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 lost on you (jinny)

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MessageSujet: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyJeu 11 Juin - 23:29


lost on you


Dans la chambre d'hôpital sommaire du Gotham Hospital, tu sens leur regard posé sur toi, alors que tu tentes du mieux que tu peux, malgré la tête confuse sous l'effet des antiobiotiques, de t'en tenir à ta propre version de l'histoire. « J'ai déjà dit tout ce que je savais à la police. C'est un mec qui m'est tombé dessus quand je rentrais par les docks, il a voulu voler mon téléphone, j'ai lutté, et il a tiré. » Un bon gros tissu de mensonges qui n'a nul autre but que de protéger la véritable responsable de ta blessure. Voilà maintenant deux jours que tu restes allongé dans ce lit aussi froid que ceux qui t'entourent, un bandage autour de la taille, la solitude pour seule paradoxale compagnie. Mais comment pourrais-tu t'en plaindre alors que c'est la mort que tu as frôlé de peu. Les médecins t'ont dit que t'avais eu de la chance, et qu'à un seul centimètre près, t'aurais pu mourir sur le coup. Est-ce qu'elle le savait, Jinny, quand elle a tiré ? Est-ce qu'elle a toujours cherché à t'épargner ? Toi en tout cas, tu te refuses de la condamner, erreur que tu ne commettras pas deux fois, qu'importe si tu dois désormais affronter tes parents, un assis de chaque côté, comme deux rapaces aux aguets, pour renforcer leur sournoise influence. Ils savent que tu mens, ils savent qu'il s'agissait de la dernière des Hex, et ça les rend fou de ne pas avoir assez de preuves pour l'incriminer. En tant que seul témoin de l'attaque, la police n'a pas creusé plus loin, et c'est désormais un homme de la quarantaine avec un tatouage sur le poignet qu'ils recherchent activement. Jinny, elle, va pouvoir dormir tranquille sur ses deux oreilles pendant encore un bon moment, tu ne seras pas celui qui la fera tomber. Plus jamais. « Cain, pourquoi tu mens ? Pourquoi tu la protèges ? » C'est la deuxième fois que ta mère te pose ces questions, et à nouveau, tu persistes et signes ta version des faits. « Ce n'était pas Jinny Hex, maman. C'était un simple malfrat. » T'entends ton père pester dans son coin, tandis que le regard d'incompréhension de ta mère se transforme en mépris. Ils ne sont pas venus te voir tout de suite, ils ne sont arrivés qu'il y a une heure, et avant même de te demander comment tu allais, ils ont voulu savoir si c'était elle la responsable. Une obsession palpable et dangereuse, qui t'a poussé à leur mentir sans hésiter une seule seconde. Pour la protéger, évidemment, mais aussi par rancoeur. T'aurais aimé te sentir réconforté et soutenu, comme dans n'importe quelle famille, mais au lieu de ça, tu t'es réveillé dans cette chambre lugubre sans personne à qui parler, sans personne pour s'inquiéter. « Pourquoi tu fais ça ? Est-ce que tu... ? » Elle sanglote maintenant, dernière carte à jouer pour essayer de te faire plier, cherchant à obtenir une réponse qu'elle pense deviner mais dont elle est très loin de saisir la complexité. Et il y a encore quelques mois, t'es persuadé que ça aurait pu marcher, enfant désireux de rendre ses parents fiers et heureux qu'importe le prix à payer. Aujourd'hui, en revanche, plus rien de tout ça n'a d'importance. Allongé sur le bitume mouillé, à lutter pour ta propre vie, ce n'est pas à eux que tu pensais. Bien au contraire, tu t'es rendu compte combien tout ceci était insensé, délire paranoïaque d'une famille que tu ne reconnais pas et à laquelle t'as l'impression de ne même plus appartenir. Quand ton père se lève, elle en fait tout autant. Tu sais qu'ils sont déçus, tu sais qu'ils attendaient beaucoup plus du fils prodige. Tant pis. Et te revoilà tout seul. Seul avec tes regrets et la douleur d'avoir fait le mauvais choix, mais avec au moins la satisfaction d'une déception qui va dans les deux sens.

Après deux semaines d'hospitalisation dans une ville que tu portes désormais d'autant plus en horreur, à jamais marquée de ta confrontation sanglante avec Jinny, te voilà de retour chez toi, à la Nouvelle-Orléans, ton petit cocon qui pour la première fois, te paraît bien sombre et terne. Ça fait trois jours tu alternes entre ta chambre et ton canapé, pas cadavre mais pantin désarticulé, à te gaver de médicaments aux noms imprononçables pour tenter d'enrayer une possible infection. Et à espérer qu'ils t’anesthésieront aussi le cœur. Trois jours, où sans surprise, personne n'est venu. Ils habitent à seulement quelques mètres, sur le même terrain, mais personne n'est venu. Et bon sang, ce que t'aimerais pouvoir t'en débarrasser de cette souffrance insupportable qui te tenaille les tripes bien plus ardemment que la blessure à ton abdomen. Qu'est-ce que t'es censé faire ? Qu'est-ce que t'es censé faire pour avoir un minium leur attention et leur compassion ? Sur ton canapé, simplement vêtu d'un bas de jogging, pansement fraichement changé, tu tentes de te concentrer sur le film qui passe à la télé. Dehors il fait nuit noire, et jamais le calme et la solitude ne t'auront autant dérangés. Difficile d'aller de l'avant, d'oublier, quand le lien qui existe entre elle et toi perdure encore, tout aussi intensément qu'à ses débuts. Elle, Jinny. Tu la sens, sa tristesse, qui fait écho à la tienne. Tu sens toutes les émotions vives qui la traversent, et t'empêchent par conséquent de passer définitivement à autre chose. Elle veut plus te voir, la texane, et même si tu ne lui as rien promis, tu refuses de lui imposer une présence dont elle ne voudrait probablement pas. T'as essayé de la tuer, et toutes tes chances de construire une amitié sincère et stable avec elle se sont envolées quand t'as appuyé la première fois sur la gâchette. Bang ta chair. Bang tout ce que vous aviez. Et le plus douloureux n'est pas la balle réelle. Si bien que c'est sûrement irraisonnable, même injuste et égoïste, mais tu donnerais tout pour pouvoir t'expliquer, pour avoir une chance de te racheter et de tout recommencer à zéro. Les yeux rivés sur l'écran où les images défilent, tu ne parviens pas à t'intéresser à ce qui s'y joue, tête, cœur et esprit entièrement tournés vers celle qu'on a voulu te faire haïr. Et pour qui, t'en es certain, tu ressens tout l'inverse, seule évidence sur le tableau de votre relation atypique où fils se croisent et se recroisent pour essayer de trouver un sens là où il n'y en a peut-être aucun. Tu devrais lui...

 … quoi ? Assis et dos contre le mur d'une pièce que tu ne connais pas, t'as à peine le temps de te redresser sur tes deux jambes que tu vois un chien de taille moyenne se ruer vers toi, crocs dehors, prêt à te renvoyer directement là d'où tu viens pourtant tout juste de sortir. Bordel de merde. C'est quoi ce délire. Malgré l'étourdissement très bref de cette téléportation imprévue et totalement incompréhensible, tu parviens à sauter, par pur instinct de survie, sur le lit de ce qui ressemble à une chambre de motel, là où se trouve... Jinny. What the fuck. « JE SUIS PAS VENU TE TUER ! » Tu hurles en guise de premier réflexe, les mains en avant, totalement confus, pour tenter bêtement de parer une balle que tu ne pourrais de toute façon pas éviter. T'as aucune idée de ce que tu fais ici, encore à te morfondre sur ton canapé il y a quelques secondes, mais la meilleure et seule solution qui se présente à toi c'est d'y retourner illico presto. Ouais, t'avais très envie de la voir, mais en fait non. Pas comme ça en mode improviste sans avoir préparé pendant deux mois le terrain. Alors tu fermes les yeux, tu te concentres, et... rien ne se produit. Deuxième tentative. Même échec. « Oh putain, ça marche pas ! » Elle l'entend la panique dans ta voix ? Parce que toujours perché sur le lit, entre deux menaces très élevées, t'as absolument aucune excuse, et aucune explication sur le pourquoi du comment tu t'es retrouvé là. Qu'elle ne s'y méprenne surtout pas, ceci n'est pas une seconde tentative – ou plus communément appelée revanche – les duels de pistolets, t'arrêtes, c'est pas fait pour toi. « Jinny, je sais pas ce qui se passe, mais par pitié, laisse-moi essayer de m'expliquer ! » Expliquer ce que tu ne comprends pas ? Bien sûr. Faut bien que tu gagnes un peu de temps, ce truc qui te sert de don va bien finir par reprendre du service, hein ? T'es quand même pas coincé ici toute la nuit, pas vrai ?

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyLun 15 Juin - 22:03


lost on you


« Woof. » « Je te le fais pas dire. » « Bwoorrf. » « Non, c’est qu’un film je t’ai dit, n’essaye pas de sauter sur Pierce Brosnan. Même s’il est chiant. » Visiblement contrarié de n’avoir rien ni personne à mâchouiller agressivement, Sawyer – car c’était là le nom que Jinny avait décidé de donner à la boule de poils qu’elle avait recueillie quelques jours plus tôt – fit demi-tour et vint sagement s’allonger à côté du lit sur la moquette de la chambre de leur motel, pendant que Pierce Brosnan et ses collègues volcanologues se penchaient sur un robot scientifique un peu récalcitrant. Netflix, une chambre de motel qui ne cassait pas trois pattes à un canard, et une pizza à peine entamée ouverte sur le lit : voilà à quoi se résumait, depuis quelques jours, le quotidien palpitant de la dernière des Hex en proie au bourdon le plus complet. Personne pour constater le désastre, ni pour lui reprocher de se laisser aller à un blues pourtant justifié, et surtout, personne pour essayer de l’en sortir. A part évidemment son nouveau compagnon à quatre pattes, qui était bien le seul à en avoir le droit. Parce qu’entre paumés de la vie, il fallait bien se serrer les coudes, et que tous les deux, ils s’étaient trouvés au bon moment. Après son duel fatidique avec Cain, Jinny était allée trouver refuge chez Jason, puis, une fois plus ou moins retapée, elle avait mis le cap sur le Mont Justice, soucieuse de mettre le plus de distance possible entre elle et Gotham. Mais une fois sur place, entourée de ses camarades à qui elle avait pourtant promis de devenir un peu plus sédentaire, elle n’avait pas réussi à tenir parole. Elle n’avait pas envie qu’ils voient ça. La cowgirl abattue, la rescapée au fond du gouffre pas fichue de se relever d’une confrontation dont elle était pourtant sortie victorieuse. A chaque fois qu’elle fermait les yeux, le visage de Cain au moment où elle l’abandonnait à son sort lui revenait en mémoire – ça, ou son visage au moment où il lui avait braqué son arme dessus. Et très vite, elle avait étouffé, au Mont Justice, incapable d’aller de l’avant, incapable, aussi, de se faire comprendre, alors elle avait repris le volant du Colonel et était repartie sur les routes. Et un soir de pluie comme celui-ci, elle était tombée sur son nouveau compagnon, tout seul au bord de la route, et elle n’avait pas eu le cœur de le laisser là tout seul, et elle s’était dit qu’un chien, au moins, ça ne se révélerait pas être un Turnbull caché, et elle l’avait fait monter dans l’habitacle en songeant l’aider à retrouver ses propriétaires. Sauf que le vétérinaire lui avait dit qu’il n’avait pas de puce, et personne, sur les réseaux sociaux, ne cherchait un Australian Cattle Dog à l’œil vif et aux aguets autour de Metropolis, alors elle l’avait gardé. Et en toute honnêteté, c’était sans doute la meilleure décision qu’elle ait prise depuis cette sombre nuit à Gotham.

Et elle et Sawyer avaient échoué là, dans ce motel, et ça faisait trois jours qu’ils n’en bougeaient pas, à ruminer leurs peines et leurs mésaventures. La plaie à son flanc, savamment suturée par Red Hood, avait cessé de lui faire mal, sauf que maintenant, il restait tout le reste. La trahison. Le poids dans sa poitrine à chaque fois qu’elle pensait à Cain, et c’était un peu compliqué à gérer parce qu’elle pensait souvent à Cain ces temps-ci, et pour cause. Il avait beau être elle ne savait où, c’était comme s’il était toujours là, avec elle. Ce foutu lien qu’elle pouvait effleurer rien qu’en tendant la main. Bloqués l’un avec l’autre alors qu’un cassage clair et net aurait été tellement plus simple à gérer. Au lieu de ça, la plaie restait ouverte, et des impressions, des pensées étrangères saignaient dans les siennes, et parfois, elle avait le sentiment d’apercevoir dans le miroir son reflet à lui, rien qu’une seconde. Comment est-ce qu’elle était censée passer à autre chose, quand le fantôme de son bourreau la hantait sans relâche ? Ses remords, ses regrets imposés à elle, sa victime, et la réciproque était vraie aussi. Deux échos qui se répondaient l’une à l’autre, mais n’avaient rien à se dire, rien à se renvoyer d’autre qu’une infinie tristesse et une résignation bête à pleurer. Si seulement il existait une machine à remonter le temps. Peut-être que si elle avait agi différemment, peut-être que si elle n’avait pas tiré du tout, peut-être que… peut-être qu’elle ne serait pas là, une nouvelle nuit de pluie battante, dans une chambre de motel, en pyjama, à sentir son cœur marquer un arrêt brutal dans sa poitrine alors que son imagination lui jouait des tours. Parce que Cain qui se matérialisait devant elle sans prévenir, torse nu et lui aussi en pyjama, c’était forcément une hallucination, pas vrai ? « WHAT THE FUCK. » hurla-t-elle exactement en même temps que lui bondissait de panique sur son lit pour échapper à Sawyer qui, loin d’halluciner, aboyait furieusement sur l’intrus et était prêt à lui arracher un bout de mollet ou deux, et Jinny avait bondit aussi en hurlant, et s’était précipitamment saisie du pistolet sur sa table de chevet pour le pointer droit sur son assaillant, qui n’avait pas tout à fait la dégaine ni l’attitude d’un assaillant, là tout de suite. Mais elle s’était déjà fait avoir une fois. Pas deux. « Dégage de ma chambre, tout de suite ! » Et plus tard, elle songerait qu’ils avaient dû avoir l’air sacrément comiques, tous les trois, à hurler et aboyer et bondir dans tous les sens en même temps, mais sur le moment ? Le cœur tambourinant dans sa poitrine, les mains moites et la gorge soudain nouée, elle n’avait absolument aucune envie de rire. Elle ne se demanda même pas ce qui pouvait bien ne pas marcher, passé le premier instant de stupeur, elle réaffirma sa prise sur son arme et déglutit, ses yeux lançant des éclairs alors qu’elle ne savait plus entre quelles émotions osciller. Le soulagement de le voir vivant. La colère qui, malgré tout, trouvait toujours un moyen de revenir. Et la terreur, à l’idée de devoir subir un deuxième épisode de leur confrontation.

Précipitamment, elle se leva du lit, sans cesser une seule seconde de braquer le canon de son arme sur lui – virée de sa propre couche par son presque assassin, non mais on croyait rêver, dites – et, elle ne savait pas pourquoi, mais ça l’énervait, ses tentatives de justifications, alors elle fit sauter la sécurité de son arme, clic. « Tu fais un seul geste de travers, je tire. Compris ? » siffla-t-elle d’une voix menaçante. Enfin, d’une voix qu’elle aurait bien aimé menaçante, mais qui la fit grimacer tellement ce qui y transparaissait avait tout l’air d’une supplique. Même son bras n’était pas aussi droit qu’il aurait dû l’être. Merde, à la fin. Elle savait très bien pourquoi, en plus. Elle pouvait jouer les dures autant qu’elle voulait, émuler ces tireurs sans foi ni loi qui avaient tracé une route toute indiquée devant elle, une fois lui avait suffi. Si elle devait à nouveau appuyer sur la gâchette, à nouveau tirer sur Cain, cette fois, elle se savait incapable d’y arriver. Ebranlée, la volonté de survie des Hex. Cette fois, s’il était venu réclamer l’éternelle vengeance familiale, quel autre choix aurait-elle que d’elle-même lui offrir sa nuque à trancher ? Les cris de surprise et de panique s’étaient tus ; et seul le chien continuait de grogner férocement, les muscles tendus, prêt à bondir à la jugulaire de l’intrus au moindre signal de sa nouvelle maîtresse, qui, les yeux fixés sur Cain, parvint à assez se ressaisir pour siffler et lui intimer : « Couché, Sawyer. » Aussitôt, le brave animal cessa de grogner et s’assit, les oreilles dressées, l’œil attentif. Bon. Il y avait peut-être encore un peu de travail – mais là, tout de suite, elle avait un problème bien plus préoccupant. « Qu’est-ce que tu fiches encore là, toi ? » demanda-t-elle en puisant dans toutes ses ressources pour ne pas laisser sa voix se briser comme une vague sur un rocher. Elle n’y croyait pas. Il était là, devant elle. En un seul morceau, vivant. Il allait bien ? Evidemment, qu’il lui sautait aux yeux, ce bandage dont elle se savait responsable. Et une vague de culpabilité la submergea, aussitôt contrecarrée par la contre-attaque d’un sentiment de révolte – pourquoi est-ce qu’elle se sentait coupable, c’était sa tête à elle, qui était mise à prix, bon sang ! Et elle n’en pouvait plus, de cette lutte viscérale qui la laissait épuisée à chaque fois qu’elle pensait ne serait-ce qu’une demi-seconde à Cain. Malheureusement pour elle, ça faisait des semaines qu’elle ne pensait pratiquement qu’à lui. Elle était à bout. Elle n’avait plus de force. « Ok, si tu veux pas partir, t’as cinq secondes pour me dire pourquoi tu débarques comme ça dans ma chambre. Sinon, je t’en colle une de l’autre côté, pour la symétrie. » Mais même alors qu’elle parlait, elle s’en rendait bien compte, à quel point ses paroles sonnaient creuses. Elle n’arrivait plus à jouer la comédie. Même son bras avait déjà commencé à baisser, et tout ce que trahissait son visage, plutôt que de la colère ou de la rage, c’était l’expression blessée et perdue de celle qui ne comprenait toujours pas ce qui lui était tombé dessus. Bas les masques. Elle, elle rendait les armes. Prête à payer les conséquences de son imprudence, s’il s’agissait là d’un nouveau leurre.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyVen 19 Juin - 22:17


lost on you


Forte déferlante d'émotions contradictoires dans ton esprit pourtant encore un peu anesthésié par la dose de cachet ingurgité, à la fois paniqué de te retrouver dans la chambre de ta pire ennemie, mais aussi étrangement – ou pas – soulagé de la retrouver. Te voilà à nouveau redevenu entier, sans moitié d'âme arrachée, et sans cette horrible peur de ne jamais réussir à la récupérer. Tu sais que c'est complètement dingue d'avoir besoin d'une fille qui a presque failli te tuer, mais ce n'est pas une force sur laquelle tu peux exercer le moindre contrôle ou volonté. Que ce soit chez la voyante ou lors de votre confrontation sur les docks de Gotham, ce qui existe entre vous a pris ses droits sans que tu ne puisses le freiner ou le museler. Tu ne saurais même pas lui donner un nom, à cette force mystérieuse qui s'impose de plus en plus dans ta vie, et qui va même jusqu'à te téléporter jusqu'à elle sans que tu ne demandes quoi que ce soit, comme un automatisme, un besoin trop profondément ressenti qui a réclamé un apaisement immédiat. Une sensation de ne plus être maitre de ton propre corps qui te terrifie à juste titre. T'es là parce que tu pensais à elle, parce que t'as eu l'envie de la voir, de lui parler, de t'assurer qu'elle allait bien, et bim, la téléportation a fait le reste. Si elle pensait te rendre service, elle s'est plantée sur toute la la ligne. On ne peut pas débarquer à l'improviste dans la chambre des gens et espérer que les retrouvailles soient chaleureuses. Bien sûr que sa réaction est vive, à Jinny, la dernière fois t'as pointé une arme sur elle pour accomplir une vengeance qui n'était pas la tienne et qui aurait très bien pu lui coûter la vie. Et même en essayant de reprendre les rênes de cette chevauchée sauvage complètement incontrôlée, tu ne parviens pas à trouver les mots justes pour expliquer ta présence ici, trop perturbé, trop abasourdi. Mains en l'air face au canon du pistolet, tu n'esquisses aucun geste brusque, pris en grippe par une cowgirl qui a toutes les raisons du monde de vouloir finir le travail, et un chien de garde prêt à te bondir dessus au premier faux pas. T'en mènes pas large face à eux, et c'est sans broncher que tu exécutes ce qu'elle te demande. « Okay okay, compris. » T'as gagné un peu de temps, mais il ne sera pas suffisant pour que tu parviennes à justifier ce que tu fais debout sur son lit, alors qu'il y a encore quelques minutes tu te trouvais tranquillement sur ton canapé à ruminer tes malheurs. Une téléportation spontanée qui aurait très bien pu te valoir une nouvelle balle logée dans ta chair. Mais alors que tu croises son regard après réitération de la menace, et que tu t'y attardes plus longuement, tu comprends que jamais elle n'aura la force de tirer. Une certitude que tu ressens du plus profond de tes entrailles. Elle a perdu un morceau d'elle-même la première fois, et t'es bien placé pour savoir à quel point l'expérience est douloureuse. Plus que ta blessure à l'abdomen, c'est sa perte qui t'a fait le plus souffrir. Une souffrance réciproque.

