who will save you now | donna

Il entendait encore leurs voix. Désespérées, implorantes – la plupart n’avaient toujours pas compris ce qui leur était arrivé. Mais lui, il savait. Il l’avait déjà vu. C’était comme ça aussi que sa mère et son frère étaient partis. Dans les ruines poussiéreuses d’une Londres aussi étrangère que menaçante, Nate Heywood déambulait, titubant sur ses appuis, seul dans un désert de désolation alors que dans sa tête résonnaient les échos distants des voix qu’il n’arrivait pas à chasser. Des cris de terreur. Des appels au secours. Des questions qui resteraient à jamais sans réponse. Il avait trouvé la première statue quelques jours après son altercation avec la Terra de cette Terre-ci, à la solde des Furies et des Amazones. Il avait vite compris que quelque chose n’allait plus chez lui, depuis cette terrible attaque. Au début, il avait cru que l’implant de Batgirl avait simplement commencé à dérailler, alors il l’avait désactivé, pour voir, mais ça n’avait rien changé. Rien changé au bourdonnement, parfois distant, parfois assourdissant, qui résonnait dans ses oreilles, rien changé à la lourdeur de son corps. Puis il avait fini par comprendre, ce bourdonnement, quand il avait trouvé sa première statue. Première silhouette d’une longue série – un pauvre homme, figé dans un instant de terreur, immortalisé dans une statue du même métal que celui dont il était fait. Et sa voix, qui se propageait à travers les vibrations du métal, et que seul Nate, apparemment, réussissait à entendre. Puis il en avait trouvé une autre. Et encore une autre. Et la tête lui avait tourné, en découvrant la longue et sinistre liste des victimes de celui qui devait être son double sur cette Terre. Un double qui avait plus hérité des pouvoirs de Reichsmark que lui ne l’avait fait – et qui avait, visiblement, décidé de suivre un chemin similaire.

Le bourdonnement ne s’arrêtait jamais. A la longue, Nate avait fini par comprendre qu’il entendait toutes les vibrations du métal, vivant ou non, mais il n’avait toujours pas trouvé de moyen de l’arrêter, alors il avait arrêté de lutter. Ce qui lui arrivait exactement, il n’en avait aucune idée. Mais il en avait conclu que, peut-être, depuis Terra, son corps subissait une modification quelconque, et se rapprochait dangereusement plus du métal que de ce qu’il restait d’humain dans son système. Et il avait beau regarder dans tous les sens, il ne trouvait rien, ni personne, pour l’aider à se tirer de ce mauvais pas. Floyd était reparti à la recherche de ses proches. Hank et ses cousins restaient introuvables, de même que la Justice League. Il n’y avait que lui. Lui, sa solitude, et le métal qui progressait, petit à petit, cellule par cellule, ou du moins était-ce l’impression qu’il avait. Emergeant des décombres du Strand, Nate avisa le checkpoint hautement gardé de la cathédrale de Saint Paul, et sa gorge se serra en songeant qu’il revenait encore bredouille. Mieux, qu’il revenait bredouille, et qu’il se perdait lui-même un peu plus à chaque jour qui passait dans cet enfer. Bien connu des gardes qui le voyaient partir chaque matin à la recherche de sa famille, il passa la barricade sans encombres, et déambula à travers les rues, sans but, en laissant le hasard le guider. Une routine quotidienne. D’abord les parties les plus dangereuses de la ville, puis le quartier, au cas où… au cas où quoi ? Au cas où un miracle. Il n’avait besoin de rien de moins. Deux mois s’étaient écoulés depuis leur arrivée à New Themyscira, et il n’avait toujours rien trouvé, et l’espoir était-il seulement encore permis à ce stade, et…

« Donna, on va où ? »

Nate s’arrêta net dans ses pas et tendit l’oreille, son cœur chutant dix-huit pieds sous terre sous le coup de la surprise et de l’espoir fou qui le submergea. Il n’avait pas rêvé ? A travers le bourdonnement familier, cette fois, c’était bien la voix de Nicole, qu’il avait entendue ? « Nicole ? » appela-t-il en regardant autour de lui. Où était-elle ? Il ne pouvait pas avoir rêvé, si ? Et ce nom, Donna – non, c’était trop beau pour être vrai ? « Nicole ! T’es où ? Donna ! » Et le bourdonnement de reprendre de plus belle, et il portait encore leurs voix ; cette fois il en était sûr. Son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, et se fichant pas mal des regards suspicieux des passants, il repéra l’origine des vibrations et remonta la rue en courant, Petit Poucet à la recherche de sa famille, dans une dernière tentative désespérée. Les voix de Nicole et Donna étaient des échos, et se répercutaient, d’une façon ou d’une autre, dans les gouttières, les plomberies, et il ne savait encore quels conduits métalliques qui pullulaient dans l’ancienne Londres, et très vite, il déboucha sur une petite place en retrait de l’agitation de Whitechapel, bordée de maisons qui semblaient toutes abandonnées. Mais le son venait de là – il venait forcément de là. Il ne pouvait pas les avoir perdues à nouveau. Pas maintenant. « Nicole ! Donna ! C’est moi, c’est Nate ! » appela-t-il, la voix brisée de trop avoir appelé des noms qui l’avaient laissé sans réponse toutes ces semaines durant. Est-ce qu’il avait rêvé ? Non. Non, non – ce serait trop cruel. Pas maintenant. Pas comme ça. Ses yeux bleus scrutèrent les portes de chaque maison, qui restèrent résolument closes. « Les filles, je vous promets, c’est que moi… » appela-t-il encore, alors que ses épaules s’affaissaient. « … dites-moi que j’ai pas rêvé. » Une dernière supplique – avant le soulagement.

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L’espace devenait habituel, empreint de cette aura malfaisante, signe d’une perte sans précédent. Le monde avait failli dans bien des domaines, n’accordant plus aucune place à ce qui en valait réellement la peine : l’espoir. Ici, la bienveillance avait été éradiqué au détriment de cette terreur grandissante et vrombissante. Elle s’étend au-delà des mœurs, pas de-là les ruelles de cette Londres jadis accueillante. Dans quel but ? Le chaos se mêle à la désolation surement pour prouver que sans espoir le monde n’est plus. Les innocents méritent protection, entretiennent cette vision qui paraît si utopique ici. Mais ils sont bien présents. Et l’Amazone ne peut se résoudre à les délaisser, les ignorer. Cela ne fait ni partie de son caractère, ni de son héritage qu’elle tend bien décrire aussi bien à ses sœurs de ce monde qu’à celle qu’elle considérera toujours comme son alter ego. La Diana de ce monde ne ressemble que pour trait à celle avec qui elle a grandi. Elle n’en dispose pas du cœur, chose que la brunette désire lui confier. Mais avant cela, sa mission instinctive lui assigne de protéger les innocents. De les confiner, pour l’instant, afin préserver leur survie. Ses déambulations la mènent vers de nouvelles ruelles, vers des endroits qu’elle avait appréciés photographier dans une époque révolue. Jusqu’à ce que tout change et ne devienne noirceur. Ses recherches n’en devinrent que plus intenses, ses curiosités plus poussées alors que ses élans de retrouvailles espéraient revoir un visage ami. Esseulée, l’Amazone recherchait la moindre trace pour recouvrer son propre espoir. Et ce fut grâce à cela que ses pas la menèrent jusqu’à la silhouette de l’adolescente. A l’image d’une mère qu’elle ne serait jamais, Donna s’enquit de prendre Nicole sous son aile. Pour leur amitié, pour cet espoir qu’elle désirait préserver. La jeune femme lui assura une protection toute particulière alors que leurs conversations se dirigeaient naturellement vers les personnes auxquelles elles tenaient.

