa sœur l’incite à grimper sur les pavés. Elle ne craint rien, elle est une amazone, elle sait que Héra la protège. Elle ne manque plus de trébucher, ce mur ne l’effraie plus. Sa main s’appose sur le rebord, lui offrant l’occasion de se hisser vers l’intérieur. La petite fille ne tarde pas à allonger son dos, son cou, pour regarder à droite et à gauche. « Diana ! » interpelle t-elle dans le vide. Elle continue ses recherches et avance de quelques pas dans la pièce. « T’es là ? » Elle désire éviter les représailles de la Reine, alors d’instinct, elle glisse dans l’un des coins de la pièce. Certaine qu’elle est invisible. C’est alors que ses yeux sont attirés vers un objet qui attise sa curiosité. Ils se plissent sous l’effet, entraîne son esprit vers des suppositions diverses et variés. Donna sort rapidement de sa cachette et s’engage vers ce chemin tout tracé. Elle tend sa main et récupère finalement une petite dague qu’elle n’avait jamais vu avant. « Ouah ! » sa voix enfantine exclame son émerveillement et elle imagine les plus vaillantes brandir haut l’arme. Peut-être un jour serait-elle semblable ? Bien sûr qu’elle le serait, puisqu’elles étaient élevées pour cela. La malice lui revient instantanément, ses doigts reposent l’objet et ses yeux vifs cherchent à nouveau aux alentours. « Tu viens ? J’ai trouvé un super endroit pour … » Elle s’arrête en entendant du bruit et affiche déjà cette moue de petit ange innocent.

Hippolyte s'éclaircit la gorge une première fois. Mais Diana, trop occupée à regarder par la fenêtre avec envie, ne réagit nullement. La reine s'éclaircit alors la gorge une seconde fois, cette fois ci de façon exagérée. Diana sursaute, se redresse sur sa chaise et cherche le regard de sa mère. « Eh bien, Diana, mes leçons t'ennuient-elles à ce point ? » La petite Amazone se sent rougir jusqu'aux racines de ses cheveux. « Non, Mère, c'est juste que... Je... Je... » Elle se creuse la tête mais finit par faire une petite grimace désolée. « Allons, Diana... L'histoire de l'Olympe t'intéresse-t-elle si peu ? » Diana fait la moue et croise les bras sur sa poitrine. « Vous me l'avez déjà racontée, cette histoire... Je la connais par cœur ! Et les dieux aussi ! Je préférerais assister aux leçons d'Artémis... » La reine soupire et s'assoit sur son fauteuil, en face du pupitre de Diana. « De cela aussi, nous avons déjà discuté. Tu es encore trop jeune Diana. Tu sais ce que l'on dit... » « Oui, Mère... La théorie avant la pratique, sinon les choses sont dans le désordre... » La petite fille ne peut s'empêcher de vider ses poumons en soupirant. Elle aime beaucoup les histoires d'Hippolyte, mais elle préfère quand elle les lui raconte le soir... Il y a tellement de choses plus intéressantes à faire durant la journée ! Escalader les falaises de Themyscira, plonger dans la mer et nager dans les eaux claires des rivières, parcourir les grandes plaines à cheval, observer les guerrières s'entraîner... Sa tante Menalippe lui a même offert une petite dague, sa première véritable arme d'Amazone ! Hippolyte avait lancé un regard désapprobateur à sa cadette, mais elle avait laisser Diana garder la dague à condition qu'elle la laisse dans sa chambre et ne s'amuse pas avec. Trop heureuse d'avoir l'autorisation de la conserver, Diana avait hoché la tête jusqu'à en avoir mal aux cervicales. « Bien, inutile de continuer à te torturer de la sorte, de toute évidence mes paroles ne veulent pas rentrer dans ta petite tête. » Hippolyte sourit et d'un signe de la tête, autorise Diana à quitter ses appartements. Diana la remercie et hurle de joie avant de sauter de sa chaise d'un bond et traverse les couloirs du palais plus vite qu'Hermès lui-même ne l'aurait fait.