Elle est pas crédible, Jinny, avec ses mises en garde, mais tu fais quand même semblant d'y croire. Il y a bien plus qu'une basique colère qui vibre en elle, alors que tu descends du lit après t'être assuré que le chien resterait sagement assis, mais tu ne pourrais mettre le doigt sur des émotions précises. De la confusion, c'est certain. Et aussi un peu de soulagement, peut-être ? Semblable au tien, alors que tu t'efforces de réprimander un sourire qui pourrait vite rejeter de l'huile sur le feu et être très mal interprété. Qu'elle te pardonne, mais c'est si difficile de la voir face à toi et de ne pas ressentir ce bonheur de la retrouver, enfin, après ces semaines de séparation nécessaires. Tu peux te débarrasser de la canne dont tu te servais pour continuer d'avancer, et qu'importe ce qu'il va advenir de la suite de cette entrevue, pendant un instant au moins, t'auras eu la certitude d'être exactement là où t'étais censé être, avec la seule personne au monde avec qui tu voulais l'être. Des états d'âme que tu ne lui confies pas, bien trop craintif de la voir s'en offusquer. Qui es-tu, après tout, pour oser déblatérer ton ressenti ambigu après avoir essayé de la tuer ? Peut-être qu'elle ne comprendrait pas, ou pire encore, qu'elle interpréterait mal, et puisque votre relation ne tient désormais plus qu'un un seul fil, tu refuses d'être celui qui le rompra pour de bon. Malgré tout ce que vous avez traversé et le mal que tu lui as fait, vous partagez quelque chose de précieux, et tu feras tout ton possible pour préserver un maximum le peu qu'il vous reste. « C'est cassé. Ça marche plus. » Et tu ne pourrais l'exprimer autrement, ce don qui ne fonctionne plus sans avoir possibilité de l'emmener au service après-vente. T'as beau essayer de te concentrer de toutes forces, t'arrives pas à quitter cette maudite chambre pour retrouver la quiétude de ton salon. Et c'est bien la première fois que ça se produit. Comme si ton don ne s'était pas assez soudainement développé depuis qu'elle est entrée dans ta vie. Les étourdissements sont presque devenus inexistants, ta distance de téléportation s'est considérablement élargie, et voilà maintenant qu'il te suffit de penser à elle pour débarquer aussi brusquement qu'une fenêtre de publicité quand l'on navigue sur le net. Non, vraiment, y a un sacré truc qui cloche, et malheureusement, tu doutes trouver la réponse au pourquoi du comment ce soir. Il va falloir que vous trouviez une solution, aucune chance que tu réussisses à repartir. Pas tout de suite, en tout cas. « Je sais pas ce qui s'est passé, j'étais tranquillement en train de regarder la télé sur mon canapé, et la seconde suivante j'étais ici, dans ta chambre. Je savais même pas où t'étais ! Je te jure que je suis aussi paumé que toi. Je comprends pas ce qui a pu se passer. » Tu plaides ta cause tout en essayant de l'apaiser, parfaitement conscient d'à quel point ta présence la perturbe. Même si tu sens bien qu'elle ne franchira pas la limite, t'as aucune envie qu'elle se sente mal à l'aise, ou pire, en danger. La dernière chose que tu souhaites c'est lui provoquer d'autres tourments.

Mais t'as pas envie de partir pour autant. Vraiment pas. Tu pourrais quitter la chambre et essayer de trouver des vêtements à emprunter à l'accueil, mais ce serait te priver de ce baume au cœur dont tu as rudement besoin après avoir affronté la déception dans le regard de tes parents. Non pas que tu devrais t'en soucier, surtout maintenant que tu l'as face à toi, celle que t'étais censé éliminer et que tu as finalement choisie au détriment de tout, mais quel enfant, à ta place, ne se sentirait pas terriblement abattu ? Même si votre famille est bancale, même si tu sais que tu n'obtiendras jamais d'eux ce que tu veux vraiment, t'arrives pas à l'accepter, et à décrocher définitivement le boulet à tes pieds. Et puis, il y a ce petit moment de flottement, entre elle et toi, où tu ne sais plus quoi lui dire pour justifier ce qui s'est passé. « T'as un chien maintenant ? » Est-ce que tu viens d'essayer d'engager la conversation avec celle qui a menacé de te plomber ? Oui, absolument. Toi aussi t'es perdu, toi aussi t'as aucune idée de comment réagir, ou de comment encaisser toutes ces sensations qui reviennent d'un seul coup, encore plus fortes que jamais, alors que t'as paradoxalement l'impression de la voir s'éloigner sans réussir à la retenir. Est-ce que tu dois t'excuser ? Est-ce que tu dois essayer d'expliquer tout ce qui t'est passé par la tête quand t'as cru mourir ? C'est grâce à elle si t'es encore en vie aujourd'hui, et ce serait la moindre des choses que de le faire, mais tu sens que c'est pas le bon moment. Tu la regardes avec attention, la rouquine, en gardant tes distances, et en cherchant les mots qui pourraient désamorcer cette petite bombe que tu viens de jeter en te téléportant dans son espace privé, et où tu n'aurais jamais dû avoir une place. Et puis, désoeuvré, d'un haussement d'épaules faussement désinvolte, tu rajoutes presque aussitôt : « Je pensais à toi. » Elle est là la vérité, et la raison pour laquelle vous vous êtes retrouvés alors que tout présageait le contraire. Tu pensais à elle, comme beaucoup dernièrement, à te demander ce que tu lui dirais si t'avais la chance de la revoir, et maintenant que ton vœu étrange a été exaucé, t'es même pas foutu de t'expliquer correctement. Ou de lui confier tout ce que t'as sur le cœur et qui te pèse lourdement depuis que tu t'es réveillé dans ta chambre d'hôpital, rescapé mais ayant quand même tellement perdu. « Je pensais à toi, et je crois que quelque chose a fait le reste. » Elle comprendra sûrement ce que tu veux dire par quelque chose. Le lien, ce qui existe entre vous, et qui vous a déjà prouvé mainte et mainte fois à quel point son influence est immense. En conclusion de ces retrouvailles inattendues et inespérées, t'es désolé de ne pas être désolé de revenir aussi brusquement dans sa vie.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyVen 26 Juin - 22:11


lost on you


Ca marche plus. Formidable. Parce qu’elle avait besoin de ça, évidemment – qu’il déboule dans sa chambre de motel sans prévenir, et sans être foutu de repartir. Et pendant un instant, elle sent la colère la prendre l’étouffer, persuadée qu’il se payait sa tête, qu’il ne s’agissait là que d’un nouveau leurre pour endormir sa méfiance, et elle le foudroya de plus belle du regard, effroyablement tentée de presser cette détente qu’elle se savait pourtant incapable de braquer sur lui – tout au mieux pourrait-elle tirer dans le mur pour se défouler, mais elle se retint, le doigt sur la gâchette, préférant lui servir sa version de son bluff à elle pour maintenir d’inutiles et vaines apparences. Mais il lui suffit de s’écouter, finalement, pour se rendre compte qu’il ne se payait sa tête, justement, que dans sa tête. L’éclat de sincérité dans sa voix ressortait comme un éclat de verre planté dans sa chair, douloureux, mais visible, évident. La poitrine de Jinny se soulevait et s’abaissait, rapidement, l’air dans ses poumons bloqués alors qu’elle se devinait confusément dans un état de panique et de stress avancé – pas qu’elle y connaisse grand-chose ne psychologie, mais avait-on vraiment besoin d’un diplôme universitaire pour savoir quand on avait soi-même été bouleversé, et qu’on n’avait jamais digéré l’événement ? Et puis, ça n’aidait pas non plus, ce maudit écho qui prenait toute la place – garde ça pour toi, avait-elle envie de lui aboyer à la figure, alors que l’incompréhension de Cain, son anxiété, son fichu soulagement se réverbéraient en elle comme dans une chambre à écho. Il n’avait vraiment pas su où elle était. Il n’avait vraiment pas fait exprès de se téléporter là, et il n’avait vraiment aucune idée de comment repartir ni pourquoi il ne le pouvait pas. Son fantôme accidentel qui la hantait sans le faire exprès, sa presque-victime revenue la tourmenter sans en avoir l’intention. Si au moins il avait eu l’intention de finir le boulot, tout aurait été plus simple. Si elle pouvait sentir une quelconque rancœur à son encontre, tout aurait été tellement plus simple. Mais tout ce qu’elle percevait, émanant de lui comme un parfum entêtant, c’était sa confusion, et sa fatigue. Et ça rendait la chose tellement plus compliquée à gérer, parce qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle devait dire, ou faire, ou ressentir, et en l’espace de dix secondes à peine elle se sentit embarquée dans un rollercoaster complètement déraillé qui fonçait se crasher droit dans un mur. Mais au moins, ils étaient deux dans cette situation, non ? Deux paumés, prêts à se sauter à la gorge, alors qu’ils ne le voulaient ni l’un ni l’autre, eux héritiers d’un passé trop lourd qui leur avait roulé dessus comme un bulldozer. Tout ce qu’il restait d’eux, c’était deux pantins fracassés. Deux marionnettes désarticulées dont on avait coupé les ficelles parce qu’elles ne servaient plus correctement ceux qui autrefois manipulaient leurs fils. Comment est-ce qu’ils étaient censés avancer, l’un ou l’autre, à partir de là ?

Qu’il est long, cet instant de flottement. Les cris s’étaient calmés, remplacés par un silence uniquement perturbé par Netflix et la respiration pantelante d’un chien dont le regard allait de l’un à l’autre humain, qui se regardaient eux-mêmes en chiens de faïence sans savoir comment se comporter. Le silence reprenait ses droits, et leur confisquait ce droit de se distraire de ce tumulte intérieur en se criant dessus. Maintenant, ils n’avaient pas d’autre choix que de lui faire face, et de se faire face l’un à l’autre. De faire face à des espoirs déçus, à une amitié piétinée, à une trahison trop vive encore, qui aurait été tellement plus facile à vivre s’ils avaient réussi à couper entièrement les ponts. Mais elle n’aurait pas cet élancement dans la poitrine, Jinny, si les choses avaient été aussi simples. Si elle avait réussi à se détacher de celui qui lui avait planté un couteau dans le dos, et dans lequel elle avait planté une balle. A quel point c’était pathétique, de ne pas réussir à fondamentalement détester celui qui avait voulu l’assassiner ? Ou au moins, ne pas réussir à étouffer, là dans sa poitrine, cet élancement lancinant qui cherchait à la pousser vers lui. Tiraillée dans deux directions opposées, écartelée entre raison et cette autre chose aberrante qui confinait à la démence. « Ouais. » parvint-elle à articuler, la voix étranglée, alors que son bras, pourtant exercé, se faisait de plus en plus lourd. « Je l’ai trouvé sur le bord de la route, lui aussi. Après… bref. Si un jour il me mord à la jugulaire dans mon sommeil, je saurai à quoi m’en tenir avec les auto-stoppeurs. » Oui, bon. Ce n’était probablement ni l’heure ni l’endroit pour l’humour noir, mais elle se défendait comme elle le pouvait. Que c’était frustrant, de le sentir aussi désemparé qu’elle. De savoir, intimement, qu’il n’avait pas plus de réponses qu’elle n’en avait. Que sa colère et sa rancune ne rencontreraient aucune satisfaction ce soir – alors quel autre choix avait-elle, que de les laisser lui filer entre les doigts ? C’était pratiquement, la colère et la rancœur, pour ne pas avoir à affronter le reste. Les regrets. La tristesse. Qui pesaient sur son bras, qui s’abaissait lentement, sans qu’elle ne puisse plus trouver la force de lutter nulle part. Et puis, la bombe qui acheva de faire voler ses défenses en éclats. Boom. Je pensais à toi. La lame qu’elle avait plantée dans le cœur se retourna une nouvelle fois, la forçant à baisser les yeux pour la première fois depuis qu’il avait apparu, à se mordre l’intérieur de la joue pour se retenir de lâcher quelque chose qu’elle regretterait. Je pensais à toi. Et quelque chose, effectivement, quelque chose avait décidé de forcer cette réunion qu’elle n’était même pas sûre de vouloir, tout en étant certaine de ne rien vouloir d’autre. Pourquoi c’était aussi compliqué, avec lui ? Son bras pendant à son côté, son doigt avait relâché la gâchette, et elle se laissa aller contre le mur, sa tête tapant contre la paroi alors qu’elle étouffait un soupir contrit. Elle savait très bien pourquoi. Justement parce que c’était lui. Parce que c’était lui, et que même deux tentatives de meurtre n’avaient pas réussi à casser ce cordon qui les reliait l’un à l’autre. Visiblement, dans le meilleur comme dans le pire.

Elle était là, la fin de la piste de course. Ils avaient eu beau partir dans deux directions opposées, leurs deux routes avaient fini par se rejoindre à la finish line, sans qu’ils ne puissent plus échapper l’un à l’autre. Le pistolet dans sa main n’était plus qu’un poids mort dont elle ne parvenait pas à se délester, dernière ancre dans ce radeau qui tanguait à lui en donner la nausée. Le chien ne quittait pas l’intrus des yeux. La tension dans la pièce était palpable, mais tellement insignifiante, comparée à la lassitude qui s’était immiscée jusque dans leurs os. Jinny releva les yeux vers lui, vers Cain, ou vers Turnbull, ou vers les deux, avisant son teint pâle et ses traits tirés. Il n’avait pas bonne mine, Cain. Pas qu’à cause de la balle qu’elle lui avait plantée dans le bide, évidemment. Elle n’arrivait plus à se mentir. Sa détresse, sa souffrance, c’était aussi les siennes. Ils partageaient tout. Et un pressentiment terrible lui disait qu’ils ne faisaient qu’effleurer la surface de ce que ça voulait vraiment dire. « Moi aussi je pensais à toi. » lâcha-t-elle dans un filet de voix, sans vraiment savoir pourquoi elle le lui avouait, ni si elle le devait. Tant pis. Elle n’avait plus la force de prendre les bonnes décisions. « C’est peut-être pour ça. » Un karma plus que bizarre qui les forçait à se retrouver même sans leur accord. Hilarant, hein ? Pour d’autres, peut-être. « Je pensais à toi comme je pense à toi depuis cette nuit sur les docks, parce que tu refuses obstinément de sortir de mon crâne. » Elle n’avait même plus la force de nier, alors tant pis, autant confronter la chose de plein fouet. C’était lui, qui avait le pouvoir de se téléporter, lui qui s’incrustait dans son intimité, alors tant pis, qu’il assume. Elle déglutit, sans chercher à fuir son regard aussi inquisiteur qu’ombrageux – le regard d’un type trop intelligent pour son bien, et perpétuellement au cœur de la tourmente, sauf qu’elle n’avait pas demandé à la partager, cette tourmente. « Je ne sais pas ce qu’on a pu déclencher chez la voyante, mais je crois qu’on a compris tous les deux que c’était pas prêt de s’arrêter, malgré tout ce qu’il s’est passé. » La résignation, la défaite, se faufilaient dans sa voix par toutes les pores. Un long soupir s’échappa de ses lèvres, et péniblement, elle se détacha de son mur, s’assurant de bien garder Cain et sa dégaine de pauvre type brutalement arraché à son canapé dans un coin de son champ de vision, pour avancer à pas lents vers la commode. Au passage, elle gratouilla la tête de son chien – seul réconfort dans cette situation plus que malaisante. « Sauf que j’ai pas demandé à ce que tu viennes, et je crois que t’as rien demandé non plus. C’est bien assez compliqué d’essayer de digérer ce qu’il s’est passé, alors je préfèrerais le faire toute seule, si tu permets. » Pour ce que ça lui avait apporté, de se morfondre dans son coin. Mais c’était mieux qu’avec le deuxième responsable de ses malheurs, non ? « Donc, plutôt qu’on se remette à se tirer dessus, je vais te trouver une chemise et t’appeler un Uber pour que t’ailles passer la nuit dans un autre hôtel, si tu veux bien. Et on pourra joyeusement recommencer à se morfondre chacun de notre côté, et essayer de passer à autre chose. Ca te va ? » Passer à autre chose. Ben voyons. Et tant pis si elle sonnait faux, tant pis s’ils étaient tous les deux conscients qu’ils n’y arriveraient pas. Ce soir, ça n’était pas le bon soir, un point c’est tout.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptySam 27 Juin - 23:24


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Il n'a jamais été aussi difficile de porter ton nom que face à Jinny. Tu sais que quand elle te regarde elle est incapable de te détacher des Turnbull. Et c'est mérité. Que lui as-tu prouvé depuis votre rencontre, si ce n'est d'être exactement comme vous avez été décrit par sa mère, couplé à une cruelle déception personnelle. T'as jamais été doué pour te faire des amis, rapidement lassé ou trop pudique pour tisser des liens profonds avec autrui – ce qui est paradoxal pour un séducteur. Tu trouves ça plus simple d'aller et venir, sans te soucier de tout ce qui englobe les relations sociales et qui t'a toujours effrayé, petit garçon qui ne marchait pas droit mais que personne n'a aidé à retrouver la ligne droite. Depuis, tu n'es plus capable de prendre les chemins qui ne sont pas tortueux, préférant t'écorcher les genoux en tombant que de courir sans embuche. Et sans vouloir mettre toutes tes imperfections sur le dos de tes parents, t'as quand même parfaitement conscience qu'ils sont responsables de ce handicape, qui, pour la première fois en trente ans, te fait horriblement souffrir au point d'avoir envie de hurler toute cette peine et cette colère accumulées. Il y a eu Tessa, mais Tessa a toujours su dans quoi elle s'engageait quand elle a préféré délaisser Isaiah pour tes bras incertains, Jinny, elle, tu l'as dupée. Tu lui as fait miroiter quelque chose de sincère, de réel, pour au final tout lui arracher de la plus infâme des façons, une arme en main, le cœur meurtri, incapable de faire marche arrière. Tu t'es enfoncé tellement loin dans tes mensonges et dans ton endoctrinement que t'as presque failli faire du mal à la seule personne qui est parvenue à te faire sentir vivant ces longues dernières années. Non, rectification, t'as pas failli, tu lui as réellement fait du mal. Une amertume que tu ressens dans ses remarques acerbes et justifiées, certain en plus de mériter bien plus qu'une rancoeur que tu estimes bien trop gentille pour un tel délit commis. Un hold-up des sentiments. Une dérouillée du palpitant. Un chien trouvé en bord de route, lui aussi, et dont elle s'attend à tout, comme privée de toute confiance envers les autres. Par ta faute. Par ta bêtise. Et le regret qui coule dans tes veines te ronge de l'intérieur, où chaque seconde qui passe devient plus douloureuse que la précédente. Quelle frustration que d'être limité par l'espace dans tes téléportations, sinon il y a déjà longtemps que tu serais revenu en arrière pour essayer de réparer ton erreur. Le vagabond adepte des rencontres éphémères se sent soudainement sédentaire. Que ce soit dans un restaurant, à la Nouvelle-Orléans ou dans la chambre d'un motel, avec elle, t'as l'impression d'être là où t'as toujours voulu être. Auprès de quelqu'un qui aurait pu t'apprendre à vivre correctement, bien trop enfoui dans tes sales habitudes pour t'en sortir tout seul. L'alcool, la drogue, les filles, un jour tu finiras par appeler à l'aide, et si Jinny ne répond pas, alors qui le fera ? Qui d'autre tu autoriserais à faire quelques pas dans le foutoir de ton existence ?

Et puis, sans que tu ne t'y attendes, ni même sans oser l'espérer, elle te retourne la confession. Elle pensait à toi. Il y a du reproche dans cette façon qu'elle a de te l'avouer, du désespoir aussi, mais surtout, une forme d'acception. Et à nouveau, tu dois faire un effort surhumain pour réprimer un sourire qui menaçait de compromettre votre échange. Il y a de l'espoir pour vous, pas vrai ? Il y en a forcément. Qu'importe si elle pensait à toi en des termes peu élogieux, le simple fait qu'elle le fasse, et qu'elle soit incapable de s'en empêcher, est bien la preuve qu'elle n'arrive pas à passer à autre chose, elle non plus. Qu'elle n'arrive pas à tirer un trait définitif sur votre histoire bancale mais qui n'aura pas été dépourvue de vrai pour autant. Et c'est tout ce dont tu avais besoin pour avoir envie de te battre. Pour essayer de réparer les pots cassés, pour récupérer tout ce que t'as voulu sacrifier bêtement, pour que vous ayez encore une chance d'exister. Ensemble. Pas séparément à refaire votre vie chacun de votre côté. Tu refuses de n'être plus qu'un lointain souvenir. Et il est hors de question que tu baisses les bras. Cette fois, tu vas faire usage de ta détermination maladive à bon escient. Ce soir, t'as même pas envie de parler de la voyante ou de tout ce mystère qui vous entoure, car au-delà de l'évidence d'un lien particulier qui s'est créé, tu sais que ce qui existait entre vous existait bien avant votre séjour à la Nouvelle-Orléans. Avant la voyante, avant la danse sous la pluie, c'est au bord de cette route, quand vos regards se sont croisés pour la première, que t'as su qu'avec elle, tout serait différent. Et si t'as d'abord pensé que la différence se traduirait par une haine réciproque, il a suffit que vous échangiez quelques mots pour que tu comprennes à quel point tu faisais fausse route, et combien la jolie rousse à la dégaine de cowgirl prendrait de la place dans ta vie – que tu le veuilles ou non, d'ailleurs. Une évidence révélée dans toute sa bizarrerie et son immensité plus tard, mais qui a toujours été présente, sans que tu ne parviennes à l'expliquer. Alors t'es désolé, sincèrement désolé, mais tu ne renonceras à rien. Parce qu'on ne renonce pas à quelque chose d'aussi fort. « Tu l'as pas demandé, mais peut-être qu'au fond tu l'as voulu. » Qu'elle pardonne ton audace à la limite de l'arrogance, mais t'as pas complètement tort non plus. Si t'es ici, c'est parce que tu voulais être avec elle, et t'es prêt à parier que quelque part, derrière toutes ses couches de colère et de déception, c'était la même chose pour elle. Sinon tu ne te serais pas téléporté. Le lien, ou peu importe son nom, ne vous aurait pas réunis. Et tu ne serais pas coincé dans cette chambre, à tenter, maladroitement mais plein de bonne volonté, de réapprivoiser la texane blessée.

