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 like moths to flames (jinny)

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MessageSujet: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyVen 3 Jan - 20:57


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Tu te souviens des sanglots de ta mère et des cris de rage de ton père quand l'article a été publié. Jinny Hex, héroïne de la nouvelle génération. Des lignes et des lignes entièrement consacrées à cette jeune chasseuse de prime, rangée du côté du GCPD, la gâchette efficace et l'avenir prometteur. On parlait d'elle comme d'un nouvel espoir contre le crime, avec même quelques missions réussies aux côtés de la célèbre Young Justice. Un portait élogieux, donc, à l'encontre d'une certaine neutralité journalistique, qui a provoqué un coup de tonnerre tonitruant dans la demeure Turnbull. La descendante de Jonah Hex, là, juste sous vos yeux, en train de suivre le même chemin que son ancêtre. Prétendant faire le bien tout en assouvissant son vice. Oh oui, tu te souviens très bien de cette journée là, où la rancoeur est devenue si palpable qu'elle n'a pu être retenue. Mêlée à la peur et à la colère, elle s'est transformée en un dangereux cocktail molotov sur le point d'exploser, avec ta main déjà prête à lancer ces restes du passé beaucoup trop présents en plein visage de la responsable. Cette rivalité, née il y a plus d'un siècle, n'a de cesse de vous tourmenter encore aujourd'hui. Tu savais à peine parler qu'on te contait déjà l'histoire de Jeb Turnbull, trahi par son meilleur ami, et des dommages collatéraux qui ont suivi cette déchirure. Vous avez payé le prix fort, perdu des vôtres au nom de la vengeance, et les dégâts, jusqu'à ce que tu parviennes à vous sortir du trou, sont longtemps restés irréparables. Depuis toujours on t'a formé à faire plus que tous ceux qui t'ont précédé, sacrifiant une vie normale remplie de sorties entre amis et de choix entièrement tiens, au profit d'un objectif commun. D'abord réticent à l'idée d'endosser une telle responsabilité, t'as embrassé ce qui a été désigné comme étant ton destin : rendre ce qui vous a été volé, et faire payer les coupables. A la fois juge, juré et bourreau, ils n'ont pas eu besoin de te demander quoi que ce soit pour tu prennes la décision de mettre un terme à cette guerre qui a trop longtemps perduré, en envoyant six pieds sous terre la dernière héritière de Jonah Hex.

Métropolis. Aboutissement de plusieurs mois de recherches et d'investigation. L'argent peut tout acheter, y compris le pire, et c'est ce que tu as fait, engageant les meilleurs détectives pour qu'ils te dressent un portrait clair et précis de ta cible, au détriment, évidemment, de sa vie privée. T'es pas comme elle, tu ne tues pas pour le fric, ou pour quoi que ce soit d'autre, mais il est évident qu'elle deviendra la seule exception de ton code éthique, te poussant à commettre le pire dans l'espoir d'obtenir le meilleur. Un seul petit écart pour libérer définitivement les Turnbull de cette maudite famille. Ton ultime objectif pour accomplir ton chef d'oeuvre. Redorer un nom trainé dans la boue non seulement en lui offrant un avenir, mais également en tranchant la nuque du mal qui le ronge depuis des décennies. Un privilège que tu as saisi, montant minutieusement ton plan entre deux voyages d'affaires, pour en arriver à là où tu es aujourd'hui, la ville où se trouve la dernière ombre sur ton magnifique tableau. Tu connais bien Métropolis, t'y as rencontré quelques fois Lex Luthor, et assisté occasionnellement à des soirées mondaines, mais qu'est-ce qu'elle vient chercher ici ? Des contrats, probablement, puisqu'elle semble alterner entre plusieurs endroits sans jamais y rester plus que de raison. Une nomade dans l'âme, sans plus aucun repère depuis le décès de sa mère, qui se laisse pousser par le vent et l'appel de l'argent. Difficile donc de l'appréhender. Comme toi, elle s'apparente à un courant d'air qu'il est presque impossible d'apercevoir, un cerf volant dont il ne faut surtout pas lâcher la ficelle, sous peine de le voir s'envoler et disparaître pour de bon. Mais ce qui est compliqué pour la plupart ne l'est pas pour toi. Tu le sais, d'ici quelques minutes, Jinny Hex passera sur cette route pour conduire son pick-up jusqu'au terrain vague qui lui sert d'habitat, une nuit de plus en solitaire dans son véhicule. Avant que le loup ne vienne lui tenir compagnie.

Ta Chevrolet Camaro de 70 est arrêtée au bord de la route, et au loin, du distingue déjà les phares de son pick-up qui approche. L'âme d'une héroïne, tu sais qu'elle s'arrêtera forcément, incapable de lutter contre sa factice morale de bien-pensante. Et avec une voiture d'époque comme la tienne, il sera impossible pour un dépanneur ou un mécano de réparer tout de suite les dégâts que tu as toi-même causé. Vous n'aurez pas d'autres choix que de faire un peu de route ensemble, jusqu'à un hôtel où tu pourras passer la nuit. En théorie, ton plan est parfait, reste maintenant à tester la pratique. T'es assez sûr de toi pour croire en cette nouvelle amitié. En ce rapprochement qui signera sa propre chute. Des longs mois de préparation qui t'ont mené ici, dans cette ville, sur cette route. Son véhicule commence à ralentir. A ton niveau, elle abaisse la vitre. La partie est lancée. A toi de jouer. « Bonsoir, ma voiture est en panne, vous pouvez m'aider ? » Il est désormais trop tard pour le joli papillon de rester loin des flammes.

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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyMer 8 Jan - 15:49


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Encore une affaire rondement menée. Appliquée, comme toujours, quand bien même son écriture ne ressemblait à rien malgré tous ses efforts pour paraître un tant soit peu professionnelle, Jinny signa les papiers de décharge et remit de bon cœur son prisonnier aux bons soins des services de police de Metropolis, avant de saluer l’officier d’accueil d’un bref hochement de tête en effleurant le rebord de son chapeau. L’acompte serait dans son compte en banque d’ici quelques jours, lui épargnant la nécessité de s’inquiéter de ses réserves de carburant ou de comment elle allait se nourrir ces prochaines semaines : le métier de chasseur de primes était certes blindé d’aventures et de rebondissements en tout genre, mais elle devait bien avouer que lorsqu’il s’agissait de s’assurer un revenu stable, il y avait sans doute des options plus raisonnables. Le six-coups à la hanche et les mains dans les poches, Jinny sortit du commissariat et en dévala les marches en sifflotant, direction son pick-up. Heureusement, on commençait à connaître Jinny Hex dans le coin ; et puis, si les temps se faisaient dur, elle n’avait qu’à pousser jusqu’à Gotham pour trouver du travail à n’en plus savoir quoi faire. Elle ouvrit la portière à la volée et se hissa dans le siège conducteur, prenant une profonde inspiration en humant l’odeur familière de cuir et de café qui imprégnait l’habitacle, et tourna la clé dans le contact. « En route, Colonel. » marmonna-t-elle à l’adresse de son cher véhicule, en faisant marche arrière pour sortir de sa place de parking et manquer, au passage, de rentrer dans un horodateur. « On passe au terrain vague, et on ressort dîner, t’en dis quoi ? » Et le moteur du Colonel de ronronner pour marquer son assentiment, pendant que sa conductrice, le sourire aux lèvres, s’engouffrait dans les rues toujours effervescentes de la ville de demain.

Avant Metropolis, puis Gotham, Jinny n’avait jamais mis les pieds dans une grande ville – ni quitté son Texas natal, par ailleurs, et deux ans après avoir laissé derrière elle les paysages pittoresques de Dripping Springs, elle devait bien avouer qu’elle s’en émerveillait toujours, de la vie citadine. Metropolis était comme une immense ruche, où tout le monde était toujours occupé à vaquer à mille occupations différentes ; là où elle, était plus habituée à la lenteur et la nonchalance traînante du sud. Et parfois, elle se demandait si elle s’y habituerait jamais, d’ailleurs. Dans cette grande ruche où tout le monde semblait avoir trouvé une place bien définie, elle se contentait de butiner à son rythme, en parfaite outsider, sans attaches et qui parlait à sa camionnette ; et ça lui convenait plutôt bien. De toute façon, quel choix avait-elle hormis celui de s’accommoder de ses circonstances ? Sans famille, sans chez-soi, sans attaches  - rien d’autre qu’une veille camionnette et d’une malle aux trésors apocalyptique saupoudrée de secrets de familles. Jonah would be proud. « Allons bon. » marmonna-t-elle dans sa barbe, en avisant un véhicule arrêté sur le bas-côté – une vieille voiture de collection, à en juger par la coupe et le modèle, qui semblait avoir rendu l’âme au meilleur moment, à en juger par la mine défaite de son propriétaire qu’elle apercevait juste à côté. Classique. « Tous les héros ne portent pas de cape. » ajouta-t-elle pour elle-même en allumant ses warnings avant de ralentir, et de s’arrêter à hauteur du malheureux conducteur, vitre baissée pour laisser passer sa frimousse constellée de taches de rousseur. « Elles ont toujours le chic pour nous lâcher au bon moment, hein ? » répondit-elle avec bonne humeur et une lueur d’humour dans le regard. « Donnez-moi une minute, on va regarder ça. » Et, sur cette promesse, et remonta sa vitre et alla garer le Colonel un peu plus loin sur la bande d’arrêt d’urgence. Complètement inconsciente de marcher droit dans la gueule du loup.

Après avoir vérifié que la bâche protégeant sa chère malle et le reste de ses affaires était bien en place, elle ajusta son chapeau et s’approcha de l’apparente victime du mauvais sort. « Bonsoir. Ca vous ennuie si je jette un coup d’œil ? » demanda-t-elle en désignant le superbe, mais visiblement peu coopératif véhicule ; et en s’approchant, mue par une certaine déformation professionnelle, Jinny prit le temps de détailler le propriétaire. Plus jeune qu’elle ne l’aurait cru, sans doute pas plus de la trentaine, l’air un peu sauvage et quelque chose d’intelligent dans le regard – pas tout à fait le profil type des collectionneurs tels qu’elle se les était imaginés, mais il fallait bien de tout pour faire un monde. Et puis, curieusement, il lui semblait vaguement familier. Comme quelqu’un qu’elle aurait dû reconnaître, mais dont le nom, le visage, et le souvenir lui échappaient encore tout à fait. Curieux. Décidant de taire cette drôle d’impression pour le moment, Jinny lui adressa un sourire cordial et, de ses mains gantées, souleva le capot de la Chevrolet, avant de faire une grimace. « Damn. Vous avez essayé de faire cuire du caramel, là-dedans ? » demanda-t-elle, perplexe face au spectacle qui s’offrait à elle. Elle n’avait aucune idée de ce qui avait pu arriver à ce moteur, mais il était clairement foutu. « J’ai peur que vous n’ayez besoin d’appeler une dépanneuse. Un moteur comme ça, modèle unique, j’imagine ? » ajouta-t-elle en refermant le capot pour relever le regard sur lui. Le pauvre homme n’était pas sorti de l’auberge. Même elle, avec toute son expérience de garagiste, ne pouvait rien pour lui – ça lui faisait presque de la peine pour lui. « Vous avez de quoi appeler quelqu’un, monsieur… ? » Et Jinny, imprudente Jinny, d’échouer à voir se tisser autour d’elle les fils d’une toile d’araignée encore trop pernicieuse, trop discrète ; ça, en revanche, Jonah n’en serait sans doute pas bien fier.

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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyDim 12 Jan - 17:52


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T'as ptete le regard insistant d'un creep en bord de route, mais c'est plus fort que toi, t'as besoin de détailler le visage du démon sous le lit des Turnbull. Une jolie rouquine pleine de tâches de rousseur, un sourire sincère, et une réelle envie d'aider. Aucun doute, les apparences sont souvent trompeuses, et Jinny Hex en est l'exemple même. Combien lui donnerait le bon Dieu sans confession ? Beaucoup trop. Sans savoir que derrière la gueule d'ange se cache une mercenaire prête à tout pour l'argent. Pire encore, elle porte en elle la sournoiserie des Hex, et son destin ne sera pas différent de son ancêtre, détruire votre famille d'une façon ou d'une autre si tu ne l'en empêches pas avant. Alors non, tu ne te laisseras pas happer par cette sociabilité factice, ni par sa dégaine de fille un peu paumée dans un monde trop grand pour elle. « Ouais, c'est ma faute, mon père m'avait bien dit de pas la prendre. » Avant d'en arriver là, tu t'es demandé jusqu'à quel point le mensonge devait coller à la vérité, et tu en es venu à la conclusion que plus ils seraient rapprochés, moins il y aurait le risque de faire une gaffe. Alors te voilà, Cain, gosse de riche qui emprunte la voiture de papa pour aller draguer dans les soirées huppées de Métropolis. Une image bien peu éloignée de la tienne, mais assez différente quand même pour avoir l'air d'un mec lambda à la jeunesse banale. Toi aussi tu lui souris, masquant tes intentions derrières des faux-semblants. Bingo. Le contact est instauré, à toi maintenant de jouer ton rôle jusqu'au bout sans éveiller les soupçons. Que sait-elle, d'ailleurs, sur les Turnbull ? Est-ce que ses parents lui ont conté les mêmes histoires que toi ? Est-ce qu'elle envisage elle aussi de prendre votre destin commun en main avant qu'il ne lui échappe complètement ? T'as beau avoir lu et relu les rapports que l'on t'a donné, il y a encore des milliers de choses que tu ignores totalement. Mais pas grave, l'inconnu nourri l'excitation et l'adrénaline. T'as jamais été friand de la facilité, alors voilà une situation qui devrait pleinement satisfaire ta soif insatiable de challenge, après une vie en entreprise devenue presque trop simple.