Encline au meilleur pour ceux qu’elle considérait comme faisant partie de sa famille, Donna réitérait ses tentatives quotidiennes pour retrouver Amanda et Jordan. Ses élans maternels, protecteurs, la poussaient à croire que tous deux se trouvaient en compagnie de Nathaniel, affirmation qu’elle considérait comme légitime, et qui apaisait tout autant les inquiétudes de Nicole. Pourtant, ni l’une ni l’autre ne pouvait se persuadait davantage. Seul l’espoir était en mesure de leur en confier les bonnes grâces pour continuer. Continuer. Ce terme, elle l’avait répété à la jeune fille qui l’accompagnait à maintes reprises alors que ses épaules s’affaissaient. « Tu vas y arriver Nicole. » l’encourage t-elle en approchant sa main au niveau de son épaule pour appuyer cet élan de courage qu’elle désire tant lui voir sur son visage. L’incertitude les guette toutes deux. « Je suis pas sûre… Imagine ils sont… » « Certainement pas ! Je t’interdis de penser à ça. Vous êtes tous débrouillards et si eux n’ont pas retrouvé ton cousin, c’est lui qui les aura retrouvés. Ne doute jamais de ta famille. » Sa voix cherche à partager sa détermination à ce sujet. Même si l’incertitude les guette, elles ne peuvent se permettre de s’y noyer. Elles étaient la preuve que le hasard pouvait créer de belles situations. « Je comprends ce que tu ressens… et je te promets qu’on les retrouvera, d’accord ? » Ses onyx fixent les iris à mi rougis de la jeune fille. Un sourire s’échange. Fidèle à ce sentiment protecteur et dissimulant une certaine gratitude entre elles. « Ok, je te crois. » A regards entendus, leurs mains se serrent et se délient de manière à laisser à l’Amazone l’opportunité de se saisir de son fameux bâton de fortune. Fidèle compagnon, toutes les deux finissent par s’entendre pour charger leurs dos des sacs à dos.

« Donna, on va où ? » Le menton de l’adolescente remonte, signe de cette nouvelle détermination qu’elle est parvenue à recouvrer. « On verra si on arrive à descendre jusqu’à Ratcliff… ça te va ? » Qui disait descente disait forcément Tamise et de fait Atlantes. Cela étonnait grandement que Nate s’y trouve, néanmoins, elle préférait viser large dans l’éventualité où quelque chose se soit produit. « ça craint pas trop là bas ? » « Ou qu’on aille se sera dangereux, le tout est de rester à couverts. » Nicole semble acquiescer d’un signe de tête mais pour la rassurer, Donna s’empresse de lui saisir la main. « On restera toutes les deux quoi qu’il arrive. » Leurs sourires se confondent et déjà elles entreprennent leur route dans ce même espoir qu’elles essaient de préserver. Les passages deviennent de plus en plus empruntés, les visages se reconnaissent comme faisant partie de cette « résistance » qu’ils essaient de maintenir. Les traits de Donna se figent dès lors qu’elle ne s’adresse plus à la jeune fille, révélateurs de sa méfiance permanente dont elle ne peut se défaire. Ce n’est que lorsqu’elles sont seules qu’elle devient à nouveau l’amicale qu’elle lui connaît. « T’es déjà venue à Londres ? » La jeune fille regarde autour d’elles, désireuses de reconnaître surement des détails jadis dessinés. « Je suis plus trop… » La main de Donna vient de s’abattre sur la bouche de la jeune fille pour l’arrêter dans sa réponse. Les yeux de l’Amazone scrutent les environs, elle vient d’entendre un son qui lui apparaît comme une menace. « A couverts. » chuchote t-elle en direction de Nicole tout en la tirant déjà vers un recoin. L’avantage des habitations anglophones résulte dans cette faculté à créer des lieux de vies en sous-sol. Toutes deux passent le portillon et dévalent les marches, Donna couvre le corps de l’adolescente par sa silhouette. Attendre que la menace passe. Des pas rapprochés les informent d’une course à venir. Jusqu’à ce que LA voix perce l’espace. Les yeux de Donna s’écarquillent en reconnaissant ce timbre, la jeune fille cherche à se redresser pour vérifier de la véritable identité du nouveau venu. Est-il possible que ? L’Amazone se redresse derrière Nicole et affiche une moue inquisitrice quant à la véritable identité de l’homme sur la place. « Je passe devant. » l’informe t-elle sans lui interdire de la suivre. Après tout, si l’identité est bien celle de son meilleur ami, Donna ne peut se résoudre à empêcher Nicole de le rejoindre. Les marches qui les séparent ne sont plus aussi importantes que jusqu’alors. « Nate ? » appelle la brunette au moment où son meilleur ami lui tourne le dos et balbutie des espoirs perdus. Aucun doute, c’est bien lui. Une menace n’aurait jamais pu adopter un tel ton, pas alors qu’ils se veulent totalitaires dans leurs agissements. Nicole derrière elle s’active et cherche à passer devant pour courir. « Par Elpis, comment es-tu arrivé jusqu’à nous ? » Nicole l’a devancé et enlace déjà son cousin. L’image en est une merveille, ravivant ce sourire si rare sur les lèvres de Donna.

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Presque trois mois d’errance. Presque trois mois à déambuler dans ce monde aux allures de purgatoire, à se demander parfois s’il n’était pas mort en mission et simplement perdu quelque part en enfer, condamné à chercher quelque chose qu’il ne trouverait jamais jusqu’à la fin des temps. Presque trois mois pendant lesquels l’espoir s’était fait rare et les moments de joie plus rares encore, mais ces trois mois, si les dieux divers et variés qui avaient l’air d’exister quelque part dans ce monde le voulaient bien, pourraient bien s’achever aujourd’hui. Le bout du tunnel et le renouveau de l’espoir et de l’optimisme, parce que ces échos de voix avaient rallumé un feu qu’il avait craint de voir éteint. Donna et Nicole, Nicole et Donna, il ne savait pas comment, ni par quel miracle elles seraient là toutes les deux en même temps, mais si c’était bien le cas, alors ça voulait dire que la roue du monde avait recommencé à tourner dans le bon sens. Qu’il pouvait arrêter de se maudire pour n’avoir pas su protéger sa famille d’une menace qu’il n’avait pas vue venir, et que l’espoir était encore permis pour ceux qu’il n’avait pas encore retrouvés. Peut-être qu’ils n’étaient même jamais venus, ou qu’ils étaient en sécurité quelque part avec Hank. Nate se tenait là, debout sur cette petite place à scruter le paysage le cœur tambourinant dans sa poitrine. Fatigué, sans doute l’air un peu halluciné, et s’il s’avérait qu’il avait rêvé, alors il ne savait vraiment pas comment il réagirait. Peut-être que ce serait l’échec et la trahison de trop. Peut-être qu’il en perdrait, cette fois, tout à fait la raison, et n’aurait plus qu’à se joindre aux statues figées éparpillées un peu partout dans New Themyscira. Et pendant un instant, le temps se suspendit dans l’air. Pendant un instant, plus rien ne bougea.

Son nom qui claque dans son dos. Son cœur qui rate un battement. Nate se retourna, incrédule, et les voilà, ses deux sauveuses, sous les traits d’une gamine de quinze ans et d’une guerrière multi-millénaire. Enfin. Et bim, Nicole lui rentra littéralement dedans à pleine vitesse, laissant échapper un « aouch ! » en se souvenant que son cousin était un peu plus solide que la moyenne, sans pour autant que cela ne l’empêche de chercher à l’étouffer de ses bras – une faveur qu’il lui rendit volontiers, hilare, ivre de bonheur et de soulagement. « Nate ! J’ai cru qu’on n’allait jamais te trouver ! » s’exclama Nicole, en se laissant aller à quelques sanglots de soulagement – et pour dire la vérité, Nate n’était pas loin d’imiter son exemple. « Hey, tout va bien, maintenant. Tu sais bien qu’il en faut plus pour séparer le clan Heywood, non ? » Ca faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de tenter de rassurer quelqu’un, mais il ferait de son mieux – et enfin, il leva les yeux sur Donna, brillants de gratitude et éclairés du premier vrai sourire qu’il avait affiché depuis qu’il avait atterri sur cette Terre. « Viens là, toi aussi, hors de question que tu échappes au câlin collectif. » affirma-t-il sur le ton de la plaisanterie, alors même que sa voix vacillait encore sous le coup de l’émotion – et l’avantage, avec Donna et sa constitution d’Amazone, c’était qu’il n’avait pas besoin de se retenir pour éviter de lui faire mal. Et bon sang, qu’il était bon, de retrouver du même coup sa cousine, et celle qui s’était imposée dans sa vie comme une meilleure amie, avec sa force tranquille et sa bienveillance de tous les instants. Force tranquille et bienveillance qui, visiblement, ne lui avaient pas fait défaut ici non plus, malgré les circonstances.