Si tu veux bien ? Si ça te va ? Tant de questions pour une réponse qu'elle peut pourtant deviner aisément en lisant quelques secondes en toi. Non, tu veux pas, et non, ça ne te va pas. T'as aucune envie de prendre un Uber et de passer la nuit dans un autre hôtel, tu préfères rester là, et essayer de t'expliquer. Vous avez besoin de parler, tous les deux, c'est pour cette raison que t'es ici, pour cette raison que vous avez eu cette chance inespérée que vous ne pensiez même pas pouvoir avoir un jour. Peut-être que c'est égoïste, et peut-être qu'elle va d'autant plus t'en vouloir d'adopter un tel comportement, mais tu peux pas partir. T'as pas passé des semaines et des semaines à penser à elle pour maintenant laisser filer la chance qui t'est donnée. T'as beaucoup à lui dire, à commencer par de sincères excuses, et il est absolument hors de question que tout s'arrête ce soir, sans que tu ne puisses aller jusqu'au bout de cette précieuse opportunité. « C'est exactement pour ça que j'ai refusé de te faire cette promesse. » Sur les docks, quand tu pensais être sur le point de mourir, mais que t'as pas voulu lui promettre de ne plus jamais refaire irruption dans sa vie. Dans l'espoir de t'en sortir, et dans le refus catégorique de faire une promesse que tu aurais été incapable de tenir. Parce que tu savais déjà qu'il te serait impossible de rester loin d'elle. Tu ne développes pas plus le fond de ta pensée, elle comprendra très bien ce que tu essayes de lui dire sans oser le faire vraiment. Tout est tellement délicat, sensible, incertain, et d'autant plus sous le regard méfiant de ce chien qui guette tes moindres faits et gestes, alors que tu te rapproches doucement de sa maitresse. Les mains devant toi, pour qu'ils puissent voir tous les deux que tu n'as aucune intention sournoise en préparation, tu rejoins Jinny prêt de la commode, où elle était sur le point de te donner un haut à enfiler pour te voir partir plus rapidement. « Et si j'ai pas envie ? » Qu'elle ne s'y méprenne pas, ce n'est pas de la provocation ou une volonté de mettre le xfeu au poudre, au contraires, c'est une vérité avouée dans la plus grande sincérité. Et si t'as l'air sûr de toi et courageux, accrochant son regard pour ne plus le lâcher, il n'en n'est rien, t'es terrorisé par le risque que tu viens de prendre, bien trop conscient qu'un seul faux pas pourrait définitivement condamner votre relation. Mais là tout de suite, le risque te parait plus acceptable que de simplement t'exécuter sans broncher. T'as le cœur qui bat la chamade, troublé par le moment en suspend duquel tout et son contraire pourrait découler, et un peu fiévreux, aussi, dans un état pas franchement optimal pour aborder de front une telle problématique. Qu'importe, pour l'heure, tu n'as qu'une seule priorité : elle, et ton envie de la garder auprès de toi un tout petit peu plus longtemps. « Si tu veux vraiment que je parte, si tu veux vraiment que je sorte de ta vie ce soir, tu n'as qu'à me le dire clairement. Regarde-moi, et dis-moi que tu ne veux plus jamais me revoir. » T'as pas le droit de faire ça. T'as pas le droit de jouer avec ce qui vous lie et ce que vous ressentez pour obtenir gain de cause. Mais t'as pas d'autres choix.  Elle ne pourra pas te mentir, Jinny, tu le sauras si c'est le cas. Et il est de toute façon grand temps de faire preuve de la sincérité la plus absolue. Avec beaucoup de précaution, te méfiant à la fois du chien et de la tireuse, tu fais glisser ta main sur la sienne, pour saisir l'arme qu'elle tient encore entre ses doigts, et ravivant ce qui était déjà terriblement fort lors de votre danse improvisée. Un contact toujours aussi déroutant et addictif. Il n'y aura pas de guerre ce soir. Elle n'en a pas besoin, tu ne lui feras aucun mal. Elle peut lâcher. Qu'elle lâche prise.  
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyMer 1 Juil - 23:20


lost on you


Elle était à deux doigts, à deux doigts de refermer cette commode et de le jeter dehors en le traitant de tous les noms. Peut-être qu’au fond, tu l’as voulu. Jinny releva le nez de ses affaires pour lui adresser un regard noir, plus perçant que n’importe quelle balle qu’elle aurait pu lui coller à côté de la première. Qu’est-ce qu’il cherchait, Cain ? A appuyer là où ça faisait mal ? A enfoncer le clou, à savourer un quelconque triomphe secondaire parce qu’il savait très bien quelles aiguilles s’enfonçaient dans son cœur à chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui, ou qu’elle entendait le son de sa voix ? Peut-être qu’au fond, tu l’as voulu. Est-ce qu’il s’entendait seulement parler, le meneur de vendetta à la manque ? « J’ai aussi très envie d’oublier tout ce qu’il s’est passé, c’est pas pour autant que tu vois dix bouteilles de whisky vides ou que je suis allée voir un télépathe pour lui demander un lavage de cerveau. » rétorqua-t-elle en maugréant, avant de se concentrer à nouveau sur sa recherche de chemise. C’était un truc de riche, ça ? Confondre ses désirs avec réalité, s’imaginer qu’il n’y avait qu’à prendre sans se soucier des conséquences ? Qu’importait le raisonnement de Cain, elle, elle n’était pas prête à se faire avoir une deuxième fois. Il avait été incapable de lui faire une promesse aussi simple, qu’il n’avait visiblement aucune intention de tenir, et elle serra les dents pour étouffer l’élancement tenace dans sa poitrine, et les multiples cris d’alarme dans sa tête. A quel point est-ce qu’ils étaient tordus, de s’accrocher ainsi l’un à l’autre, alors qu’ils avaient cherché à s’entretuer ? A quel point ils étaient abîmés, pour se tirer dessus, et quelques semaines plus tard, décider que ah, tiens, non, en fait ils se manquent l’un à l’autre ? C’était glauque, c’était malsain, c’était pas normal, et les qualificatifs défilaient dans son esprit et allumaient à chaque fois une nouvelle braise de culpabilité – non pas coupable de se montrer aussi dure, mais coupable de ne pas y croire elle-même. Le normal avait foutu le camp le jour où elle avait rencontré Cain Turnbull, et il avait décidé de ne jamais revenir le jour où ils s’étaient retrouvés à la Nouvelle-Orléans. Point de non-retour non-négociable. Fin de partie, et maintenant, il fallait qu’ils vivent avec ça sur la conscience. A peine Cain fit-il un pas dans sa direction qu’elle se raidit, la cowgirl, les doigts de la main agrippés à son pistolet qui restait pourtant à son flanc, et elle, elle était incapable de bouger, pétrifiée comme un animal pris au piège et prêt à détaler ou à mordre à la première opportunité. Et bam, la massue qui s’abat. Pas envie ? « C’est une blague ? » articula-t-elle, sa voix à peine audible. Saisie de panique, les nerfs à vif, très littéralement, Jinny, toujours pleine de ressources et d’un sens de l’improvisation à toute épreuve, était arrivée au bout de sa ligne de vie. A crever d’envie de l’accuser de tous les maux, surtout d’égoïsme et d’arrogance – tout en ressentant, au plus profond d’elle-même, la terreur qui l’animait, lui, alors qu’il jouait son va-tout pour un jeu auquel elle ne comprenait plus rien.

Elle n’avait pas, à tout hasard, promis de lui tirer dessus, s’il osait s’approcher d’un peu trop près ? Parce que là, pour être trop près, il était trop près – mais le bluff ne tenait plus, le pistolet restait inerte à son côté, et tout ce qu’elle pouvait faire, c’était le dévisager, lui aussi, un nœud cruel douloureux coincé dans la gorge et convaincue qu’elle devrait partir en courant, là, tout de suite, tout en étant parfaitement incapable de le faire. C’était horrible, cette dualité. Insoutenable, cette envie indéniable et irrépressible de ne pas le voir repartir, et cette angoisse oppressante qui la saisissait à la gorge à la seule idée qu’il reste, le maestro qui réussissait à flouter les frontières entre sincérité et manipulation. Parce qu’elle n’en doutait plus, de sa sincérité ; mais cette façon de faire, cette impression qu’il lui donnait de savoir exactement quels fils tirer pour lui arracher ce qu’elle refusait de lui accorder si facilement, ça lui donnait envie de hurler. Sa seule consolation, dans ce maelstrom, c’était de savoir que dans l’éventualité où il ne pourrait pas lire sa détresse dans ses yeux, au moins, il lui serait impossible de ne pas la ressentir. De ne pas la prendre de plein fouet, lui aussi, juste retour des choses, parce qu’ils partageaient tout, maintenant. Et puis, parce que Cain Turnbull était visiblement de ces types qui n’en avaient jamais assez, il franchit la dernière ligne ; sa main dans la sienne, sa paume qui glissait sur le dos de sa main pour l’encourager à lâcher ce pistolet qui n’était même pas une menace, mais qui symbolisait tout ce qui aurait dû les opposer, et les opposait encore. Et l’air se bloqua dans ses poumons, alors qu’elle se noyait, au sens propre plus qu’au figuré, dans ce contact qui faisait voler toutes ses barrières en mille éclats. Et si sa volonté fut assez forte pour lui éviter de pitoyablement s’écrouler, elle ne suffit pas à maintenir sa prise sur son arme. La gâchette fut relâchée, la crosse lui échappa, et le pistolet alla finir sa course sur la moquette alors que les mots de Cain, suspendus dans l’air, achevaient de lui asséner le dernière uppercut en pleine poitrine. Ce culot. Cette audace. Cette cruauté – parce que oui, c’était cruel, de lui demander ça, maintenant, alors qu’il ne l’avait pas écoutée quand elle l’avait dit la première fois. Alors qu’il tenait sa main dans la sienne, avec la douceur de ce contact comme seule ancre dans la tempête, alors que, pendant un instant, un bref instant, tout retrouvait exactement sa place, tout avait à nouveau un sens, et elle, et lui, ils étaient enfin en sécurité, là, dans ces deux mains qui avaient malgré tout réussi à se retrouver.

Elle avait envie de le gifler. Elle avait envie de lui lâcher Sawyer dessus. Elle avait envie de le mordre, et elle avait envie de le jeter par une fenêtre, elle avait envie de lui dire à quel point elle était soulagée de ne pas l’avoir tué, alors pour régler son dilemme, elle ne fit rien de tout ça, retirant vivement sa main de la sienne comme si elle s’était brûlée, sans réfléchir, la trahison (encore) gravée au fond des yeux ; et elle le repoussa, d’une poussée un peu brutale, pour rétablir entre eux cette distance douloureuse, mais visiblement nécessaire pour qu’elle garde la tête sur les épaules. Et aussi, un peu, parce que c’était tout le mal qu’elle se sentait capable de lui faire. « Espèce de salaud ! T’as pas le droit de me demander ça ! » aboya-t-elle, étranglée de fureur et d’indignation. Et face à qui que ce soit d’autre, il aurait pu s’avérer très dangereux, ce cocktail-là – sauf qu’elle avait laissé tomber son flingue, qu’elle était en pyjama, et qu’elle ne faisait aucun geste pour se saisir d’une autre arme ou lui casser la figure, donc concrètement, elle doutait avoir l’air plus menaçant qu’un chaton mécontent qui fait le gros dos. Et évidemment, ça la mettait encore plus en colère. Sympathique cercle vicieux. « Comment oses-tu ? Comment oses-tu me demander ça alors que tu as refusé de me le promettre la première fois, quand on pouvait encore au moins essayer de le décider ? Alors que tu sais très bien ce que je ressens ! Si tu veux faire semblant de jouer la carte de l’honnêteté, alors aie au moins la décence de la jouer jusqu’au bout ! » Sawyer avait recommencé à grogner, mais Jinny lui prêtait à peine attention, prise d’un vertige qui la força à s’appuyer d’une main contre le mur ; victime de son propre désarroi, de celui de Cain qui encaissait ses reproches, victime de la culpabilité insensée qu’elle ressentait à l’idée de le blesser et qui la révoltait parce qu’elle n’aurait pas dû avoir à se sentir coupable de remettre les pendules à l’heure. C’était pire qu’un cercle vicieux, c’était un cycle sans fin. Plus elle s’autorisait à lui en vouloir, plus elle souffrait, plus elle souffrait de n’avoir visiblement pas le droit de lui en vouloir, et rebelote – et l’escalade de la douleur était inévitable. Et profondément injuste. « C’est quoi ton petit jeu, Cain ? » demanda-t-elle, les traits déformés par la peine alors qu’elle s’avançait à son tour vers lui. Il avait tapé trop juste. En quelques mots, il lui avait fait trop mal. Alors qu’il assume avoir marché une mine, parce qu’elle, elle n’avait pas force de contenir la déflagration. « T’es parfaitement au courant de tout ce que je ressens. Comme moi j’ai tout ressenti, quand tu étais à l’hôpital, et bien après encore. On ne sait pas comment, on ne sait pas pourquoi, mais je sais qu’on en a conscience tous les deux. » Elle parlait, sans réfléchir, en martelant sa propre poitrine de son poing, puisqu’apparemment, c’était bien ce qu’ils avaient dans le cœur, le problème. « Tu savais que je te faisais confiance. Tu savais que j’avais aucune envie de te tuer. Et – bon sang, j’y crois pas – je savais que t’avais pas envie de tirer non plus, et pourtant, ça ne t’a pas empêché de le faire, si ? C’est quoi la différence, maintenant ? Comment je suis sensée savoir ce que t’as vraiment en tête, avec tes questions, tes suggestions, tes… » Ses yeux rivés dans les yeux, à la recherche d’une réponse qui lui échappait depuis des semaines, et qui, doucement, mais sûrement, la poussait dans des abimes d’amertume et d’incompréhension bien trop dangereuses pour elle. Alors qu’est-ce qu’elle était censée faire, elle, face au responsable de tout ça ? « Tu comprends mon problème ? Tu comprends pourquoi c’est peut-être pas une bonne idée, de céder à ce que je voudrais ? »

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyDim 5 Juil - 17:55


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L'arme tombe sur le sol, et ta main trouve son chemin jusqu'à la sienne. Naturellement. Vide qui a besoin d'être comblé. Absence qu'il faut panser. Tu sais que tu joues à un jeu dangereux, aussi bien pour elle que pour toi, mais quand t'es à ses côtés t'es tellement désemparé par la vague d'émotions qui te submerge que tu fais un peu n'importe quoi, peu habitué à écouter ton cœur, et perturbé quand tu sens qu'il ne te laisse aucun autre choix. Ce simple contact, aussi inespéré qu'attendu, est un pansement tellement plus efficace que tous les soins qui t'ont été prodigués pour te maintenir en vie. Y a qu'avec elle que t'as l'impression de l'être réellement, vivant. Même si t'as pas le droit. Même si ça fait de toi un sale connard égoïste. T'as passé des semaines à penser à Jinny, à te demander si tu la reverrais un jour, et si tu pourrais avoir une chance de rattraper tes erreurs. Seulement, maintenant que l'occasion se présente enfin, t'as conscience de faire les choses de travers. De t'y prendre de la pire façon possible. Un peu comme d'habitude, finalement, handicapé des sentiments qui préfère détruire les autres que d'apprendre à les aimer. Trop effrayé à l'idée de perdre ce qu'il n'a pourtant jamais possédé, et incertain quant à ses propres capacités à se faire apprécier d'autrui. T'as grandi avec des parents qui t'ont toujours demandé des faveurs en échange de leur amour bancal, alors maintenant que t'es face à cette fille avec qui tout est tellement compliqué, t'empruntes la mauvaise route parce que t'as jamais su quelle était la bonne. Sans réaliser que t'es en train de foncer dans un mur. Ni que t'es en train de la faire souffrir avec tes conneries égocentriques. T'as toujours été comme ça, à prendre sans demander, manipulant pour parvenir à tes fins, jusqu'à aller à faire du mal à ton entourage. Surtout à eux, d'ailleurs. Et bien évidemment qu'elle se braque, Jinny, ôtant vivement sa main avant de te repousser en arrière, t'obligeant à maintenir une distance dont tu ne voulais plus. Et il y a plein de choses que tu ne veux pas, mais que tu fais quand même, cerveau à l'envers, gestes qui vont à l'encontre de tes intentions premières, dont ton propre enfer en est pavé. Désarmé et confus après ce violent rejet néanmoins entièrement mérité, tu sens l'orage gronder et la foudre menacer de s'abattre sur toi. Ce serait hypocrite d'appeler ça de la maladresse, en vérité, il s'agit plutôt d'un profond désespoir, engendré par une incapacité réelle à différencier le bien du mal, et d'habitudes dont tu ne parviens pas à te débarrasser. Quelques gouttes de sueur perlent sur ton front, rapidement essuyées d'un revers de la main. Il fait chaud dans cette chambre. Tout est déboussolant dans cette chambre. Tu te sens peu à peu perdre pied, sans comprendre à quoi est-ce réellement dû.

Comment tu oses ? Tu oses parce que tu sais pas comment faire pour empêcher cette relation de te filer entre les doigts comme du sable contre ta volonté. T'es désolé de n'avoir aucune envie de partir, mais c'est la vérité vraie, que ce soit ce qu'elle ait envie d'entendre ou non. Et t'es désolé aussi que ce lien complexifie les choses au point de te laisser incapable de prendre la décision la plus raisonnable, en l'occurence celle de partir et de lui rendre sa tranquillité, mais tu peux pas, t'y arrives pas. Et elle aura beau t'insulter de tous les noms, tu ne pourras jamais complètement renoncer à ce que vous aviez, qu'elle l'accepte ou qu'elle le refuse ardemment. Ce qui vous lie ne cessera pas d'exister aussi facilement. Tu l'as blessée, Jinny, dans ta tentative infructueuse et désespérée de raccrocher les wagons à la locomotive qui s'échappe à toute vitesse. C'est pas que tu joues avec elle, c'est que tu fais usage de toutes les cartes que t'as en main, y compris celles que tu n'aurais jamais dû jouer, pour essayer de sauver ce qui peut encore l'être. Bien sûr que tu sais tout ce qu'elle ressent, et bien sûr que tu sais qu'elle n'a pas plus envie que toi de te voir partir, mais l'entendre le dire clairement t'aurais peut-être donné le courage nécessaire de claquer la porte. « Et qu'est-ce que moi je suis censé faire maintenant, hein ? Prendre la décision pour nous deux ? Tout en sachant qu'elle ne nous conviendra pas ? Qu'elle nous condamnera à quelque chose que l'on ne veut pas ? » Toi aussi tu hausses le ton, sous les aboiement de plus en plus agressif de son chien de garde qui aurait toutes les raisons du monde de te mordre le mollet. L'évidence est là, elle ne te fait absolument plus confiance, et cette triste conclusion elle ne tient que de toi et de ta succession d'erreurs dans ta façon de gérer cette guerre absurde. Il y a longtemps que t'aurais pu envoyer tes parents se faire voir et poursuivre ta vie comme toi tu l'entendais, mais non, il a fallu que tu t'obstines dans ta propre bêtise et que tu continues de chercher désespérément leur approbation. Et te voilà maintenant, face à cette fille, qui contre toute attente a pris une place prépondérante dans ta vie en peu de temps, et que tu vas devoir laisser en sortir si tu veux avoir une chance de la voir un jour se remettre de ton horrible trahison. C'est ça ta seule solution ? Partir pour lui prouver qu'elle compte vraiment pour toi ? Tout sacrifier, encore une fois, pour que le nœud se démêle enfin ? « Tout comme toi j'ai pas demandé à ce qu'on soit liés par ce... ce truc qu'on n'explique pas ! Mais c'est là, et ça disparaitra pas. Je suis navré que tu voies ça comme un jeu, mais c'est pas le cas. Je joue pas avec toi, Jinny, je veux juste... qu'on recommence. » Voilà, c'est dit. Et tant pis si les insultes redoublent d'intensité, tant pis si elle finit quand même par te gifler. T'es perdu au milieu de sa chambre, les mains tremblantes, essayant de toutes tes forces de ne pas la perdre.