Diana file à toute vitesse, déclenchant sur son passage l'hilarité des Amazones qu'elle croise. Puis elle ralentit l'allure et trottine joyeusement jusqu'à sa chambre. « Bonjour, tante Antiope ! » Cette dernière la rattrape par le col avant qu'elle n'entre dans la pièce et Diana pousse un couinement de souris. « Diana... Tu as la mine d'une petite princesse qui s'apprête à s'attirer des ennuis. » La petite Amazone affiche une mine exagérément outrée. « Quoi ? Non, ce n'est même pas vrai ! Je veux juste aller trouver Donna pour que nous puissions aller nous baigner dans la Rivière des Naïades ! » « Hmhm... Et je suppose que tu avais tout à fait l'intention de demander à quelqu'un de vous accompagner ? » « Euh... Oui ! Absolument ! » Antiope lève les yeux au ciel avant de s'agenouiller pour se mettre à la hauteur de sa nièce. « Ne rends pas ta mère folle d'inquiétude parce que vous aurez encore disparu, Diana. Si vous voulez aller vous baigner, Apollonia et Kallisto vont accompagneront. » « Et... Si on ne va pas se baigner ? » Antiope hausse un sourcil, toujours étonnée par la vivacité d'esprit de Diana. « Eh bien dans ce cas, elle vous accompagneront ailleurs. » « Mais ! Mais ! Ugh ! » Inutile de lutter. Antiope est plus têtue que Menalippe et Hippolyte réunies. Quand Diana pousse la porte de sa chambre, elle pousse un petit cri de surprise, ne s'attendant pas à y trouver Donna. Antiope passe la tête par la porte et soupire longuement, très longuement. « Donna... Combien de fois t'avons-nous déjà dit de passer par la porte, et pas par la fenêtre... ? » Diana plaque ses mains sur sa bouche pour ne pas éclater de rire. « Allez, mesdemoiselles, allez jouer avant que je ne décide de vous donner des leçons d'histoire, moi aussi. » « Merci, tante Antiope ! » Diana attrape la main de sa sœur et voilà qu'elle reprend son galop. Du bout du couloir, elle entend Antiope leur dire qu'à moi de galoper aussi vite que Pégase, elles ne parviendront pas à se débarrasser d'Apollonia et Kallisto.

Diana ne sait pas par quel miracle, mais les deux Amazones les attendent déjà devant le palais, comme si elles étaient au courant de leur mission avant même que Diana n'ait eu l'idée d'aller à la Rivière des Naïades. « Bonjour Apollonia, bonjour Kallisto ! » Elle n'arrête pas de courir pour autant, et tenant toujours Donna par la main, Diana file à travers les ruelles de Themyscira. Elle ne s'arrête qu'une fois qu'elles sont sorties de la cité et se retrouvent à l'orée du bois. Essoufflée, Diana pose ses mains sur ses genoux pour reprendre sa respiration. Naturellement, Apollonia et Kallisto ne semblent pas le moins du monde éreintées. « Il fait tellement chaud aujourd'hui ! C'est pour ça que je veux qu'on aille se baigner ! Si on a de la chance, peut-être que les naïades seront là, comme la dernière fois, et qu'elles voudront bien jouer avec nous ! » Surexcitée par l'idée, Diana sautille sur place en attendant la réponse de Donna. Mais elle le sait déjà, elle sera d'accord, elle sont toujours d'accord sur tout. Car après tout, elles sont comme de véritables sœurs jumelles.

Les sons se rapprochent aux rythmes de cette démarche affirmée typique des amazones. Ils n’en deviennent que plus clairs à mesure que les mots se distinguent les uns des autres. L’enfant repose rapidement l’objet d’émerveillement, soigne son entrepôt de manière à prouver de son innocence. Et puis les voix se reconnaissent naturellement. Rappelant combien l’usage quotidien est une force incommensurable sur l’île. L’affirmation n’en devient que plus riche de sens à mesure que le ton reconnu de sa sœur se dégage du reste. La petite fille sourit à l’idée de la retrouver, de passer un temps conséquent avec celle qu’elle considère comme son double. Sa réussite s’opère dans l’espoir qu’elle lui reconnaît : l’échappatoire. Toutes deux ressentent ce besoin de liberté, Donna bout d’impatience derrière la porte. Déjà le lien qu’elles affectionnent les rend uniques au point de leur permettre ce partage d’une même humeur. Mais la frustration se mêle à ce dessein dans le même temps. La petite Amazone le ressent dans Diana et essaie de la contourner en lui révélant secrètement sa détermination soudaine. Elle sautille chaleureusement d’un pied sur l’autre mais retient un hoquet de surprise au moment où sa sœur la découvre. Leurs émotions se mêlent encore et le petit ange finit par afficher ce sourire empli d’espièglerie lorsque l’accusation tombe. Antiope avait ce don pour savoir faire retomber l’excitation de la découverte en quelques secondes. Son sérieux et sa dextérité imposaient toujours un respect inébranlable à la limite de la terreur parfois. La réaction de Diana ne tarde pas à lui échapper, rappelant au grand galop l’espièglerie de toute à l’heure. « Bonjour tante Antiope… » ses balbutiements cachent maladroitement ses intentions moqueuses alors que ses yeux d’onyx croisent ses semblables sur le visage de Diana. « Si nous devons gagner en agilité, il nous faut de l’entraînement, et quoi de mieux que de passer par la fenêtre ! » Son sourire s’agrandit prenant des airs de fausse petite fille modèle. Elle sait pertinemment que ses avances lui seront reprochées, mais elle ne peut pas s’en empêcher. L’amusement la gagne derechef, lui octroie tout sentiment de frustration. Il ne peut plus exister, pas quand Diana est présente à ses côtés.