« Je vous ai entendues. Je cherche encore à comprendre comment exactement, mais j’ai entendu vos voix, et je les ai suivies… » répondit-il enfin à la question fort justifiée de Donna, et pour une fois, cette pensée ne parvint pas à obscurcir le rayon de soleil qui venait de s’abattre dans sa tête, trop euphorique pour accepter tout de suite de replonger dans les ténèbres. Un sourire béat toujours suspendu aux lèvres, il plaqua un baiser sur les cheveux de sa cousine et pressa un peu plus l’épaule de Donna, comme s’il avait besoin d’un ancrage pour ne pas décoller du sol. « Je suis tellement, tellement content de vous retrouver, toutes les deux ! Comment ça se fait que vous êtes ensemble ? » « C’est Donna qui m’a trouvée ! On a cherché les autres aussi, mais pour l’instant, on a été que toutes les deux… » « Et t’as été sage avec elle, j’espère ? » « Naaaate, j’ai plus cinq ans ! » « Je sais, je t’embête. » rétorqua-t-il en lui ébouriffant les cheveux, avant de tourner le regard vers Donna pendant que Nicole marmonnait dans son t-shirt. Donna, toujours présente à l’appel quand il s’agissait de veiller sur la veuve et l’orphelin – très littéralement, cette fois-ci. « Je ne sais pas comment te remercier, Donna. Je n’aurais pas pu espérer meilleur ange-gardien pour ma tribu. Merci, vraiment. » Evidemment, que c’était Donna, et que Donna ne laisserait jamais un innocent derrière, mais le fait que ce soit sa famille à lui, qu’elle ait sauvé d’une mort certaine, c’était quelque chose de bien plus énorme que ce que les mots n’auraient pu exprimer. Enfin, il accepta de relâcher son emprise sur elle et renifla – non, il n’était pas presque en train de pleurer, pas du tout. « Bon sang, je sais même pas par où commencer – vous allez bien ? Comment vous vous êtes retrouvées, toutes les deux ? Comment vous êtes arrivées jusqu’ici ? » demanda-t-il à Donna – les résistants tenaient les Amazones en tel mépris, il espérait qu’elle ne serait pas en danger juste en restant dans les parages. Même si, si un conflit venait à éclater, il ne doutait pas une seule seconde que les résistants seraient en bien plus mauvaise posture qu’elle.

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La certitude remplace la méfiance à mesure que le temps se suspend. Il s’arrête pour plusieurs secondes au moment où la silhouette du jeune homme se retourne vers elles. Les sentiments s’entichent de cette scène, donnent des soulagements pour longtemps recherchés et ce d’une manière inaudible. Les regards se retrouvent se promettant secrètement de ne plus se perdre. Ils y sont parvenus. Ils se sont retrouvés et l’espoir renaît de ses cendres ou plutôt, il réapparait comme s’il ne s’était jamais échappé. Plus fort, plus vigoureux, il ne tarde pas à emplir d’impatience les cœurs les plus innocents. Au point que Nicole se court, enfreint cette règle pourtant répétée inlassablement par son aînée. Mais la joie est telle qu’elle ne peut se contrôler. Donna ne lui en tient pas rigueur, elle n’en a pas le droit, pas alors qu’elle réagirait de la même manière si cela avait été sa propre famille. Son sourire l’emplit de ce même partage auquel elle assiste. Chaleureux, il couve de son étreinte ce berceau familial à peine retrouvé, ce qui éveille son cœur et le remplie de cette même chaleur notoire. La jeune fille est d’autant plus touchante dans ses agissements, dans cette étreinte qu’elle s’empresse d’offrir à celui qu’elle considère comme un frère aimant. L’Amazone n’en devient que plus sereine à mesure que leurs habitudes donnent lieu de se retrouver. Témoin de cette scène familiale, elle demeure discrète jusqu’à ce que l’étreinte n’en vienne jusqu’à elle. « Je suis heureuse pour vous. » en profite t-elle pour souffler à l’adresse de son meilleur ami. La sincérité s’exhorte d’entre ses lèvres, s’échangent à nouveau aussi bien par le biais de leurs regards que par ce sourire qui leur avait paru comme inespéré. La jeune fille souligne ses yeux de ses doigts frêles pour dissimuler les perles argentées. Et pourtant, la brune continue de la couvrir de ce même regard maternel, de cette même étreinte secrète qu’elles ont appris à développer depuis qu’elles partagent ce même temps sur cet endroit. Néanmoins, la question lui échappe. La ramène à la réalité pour justifier de l’ouïe de son ami. Comment avait-il pu les entendre ? Leur discrétion était apparue comme évidente pour l’Amazone et voilà qu’il amenait un doute à s’immiscer dans ses attitudes habituelles. La réponse ne se fait pas attendre et renfrogne doucement les sourcils de la jeune femme. « Tu nous as entendues ? » répète t-elle plus pour elle que pour le reste. « C’est pas grave Donna, l’important c’est qu’il nous ai retrouvé. » Nicole commence à connaître l’Amazone, qui acquiesce doucement de la tête tout en préservant ce doute intact.

L’euphorie reprend de ses droits, ramène à la réalité pour une fois de plus. Un supplément de légèreté duquel Nicole profite pour laisser sa joie s’exprimer une fois encore.  Cette dernière n’en devient que plus communicative et engendre de nouveaux sourires de la part de ses pairs. Nate, le premier, exprime sa surprise sans retenue, demandant à raison comment les deux jeunes femmes se sont retrouvées. Bien sûr, la voix de Nicole ne tarde pas à lui rapporter les faits, réaction qui fit sourire de plus belle la brune. Mais bien trop rapidement, ce dernier s’évanouie, exprime une culpabilité palpable devant son échec : les absences d’Amanda et Jordan. Les habitudes familiales couvrent ce moment d’égarement, prouvant cette complicité fraternelle entre son meilleur ami et sa cousine. Ils en sont mignons, au point qu’il serait aisé d’oublier la menace environnante. Donna s’efface, recule d’un pas de manière à leur laisser de l’intimité, dérive ses onyx à droite puis à gauche pour vérifier des lieux. Puis revient vers l’interpellation qui lui rappelle cette même émotion que plus tôt. « Tu me remercieras lorsqu’on aura retrouvé Amanda et Jordan. » Même si elle trouverait une autre excuse à ce moment là, parce qu’elle n’appréciait pas les remerciements. A quoi bon remercier alors qu’il s’agit là d’une nature ? Et sans qu’elle ne s’y attende, le jeune homme lui donna une étreinte nouvelle. La prenant de cours, l’Amazone finit par resserrer ses bras autour de son buste et s’inquiète de le réassurer par ce biais. « Nous sommes là, nous sommes vraiment là Nate. Et nous ne te laisserons pas. » Ses dires expriment une vérité, à présent qu’elles l’avaient retrouvés, elles ne le laisseraient plus que ce soit Nicole que Donna. Parce que tout comme lui avait besoin d’elles, la brune était au fait d’avoir besoin de son meilleur ami et de sa cousine.

Et puis l’étreinte se desserre doucement, détache l’irréel pour revenir sur le réel. Les questions ne tardent pas à fendre l’air, elles sont justifiées et rappellent la menace de ce lieu. « Je veux bien tout t’expliquer, mais pas ici, pas en pleine exposition. » Nicole sourit de plus belle et laisse entendre une remarque. « Y a des choses qui ne changent pas. » Bien sûr, Donna lui lance un regard amusé avant de se retourner et enclencher le pas. Revenir en arrière, descendre ses mêmes escaliers. Mieux valait rester à couvert, même si cela ne l’empêchait pas de s’exprimer. « Nous nous sommes retrouvées dans les environs de Westminster, j’accompagnais une fille pour qu’elle retrouve sa sœur. Et c’est en me rendant dans les recoins de la résistance que j’ai vu Nicole. » Elle n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que la petite famille à peine réunie profitait de l’instant pour elle seule. « Après quoi, on a pas mal bougées. » « On te cherchait avec Amanda et Jordan. » « Ce qui nous a amené à rencontrer pas mal de personnes. » « On a élu domicile ici. » « Parce que ça me paraissait être une plaque tournante, il y a pas mal de gens qui passent dans la résistance et on se rendait à Ratcliff avant que tu nous trouves. » Ses explications se succédaient de quelques haussements d’épaules ou œillades complices en direction de Nicole au moment où elle commentait à son tour. Et rapidement, le petit convoi se trouvait déjà dans un lieu plus sûr, à l’abri de tout regard ou toute oreille néfaste. « Et toi, comment tu es arrivé jusqu’ici ? » Sa demande se justifiait à son tour alors qu’elle s’adossait contre un mur pour écouter attentivement ses réponses.