Tu ne lui as donné aucune raison de te refaire confiance, mais pour l'instant, tout ce que tu as en ta possession ce sont des mots qui t'aideront à gagner du temps pour peut-être parvenir à lui prouver ensuite avec des gestes. Si seulement elle acceptait de te donner une seconde chance. Si seulement tout ne s'arrêtait pas ici. Elle sait ce qu'elle veut, mais elle refuse d'y céder par crainte que tout recommence. Une peur totalement justifiée que tu aimerais pouvoir calmer en la faisant lire dans tes pensées. Pourquoi vous pouvez pas le faire ça, hein ? Ça t'aiderait à lui faire comprendre que plus jamais tu ne lui feras de mal. Plus jamais tu ne chercheras à accomplir cette maudite vengeance. Toi aussi t'es blessé, par sa colère, par sa tristesse, et par cette avenir entre vous qui n'a rien de prometteur. « Je pars et ensuite quoi ? Je retourne souffrir sur mon canapé pendant que toi tu continues de regarder ton film pourri ? C'est quoi ton super plan pour gérer tout ce merdier, Jinny ? Espérer qu'un beau jour tout redevienne comme avant ? C'est trop tard. On est allés trop loin. » Toutes les vérités pas forcément bonnes à dire s'enchainent à vitesse grand v, ne contrôlant plus tes propres propos qui poursuivent leur course effrénée pour avoir le temps de tout lui avouer avant qu'elle ne finisse par réellement te foutre dehors. Encore une fois, ta façon de faire est loin d'être idéale, et t'as conscience d'appuyer encore un peu plus là où ça fait mal, mais t'as besoin d'aller jusqu'au bout de ce que tu ressens pour, si tu le dois vraiment, passer cette porte en ayant réellement essayé de tout faire pour la récupérer. Pour ne pas rajouter un regret à ta déjà très longue liste. « Si tu savais tout ce que j'ai sacrifié pour être le meilleur, pour être celui qui monterait le plus haut, celui qui deviendrait indispensable. J'ai foutu en l'air les fiançailles de mon propre frère pour l'éliminer de la course. J'ai couché avec sa copine qui était aussi mon amie, et je l'ai foutue en l'air elle aussi. Tout ça parce que j'étais obsédé par le sommet et la réussite. J'ai commencé tellement bas que pour moi il n'existait aucune autre option que celle de tout faire pour redorer le blason de ma famille. J'aurais été prêt à tout faire pour être le fils prodige. Absolument tout. » Jusqu'à ce que tu te retrouves face à elle. La dernière marche, l'ultime épreuve. Mais ce soir tu te fiches bien de t'être cassé la gueule juste avant d'y parvenir. Ce que tu lui racontes à Jinny, c'est ce que tu es, ce que tu as toujours été, mais pas forcément ce que tu es contraint de rester. Lui laisser le temps de tirer sans profiter de l'avantage de ta téléportation a été la preuve qu'il n'était pas trop tard pour faire mieux. Et que le combat contre tes démons n'est pas un combat perdu d'avance. « Mais je me suis trompé. Je me suis complètement fourvoyé. Et sans toi, peut-être que je ne l'aurais jamais réalisé. » Tu te sens vaciller, il est de plus en plus difficile de te maintenir sur tes jambes devenues cotonneuses, elles ne supportent ton poids qu'à moitié. Mais t'iras jusqu'au bout de ce que t'as besoin de lui dire. Qu'importe ce que cela va te coûter. « Je suis prêt à lâcher prise. Je suis prêt à te laisser tranquille si tu me le demandes, parce que cette fois, et pour une fois dans ma vie, j'ai besoin et envie de penser à quelqu'un d'autre que moi-même. Pardonne-moi pour cette promesse que je n'ai pas pu te faire quand tu me l'as demandé, mais si tu trouves la force de la réitérer ce soir, je m'y tiendrai. » Même si ça doit te briser le cœur. « En revanche, si tu n'y parviens pas, n'attends pas de moi que je parte d'ici. Ni maintenant. Ni jamais. » Et elle sait désormais à quoi s'en tenir. A elle de voir ce qu'elle est prête à faire pour sauver cette relation, ou au contraire, pour la condamner. T'as écouté ton cœur, et tout ce que t'espères, c'est qu'elle en fera tout autant, envers et contre tout ce qui l'incite à ne plus jamais te tendre la main. La réelle question étant : est-ce qu'elle est prête à vivre sans toi ?
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyJeu 9 Juil - 22:22


lost on you


Recommencer ? Jinny le regarda avec exactement la même tête ahurie d’incompréhension totale que s’il s’était soudainement mis à lui parler en mandarin. Recommencer ? Recommencer quoi ? Recommencer quelque chose, surtout un brouillon aussi raté que le leur, ça supposait de froisser la page, la jeter à la poubelle, la brûler, tout réduire en cendres et tout repousser sous le tapis pour redémarrer sur une page blanche en faisant comme si l’essai précédent n’avait jamais existé, ou ne comptait pas, non ? C’était ça, qu’il lui demandait ? De faire comme si tout ce qui s’était passé ne comptait pas ? Parce que l’autre alternative, c’était de recommencer en reconnaissant ce qui était allé de travers, et elle avait beau être aux premières loges, elle ne comprenait toujours pas comment tout avait pu dégénérer si vite et aussi fort – à part qu’elle s’était laissée berner par quelqu’un qui, dès le départ, lui avait voulu du mal. Et surtout, elle ne comprenait pas, sincèrement, elle ne comprenait pas, comment il arrivait encore à la blâmer, elle, alors que d’eux deux, c’était bien elle qui n’avait eu aucun choix, non ? Mais au lieu de répondre en lui aboyant dessus, Jinny resta là, le souffle coupé. Quelque chose avait sauté en Cain, une barrière, un barrage, elle n’en savait rien, et ce qu’elle se prenait dans la figure – pas seulement ses mots, mais tout ce qui irradiait de lui, en lui, sa colère, sa tristesse, son impuissance face à une situation qui le dépassait complètement. Elle avait peut-être tout du chat féral qui faisait le gros dos, là tout de suite, mais lui ? Elle voyait à peine la différence entre lui et Sawyer qui montrait les crocs. Et évidemment, parce que sinon c’était pas drôle, ça lui faisait mal, de le voir comme ça, alors que ça n’aurait pas dû. Toute cette situation n’aurait dû être qu’un tableau en noir et blanc, mais ce… truc, qui existait entre eux, ce fil invisible qui les reliait l’un à l’autre, brouillait toute les couleurs en mille et une nuances de gris, leur retournait la peau pour leur mettre la chair à vif, complètement désarmés l’un face à l’autre et abandonnés avec ce constat d’une souffrance commune à laquelle il n’existait aucune solution visible. Qu’il arrête de lui demander si elle avait un plan, parce que non, elle n’en avait pas évidemment, pas plus qu’il n’en avait lui. Voilà, il le disait lui-même. Ils ne pourraient pas recommencer, parce qu’ils étaient allés trop loin pour pouvoir vraiment le faire. Ce lien, cette connexion, elle ne s’effacerait pas comme ça. Et ce qu’il avait fait, ce qu’ils s’étaient fait, quelques semaines plus tôt, sur ces docks déserts inondés de pluie, ne disparaîtrait pas non plus. Là-dessus, au moins, ils étaient d’accord. Ce sur quoi ils n’étaient pas d’accord, c’était la façon de faire ; et si, quelque part, elle s’était peut-être attendue à devoir se poser ces questions, elle ne s’était certainement pas attendue à devoir se les poser comme ça.

Et évidemment, elle n’était pas au bout de ses surprises, Jinny. Un récit de vie aussi inattendu que franchement désolant, qui lui fit hausser les sourcils avec une véritable expression de choc sur le visage, alors que Cain, visiblement lancé, lui révélait tous les dessous pas vraiment reluisants de sa réussite fulgurante, ce chemin tortueux dont elle devait, visiblement, être la dernière étape. Le dernier squelette dans le placard, le dernier secret honteux planqué avec les autres loin des prix et des caméras, et malgré elle, elle laissa échapper un rire court, sec, stupéfait, et sans joie. Les mains sur les hanches, elle se détourna de lui en secouant la tête, incapable de savoir quoi rétorquer. Wow. C’était… hallucinant. Et c’était même pas fini. Son dernier aveu, sa dernière confession, la força à s’arrêter dans sa déambulation et à tourner à nouveau la tête vers lui, prise de court par un retournement auquel elle ne s’était pas attendue. « Cain… » soupira-t-elle, incapable visiblement d’en placer une. C’était elle, affirmait-il, qui l’avait forcé à s’arrêter dans son escalade insensée, mais visiblement, pas assez pour qu’il arrive à aller jusqu’au bout de la chose. Pas assez pour qu’il la laisse partir, pas assez pour la libérer, autant qu’il leur était possible de le faire, de son influence. Ses bras retombèrent à ses flancs, alors qu’elle restait plantée là, abattue, larguée, même plus capable de se retrancher derrière une rage salvatrice face à ce désastre qui la dépassait complètement. Qui les dépassait tous les deux. Muette face au dilemme insupportable qu’il avait l’audace de lui poser, face à sa culpabilité et ses regrets brûlants et oppressants, tout ce qu’elle avait à lui rendre, Jinny, c’était un long regard chargé de déception. Ca se voyait, qu’elle était lasse ? Ca se voyait, que si elle s’énervait encore, elle avait l’impression que ses jambes allaient lâcher sous son poids, inexplicablement fébrile et presque fiévreuse – son imagination, sûrement ? Les yeux rivés dans ceux de Cain, elle secoua lentement la tête. « T’as une façon très bizarre et contre-intuitive de dresser ton portrait pour rallier les gens de ton côté, hein. J’espère que tu fais autrement en rendez-vous professionnel, parce que là, comme ça, c’est pas très vendeur. » soupira-t-elle en se baissant pour ramasser son pistolet ; avant de lever les deux mains, regarde, je fais rien, je tire pas, et de déposer l’arme sur la commode à côté d’elle. Symbolique, le geste ? Ou signe que de toute façon, il était déjà trop tard ? Les deux paumes sur la commode, de part et d’autre de son pistolet, les épaules de Jinny s’affaissèrent, le lourd poids de ce que lui demandait Cain creusant l’espace entre ses omoplates. Elle avait la tête qui tournait, l’irrépressible envie de s’enfermer dans la salle de bains pour hurler, et celle d’abandonner, purement et simplement, sauf qu’elle ne savait même pas ce que ça voulait dire, abandonner, dans cette situation qu’était la leur. Si quelqu’un pouvait juste tout mettre sur pause. Juste le temps qu’elle comprenne ce qui venait de lui tomber sur la tête.

Elle se redressa, passa ses mains sur son visage, puis dans ses cheveux en serrant comme si elle allait peut-être chercher à se les arracher de frustration – en laissant échapper un grognement de frustration, d’ailleurs, paupières closes et lèvres pincées, avant de soupirer à nouveau. « Est-ce que tu t’entends parler, Cain ? Sérieusement. Tu réalises, ou ça te passe complètement au-dessus de la tête ? » demanda-t-elle en relâchant sa prise et en le regardant à nouveau. Elle était honnête, sa question – parce que là, pour le coup, elle ne savait vraiment pas à quoi il pouvait bien penser. Elle hallucinait encore, de réaliser à quel point le garçon qu’elle avait en face d’elle était à des années-lumière de ce qu’elle avait imaginé. Oh, elle l’avait bien vu, le numéro de charme, elle l’avait bien cerné, l’ambitieux qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste, mais ça ? Le manipulateur, le trompeur, le tricheur qui n’hésitait pas à planter le couteau dans le dos de ses proches, et qui, maintenant qu’il était dos au mur face à ses fautes, se débattait encore comme un désespéré. Un poisson hors de l’eau, voilà à quoi il lui faisait penser. Elle avait l’impression de le redécouvrir, et elle ne savait pas ce qu’elle était censée en penser. Pas quand le portrait détestable qui se révélait à elle était si fermement contredit par la sympathie – pire, l’empathie – qu’elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver pour lui, dont elle ressentait le mal-être par tous les pores. « Tu – tu dis que c’est à moi de choisir, mais c’est un peu facile, non ? Pourquoi ce serait à toi de décider quand j’ai le droit de choisir, hein ? Tu me l’as pas donné, le choix, quand tu m’as approchée en me cachant qui tu étais, sur la route de Metropolis. Tu me l’as pas donné, quand t’as décidé de garder le secret alors que tu as eu toutes ces possibilités de dire quelque chose. Et tu me l’as pas donné non plus, quand t’as décidé de me tirer dessus. » Et quand elle lui avait demandé une chose, une seule, il l’admettait lui-même, il avait refusé de respecter sa demande, indépendamment que cette téléportation sauvage qu’ils n’avaient demandée ni l’un ni l’autre. Alors non, c’était vraiment trop facile de décider que maintenant, ok, elle avait le droit, et même le devoir, de choisir. Ce n’était pas un choix, c’était un ultimatum, dont il savait pertinemment qu’au fond d’elle, dans cette part d’elle-même complètement irrationnelle qui s’accrochait encore à lui, elle ne voulait pas. « Ta famille a massacré la mienne. S’ils avaient eu un meilleur timing, d’ailleurs, je ne serais même pas là pour avoir cette conversation avec toi – t’aurais même pas eu à faire tout ça pour m’atteindre ! Et maintenant, tu veux faire de moi ta rédemption ? En te dédouanant un peu, parce que c’est moi la méchante qui coupe les ponts ? Tu comprends que je le prenne un peu mal ? Penser aux autres, ça n’est pas les mettre au pied du mur, ni leur coller des responsabilités sur le dos, Cain. » Aurait-elle besoin de le répéter, son choix, s’il voulait vraiment l’entendre ? Bien sûr que non. Mais puisqu’elle n’avait visiblement pas le choix – haha – elle croisa les bras sous sa poitrine et se laissa aller contre le mur, les yeux encore attachés à son invraisemblable ennemi-qui-ne-voulait-plus-l’être. Elle avait les cernes creusés, Jinny, le teint pâle de fatigue, mais elle avait sûrement meilleure mine que lui. Lui, qu’elle sentait comme une boule de nerfs, dont elle peinait à contenir l’agitation qu’elle sentait se répercuter en elle. Alors, d’accord. Pour eux deux, elle acceptait de redescendre d’un ton. Pour eux deux, elle acceptait la désescalade, parce que sinon, quelque chose allait encore plus se briser, et elle n’était pas sûre qu’ils s’en relèveraient, ni l’un, ni l’autre. Ils venaient de passer à deux doigts du désastre, elle le sentait. Stop. Il avait raison au moins sur un point : il était temps de mettre fin à cet immobilisme qui les rongeait de l’intérieur. « Je ne sais pas ce que je veux. Il y a une partie de moi qui dit que tu m’as manipulée sans vergogne, que tu as essayé de me tuer malgré ce truc, ce lien qu’on ne comprend pas, et que si ta motivation a été plus forte une fois, pourquoi elle ne pourrait pas l’être une deuxième. Et il y a une autre partie moi qui a désespérément envie de te croire. Parce que je sais, je sais que tout n’était pas que de la comédie, là-dedans. » Déchirée en deux, victime d’une fêlure dont il était la seule cause et la seule cible. « Je ne les ai pas oubliés, les bons moments. Bien au contraire. » Parce qu’elle avait tenu parole, elle. Tous les bons souvenirs, elle s’y était accroché. Et elle avait un mal fou à les faire cohabiter avec ce nouveau Cain, quand ils étaient si bien hantés par le Cain drôle, provocateur, spirituel, vif et idéaliste auquel elle s’était si vite et si fort attachée. Pendant quelques secondes encore, Jinny garda le silence. Au fond, il n’y avait qu’une décision qu’elle pouvait prendre en son âme et conscience, à cet instant. Alors, il n’y avait plus à tergiverser. Elle prit une longue inspiration, et lui accorda enfin la réponse qu’il attendait : « A quoi ça sert de se mentir. Je ne sais pas ce que je veux exactement, mais je sais aussi que je ne veux pas te voir disparaître comme ça. Pas pour tout effacer sur un coup de tête et un coup de colère. T’as raison, je le regretterais, on le regretterait tous les deux. Mais… » Et maintenant, s’il voulait vraiment lui montrer sa bonne foi, c’était ce qui allait suivre, qu’il écouterait, et respecterait. « Je ne peux pas faire ça. Décider là, tout de suite, entre un extrême et un autre, c’est injuste et je ne peux pas. Alors ce que je voudrais, c’est que tu me laisses du temps. Qu’on en reste là ce soir, et que tu me laisses… digérer tout ça. Et que tu me laisses décider si je suis prête à prendre ce risque sans avoir un couteau sous la gorge. » S’il pensait vraiment à elle, s’il voulait vraiment penser à elle, alors il lui accorderait ce répit, il la laisserait faire son choix selon ses propres termes. Pas faire un choix faussé, qui ne leur apporterait, à tous les deux, que des regrets.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyDim 12 Juil - 22:43


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Y a quelque chose qui ne fonctionne pas correctement chez toi. Même quand t'essayes de faire un peu mieux, ou un peu moins pire, tu échoues lamentablement. Et ce que t'aimerais qu'il suffise de changer les piles pour que tout redevienne normal, pour que t'arrêtes de constamment emprunter les mauvaises routes, celles qui te conduisent constamment dans une impasse. C'est difficile de faire face à Jinny et de voir ton reflet dans le fond de ses yeux. L'image qu'elle te renvoie est moche, déchirée, bonne qu'à jeter à la poubelle, ou à laisser trainer sur le bas côté pour qu'elle soit emportée par une bourrasque. T'as voulu être honnête avec elle en lui confessant tes travers et tes erreurs, mais tu n'as fait qu'aggraver ton cas déjà pourtant plus que sur la sellette. Comment ils font les autres ? Qu'est-ce que t'es censé dire ? Qu'est-ce que t'es censé faire ? Tu sais plus, et paumes appuyés sur tes yeux, t'aimerais disparaître de cette chambre avant que ses mots n'enfoncent d'autant plus le couteau dans la plaie. Ton portrait n'est peut-être pas reluisant, et oui, c'est une bien piètre façon d'essayer de la retenir, mais c'est ce que tu es. Et si tu lui as confié la facette la plus sombre de ton âme, c'est parce que t'aimerais pouvoir t'en débarrasser une bonne fois pour toute. C'est un appel à l'aide, mais elle ne l'entend pas, cri silencieux qui n'arrive pas jusqu'à ses oreilles. T'en as marre de voir le diable jaillir de sa boite chaque fois que tu touches du bout du doigts ce sentiment de plénitude qui n'avait jamais été aussi intense qu'à ses côtés. T'étais bien avec elle. T'arrivais à oublier le connard. T'arrivais à oublier les drames familiaux. Tu te sentais un peu plus toi-même, sans chaines du passé, sans responsabilités pour vouter ton dos fatigué de porter depuis des années un poids devenu beaucoup trop lourd pour ne pas sentir tes os se briser. Quand elle ramasse le pistolet, tu ne réagis même pas, anesthésié par la douleur. Et tu ne parles pas de cette chaleur irradiante qui part de ton abdomen et te traverse tout entier, tu parles encore et toujours de ce miroir qui te renvoie une image abominable. T'aimerais en briser le verre. Tout faire exploser sous la force de ton poing serré. Tout en sachant que cela n'arrivera jamais, ou en tout cas, pas tant que tu n'auras pas changé ce qu'elle pense de toi. Est-ce que tu l'as mérité ? Sans doute. Mais ça n'en reste pas moins déchirant. Personne n'aime être confronté à ses conneries, et encore moins toi, celui à qui d'ordinaire tout réussi. C'est donc ça la défaite ? C'est donc ce que l'on ressent quand on échoue ? Comment ils font les gens normaux, parce que toi, tout ce que tu voudrais là tout de suite, c'est pouvoir t'arracher le cœur de la poitrine à mains nues pour ensuite le piétiner à pieds joints. Pour ne plus rien ressentir.

Comme tu ne sais pas quoi répondre à Jinny, tu la laisses poursuivre, dans l'incapacité de te défendre car trop craintif de t'enfoncer encore plus dans un labyrinthes d'erreurs successives. Elle ne le réalise peut-être pas, mais ce que tu ressens face à cette avalanche de reproches cinglants, c'est une humiliation. Et la sensation de n'être qu'un moins que rien. Est-ce que tu devrais t'excuser d'être dysfonctionnel ? De ne pas savoir comment entretenir des relations normales ? D'être une épave qui noie son mal-être dans l'alcool, le sexe et la drogue ? Ouais, probablement. Mais ce que c'est dur de mesurer combien tes lacunes sont titanesques et de faire en sorte qu'elles disparaissent. T'es complètement perdu, pas foutu de te hisser jusqu'en haut du puits dans lequel t'es tombé, toujours seul dans des tentatives infructueuses, sans jamais personne pour te tendre la main et t'aider à ne pas glisser. T'aimerais lui dire d'arrêter, lui ordonner de se taire ou poser tes mains sur tes oreilles pour ne plus l'entendre parler, mais t'es comme hypnotisé, criminel qui attend que le verdict tombe après un flot continu d'inculpations. Coupable d'être un sale con lâche et égoïste. Sentence : l'accepter. Est-ce que t'as le droit de faire appel ? Parce qu'elle se méprend, Jinny. Tu ne cherches pas à te dédouaner, t'as parfaitement conscience de tout ce que tu lui as fait subir, lui faisant miroiter une amitié qui n'existait que pour atteindre un tout autre but. Et tu sais que ça lui a fait énormément de mal, tu la ressens sa souffrance, elle est tout aussi forte que la tienne, et c'est peut-être pour cette raison que ses mots sont aussi tranchants. Elle se comporte comme un animal blessé, essayant du mieux qu'elle peut de s'extirper de tes griffes de Turnbull. Tu ne peux pas la blâmer pour ça, mais bon sang, par pitié, qu'elle s'arrête là, le message est passé. « Non, je... » Impossible d'en placer une. Et de quel massacre parle t-elle ? Ça frappe sur tes tempes, ça tambourine dans ta poitrine, et tu sens ton souffle devenir de plus en plus difficile et saccadé. Il fait horriblement chaud, à nouveau, tu t'essuies le front d'un revers de la main. Pardon de chercher en elle une rédemption, mais ce lien, ça veut forcément dire quelque chose, non ? Vous n'êtes pas connectés l'un à l'autre par pur hasard, il y a une raison à ça, et oui, grâce et à cause de cette connexion particulière t'as sûrement vu en elle une chance d'aller de l'avant. De t'émanciper, ou au moins, d'avoir quelqu'un sur qui compter. Mais okay, très bien, tu t'es fourvoyé. Le pire, c'est qu'elle a raison, c'est cruel et injuste d'avoir placé ça en elle tout en ayant essayé de la tuer. Il ne suffira pas de quelques excuses pour que tout redevienne comme avant, ni de moments de sincérité pour qu'elle te concède son pardon.