Rapidement leurs mains se retrouvent et la course débute. L’éloignement n’en devient que plus effectif au moment où l’information circule. « Apollonia et Kallisto ? » sa surprise se joint à son incompréhension, l’obligeant à détourner son regard de leur direction commune pour vérifier le visage de sa sœur. Les silhouettes des deux chaperonnes se rapprochent à grands pas, suscitant une nouvelle surprise de la part de la petite fille. Elle suit pourtant le mouvement et échappe un « Bonjour. » à la volée. Ses rires ne tardent pas à se mêler à ceux de sa sœur. Joyeux, ils expriment combien la liberté leur est primordiale tant qu’elles sont ensembles. Leur complicité n’a aucun égal et ce depuis toujours. Elles l’entretiennent comme si leurs vies en dépendent, si bien que Donna sait déjà qu’elle est prête à laisser sa vie pour sauver celle de Diana. Cela ne peut en être autrement. Parce que sans Diana, Themyscira n’a aucun sens. La petite fille jette toutefois des regards en biais vers l’arrière, déçue de voir que leurs semblables les flanquent pour les surveiller. La fin risque d’être compliquée à atteindre, pourtant, elle ne perd en rien sa détermination et son excitation. Les habitations s’éloignent pour ouvrir le champ au bois. Le souffle court, les deux petites filles s’arrêtent à l’unisson pour reprendre cet oxygène si cher à leurs poumons. Si elles sont à bout de souffle, les deux Amazones, elles, n’en ressentent pas la moindre difficulté. Cela éveille l’admiration de Donna, qui, rêve d’être aussi forte. Un jour. Mais ce jour lui semble si lointain… Ses yeux préservent leur dévouement envers ce peuple dont la fierté n’a de cesse de grandir en son sein. Le présent refait alors surface sous les impatiences de sa sœur, qui, lui révèle sans retenue ses intentions. Rejoindre les Naïades avaient toujours eu cet effet sur elles, parce qu’elles savaient qu’elles seraient libres et qu’elles pourraient apprendre. Certes, l’impitoyable de ce peuple était constant et omniprésent, mais il n’en restait pas moins qu’elles évoquaient ce même respect qu’Antiope pouvait dégager. « Tu crois qu’on arrivera à les battre un jour ? » Elle s’égosille sur ce même ton d’impatience que sa sœur. Mais rapidement ses yeux trouvent les silhouettes des chaperonnes. « Elles ne vont jamais nous laisser faire… » prévient-elle tout en réfléchissant au meilleur moyen de s’échapper de cette cage invisible.

Puis ses yeux trouvent ceux de Diana et sans émettre le moindre son audible, la petite fille pense fortement à ses intentions. Si elles courent toutes les deux dans des directions opposées, surement les sépareraient-elles et pourraient-elles les semer pour se retrouver plus tard au même endroit. L’image d’une grotte qu’elles avaient découverte ensemble, il y a de cela quelques semaines s’impose à son esprit. Ce lien unique, Donna sait que Diana voit la même chose dans sa tête aussi. Alors elle patiente sagement pour que le message puisse trouver son chemin doucement, que cette connexion se réalise jusqu’à ce qu’un signe distinct l’informe du commencement de leur échappée. « Peut-être même qu’elles nous attendent. » Détournée l’attention pour mieux riposter, Donna avait entendu ce conseil maintes et maintes fois lorsqu’elle admirait secrètement les entraînements de leurs sœurs aînées. Athena usait de sa sagesse et prévalait toujours la patience, tout comme Artémis, mais Antiope, elle, trouvait que cela pouvait être un défaut. Et comme elle le lui avait dit toute à l’heure, rien de mieux que l’entraînement pour mieux apprendre.