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Pas ici – très bien, bon plan, très bon plan, même. Si l’euphorie et le soulagement des retrouvailles continuait d’envoyer des décharges d’adrénaline dans ses veines, la réalité commençait elle aussi à regagner peu à peu du terrain, la carcasse décharnée de Whitechapel tout autour d’eux comme un immense squelette dans lequel ils auraient atterri par accident. Mais même à Whitechapel, même sur le territoire supposé de la Résistance, le danger ne rôdait jamais très loin, qu’il s’agisse de pilleurs, de civils peu scrupuleux, ou d’Atlantes ou d’Amazones – comme il en avait lui-même fait l’expérience il n’y avait pas si longtemps avec ce magicien dont l’identité lui échappait encore. Nate hocha la tête en signe d’approbation, et emboîta le pas à Donna, la main de Nicole résolument accrochée à la sienne ; et la chaleur de sa paume dans la sienne, même à travers la froideur de l’acier contenu dans sa peau, lui faisait songer que toutes les épreuves qu’il avait eues à traverser depuis son arrivée ici en avaient valu la peine. Il dédia un sourire à sa cousine alors que Donna ouvrait la voie, à la recherche d’un coin à l’abri des menaces, et mille questions se bousculaient dans l’esprit de l’aîné des Heywood. Mais chaque chose en son temps. Donna, comme d’habitude, avait l’air de savoir exactement ce qu’elle faisait, et si Nate n’était pas assez naïf ni idiot pour se dire qu’elle avait la réponse à tout, il l’avait suffisamment fréquentée pour savoir qu’avec elle dans les parages, et peut-être leurs efforts réunis, leurs ennemis, qui qu’ils soient, rencontreraient bien du fil à retordre. Qu’importe, maintenant, que sa tête et peut-être son corps déraillent. En équipe, l’on pallie aux manquements des uns et des autre ; et lorsque, comme lui, on ne brille jamais autant que lorsqu’on se sent observé ou responsable, sa présence ne pouvait qu’être synonyme de mieux, et de lendemains un peu plus optimistes que ceux qu’il avait connus jusque-là.

Ils descendirent les marches, tous les trois, s’enfonçant dans la cave dans laquelle les deux filles avaient apparemment trouvé refuge, et comme à son habitude Nate marchait lentement et précautionneusement en prenant soin de ne pas accidentellement imprimer ses pas dans le béton ; bête réflexe même s’il n’en avait plus vraiment besoin, mais, trop distrait par sa contemplation des lieux, il en retombait dans ses vieux travers. Alors que Donna lui contait par le menu le récit des aventures qui les avaient conduites l’une à l’autre, il adressa un sourire à sa cousine. Ses petites aventurières – enfin, petites, l’une d’elles avait un peu moins de cinq millénaires de plus que lui, mais détail que cela. Bientôt, ils débouchèrent dans ce qui ressemblait à une cave vaguement aménagée en salon, avec un canapé qui avait vu des jours meilleurs, un tapis défraîchi, et – ô miracle – une bibliothèque pas complètement vide. Dans ce monde au bord de l’apocalypse, autant dire qu’elles avaient dû trouver l’équivalent d’un hôtel cinq étoiles. « Vous vous êtes débrouillées comme des chefs, quoi. » commenta-t-il en ébouriffant les cheveux de Nicole. « Hank sera fier de toi quand on lui racontera. » Grand sourire de Nicole, à qui la seule pensée de retrouver son grand-père tant admiré suffisait à redonner du baume au cœur. You and me both, Nicky. « Tiens, et si t’allais voir quels bouquins il y a dans cette bibliothèque ? Le temps que je discute avec Donna ? » Nicole sembla sur le point de protester – mais après avoir jeté un regard à chacun des deux adultes, elle sembla finalement décider qu’effectivement, il y avait des discussions qu’elle était en droit de s’épargner, et elle alla attraper un livre sans même en regarder le titre avant de se laisser tomber sur l’extrémité du sofa.

Nate secoua la tête, et d’un geste discret, invita Donna à le suivre dans le couloir – pas très loin, juste assez pour pouvoir discuter à cœur ouvert sans inquiéter la petite. « J’aime autant lui épargner quelques détails, si ça t’embête pas. » expliqua-t-il à voix basse. Puis, encouragé par le regard calme qu’il sentait Donna poser sur lui, le géant d’acier laissa échapper un soupir contrit et croisa les bras sur son torse. « J’ai fait comme vous, j’ai pas mal bougé. J’ai commencé à Westminster, où je suis tombé sur une patrouille d’Atlantes et des otages, mais aucun des enfants n’était dans le lot… » Alors il avait fait demi-tour, parce que ni lui, ni Floyd n’auraient été à la hauteur pour lutter contre autant d’adversaires. Un échec, un abandon nécessaire, mais qui lui restait malgré tout en travers de la gorge. Et il savait qu’il n’avait même pas besoin de l’exprimer à voix haute pour que Donna devine qu’il était parti, et que la honte qu’il portait désormais sur les épaules ne s’en irait jamais. Il prit une inspiration, et poursuivit son récit. « Après ça, j’ai ratissé à peu près chaque quartier que j’ai pu. Quand j’ai appris l’existence d’une Résistance et d’une communauté de réfugiés, j’ai gravité de ce côté-là, en espérant tomber sur un visage familier. » Malheureusement, tout ce qu’il avait trouvé, c’était la désolation des uns, et le désespoir des autres. Nate se laissa à son tour aller contre le mur, et enfin, releva le regard sur Donna. Conspirateurs de l’ombre, peut-être désormais alliés dans cette guerre qui ne les concernait pas ; il fallait donc bien qu’il soit complètement transparent avec elle. « Il y a quelques semaines, j’ai eu maille à partir avec des Amazones. Elles étaient accompagnées de la Terra de cette Terre-ci, et… je crois qu’il s’est passé quelque chose pendant ce combat. Qu’il m’est arrivé quelque chose, même si je ne comprends pas bien quoi. » avoua-t-il sans fard. Il avait passé l’heure du déni ; surtout avec Donna, à laquelle il se refusait de cacher quoi que ce soit. « C’est comme ça que je vous ai retrouvées. Depuis Terra, c’est comme ça… comme si mon cerveau commençait à plus se raccorder au métal environnant qu’à autre chose. Vos voix étaient portées par des tuyaux dans les murs… Parfois, je dois faire un effort conscient pour continuer à entendre les voix des gens tout autour de moi, plutôt que les vibrations des métaux alentours. Je le contrôle pas. Pas toujours. » Dans l’expression de Donna, Nate cherchait quelque chose, même s’il ignorait quoi. Une réaction. De l’appréhension, de la crainte, de l’inquiétude, de l’impatience, il n’en savait rien – quoi que ce soit pour confirmer qu’il ne déraillait pas et qu’effectivement, quelque chose buguait, chez lui. Dans ses yeux clairs à lui, le souci était inscrit à l’encre de Chine, et il reporta brièvement le regard à l’intérieur de la pièce, en direction de Nicole, absorbée dans sa lecture, puis il se pencha à nouveau vers Donna. « Donna, je ne sais pas encore à quel point c’est grave ou non, mais ça ne va pas m’empêcher de chercher les autres. En revanche, il faut que je te demande. Si jamais… si jamais mon état s’aggravait plus que prévu. » Il déglutit, préférant ne pas penser à cette hypothèse – mais avait-il le choix ? « Tu pourras continuer à veiller sur eux ? Jusqu’à ce que j’en sois à nouveau capable, ou que quelqu’un de ma famille le puisse. »