Quoi ? Elle n'a pas oublié les bons moments ? Tel un naufragé, tu t'accroches à cet aveu comme à un canot de sauvetage. T'essayes de prendre une profonde respiration avant de subir la prochaine vague scélérate, chamboulé par ce petit espoir inattendu qui vient soudainement de se dessiner, en vain. Y a la fièvre qui monte dangereusement, et tu dois poser ta main contre le mur pour ne pas tomber. Y a un truc qui va pas, mais hors de question que tu interrompes cet instant décisif pour une petite désorientation passagère qui s'estompera dans quelques minutes. Tu comprends parfaitement ses réticences, et tu ne saurais trouver les mots justes pour les faire taire, mais vraiment, très sincèrement, plus jamais tu ne lèveras une arme sur elle. Sur le bitume froid et mouillé des docks, quand tu te battais pour ta propre vie, tu t'es juré de ne plus jamais te laissé embrigadé dans cette folie sans fin qui t'a presque tout coûté. Et plus tard encore, face à l'indifférence et la froideur de tes parents, t'as réalisé à quel point tout ceci était absurde. T'as sacrifié ce que vous aviez pour eux. Et qu'est-ce que t'as eu en retour ? Rien. Absolument rien. Si ce n'est leur colère pour avoir refusé de la dénoncer. T'as plongé tes doigts dans la plaie pour retirer la balle et la faire disparaître, aggravant sans aucun doute l'étendue de la blessure, mais depuis que tu t'es réveillé, pas une seule seconde tu n'as regretté l'avoir fait. Plus de preuves, elle est libre, Jinny, personne ne parviendra à remonter jusqu'à elle, ni les flics, ni les Turnbull. Et ça, c'est ta petite victoire personnelle. « Je ne suis pas un étranger, Jinny. En deux jours avec toi j'ai plus été moi-même qu'en trente ans, putain. Je te jure que ça c'est la vérité. » Et non, ce n'est pas une tentative désespérée d'encore essayer de ramasser les pots cassés. Quoi que tu dises ce soir de toute façon, rien ne changera la situation périlleuse dans laquelle vous vous êtes enfoncés. Et c'est ta faute. C'est complètement ta faute. Il devient de plus en plus compliqué pour toi de parler sans faire un effort conséquent pour articuler et mettre en ordre tes pensées, mais quel soulagement d'avoir droit à un sursit. Une décision qui ne peut pas être prise tout de suite, et qui t'offrira l'occasion de faire mieux la prochaine fois qu'une occasion se présentera. Tu acquiesces en guise de consentement, évidemment prêt à lui laisser tout le temps dont elle aura besoin, tout en sachant que plus il sera long, plus tes chances de la retrouver s'amenuiseront. Tu prends le risque de la perdre pour de bon, mais tant pis, tu lui dois bien ça après l'avoir fait traverser un tel enfer. « D'accord, je... » Oh, l'étourdissement. « Je vais te laisser tranquille. Pardon, je ne voulais pas que tu... » Que tu voies ça comme un ultimatum. Mais la suite de ta phrase meurt avant d'avoir franchi la barrière de tes lèvres. « Je vais rentrer chez moi, je me sens pas super en forme. » Tes quelques pas vers la commode pour trouver de quoi te mettre te paraissent infiniment longs, et avant même de parvenir à la toucher du doigt, tu sens tes jambes lâcher et ton corps s'écrouler. Bam, ta tête manque de peu de se cogner contre le bois du meuble, mais elle trinque quand même durant l'impact contre le sol de la chambre. Tu te sens mal, horriblement mal. Sous le pansement qui entoure ton abdomen, tu sens la plaie s'embraser. Et ton front, sans même y poser la main, tu sais qu'il est brûlant. Il t'est impossible de te relever. Il t'est même presque impossible de garder connaissance. Promis juré, t'avais vraiment l'intention de partir, cette fois.
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyMer 15 Juil - 1:25


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Elle prenait la bonne décision. Elle prenait la bonne décision, elle le savait, alors si la douleur sourde qui lui écrasait la poitrine et l’empêchait de respirer correctement voulait bien disparaître, ça l’arrangerait beaucoup. Sauf qu’il n’y avait pas que la sienne, de souffrance, pas vrai ? Elle l’avait compris sitôt que les mots avaient commencé à se déverser de sa bouche, incapable d’endiguer le flot parce que oui, elle en avait, de la colère, de l’incompréhension, de la déception, surtout, à extérioriser, et qu’il n’y avait aucune raison qu’il ne l’entende pas, mais elle avait bien vu, elle avait bien senti, jusque dans ses entrailles, comme un séisme dans ses os, à quel point elle lui avait fait mal. Elle avait l’impression de ne plus connaître Cain, mais elle était capable de dire, à la seconde près, ce qu’il ressentait, en étant certaine de ne pas se tromper. Et qu’est-ce que c’était déroutant, et profondément perturbant, de se prendre en pleine figure le véritable tsunami qui l’avait frappé. C’aurait été tellement plus simple, s’il avait été l’assassin raté insensible et égoïste qu’il aurait dû être. Mais jamais, de mémoire de texane, Jinny n’avait-elle rencontré qui que ce soit qui se déteste autant que Cain Turnbull se détestait en cet instant. Elle avait déversé sa bile, ses doutes, ses craintes, mais maintenant qu’elle avait assez vidé son sac pour prêter à nouveau attention au reste, et lui prêter attention à lui, elle n’avait qu’une envie : remonter le temps, et se taire. Elle lui avait dit tout ce qu’elle avait sur le cœur, donc logiquement, elle aurait dû se sentir mieux, mais, ironiquement, elle se sentait horriblement mal, immédiatement consciente, et pourtant consciente trop tard, du mal qu’elle venait de causer. La culpabilité, aussitôt, vint planter ses dents féroces et empoisonnées dans sa poitrine, la secouant de ce choc glacial et nauséeux, alors qu’elle le regardait, le Turnbull, qui n’avait plus rien qu’un dangereux assassin, et tout d’un pauvre gosse perdu et en souffrance qui commence tout juste à comprendre qu’il a fait une grosse connerie. Putain, qu’est-ce que t’as fait, Jinny. Elle en avait, des choses à lui reprocher, et justifiées, mais à elle, il aurait eu bien raison de lui reprocher son intransigeance. Elle n’avait peut-être pas mené cette vendetta, mais au fond, elle ne pardonnait pas plus que les Turnbull. Lui avait hérité du venin de la vengeance, elle d’un pistolet qu’elle n’hésitait pas à braquer sitôt qu’on trahissait sa confiance – no questions asked, aucune demi-mesure, aucun recul et aucune réflexion qui puisse apporter un peu de nuance à une situation qui en demandait pourtant tellement. Trop dure, trop inflexible, trop intraitable, marche ou crève, le plus précieux héritage de Jonah Hex, et aujourd’hui, c’était Cain qui en payait le prix, sans même avoir eu la possibilité de se défendre ou d’expliquer son côté de l’histoire. D’habitude, ça ne la dérangeait pas, Jinny, d’être aussi radicale dans ses choix ; elle avait même été élevée dans l’idée que c’était une stratégie de survie parfaitement acceptable et raisonnable, quand on s’appelait Hex. Et tant pis pour les sacrifices qu’elle faisait au passage. Mais pour la première fois, dans cette petite chambre de motel, elle avait l’impression de sentir un gouffre s’ouvrir sous ses pieds et l’avaler toute entière. Pour la première fois, elle avait l’impression d’avoir fait une terrible erreur irréparable. Et évidemment, il avait fallu que ce soit avec un Turnbull.

Quelque chose ne va vraiment pas chez Cain, mais elle était bien trop absorbée dans sa propre détresse pour le remarquer ou s’en inquiéter, mais maintenant qu’elle reprenait son souffle, après sa longue tirade, sourcils froncés et les yeux rivés sur lui, elle nota, désarçonnée, qu’il avait l’air bien pâle, quand même, Cain. Mais c’était difficile, de se concentrer sur tout – sur cette mine maladive, sur ses paroles qu’il avait l’air de s’arracher, à bout de forces, sur cette inexplicable fébrilité fiévreuse qui la faisait presque trembler, elle, et si elle aurait dû soupirer de soulagement en l’entendant, la sincérité dans sa voix, qui l’assurait que ces deux jours qu’ils avaient passés ensemble avaient été vrais, puis lorsqu’il accepta de lui laisser ce temps qu’elle lui demandait, elle ne se sentait pas soulagée du tout. Elle s’en voulait, de le mettre dans un état pareil, et elle s’en voulait de s’en vouloir, et elle avait le terrible pressentiment que quelque chose n’allait pas du tout et qu’il se passait quelque chose de grave. Mais qu’est-ce qu’il pouvait bien se passer de plus grave que ça ? Ca n’était pas que sa confiance, qu’il avait souillée, avec ses mensonges ; c’était un pan entier de son cœur qu’il avait arraché en braquant son arme sur elle. Et elle, visiblement, avait fait exactement la même chose. Deux combattants sanguinolents dans l’arène, à bout de force, qui n’avaient pas eu d’autre choix que de se battre, ou n’avaient pas su en envisager d’autre. « … Cain ? » Elle lâcha son nom, hésitante, soucieuse, en le voyant s’interrompre, l’air confus, avancer en vacillant – il n’avait vraiment pas l’air bien. « Hé, vas-y doucement, tu vas… » Le gouffre qui s’ouvre à nouveau sous ses pieds. Les gladiateurs écartent les doigts, lâchent les armes, et s’effondrent, genoux à terre, leurs épées tombant au sol avec vacarme en même temps que Cain s’écroulait sur le plancher de la chambre. Mais dans ce combat-là, il n’y avait eu aucun gagnant. Que deux perdants. « Cain ! » s’écria-t-elle en se laissant précipitamment tomber à genoux à ses côtés. What the fuck. Et pendant un instant, un bref instant, elle craignit le pire, l’intraitable Jinny Hex, le cœur tambourinant douloureusement dans sa poitrine comprimée. Parce que la dernière fois qu’elle avait vu Cain à terre, elle n’avait pas su s’il allait s’en sortir ou si elle l’avait condamné. Le destin avait bien voulu lui donner une deuxième chance ; mais pendant une seconde, elle se sentit tétanisée, à l’idée qu’il n’en aurait pas une troisième. Et en plus, par sa faute. Parce que ça l’était, sa faute. Une sueur froide remonta le long de son dos. Finalement, il n’y avait pas toujours besoin de balles pour brutaliser quelqu’un. Surtout quand le quelqu’un gisait déjà à cœur ouvert.

Heureusement, il remuait encore, Cain – à peine, mais il remuait, et il respirait, même s’il avait le souffle court. Elle n’avait pas besoin d’être médecin pour constater qu’il était en sueur, et comme elle sentait un point douloureux à son propre flanc, elle se fia à son instinct et approcha sa main de sa plaie, cachée sous le bandage : elle n’eut même pas besoin de la toucher pour sentir la chaleur qui en irradiait, alors à la place, elle posa sa main sur son front baigné de sueur. Brûlant, évidemment. Maintenant elle comprenait mieux d’où venait cette fébrilité désagréable qu’elle ressentait depuis qu’il s’était matérialisé dans la pièce. « T’es en train de brûler. » remarqua-t-elle à voix haute, sans même savoir s’il l’entendait. Il était en train de brûler, et elle s’était assez débrouillé toute seule ces dernières années pour savoir que si elle ne faisait rien, il allait vraiment finir par être en danger. Et ça, cette certitude alarmante, et son visage déformé par la fièvre et la douleur, achevèrent de clouer sur place ses dernières réticences. Le barrage, les barrières sautent toutes en même temps dans un feu d’artifice radical. Au diable la philosophie de Jonah, au diable la rivalité familiale. Elle avait déjà abandonné Cain à son triste sort une fois. Elle n’avait pas la force, et surtout pas l’envie, de répéter la même erreur. Revigorée d’une volonté nouvelle, Jinny s’extirpa enfin de sa torpeur, secouée d’un choc électrique largement mérité, et ouvrit la commode derrière elle pour en tirer un pull qu’elle plia encore pour le glisser précautionneusement sous la tête de Cain, déjà malmenée par sa chute – inutile d’en rajouter. « Bouge pas, je reviens. » souffla-t-elle avant de se redresser, l’adrénaline et l’urgence pulsant à ses tempes. Allons, réfléchis, Hex. Contre toute attente, elle avait l’habitude des fièvres, Jinny – enfin, l’avait eue. Avec une mère malade et l’hôpital le plus proche à plus d’une demi-heure de voiture, elles avaient appris à se débrouiller, toutes les deux. Bon, il n’y avait pas de baignoire, dans cette chambre de motel, mais il y avait une douche, alors elle choisit d’improviser, la cowgirl : d’un pas décidé, elle attrapa la chaise devant le minuscule bureau-table à manger, et alla l’installer dans la cabine de douche, s’assurant qu’elle était bien calée sans risque de glissade intempestive. Puis, elle retourna aux côtés de Cain, et, doucement, en prenant le plus de précautions possibles, elle passa son bras autour de ses épaules, pour le soulever et l’aider à se redresser, en essayant de lui épargner au mieux des mouvements brusques qui risqueraient d’aggraver son cas. « Doucement, force pas… on va aller te rafraîchir un peu la tête, ça ira mieux. » Le bras de Cain autour de ses épaules, son bras à elle autour de sa taille pour soutenir son poids, elle l’entraîna prudemment jusqu’à la salle de bains, puis, tout aussi précautionneusement, l’aida à s’asseoir sur la chaise.

Dans les films, elle voyait toujours le héros se voir infliger un bain ou un gant imbibé d’eau glacée sur le front pour faire baisser une fièvre – et elle, elle avait l’expérience pour confirmer que c’était une belle arnaque, cette idée d’eau glacée. La première fois qu’elle avait vu sa mère, à moitié évanouie dans la baignoire, se braquer et frissonner de plus belle, elle avait paniqué et augmenté la chaleur de l’eau, et le médecin lui avait confirmé plus tard qu’elle avait eu le bon réflexe, alors depuis, elle se tenait religieusement à ce principe, et tant pis pour Hollywood. La pomme de douche en main, elle attendit que l’eau atteigne une température tiède qui soulagerait Cain sans lui infliger un choc thermique, puis, doucement, en soutenant sa nuque, l’encouragea à baisser la tête en arrière. « C’est de l’eau tiède. Ca devrait te faire du bien, normalement, mais dis-moi si c’est trop froid, ok ? » Bon, elle faisait genre, Jinny, avec son air de savoir ce qu’elle faisait – ce qui était à peu près vrai – avec assurance – ce qui était nettement moins vrai. Soucieuse, elle avait la gorge nouée, et ce poids qui appuyait trop fort sur sa poitrine et qui refusait de partir, alors qu’elle laissait l’eau couler sur le front de Cain, et dans ses cheveux, et évidemment qu’elle en foutait partout mais tant qu’elle arrivait à éviter sa blessure, elle estimait qu’ils s’en sortaient bien. C’était sur ça qu’elle se concentrait. Une fièvre à faire tomber – et pas la certitude qu’elle en était la cause. « Si ça ne va pas mieux d’ici dix minutes, je t’amène à l’hôpital. On ne peut pas te laisser comme ça. » ajouta-t-elle en protégeant ses yeux de sa main. Tant pis pour la prudence, tant pis pour la police qui poserait inévitablement des questions, tant pis pour tout. Elle lui avait tiré dessus, et après cette dispute à fleur de peau, elle se sentait doublement responsable de son état. Avec la conscience aigue et douloureuse qu’elle était sans doute mieux programmée pour lui faire du mal, que pour réparer celui qu’elle lui avait fait, dans ce cercle vicieux qu’était le leur depuis le début. Mais si pour cette fois, juste pour cette fois, ils pouvaient blasphémer, et mettre en pause la guerre familiale, pitié, qu'on les laisse faire. Juste pour cette fois, où l'heure était aux réparations, plutôt qu'aux déchirements.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptySam 18 Juil - 23:50


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Contrairement à la première fois sur les docks de Gotham, ce n'est pas de la peur que tu ressens mais une profonde lassitude. Lassé de sentir à nouveau ta vie ne tenir qu'à un seul fil. Et toujours Jinny pour seule chance de t'en sortir. La fièvre est forte, elle te fait suer et paradoxalement trembler, alors qu'allongé sur le sol, tu luttes pour ne pas perdre connaissance. Tu sais que tu dois t'efforcer de rester conscient si tu ne veux pas perdre le contrôle de la situation. Pas parce que tu crains qu'elle ne profite de l'instant pour t'achever – très loin de là – mais parce que si tu fermes les yeux, rien ne peut t'assurer, présentement, que tu les rouvriras un jour. Tu n'as pas d'autres choix que de lutter contre le mal qui te ronge, mélangé à ce cœur déchiré dont les saignements sont invisibles mais pourtant bien présents sur le plancher de la chambre. Qu'elles sont difficiles ces dernières semaines, teintées de souffrance et d'acharnement, et évidemment, te téléporter auprès de celle qui en est entre guillemets la cause était une très mauvaise idée. Qu'est-ce que tu peux le maudire, là tout de suite, ce satané don qui peut grandement te rendre service aussi bien que te mettre dans des galères pas possibles. Tout aurait été tellement plus simple si t'avais pu repartir d'où tu venais. Tu ne serais peut-être pas à moitié en train de crever, encore, et les mots échappés des lèvres de Jinny ne raisonneraient pas inlassablement dans ta tête. C'est même eux qui sont les plus douloureux, bien plus que cette sensation de vertige sans fin, semblable à une chute de plusieurs étages dont l'atterrissage libérateur se ferait terriblement attendre. Tu l'entends prononcer ton prénom, mais tu ne trouves pas encore la force de lui répondre ou de la rassurer. C'est une lutte contre toi-même que tu viens d'engager, sans savoir si tu as ne serait-ce qu'une petite chance de l'emporter. La blessure à ton abdomen te fait mal, elle aussi, et tu la désignes sans le moindre doute possible responsable de ce brutal changement d'état. Le médecin t'avait prévenu, il fallait que tu prennes tes antibiotiques avec beaucoup de minutie, sous peine de voir une infection rapidement pointer le bout de son nez. Quel crétin. T'es même pas sûr d'en avoir pris un seul aujourd'hui, bien trop occupé à te lamenter sur ton propre sort devant une télé que tu ne regardais qu'à moitié. Et impossible de les récupérer, ils sont chez toi, à des centaines de kilomètres d'ici. Non, tant pis, il va falloir trouver une autre solution pour ne pas sombrer dans la noirceur totale, et étrangement, t'as conscience d'être entre de bonnes mains avec elle. Elle ne te laissera pas tomber. Tu le sais. Tu sens son inquiétude croitre dans sa poitrine. Elle n'a aucune envie de te perdre. Et ça tombe bien, parce que toi t'as aucune envie de l'abandonner.

Après une rapide auscultation, Jinny en vient à la même conclusion implicite que toi : c'est une bien une foutue infection qui te provoque cette violente poussée de fièvre. Bordel. Dans quels draps tu t'es encore fourré. Soulagé de sentir une boule de tissu sous ta tête douloureuse après le choc, tu rassembles ce qu'il te reste d'énergie pour lui répondre non sans mal : « Je risque pas d'aller bien loin. » Petite tentative d'humour pour désamorcer la gravité de la situation, et effort nécessaire pour lutter contre la fièvre. Faut pas que tu lâches, faut que tu t'accroches, et pour le faire, il va falloir que tu donnes tout ce que t'as, repoussant tes propres limites. Quand tu sens ton corps se soulever, tu gémis sous l'assaut brutale de la douleur, mais fais de ton mieux pour te trainer jusqu'à là où elle veut t'emmener. Elle est là, la cowgirl, déterminée à t'aider une nouvelle fois. Après avoir appelé l'ambulance pour t'offrir une chance de survivre, voilà qu'elle s'acharne déjà à faire baisser la fièvre. Ton souffle est toujours court, et chaque pas est une épreuve dont tu ignores si tu pourras aller jusqu'au bout. Allez, Turnbull, c'est pas le moment de lâcher prise. Le bras autour de la taille de Jinny, tu te maintiens sur elle pour regagner la salle de bain, où ensuite assis sur une chaise, tu peux enfin laisser tout ton poids retomber sans craindre de la faire vaciller elle aussi. T'essayes de garder tes yeux ouverts, et pour l'instant, tu t'en sors plutôt bien. Tête en arrière, l'eau coule sur ton visage, et malgré le mal, tu ressens une profonde reconnaissance à son égard. C'est même le sentiment qui prime. « Ça... ça va. » Cette fois tu t'autorises à fermer tes paupières, mais pas de panique, c'est uniquement pour profiter du bien être de l'eau sur ta peau. « Merci. » D'être là pour toi, et de te donner l'impression d'avoir quelqu'un qui s'inquiète réellement de ton sort. Difficile de ne pas repenser à tes parents, à l'hôpital, et la profonde solitude ressentie ensuite. Contraste saisissant alors que tu trouves pourtant en compagnie de celle censée être ta pire ennemie. « Non, pas l'hôpital. Surtout pas. » Hors de question de prendre le risque de l'impliquer dans toute cette histoire. Tu t'es pas évertué à t'enlever cette balle à mains nues pour qu'elle se pointe ensuite à là-bas avec toi dans un sale état. Tu refuses que quelqu'un puisse remonter jusqu'à elle. Pour l'instant, il n'y a que tes parents qui la soupçonnent responsable, et t'aimerais qu'il en reste ainsi. A Gotham, plus qu'ailleurs, il est facile de tout obtenir avec de l'argent. Et sa présence suffirait à se transformer en preuve suffisant pour quelques enquêteurs corrompus.