« Oh bah oui, bien sûr ! Tante Antiope m'a promis qu'elle s'occuperait elle-même de mon entraînement ! Et Artémis me l'a aussi promis ! Je suis sûre que tu pourras t'entraîner avec moi ! Après tout, nous sommes sœurs ! » Et inséparables. Pour Diana cela ne fait aucun doute, un jour elle seront capables d'affronter mêmes les plus farouches des Amazones. « Parce que c'est notre destin ! Ce sont les Oracles qui me l'on dit ! » Et quand les Oracles sont sûres de quelque chose, elles le répètent à tue-tête. Elles ont dit à Diana qu'elle était spéciale, mais encore trop jeune pour savoir pourquoi. Diana en est certaine, c'est sa mère qui leur a fait promettre de ne rien lui dire ! Parfois, elle s'agace de l'entêtement d'Hippolyte à vouloir préserver son innocence. Mais Diana, elle ne veut pas rester innocente ! Elle veut apprendre à manier l'épée et l'arc, elle veut savoir monter à cheval comme personne et elle veut posséder son propre lasso. Elle ne veut pas être une petite princesse sage, elle veut être une guerrière. Une Amazone, une vraie ! Même Antiope dit qu'il n'y a pas d'âge pour apprendre l'art du combat. Mais Hippolyte persiste, Diana – et par conséquent Donna – est trop jeune pour cela. Combien de fois va-t-elle devoir s'endormir sur l'Encyclopédie du Monde avant qu'elle ne la laisse rejoindre sa tante dans les cours d'entraînements ? Diana n'en peut plus d'attendre, elle a si hâte de grandir ! Peut-être même que si elle devient la meilleure d'entre toutes, Zeus en personne viendra lui rendre visite... C'est étrange, elle a rencontré presque tous les dieux de l'Olympe, sauf lui. Est-ce qu'il ne l'aime pas ? Athéna lui a promis que non, et Athéna ne ment jamais... Peut-être n'est-elle pas encore prête. Oui, c'est sans doute cela ! Après tout, elle n'a que cinq ans. Et si les Amazones ont déjà bien du mal à la faire tenir en place, alors pour la plupart des dieux elle n'est encore qu'un bambin inintéressant.

« Oui, oui, je suis sûre que les naïades nous attendent... ! » Elle adresse un large sourire à Apollonia et Kallisto, mais les deux Amazones ne sont pas dupes : elles échangent un long regard, avant de soupirer, prêtes à se lancer à leurs trousses. D'un coup, Diana part à la vitesse de l'éclair dans une direction opposée à celle de Donna. Les deux guerrières jurent en chœur avant de se lancer après elles. Diana éclate de rire en jetant un coup d'œil rapide par dessus son épaule. C'est Apollonia qui est sur ses talons, alors elle accélère l'allure. Elle est beaucoup plus vive et adroite qu'elle ne semble l'être du haut de ses cinq ans, elle file à travers les broussailles comme une biche et là où Apollonia est forcée de se baisser pour éviter les branches, c'est tout juste si Diana a à se baisser. Elle entend l'Amazone la sommer de revenir tout de suite, mais ça, c'est hors de question ! Hippolyte sera fâchée quoi qu'il arrive, alors autant aller jusqu'au bout ! Apollonia continue à l'appeler mais Diana court comme si elle avait enfilé les sandales d'Hermès, plus rien ne l'arrête ! Son cœur bat si vite dans sa poitrine qu'elle a l'impression d'entendre un tambour, et l'air brûle ses poumons. Mais cette course-poursuite, c'est tellement excitant ! Elle n'a pas l'impression de faire une bêtise, elle a l'impression de faire exactement ce qui est attendu d'une petite Amazone. C'est comme un entraînement, non ? Elle s'entraîne à perdre ses poursuivants, voilà ! Diana pousse un petit cri de souris quand elle manque de trébucher sur un caillou, mais elle se rattrape de justesse et repart de plus belle. Il faut qu'elle trouve une cachette, pour être libre de rejoindre Donna dans la grotte qu'elles viennent de découvrir ! Alors vite, au détour d'un énorme rocher, Diana se jette dans un buisson et plaque ses mains sur sa bouche pour étouffer son rire. Apollonia la dépasse en continuant à crier son prénom ; Diana attend qu'elle se soit éloignée pour sortir de sa cachette. Mince, elle a encore déchiré une de ses robes... Cette fois c'est sûr, la reine ne sera pas contente.

Diana trottine joyeusement jusqu'à leur découverte et fait la moue en constatant que Donna n'est pas encore arrivée. Peut-être que Kallisto était un peu plus difficile à semer qu'Apollonia ? Ce n'est pas bien grave, Diana sait que Donna se débrouillera pour arriver à la grotte. En attendant, elle s'assoit dans l'herbe juste devant cette dernière et cueille de nombreuses fleurs pour tresser deux couronnes. C'est le printemps, bientôt l'été, c'est la saison de Perséphone et il faut la célébrer. La déesse est rarement venue sur Themyscira, mais Diana n'a manqué aucune de ses visites. Elle était toujours joyeuse et souriante, elle laissait une traînée de fleurs partout où elle allait... Trop curieuse, Diana lui a demandé si elle n'était pas triste le reste de l'année, dans le Tartare avec Hadès. Au contraire, lui avait-elle répondu, elle aimait son époux autant que de ramener le printemps aux humains. Diana s'était demandée comment une femme si douce pouvait aimer le Dieu de la Mort, mais Perséphone lui avait expliqué que les apparences étaient souvent trompeuses, et Diana avait bien sagement acquiescé. Parce que les déesses sont sages et savent presque tout. Enfin, c'est ce qu'on lui a raconté pour qu'elle arrête de leur courir après constamment pour leur poser toutes les questions qui lui passent par la tête. Ses petits œuvres terminées, Diana les dépose délicatement à côté d'elle avant de s'allonger dans l'herbe, les bras derrière la tête. Elle ferme les yeux à cause du soleil trop brillant pour eux et profite de l'air et de la mélodie de la nature en attendant que Donna la rejoigne. Et après, elles partiront en mission d'exploration ! En espérant que cette grotte ne soit pas l'antre d'une hydre. À cette pensée, Diana déglutit bruyamment.