T'as envie de rire, quand tu la vois sortir avec son chapeau de cowboy sur la tête, comme si elle se trouvait encore dans les pâturages texans de son adolescence, et non pas en bordure de l'une des plus grosses villes du pays. Aucun doute, elle dénote complètement avec l'image que tu t'étais faite d'elle avant de voir sa photo dans la presse. Look atypique, mais pas de quoi susciter ta moquerie pour autant, toi-même étant attaché à tes racines sudistes malgré ton apparence de mec cool faussement négligé. Disons que c'est votre point commun, à l'inverse des milliers de choses qui vous opposent. « Vas-y, regarde. » Pas de vouvoiement qui tienne, autant jouer la carte de la nonchalance tout de suite, ça t'aidera à l'atteindre plus facilement. Puis, un peu inquiet, tu fais quelques pas en arrière pour la laisser atteindre le moteur de la voiture. Tu sais qu'elle bidouille pas mal, mais normalement, ce coup-ci, elle a aucune chance de régler le problème. Et elle ne devrait pas non plus comprendre que tu es toi-même responsable du sabotage. Tu t'en es assuré auprès d'une connaissance mécano, le meilleur moyen de faire passer ça pour un incident, c'est celui que t'as employé pour mettre ta bagnole hors service. La règle d'or c'est de ne jamais laisser le moindre détail au hasard. Comme quoi ça a du bon d'être un control freak. « Elle fait un bruit bizarre depuis plusieurs kilomètres, mais j'ai poussé jusqu'au bout. J'espère que c'est rien d'irréparable, je peux annuler ma soirée, mais mon père risque de me tuer si je lui dis que j'ai niqué sa voiture de collection. » Tu parsèmes quelques informations par ci par là, l'air de rien, pour éviter des questions trop précises plus tard. Avec ce que tu acceptes de lui dire, elle devrait déjà pouvoir dresser un portrait de toi, et y compris comprendre les raisons de ta venue ici. En gros, un mec qui a voulu en mettre les yeux à ses copains en se ramenant avec la belle caisse de papa. Rien de bien méchant, mais rien de bien intelligent non plus. Exactement ce qu'il te faut. « Ouais, il a galéré à la remettre en état, les pièces ne se trouvent plus facilement de nos jours. Tant pis, je vais passer la nuit à l'hôtel et faire le tour des dépanneuses du coin demain. Avec un peu de chance, quelqu'un l'aura, ce moteur. » Bullshit, bullshit, bullshit. Demain, elle ira à la casse, et t'iras t'en acheter une toute neuve.

De quoi appeler quelqu'un ? Effectivement, si t'as attendu au bord d'une route pendant plusieurs minutes sans contacter tout de suite une dépanneuse, c'est que tu devais avoir une bonne raison. Oh Jinny, c'est tellement excitant de jouer avec elle. « Oui, j'ai mon téléphone. Mais j'avais espoir qu'une bonne âme puisse la faire redémarrer. J'y connais rien en mécanique, il semblerait que ce soit un miracle que j'attendais, finalement. Tant pis, merci quand même d'avoir essayé. » Tu lui souris, faussement maladroit et un peu à côté de la plaque, avant de lui tendre chaleureusement ta main. « Cain. Appelle-moi juste Cain. Et en me tutoyant s'il te plait, je suis pas si veux que ça. Et toi ? C'est quoi ton nom la mécano ? » Difficile de conserver le masque intact quand tu l'entends énoncer un nom que tu connais et exècres au plus haut point. Et quel effort tu dois faire pour ne pas que tes traits faussement bienveillants se transforment en rage féroce à l'instant même où vos mains se serrent. « Enchanté, Jinny. » Mais tu vas jusqu'au bout de tes intentions, sans fléchir, sans remettre en question ton long périple jusqu'à la vengeance. Tout ceci vaut largement la peine. L'on obtient jamais rien sans sacrifice. Bon, allez, il faut maintenant te débarrasser de cette voiture pour enchainer sur la suite du plan. Téléphone en main, tu passes un rapide coup de fil à la première dépanneuse que tu trouves, leur précisant bien que tu viendras la récupérer demain directement chez eux. Maintenant libre comme l'air, tu te tournes vers Jinny pour lui faire une proposition. « T'es du coin ? Est-ce que je peux t'emmener manger quelque part pour te remercier ? Promis, je vais pas monopoliser toute ta soirée, je veux juste partager un morceau avec celle qui a eu la gentillesse de s'arrêter. » Bon sang, que c'est effrayant de laisser la suite du plan entre ses mains. Un refus et tout pourrait prendre fin maintenant. Ou du moins, le plan A. Et le plan B risquerait de beaucoup moins lui plaire.

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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyDim 19 Jan - 1:35


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Tu déconnes, Jinny. Ta mère t’a pourtant toujours bien dit de faire attention quand tu parles aux inconnus – mais ça, c’est une leçon qu’on oublie tellement vite, quand on vieillit. On gagne en confiance, on s’endurcit, on roule des épaules et, quand on s’appelle Hex, on apprend qu’il n’y a pas grand-chose qui ne puisse se régler d’un regard intimidant ou d’une balle bien placée. Même quand maman répète de faire attention. Méfiance se confond trop souvent avec prudence, et si t’es d’un naturel méfiant sous tes dehors débonnaires de fille de la campagne, prudente, tu oublies un peu trop souvent de l’être. C’est si facile, de baisser la garde, quand on s’habitue à des dangers démesurés. Ces derniers mois, ces dernières années, même, tu as vaillamment affronté extra-terrestres, super-humains, et un éventail de monstres à faire pâlir d’envie les Mary Shelleys et autres Bram Strokers de ce monde, tenant le front balle après balle et pistolet laser après pistolet laser ; alors forcément, les gens lambda, ils te paraissaient bien inoffensifs, après tout ça. A ta hauteur, à ta portée, surtout. Et à force de garder le nez levé vers le ciel, à guetter la prochaine menace planétaire pour laquelle on pourrait, pour une raison qui t’échappe encore, faire appel à tes services, tu en oublies d’envisager la possibilité que le danger puisse se trouver juste à portée de bras. Elle t’a prévenue, pourtant, ta mère, que le nom de Hex venait avec son lot de bagages ; et que le sillon de sang tracé dans votre chemin mènerait toujours vos ennemis jusqu’à vous, qu’importe les années, les décennies qui filent entre vos doigts. Tu ne l’as pas prise au sérieux, ta pauvre maman, avec ses avertissements qui, à l’époque, et encore aujourd’hui, sonnaient à tes oreilles comme des contes de croque-mitaine qu’on raconte pour faire peur aux enfants pas sages. Et aujourd’hui, sans que tu n’en aies conscience, le loup vient d’entrer dans la bergerie. Et tu ne pourras blâmer personne d’autre que toi, lorsque ses crocs se refermeront sur ta gorge.

Tu te méfies, un peu, mais pas assez – pas assez pour apercevoir la moindre fêlure dans le masque impeccable que te présente le pauvre malheureux bloqué sur le bord de la route avec sa voiture de collection parfaitement inutile. Tu le considères un instant avec un peu d’indulgence – un fils à papa, un peu gâté mais visiblement pas méchant, qui avait voulu profiter de la collection de son père, et avait joué de malchance. Tu baisses les yeux sur sa main tendue, et n’hésites qu’une brève demi-seconde avant de lui tendre la tienne, parce que d’où tu viens, on ne prend pas une poignée de main à la légère, et ta poigne gantée et ferme jauge la sienne et décides, encore une fois, que le garçon a l’air honnête. « Jinny. Jinny Hex. » que tu lui réponds, avec juste un chouïa plus d’honnêteté que lui, visiblement. Il ne veut pas te révéler son nom de famille, le fils à papa ? Qu’à cela ne tienne – ça n’était pas dans ta nature de jouer les fouineuses, mais tu ranges quand même l’information dans un coin de ta tête, par réflexe. Tu croises les bras et fais quelques pas en direction du Colonel, attendant patiemment pendant que Cain passe son coup de fil, le nez au vent qui te souffle tes mèches rousses dans la figure, puis tu pivotes sur tes talons lorsque ta nouvelle connaissance t’interpelle à nouveau. Sourire aux lèvres, tu laisses même échapper un rire. « J’ai l’air de quelqu’un du coin, tu trouves ? » demandes-tu sans la moindre trace d’animosité dans la voix – juste un soupçon de taquinerie. La proposition est alléchante, la soirée commence à peine, et tu n’as aucun plan pour le reste de cette journée à part peut-être envoyer un message à Jason pour lui proposer un burger un de ces quatre. Autant dire que ton emploi du temps n’est guère chargé, ces temps-ci.

Tu poses une main sur ton cœur et inclines légèrement le buste pour le remercier humblement de son offre, puis repousse le rebord de ton chapeau pour le rajuster sur ta tête : « Proposé si gentiment. Je connais un diner sympa pas loin d’ici, si ça te convient. » Peut-être pas le genre de standing auquel un collectionneur de voitures était habitué, mais à son look, tu juges quand même qu’il a l’air moins perché que l’idée qu’on peut se faire de ceux qui ont des moyens. Et puis, si jamais il n’avait pas l’habitude, aucune importance : tu aimes bien sortir les gens de leur zone de confort, de temps en temps. Ensemble, vous attendez patiemment la dépanneuse, tu laisses Cain signer les papiers de décharges et arranger ses affaires, et une fois tout ça régler, tu l’invites à grimper dans le siège passager de ton légendaire pick-up. L’habitacle est spacieux, ordonné – pour la bonne raison que tout ton bordel est planqué sous la bâche à l’arrière, en compagnie de la malle de Jonah, dont tu ne te sépares jamais – et tu tournes la clé dans le contact avant de te souvenir de la présence incongrue du shotgun accroché derrière vos sièges. « Cadeau de mon père. Désolée. C’est juste là pour décorer, fais pas attention. » Mensonges et fariboles, mais fabuler était ta marque de fabrique autant que le Stetson vissé sur son crâne. Tu appuies sur la pédale, et hop, le Colonel s’engage à nouveau dans l’artère métaphorique du périphérique de Metropolis. Oublié le terrain vague – tu mets le cap sur ce diner qui était un peu devenu ton QG, ces derniers temps. Et pour une fois, tu n’y passeras pas ta soirée en tête à tête avec un journal ou tes pensées, apparemment. « Toi aussi t’es du sud, je me trompe ? Ca s'entend. » demandes-tu en lui adressant un regard curieux dans le rétroviseur – évidemment que tu avais reconnu ces intonations traînantes et un peu chantantes dans l’inflexion de sa voix. « Floride ou Louisiane, je parie. » Et tant pis si tu te trompes, le jeu n’en est pas moins distrayant. Aussi loin de chez toi, croiser quelqu’un d’aussi déraciné que tu l’étais, ça avait un petit quelque chose de réconfortant. Comme un parfum familier, une madeleine de Proust inattendue, et qui poussait à la connivence et l’attachement presque immédiat. Cain avait la dégaine des gars de chez toi, un peu, même si les gars de chez toi avaient rarement trouvé grâce à tes yeux, la nostalgie avait cette façon de coloriser les souvenirs d’une lentille un peu plus rosée que la réalité et de la rendre plus acceptable. « Alors, qu’est-ce qui t’amène à Metropolis, Cain ? Ne me dis pas que t’as fait toute cette route juste pour une soirée ? Ou tu t’es déraciné pour le nord, toi aussi ? » Tu ne disais jamais grand-chose à ton sujet – pudeur texane, pudeur des Hex, surtout, inculquée par ta mère et son mutisme chronique sitôt qu’il s’agissait de sujets un peu personnels, mais ça ne t’empêchait pas de t’intéresser aux autres. We’re all stories in the end, et toi, tu étais bien curieuse d’entendre celle de ton drôle de compagnon de route.


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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyMer 22 Jan - 22:40


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Non, clairement, elle n'a pas du tout l'air de quelqu'un du coin. Jinny porte en elle la marque du Far-West, un héritage qu'elle affiche fièrement et sans aucune once de honte. Comment peut-elle être fière d'origines façonnées dans le sang et la trahison ? Ce qui t'amène à croire que peut-être ignore t-elle les agissements de son ancêtre. Peut-être que si elle savait tout de lui, elle ne porterait plus son chapeau de cowgirl, et ne se présenterait plus en citant son prénom et son nom, comme un gage de grandeur auprès de ses interlocuteurs. Cette infime chance de malentendu, jamais avant maintenant tu ne l'avais envisagée. Habité par une haine et une rancoeur tenaces, il t'étais inconcevable que Jinny soit, contrairement à Jonah, innocente sur toute la ligne. Alors pourquoi ? Pourquoi cette soudaine éventualité qui vient jaillir brutalement dans ton esprit, comme un geyser de pétrole en plein Texas ? Sentiment aussi incongru qu'inattendu et qui soulève beaucoup de questions dans ton esprit toujours en surchauffe. Avec un peu de chance, tu en sauras bientôt plus, puisque sans aucun signe de méfiance, elle accepte ta proposition pour ce soir. Et bien, même sa façon de te remercier est atypique. Cette fille est définitivement un sacré numéro. Qui plus est, qui cache parfaitement son jeu. Tu pourrais presque la voir comme une simple fille un peu bizarre mais gentille. Presque. « Ça me convient, je te suis ! » Sans être spécialement habitué à manger dans des diners américains, son idée t'emballe. Tu préfères l'observer dans son élément, dans son quotidien banal, pour te faire une opinion un peu plus précise du personnage, et surtout, en apprendre un maximum sur ses habitudes. Rien ne vaut une véritable enquête de terrain. Le control freak a besoin de tout savoir avant d'établir son plan d'attaque. Qualité ou défaut, c'est dans ce cas précis une assurance de ne pas commettre d'erreur. Car si ton intention est de l'éliminer, tu n'oublies pas la possibilité qu'elle puisse te rendre les coups. Le moindre détail négligé pourrait donc rapidement se transformer en question de vie ou de mort.

Après avoir rempli les papiers du dépanneur arrivé sur les lieux, tu le laisses embarquer ta voiture que tu iras récupérer demain, puis montes à l'intérieur du pick-up de Jinny. A l'arrière, t'as remarqué des affaires personnelles cachées sous une bâche, qu'elle n'a pas manqué plus tôt de vérifier avant de te rejoindre en bord de route. Qu'est-ce qu'elle peut bien cacher là-dedans pour y mettre autant d'attention ? Voilà qui aiguise ta curiosité, mais que tu ne manifestes bien évidemment pas pour l'instant. « Pour décorer ? A d'autres ! » Dis-tu, sourire sincère aux lèvres, à la découverte du shotgun derrière les sièges. Sans être étonné par la présence de l'arme, tu t'amuses du mensonge dans lequel elle s'enfonce sans vergogne. Rien d'étonnant, finalement, à mentir quand on invite un total étranger dans son véhicule, mais tu notes quand même une certaine tendance à cacher la vérité. A voir si l'habitude se confirme ou non, une fois que tu seras parvenu à l'approcher d'un peu plus près encore. Il semblerait d'ailleurs que l'observation soit réciproque. Si rien ne t'échappe, il en est de même pour elle, et ça, c'est beaucoup plus problématique. Tu n'as pas pensé ton rôle très loin, et il se pourrait que des habitudes un peu trop ancrées viennent à un moment donné te trahir. « Tout juste, Louisiane. Je suis né et j'habite à la Nouvelle-Orléans. Et toi, Texas, non ? » Même sans l'avoir lu dans le dossier constitué par tes détectives, il est aisé de reconnaître l'accent texan. Surtout pour toi, qui a passé de longs moments dans le lone star state. « Et si, t'as le droit de trouver ça ridicule, mais je suis ici juste pour une soirée. Depuis tout petit j'ai l'habitude de voyager un peu partout, que ce soit dans le pays ou dans le monde entier. J'imagine que maintenant ça fait partie de moi, et que faire de la route pour un oui ou pour un non m'enthousiaste plus que ça ne me lasse. Et j'aime bien Métropolis, c'est une jolie ville. » Et là dedans, il n'y a que la vérité. Souvent tu fais des déplacements rapides et éphémères pour une simple soirée, ou un pour un meeting professionnel. Globe trotter dans l'âme, les kilomètre ne te font pas peur, bien au contraire, tu estimes qu'une vie de nomade est bien plus enrichissante qu'une vie de sédentaire.