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La marche est silencieuse, ébahie par ces retrouvailles à peine vécues. Les sourires restent figés sur leurs lèvres, témoins de ce renouveau espéré. Ils s’accordent les uns après les autres, fiers de ce qu’ils racontent, indemnes à présents qu’ils sont réunis. La menace s’amoindrie, même si ses affres se maintiennent, elle s’estompe au profit de ce renouveau à peine recouvré. L’équipe descend à son rythme les marches, retrouve contenance à mesure que les récits se rapportent. Les confidences entraînent cette même confiance pour toujours partagée. L’Amazone ne tarde pas à témoigner ses propres émotions, signe de sa véritable amitié envers ce jeune homme à peine retrouvé. Ses dires les entraînent Nicole et elle, vers ce passé devenu commun. Vers cette complicité palpable à moindre égard qu’elles se témoignent l’une et l’autre aujourd’hui. Les changements s’opèrent dans ce hasard que l’on ne voit pas venir. Et grâce à lui, l’évidence n’en ressort que plus probante : la protection de Donna envers Nicole persiste et continuera de s’opérer pour de nombreuses années encore. Toutes deux sont liées par ce pacte qu’elles ont conclu en silence, par cette épreuve qu’elles ont affrontée ensemble et les a menés vers Nathaniel. Pourtant la mission n’est pas encore terminée, et déjà les commentaires fusent à l’instar de cette même volonté de les retrouver tous. Une famille requiert de sa protection et comme toujours Donna répond présente. Le commentaire de son meilleur ami soustrait à son manquement. Lui redonne de ce baume à son cœur, et l’invite à lui partager un nouveau sourire sincère. Ses yeux ne tardent pas à détailler ces petits gestes d’une vie commune, d’un échange familial alors que Nate et Nicole s’amusent à leur manière. La légèreté leur donne des ailes et Donna profite de cette dernière pour admirer la scène. « C’est tout à son intérêt de reconnaître le courage de Nicole. » Sa voix se mêle à ce même ton investi par son meilleur ami. Pousse à ce même dessein que celui d’encourager la jeune fille à s’estimer, parce qu’elle le mérite. Tout comme elle mérite ce temps de répit duquel elle saura profiter de la présence de son protecteur.

Prête à se mettre en retrait, l’Amazone surveille du coin de l’œil les échanges entre cousins. Il ne lui en faut pas plus pour comprendre que son meilleur ami a besoin de lui partager des confidences. Sans dire mot, la brune promet intérieurement à la jeune fille de ne pas la laisser. Et ce qui auraient pu se transformer en protestations se transformèrent délicatement en cette approbation entendue. Un sourire amusé ne tarde pas à se dessiner sur le coin des lèvres de Donna alors que ses yeux, eux, retrouvent ceux de son meilleur ami apparemment rassuré. Invitée par son mouvement de tête, elle ne tarde pas à le suivre, privilégiant alors l’intimité de leurs confidences. L’apaisement se joint volontiers à cet échange, rappelant de par son calme combien leur amitié est omniprésente. Les témoignages rapportent des récits difficiles, emplis de ce désespoir duquel il avait eu à faire face au quotidien. L’injustice leur laisse bien souvent un goût amer et voilà qu’il se décline derrière les images rapportées de son ami. L’Amazone comprend son désarroi devant ses recherches infructueuses, elle-même projetée à ces mêmes instants sous des augures différents. Toujours silencieuse, la brune ne cesse d’écouter attentivement son meilleur ami, le couve de son regard empli de compassion alors qu’il lui rapporte ses échanges musclés avec des Amazones. Un soupir las lui échappe alors que le désarroi ébranle son échine, elle ne reconnaît pas cette tribu. Ne lui assigne aucune ressemblance avec les enseignements partagés avec ses sœurs et pourtant, ce sont bien elles que le fourbe à choisi de mettre en exergue. L’instant est éphémère, déjà envolé au moment où Nate lui rapporte des changements le concernant. Instinctivement ses yeux se plissent, signe de sa curiosité. Les détails lui révèlent cette évolution devant laquelle il est confronté. « Pas toujours ? » répète t-elle derechef. Elle comprend la gravité de ce sujet, l’inconfort que cela suscite dans l’âme de son meilleur ami. Mais la méfiance n’existe plus entre eux depuis bien longtemps, au contraire, l’Amazone rapproche la distance pour lui prouver qu’elle ne le craint pas malgré ses récits, malgré la fuite qu’il exerçait en cet instant pour se réconforter sur la silhouette de Nicole.

Les tracas barrent les sourcils de son ami, l’accablent comme elle n’avait eu à le vérifier que très peu jusqu’alors. Ses onyx finissent par suivre la direction encouragée, se posent pour quelques secondes sur la jeune fille apaisée. Puis ils reviennent encourager les aigues marines de Nate au moment où il la nomme. Ses incertitudes affrontent sa curiosité tout en lui prouvant une fois de plus le courage qui l’habite. Le cœur de son meilleur ami s’exprime par le biais de cette protection infaillible envers les siens, parle à celui de l’Amazone sans se dévier. « Tu n’as pas besoin de me demander ça, Nate. C’est évident que je resterai auprès des tiens s’il se passe quelque chose. » lui rapporte t-elle sans se faire attendre tout en appuyant sa main contre son épaule. Sa parole est toujours tenue. « Mais avant d’en arriver là, il va falloir que tu me racontes exactement ce qu’il se passe. As-tu été confronté à Brainiac ? Que t’arrive-t-il lorsque tu dis ne pas toujours contrôler ? » Ses yeux cherchent déjà des réponses dans le regard de son meilleur ami, l’invitent à lui partager le plus de détail dans le but de lui venir en aide. « Tu n’as trouvé personne d’autre de la Justice League ou de la Young Justice ? » Dans l’éventualité où leurs chemins les mènent jusque vers des membres à même d’étudier la génétique et ainsi contrôler ces changements notoires dans le génome de son meilleur ami. Donna se refusait de le laisser seul. « Je te préviens, parce que je te connais… Tu ne me feras pas reculer ou me détourner de toi si jamais tu me le demandes pour me protéger. Je suis et resterai avec toi et Nicole jusqu’à ce qu’on retrouve Amanda et Jordan mais aussi jusqu’à ce que tu ne t’effraies plus. »

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S’il avait été un quart de l’homme qu’était son grand-père, il n’aurait probablement rien dit. Motus et bouche cousue, pour éviter d’inquiéter son amie, qui avait sans doute bien d’autres soucis en tête sans en plus avoir à se poser des questions sur l’état de sa pauvre caboche en berne. Mais c’était bien là tout le dilemme : il n’était pas son grand-père. Et ça, depuis quelques temps, Nate commençait enfin à l’accepter. Hank était le produit d’un autre temps, l’homme de la famille Heywood dans le sens le plus traditionnel du terme, et il avait été une époque où Nate n’avait aspiré à rien d’autre que lui ressembler le plus possible ; pour évidemment échouer lamentablement. Trop intello, trop sensible, trop rêveur. Un sportif dans l’âme, mais qui avait plus l’âme des geeks de la cour de récré que du quarterback qu’il était censé être. De manière amusante, c’était Hank aussi qui lui avait fait comprendre que ça n’était pas grave ; qu’il n’avait pas besoin de suivre exactement ses traces pour faire la fierté de sa famille. Alors, Nate décidait de laisser tomber ses réserves, face à Donna : elle, le parangon de force et de résilience, forte de cinq millénaires de longévité, elle saurait réagir. Elle ne saurait peut-être pas quoi faire, mais elle saurait quoi dire, parce que même si leurs quelques années d’amitié n’étaient sans doute qu’une goutte d’eau dans l’océan de sa longue, très longue existence, il était incapable de penser à un seul instant où elle n’avait pas été là, à le pousser gentiment dans ses retranchements, à lui montrer l’exemple sans même en avoir conscience. Avec Donna, hésiter ou avoir peur n’était pas une fin en soi, ni un échec. Juste une étape désagréable à franchir avant de trouver une solution. Et pour la première fois depuis son arrivée sur cette planète, malgré le poids de son aveu, Nate se sentit soulagé d’une charge qu’il n’avait même pas eu conscience de porter. Bon sang qu’il était bon de la revoir.

Donna ne fuyait pas – au contraire, Donna se rapprochait, et quand bien même il se sentait coupable de lire le souci dans ses yeux d’obsidienne, ce constat le réconfortait. Au diable les héros de film qui s’en sortaient toujours tous seuls, comme les martyrs qu’ils étaient. C’était tellement plus simple, tellement plus encourageant, de voir Donna tenir sa position avec un entête tout Amazone qui parvint même à le faire sourire. Elle promettait de s’occuper des petits s’il venait à lui arriver quelque chose, et c’était là tout ce qu’il avait besoin de savoir. Le reste, ça n’était que du bonus. Il secoua négativement la tête en réponse à sa question – non, il n’avait encore retrouvé personne, elle était la première ; et, il l’espérait, pas la dernière. Et ces dernières paroles, s’il n’avait pas encore été sous le coup des résidus d’euphorie des retrouvailles, auraient probablement suffit à lui faire verser quelques larmes de soulagement et de reconnaissance. Bon, ou à le faire fondre en larmes. Même pas honte, d’abord. « Ma chère Donna, je pense que de nous trois c’est nous qui avons besoin d’être protégés de ta tête de mule. » répondit-il dans un rire – mais bon sang, qu’il était content, de se sentir enfin respirer un peu confortablement, après d’être trimballé cet étau dans la poitrine pendant si longtemps. Comme un nouvel homme, malgré l’émotion et la fatigue, il prit une profonde inspiration, puis soupira longuement, rassemblant ses pensées pour le moins malmenée. Bon, ça, c’était fait ; il pouvait s’arrêter cinq minutes de s’inquiéter pour Nicole. Et se concentrer sur son petit problème présent.