Les yeux de la petite fille s’embrasent, enlacent les constellations par-delà les contrastes bleutés au-dessus de leurs têtes au moment où sa sœur lui annonce une telle nouvelle. Elle, qui, n’était pas une princesse recevait ce droit honorable de participer à de tels apprentissages. Les rêves de Donna l’emportent naturellement vers cette image qu’elle idéalise. Vers cette vision qui lui montre combien elles seraient de terribles guerrières. Pas de celles qui entraînent la crainte, mais bien celles qui clament haut et fort leur ambition vers la paix. Cette paix qui unie les peuples, cette paix qu’on ne cesse de leur répéter et inculquer à travers les récits partagés. Sœurs jusqu’au bout, elles se tiendraient fièrement -voire même plus que ce que peut l’être Antiope, sur leurs montures. Deux sœurs, deux guerrières, qui n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre et qui, plus que les autres, parviendront à être fortes. La petite fille laisse son rire l’emporter sur le reste, suffoquant à cause de leur course. Cela ne l’empêche pas de s’impatienter jusqu’à ce temps. « Tu sais que ce qu’elles prédisent ne vaut que pour toi. C’est toi la princesse. » ne peut-elle s’empêcher de commenter sur un ton rieur. Et pourtant, Donna sait qu’elle restera pour toujours la sœur, la meilleure amie et le soutien de sa Diana. Inséparables, il ne peut en être autrement. La petite fille se persuade que ni le temps, ni aucun dieu ne sera en mesure de les séparer. Cela lui parait impossible. « Mais je resterai toujours avec toi. » même si elle doit s’entraîner à l’abri des regards, même si on l’écarte de sa sœur, Donna n’acceptera jamais de tels affronts et mettra tout en œuvre pour rester à ses côtés. Cette promesse, elle se l’était faite alors qu’elles s’aventuraient vers de nouvelles découvertes comme aujourd’hui, et elle veillerait à la préserver intacte. Leur course dérive, entreprend des virages serrés, mais pas assez pour éloigner la distance d’avec leurs chaperons. Pourtant, elle rient à tue-tête, exhorte cet aspect enfantin qui prouve que l’île de Themyscira abrite la vie sous sa forme la plus innocente. Leurs rêves les emportent toutes deux vers les naïades, peuple mythique qu’elles se plaisent à découvrir ensemble. Si libres, si fortes elles-aussi, Donna les idéalise, osant croire qu’elles seraient un mélange d’Amazone et de Naïade.

Le rendez-vous l’assigne d’un désir omniprésent d’augmenter la cadence. Tout comme Diana, elle veut les retrouver pour découvrir de nouveaux trésors, pour se sentir libérée de cette pression qu’on leur inflige. Et puis le regard parle pour elles. Il ne suffit d’aucun mot pour qu’elles se comprennent. Sa sœur dévie vivement sur son flanc droit, alors qu’elle-même se dirige à grande vitesse vers la gauche. Entraînant les jurons de leurs chaperons, les rires de Diana résonnent à ses oreilles, lui donnant une force supplémentaire pour éloigner Kallisto. L’Amazone est très rapide et commence ses rappels qu’elle oublie volontairement. La petite fille court, saute par-dessus des buissons, se baisse pour passer des troncs d’arbres. Elle échange volontairement ses directions sans prendre le temps d’appréhender l’environnement, ses sens s’éveillent à chaque fois et lui dictent de réagir au mieux. Une brache érafle sa joue, lui égratigne de quelques millimètres, mais ne l’arrête pas. Au contraire, l’adrénaline lui souffle de continuer, de voir là un de ces entraînements dont elle rêve tant. Et puis, un terrier se présente à elle. Caché de la vue d’une adulte, elle s’y glisse à l’intérieur avec hâte. Retient son haleine pour ne pas se faire remarquer. Kallisto à ses trousses, passe devant l’enfant sans même la remarquer. L’Amazone continue droit devant, Donna entend ses pas s’éloigner. Mais maligne, l’enfant a appris qu’il ne faut jamais rester longtemps dans une cachette. Elle se redresse déjà, couverte de terre, sa chevelure complètement hirsute, essuie sa joue d’un revers de main et cherche l’arbre qui pourra l’accueillir pour quelques instants. Elle ne tarde pas à le trouver à une dizaine de mètres. Voilà qu’elle reprend son élan et qu’elle s’y dirige pour se hisser jusqu’aux branches les plus fines. A cinq ans, son poids lui permet encore de grimper plus haut, de rester immobile et garder ses mains sur sa bouche pour ne pas rire. Son impatience la guette et pourtant, elle se répète que bientôt elle retrouvera sa Diana.