Contrairement à ce que tu t'étais imaginé, le trajet vers le diner se déroule plutôt bien, et surtout, il est important de le souligner, sans moment de gêne. Ces instants de flottements que tout le monde connait lorsque l'on fait une nouvelle rencontre et qui peuvent rapidement changer la dynamique d'échange, mais qui ne trouvent pas leur place parmi vous. Jinny est bavarde, et t'es plutôt ouvert à la discussion. Tu en profites d'ailleurs pour revenir sur une question à laquelle elle n'a qu'à moitié répondue. « T'es pas de Métropolis, ça j'ai bien compris, mais qu'est-ce que tu fais ici alors ? T'es là pour le boulot ? Pour une relation ?  » Une pierre deux coups, en apprendre plus sur elle, et détourner l'attention de toi. T'es prêt à répondre à quelques interrogations, mais moins tu en diras, moins tu prendras le risque de faire une bêtise. Les minutes défilants rapidement, vous finissez par arriver sur le parking de ce fameux diner, en étant loin d'avoir fait le tour des nombreuses questions que t'aimerais lui poser. L'endroit, d'un point de vu extérieur en tout cas, est typiquement américain. Mais c'est probablement ça qui te plait le plus, avoir l'impression d'être dans un film. Un film bourré de clichés, mais quand même intéressant. De quoi te déconnecter un peu de la routine, et de te permettre d'occuper ta soirée autrement qu'un verre à la main et une fille au bras. « Tu sais qu'on peut en apprendre beaucoup sur les gens en fonction de ce qu'ils mangent ? Par exemple, moi j'ai horreur de celles qui se contentent d'une maigre salade. Je préfère de loin une fille qui se lâche sur un bon gros burger plein de ketchup. Montre-moi ce que tu manges, et je te dirai qui tu es. » Sourire étendu aux deux coins des lèvres, tu lui adresses un dernier regard avant de sortir du véhicule pour rejoindre l'intérieur du diner. Jouer le jeu, finalement, c'est plutôt facile.

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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyMer 29 Jan - 20:44


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C’est agréable, de jouer les conductrices pour ce drôle de lascar. Enfin, drôle de lascar n’est peut-être pas le bon mot, parce qu’il a l’air somme toute tout à fait normal pour un jeune homme fréquentant Metropolis, ce Cain, mais d’après toi, il fallait quand même l’être un peu pour se retrouver dans un pareil pétrin et ne pas s’offusquer plus que ça de devoir se coltiner ta compagnie le temps du trajet. Pire, il la recherchait. Et plus les minutes en sa compagnie s’égrenaient sur le compteur, plus tu te sentais à l’aise, toi aussi, agréablement surprise de te découvrir bien plus de points communs avec cet étranger tombé du ciel que tu ne l’aurais cru. Comme toi, Cain est un nomade, un itinérant sans réel point d’attache qu’une vague terre lointaine dont il n’avait gardé qu’un accent reconnaissable entre mille. Ce n’était peut-être pas les mêmes raisons qui vous amenaient à vous laisser porter au gré du vent, mais la finalité était la même. Lui avait ses voyages, toi, t’avais le Colonel et les événements un poil extraordinaires qui avaient bousculé ta vie ces dernières années. La route pour la route, la liberté d’aller où ça te chantait, quand ça te chantait, pour une mission, pour une envie, pour un caprice, alors oui, pourquoi pas, pour une soirée. Tu n’avais pas particulièrement envie de te moquer de Cain, malgré ton sourire en coin. C’était les circonstances, qui t’avaient poussée à partir de Dripping Springs, à claquer la porte de cette minuscule ville que ta mère avait cherché à transformer en tombeau pour vous deux, sans te demander ton avis. Des circonstances que tu t’étais appropriées, tirant parti de ton malheur. T’étais peut-être déracinée, solitaire, vagabonde, mais défaitiste ou résignée, ça, tu refusais de le devenir. Puisque vous sembliez avoir ça dans le sang, chez les Hex, autant assumer jusqu’au bout. Et quelque part, t’avais l’impression que Cain était sur la même longueur d’onde, sans avoir besoin de prononcer le moindre mot de plus.

« Oh, Metropolis, c’est temporaire. » réponds-tu en caressant la ville de demain du regard à travers la vitre. « Je fais des allers-retours entre ici, Gotham, et ailleurs. La bougeotte, comme toi. Parfois pour un boulot, parfois parce que j’ai envie. Pourquoi ne pas voir du pays quand on le peut, hein ? » Tu noies le poisson, évidemment, déformation professionnelle autant qu’habitude bien ancrée, parce que toi, tu ne t’appelles pas Batman – et même si la Young Justice t’avait aidée à brouiller un peu les pistes, tu ne faisais pas vraiment de ton identité un mystère. Ces pieux mensonges, ils te servaient surtout à détourner l’attention, le temps de jauger tes interlocuteurs ou tes adversaires, plutôt qu’à réellement tromper quelqu’un qu’une simple recherche Google un peu poussée pourrait renseigner. Et comme t’étais pas du genre à garder contact avec tes rencontres fortuites sur la route, personne ne t’en voulait jamais. Pratique, moustique. Confiante, tu vous fais arriver sur le parking et tu serres le frein à main, avant de couper le moteur, et d’éclater de rire à la provocation – parce que c’en était bien une, pas vrai ? – de Cain. « Dis pas ça, je vais me sentir obligée de commander une salade par pur esprit de contradiction. » rétorques-tu en sautant à ton tour du véhicule avant de claquer la portière. Marrant, comme t’avais presque l’impression d’aller dîner avec une vieille connaissance perdue de vue et retrouvée par un heureux hasard, plutôt qu’un parfait inconnu ramassé au bord de la route quelques minutes plus tôt à peine. Mais ça te convient, cette ambiance. Cette impression tenace de pouvoir un peu baisser la garde, de ne pas devoir te tenir aux aguets. Bon sang, si t’avais su, à ce moment-là, t’aurais sans doute déjà fait demi-tour en le plantant là. Ne serait-ce que pour sauver ta peau en sursis, et éviter une déception à laquelle rien ni personne n’aurait pu te préparer.

Tu pousses la porte du diner, en terrain conquis, et gratifies le patron – visage familier, désormais – d’un signe de la main avant d’entraîner Cain vers une table près de la fenêtre. T’aimais bien l’atmosphère de ce diner sans prétention ; pour peu, t’aurais presque l’impression d’être quelque part sur la route 66, si les gratte-ciels de Metropolis ne se découpaient pas à l’horizon comme une frise de papier sombre sur fond gris clair. Heureuse et satisfaite de ta journée et de sa conclusion, tu te laisses tomber sur la banquette et abandonnes ton Stetson à côté de toi, avant de retirer tes gants. Le silence retombe un moment, alors que vous consultez le menu, pendant que le jukebox meuble l’atmosphère de quelques riffs de rock country, et lorsque la serveuse vient prendre votre commande, tu adresses un demi-sourire facétieux à Cain, avant de répondre : « La même chose que d’habitude. » Ha. Puisqu’il était tellement confiant dans ses capacités, autant le faire patienter un peu. « Comme ça tu pourras voir si tes pronostics sont vraiment fiables. » Une fois que la serveuse a pris sa commande à lui aussi et s’éloigne pour aller chercher vos boissons, tu te laisses aller contre le dossier de la banquette, détendue, à l’aise dans ton élément – et amusée de constater que le fils à papa ne détonnait, finalement, pas du tout avec le décor environnant. Vraiment un drôle de personnage, ce Cain. Et ça ne fait que souffler de plus belle sur les braises de ta curiosité. Sans chercher à ranger les gens dans de parfaites petites cases bien définies, t’aimais bien les contours nets, lisibles, clairs ; et Cain, pour le moment, était encore un peu trop brouillon à ton goût. « Dooonc… ton père est suffisamment riche pour avoir une collection de voitures et laisser son fiston chéri en prendre une, mais toi, tu fais quoi, exactement ? » Tes yeux noisette le scannent à travers une mèche rousse que tu souffles sur ton front. « Au moins t’as pas une tête de banquier ni d’avocat, donc t’es pas un cas totalement désespéré. Attends, laisse-moi deviner… » Tu plisses les yeux, faussement concentrée sur ton observation. Cain, il a la dégaine du globe-trotteur et du débrouillard, l’assurance de ceux à qui tout réussit parce qu’ils s’en donnent les moyens, plutôt que de ceux à qui tout tombe dans les bras. « Tu ferais pas partie de ces gens qui démarrent des start-ups à tout va, les revendent, et passent à leur prochain business comme d’autres changent de chemise ? Entrepreneur indépendant dans la tech ou l’informatique, ça expliquerait les voyages.Et le look décontracté. Tous les jeunes entrepreneurs ont le même. J’ai raison ? » Probablement pas. Mais les jeux de devinettes, ça t’amuse, beaucoup. Et Cain, malgré son air avenant et amical, était encore une petite énigme à part entière.

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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyJeu 6 Fév - 18:04


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C'est amusant de jouer avec elle, parce qu'elle n'est pas du genre à se laisser faire, à se contenter de balancer ses cartes au hasard. Non, elle les choisit avec minutie, sans être avare de joli bluff. Il y a un voile de mystère derrière lequel elle se cache, sans deviner que tout qu'il y a à savoir sur elle, tu le sais déjà. Ou presque. Mais tu ne lui en veux pas d'essayer de se protéger, après tout, elle t'a ramassé au bord d'une route, et qui serait assez fou de nos jours pour dévoiler tout son jeu aussi rapidement. Jinny, elle prend son temps, emprunte des détours, tente du mieux qu'elle peut de paraître banale, tout en sachant qu'elle ne l'est pas vraiment. Et pour l'instant, tu te contentes de ce qu'elle accepte de te donner, sans chercher à contourner les règles qu'elle veut instaurer, préférant attendre le bon moment pour jaillir comme un diable hors de sa boite. « Alors ça veut déjà dire que tu comptais pas prendre de salade. » Et tu n'en doutais pas. C'est pas que t'apportes une quelconque importance aux clichés, mais une fille du Texas qui mange de la salade plutôt qu'un bon gros steak saignant, t'en connais pas beaucoup. Est-ce que cette fois, elle te donnera tort ? Ou est-ce que tu lis en elle bien mieux que tu ne l'avais envisagé ? A la suite de Jinny, tu rentres dans le diner, qui, étonnamment, ressemble à ceux que tu croises souvent au bord de routes presque désertes. Le genre de coin où il y a ordinairement que peu d'habitués, simple rendez-vous des vagabonds et des gens de passage. Pas de repère, pas d'habitude, rien qu'une soirée entouré d'inconnus avant de reprendre la route. Tu ne pensais pas trouver ce genre d'endroit dans la banlieue de Métropolis, mais t'es pas étonné d'apprendre que c'est là son lieu préféré. C'est...elle. Sans prétention d'assez la connaître pour en juger, tu ne l'imaginerais pas ailleurs qu'ici, sur une banquette un peu usagée, et un vieux jukebox qui répète sans cesse les mêmes chansons démodées. Un charme indéniable, train direct vers un passé qu'elle n'a pas connu, mais qu'elle semble chérir, probablement encore bien trop attachée à des racines dont elle ne devrait pourtant pas être fière. Tu sais pas si ça te fait de la peine ou si ça renforce ta colère. En fait, tu ne sais plus bien ce que t'es censé penser de cette jeune fille et de son univers qui se rapproche si étroitement du tien.

Oh, est-ce qu'elle est en train de te chercher ? Après avoir levé ton nez de la carte pour répondre à sa provocation d'un sourire espiègle, tu la refermes aussitôt, d'un geste tout aussi désinvolte que son mystère. « Je vais prendre la même chose qu'elle. » Ouais, c'est un risque, mais puisqu'elle semble d'humeur taquine, tu t'engouffres sans hésiter dans la brèche qu'elle vient d'ouvrir, bien déterminé à te rapprocher d'une façon ou d'une autre de la rouquine au Stetson. « T'as intérêt à ce que ce soit bon. » Et la valse que vous avez entamée le long du fossé puis dans la voiture reprend de plus bel. Des questions, toujours plus de questions. A celui qui trouvera celle qui fera vaciller l'autre, et ébranlera un peu son aura. Est-ce qu'elle en a tout autant conscience que toi ? Que tout ceci, bien plus qu'une simple nouvelle rencontre, est un jeu duquel il ne sortira qu'un seul gagnant. Elle ressert un étau sans même le savoir, alors pour t'en dépêtrer rapidement, tu n'as pas d'autres choix que de te flirter le plus possible avec la vérité. L'image de gosse de riche qu'elle dessine de toi te convient parfaitement, et tu aimerais qu'elle s'y tienne encore longtemps. Enfoncé dans la banquette en attendant ton repas, tu la laisses essayer de lire à travers toi, non sans une certaine appréhension. « Oh, alors tu trouves que j'ai le look de l’entrepreneur ? C'est bien la première fois qu'on me le dit. T'as une vision du monde différente des autres, Jinny Hex, ça me plait. » Finalement amusé par ses suppositions, pas complètement fausses non plus, tu mets fin au suspense. « Je travaille avec mon père, tout simplement. Désolé de te décevoir, c'est moins palpitant que ton imagination. » Evidemment, que fait un fils à papa si ce n'est prendre la relève, hériter de l'empire. Au détail près que cet héritage, c'est à toi et à toi seul que tu le dois. Personne ne t'a confié les clés du royaume, tu l'as construis par toi-même, au prix de nombreux sacrifices. Alors même si c'est douloureux pour toi de renier tes efforts pour rendre vivant le mensonge, tu tentes du mieux que tu peux d'être convaincant aux yeux de la petite curieuse, plus persuadé que jamais qu'une seule erreur suffirait à mettre ton plan en péril. « Energies renouvelables. Chacun sauve le monde à sa façon. » N'est-ce pas, potentielle nouvelle recrue de la Young Justice ? Voilà qui devrait lui parler.