« J’ai pas combattu Brainiac. Je me suis retrouvé dans une embuscade menée par les Amazones, j’étais avec la Résistance et un autre type… un méta-humain de chez nous, je crois. » se souvenait-il, tentant de reconstituer le puzzle de ce dernier mystère en date. « Il a dit s’appeler Gareth. Je ne sais pas exactement en quoi consistaient ses pouvoirs, mais je pense qu’il est capable de manipuler la terre, d’une manière ou d’une autre. Et de charger certains objets en énergie. Il lui suffisait de toucher du gravier et de le projeter sur les Amazones pour qu’il leur explose à la figure, et… » Une lueur de réalisation passa dans les yeux de Nathaniel. Oh. Oh quel imbécile il avait été – pourquoi il ne l’avait pas vu plus tôt ? Bon d’accord, sans doute parce que jusqu’à ce qu’il retrouve Donna, son cerveau avait plus tenu de l’omelette ratée que de l’organe performant, mais tout de même, quel imbécile, se sermonnait-il intérieurement en secouant la tête d’un air exaspéré. « Quel crétin je suis. Un de ses projectiles a dû m’atteindre. La décharge d’énergie a dû me faire quelque chose. Changer ma structure moléculaire, me secouer le cerveau, j’en sais rien, mais c’est forcément ça. » Pauvre Donna – après voir dû rassurer son meilleur ami au fond du trou, voilà qu’elle devait l’observer se mettre à faire les cent pas, comme un lion en cage ou un scientifique un peu fou perdu dans son raisonnement. Alors il s’arrêta, se força à s’arrêter, et prit une nouvelle inspiration. Qu’est-ce qu’elle lui avait demandé déjà – ah oui, des précisions. « Heureusement, ce n’est rien de – de destructeur. Ne t’inquiète pas, je ne me mets pas à casser des murs ou des gens… » Ils pouvaient au moins s’estimer heureux de ce côté-là. « C’est plutôt comme si mon cerveau changeait de fréquence, sans avertissement. Au lieu d’entendre la voix de la personne à côté de moi, j’entends… comme des vibrations constantes, à travers tout ce qu’il peut y avoir de métallique autour de moi. Dans les pires moments, c’est assourdissant. Et je ne peux rien faire à part attendre que ça passe. » Le constat était amer, mais à part l’accepter, il n’avait pas vraiment d’autre option, pour le moment. Un peu piteux et résigné, mais moins sombre que tout à l’heure, il releva les yeux sur Donna. « Tu comprends mieux pourquoi je suis content de t’avoir retrouvée ? J’ai cru devenir dingue, tout seul. Pas le moindre signe de Superman, ni même de Diana… j’imagine que tu n’as trouvé personne non plus ? » demanda-t-il, curieux à son tour. Sa sœur, Diana – même lui n’arrivait pas vraiment à imaginer l’une sans l’autre. Et Ethan ? Est-ce qu’il était dans les parages, lui aussi ? Seigneur, il espérait que non – il était débrouillard, mais seul dans cet enfer… et Nate se demanda si Donna aussi, avait pensé à cette sombre éventualité.

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L’illumination chasse doucement les retranchements. Les éloigne d’un revers de main comme si la méfiance n’avait plus lieu de pré exister. Les retrouvailles émerveillent les regards, réchauffent les cœurs dans cet apaisement qui sait très bien les réchauffer. La joie habite l’âme de l’Amazone alors que ses attitudes révèlent combien la présence de son meilleur ami lui est primordiale. Lui, qui, ne cesse de lui prouver de son courage dans cette ombre sous-jacente. Lui, qui, sous-estime ses capacités alors que sa détermination ne trouve aucun égal. Lui, qui, croit, tout comme elle en cet espoir qui n’a de cesse de dicter leurs pas. Le voilà prestement devant elle, tel le pilier, tel le patriarche désireux de retrouver les siens afin de les protéger de la menace extérieure. Le jeune homme détient sans le savoir, toutes les prouesses à même de l’amener vers ce modèle qu’il admire depuis son plus jeune âge. Leurs différences n’égalent en rien les ressemblances qui les rapprochent. Et pourtant, l’homme s’obstine à rester aveugle devant cette évidence. Là est sa richesse, dans cette modestie qui l’accable au quotidien mais qui pourtant l’entraîne vers des élans braves et réfléchis. Nate réussi là où d’autres auraient abandonnés depuis bien longtemps. Il perpétue ses volontés dans ce même espoir, dans cette même conviction qui l’anime et lui permet aujourd’hui de les retrouver. La jeune femme croit en lui. Ce fait n’est plus à prouver depuis quelques années déjà, tant elle reconnaît dans ses comportements de véritables actes d’héroïsmes insoupçonnés. Ne venait-il pas de le prouver en bravant le doute pour les retrouver Nicole et elle ? Un autre aurait certainement cru en une fabulation, tel Ulysse attiré par le chant des sirènes, et aurait probablement rebrousser chemin.

Ainsi le sourire n’hésite plus à se dévoiler devant l’attachement partagé. Riche de sens, il couvre d’une bienveillance certaine les pensées sur lesquelles aucune parole n’est nécessaire pour être entendues. Mais déjà le doute s’immisce dans les tracas. Barre les sourcils de cette culpabilité croissante sous les airs inquiets de son meilleur ami. La curiosité ne tarde pas à s’immiscer, tel l’espoir désireux de combattre l’ennemi. Donna cherche déjà les secours à offrir, les meilleurs soins à lui donner pour apaiser ce cœur qui lui paraît si douteux. Et bien vite, l’illumination ressurgit, prête à en découdre pour quelques secondes supplémentaires. Ravivant ces mêmes sourires devant des attitudes prêtes à prouver d’une sureté certaine. Le rappel au passé ravive des souvenirs joyeux, engendre ce rire qui se partage sans aucune retenue, apaise les cœurs des tourments pour ne laisser place qu’à ce constat omniprésent : leurs retrouvailles. Mais pour une fois de plus, la réalité les rattrape, les enchaîne comme Prométhée à l’instar de ce don offert aux Hommes. Le silence émet des références solennelle, ravie la confidence qui ne tarde pas à décrire une scène dangereuse. L’Amazone garde son attention, écoute sans émettre encore le moindre commentaire mais culpabilise de son absence. Si seulement, leurs chemins avaient pu se croiser plus tôt. Donna aurait tout mis en œuvre pour protéger Nate, pour lui ôter cette nature qu’il qualifiait comme instable. Surement se serait-elle présentée entre lui et ce certain Gareth, dont le nom lui était inconnu, pour le protéger de cet impact. Hélas, le temps était une constante que nul ne maîtrisait. « Je n’ai jamais entendu ce nom. Est-il d’ici ou vient-il de chez nous ? » ose-t-elle interroger dans une tentative de compréhension. La méfiance se veut perpétuelle dans cet espace, aussi, l’Amazone craint des entourloupes élaborées par le vil Brainiac pour fausser les jugements de chacun. Puis le lion semble sortir de sa cage, au moment où l’évidence frappe les compréhensions de son ami. Le projectile lui apparaît comme une solution, un prétexte expliquant cette nouvelle condition. Donna connaît assez Nate pour reconnaître dans ce comportement des volontés de remettre bout à bout certaines bribes de son passé. Et elle veut bien croire en ses suppositions. « Il suffit de prendre du recul pour voir des détails qui ont pu nous échapper sur le moment. » Certainement que ses dires n’engendraient en rien une quelconque réassurance, pourtant, son calme restait olympien et elle espérait que cela soit suffisant.