A cette pensée, ses yeux se ferment. Donna sait comment la retrouver, cette technique fonctionne depuis leurs naissances. L’image de la grotte s’impose dans son esprit, lui ouvrant alors le champ sur la direction à prendre une fois descendue de son perchoir. Des fleurs se mêlent. Elle plisse ses sourcils, s’interrogeant sur cette drôle de vision, puis finit par hausser ses épaules en ouvrant ses paupières. Elle n’a que trop attendu, là voilà qui descend de son arrête. La petite brune court à nouveau vers une direction différente, mais sans lui rappeler une destination importante. Ses instincts la poussent à se baisser dès qu’un craquement de branchage résonne. Rien. Elle est seule et retrouve son large sourire pour rejoindre sa sœur. Ses pas l’échappent des bosquets, lui font découvrir un espace ouvert. « J’ai cru que je ne la sèmerai jamais. » Sa voix s’égosille en direction de sa sœur. Diana lui paraît reposée, alors qu’elle… est éprouvée. « Note pour plus tard, tu t’occupes de Kallisto et moi d’Appolonia. » Son rire l’emporte mais sa curiosité gagne du terrain. « Qu’est-ce que tu fais avec des fleurs ? » Son ton innocent exprime sa joie de retrouver sa moitié, si bien que sa main ne tarde pas à se tendre vers sa direction pour l’aider à se relever. « On va les voir ? » Ses pieds trépignent, elle oublie déjà sa fatigue de toute à l’heure, Donna se sent prête à retourner en exploration avec sa sœur.

Diana se demande à quoi Donna et elle ressembleront lorsqu’elles seront plus grandes. Elle espère qu’elles seront aussi fortes et courageuses que le reste des Amazones. Et surtout, qu’elles resteront inséparables. Elles ont beau ne pas être tout à fait jumelles, c’est tout comme. Elles sont pour le moment les seules enfants de l’île, alors forcément elles passent la plupart de leur temps ensemble. Enfin, quand leurs professeures ne s’acharnent pas à essayer de faire entrer des traités philosophiques dans leurs petites têtes. Diana en est sûre, elle aura toujours du mal à rester assise à une table et à écouter bien sagement les histoires qu’on lui raconte. Ce n’est pas qu’elle ne soit pas intéressée… C’est juste qu’il y a tant de choses intéressantes et excitantes à découvrir sur Themyscira ! Et après, dans le monde ! Hippolyte a beau s’acharner à essayer de lui répéter que les Amazones ne sont pas autorisées à quitter l’île, rien à faire. Diana en est certaine, un jour elle partira explorer le monde et bien sûr, Donna l’accompagnera. Parce que quoi qu’il arrive, elles resteront ensemble. C’est comme ça et pas autrement. Diana l’a décidé, et quand elle décide quelque chose, il est difficile de lui faire changer d’avis. Sa mère lui dit souvent qu’elle est plus têtue qu’Artémis, ce qu’elle prend évidemment comme un compliment ! Elle admire la chasseresse un peu plus que les autres déesses, justement parce qu’elle a fort caractère et qu’elle n’hésite pas à le montrer. Et puis c’est après elle qu’Hippolyte a choisi son prénom, alors elle ne devrait pas s’étonner de la détermination presque sans faille de sa fille.