Oh-oh, la serveuse revient avec vos plats, et comme un gosse, tu commences à gigoter sur la banquette, impatient. Mais malheureusement, une impatience à la hauteur de ta déception. Une assiette de nachos et un café, vraiment ? Tu lèves la tête vers Jinny, légèrement offusqué. « C'est quoi ça ? Tu sais qu'au Mexique c'est l'équivalent de la salade ? » Oui, bon, peut-être que t'exagères un peu, mais vraiment, tu t'attendais à autre chose. Un steak, des frites, la base quoi. Pas à des espèces de chips avec du cheddar. Et mon dieu, du café. Qui boit du café pendant un repas ? « Tu bois pas de bière, sérieux ? » Loin de toi l'envie de juger ses goûts, mais disons que t'es carrément étonné. Avec sa dégaine de cowgirl, tu t'imaginais quelque chose de complètement différent. Mais peut-être que c'est pas plus mal, au moins, elle peut se vanter de ne pas être aussi prévisible que ça. Alors contre mauvaise fortune bon cœur, tu commences à manger tes nachos, qui, tu l'admets, sont plutôt pas mal. « Bon, ça va pas m'empêcher de dresser ton portrait. Des nachos. Hum. Je dirais que t'es quelqu'un de simple, et de solitaire. Tu te contentes de peu, et t'es heureuse comme ça. T'es pas contre la compagnie d'autrui, loin de là, la preuve avec moi, mais t'as appris à te débrouiller toute seule, et à faire ta vie comme bon te semble. T'es un peu la Calamity Jane des temps modernes. J'ai bon ? » Non, tu ne t'es pas appuyé sur son dossier pour émettre tes suppositions, tu t'es simplement contenté de l'observer. Peut-être ta démarche la plus honnête depuis votre rencontre. « Par contre, tu devrais apprendre à t'éclater un peu plus. Le café, c'est vachement décevant. » Nouveau sourire provoquant tout en mangeant tes chips. Puisqu'elle vient de partager avec toi un bout de son quotidien, peut-être que tu pourrais faire de même. Avant que tu ne colles une balle entre ses deux yeux.
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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyLun 17 Fév - 0:50


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Energies renouvelables ? Jinny fit mine de faire la moue, prétendant être vaguement déçue par sa découverte – la vérité c’était surtout qu’elle n’y connaissait rien en la matière, mais qu’elle avait quand même un peu envie de le titiller, monsieur-qui-sauve-le-monde. Est-ce qu’elle avait été intentionnelle, cette petite phrase pleine de sous-entendus ? Sans se départir de son sourire amusé, Jinny sonda son expression, cherchant à deviner si le nom de Hex pouvait lui être familier ou si ça n’était qu’une coïncidence. Elle avait beau avoir vu sa propre trombine et son nom plus d’une fois dans les journaux, elle ne se faisait toujours pas à l’idée de ne plus être une parfaite anonyme. Enfin, d’être connue auprès d’un autre public que les fripouilles qu’elle ramenait derrière les barreaux, quoi. Au moins, s’il la connaissait de réputation, Cain était particulièrement discret à ce sujet – il ménageait son effet le garçon, elle commençait à le sentir, dans ce petit jeu à tatillons auquel ils se livraient. Elle n’avait pas envie de se méfier, Jinny, pour une fois, et rien que ça, ça piquait furieusement sa curiosité et un certain instinct de survie dont l’efficacité n’avait pas été démentie ces dernières années. Tout ce mystère dont il se drapait sans avoir l’air d’y toucher – à moins qu’elle ne se fasse des films, déformation professionnelle et familiale ? – elle avait envie d’en soulever chaque couche pour arriver jusqu’au cœur et s’assurer qu’il n’y avait véritablement rien de louche, de surprenant, de dangereux, ou même de grotesque dans ce nouveau personnage qu’elle ajouterait plus tard à la grande galerie de ses rencontres de voyage. Mais tout de même, ce qu’ils étaient tranquilles, et à l’aise, à cet instant-là, comme deux vieux amis et pas deux inconnus qui venaient littéralement de se rencontrer – inconscients des fils de marionnettes qui s’agitaient au-dessus de leurs têtes et resserraient l’inévitable.

La serveuse s’en revint de sa quête, et Jinny ne se retint même pas d’éclater de rire face à la déconfiture de Cain. « Héééé elle est très bien, ma salade. » rétorqua-t-elle avec un hoquet de rire, avant de piocher dans ses nachos – parfaits, comme d’habitude, qu’on lui laisse ses péchés mignons, sacrebleu. « Et le café d’ici est le meilleur de Metropolis. Tu me remercieras, va. » Après tout, c’était lui qui avait voulu être joueur, elle n’était responsable de rien, elle se dédouanait de tout. Et puis, elle n’était pas mécontente d’avoir réussi à le prendre à revers, ce petit malin qui, apparemment, n’en démordait pas dans son rôle de Sigmund Freud de comptoir, et poursuivait son analyse culinaire et psychologique. Même si elle doutait que son analyse, finalement, ait quoi que ce soit de culinaire, supputant qu’il avait plutôt commencé son travail d’observation sitôt qu’elle s’était arrêtée sur le rebord de l’autoroute. Malinx, le petit lynx. La Calamity Jane de temps modernes porta son café à ses lèvres, qui s’étirèrent ensuite dans un sourire félin et narquois. « On t’appelle aussi Sherlock Holmes dans le monde des panneaux solaires ou c’est juste un hobby dans la haute société ? » demanda-t-elle en posant sa tasse avant de croquer dans un autre nachos. « Par contre ton interprétation du café, zéro pointé. Deux déçus, balle au centre. » C’est vrai ça, pour qui il se prenait pour lui dire qu’elle ne savait pas s’éclater ? Elle savait vachement bien s’éclater, Jinny. La définition du fun 100% terroir texan – et si Cain n’était pas capable de le voir, alors tant pis pour lui. Mais plus il parlait, plus les étincelles de méfiance s’endormaient, quand bien même elle s’exhortait à la prudence. Le serpent endormait peu à peu sa proie.

« En même temps, si réussir à se débrouiller passé la vingtaine est la marque d’une Calamity Jane des temps modernes, c’est que les standards sont tombés bien bas. » reprit-elle en haussant les épaules, faussement modeste, toujours prête à brouiller les pistes derrière une nonchalance et un je-m’en-foutisme chronique feint – préférant de loin qu’on la prenne pour une simplette ou une idiote plutôt qu’on la regarde de trop près. Mais, puisqu’elle avait un camarade voyageur sous la main, elle décida de changer de tactique – et d’assouvir sa propre curiosité au passage. Croisant les bras sur la table, Jinny le regarda avec des yeux pétillants de curiosité. « Tu sais, ça fait pas si longtemps que j’ai quitté le Texas – et avant ça, j’en étais même jamais sortie. La Louisiane, j’y suis passée un peu en coup de vent… » Et elle avait récupéré au passage une fille un peu louche qui parlait à sa plante en pot, mais ça, elle préférait ne pas le mentionner tout de suite. « … mais j’y suis pas restée assez longtemps pour en profiter. J’ai quand même vu les bayous, un peu de la Nouvelle-Orléans et ses bars de jazz et ses carnavals… A côté du Texas et de ses déserts, j’avais presque l’impression d’être dans un autre monde. Un peu magique, parfois. » Rêveuse, elle se resservit du café, la serveuse ayant aimablement laissé la cafetière à leur table, puis releva les yeux sur Cain. « C’était comment, de grandir là-bas ? Entre les marais, les alligators et les quatre coins du monde sur le pas de la porte ? » D’accord, peut-être qu’elle grossissait un peu le trait - mais c’était comme ça qu’elle l’imaginait, la Louisiane, du peu qu’elle en avait vu lors de ses aventures avec Tefé. Et peut-être aussi parce que, sans qu’elle n’en ait vraiment conscience, ou sans qu’elle ne s’attarde dessus, des impressions fugaces se glissaient entre les interstices de son esprit, en se faisant passer pour des souvenirs pour masquer leur véritable nature ; son imagination poreuse se faisant éponge de celle d'un autre, elle qui n'avait jamais vécu que dans ses pensées propres, sans intrusion aucune, sans influence - et sans défense contre les forces dont ils n'avaient même pas encore conscience.


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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyMer 19 Fév - 18:08


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C'est lui, le monstre décrit par ta mère ? Le croquemitaine planqué dans le placard familial, prêt à bondir à la première occasion pour planter ses griffes acérés dans vos vies ? Quand tu la regardes, Jinny, quand tu la regardes vraiment, c'est pas franchement l'impression qu'elle te donne. Mais peut-être qu'il est justement là le piège, le vice se cache sous le masque d'une jeune fille simple et joviale pour mieux amadouer ses proies. Tu devrais le savoir pourtant, que le mal peut prendre n'importe quelle forme, et qu'il est plus souvent associé à la factice innocence qu'à l'explicite méchanceté. Ni plus ni moins que de la fourberie. Même si ce que tu sens en elle t'incite à croire en sa bonne foi, tu ne dois pas te faire avoir, et encore moins permettre à tes premières impressions, sans doute erronées, t'influencer. Après tout, Jeb a subi la même supercherie. Il s'est laissé prendre au jeu des Hex pour en payer ensuite le prix ultime. Tu ne commettras pas la même erreur. Tu refuses de laisser son insouciance apparente et ses rires cristallins perturber une vengeance que tu planifies depuis des mois. Si tes parents te certifient qu'elle est la dernière cible à abattre pour enfin être libérés de l'ombre malfaisante des Hex, pourquoi remettrais-tu leur jugement en question ? Pourquoi. Telle est la question. « Un hobby de la haute société ? Si c'est comme ça que tu me définis, je réajuste le score à deux déceptions contre une.  » C'est vrai ça, pour qui elle se prenait à le résumer à un simple bourgeois en mal d'occupations ? Constamment, vous vous renvoyez la balle, et tu admets prendre plaisir à ce petit jeu. Là où elle marque un point, cependant, c'est sur l'ennui que suscite en toi cette fameuse haute société, dont la vie est rythmée par la célèbre sacro sainte trinité : alcool, argent et sexe. Bien sûr, ce serait hypocrite de t'en plaindre alors que tu embrasses toi-même des habitudes semblables, mais au moins peux-tu te satisfaire d'une simple soirée dans un diner en compagnie d'une inconnue. Au-delà du piège que tu tends, il y a un échange naturel entre vous que tu ne peux nier, et qui rend les choses subitement tout de suite plus compliquées. Ce que tu devrais détester chez elle t'amuse plus que cela ne t'agace. Soit elle est tout aussi douée que toi, soit tu fais finalement un bien piètre chasseur. « Oh, mais ils sont plus que bas. T'es restée enfermée combien de temps dans ton pick-up ? » Et cette fois, tu doutes que le problème soit seulement rattaché à la jeunesse dorée que tu fréquentes régulièrement. Cette génération est perdue, et tu persistes et signes, Jinny s'en détache d'une façon plus que tranchante.

Tout comme vos provocations, chacun votre tour, vous devenez le sujet principal de la conversation, partie de ping pong sans fin où tu essayes d'y trouver ton compte. La Louisiane, tu pourrais en parler des heures tant tu l'aimes, mais ce qu'elle demande est peut-être la limite de ton savoir pourtant conséquent. « Comment c'était de grandir là-bas, hein ? » Après avoir terminé ton assiette, ton dos épouse un peu brusquement le dossier de la banquette, en quête d'un précieux gain de temps qui te servira à masquer ton trouble. Grandir, l'enfance, l'adolescence, ce sont des concepts qui t'échappent complètement. T'as pas eu ce que les autres ont eu, à partir à la chasse aux alligators pour leur donner des marshmallows, ou à s'amuser à confectionner des poupées vaudou dans l'espoir que la magie opère. Non, toi, t'étais enfermé chez toi à étudier, inlassablement, et au détriment de tout le reste. Alors à sa question, tu n'as pas vraiment de réponse à donner. « Je sais pas trop, en fait. J'étais ce qu'on appelle encore aujourd'hui un intello, je passais mes journées la tête dans les bouquins. » Par ta faute, Jinny. En conséquence des erreurs de son ancêtre. Pour reconstruire une famille anéantie et leur rendre leur gloire d'antan. Mais tout ce que tu as sacrifié pour en arriver là où tu es maintenant est une souffrance silencieuse que tu t'évertues chaque jour à contenir en toi, pour ne pas la voir se transformer en une violente colère dont tu perdrais le contrôle C'est pas vraiment que t'étais un élève studieux, c'est plutôt que tes parents attendaient de toi plus que ce tu étais naturellement capable de produire. Alors la tâche s'est transformée en acharnement. Séquelle personnelle dont tu ne parles que très rarement et que tu tairas bien évidemment ce soir. « J'adore le jazz. Si tu t'y intéresses je peux te donner les noms des meilleurs bars de la Nouvelle-Orléans. Je peux aussi t'emmener dans l'ancienne bâtisse de Delphine LaLaurie, le nouveau propriétaire est un ami. » Et puis bien sûr, tu connais par cœur chaque secret de la ville sur ses pratiques vaudou. Pas le côté touristique, ce qu'on se garde bien de dévoiler aux yeux du monde. Chaque mythe, chaque rue, chaque us et coutume, tu t'en empreignes depuis tout petit, mais c'est qu'une fois adulte que t'as réellement pu tout explorer en dehors de ce qu'on trouvait dans les livres. Tout ce que t'as manqué quand t'étais trop occupé à porter le poids horriblement lourd de tes précoces responsabilités.