Tu ne sais pas combien de temps tu restes la tête penchée en arrière avec pour unique espoir de l'eau qui ruissèle sur ton visage. Tu trembles un peu moins, mais la fièvre reste élevée, et tu crains qu'elle ne disparaisse pas sans tes médicaments laissés à la maison, conséquence tragique de cette petite visite totalement imprévue. T'es épuisé, comme j'avais tu ne t'étais senti épuisé auparavant, et il te faut ardemment lutter pour ne pas que la fatigue l'emporte. « J'ai besoin de mes antibiotiques. » Mais même si elle a réussi à gérer la situation, Jinny, elle n'aura pas le pouvoir de les faire apparaître comme par magie. Ce qui n'enlève en rien à son efficacité et à ce soulagement de l'avoir à tes côtés pour ce nouveau moment difficile à traverser. Tu ne voudrais être avec aucune autre qu'elle. Avec cette dispute, t'as cru l'avoir perdue pour de bon, avec tant de choses encore à lui dire, en étant persuadé de plus jamais avoir une occasion de le faire. Si tu te bats pour ne pas flancher, c'est aussi pour elle. Parce qu'allongé sur ton canapé, et malgré les propos hargneux qui ont été prononcés ce soir, t'as senti combien elle était triste, elle aussi. C'est ce lien, ce foutu lien, il ne vous laisse aucun répit, ni aucune chance de passer à autre chose. Il vous maintient perpétuellement connectés, au point de parfois ne pas réussir à différencier ses émotions des tiennes. Comme une seule et même âme. Et vous avez baissé les bras face à ce mystère qui a complètement boulversé vos vies. A quoi bon, de toute façon ? Même quand vous tombez le plus bas possible, vous n'arrivez pas à vous tourner le dos. Vous vous faites du mal, vous vous déchirez, mais il est désormais inenvisageable de mettre un terme à cette folie. Et en parlant de folie, il est l'heure d'évaluer un peu les dégâts. Doucement et avec précaution, sous le regard sans doute inquiet de Jinny, tu te relèves en t'accrochant où tu peux pour ne pas flancher. L'eau tiède aura eu son petit effet, elle t'aura au moins permise de rester debout quelques minutes. « Faut que j'enlève ce bandage. » T'as besoin de voir l'étendue du massacre. En espérant que ce ne soit pas aussi dramatique que la douleur le laisse envisager. Okay. Allez. Profonde inspiration – enfin, profonde, tout est relatif – et tu essayes d'agripper les contours du bandage qui entoure ton abdomen. En vain. T'as encore les mains qui tremblent et qui t'empêchent d'y arriver sans cogner sur ta chair abimée. « Tu veux bien m'aider à nettoyer, s'il te plait ? » T'es désolé de lui demander ça, mais vous n'avez pas d'autres choix. Et t'as dépassé depuis longtemps le délai imposé par le médecin. Négligent ? Un peu. Mais ça n'a jamais été cette blessure là qui faisait le plus mal. Si t'avais pu poser du désinfectant sur ton palpitant, là, tu n'aurais pas hésité à le faire toutes les demi-heures. A défaut d'avoir un anesthésiant ou de la morphine pour endormir ces battements douloureux et erratiques. « Je suis désolé que tu saches tout ça. » Et tu cherches son regard pour y transmettre toute ta sincérité. T'as lu quelques infos sur le dossier constitué par ton détective, mais c'est maintenant que tu réalises concrètement tout ce qu'elle a traversé à un âge beaucoup trop précoce. Sans en connaître tous les détails, t'arrives à faire le lien entre son passé et le sang-froid et l'expérience dont elle a fait preuve quand elle t'a vu tomber. Alors oui, t'es sincèrement désolé que ce soit du déjà vu pour elle, et pire encore, de l'obliger à se confronter à nouveau à une telle situation sans doute devenue traumatique.
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptySam 25 Juil - 19:04


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Pas d’hôpital ? Pendant un instant, Jinny en resta stupéfaite, son premier instinct, évidemment, étant de protester, avec un peu de véhémence : « Si tu restes comme ça, ça ne va faire qu’empirer ! ». Mais sa véhémence, elle fut tuée dans l’œuf, au moment où un terrible sentiment d’aversion la submergea au point de momentanément lui couper le souffle. Surtout, pas l’hôpital. Un mantra, un souhait, une supplique qui se répercuta encore contre les parois de son crâne alors qu’elle restait figée là, pomme de douche dans une main, l’autre sur le front de sa victime, et entre eux, ce lien, à défaut de lui avoir donné un autre nom, qui se tendait comme la corde d’une guitare et produisait le premier son que Jinny distinguait véritablement. Une musique unique et audible d’eux deux seulement, et une musique, comme toutes les musiques, qui venait chargée d’images, d’associations, de souvenirs. Une douleur foudroyante lui vrilla brièvement l’abdomen, terriblement familière, une douleur qu’on s’infligeait à soi-même dans l’urgence et la terreur sous une pluie torrentielle, suivie d’un soulagement confinant au délire lorsqu’on réussit à extraire l’objet du mal. Après ce qui lui avait paru comme un temps très long, ou très court, elle n’était pas sûre, l’obscurité de la nuit gothamite s’estompa autour d’elle, pour la ramener dans cette salle de bain sans prétention, où elle baissa les yeux, sidérée, sur Cain. Elle l’avait déjà ressentie une fois, cette douleur, le soir de leur confrontation, après qu’elle ait réussi à s’enfermer dans son pick-up. Et si la vision avait été très confuse, il lui semblait, aussi incroyable que cela puisse paraître, qu’elle venait de comprendre d’où elle était venue, cette douleur. Mais pourquoi ? Alors que Cain reprenait son souffle et un semblant d’esprit, elle, elle le dévisagea, en s’enfonçant toujours un peu plus dans l’incompréhension. Il avait dit la vérité. Et ce qu’elle avait senti sur ces docks aussi, ç’avait été la vérité : jamais il n’avait vraiment voulu lui faire de mal. Hell, il était même allé jusqu’à la couvrir activement, si elle en croyait cette… cette vision qui venait de lui traverser la tête ! Ce qui rendait leur situation encore plus incompréhensible. Ce qui rendait le pourquoi, pourquoi il avait tiré en premier lieu, plus incompréhensible encore. Jinny se mordit l’intérieur de la joue, se retenant furieusement de lui poser un millier de questions, là, tout de suite. A la place, elle acceptait le compromis. Quel autre choix avait-elle, de toute façon. « Ok, pas d’hôpital. » soupira-t-elle, résignée. Mais ça ne voulait pas dire qu’ils pouvaient rester là sans rien faire. Elle n’allait pas s’en aller comme par magie, cette poussée de fièvre. Alors il n’y avait plus qu’à… il n’y avait plus qu’à. La seule certitude, ce soir, c’était que quels que soient les ennuis dans lesquels ils étaient maintenant fourrés grâce à une téléportation incontrôlées, ils allaient devoir les affronter ensemble. Qu’il était beau, le sens de l’ironie du destin. Ou qui que ce soit, qui s’amuse à s’acharner sur leur triste sort.

L’eau tiède avait l’air d’avoir fait son effet – pour l’instant – puisque Cain trouva à nouveau la force de parler, et même de se redresser. « Hééé doucement, cowboy. » Fini, les réprimandes – cette fois c’était bien le souci et l’inquiétude qui teintaient le ton de sa voix et son avertissement. Jinny coupa l’eau de la douche en réfléchissant – trouver des antibiotiques sans aller à l’hôpital ou appeler à l’aide ? A moins de pousser jusqu’à Gotham et dégoter un dealer quelconque, ils allaient avoir du mal – et reporta le regard sur Cain, plus entêté que six mules, visiblement déterminé à s’occuper de son propre cas. En vain. Il avait les épaules tendues de l’homme qui lutte contre lui-même de toutes ses forces, et les mains qui tremblaient, et elle était sûre que s’il insistait trop, il allait encore s’écrouler devant elle. Sans bouger, tout d’abord, prête à le rattraper si jamais ses craintes se confirmaient, elle attendit sans rien oser faire. Jusqu’à ce qu’il ne devienne évident qu’il avait besoin de son aide. C’était cruel, comme procédé. Sans qu’on ne leur ait demandé leur avis, les deux bourreaux n’avaient pas d’autre choix que d’affronter leur victime, par le moyen le plus vicieux qui soit : en les forçant à baisser les armes, et mieux encore, à chercher ensemble un moyen de réparer les dégâts. Alors qu’ils n’étaient pas prêts. Alors qu’ils ne l’auraient peut-être jamais été, les voilà tous les deux forcés de se regarder dans le blanc des yeux, elle de porter soins et attention à celui qui avait voulu la tuer, lui de se laisser assister et de s’en remettre entièrement à celle qui avait failli réussir. Comme punition, Jinny commençait à se dire qu’ils n’auraient pas pu trouver pire. Mais ils étaient là, et elle en avait marre d’attendre le prochain coup de Trafalgar, elle en avait marre de faire la guerre, alors oui, elle l’aiderait avec sa blessure, et elle se soumettrait, sans plus chercher à lutter, à la force implacable qui n’avait de cesse d’essayer de les réunir. Est-ce que c’était cette même force, qui venait de pousser Cain à ce trait de compassion ? Pensive, Jinny accepta de relever le regard pour croiser le sien, le sonder, chercher à déceler si, possiblement, autre chose de plus sombre se cachait derrière. Mais non. Sa sincérité était réelle, palpable. Inattendue. Il savait. Comment, elle s’en fichait, pour le moment. Mais il savait, et il ne s’en servait pas comme d’une arme. L’étendard blanc était bel et bien levé. Et c’est avec un léger pincement au cœur, et avec un peu de soulagement, qu’elle accepta de faire de même. « Au moins, c’est pratique quand des types bizarres s’évanouissent dans ma chambre. » rétorqua-t-elle, avec une minuscule pointe d’humour, et une minuscule ombre d’un sourire. Allons. Ils avaient du pain du la planche. « Allez, viens. Si on fait ça ici, tu vas juste réussir à t’éclater la tête sur le lavabo. » Au point où ils en étaient, à déshonorer leurs ancêtres en se serrant les coudes, hein. Autant aller jusqu’au bout.

Avec les mêmes précautions, Jinny passa son bras autour de Cain, et le guida hors de la salle de bain, et de retour dans la chambre, où Sawyer les attendait sagement assis près de la porte, les oreilles droites et l’œil attentif, l’air de dire okay le danger est passé mais je l’ai à l’œil, le grand dadais. Laissant de côté son compagnon à quatre pattes pour le moment, l’infirmière improvisée aida son patient inattendu à s’asseoir sur le lit, avant d’enfin s’intéresser au bandage, qu’elle défit en prenant garder de ne pas appuyer ou tirer par mégarde sur la blessure. Hop, bandage défait, ne restait plus que la compresse, qu’elle retira délicatement, avant de froncer le nez en grimaçant. « C’est ton médecin qui va faire la tête quand tu le reverras. » se contenta-t-elle de commenter, avant de se lever pour retourner à la salle de bain pour en fouiller les placards – elle était à peu près sûre d’avoir vu… ah, voilà. Une trousse de secours ; bien en deçà de ce dont ils avaient vraiment besoin, mais en attendant une meilleure solution, ce serait mieux que rien, pour limiter les dégâts. De retour dans la pièce principale, elle redressa un des oreillers contre la tête de lit, et lui intima de s’allonger contre. « Serre les dents, ça risque de piquer. » l’avertit-elle, en étant sûre que c’était totalement superflu. Et, dès que Cain fut allongé à peu près confortablement, elle prit place à son tour, en tailleur à côté de lui, coton dans une main et désinfectant dans l’autre – avec une petite pensée presque amusée pour Jason, et cet étonnant échange des places. Jinny tressaillit, en même temps que Cain, dont la peau à vif et les muscles protestèrent d’une vive contraction au moment où elle appliqua le désinfectant ; et il attendit un instant, avant de reprendre sa tâche, plus prudemment. Allez. C’était qu’un mauvais moment à passer. « Pour tes antibiotiques, on n’arrivera jamais à en trouver sans prescription. Si tu ne veux pas d’hôpital ni de médecin normal, j’en connais un autre. D’habitude il traite plutôt les superhéros, mais je sais qu’il est du côté de Metropolis en ce moment, et qu’il ne laisserait pas un blessé à son sort sans réagir. » Enfin, elle espérait. Qui sait, le brave Doctor Mid-Nite serait peut-être même ravi de traiter une blessure ‘ordinaire’, pour une fois. Le silence reprit ses droits, alors qu’elle s’appliquait à sa tâche, en essayant d’ignorer le fait que c’était elle qui la lui avait infligée, cette blessure qui criait maintenant à l’agonie. Et dans ce silence moins inconfortable qu’elle ne l’aurait cru, elle le sentit à nouveau, ce fil d’une âme à l’autre, qui cherchait à se resserrer un petit peu plus, étonnamment, sans brusquerie, cette fois : plutôt que de brutales visions et douleurs fantômes, le silence laissait la place à de nouvelles impressions, de nouvelles bribes de souvenirs, que cette fois, elle ne chercha pas à combattre. La confusion, la panique, la désorientation qui suivait un réveil douloureux. L’incompréhension, et la déception, palpable de tous les côtés – décevoir quelqu’un, être déçu soi-même, tout à la fois. La solitude, terrible, assommante, de celui qui se sait tout à fait isolé dans une bulle increvable. Jinny comprit alors que ces dernières semaines n’avaient pas été plus faciles pour Cain qu’elles ne l’avaient été pour elle. Ironiquement, elles avaient peut-être même été plus douloureuses encore. Brièvement, Jinny releva les yeux de la blessure pour sonder le visage de Cain. Oh non, il n’avait vraiment pas triomphé, son assassin raté. A vrai dire, c’était bien la première fois qu’elle voyait quelqu’un qui avait cherché à lui tirer dessus, afficher une mine aussi fatiguée, et aussi triste. Elle le plaignait. Vraiment. Sans savoir pourquoi, sans savoir comment, sans saisir aucun des détails, c’était comme ça, c’est tout. Une fois le plus gros des dégâts nettoyés, Jinny attrapa son téléphone, et composa le numéro de Mid-Nite, avant de le mettre sur hauts-parleurs. Et, pendant que le téléphone sonnait et qu’ils attendaient d’être mis en liaison avec le téléphone crypté du brave docteur, Jinny reprit son travail d’aide-soignante avec une nouvelle compresse. « Alors ? Qu’est-ce que t’es devenu toi, depuis Gotham ? » demanda-t-elle, avant de baisser à nouveau les yeux sur ce qu’elle faisait. « T’as pu… t’as pu sortir rapidement de l’hôpital ? Retourner auprès des tiens ? » Et en plus, c’était dit sans rancune. Enfin, sans rancune contre lui, en tout cas.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyJeu 30 Juil - 22:08


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Elle ne pose aucune question sur le pourquoi du comment tu en sais autant sur son passé, Jinny, sans doute résignée par ce manteau de chasseur sournois que tu as longtemps arboré. Et comme d'habitude, comme à chaque fois que tu repenses à tout ce que tu as fait pour en arriver à cette soirée sur les docks, tu te sens terriblement honteux. Peut-être même est-ce là une façon pour toi de confesser tes fautes. Tu lui avoues à demi-mots que tu en sais plus sur elle qu'elle n'aurait pu l'imaginer, et ainsi, tu espères obtenir son pardon. Tellement de conneries que tu regrettes, et il ne suffira pas d'une visite au confessionnal pour les absoudre. Non, tu vas porter ta croix aussi longtemps qu'il le faudra, qu'importe si cela prend des années ou des décennies. Certains doivent soulever le monde, d'autres rouler une pierre jusqu'en haut d'une montagne, toi c'est d'affronter le regard de ta victime à moitié bourreau, en songeant à tout ce que vous aviez et que vous n'avez désormais plus par ta faute. Il ne s'agit pas de flagellation, il s'agit de justice. Cette souffrance qui gangrène ton cœur est amplement méritée, et tu l'acceptes sans rechigner, bien trop conscient que cette fois-ci, tu as été beaucoup trop loin. L’égoïste a atteint ses limites, qui l'aurait cru ? Certainement pas tes parents, qui eux auraient voulu que tu les franchisses sans te retourner, pour courir dans un pré parsemé de cadavres abandonnés par votre famille, à la fois prédateurs et vautours impitoyables. « Et t'en as beaucoup des types bizarres qui s'évanouissent dans ta chambre ? » Non parce que sinon, ça rend son talent un peu obsolète, et c'est ce que tu essayes de lui faire comprendre dans une tentative d'humour un peu piteuse. Tu fais ce que tu peux, hein, t'as la fièvre qui te secoue violemment les idées. D'ailleurs fébrile, c'est avec l'aide de Jinny que tu marches doucement vers le lit, toujours un peu perturbé par ce contexte vraiment très particulier. Tu lui as fait du mal, elle t'a fait du mal, mais ce qui est né entre vous reste assez fort pour persister et aller au-delà de tout ça. Et honnêtement, là tout de suite, tu lui confierais ta vie sans hésiter. T'as senti son trouble quand elle a compris que tu refusais de te rendre à l'hôpital pour la protéger, et finalement, c'est exactement ainsi que tu définirais votre relation : troublante. Elle l'a toujours été et d'autant plus aujourd'hui, alors que ton ennemie jurée retire ton bandage avec précaution pour t'aider à nettoyer la plaie dont elle est à l'origine. C'est drôle, pour n'importe quel spectateur extérieur tout ceci n'aurait aucun sens, mais pour toi, précisément, ça en a beaucoup. C'est bizarre, oui, mais c'est aussi... évident.

Redressé contre les coussins, tu joues les patients dociles en serrant les dents quand elle te le demande. Ça va aller, c'est qu'une petite... oh bordel, ça pique vraiment beaucoup. Mais en homme courageux – ou trop fier –  tu refuses de manifester ouvertement la douleur. Fiévreux mais toujours dicté par ton ego, c'est que tu vas pas si mal, finalement. Peau à vif et malmenée par le désinfectant, l'instant est long mais nécessaire. Et même si tu n'oses encore rien dire, trop concentré à essayer de ne pas t'agiter sous les assauts terribles de sa compresse, tu lui es réellement reconnaissant de faire tout ça pour toi. Alors qu'elle y était tout sauf obligée. Et qu'elle aurait même pu te foutre dehors un coup de pied au derrière, sous l'oeil satisfait de son chien de garde. Mais non. Elle continue même sur sa lancée et te propose maintenant l'aide d'un médecin spécialisé dans les cas super-héroïques. « S'il est d'accord pour venir filer un petit coup de main, je suis pas contre. » Parce que c'est épuisant de suer à grosses gouttes, d'avoir les mains tremblantes et d'être réduit à un assisté incapable de se soigner tout seul. Sans même parler du fait d'être probablement encore à deux doigts de crever. Nettoyer la plaie c'est un bon début pour minimiser la catastrophe, mais sans antibiotique pour combattre la potentielle infection, ton état risque d'empirer rapidement. Et c'est une perspective qui t'angoisse un peu, c'est vrai, en plus de refuser catégoriquement d'infliger ça à Jinny trop longtemps. Alors si elle connait un ami médecin habitué des blessures de guerre, t'es plus qu'enclin à le laisser t'aider. « Tu commences à connaître du beau monde, c'est l'avantage de trainer avec la Young Justice, j'imagine. » Cette fois, tu n'as aucune honte à lui parler de ce détail de sa vie puisque des articles paraissent régulièrement sur la jeune équipe. Aucun secret déterré à coup de pioche dans son jardin privé. C'est d'ailleurs ironiquement grâce à l'un de ses articles que tu es parvenu à remonter jusqu'à elle. Un instant silencieux, tu relèves finalement le regard vers ton infirmière pour croiser le sien. Est-ce que tout est aussi étrange pour toi que ça l'est pour elle ? La dispute de tout à l'heure te semble déjà très loin, pourtant, paradoxalement, la souffrance qui en a découlé est encore bien présente dans le creux de ta poitrine. T'as le cœur lourd, en berne, et t'arrives pas à oublier les mots qui sont sortis de sa bouche, semblables à du venin mortel. Elle a tous les droits d'être en colère, Jinny, mais sa colère devient source de maux bien plus profonds que la plaie à ton abdomen.