Diana rouvre les yeux et se redresse lorsqu’elle entend les pas de Donna se rapprocher. Enfin ! Pendant une minute, elle a cru qu’elle ne parviendrait pas à semer Kallisto ! « La prochaine fois je m’occupe de Kallisto, promis ! Aucune Amazone n’est assez rapide pour me rattraper ! » Diana éclate de rire. Ce n’est pas tout à fait vrai, plus d’une fois elle a été rattrapée et ramenée à toute vitesse auprès de la reine. Qui, avec le temps, a simplement pris l’habitude de soupirer en levant les yeux avant de renvoyer sa fille auprès de sa préceptrice du moment. « J’ai fait des couronnes en t’attendant ! »  Elle attrape la main que Donna lui tend pour se relever, puis elle se baisse pour ramasser ses couronnes de fleurs. Elle en place une sur la tête de sa sœur avant de faire de même avec la seconde. « Tu veux d’abord aller voir les naïades ? On pourra revenir demain pour explorer la grotte ! » Ou peut-être pas, si elles sont punies pour avoir – une fois de plus – désobéi et échappé à leur escorte. Diana culpabilise une petite seconde en songeant à Kallisto et Apollonia qui doivent encore les chercher partout, avant de hausser les épaules. Les pauvres ont l’habitude, ce n’est pas la première fois et certainement pas la dernière non plus… Diana attrape la main de Donna, et les revoilà parties à l’aventure. Il fait tellement chaud, elle a hâte de plonger dans la rivière, que les naïades y soient ou non. Elle sait déjà nager comme un petit poisson, comme si Poséidon lui-même lui avait appris à le faire. A moins qu’elle n’ait reçu une bénédiction de sa part aussi ? Diana n’en est pas sûre, mais elle se promet de poser la question à sa mère quand elle viendra pour essayer de la mettre au lit tôt.

Main dans la main, les deux petites Amazones s’engagent sur le chemin qui les conduira jusqu’à la rivière. De temps en temps, Diana ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule, au cas où Kallisto et Apollonia seraient parvenues à retrouver leur trace, mais pour le moment il semble qu’elles soient tranquilles ! Quand le son de l’eau qui coule se fait entendre, Diana lâche la main de Donna et s’élance en courant en éclatant de rire. Elle trébuche quand ses pieds se prennent dans une petite racine mais elle se rattrape de justesse en pouffant – elle n’est plus à une chute de plus ou de moins ! Quand elles arrivent aux abords de la rivière, un soupir échappe à Diana. « Oh, mince. Elles ne sont pas là. J’étais pourtant sûre qu’elles seraient là ! Elles ont dû aller ailleurs… » Elle croise les bras, franchement déçue par l’absence des naïades. Elles se sont si bien amusées la dernière fois ! Où sont-elles passées ? Pendant un instant, Diana imagine partir à leur recherche, mais il fait tellement chaud… « La dernière à l’eau est une vilaine gorgone ! » Et sans même prendre le temps d’ôter ses sandales, elle se précipite vers le bassin formé par la rivière et plonge tête la première, éclaboussant Donna au passage. Sa robe était déjà déchirée, la voilà à présent trempée. Mais Diana s’en fiche complètement. Elle refait surface et éclate de rire, sans se soucier le moins du monde d’autre chose que de ce moment privilégié qu’elle partage avec sa sœur.

L’appréhension s’estompe volontiers au profit de l’amusement qui revient sans se faire prier. Les retrouvailles dévoilent pour une fois encore combien la complicité les anime, fait partie intégrante de leurs caractères. Les scènes antérieures s’oublient aussi rapidement qu’elles ont pu se vivre alors que leurs sourires s’échangent dans cette confiance mutuelle. Donna est heureuse d’avoir retrouvé sa sœur, le bonheur s’installe innocemment, mettant un point d’honneur ou plutôt de fierté à cette révélation à peine confiée. Elle a réussi là où peut-être d’autres auraient échouées. Kallisto n’étant plus à leurs trousses tout comme Appolonia, les deux petites filles s’en sortent victorieuses de cette première étape. L’on croirait qu’elles vivent l’un des travaux d’Hercule. Et pourtant, cela n’enlève en rien la détermination qu’elles partagent. Retrouver les Naïades est un dessein qu’elles désirent plus que tout vivre en cet instant. Peu importe les remontrances, les punitions et les innombrables heures de politique devant lesquelles elles auraient à faire face, seul cet instant présent compte à leurs yeux. Et déjà toutes les deux s’amusent. Sa sœur, dans sa bravoure la plus complète, lui témoigne de cette véritable volonté de mieux faire la prochaine fois. Et Donna en est certaine, elle réussira. Parce que sa sœur est et restera à tout jamais la plus vaillante des deux selon elle, la plus vaillante de toutes les Amazones. « Tu crois qu’Hermès pourrait nous prêter ses sandales ? Ou alors, on appelle Eole pour qu’il souffle contre elles ? » Ah les joies de l’opiniâtreté des petites filles. Le petit air malicieux ne tarde pas à venir se dessiner dans le coin des yeux d’onyx de Donna dans le même temps qu’un sourire espiègle étire ses lèvres. Néanmoins, même si elle fait preuve d’une certaine malice, jamais, elle ne désirerait faire du mal à qui que ce soit. Elle clame simplement son désir de liberté, de découverte, mais surtout de partage avec sa moitié. Parce qu’elle le sait au fond de son cœur, ensemble, elles peuvent tout affronter.