Mais t'es pas certain d'avoir correctement répondu à sa question, alors pour satisfaire un minimum sa curiosité, tu injectes un peu d'intimité à cette trop grande généralité. « Maintenant je fais le carnaval tous les ans, j'arpente encore et encore Bourbon Street en mangeant un po' boy, mais quand j'étais ado, mon truc c'était le rodéo. On est pas loin de chez vous, c'est une pratique qui se fait beaucoup ici aussi, et dans laquelle, j'avoue, j'étais plutôt doué. » Et ce qui te permettait de te faire de l'argent de poche. Car évidemment, ce que tu ne lui dis pas, c'est que tout cet argent dont t'es fier aujourd'hui, vous ne le possédiez pas avant que tu ne montes ton entreprise. Alors oui, t'as peut-être pas grandi comme elle se l'imaginait, mais au moins maintenant tu peux rattraper tout ton retard en ayant la certitude d'avoir fait les bons choix. « Et un jour tout s'est arrêté. Le taureau m'a presque éventré après une mauvaise chute, et ça a mis fin à toute potentielle carrière professionnelle. » Un an cloué au lit, mais une pénibilité insignifiante en comparaison de ce qui aurait pu arriver de pire. Et une si belle occasion pour tes parents de te pousser encore plus à aller plus loin, sans cet hobby qui te servait à la fois d’échappatoire et d'ouverture pour l'avenir. « Et toi, Calamity Jane, c'était comment de grandir au Texas ? Si c'était pas fun, promis je t'emmène à la Nouvelle-Orléans pour rattraper tout ça. » Des paroles en l'air. De fausses promesses. Pourtant, à cet instant précis, au moment même où tu lui as proposé cette virée, t'y as profondément cru.
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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyVen 28 Fév - 23:50


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Avec ses questions, Jinny savait bien qu’elle brisait un peu une des plus vieilles traditions auxquelles les gens de son Texas natal, nostalgiques de leur Ouest sauvage pas si lointain que ça, s’accrochaient encore : le droit au silence et à l’oubli. Au Texas, on pouvait bien demander à l’étranger accoudé au comptoir ce qui l’amenait dans les parages, mais on s’aventurait rarement à lui demander d’où il venait. Elle, elle avait toujours interprété ça comme des restes des espoirs de colons espérant trouver un nouveau départ dans ce Nouveau Monde, et laisser derrière eux les erreurs et les zones d’ombre du passé. Mais à dire la vérité, toute texane qu’elle fut jusqu’au bout des ongles, elle était la première à reconnaître les risques d’une approche qu’elle estimait aussi datée que dangereuse. Hypocrite, sans doute, venant de celle qui prenait un malin plaisir à noyer sa propre vérité dans une infinité de tissus de mensonges, mais elle aimait savoir à qui elle avait affaire. Et lorsque Cain balaya le sujet d’un revers de la main – non sans une certaine élégance, elle était incapable de savoir si le prétexte de l’intello enfermé dans ses bouquins n’était réellement qu’un prétexte – elle décida de ne pas insister. Peut-être lui cachait-il quelque chose ; ou peut-être s’était-il dit, et elle n’aurait pas pu lui donner tort, qu’il n’avait pas envie de raconter sa vie par le menu à une parfaite inconnue. Tout autant de raisons parfaitement valables quant à son silence. Tout autant de raisons auxquelles elle, elle s’accrochait, pour ne pas se sentir chavirer dans cette paranoïa toute Hex que sa mère avait si bien su lui inculquer. Le monde entier n’est pas ton ennemi, Jinny, se sermonna-t-elle en chassant de son esprit les avertissements obscurs de sa mère. Elle en avait assez, de constamment regarder par-dessus son épaule pour s’assurer qu’un vieux fantôme ne venait pas régler ses comptes avec elle – ou plutôt, avec Jonah. Donc, pour Cain, bénéfice du doute. Dommage.

Le sourire un peu rêveur sur sa figure à l’évocation de LaLaurie et Bourbon Street se transforma vite en grimace sitôt qu’elle se figura son accident de rodéo – non pas qu’elle s’y connaisse plus que ça, mais elle avait assisté à quelques shows, dans le temps, et elle imaginait sans peine la fragilité d’un pauvre abdomen humain sous les assauts d’une corne de ces énormes bestiaux. « Aouch. » Et au-delà du graphisme évident de la blessure sanguinolente qu’elle se figurait dans son esprit fertile, la perspective d’une brillante carrière interrompue en plein vol, de façon aussi violente, ça n’avait pas dû être facile à avaler. Bon, pas vraiment qu’elle puisse comprendre, pas dans l’empathie, en tout cas – elle, elle avait toujours eu l’ambition au ras des pâquerettes, menant sa vie avec pour seul but, quand elle était encore coincée à Dripping Springs, de partir voir le monde. La liberté de mouvement comme seule aspiration et la débrouille plutôt que la réussite. Avoir un rêve, des perspectives, des aspirations – elle avouait volontiers qu’elle ne savait pas vraiment ce que ça pouvait être. La différence, imaginait-elle, entre les vrais ambitieux comme Cain, et les vagabonds qui se laissaient promener par le vent comme elle. « Désolée pour ta carrière de rider. Au moins t’as réussi à retomber sur tes pattes. » Et ça, c’était déjà beau, pas vrai ? Mais, sitôt sa conclusion énoncée, elle sentit, confusément, que la fin de l’histoire était bien moins simple que ça. Nostalgie, regrets, frustration, résignation, un florilège d’impressions aussi brèves que mémorables remua son petit cœur de texane avant de disparaître comme elles étaient venues. Huh. A croire qu’il était vraiment bon conteur, Cain. « Et fais gaffe, je pourrais bien te prendre au mot avec cette proposition, un jour. » Nomade, sans attaches, à part quelques connaissances comme autant de petits points lumineux dans son existence – comment résister, s’il offrait de devenir d’un d’entre eux ?

A son tour, maintenant ? Songeuse, Jinny porta son café à ses lèvres comme si elle cherchait ses mots, se demandant quelle version de la vérité elle allait bien pouvoir lui servir. Rien de personnel. Mais quand on commençait à frayer avec la Young Justice sans prendre la peine de s’encombrer d’un masque ou d’un pseudonyme, on se protégeait comme on le pouvait. Reposant sa tasse devant elle, elle pointa un doigt ganté vers lui. « Le Texas est toujours fun. S’il est pas fun, c’est que t’es pas un vrai texan. » Premier mensonge. Elle l’aimait, son Texas, mais bon sang ce qu’elle avait pu tourner en rond, dans sa bourgade de Dripping Springs. Mais pour une fois, à l’aise dans cette conversation, à l’aise avec ce type qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, elle n’avait pas envie de servir ses badineries habituelles. Alors, pour une fois, au lieu de continuer sur la voie du bobard, elle opta pour une semi-vérité, qui la satisfaisait plus. « C’était… calme. J’ai grandi dans un coin un peu paumé, du genre au milieu du désert où on connaît tous les voisins et leurs petits secrets, et où il ne se passe jamais rien à part le coyote occasionnel qui vient boulotter les poules de la ferme d’à côté. » Le genre de coin où on reste par tradition familiale, ou quand on part à la retraite, ou quand on cherche à échapper à quelque chose. Et Jinny avait mis quelques années à s’en rendre compte, mais bon sang, qu’est-ce qu’elle avait pu remettre sa vie en question, quand elle avait saisi la méfiance et la crainte dans les yeux de sa mère, dès qu’elle mentionnait ne serait-ce que l’envie de quitter Dripping Springs. La vie à la campagne avait ses avantages – pour elle, elle ne s’était apparentée qu’à une prison dans laquelle elle ne savait pas pour quel crime on l’y avait placée. « Mais j’aimais bien les grands espaces. Prendre le pick-up et la guitare ou sortir le cheval pour partir à l’aventure dans le désert, se débrouiller toute seule avec trois fois rien. Croiser les voyageurs de passage au bar à bikers du coin. J’en ai entendu, des histoires improbables, de gens qui restaient trois jours et qui repartaient comme ils étaient venus. » Soigneusement, elle enjolivait le tableau, floutait un peu les contours, effaçait les zones d’ombre pour ne laisser que la version idyllique des bons souvenirs un peu plus reluisants que la réalité. Mais hé, ça ne faisait pas de mal de rêver un peu, si ? Et puis, cette version devait être plus agréable à écouter pour Cain que les récits du garage Hex ou des conflits avec sa pauvre excuse de père. Et quelque part, assise à table dans ce diner avec Cain, elle avait un peu l’impression de retrouver les bons côtés de sa région natale. En terrain familier, dans un cocon sécurisant. Si seulement. « Et évidemment, on échappe pas vraiment aux bons vieux clichés. » plaisanta-t-elle en pointant du doigt son Stetson. « Mais est-ce que c’est vraiment des clichés s’il y a du vrai dans l’histoire ? De toute façon ça se voit vite, qui se prend pour John Wayne et qui est vraiment du terroir. » Sourire suspendu au coin des lèvres, elle releva les yeux sur Cain. « Tu devrais tenter, le Texas profond. Pas celui des touristes. Je sais pas pourquoi, j’ai l’impression que ça t’irait pas mal. » Et ça, dans la bouche de Jinny, c’était un sacré compliment. Surtout pour quelqu’un dont elle faisait encore mine de se moquer quelques minutes auparavant.


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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyMer 4 Mar - 0:23


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Un jour. Deux mots qui déchirent quelque chose en toi. Comme l'orage qui déchire le ciel. T'arrives pas à comprendre comment cette fille peut aussi violemment ébranler tes certitudes. T'aimerais penser qu'il n'y aura aucun jour, puisque sa vie s'arrêtera prématurément quand tu en aurais terminé avec elle, mais t'arrives pas à t'en convaincre. T'arrives pas à imaginer quoi que ce soit d'autre qu'une session touristique à la Nouvelle-Orléans à ses côtés. Lui montrer tout ce que tu sais, lui faire goûter tout ce que tu aimes. Alors que la raison même de cette rencontre est la vengeance, et devrait rendre toute cette conversation obsolète. Une haine que tu cherches à retenir, à attraper comme un cerf-volant qui s’échapperait d'entre tes doigts, en vain. Dans ce diner, il y a un lien qui se tisse et qui te déconcerte par sa facilité. Si bien que tu dois te faire violence pour ne pas fuir dans les toilettes pour tenter de te reprendre. Asperger ton visage d'un peu d'eau, et repenser aux propos de tes parents, pour ne jamais oublier que les Hex ont détruit votre famille et qu'ils doivent en payer le prix. Elle parle de son Texas. Elle parle de sa vie. Et plus elle le fait, plus tu sens une lourde culpabilité peser sur ta poitrine. Elle est si jeune, si insouciante, à mille lieux d'imaginer que se trouve face à elle son ennemi juré. Celui qui prévoit déjà de lui coller une balle en pleine tête. T'étais à l'aise avec elle, tu l'es toujours, et c'est précisément ça qui te donne envie de hurler. T'as pas envie d'en savoir trop sur Jinny, parce que chaque mot qui s'échappe de sa bouche est un mot qui met en péril ton objectif. Jamais tu n'as failli, jamais tu n'as manqué à ton devoir. T'as été jusqu'à évincer ton propre frère pour obtenir ce que tu désirais, alors pourquoi tout semble si différent avec elle ? Pourquoi tout est devenu soudainement si difficile ? Et en si peu de temps. « Je vois, t'es du genre aventurière. » Challenge ardu que de cacher les doutes personnels qui t'assaillent. Elle n'a pas idée de tout ce qui traverse la tête, et d'à quel point, en une heure seulement, elle est parvenue à ébranler tant de certitudes gravées dans la roche de plusieurs générations.

Même si t'as du mal à croire au portrait presque parfait de son Texas natal, tu ne manifestes aucun scepticisme de vive voix. Parce qu'elle a cette façon d'en parler qui t'arrache plusieurs sourires sincères. Elle est atypique cette fille, avec son look sorti tout droit d'un western spaghetti qu'on arborerait normalement qu'aux soirées d'Halloween. Un cliché, oui, mais un cliché qu'elle porte bien. Si sa famille a eu de l'impact sur ta vie entière, il est évident que la tienne en a eu autant sur la sienne. Alors quel rôle vous avez joué, exactement ? Voilà un secret qu'elle ne confiera probablement jamais, et qui laisse ton imagination combler les trous de ce passé trop beau pour être vrai. « Tu me proposes pas d'y aller avec toi ? Je suis vexé. Après mon offre je pensais que t'en ferais autant.  » Discussions toujours ponctuées de gentilles provocations. Elle y est réceptive, Jinny, et même si t'as conscience de t'engager sur un terrain miné qui pourrait très vite faire de toi la première victime, tu continues d'avancer les yeux un peu trop fermés. « Je collectionne les colts et je possède un haras, c'est assez texan pour toi ? Me manque juste le chapeau. » Elle voit un peu d'elle en toi, et elle n'imagine pas à quel point. Ni ce que c'est sur le point de lui coûter. Après avoir terminé ta tasse de café – que tu as rechigné par entêtement à goûter avant de te laisser aller – tu appelles la serveuse pour régler la note et rajouter un beau pourboire. Comme promis, tu lui offres le repas. La logique des choses voudrait maintenant que vos chemins se séparent. Qu'après avoir mangé ensemble, chacun reparte de son côté pour vaquer à ses occupations. Après tout, t'as réussi à instaurer un lien assez étroit pour avoir une bonne raison de la revoir, non ? Un échange de numéro suffirait à satisfaire la suite de ton plan, pourtant, ce n'est pas du tout ce que tu lui proposes. Pas encore. « J'ai envie d'un dessert, ça te dit une glace ? » Y a un ptit marchand que t'as vu au loin en arrivant, et cigarette déjà au coin de la bouche, tu l'entraines dans cette direction sans même attendre son avis. Techniquement, ça compte dans le repas, donc elle peut pas te le refuser.

Sa voiture toujours garée sur le parking du diner, vous marchez cette fois vers le centre de la ville, où l'agitation commence petit à petit à reprendre ses droits. Et tout en tirant sur ta clope d'une main, t'attrapes le chapeau de Jinny de l'autre pour le mettre sur ta tête. Quoi ? Elle va quand même pas s'offusquer, c'est elle qui t'a dit que tu ferais un bon texan, alors c'est l'heure du verdict. « Tu valides ? Je suis comment ? » Un peu brusquement, tu t'arrêtes devant une vitrine qui reflète ton allure de cowboy du dimanche, et après avoir pris quelques secondes pour t'observer de long en large et en travers, tu décides finalement de le garder un peu. Elle a raison, y a quelque chose. « Je trouve même qu'il me va mieux qu'à toi, c'est dommage de cacher tes cheveux. » Chasser le naturel et il revient au galop. Non, ce n'est pas de la drague, c'est simplement ce qu'on appelle chez toi une seconde nature. Flatter les filles, c'est ton autre passion. « T'as quel âge ? J'ai pas envie qu'on me regarde bizarre si je t'offre une glace. » Oh, tu sais très bien quel âge elle a, mais t'es bien trop lancé pour stopper maintenant vos innombrables taquineries. Puis près quelques minutes de marche, vous vous arrêtez devant le petit glacier en angle de rue. « Bonsoir, un cornet avec une boule stracciatella et une boule spéculos, s'il vous plait. » Le temps qu'elle passe sa commande, tu vas écraser ta cigarette contre une poubelle un peu plus loin. « Et t'habites où au juste ? » Oui, tu poses beaucoup de questions, et tu sais que c'est l'attitude inverse de celle que tu devrais adopter pour rendre ta tâche plus aisée, mais c'est comme ça. T'apprécies sa compagnie, et t'as pas envie de prétendre le contraire. Pour l'heure, tout ce que tu veux, c'est te focaliser sur le moment présent.
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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptySam 7 Mar - 23:50


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Bien sûr qu’elle était réceptive, Jinny, comment aurait-il pu en être autrement. Le libre-arbitre était une notion assez relative parfois, mais dans leur cas, n’importe quel philosophe se serait arraché les cheveux. De leurs corps jaillissaient des fils invisibles et asymétriques, qu’elle, elle ne voyait pas, mais dont lui avait parfaitement conscience tout en se persuadant que c’était pour son bien, alors que ses parents et la rage familiale le transformaient en pantin et elle en poupée de chiffon inconsciente ; et il y avait les autres fils, plus pernicieux encore, qui tiraient à contrecourant de ceux-là, dans la direction opposée. Ces fils-là qui les faisaient glisser avec une aisance déconcertante entre les silences et les retenues d’une première rencontre pour aussitôt les jeter dans le bassin de l’entente et de la camaraderie, comme si, alors qu’ils venaient à peine de se rencontrer, il y avait déjà du temps à rattraper. Comment auraient-ils pu savoir. Elle éclata de rire, et leva les mains en guise de signe de paix. « D’accord, d’accord, des colts et un haras, t’as gagné ta visite guidée, cowboy. » Et si ça ne se faisait pas, tant pis – mais, alors qu’ils en parlaient, elle se prit à s’étonner elle-même, d’à quel point elle avait envie que ça se fasse, quand même. Elle qui n’avait pas remis les pieds au Texas en trois ans, bientôt quatre, voilà qu’elle se prenait à vouloir y retourner avec un parfait inconnu, dont la présence se ressentait déjà comme un point fixe dans le paysage flou de son existence toujours en mouvement. Easy, Jinny. C’est exactement comme ça qu’on glisse, qu’on dérape, qu’on se casse la gueule – et à la fin, si on est un peu poissard, qu’on ne s’en relève pas. Mais Cain envoyait valdinguer toute notion de prudence ; et elle, à ses risques et périls, avait vraiment envie de le suivre.