Pris de court par son intérêt soudain pour tes jours passés depuis votre duel, tu restes un instant interdit, accroché à ses yeux noisettes sans savoir quoi lui dire. Ou peut-être que c'est parce que tu ignores ce que t'aimerais lui dire. Rester vague ou jouer la carte de la sincérité ? Tu connais la réputation des Turnbull dans le clan Hex, et nul doute que Jinny a elle aussi sa propre opinion sur votre famille. Une opinion, qui, tu le sais, n'est pas complètement proche de la vérité. Il lui manque une vision de recul nécessaire pour comprendre l'ensemble du tableau. Une toile loin d'être harmonieuse. « Pas grand chose. Je, euh, je suis resté seul dans mon coin. » D'un sourire un peu triste aux coins des lèvres, tu ne parviens pas à mettre les bons mots sur ce qui s'est passé à ton réveil, encore trop secoué par la froideur de tes parents après ton échec. Si t'es resté seul, c'est pas par choix, c'est par abandon et obligation. « Je suis pas retourné auprès d'eux. Je crois qu'ils m'en veulent d'avoir échoué, en fait. » Ce qui n'est pas du tout ton cas, et tu penses ne pas avoir besoin de lui dire pour qu'elle le comprenne d'elle-même. T'as été sincère quand tu lui as avoué ne jamais avoir voulu en arriver là, mais peut-être en avait-elle pas réellement conscience jusqu'à maintenant. Ils ne t'ont pas mis le couteau sous la gorge, mais ils ne t'ont pas laissé le choix non plus. Tu t'es emprisonné dans un sens du devoir exacerbé pendant des années, et maintenant que tu parviens à voir les barreaux de ta propre prison, t'as plus qu'une seule envie, pouvoir t'y échapper. Même si le prix de l'évasion est très lourd à payer. C'est pour eux que t'as créé ton entreprise, pour eux que t'as tout fait pour arriver au sommet, pour eux que t'étais prêt à prendre la vie d'une innocente. Et qu'est-ce qu'il te reste désormais ? Qu'est-ce que tu as obtenu d'eux en échange de ce dévouement absolu et insensé ? Rien, si ce n'est une solitude douloureuse dans une chambre d'hôpital. « Par contre, j'ai croisé Seraphine Magpie, il me semble que vous vous connaissez toutes les deux. » Tu ne saurais dire si Sera lui a confié son véritable nom lors de leur rencontre, mais Jinny comprendra sûrement de qui tu veux parler. Après tout, il n'existe qu'une seule connaissance en commun à l'origine de la débandade qui a suivi. « Je suis désolé que tu l'aies appris de cette façon. Vraiment. J'aurais aimé le faire de moi-même, mais j'ai beaucoup trop tardé. » Pour ce que ça vaut aujourd'hui. T'as l'impression de passer ton temps à t'excuser depuis tout à l'heure, et pourtant, ce ne sera sans doute jamais assez. « Et toi ? Comment tu vas ? » Tu t'autorises à lui retourner la question en attendant que le médecin décroche. De prime abord elle a l'air plutôt en forme, la cowgirl. En tout cas, elle est en moins piteux état que toi sur le plan physique. Pour le reste, en revanche, l'invisible, tu sais qu'elle est tout aussi abimée. Tu l'as ressentie sa profonde tristesse, sa profonde déception. Elles sont présentes dans un coin de ton être depuis des jours, et elles sont sans doute aussi à l'origine du débordement explosif qui a fait trembler les murs – et ton corps. « Il a pas l'air de beaucoup m'aimer ton copain à quatre pattes. » L’abcès n'a pas encore été crevé, mais tu fais de ton mieux pour au moins le faire dégonfler. Est-ce qu'elle a trouvé la force de se confier à quelqu'un sur votre étrange et compliquée relation, ou est-ce que son nouveau compagnon a été son seul soutien pendant toute la durée de l'épreuve difficile de la séparation ? Tu sais qu'elle aime vagabonder seule, Jinny, mais pour cette fois au moins, t'espères sincèrement qu'elle aura su trouver un bras sur laquelle se raccrocher. Toi t'es tombé, et voilà dans quel état tu es.
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyJeu 6 Aoû - 23:47


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Le calme est revenu dans la chambre du motel – plus de chien qui aboie, plus d’ennemis ancestraux et amis déçus qui se hurlent dessus, et, pour le moment, aucune sirène de police alertée par des voisins inquiets de ce qui pouvait bien se passer dans cette chambre. Sawyer restait remarquablement sage, allongé par terre sans pour autant lâcher des yeux sa nouvelle maîtresse et l’intrus qui l’avait mise dans tous ses états, Cain ne pouvait plus s’effondrer par terre, et Jinny avait cessé de montrer les crocs pour se concentrer sur sa tâche. Le silence, pourtant, n’avait pas grand-chose de paisible, et encore moins d’apaisé. Elles sont toujours là, les plaies grandes ouvertes, à vif, et il régnait dans l’air une fébrilité qui témoignait de la fragilité de cette paix forcée, et de l’intensité de a tornade qui venait de les balayer. Elle avait beau garder les yeux sur la blessure de Cain, Jinny, elle ne pouvait s’empêcher de rester aux aguets, prête à bondir au moindre signe de danger, son corps en désaccord complet avec sa tête qui lui sermonnait et l’enjoignait à garder son calme, et qu’elle n’avait plus rien à craindre. Un décalage qui, elle le savait bien, finirait par disparaître avec le temps. Si tout allait bien. Alors, pour s’encourager, elle se concentra sur le récit de Cain. Triste, le récit. Brièvement, elle releva les yeux sur lui, plus prudemment attentive à ces relents de solitude et de regrets avec lesquels Cain la contaminait malgré lui. Est-ce que c’était ridicule, de plaindre son bourreau, ou celui qui avait essayé de l’être ? C’aurait été n’importe qui d’autre, peut-être – mais quand on avait accès aussi librement aux ressentis de l’autre, c’était une autre paire de manches. Parce qu’elle avait senti, confusément, cette terreur sourde et cette désillusion amère que tout ce fiasco avait laissé dans son passage. Parce qu’elle comprenait, avec ces quelques explications, que ce qu’elle avait vu, ces images floues et déformées, n’étaient pas celles de quelqu’un qui retourne au bercail, mais peut-être de quelqu’un qui retourne chez d’autres bourreaux. Elle avait beau ne toujours rien comprendre à la dynamique de la famille Turnbull, entité étrangère et indéfinie, elle avait bien compris quelque chose – si Cain avait été leur main armée, s’il avait un jour été convaincu de la nécessité de l’éliminer, ce soir-là, sur les docks, ça n’avait pas été le cas. Ni aujourd’hui. Ce qui retournait le couteau dans sa poitrine (dans ce cas, pourquoi avoir tiré, Cain ?), mais aussi, apposait un peu de mercurochrome sur la plaie de la trahison. « Désolée pour toi. » se contenta-t-elle de répondre. Prudente, mesurée, neutre. Mais pas moqueuse, ni narquoise, ni amère. Visiblement, il avait une mission, il avait échoué, et son échec lui avait coûté cher. Et c’était moche. C’aurait été facile de ne pas le plaindre, s’il n’avait été qu’un assassin amateur lancé à sa poursuite pour le bonheur de l’adrénaline, sans le moindre remord, sans l’ombre d’une conscience. Mais avec Cain, c’était plus compliqué, elle le voyait bien, maintenant. Elle ne voyait pas clairement, elle ne voyait pas le détail, mais elle comprenait bien que tout n’était pas si aussi blanc et noir qu’elle l’aurait peut-être voulu au début, parce que ça lui aurait facilité la tâche, pour se détacher de tout ça. Alors c’était moche. Personne ne méritait de traverser ce qu’ils avaient traversé, et de se voir abandonné par ceux-là même qui auraient dû l’aider à s’en relever.

Si le nom de Seraphine Magpie ne lui disait rien, ses quelques explications suffirent à éclairer sa lanterne – voilà donc le véritable nom de l’énigmatique Mrs Whisperer, donc. Ce rappel de leur entrevue fatidique, et des révélations fracassantes qui en avaient découlées, arracha à Jinny un sourire, lui, un chouïa teinté d’amertume. Parce que ça, oui, ça faisait encore mal. La réalisation brutale, cette impression de dégringoler d’un immeuble de dix étages, de se prendre un camion en pleine face, le souffle coupé et la poitrine écrasée. Mais une fois de plus, il était sincère, Cain, dans ses excuses. Et Jinny avait beau avoir la rancune tenace, elle trouvait tout de même très difficile de lui en vouloir maintenant comme elle lui en avait voulu alors. Ca n’effaçait rien, évidemment. Mais ça aidait. Un peu. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise. Le mal est fait, c’est tout. » rétorqua-t-elle en haussant les épaules – avant d’ajouter, très sérieuse : « J’espère que tu la traites mieux que moi, cette Seraphine. Parce qu’elle, j’ai eu beau lui dire ce que tu avais comploté, elle n’a pas arrêté une seconde de te défendre. Elle n’en a pas démordu une seule seconde. C’est précieux, une amie aussi loyale. » Et elle, qui était-elle pour juger, maintenant qu’elle avait le recul nécessaire. Déni ou pas, elle ne pouvait pas décemment en vouloir à Mrs Whisperer – Seraphine – de défendre un vieil ami bec et ongles face aux déclarations inattendues d’une parfaite inconnue. Peut-être même qu’il y avait quelque chose d’admirable, là-dedans. Water under the bridge, comme disait l’expression. Et elle ? Pauvre Cain, qui donnait la distincte impression de marcher sur des œufs – sans doute à raison. Un sourire amusé vint ourler ses lèvres, et elle jeta un regard affectueux au copain à quatre pattes qui redressa les oreilles, l’air de bien comprendre qu’on parlait de lui. « Rien de personnel, si ça peut te consoler. C’est un bouvier australien. C’est dans sa nature d’être un peu trop protecteur avec son maître, et un peu agressif avec les autres. Et un vrai pot de colle. » Voilà, un peu d’humour, un peu de pédagogie canine pour banaliser le dialogue, dédramatiser une situation pourtant très dramatique. Ils faisaient ce qu’ils pouvaient, comme ils le pouvaient, avec les moyens du bord, qui n’étaient franchement pas glorieux. Qu’il était difficile, d’avancer dans ce no man’s land, après s’être si bien canardés, en espérant ne marcher sur aucune mine anti-personnel qui aurait été oubliée là, et en espérant que personne n’abaisse son étendard blanc pour le remplacer par de nouvelles balles.

« Moi, on fait aller. » répondit-elle enfin, parce qu’elle avait voulu prendre le temps de réfléchir à sa réponse, pas éviter la question – et si les texans savaient bien faire une chose, c’était prendre leur temps, pour que chaque mot compte. En tout cas, chez les Hex, c’était comme ça. « Quand j’ai vu les secours arriver et que tu as été entre de bonnes mains, j’ai détalé. J’avais pas de trousse de secours avec moi, impossible d’aller à la pharmacie ou à l’hôpital sans éveiller les soupçons, alors je me suis réfugiée chez un ami. » Ami qu’il fallait vraiment qu’elle invite manger un burger un de ces jours pour le remercier. Prochainement. Dès qu’elle toucherait un peu moins le fond, s’était-elle promis. « Je lui ai raconté ce qu’il s’était passé, il m’a rafistolée, et, hum… si j’étais toi, j’éviterais Gotham quelques temps. » Certes, c’aurait pu être drôle – et une petite revanche – d’annoncer à Cain qu’il était sur la liste noire de Red Hood, maiiiiis il avait l’air d’en avoir assez bavé comme ça, alors elle se contenta de hausser les épaules d’un air vaguement désolé. « Je crois que j’ai eu plus de chance que toi de ce côté-là. » D’avoir quelqu’un pour la recueillir, la ramasser à la petite cuillère, s’assurer qu’elle tenait à peu près debout sur ses deux jambes avant de la relâcher dans la nature. L’ange gardien bourru et bienveillant auquel Cain, apparemment, n’avait pas eu droit.

La blessure de Cain avait toujours une sale tête, mais nettement moins sale quand même qu’avant qu’elle ne s’y attaque, alors Jinny estima qu’elle ne pouvait plus faire grand-chose à ce stade, et qu’il n’y avait plus qu’à attendre que Mid-Nite ne décroche. Et, en contemplant songeusement son œuvre, le regard de la cowgirl tomba sur un autre détail qui avait jusque-là échappé à son attention entièrement focalisée sur sa mission. Une autre cicatrice, sur l’abdomen de sa victime. Pas du tout de la même nature, et bien plus vieille, ça sautait aux yeux – et pas non plus une cicatrice de chirurgie, elle avait assez d’expérience pour reconnaître une sale blessure quand elle en voyait une, même sans balle associée. Elle fronça légèrement les sourcils et ouvrit la bouche pour interroger Cain, mais à ce moment-là, la sonnerie du téléphone s’interrompit pour laisser la place à la voix grave et parfaitement articulée de Doctor Mid-Nite. « Mademoiselle Hex. En quoi puis-je vous être utile ? » Aussitôt, Jinny ramassa son téléphone sur les draps. « Doctor Mid-Nite, désolée de vous déranger aussi tard. J’ai un gros service à vous demander… » Et, rapidement, sans s’aventurer dans les détails du pourquoi et du comment, Jinny exposa la situation au brave docteur – une blessure par balle vieille de quelques semaines, des antibiotiques pas pris, une poussée de fièvre, laissant le soin à Cain d’intervenir pour combler les trous de son ignorance à chaque fois que Mid-Nite posait une question plus pointue sur son état et son traitement. Et surtout, elle sentit ses épaules s’alléger, alors que la conversation se terminait sans qu’il ne pose la moindre question quant au fait qu’ils n’aillent pas à l’hôpital. Sa réputation n’était pas usurpée – un docteur, un soignant, bien avant d’être un enquêteur ou un justicier. « Je serai à votre porte dans une dizaine de minutes. Continuez de vous hydrater, jeune homme, et rappelez-moi s’il y a le moindre changement avant mon arrivée. » « Merci, doc. » conclut Jinny, soulagée et reconnaissante, avant de raccrocher, et de laisser retomber téléphone et bras sur le lit en soupirant. Puis elle releva les yeux sur Cain. « La cavalerie arrive. En attendant, t’as entendu la voix de la sagesse. » commenta-t-elle, pour se relever et partir vers la salle de bain, avant d’en revenir avec un verre d’eau, et une serviette imbibée. Ils pourraient bientôt résoudre le problème des antibiotiques – le tout était de garder la poussée de fièvre sous contrôle en attendant le docteur. Après avoir tendu le verre à son patient, elle se rassit à ses côtés, et profita de sa mission d’infirmière pour, tout en pressant le tissu trempé contre son front, désigner son autre blessure d’un mouvement du menton. « Celle-là, je suis presque sûre qu’elle vient pas de moi. » commenta-t-elle. « Sur les docks, tu m’as demandé de me souvenir aussi des bons moments. Alors c’est ce que j’essaye de faire. Et à Metropolis, et à New Orleans, j’ai toujours eu l’impression que t’étais un peu un casse-cou qui n’a peur de rien. Un aventurier un peu téméraire. » Que du positif, évidemment, dans la bouche de la dernière des Hex. Peut-être un peu dans une tentative maladroite de rattraper tout ce qu’elle lui avait craché au visage quelques minutes plus tôt à peine. Peut-être pour souligner l’alternative. Peut-être parce que, à se tenir aussi près de cet ami perdu, elle ne pouvait s’empêcher, en détaillant ses traits épuisés, de se souvenir du compagnon d’aventure, plutôt que de l’ennemi mortel. Un portrait qui cherchait à écraser l’autre, comme si l’un des deux était un intrus dans l’équation. « Je peux te demander comment tu t’es fait ça ? » interrogea-t-elle, avant de plisser les yeux, comme en proie à une réflexion soudaine. « Enfin, sauf si c’est un truc bête, du genre ‘je me suis coupé avec mon rasoir’. Ca casserait un peu ton image, on va pas se mentir. » Et là, tout de suite, elle aimerait bien découvrir ce qu’il y avait de vraiment vrai, dans tout ce qu’elle avait cru savoir de lui.


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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyDim 16 Aoû - 11:58


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Est-ce que tu traites mieux Seraphine ? T'aurais aimé pouvoir lui dire oui, mais la vérité c'est que t'es loin d'en être certain. Si la distance s'est imposée naturellement entre vous, à coups d'avancée chacun sur votre propre chemin, tu sais qu'il s'agit surtout là d'une piètre excuse. Il t'aurais suffit de prendre ton téléphone pour la contacter, pendant ces années d'absence à essayer de construire quelque chose qui n'en valait finalement peut-être même pas la peine. T'as fait des choix qui t'ont poussé à t'éloigner de ceux pour qui tu comptais vraiment, pour essayer vainement de te rapprocher de ceux qui n'ont vu en toi qu'un soldat. Sacrifiable, en plus. Quand la haine a pris le dessus sur l'amour. Quand le sens du mot famille s'est transformé en la pire chose qui soit. La mort de individu, la suprématie du groupe. Et pour quoi ? Pour se venger d'une fille qui n'a jamais pris part à une quelconque guerre contre vous ? Quel ramassis d'absurdités. Et non, vraiment, tu n'as pas traité Seraphine comme tu l'aurais dû. Mais heureusement, contrairement à Tessa ou à ton frère, pour elle il n'est pas encore trop tard. T'as encore une chance de rattraper tes erreurs. Ça en fait d'ailleurs beaucoup des conneries à réparer. Et sans vouloir basculer dans l'auto-flagellation, t'as honnêtement du mal à comprendre pourquoi Sera comme Jinny restent à tes côtés malgré le mal que tu leur as fait. Est-ce que t'es à point chanceux ? Ou est-ce qu'elles sont à ce point enclines à t'offrir une rédemption ? Tu ne réponds pas à sa question à la cowgirl, ce qui est une réponse en soit, préférant te concentrer sur son chien et sur ses quelques jours depuis votre duel dévastateur. « Oh, ma tête est mise à prix à Gotham ? » Voilà qui fort embêtant, toi qui comptais justement t'y rendre plus régulièrement pour passer du temps avec Seraphine. C'est une plaisanterie ou elle est vraiment sérieuse ? Dans l'incertitude, tu préfères prendre l'avertissement au sérieux, nul doute que son impressionnant carnet d'adresses contienne quelques noms que tu préférerais éviter de croiser. Et face à tout ça, honnêtement, tu ne sais pas quoi lui dire. Oui, encore. C'est pas une question de fièvre qui brouille tes pensées – pas que en tout cas –  mais en étant le responsable de tout ce qu'elle a été obligée de traverser dernièrement, difficile de ne pas te sentir complètement stupide et honteux. Des mots que tu estimerais déplacés dans une telle circonstance. T'es à la fois désolé de l'avoir plongé dans un tel bordel et reconnaissant qu'elle ait appelé les secours après son départ, mais de là à lui dire ? De là à te lancer dans un discours sincère mais bancal ? T'es pas certain d'en avoir le droit. « Tant mieux. » Voilà qui est bref et concis, mais tu ne te sens pas le courage de plus t'épancher. Peut-être parviendra t-elle à lire entre les lignes de ta pudeur et de ton malaise, sinon tant pis. Qu'il est difficile de converser avec sa pire ennemie. D'autant plus quand l'on ne parvient pas à la considérer comme tel.

Quand le docteur mystérieux finit par décrocher, tu écoutes les mots qui s'échangent entre lui et Jinny, tout en apportant tes propres attributions quant à ton état de santé. Très professionnel, il n'émet aucune jugement, et aucune trace d'agacement ne se fait ressentir dans le son de sa voix quand tu lui confies n'avoir pas suivi à la lettre les recommandations de ton médecin. Sans doute estime t-il que ta fièvre actuelle est déjà une punition suffisante pour avoir été aussi négligeant. Ou peut-être est-il véritablement aussi altruiste et prévenant qu'il en a l'air au téléphone. En tout cas, tu prends note de ses conseils, et après l'avoir grandement remercié, la conversation prend fin, vous laissant à nouveau seuls avec vous-mêmes. Quelques gorgées d'eau ingurgitées, une serviette sur le front, et une cicatrice datée d'il y a plusieurs années pour reprendre la discussion. C'est presque comme avant, quand devant votre tacos vous vous intéressiez l'un à l'autre avec un réel intérêt. Ou à la Nouvelle-Orléans, où il était encore facile de parler de tout et de rien, et surtout de vous, pour encore mieux apprendre à vous connaître. Mais tu ne te laisses pas dupé par les apparences, elle fait ça pour t'aider, pour éviter que ton état dégénère, et certainement pas en gage d'un quelconque pardon. « C'est plutôt flatteur comme portrait, merci. » Touché. Et sincèrement étonné. Après votre dispute très houleuse de tout à l'heure, tu ne t'attendais pas à ce que la suite prenne une telle tournure. Mais ça fait du bien, terriblement de bien, de ne pas voir que le tueur raté dans le reflet de ses iris. Elle n'efface pas tout ce que vous avez vécu ensemble, et elle accepte que tu sois plus que ce qu'elle a vu sur les docks de Gotham. Ce qui est déjà réconfortant. Et peut-être que Sera avait raison, un espoir persiste encore. « Tu te souviens, lors de notre première rencontre, je t'ai brièvement parlé de rodéo, l'une de mes passions. A la base je songeais même à faire carrière dans le milieu, j'étais plutôt doué. » Quelques bribes de ton passé racontés à la va-vite autour d'un café, et qu'aujourd'hui tu peux étoffer un peu plus. Tu ignores pourquoi elle semble s'intéresser à cette cicatrice – ou plus largement à toi – mais c'est une belle occasion de raccrocher les wagons, et tu ne la manqueras pas. « Un jour, j'ai perdu le contrôle du taureau, je suis tombé et il s'est rué sur moi. Je me suis pris sa corne dans l'abdomen, ouvert sur plusieurs centimètres. J'ai eu de la chance. Énormément de chance. Un an à m'en remettre, carrière terminée, une belle cicatrice, mais au moins j'étais en vie. » Le rodéo, c'était ton échappatoire dans cette vie toute tracée. C'était ta chance de pouvoir essayer de te détourner du chemin. Peut-être qu'ils finiraient pas voir que t'avais du talent dans le domaine, et qu'ils cesseraient leur modelage insistant. Mais non. Le sort s'est abattu, et t'es retourné à la case départ. Chef d'entreprise ou rien. Aujourd'hui t'es fier de ce que t'as entrepris, mais ça n'a jamais été ce que tu voulais vraiment.