Cet élan rusé la quitte rapidement toutefois, pour laisse place à cette curiosité qui attire son regard. Les fleurs sont magnifiques, tout comme l’art que lui en témoigne la dextérité de sa sœur. Leurs mains se rejoignent sans attendre, prêtes à défier le reste pour retrouver leur volonté première. Un nouveau rire échappe des lèvres fines de la petite Amazone au moment où la couronne de fleurs s’appose sur son chef. « Un jour on sera aussi belles qu’Aphrodite. » Un rire lui échappe à nouveau, parce qu’elle est certaine que cette vérité sera vraie pour Diana. Mais tout s’efface devant le retour de cette nouvelle aventure à venir. « Ouiiiiii ! » Sa voix s’élève enjouée, prête à en découdre. Elle s’impatiente déjà de leur retour un autre jour pour établir cette exploration. Donna n’ose envisager les punitions pour l’heure, car elle les connaît pour être parfois terribles. Elle préfère oublier les séances d’algorithmes durant lesquelles sa lutte contre le sommeil lui donne l’impression de jouer le rôle de David face à Goliath. Aussi, ses pieds trépignent déjà d’impatience et rapidement le chemin les entraîne vers ce lieu qu’elles considèrent comme sacré. Toujours à la hâte, toujours enclines à partager le meilleur de leur engouement, les voici parties rejoindre ce peuple qui les fascine pour beaucoup.

Leurs courses se saccadent aux rythmes des quelques obstacles qui se dressent devant elles. Diana les franchit toujours avec élégance et équilibre, alors que Donna peine encore sur quelques-uns d’entre eux. Mais elle ne se méprend pas et sait que les années lui confèreront cette même souplesse. Elle observe bien souvent et apprend de cela en mimant les mêmes gestes. Le son de la rivière les informe de leur arrivée imminente. Le cœur de la petite Donna ne fait qu’un bond dans sa poitrine face à l’impatience qui la guette. Elle a tellement hâte de les rejoindre pour apprendre un peu plus de leur peuple mais surtout de leurs dons pour la nage. La main de Diana lui échappe, elle aussi impatiente, et rapidement elle la rejoint dans sa moquerie au moment où elle manque de tomber. Elles ont toujours été complices, jusque dans leurs chutes. Et si ce n’était pas Donna qui riait, Diana ne tardait pas à en faire de même lorsque ses propres fesses ou son nez touchaient le sol. Heureusement l’in extrémis fait parti de leur apprentissage, éveille leurs sens, de manière que la chute soit moindre. Et cela ne les détourne en rien de leur objectif. Elles courent à en perdre haleine, et s’arrêtent ensemble pour observer les alentours. Vides. La conclusion de sa sœur ne tarde pas à révéler la réalité, faisant naître la moue sur les lèvres de la petite amazone. « Elles sont peut-être dans la grotte ? » Parce qu’elle n’oublie pas qu’elles iront l’explorer et qu’elle se doute que des eaux claires forment une source. Néanmoins, l’espièglerie ne tarde pas à pointer à nouveau le bout de son nez et appelle les deux petites filles à se défier. Donna n’avait pas vu le coup venir, et essaie de rattraper le délai afin de poursuivre sa sœur jusque dans l’eau. Trop tard, elle est la gorgone. Mais cela lui importe peu, voilà que l’eau la rafraîchit déjà et qu’elle remonte à la surface pour éclater de rire à côté de sa sœur. « Au moins, on a l’eau pour nous toutes seules. » Son ton s’amuse à partager sa joie. Et déjà ses bras et se jambes commencent à se mouvoir pour essayer de nager comme on lui a enseigné. « Tu crois qu’il y a des nymphes ? » lui demanda t-elle en toute innocence avant de regarder par-dessus son épaule. Il ne manquerait plus que Kallisto et Appolonia n’arrivent et les obligent à sortir de l’eau. Mais bien heureusement, elles sont seules et elles peuvent en profiter pour se détendre un peu. Même si les couronne de fleurs flottent et se désagrègent. « Oh non ! Je crois qu’il va falloir que tu recommences. » lui témoigne t-elle sur un ton déçu. « On va tout au fond ? Pour chercher des pierres qui brillent ? » L’avantage d’être une enfant permet de dédramatiser relativement vite et ainsi profiter à nouveau de l’instant. Sans se faire plus attendre et parce que le fond est d’autant plus peu profond, la petite fille prend une grande inspiration et plonge la tête dans l’eau. A défaut de pouvoir honorer sa sœur avec une belle couronne de fleurs, elle lui offrira un trésor de pierres lumineuses.