Il faisait encore bon à l’heure où ils sortirent du diner, et elle se laissa entraîner sans protester – quel besoin y avait-il de se presser, dans la vie, après tout – notant au passage l’habitude de fumeur qu’elle ne lui avait pas soupçonné. Et elle se préparait même à lui envoyer une petite pique à ce sujet, quand elle sentit son fidèle Stetson soulevé de son crâne. « Héééé ! » protesta-t-elle, mais tout allait bien, le chapeau n’allait pas bien loin, juste sur sa tête à lui. Jinny s’arrêta à son tour, bras croisés sur sa poitrine alors qu’elle le toisait dans le reflet de la vitrine, sourcil arqué pour marquer un agacement factice ; avant d’émettre un ricanement. Et flatteur, avec ça. L’esquisse du personnage se dessinait un peu plus nettement désormais. « Pas le choix, à force de se retourner sur mon passage, les gens se blessent. Donc, chapeau. » Méouibiensûr. Et l’échange de boutades de reprendre, mais ça lui allait bien, ce langage-là, ça n’engageait à rien, et ça piquait l’intérêt, et c’était drôle, franchement, que demander de plus. Le vent encore tiède dans sa tignasse rousse libérée, elle rétorqua sans marquer de pause : « Seize ans, et mon père est flic. T’es dans la mouise, Cain. » Les mensonges, finalement, c’était plus facile et plus marrant quand ça se voyait que c’en était. Quant à la vraie vérité de la vraie vie, elle pouvait bien continuer de se balader un peu, juste le temps de le faire courir. Même si, dans un retournement du sort parfaitement cruel et ironique, c’était finalement elle, le dindon de la farce, à laquelle cette précieuse vérité qu’elle manipulait comme une bobine de fil échappait complètement.

Au stand de glaces, elle commanda la même chose que lui – ça n’était que justice après lui avoir imposé ses nachos et son café – et se fit la réflexion que ça faisait bien longtemps, qu’elle ne s’était pas contentée d’autre chose que les donuts systématiquement offerts par le sergent Bullock ou des cookies de M’Gann. Et bim, la question qui fâche, alors qu’ils s’éloignent tranquillement en direction d’un petit square à quelques pas de là à peine. Enfin, qui fâche. Qui peut vaguement jeter un malaise, peut-être. « Hmmm. Ici et là. » lâcha-t-elle en se concentrant sur sa glace, avant de lâcher un bref soupir parce que non, c’était un peu nul comme réponse, quand même. « J’ai pas vraiment de chez-moi. » admit-elle enfin, dans un premier élan d’absolue honnêteté depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Après tout, elle n’avait aucune raison de cacher cet état de fait-là. Son mode de vie lui convenait, puisqu’il s’agissait d’un choix de sa part – mais d’expérience on lui opposait plus souvent scepticisme et pitié que compréhension. « Je pourrais, hein, j’ai le boulot et le salaire qu’il faut, mais je préfère être sur les routes. Ne pas dormir trop longtemps au même endroit, être en mouvement – et ça me permet d’être plus réactive avec mon travail. » Ca aussi, c’était la vérité. De toute façon, elle s’était déracinée du Texas, et pour le moment, elle n’avait pas trouvé d’endroit qui lui avait donné envie de reprendre racine. Se laisser porter, c’était quand même moins fatigant que de lutter pour ne pas se faire arracher de son prochain point de chute. « Je dors souvent dans mon pick-up – c’est vachement plus confortable qu’on peut le penser. Et quand j’en ai marre de dormir dans mon siège passager et de prendre ma douche au club de gym du coin, je vais à l’hôtel. » Quel tableau elle devait lui offrir, à ce type qui avait sa propre compagnie et conduisait les voitures de collection de son père. Elle lui jeta un regard en biais ; à quoi elle devait s’attendre, avec lui ? Moquerie, haussement d’épaules indifférent ? Pas qu’elle en avait quelque chose à faire, d’habitude, de l’opinion des autres – elle avait ri au nez d’Amethyst lorsque celle-ci avait formulé quelques doutes quant à la validité de ses choix de vie – mais pour une fois, elle se posait franchement la question. « Honnêtement, à quoi bon s’enquiquiner avec de la paperasse quand on peut se contenter d’un minimum de débrouillardise. Mais j’imagine que toi, c’est un autre univers, non ? » demanda-t-elle, curieuse, désormais, à tous les niveaux. Parce que ce qu’il lui dirait, autant que la façon dont il le dirait, et ce qu’il le dirait pas, seraient aussi révélateurs les uns que les autres.


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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyMar 10 Mar - 20:27


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La vagabonde au chapeau oscille entre mensonge et vérité, sans savoir que tu détiens déjà la clé du mystère. Un pick-up garé sur un terrain vague, en quête de sommeil sur le siège passager. Une vie de nomade qui semble définitivement la définir, et qui suscite chez toi un zeste d'admiration. En plus d'une répartie qui t'arrache chaque fois un franc sourire, elle a ce côté authentique, Jinny, que tu pourrais presque jalouser, toi le chef d'entreprise constamment dans le contrôle. T'as pas ce luxe là, tu peux pas rouler pendant des heures et t'arrêter sur le bas côté pour boire un café avec des gens de passage, ni prendre le temps de profiter de la beauté des paysages qui défilent sur les routes. Et elle a ce don, dès qu'elle t'en parle, de te donner l'envie de suivre le même chemin désordonné. Peut-être pas en faire un mode de vie, mais au moins une courte parenthèse, pour oublier un peu les responsabilités et les impératifs du quotidien. Oh, attention, tu l'aimes profondément ton boulot, et si le miroir de Jinny reflète l'aventure, le tien c'est plutôt l’acharnement au travail. Mais justement, une fois, au moins une seule fois, t'aimerais pouvoir être autre chose qu'un jeune autodidacte débrouillard à l'avenir prometteur. Oui, pour n'importe qui ce serait un portrait grandement flatteur, mais et si, parfois, t'avais besoin de plus ? De quelque chose de différent ? Précisément ce que tu cherches d'habitude dans tes nuits sans sommeil, au fond d'un verre ou dans les bras d'une inconnue. Des plaisirs éphémères, presque futiles, qui comblent ton vide bien trop peu longtemps. Tout ça, quand tu l'entends te conter son quotidien, tu comprends que c'est pas assez. Et si Jinny est parvenue à trouver cette étincelle que toi tu cherches désespérément, alors qui es-tu pour juger ? Bien au contraire, quelle chance elle a de pouvoir se laisser pousser par le vent. De faire ce que bon lui semble, quand bon lui semble. Ça porte un nom ce dont elle te parle : la liberté. Et tu sais que la liberté est précieuse, pour en avoir été constamment privé. « Tu pêches et tu chasses, ou tu vas quand même au supermarché ? » Une boutade qui n'a aucun autre but que de maintenir la partie de ping-pong qui se joue entre vous depuis le début. T'as bien compris qui elle était, et une fois encore, t'aurais préféré qu'elle te rende les choses moins difficiles. Foutue cowgirl.

Tout en dégustant ta – délicieuse – glace, tu viens t'assoir sur un banc du square, l'invitant à en faire de même. Il fait encore bon en cette belle soirée à Metropolis, malgré la petite bise nocturne qui sème le trouble dans tes cheveux déjà hirsutes. « Faut quand même que je te pose une question. » T'as bien senti son appréhension, à Jinny, quand elle t'a avoué la vérité sur ses habitudes de vie. Ton opinion a de l'importance. C'est déroutant et inattendu, mais c'est ce que tu lis dans son attitude, suspendue à tes lèvres à la fois anxieuse et impatiente, comme si la suite de cette discussion allait être déterminante pour votre relation. Alors tu veux pas te planter, funambule penchant d'un côté et de l'autre, sans trouver encore le parfait équilibre. « T'es libre, et honnêtement, je crois que c'est l'une des rares choses sur cette Terre qui n'a pas de prix. Parfois, j'aimerais pouvoir faire comme toi. Je sais pas, genre disparaître pendant une semaine, sans avoir derrière une centaine d'appels ou l'impression que tout mon monde va s'écrouler si je rentre pas dans la seconde. » C'est pas qui tu es actuellement, mais peut-être que c'est ce que tu pourrais être ? C'est étrange, d'avoir de l'argent et du pouvoir, d'avoir réussi haut la main sa vie professionnelle, tout en étant quand même frustré et incertain quant à sa réelle identité. Et ce que tu lui dis là, tu ne le dis qu'à très peu. Voir personne. Et t'es le premier étonné par ce débit de parole, tous ces mots qui s'échappent sans que tu ne cherches à les retenir, ou sans même avoir peur de leur portée. Tu te confies, parce que c'est facile avec elle. Et si elle craint ton jugement, toi, tu redoutes ses à priori. « Mais tu sais ce qu'on dit sur les gens toujours en mouvement ? Que soit ils sont en fuite, soit ils sont en recherche de quelque chose. Alors, dans quelle catégorie tu te retrouves, Jinny Hex ? A moins que tu ne sois un savant mélange des deux. » Après lui avoir adressé un bref sourire, tu retires le Stetson pour lui remettre sur la tête. T'as menti, en fait, il lui va bien mieux à elle.

Vous êtes différents, c'est indéniable, et une fois encore, tu es amené à le constater. Après un long soupire, tu prends le temps de réfléchir aux mots qui pourraient définir ton univers. A ton tour, maintenant, de redouter sa réaction. « Je dirais même que je suis ton opposé. Soirées mondaines, champagne à volonté, hôtels quatre étoiles, restaurants gastronomiques. C'est ça mon mode de vie. Et tous les inconvénients dont tu parles, je les ai pas vraiment, y a des gens qui le font pour moi. Je suis le type qui organise des soirées de la démesure tout en ayant jamais à s’inquiéter du ménage le lendemain. » Et tu ne précises pas si tu l'apprécies réellement, parce que là tout de suite, t'en sais rien. Tu t'es battu pendant des années pour obtenir ce que tu possèdes maintenant. Pour que ton nom soit respecté, pour redonner de la grandeur à ta famille. Mais la ligne entre deux volontés est parfois ambigue. « Je parie que tu me trouves détestable, hein ? » Tu ne sais pas par quel miracle tu parviens à accrocher son regard, mais tu le fais, malgré tous les secrets qui restent cachés dans ton ombre. Tous tes travers, toutes tes obsessions, et ce besoin insensé de satisfaire des parents qui n'ont finalement jamais rien fait pour toi. C'est encore pour eux que t'es là ce soir, à t'obliger à manipuler une fille qui t'apporte en une heure seulement, tout ce que t'as cherché chez eux depuis toujours. Une oreille attentive, une simplicité déconcertante, et un échange de sourires sincères. Comment quelque chose d'aussi faux peut sonner aussi vrai ?
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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyDim 15 Mar - 21:47


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Alors, la recherche ou la fuite ? La dichotomie amusait Jinny, qui esquissa un sourire amusé en profitant de sa glace – il avait bon goût, ce type-là, il fallait bien l’admettre. La recherche ou la fuite, parce qu’il fallait forcément que ce soit l’un ou l’autre, ou les deux, un équilibre parfait entre deux forces opposées, mais la vérité, c’était que Jinny ne se reconnaissait plus vraiment dans l’un ou dans l’autre. Peut-être que Cain, ou les collègues de la Young Justice, auraient quelque chose à y redire, et ils auraient complètement le droit d’avoir une opinion différente de la sienne. Mais elle, elle n’estimait pas fuir, parce qu’il n’y avait plus rien à fuir, à Dripping Springs. Rien qu’un vieux garage vide que même les fantômes avaient désertés au profit de la malle qu’elle se trimballait partout. Et elle n’avait pas l’impression de chercher quoi que ce soit, puisque ce pour quoi elle était partie, elle commençait à le trouver. Peut-être que dans son cas, elle avait dépassé ces deux stades, pour tout bonnement tomber dans les bras réconfortants de l’habitude. Difficile de renoncer à la liberté une fois qu’on en avait goûté le parfum – alors, plutôt que de s’offusquer de la question ou d’en rire, elle se demanda si celui qui cherchait quelque chose, ou qui cherchait à fuir, ce n’était pas plutôt Cain. Pas besoin d’être devin ou psychologue pour deviner l’envie chargée d’un soupçon de regret dans sa voix. « Meh. Je te laisse en décider. T’as l’air d’être bien plus fin observateur que moi. » répondit-elle en ajustant son chapeau, qui avait retrouvé sa juste place, sur sa tête. « Mais tu devrais songer à essayer, un de ces jours, t’as l’air d’en avoir besoin. » Conseil d’ami. Parce qu’elle soupçonnait, un peu plus finaude qu’elle ne l’assumait elle-même, qu’il ne devait pas en recevoir beaucoup, de ceux-là. Le succès était, après tout, un long chemin solitaire. Demandez à Jonah.