Cependant, elle préfère l’interroger au sujet de cet incontrôle duquel il lui avait partagé quelques doutes plus en amont. Et rapidement les confidences lui assurent une certaine accalmie dans un éventuel danger. Pourtant, ses désirs de protection persistent aux travers les confidences révélatrices de tout ce que cela lui inflige à lui. Derechef, Donna sent l’impuissance la gagner, elle-même connaît les tourments de l’esprit et reconnaît la difficulté de ce chemin solitaire. Et pourtant, son cœur sait que les présences des êtres chers est un véritable apaisement, une aide importante dont elle ne pourrait jamais se passer. « Je te promets que tu ne seras plus seul pour faire face à ça. » Ses onyx appuient ses dires alors que sa main ramène l’épaule de son meilleur ami pour inscrire davantage cette promesse. « Je pense pas qu’il soit nécessaire d’en parler à Nicole pour l’instant, il y a assez de choses qui l’inquiète. Mais, sache que quand tu vivras cela, je serai là. On mettra en place un code pour qu’on se comprenne et qu’on s’isole, t’en dis quoi ? » Elle lui prouve déjà son acceptation et perpétue cette promesse faite toute à l’heure. Non, Donna n’était pas effrayée par Nate tant elle connaissait son cœur et son âme. Et un sourire ne tarde pas à lui revenir, fier du courage qu’elle présage dans les aigues marines de son meilleur ami. Elle le reconnaît même dans ses mots et partage avec lui cette même joie des retrouvailles. Les temps sont difficiles pour tous et lorsque la question lui revient, l’Amazone éteint son sourire. Son regard s’échappe devant le nom de sa sœur. L’impression d’avoir faillit à une tâche lui rappelle combien sa solitude fut grande avant qu’elle ne retrouve Nicole. « Personne non… » souffle-t-elle sur ce même ton des confidences. « J’ai essayé de retrouver Diana dans un premier temps, c’est ce qui m’a mise sur le chemin de Nicole… Et puis, nous avons continué toutes les deux. » Un temps interrompt son récit avant qu’un soupir ne lui échappe, inquiet. « C’est en la voyant que je me suis demandée si… Ethan était là lui aussi… Je pensais que seuls les méta-humains où les super-héros avaient pu franchir ce seuil… » Une nouvelle pause frappait ses incompréhensions. « … visiblement, il sait qui il a choisi… J’espère juste qu’ils sont tous en sécurité à l’abri quelque part… » Parce qu’elle était une fois de plus impuissante devant le dessein tracé pour chacun et qu’elle culpabilisait de cet état.

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« Il a affirmé être de chez nous. Et je pense qu’il disait la vérité. » Impossible d’en être absolument certain, évidemment, mais pour le moment c’était la seule piste qu’il avait vraiment – et finalement, la finalité était la même, dans une situation ou une autre. Il ne connaissait pas plus ce Gareth qu’elle ne le connaissait, quand bien même son visage, sur le moment, lui avait paru familier, et pour le moment, ce mystère-là devait rester exactement ça : un mystère. Aussi frustrante soit une question sans réponse pour ce chercheur dans l’âme, il fallait que sa famille, et garder la tête à peu près droite sur ses épaules, soit sa priorité. Le reste pourrait attendre. Et il sourit, face à la petite leçon d’histoire de Donna – ha, l’ironie. Mais elle avait raison. Elle avait toujours raison, Donna. Et elle s’illustrait, une fois de plus, mais jamais une fois de trop, par sa résilience et son sang-froid dans cette situation à laquelle rien n’aurait pu les préparer. Il était encore perdu, et elle n’avait pas les outils pour le sortir de ce pétrin à proprement parler, mais déjà, elle suggérait des pistes, des stratégies pour au moins épargner ce triste spectacle à Nicole et la préserver. Profondément soulagé et reconnaissant, Nate vint couvrir de sa paume la main de Donna sur son épaule. « J’en pense que c’est une très bonne idée. Merci, Donna. » Déjà, les effets de sa présence se faisaient sentir : inspirant, à l’image des dieux de son panthéon de naissance, le pauvre mortel qu’il était, déverrouillant sans le savoir toutes les réserves de son compagnon pour le tirer vers le haut, et le pousser vers l’avant. Ca aussi, elle devrait le compter dans ses superpouvoirs, Donna. Ils étaient rares, les gens capables d’inspirer le meilleur chez les autres, et le ramener avec autant d’aisance à la surface – inspirant par le courage, la bonté, et la compassion, plutôt que par la force ou la peur.

Mais, aussi brave Donna soit-elle, elle n’était pas indestructible, et Nate comprit à ce sourire soudainement effacé qu’il n’avait vraiment pas été le seul à souffrir ces dernières semaines. Ainsi, elle n’avait retrouvé personne, elle non plus, et Nate sentit une pointe de déception s’enfoncer dans son cœur – c’aurait été tellement rassurant, d’apprendre qu’elle avait au moins croisé Diana. Avec Diana dans les parages, il aurait été tellement plus simple de garder leur optimisme, mais livrés à eux-mêmes, la tâche était un peu plus difficile. Mais pas insurmontable. « Si Diana est là, elle se fait sûrement discrète. Mais quand on aura besoin d’elle, elle sera là. » Au milieu de toutes ces Amazones hostiles, rien d’étonnant à ce que la double de leur reine cherche à faire profil bas en attendant de trouver le meilleur angle d’attaque. Nate avait peut-être une fois aveugle en Diana, mais il n’avait encore jamais vu cette foi trompée, ou injustifiée. Si Diana était là, et se cachait, c’était que c’était la meilleure approche à adopter pour le moment. Et très bientôt, ils seraient tous réunis – et tout irait pour le mieux. Mais il n’y avait pas que Diana, pour qui il fallait s’inquiéter. Oh, Donna. Evidemment, qu’elle s’inquiétait pour Ethan. Nate n’avait jamais rien dit à voix haute, mais il avait bien remarqué, l’attachement timide qui semblait unir ses deux amis ; il était bien trop tôt pour lui donner un nom, mais il comprenait son souci, alors que le jeune homme était peut-être lâché dans la nature, ou plutôt, sur le champ de bataille. Sans repères, sans défenses. Ils n’avaient plus qu’à espérer, pas sans ressources.

« Hey, ça va aller. » assura Nate, sans aucune autre garantie que son optimisme – mais bon sang, s’ils ne pouvaient pas au moins se raccrocher à ça, à quoi bon. Et puis, Donna avait réussi, en quelques minutes à peine, à le rassurer plus que n’importe quoi depuis des semaines qu’il errait sur cette fichue Terre. Peut-être que maintenant, c’était son tour de lui rendre la pareille. « J’ai pas croisé Ethan non plus, peut-être qu’il n’est même pas là. Mais s’il l’est, même sans superpouvoirs, il a de la ressource. Il est malin. Même hors de sa zone de confort, je suis sûr qu’il aura eu les bons réflexes. » Confiant – toujours plus confiant en les autres qu’en lui-même, mais dans ces situations, il fallait reconnaître que ça aidait pas mal – Nate chercha le regard baissé de Donna. C’était ça le problème, avec les gens de son calibre. Elle avait les épaules larges, et solides et elle était bien plus que capable de porter le poids du monde sur ses épaules ; mais réciproquement, il voyait bien qu’elle s’en voulait terriblement lorsqu’elle n’y arrivait pas. Parce que parfois, les choses n’étaient tout simplement pas sous son contrôle. Difficile à accepter, surtout quand le bien-être d’un être cher était en jeu. Mais elle en faisait assez, Donna. Plus qu’assez, même. Elle aussi, avait le droit de souffler un peu, et de s’en remettre à la faveur d’un avenir incertain. Et, peut-être, de se reposer sur l’épaule d’un ami compatissant. « Il y a des campements de réfugiés dans le sud de la ville, et la résistance organise des patrouilles et des groupes de recherche. Leurs éclaireurs pourront nous dire s’ils ont croisé quelqu’un qui ressemble à Ethan. On le cherchera en même temps qu’on cherchera Amanda et Jordan, et s’ils sont là, on les trouvera et on s’assurera qu’il ne leur arrive rien. Dès demain, on pourra aller demander aux pisteurs de garder l’œil ouvert et de nous avertir s’ils trouvent qui que ce soit qui leur ressemble. » Comme elle l’avait si bien fait avec lui, il voulait lui proposer des actions concrètes, de vraies idées pour ne pas sombrer dans la déprime de l’inactivité. A eux deux, ils feraient une belle équipe, et si leurs proches étaient là, ils les retrouveraient. « C’est Brainiac qui nous a tous amenés là, Donna. T’as fait tout ce que t’as pu, et bien plus encore, avec ce que t’avais. T’as pas à te sentir coupable de ne pas avoir encore sauvé tout le monde, tu le sais, j’espère ? » demanda-t-il – en se demandant s’il avait accidentellement prix ce que Nicole appelait sa ‘voix de prof’ à chaque fois qu’il essayait de faire passer un message important. Oups. Il espérait juste ne pas paraître trop paternaliste. « On n’abandonne pas. On n’abandonne personne, mais essaye de ne pas trop t’en vouloir, okay ? Ce monde est bien assez barbare pour que tu te tortures toi-même pour quelque chose qui n’est pas ta faute. » ajouta-t-il avec un sourire compatissant. Allons, ils étaient réunis, maintenant. Troïa et Citizen Steel. A eux deux, tout irait forcément bien mieux.