Le tableau que lui dépeint Cain était à tellement d’années-lumières de son quotidien, qu’elle avait presque l’impression de lire les pages d’un magazine – froides, polies, indifférentes. La fameuse jeunesse dorée des grandes villes, un monde inaccessible à cette gamine de la campagne, et qui ne l’avait franchement jamais fait rêver, n’occasionnant en elle que perplexité lorsque quelques-unes de ses copines du lycée parcouraient les sites people en s’imaginant mille vies de princesses à New York ou Seattle. Il y avait bien quelques nantis à Dripping Springs, mais il s’agissait surtout de retraités ou de vignerons venus exploiter le soleil du Texas. Les gens comme Cain, chez elle, appartenaient plus au mythe qu’autre chose. Rêveusement, elle imagina cette vie de château tellement alien à la sienne, et en oublia presque sa glace – jusqu’à ce que quelque chose dans la voix de Cain lui fasse tourner la tête pour lui adresser un regard en biais. Et aussitôt, elle se sentit assaillie d’une vague d’impressions qui, elle le songea fugacement, et incompréhensiblement, n’étaient pas les siennes. Il était mal à l’aise, Cain. Il redoutait ce qu’elle allait dire. Il craignait quelque chose. Quoi exactement, elle ne le savait pas, mais quelque chose, et elle sentait confusément que ça avait quelque chose à voir avec elle. « Détestable ? » répéta-t-elle, vaguement surprise, quand même, et chassant toutes ces impressions intruses de ses pensées. « T’es un peu dur avec toi-même. Ou avec moi. J’ai l’air si austère que ça ? » demanda-t-elle, une pointe d’humour dans la voix. Certes, c’était une fille de la campagne, mais elle n’avait pas grandi dans un trou au sens littéral du terme ; elle se doutait bien du genre de soirée démesurée dont il voulait parler, de son train de vie plein d’excès. Pas sa tasse de thé à elle, mais hé, qui était-elle pour juger. Après tout, ça ne la concernait pas, pas vrai ?

« T’as grandi dans un monde, moi dans un autre. Et puis je pars du principe que quelqu’un qui aime les nachos, même après avoir râlé pour les manger, ne peut pas être fondamentalement mauvais. » Et puis il avait beau dire, elle n’arrivait pas à le rentrer tout à fait dans la case qu’il décrivait. Bien sûr qu’elle le pensait sincère, mais il y avait quelque chose chez lui – dans son air, son attitude, elle aurait été incapable de dire quoi – qui trouvait en elle un écho auquel elle ne serait pas attendu de la part de quelqu’un de… cette vie-là. Peut-être la façon dont il parlait de liberté. Peut-être l’aisance avec laquelle il descendait de son piédestal pour profiter d’un moment improvisé avec une parfaite inconnue. Peut-être ce côté un peu débrouillard qui lui était bien plus familier, à elle, que ce train de vie millimétré qu’il essayait de lui décrire. « J’espère que tu te soucies pas autant de ce que pensent les autres, quand même. Ca doit être encore moins vivable que ton assistante qui t’appelle cent fois par jour. Et ça a l'air drôlement fatigant. » Parfaitement détendue, inconsciente du danger matérialisé juste à côté d’elle, Jinny Hex finit sa glace dans l’ignorance la plus totale. « Mais si c’était le cas… » Elle roula la serviette en papier en boule et, d’un tir expert et parfaitement maîtrisé, la jeta droit dans la poubelle à deux mètres de là, avant de croiser les bras sur sa poitrine et d’adresser à Cain un sourire amusé. « … ta stratégie de la fuite ou de la recherche est toujours valable. Le jour où t’en arrives à avoir envie de te barrer, est-ce que c’est vraiment si grave, que ton monde s’écroule ? Ou est-ce que c’est le signe qu’il est temps de leur dire ciao ? » demanda-t-elle, sincère dans sa question – même si elle avait déjà son opinion bien arrêtée sur le sujet. Parfois, la vie, c’était aussi savoir tourner la page, et partir sans regarder en arrière. Accepter quand quelque chose nous retient prisonnier au lieu de nous pousser vers le haut – et avoir le cran de s’en détacher, même en ayant peur du vide. Qui sait, peut-être que Cain était parfaitement heureux dans cette vie-là, mais quelque part, elle avait envie qu’il se souvienne de ce message-là. Juste au cas où. Sait-on jamais de quoi demain est fait.


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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyMar 17 Mar - 22:32


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Fuir ou rechercher. C'est vrai que t'as déjà une petite idée, alors qu'elle semble réfuter, subtilement, la véracité de ton adage. Elle fuit, Jinny, une querelle familiale qu'elle ne comprend pas encore, et ce sans même s'en rendre compte. Alors c'est sûrement légitime qu'elle refuse de choisir, inconsciente de ce qui était sur ses traces et qui l'a déjà retrouvée. Une image qui t'a conduit jusqu'à elle, pour venir réclamer ce ce qu'elle te doit. Hex, Turnbull, vous êtes destinés à vous faire la guerre, et elle continuera tant qu'aucune des deux familles n'aura été complètement décimée. Jinny est la dernière pièce sur l'échiquier, et tu sais qu'un seul coup suffira à conclure ton échec et mat. Finalement, peut-être que son erreur a été justement de ne pas fuir. Car il est désormais trop tard pour le faire. Quant à la recherche, et bien, tu as vu la précaution avec laquelle elle s'est assurée que la bâche arrière était correctement recouverte sur son trésor. Tu ignores de quoi il s'agit, mais t'es prêt à parier que là-dessous se trouve quelque chose d'extrêmement précieux pour elle. Après, est-ce que cela signifie que c'est aussi synonyme de questions et de quêtes de réponses ? Pas forcément, ce n'est qu'une simple supposition basée sur les manières qu'ont les gens quand ils veillent sur ce qu'ils ont de plus cher. Dans tous les cas, tu refuses de croire qu'elle ne se trouve pas sur la ligne. Vous l'êtes tous. Toi y compris, te rapprochant d'un point ou de l'autre selon les périodes de ton existence. C'est dans la nature de l'Homme, quoi qu'elle en pense, vous n'êtes pas faits pour être des sédentaire. « Hum, je pense que t'es un peu des deux, mais que tu ne le sais pas encore. T'as seize ans après tout, t'es jeune. » Nouveau sourire taquin pour ponctuer cette conversation qui commence doucement mais sûrement à te mettre mal à l'aise. Parce que si tu t'es laissé allé aux confessions, tu n'as aucune envie que derrière elle cherche à les interpréter.

Oui, détestable. Et qu'elle ne se fie pas à ce qu'elle voit de toi ce soir, puisque si tu joues parfois la carte de la sincérité, souvent, tu te drapes de mensonges. Votre rencontre n'est pas un hasard, et si elle entrevoyait ce qui se cache au fond de ton esprit, elle fuirait à toutes jambes en priant pour ne plus jamais te revoir. Et ils sont beaucoup dans ce cas là. Ton frère, trahi, dommage collatéral d'une ambition sans limite. Et Tessa, amie d'enfance sacrifiée elle aussi sur l'autel de ta domination. Jinny ne le sait pas, mais détestable est le mot qu'elle emploierait d'elle-même si elle pouvait lire en toi. « Non, t'as pas l'air austère. » Elle est même tout le contraire de ce que tu espérais trouver. C'est bien là le problème. T'aimerais qu'elle soit froide, qu'elle ne soit pas le genre de fille à laisser une chance à un parfait inconnu, et la voilà pourtant à manger une glace avec toi sur un banc, tenant un discours loin d'être à ton désavantage. Perdu un moment dans le brun de ses yeux assombri par la lune, tu te surprends à vouloir t'accrocher à ce portrait d'homme pas trop mauvais. Mais tu n'es pas aveugle sur ta propre noirceur, il est trop tard, il n'y a plus grand chose à sauver. Tu seras toujours le fils prodige au destin tout tracé, prêt à sacrifier ceux qu'il aime pour parvenir à ses fins. Un empire bâti à la force de tes bras, et que tu vas bientôt salir du sang d'une innocente. Innocente. Parce que même en s'attardant avec minutie sur ses traits, tu ne vois en elle rien de coupable. Bordel de merde. « Je sais pas, est-ce qu'il vaut mieux avoir des remords ou des regrets ? » Elle touche en plein mille, Jinny, et tu ne parles pas de la poubelle. Elle a la dextérité des meilleurs tireurs, et sans même s'en rendre compte, elle fait naitre en toi un millier de questions. Comment c'est possible, qu'après quelques heures seulement dans ton existence, elle parvienne autant à la remettre en cause ? « J'ai déjà trouvé ce que je cherchais, même si ça m'a beaucoup coûté. Quant à la fuite, je crois que le problème c'est que j'y arrive pas. Ce qui est un peu hypocrite de ma part, sachant que j'ai jamais réellement essayé. » Oh, wow, t'es toi-même sonné par cette nouvelle confession crachée du plus profond de ton âme bancale, et pris de panique, tu te lèves brusquement du banc. Y a quelque chose, entre elle et toi, que tu ne comprends pas. C'est là, invisible, mais bien trop concret pour n'être qu'une simple impression.

Elle remue en toi des secrets bien gardés, Jinny, et il est temps de bientôt mettre un terme à cette première rencontre qui t'a joué autant de tours que de pièges que tu as posés. En somme, t'es pas certain d'avoir gagné quoi que ce soit ce soir, si n'est une avalanche de doutes. « Il se fait tard, je crois qu'on devrait rentrer. » Et c'est dingue, mais tu peux pas t'empêcher de ressentir une pointe de déception à cette idée. Tu pourrais presque rester là pendant des heures, à parler de tout et de rien avec elle, si seulement elle ne faisait pas surgir de tes abysses des séquelles que tu t'évertues à ignorer. Elle brise des murs que tu pensais solidement bâtis, et il faut que ça s'arrête avant que tu ne puisses plus les reconstruire. « Je t'invite à l'hôtel ce soir. » Enfin, non, pas dans ce sens là. Confus et conscient de l’ambiguïté de tes propos, tu ajoutes aussitôt : « Je veux dire, je t'offre une nuit au chaud, où tu pourras profiter d'une douche et d'un room service demain matin. » Parce que t'as pas envie qu'elle reste dans sa voiture ce soir. Tu respectes complètement son mode de vie, mais elle l'a dit elle-même, elle se douche dans des clubs de gym, et lui offrir un peu de confort ne mettrait nullement en péril ses libertés de cowgirl du Texas. « Interdiction de refuser, tu me vexerais, et je suis certain que t'as pas envie qu'on se quitte en mauvais termes. » Quoi, comment ça c'est du chantage affectif ? Faut ce qu'il faut pour qu'elle accepte. Et cette envie soudaine de la savoir en sécurité et au chaud cette nuit, tu comprends pas bien d'où elle te vient. Tout ce que tu sais, c'est qu'elle est là. En allant dans le sens inverse du sort que tu lui réserves. Où est la logique de vouloir protéger quelqu'un que tu cherches à tuer ? Il est là le gros point d'interrogation de cette rencontre : comment a t-elle pu te rendre la tâche aussi difficile ?
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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptySam 21 Mar - 14:34


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Oups. Elle avait touché un point sensible – et elle le sut sitôt qu’il se releva précipitamment du banc, en même temps qu’une drôle d’aiguille s’enfonçait dans sa poitrine. Dans sa poitrine à elle, évidemment, pas à lui ; mais pourquoi se sentait-elle obligée de verbaliser cette distinction dans sa tête, elle n’en savait rien, et resta un très bref instant vaguement sonnée de ce qu’elle ressentait confusément comme un mensonge. C’était quoi, ce pincement au cœur, vaguement teinté de honte et de culpabilité comme une décharge électrique directement dans le myocarde ? Une honte et une culpabilité qui, en plus, n’étaient pas les siennes – et Jinny fronça les sourcils sous la bordure de son chapeau, prise de court par la contradiction de ce joyeux tourbillon qui avait déjà disparu comme il était venu. Puis elle releva les yeux sur Cain. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir qu’elle l’avait, avec ses commentaires, un tantinet mis mal à l’aise, donc elle en conclu que c’était peut-être ça, ce qu’elle avait ressenti. Un moment d’empathie, un peu exagéré, mais rien de plus. Voilà, c’était forcément ça, se répéta-t-elle intérieurement, avant de chasser tout à fait cette pensée et l’incident de son esprit. Parce qu’elle et Cain venaient tout juste de se rencontrer, et que ça n’avait aucun sens d’imaginer qu’il puisse y avoir quoi que ce soit d’autre. Même si elle ne s’était jamais illustrée par un sens de l’empathie très développé. Même si elle la sentait bien, la facilité avec laquelle elle glissait en terrain inconnu, elle d’ordinaire si prudente. Même si elle sentait bien qu’il y avait quelque chose qui se dessinait, là, dans ce silence à peine dérangé par la brise du soir, alors qu’en quelques mots, en quelques confidences, et en quelques boutades, ils dépoussiéraient des décennies entières d’un héritage oublié, délaissé au profit d’un autre, parce que le brasier de la haine était toujours plus facile à entretenir que les cendres d’une amitié maudite.

L’inviter à l’hôtel. Jinny arqua un sourcil, micro-expression qui, selon elle, devait aisément communiquer tout ce qu’elle pouvait penser de cette proposition assez cavalière pour une première rencontre – avant de se retenir d’éclater de rire face à sa mine déconfite, peu désireuse de rire du malheur des autres, alors à la place elle se contenta de ricaner ; tout de même surprise et un peu touchée de sa proposition. Proposition qu’elle aurait d’ailleurs refusée en temps normal, elle qui n’avait pas pour habitude d’accepter la charité d’autrui, surtout quand elle estimait ne pas en avoir besoin, mais Cain avait le sens de la répartie, et il avait visiblement été assez observateur, tout au long de la soirée, pour déjà savoir sur quels boutons appuyer pour la faire fléchir. Décidément, fort dangereux, ce jeune homme. Dans le bon sens du terme. Pour le moment. Alors elle leva les yeux au ciel, et leva les deux mains en l’air en signe d’apaisement, avant de se lever à son tour. « D’accord, d’accord, si tu insistes et que c’est offert si gentiment. Mais on notera pour la postérité que c’est contrainte et forcée, quand même. » Bon d’accord, pas tant que ça. Galanterie texane qui la poussait à ne pas mettre autrui dans l’embarras en refusant leur gentillesse, réelle envie de passer une nuit dans un vrai lit, finalement, et aussi, peut-être, envie de passer juste encore quelques minutes en sa compagnie – c’était amusant, quand même, de voir la façon dont certaines rencontres fortuites laissaient une plus forte impression que d’autres, et revêtaient déjà un parfum de familiarité et de souvenir précieux, quand d’autres ne restaient que des fantômes de passage. La perspective de son départ lui laissait déjà un goût de nostalgie – alors grappiller quelques instants de plus, était-ce finalement si grave ?

« … je ne m’attendais pas à ça. » Et en même temps, elle ne savait pas trop à quoi d’autre elle s’était attendue ; enfin si, elle le savait. Elle qui s’était attendue à un motel comme il y en avait tant d’autres en bordure de Metropolis, refuges parfaits pour les voyageurs de passage, parce qu’elle ne connaissait pas grand-chose d’autre en termes d’adresses d’hébergement, elle avait sous-estimé Cain. Accoudée au comptoir de la réception comme s’il s’était agi du comptoir d’un saloon, elle levait la tête et admirait sans réserve – quoiqu’un chouïa de circonspection – le décor épuré, mais indéniablement luxueux de l’endroit. Dire qu’elle détonnait dans le décor, avec sa dégaine de cowgirl, au milieu des autres clients tous de costards ou de tailleurs vêtus, aurait été un euphémisme, mais les regards étonnés qu’elle provoquait inévitablement dans cet environnement la laissaient profondément indifférente, et au lieu de les leur rendre, elle baissa les yeux sur Cain, sourire aux lèvres, comme si elle n’avait absolument pas remarqué qu’elle attirait un peu l’attention. « Je me serais contentée du motel du coin, tu sais. Mais merci. C’est très généreux de ta part. » Elle adressa aussi un sourire à la réceptionniste fort diligente qui s’occupait de leur réservation, et, songea que c’était amusant, cette façon dont Cain détonnait lui aussi dans le paysage, tout en ayant, dans son attitude, dans la façon dont il se tenait, une façon de s’y fondre complètement. Ou peut-être que c’était elle qui se plaisait à se l’imaginer, après leur long et instructif échange au parc. « C’est dans ce genre d'endroit que tu crèches quand tu viens te perdre à Metropolis et dans les grandes villes, alors ? » demanda-t-elle. « Pour le coup, c’est pas du tout comme ça que j’imagine la déco de chez toi. Ou alors les apparences sont vraiment trompeuses. » Mais ça, hélas, ce n’était pas encore l’heure pour elle de le découvrir.


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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptySam 21 Mar - 20:46


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Elle ne s'attendait pas à ça. Oui évidemment, puisque tu viens de l'amener dans l'un des hôtels les plus luxueux de Metropolis. Une décoration toute en nuance, subtile, portant quand même vers une influence grecque plus qu'évidente, et un mobilier en marbre de première qualité. Un endroit que tu connais pour ainsi dire par cœur, puisqu'à chaque fois que tu débarques dans la ville du boyscout, c'est ici que tu viens passer tes nuits. Jinny, avec son allure de cowgirl atypique, attire les regards les moins prévenants. Des regards qui suscitent en toi une certaine colère, presque inexplicable, qui t'oblige à leur rendre au centuple leurs sales habitudes hautaines. Elle est avec toi, cette fille, alors tu ne permettras pas que quiconque la fasse sentir mal à l'aise. Même si ce n'est pas son univers. Même si l'on peut lire dans son attitude qu'elle n'a jamais mis les pieds dans un tel endroit. Ce soir, tu voulais qu'elle puisse profiter d'une nuit calme et avec le confort maximum. Tu sais qu'elle n'en as probablement pas besoin, et qu'elle s'est depuis longtemps accoutumée à son mode de vie sommaire d'éternelle nomade, mais t'as quand même voulu lui faire ce petit plaisir, hors de tout ce qu'elle a connu auparavant. Qu'elle voit ça comme une expérience. Qu'elle sera libre d'apprécier ou pas, d'ailleurs. « Je vais pas dans les motels du coin, Jinny. » Tant pis si tu sonnes carrément arrogant, mais c'est la vérité. Ce n'est pas pour elle ou lui mettre plein les yeux que t'as fait ce choix, c'est simplement parce que c'est dans tes habitudes. Chaque fois, tu loges dans la même chambre, presque comme s'il s'agissait là d'une seconde maison. Ou d'une dixième, tant tu commences à avoir ta marque un peu partout dans le monde. Un privilège que tu n'as pas volé, et dont tu n'as aucune honte à profiter. Fut un temps, tu ne pouvais rien te permettre, te contentant du minimum qui t'étais autorisé. Alors maintenant que t'as façonné ton propre empire à la sueur de ton front, pourquoi tu choisirais un motel lambda plutôt qu'un palace luxueux ? C'est bête, mais c'est un peu ta revanche sur ta propre vie. « N'essaye pas d'imaginer comment sera ma déco, tu verras bien par toi-même. » Renforcement d'une promesse déjà soufflée préalablement. Comme ça, simplement, sans mesurer l'étrangeté de la situation. C'est drôle, de laisser son cœur parler, quand on a essayé de le museler pendant tant d'années.

Face à la réceptionniste, que tu commences à bien connaître à force de venir par ici, tu annonces, le plus nonchalamment du monde : « Bonsoir, une chambre s'il vous plait. » QUOI. NON. Yeux écarquillés d'horreur et de honte, tu rectifies aussitôt l'énorme lapsus commis : « Euh, non. Pardon, deux chambres. Bien distinctes. Mais face à face dans le couloir. Merci. » Raclement de gorge gêné. Oui, bon, pour ta défense, t'as pas l'habitude d'amener une fille à l'hôtel sans ensuite défaire conjointement les draps. En vérité, Jinny est la première, alors le naturel a pris le dessus sans que tu ne puisses le retenir, ce sale traitre. En espérant qu'elle ne prenne pas trop mal ta petite erreur, bien que tu viennes probablement de confesser sans le vouloir l'une de tes sales habitudes : voguer de lit un lit tel un marin de la luxure. Rien de honteux, en soit, malgré la gêne palpable qui s'empare subitement de toi, comme si tu refusais catégoriquement qu'elle te voit sous cet angle là. Alors que, pourquoi devrais-tu t'en soucier ? Qu'est-ce que ça peut bien faire qu'elle ait une image précise de ta personne  ? Surtout quand elle se rapproche de la vérité. Long soupire, puis tu poursuis : « J'aimerais la chambre que je prends d'habitude, vous savez de laquelle je parle. Mais elle est pour elle. » L'avantage d'être un habitué des lieux, c'est que t'as pas besoin de donner ton nom. Dieu merci. Après avoir tendu ta carte de crédit, tu tournes ton regard vers Jinny, dont t'as hâte de connaître l'opinion sur cette nuit particulière – sans ambiguïté. Un lit king size, un jacuzzi, et un mini bar dans lequel elle pourra se servir à volonté, tu lui as sorti le grand jeu. Et une dernière petite surprise qu'elle découvrira par elle-même une fois dans la chambre. « Le petit-déjeuner est servi entre 7h et 9h, passez une bonne soirée, tous les deux. » Sourire rempli de sous-entendu de la réceptionniste, que tu lui rends en te forçant un peu. C'est ça. Qu'elle se moque.

Bon, et bien, vous voilà à votre étage, il est maintenant l'heure de vous dire au revoir. Peu de chance que tu la retrouves demain matin au petit-déjeuner, alors c'est ce soir que votre petite escapade prend fin. Et honnêtement, c'est moins facile que tu l'aurais voulu. Parce que t'aimerais que ça continue encore un peu, tout en sachant que ce ne serait pas du tout raisonnable. Pour un millier de raisons. « Dès que tu rentres dans la chambre, ouvre tes rideaux. » Parce que derrière les larges baies vitrées, s'étendra sous ses yeux une vue imprenable sur Metropolis. La plus belle. Avec son lit juste à côté pour ne rien manquer du spectacle une fois couchée. C'est pour ça que tu choisis toujours celle-ci, pour avoir l'impression d'être un peu comme Superman quand il survole sa ville. Un ciel étoilé, des milliers de buildings, des lumières qui éclairent la nuit, ça, dans son pick-up, t'es certain qu'elle ne l'a pas. Au-delà de tout le luxe, c'est le spectacle offert qui te tient le plus à cœur, et ce pourquoi t'as eu envie de l'emmener ici. « Bouge-pas ! » Rapidement, tu rentres ta carte pour ouvrir la porte de la chambre juste en face, puis tu te presses vers le coin bureau, où tu écris ton numéro de téléphone sur un bout de papier. Papier que tu glisses dans une bande de son chapeau, une fois revenu près d'elle. « Si jamais ça te dit toujours, la Nouvelle-Orléans. » Et tu l'espères. Ce soir plus pour votre promesse que pour la mission qui t'a été confiée. Quelle foutu bordel. Eeeet, comment tu dis bonne nuit ? En lui serrant la main ? En lui faisant la bise ? Ou rien ? T'as aucune idée de ce que t'es censé faire, n'ayant jamais été confronté à une situation où la fille en question ne rentre pas dans ta chambre à toi. Ils font comment les autres, pourquoi ce qui est aussi facile pour eux est aussi compliqué pour toi. Tant pis, tu te lances, et tu fais le choix un peu bizarre de déposer un baiser timide sur sa joue. Comme un gosse. Ou comme un abruti. Comme elle préfère. « Merci pour ton aide et ta gentillesse. » Allez, tu t'es assez ridiculisé pour ce soir. « Bonne nuit, Jinny. » Dernier sourire. Dernier regard. Puis la porte se referme sur votre rencontre. La suite, tu le regrettes, sera sans doute moins réjouissante.
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MessageSujet: Re: like moths to flames (jinny)   like moths to flames (jinny) EmptyDim 22 Mar - 15:10


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Une chambre ? L’expression de Jinny trahit au moins autant d’étonnement que celle de Cain trahissait une panique soudaine – et la surprise se transforma en franche hilarité sitôt qu’il essaya de rattraper les meubles avec toute l’adresse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Y aurait-il mis moins de précipitation, qu’elle aurait pu lui laisser le bénéfice du doute. Après tout, il venait souvent dans cet hôtel, il venait probablement pour ses affaires, qu’il ait l’habitude de ne demander qu’une chambre avait du sens ; mais la hâte avec laquelle il s’était corrigé, couplé au regard que lui lança la réceptionniste, étaient tous les indices dont elle avait besoin pour comprendre la réelle origine de l’embarras. Ainsi, Cain était ce genre de garçon. Ni surprise, ni pas surprise, elle se contenta de noter ce constat dans un coin de son esprit – loin d’elle l’idée de juger les choix des uns et des autres, maiiiiis prudence était mère de sûreté, comme on dit. Il n’avait pas besoin de savoir à quel point elle avait échaudée par des choix similaires, et de toute façon, ça ne la concernait pas. Qu’il mène sa vie comme il l’entendait, après tout, tant qu’il en assumait les conséquences. Adressant un sourire amusé à la réceptionniste qu’elle salua d’un signe du chapeau, elle suivit Cain en direction de l’ascenseur, son sac pour la nuit nonchalamment accroché à son épaule. « Ne lui en veux pas, fait bien s’amuser un peu, dans ce métier. » commenta-t-elle alors qu’ils montaient vers leur étage. Mais son sourire à elle, lui, était au moins aussi moqueur que celui de la jeune femme à l’accueil. Parce que la situation la faiait bien marrer, quand même. « Ca va être la première fois que tu te lèves à l’heure pour le petit déjeuner, du coup, ou bien… ? » Allons Jinny, stop, les moqueries, on a dit.

Le corridor de leur étage était aussi élégant que la réception, et Jinny avait tout à fait abandonné ses plaisanteries lorsqu’ils arrivèrent devant les portes de leurs chambres respectives. C’était donc là que leurs chemins se séparaient. Jinny contempla la porte, puis reporta le regard sur Cain. « Les rideaux, très bien, je note. » Qu’est-ce qui l’attendait derrière ? Décidément plein de surprises, Cain disparut dans sa chambre à lui, et en ressortit avant qu’elle n’ait le temps de dire ouf, un papier à la main qu’il se hâta de glisser dans la bande de son chapeau – oh. La promesse de la Nouvelle-Orléans n’avait donc rien de paroles en l’air ? Un nouveau sourire, qui n’avait rien de moqueur cette fois, vint ourler le coin de ses lèvres. « T’auras de mes nouvelles. » promit-elle à son tour, tacitement. Quel dommage que cette soirée touche à sa fin. Mais la perspective de retrouvailles, et de plus de temps pour découvrir et nourrir cette nouvelle amitié, rendait la séparation un peu plus supportable. Et toutes les punchlines qu’elle aurait pu dégainer pour alléger un peu le regret des adieux se trouva court-circuité par Cain et sa drôle d’initiative – Jinny manquant presque de marquer un mouvement de recul sous la surprise de ce baiser d’au-revoir inattendu. Presque. « … de rien ? » répondit-elle, sans savoir plus que lui comment réagir. Oh, arrête de trop réfléchir, Jinny. Et face à l’embarras presque palpable de Cain, elle prit le parti d’en rire – parce que c’était un peu drôle, un peu attendrissant, et parce que, quelque part, sans qu’elle ne cherche trop à s’expliquer pourquoi, tout ça réussissait encore à lui paraître naturel. « T’es vraiment un garçon étrange, Cain. » se contenta-t-elle de commenter en déverrouillant sa porte à son tour. Dernier sourire. Dernier regard. « Bonne nuit à toi aussi. Et merci pour ce soir. » Et, juste avant de refermer la porte derrière elle, elle secoua encore la tête avec un rire silencieux. « Vraiment un garçon étrange. » répéta-t-elle, plus pour elle-même que pour lui ; puis elle ferma la porte sur cette rencontre impromptue, et pourtant prometteuse.

La chambre était vaste – gigantesque, même, avec son lit king size qui trônait sur une sorte d’estrade surélevée, et Jinny abandonna son sac dessus avant de s’étirer et d’aller, comme il le lui avait demandé, tirer les rideaux. « Wow. » souffla-t-elle. Emerveillée devant le spectacle qui s’offrait à elle en contrebas. Sous ses yeux, Metropolis nocturne s’étendait jusqu’à l’horizon comme un océan de lumières, de toutes les couleurs, mouvantes et vacillantes, ses immeubles et gratte-ciels comme autant de geysers qui en jaillissaient joyeusement. D’accord. Cette vue-là, effectivement, on ne l’avait pas dans un motel. Un sourire ravi et émerveillé collé sur le visage, elle ouvrit en grand tous les rideaux, et reprit son exploration, découvrant mini-bar et jacuzzi et écran plat devant un grand canapé bien plus confortable que le Colonel. Le grand luxe. Et puisqu’elle était là, autant en profiter. Et, après une longue trempette dans le jacuzzi, accompagnée d’une bière et de la radio high-tech, Jinny retourna devant son immense baie vitrée, assise sur l’épais tapis dans son peignoir particulièrement confortable, à profiter de la vue imprenable qui était, sans doute, le meilleur que cette chambre ait à lui offrir ; et le meilleur de cette rencontre, à l’exception du plus-tout-à-fait-étranger qui dormait dans la chambre d’en face. A profiter d’une paix qu’elle ne soupçonnait pas si fragile, ni sur le point de voler en éclats dans un grand bang.

FIN.

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