AVENGEDINCHAINS

La vérité exulte de cette révélation. Elle n’en devient que plus véritable à mesure que les espoirs de son meilleur ami répondent aux siens. Si Nate croyait en cette affirmation, alors l’Amazone ferait de même. Parce qu’elle le connaissait assez pour savoir qu’il ne lançait aucune information au hasard et qu’il cherchait toujours à établir une véracité dans ses espérances. Alors, son sourire répond en écho au sien. Riche de sens, fort de cette amitié qui leur octroie à tous deux cet instant de bien-être et cet intermède d’assurance. Ce Gareth serait de leur monde. Donna espérait sincèrement que là où il puisse se trouver ce jeune homme s’en trouve aujourd’hui protéger. Parce qu’il s’agissait là d’une âme innocente, mais surtout parce qu’il avait sauvé celui à qui elle donne son entière confiance : son meilleur ami. Leurs regards n’osent se séparer, signe de cette volonté de rester accrocher au présent. Et puis l’immuable réapparait enfin. Désireux de délivrer des messages desquels le recul est à même de les conforter dans leurs états d’âmes. Le conseil est avisé, cependant, la gravité du reste engendrera toujours un spontanée qu’il se fallait préserver. Parce qu’ils n’avaient pas le choix, mais surtout parce qu’il se fallait protéger les autres. Nicole, en priorité. Cette jeune fille inspire à elle seule l’image pure d’un courage humain. D’une humanité entière mêlant à la fois tous les attraits vers l’espoir que la force d’un savoir en devenir. Le cœur de l’Amazon s’apaise une fois encore, au moment où Nate lui témoigne de la bonne réception de son discours. Leur complicité leur assure une meilleure entente, et déjà Donna recouvre un élan de fierté en direction du jeune homme. Elle le reconnaît dans ses dires, dans ses confidences, dans ses manies. Et elle découvre à nouveau tous l’espoir qu’il avait su lui insuffler au fil des années. « Tu me remercieras quand on sera sortis d’affaire. » Sa modestie l’empêche de recevoir quelconque gratitude. Après tout, ses enseignements ont toujours prévalu la protection et l’ascension des Humains. « En attendant je te propose que tu grattes l’arrière de ta tête quand tu sens que tu ne contrôles plus. » lui propose-t-elle tout en perpétuant ce même sourire encourageant et en préservant son calme. Ses observations l’ont amené à reconnaître ce signe d’appréhension sur son meilleur ami depuis le début, chose qui ne surprendrait pas sa nièce. Ses onyx réconfortent les aigues marines, leur confèrent de cette force dont le jeune homme ne soupçonne pas l’envergure. Et pourtant, il la détient au fond de lui, à même d’apporter sérénité, paix et protection à son entourage. A même d’engendrer des élans de bravoure capables de surplomber la menace.

Cette menace qui inquiète. Qui révèle combien l’isolement prévaut sur les réflexions sur soi-même. L’Amazone n’a en rien déroger à la règle et ne se vantera pas d’avoir toujours su quel chemin emprunter. Après tout, la gravité est telle qu’elle ne sait exactement comment prétendre vers une meilleure survie. Et déjà ses sens lui échappent, la plongent inlassablement vers cette culpabilité qui la dévore. Diana. Sa sœur. Sa première mission -étant de toujours la protéger- est mise à mal alors que son absence pèse sur son âme. L’impression de faillir, de ne pas en sauver le plus grand nombre tend à l’isoler un peu plus. La plonge dans des regrets et l’empêche de dormir. Pourtant la lueur vacille depuis ses retrouvailles avec Nicole. Lui permet d’appréhender un peu mieux cette réalité afin de la protéger. « Ma sœur est bien plus débrouillarde que n’importe quelle divinité. » tente t-elle de partager afin de rassurer à la fois les espoirs de son meilleur ami que les siens. Son sourire s’attriste toutefois, se terne de cette nostalgie dans laquelle il lui semble avoir échoué. « Tu as raison, elle sera là. » répète t-elle pour à son tour gonfler d’espérances ses appréhensions vers l’avenir grâce aux encouragements de son ami. Heureuse de retrouver cet élan, cette prévalence dans laquelle tous les deux savent se répondre mutuellement. Nate est le seul capable de faire renaître cet élan d’espoir. Sa gratitude se dépeint sur ses traits, capable de retranscrire combien le manque de sa présence lui avait pesé.

Mais ce n’était pas le seul. Une autre présence lui manque terriblement, l’inquiète par sa vulnérabilité face à un monde aussi hostile. Ethan. L’impuissance la gagne, la culpabilité la ronge à mesure que ses confidences lui prouvent combien son attachement lui échappe. Elle aurait tant aimé le retrouver, assurer sa protection. Mais là encore, la perfidie de l’ennemi est telle qu’ils ni peuvent rien de plus. Les mots de son meilleur ami l’encouragent, sa réaction spontanée place dans ses espoirs quelque chose de certain. Nate le connaissait bien plus qu’elle et si il lui confirmait que tout irait bien, alors elle plaçait ses croyance dans ses dires. « On lui a appris pas mal de tactiques pour se défendre. » Sa voix s’estompe malgré tout, pas encore assez déterminée à croire entièrement ce qu’elle avance. Ses yeux plongent une fois encore vers le sol, y cherchent les imperfections qui pourraient lui permettre de passer à autre chose. En vain. Seule sa culpabilité la ronge. « Toi qui le connais bien mieux, est-ce que tu crois qu’il survivrait à cela ? » Parce qu’elle avait besoin de vérité et que son meilleur ami la lui affirmerait même si elle était difficile à entendre. Un soupir las lui échappe, prompt à prouver combien les remords l’accablent. Et pourtant, elle sent ce regard sur elle. Cet encouragement qui veille sur sa silhouette pour l’amener à redresser son échine. Sans même dire mot, Nate a raison. Elle ne peut laisser un tel fléau l’accabler pas alors qu’ils clamaient haut et fort combien l’espoir guidait leurs actes. Alors ses onyx se redressent et accompagnent les dires réels et plausibles avancés. Le plan avancé lui plaisait. Il parvenait à la réanimer en quelque sorte et insufflait une nouvelle bouffée d’air frais dans ses poumons. Doucement, sa tête s’incline vers l’avant, son regard fixe un détail insignifiant mais son esprit élabore des stratégies pour acquiescer le jeune homme. « C’est une très bonne idée, Nate. » Secrètement, ses yeux le remercient de son amitié, de son courage et de tout ce qu’il était à même de lui apporter. Car, il lui en offrait beaucoup sans en avoir réellement conscience. Il parvenait toujours à redonner un sens là où elle songeait ne plus en avoir. Et ses dires l’entraînaient un peu plus vers cette complicité et cet espoir qu’ils recouvraient ensemble. « Dois-je te rappeler en quoi consiste le rôle des Amazones de Themyscira ? » L’humour, lui seul le lui avait appris et lui avait expliqué quand en abuser. Ses onyx appuient son regard et un sourire sur le coin de ses lèvres se dessine sans attendre. Bien sûr qu’elle culpabilise, malgré ses bonnes attentions et ses encouragements, il ne pourra jamais lui ôter ce fléau. Mais il lui apaisait et instaurait de nouvelles directives qu’ils pourraient ainsi vivre à trois. « On abandonne jamais. » répète t-elle à son tour dans cette voix emplie à la fois d’une reconnaissance sans précédent et d’une fierté palpable. Car ils étaient de vrais amis, à même de savoir se consoler et toujours enclins à témoigner d’une promesse de vérité commune.

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