Après avoir déposé le verre et la serviette sur la table de nuit à côté de toi, tu te redresses un peu, faisant fi de la douleur. Tu vas aller jusqu'au bout de cette histoire. Doucement, et avec la précaution d'un homme pas du tout sûr de son coup, tu attrapes le doigt de Jinny pour venir le poser au bas de ta cicatrice. Chaque contact est électrisant, et il est difficile de contenir cette nouvelle décharge sans l'extérioriser. « C'est là que la corne a tapé. » Tu fais ensuite remonter son doigt le long de la peau abimée par le choc, tout en croisant parfois son regard pour t'assurer de ne pas la mettre trop mal à l'aise. Elle donne la main et toi tu prends tout de suite le bras. T'es comme ça naturellement, mais avec elle, c'est encore pire. Parce qu'il y a cette connexion qui ne s'est pas éteinte malgré les passages très houleux de votre relation. Malgré tout ce qu'il s'est passé, elle demeure intacte, et tout aussi forte qu'à la Nouvelle-Orléans. Comment t'es censé y résister ? Comment t'es censé renoncer à cette puissance qui émane de chacun de vos contacts ? « Et elle est remontée sur plusieurs centimètres. Un tout petit peu plus profondément et j'étais éventré. » Est-ce que tout ceci est un prétexte pour réinstaurer quelque chose entre elle et toi ? Probablement. Mais tu n'en abuses pas trop longuement, conscient de jouer à un jeu dangereux, et tu relâches son doigt sitôt remonté jusqu'en haut de la cicatrice. Voilà pour l'origine de cette première blessure. Et c'est maintenant à ton tour de poser la question. « Je peux voir ? Je peux voir ce que j'ai fait ? » T'en as besoin. T'as besoin de constater les dégâts de tes propres yeux, de voir le mal que tu lui as causé, que ce soit dans le creux de sa poitrine ou dans sa chair. T'as été beaucoup trop brutal. Et tu doutes pouvoir te le pardonner un jour. Il y a un nouveau moment de flottement dans la pièce, sans doute une hésitation, avant qu'elle ne soulève finalement son haut pour te laisser libre de poser ton regard sur sa blessure. La plaie est propre, mais tu distingues aisément les boursouflures laissées par la balle. Sa beau est brûlée, abîmée elle aussi. Ton œuvre. Ta honte. Ta douleur. « Par contre, tu te trompes sur un point, je n'ai pas peur de rien. Tout le monde a peur de quelque chose. » Tu approches ta main vers son flan, assez près pour te heurter à un réflexe de recul justifié. Tu ne t'en offusques pas, bien au contraire, il est totalement compréhensible après avoir levé une arme sur elle. Deuxième tentative. Cette fois tu attends une approbation dans son regard avant de t'y essayer à nouveau. « J'ai peur de ne jamais être à la hauteur. » Pour tout, tout le temps. De ne jamais faire assez. De ne jamais faire assez bien. Ce qui, paradoxalement, te pousse parfois à faire n'importe quoi. Exactement comme avec elle. Tu ne sais pas comment l'approcher, Jinny, tout est à la fois incertain et terriblement évident, de quoi dérouter n'importe qui. Alors cette fois encore, et comme depuis votre rencontre, tu laisses ton instinct prendre les rênes. Maintenant c'est toi qui pose tes doigts sur sa peau, avec délicatesse, avec douceur, presque comme une caresse. Tu redessines les contours de sa blessure, à défaut de pouvoir la faire disparaître, le cœur serré de te savoir responsable. « Et toi, de quoi tu as peur, Jinny Hex ? » Le regard relevé un instant vers elle, tu reportes rapidement à nouveau ton attention sur les traces de ta balle. Le bout de tes doigts comme morphine pour apaiser la douleur. Il y a une chose que tu ne lui dis pas, c'est que maintenant, t'as une autre peur bien ancrée : celle de la perdre.
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyDim 23 Aoû - 0:43


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Elle connaissait bien le rodéo, Jinny, sport largement pratiqué dans sa région du monde aussi, mais, elle l’avouait, elle n’y avait jamais trouvé grand intérêt – n’y voyant, plus jeune et un peu plus dans le jugement, principalement que des garçons désireux de prouver leur valeur en asseyant leur domination sur un pauvre bovin qui n’avait sans doute rien demandé à personne, mais hé, s’était-elle raisonnée depuis ses folles années jeunesse, chacun ses passions. Elle ne doutait pas une seconde que d’autres se moqueraient volontiers de sa passion pour les flingues ou son vieux tacot. Alors elle écouta en silence, se souvenant de ces premières confessions autour de nachos dans un diner puis sur un banc dans un parc. A une époque qui lui paraissait tellement lointaine, maintenant, que c’en était presque une autre vie. Une époque plus simple, où elle et lui n’étaient que des étrangers sympathisant au détour d’une rencontre hasardeuse. Une pointe de regret se faufila dans son abdomen à elle, et elle n’aurait pas su dire à quoi elle la devait : les souvenirs nostalgiques de leur rencontre, ou les regrets de Cain et de la vie qu’il aurait pu avoir. S’il n’avait pas perdu le contrôle. S’il n’était pas passé à deux doigts de la mort, déjà à l’époque. S’il avait fait d’autres choix. S’il avait pu avoir la sensation d’en avoir un, de choix. Curieux concept, souvent trompeur, et qui résonna plus fort encore dans sa tête, à l’instant où la main de Cain s’empara de la sienne, aussi prudemment que s’il craignait qu’elle ne plante ses griffes dans son bras. Sans doute avait-il raison de se méfier. Ou d’avoir peur. Elle non plus, elle ne parvenait pas à baisser la garde, mais elle savait que si quelque chose dégénérait, vu son état, c’était elle qui aurait le dessus, alors elle se laissa faire, s’accrochant à ce semblant de raisonnement calculé pour se distraire de la sensation électrisante qui remonta aussitôt le long de son bras. Comme à la Nouvelle-Orléans. Et si encore il n’y avait que ça. Mais qu’est-ce qu’elle était censée faire, quand, alors qu’il lui faisait effleurer les contours de sa cicatrice, leurs deux mains ne semblaient plus en être qu’une ? Alors que lui parvenaient, à travers le voile à la texture d’un rêve éveillé, des flashs de souvenirs qui ne lui appartenaient pas, de cette chute fatidique, de cet instant où l’adrénaline a laissé place à la pure terreur, puis celui où les aspirations d’un jeune rider ont été fracassées par le pronostic pessimiste des médecins ? Elle aurait pu y mettre toute l’énergie du monde, elle savait que rien n’aurait pu empêcher cette empathie forcée de se glisser sous sa peau ; et le pire, c’était qu’elle avait parfaitement conscience que Cain essayait, maladroitement, mais sans malice, d’en profiter. Foutue wifi. « T’as donc l’habitude de l’échapper belle. » commenta-t-elle, autant par sincère observation, que pour meubler ce silence bien trop confortable, alors qu’il aurait dû être tout le contraire. Et pour tenter, vainement, de repousser ce trouble électrisant qui lui retournait la tête sitôt qu’ils avaient le malheur de provoquer délibérément cette connexion qui s’était imposée à eux. Un trouble qu’elle n’avait même pas besoin de le regarder pour savoir qu’il était réciproque.

Sa main retomba sur le lit, et soudain, c’était sur elle qu’il braquait les projecteurs. Sa cicatrice à elle, son œuvre mortifère, la balle qui aurait dû être fatale mais n’avait pas pu l’être. Jinny releva les yeux sur Cain, sondant son regard sans merci, parce que finalement, c’était un peu un test de la dernière chance, ça aussi. Pourquoi exactement elle avait l’impression de marcher sur un fil, elle n’en savait rien – ou plutôt, si. Parce que s’il s’agissait encore d’une supercherie, s’il y avait encore un coup tordu tapi dans l’ombre, là, vraiment, tout ce que Cain lui demandait, cette attention à leurs souvenirs communs, ses efforts pour s’accrocher à ce qu’ils avaient quand même eu de beau, tout ça tomberait à l’eau et coulerait définitivement dans un puits sans fond. Mais non ; dans les yeux de Cain, elle ne voyait rien d’autre que de la fatigue, et des regrets. Sincères. Alors, prudemment, Jinny souleva son t-shirt, juste assez pour révéler la cicatrice, en bien meilleur état depuis sa visite à Jason, mais toujours bien visible et présente. Voilà. Blessures de guerre, blessures de leur guerre, blessures d’une guerre qu’on leur avait imposée et dont ils ne savaient plus quoi faire. La main de Cain s’approcha, et par réflexe, Jinny se raidit, dans un mouvement de recul viscéral alors que son sang ne faisait qu’un tour… sans aucune raison. Parce qu’il ne lui voulait plus de mal, Cain. A l’exercice périlleux de la haine et de la violence, il avait échoué. Pour ça, il n’avait pas été à la hauteur, et ses parents, apparemment, lui en avaient fait payer le prix. Pour ça, peut-être, par sympathie, et parce qu’elle en avait marre de lutter, qu’elle finit par acquiescer, silencieusement, à sa demande muette. Et à nouveau, le temps se suspendit, en même temps que son souffle, à l’instant où elle sentit le contact de ses doigts sur sa peau abîmée. Electrifiant, vertigineux, un trou noir qui les tirait tous les deux à lui sans aucun mur auquel se raccrocher pour éviter la dégringolade. De quoi elle avait peur, lui demandait-il ? De ça, songea-t-elle, se forçant à se concentrer sur le bruit de la pluie qui commençait tout juste à tomber au dehors, pour ne pas se laisser happer par le curieux, incompréhensible, et franchement déplacé sentiment de réconfort que ce simple geste n’aurait pas dû éliciter, mais élicitait quand même. De cette maudite wifi qui les gardait tous les deux chevillés au corps, et l’un à l’autre. De ce qu’ils allaient devoir faire, maintenant que la guerre s’était soldée par un status quo qui n’avait satisfait aucun parti. De ce qu’ils cherchaient à provoquer, là, maintenant, en baissant les armes et en les déposant, parce que quelque chose en eux, entre eux, leur criait de le faire, alors que le poids de l’Histoire pesait si lourd sur leurs épaules.

Mais ça, elle s’abstint bien de le lui dire, à Cain, alors elle réfléchit à ses autres peurs, celles plus avouables, celles qu’elle comprenait elle-même. « Des méduses. De ma prof d’anglais de quand j’étais en cinquième. Des fantômes. » Oui, maintenant qu’ils n’étaient plus à la Nouvelle-Orléans, elle pouvait bien l’avouer. Le surnaturel, tout ça, ça lui flanquait franchement les miquettes – et elle bossait tous les jours avec des aliens et bizarreries en tout genre ! « Des châteaux qui sont en fait des monstres géants. » Histoire vraie, celle-là. Une de ses premières – et plus mémorables – missions avec la Young Justice ; et une histoire pour un autre jour, sans doute. « Des super-aliens venus d’autres galaxies envahir notre Terre et qui peuvent nous téléporter sur d’autres planètes. » Et oui. A quoi ça servait de le nier, elle avait beau frayer avec la Young Justice, Brainiac et son arrivée imminente, et ce qu’il avait le pouvoir de leur faire, à tous, ça lui faisait peur. Peut-être même encore plus que Darkseid et ses para-trucs, sur lesquels, au moins, elle pouvait aisément tirer, mais une super-intelligence inter-dimensionnelle, c’était une autre paire de manches. « … et je t’ai déjà parlé de mon ex. Tu peux facilement deviner de quoi d’autre j’ai peur. » S’il avait autant de jugeote qu’elle le pensait. La tromperie. La trahison. Et son regard croisa à nouveau celui de Cain, avant de glisser vers sa blessure, à moitié cachée sous son toucher. Dommage, hein. Celle-là, il avait tapé en plein dans le mille. Si tout le monde avait une blessure fondamentale, un peu inébranlable ancrée en soi au même titre que son ADN, alors pour Jinny, c’était celle-là : réaliser que ces gens qu’elle avait pris pour acquis, en qui elle avait placé sa confiance, devant lesquels elle acceptait de baisser la garde, ne déchirent un jour un masque dont elle n’avait pas eu conscience et lui plantent un couteau dans le dos, et dans le cœur. Au moins, ils pouvaient se consoler avec ça : plus de raison d’avoir peur, puisque le mal était déjà fait. Sauf, évidemment, si elle était assez inconsciente pour lui accorder une seconde chance. Si tant est qu’il en demandait une. La mine grave, Jinny regarda à nouveau Cain. Ca faisait toujours mal, de le regarder. Ca faisait mal, et en même temps, elle fonctionnait, sa tentative d’anesthésie. A peau contre peau, et à âme contre âme, inexplicable, incompréhensible – et terriblement irrésistible. Le temps qui ralentit. Le temps qui trébuche, en même temps que son cœur dans sa poitrine. Et Jinny d’ouvrir la bouche, sans savoir ce qu’elle avait au bord des lèvres.

Et trois coups secs frappés à la porte de l’interrompre en plein élan et de briser cette bulle étourdissante. Elle était rude, la redescente sur la terre ferme, mais radicale. Un peu précipitamment, Jinny bondit sur ses deux pieds, rabaissant maladroitement son haut en s’éclaircissant la gorge. Bon sang de bois, Jinny, tu fais quoi, là, exactement, se morigéna-t-elle en adressant un dernier regard, incertain, au blessé étendu sur son lit. Wokay. « Je, euh. Porte. » De mieux en mieux, Jinny. Battant courageusement en retraite, Jinny se hâta d’aller jusqu’à la porte de sa chambre, d’entrouvrir le battant pour vérifier l’identité du nouveau venu, avant de l’ouvrir tout à fait, cédant le passage à la haute silhouette de Dr Mid-Nite ; drapé dans sa cape noire, son sigle en croissant de lune fièrement arboré sur sa poitrine, ses yeux aveugles invisibles derrière ses lunettes opaques. « Bonsoir, Jinny. Comment se porte notre patient ? » D’un geste un peu vague de la main, Jinny désigna Cain à son visiteur. « En vie. Mid-Nite, Cain Turnbull. Cain, Dr Mid-Nite. » Jinny sursauta lorsque, à la suite du médecin, un hibou s’engouffra dans la chambre, pour aller se percher sans hésitation aucune sur le porte-manteau. « Hey Charlie. » Le hibou hulula doucement en guise de réponse. Fiou. Une distraction. Finalement, il arrivait à point nommé, le bon docteur. Alors, un peu soulagée, Jinny alla s’adosser contre un mur, entre Sawyer et Charlie, près de la porte, afin de pouvoir leur laisser un peu d’espace si nécessaire. Enfin, quelqu’un allait pouvoir alléger un peu la souffrance de Cain, et le tirer des limbes dans lesquels son imprudence, une téléportation sauvage, et sa virulence à elle, l’avaient enfoncé. Et elle, elle n’avait plus qu’à attendre, plantée là comme une courge, témoin impuissant du supplice infligé à son propre bourreau raté. Incapable de se réjouir de cette vengeance qui n’avait aucun parfum de justice, et un goût prononcé de culpabilité.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyDim 30 Aoû - 11:36


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Est-ce qu'il est vraiment si horrible que ça, ce lien ? Tes doigts en guise de prolongement du palpitant, insolents dans leur découverte de ton propre méfait, tu n'en as plus tant que ça l'impression. Et la vérité qui te frappe, brutale, pure, c'est que tu serais prêt à te prendre à chaque fois une balle si c'est pour partager un bref instant magique comme celui-ci avec elle. Tu n'es jamais sensé quand il s'agit d'elle, t'as jamais les pieds sur terre, cerf-volant emporté dans les airs, et inatteignable aussi longtemps que le contact est maintenu. Qu'elle te brise. Qu'importe. Tu échangerais n'importe quoi contre cette suspension du temps, où vos regards se croisent parfois, sentant aussi bien l'un que l'autre à quel point ce que vous partagez est unique. Et dangereux. Car comme tout ce qui est addictif, le risque de dépendance est accru. Tu le ressens déjà, toi le séducteur indépendant qui a toujours refusé l'affection des femmes, au profit de quelques nuits dans des draps froissés et jamais réchauffés trop longtemps par ta présence. T'es quelqu'un qui a toujours préfère fuir, control freak assumé, qui n'a jamais voulu confier quoi que ce soit à qui que ce soit, sous peine de céder une trop grosse partie du terrain de ta solitude. Une solitude tantôt reposante, tantôt douloureuse. Beaucoup sont ceux qui n'ont jamais compris. Beaucoup sont ceux qui ne comprendront jamais. Et ce soir, alors que l'électricité te traverse tout le corps, les reliefs de sa blessure sous tes caresses, tu ne comprends pas non plus. C'est pas si mal d'être lié à quelqu'un. Surtout à elle. Est-ce qu'elle la ressent aussi, cette évidence légère derrière laquelle se cache aussi l'autre versant plus sombre d'une telle proximité ? Si seulement vous pouviez avoir le choix, et d'en prendre que le meilleur. Mais jamais rien n'est facile, pas vrai ? Quoi que. Tu lui as fait du mal, elle t'a fait du mal, pourtant, si tu venais à t'écrouler, tu sais qu'elle serait là pour le relever. C'est exactement ce qui s'est passé ce soir. Elle a aidé le bourreau à se remettre debout, soit trop naïve, soit trop lucide. Alors oui, depuis tout à l'heure, tu n'as de cesse de te questionner sur le choix que tu ferais si un jour une solution à votre problème venait à se présenter. Est-ce que tu serais prêt à renoncer à tout pour retrouver ton calme et ton intimité ? Est-ce que tu renoncerais à elle pour retrouver le cours normal de ton existence ? Là tout de suite, en toute honnêteté, pour rien au monde tu ne renoncerais à ce que vous avez. Car abandonné de tous, tu réalises combien elle t'est précieuse. L'ancre de ton quotidien tourmenté.

Toi aussi, tout ça, ça te fait un peu peur. Mais tu ne cours pas. Tu restes pour encaisser de plein fouet la force de votre connexion, qui, tu le sais maintenant, rien ne pourra jamais freiner. Qui aurait cru que vous pourriez passer d'une dispute mouvementée à des confidences sur vos peurs les plus intimes. Funambules sur le grand fil de l’étrangeté, basculant d'un côté comme de l'autre, tout en cherchant à aller jusqu'au bout, pour enfin retrouver le soulagement et la sécurité du béton sous les pieds. Des fantômes, hein ? L'ombre d'un sourire traverse ton visage fatigué. Elle a bien caché son jeu dans la maison LaLaurie, t'as presque cru qu'elle était parfaitement à l'aise. Quant aux invasions alien, et bien, tu ne peux qu'approuver. Cette Terre a déjà eu son lot de menaces en tout genre, et voilà qu'une nouvelle, extrêmement dangereuse, se profile à nouveau à l'horizon. Mais étrangement, dans la sérénité retrouvée de cette chambre de motel miteux, t'arrives pas à t'en inquiéter réellement. Comme si ça n'avait pas d'importance. Ou comme si tu préférais te focaliser sur bien d'autres choses. A commencer par elle. « Oui, je me souviens de ton ex. » Et c'est non sans une amertume dans la voix que tu t'exprimes, conscient du sous-entendu et du message qu'elle cherche à te faire passer. T'as merdé. T'as abusé de sa confiance, tu l'as trahie, comme cette inconnue que tu détestes sans connaître, et qui aura laissé des traces bien plus profondes encore que la plaie que tu touches de tes doigts. « On peut dire que j'ai foutu les pieds dans le plat. » T'as pas envie de poursuivre sur la ligne de l'implicite, préférant mettre clairement des mots sur ce que vous refusiez jusqu'à présent de dire à voix haute. Si tu n'as toujours pas le courage d'exprimer à quel point tu regrettes tes décision et combien tu aimerais pouvoir obtenir son pardon, tu acceptes cependant d'assumer entièrement tes responsabilités. A cause de tout ça, peut-être ne te fera t-elle plus jamais confiance. Ou pire encore, peut-être n'arrivera t-elle plus à faire confiance à qui que ce soit. Sans le vouloir, et à l'image de son ex infidèle, tu lui as laissé des blessures transparentes mais tellement dévastatrices. Quand vos regards se croisent à nouveau, t'as l'impression qu'il y a encore des choses qu'elle aimerait te dire. Et t'as cruellement envie de les entendre. Tu te redresses sur le lit pour te rapprocher d'elle, comme pour l'inciter à aller jusqu'au bout, inconscient des dangers que pourraient susciter ce moment de flottement. Qu'importe si ça fait mal, qu'importe si ce n'est pas ce que tu voudrais entendre, t'as besoin qu'elle aille jusqu'au bout de ses pensées. Faut bien qu'il serve aussi à ça, ce lien, à vous aider, les deux handicapés, à fracasser les murs qui vous emprisonnent dans trop de non-dit.

Et t'étais sur le point de briser ce silence qui n'en était pas réellement un, sans savoir vraiment comment, quand un poing frappe plusieurs coups sur la porte. Merde. Tu l'avais presque oublié le docteur, alors que la fièvre continue pourtant de t'asséner et de te vider de toute énergie. Elle a cette capacité, Jinny, a effacé le monde autour de toi chaque fois que vous vous regardez un peu trop longtemps. Toi aussi tu te racles la gorge pour reprendre tes esprits, et tu sursautes à ton tour quand un hibou traverse la chambre pour se poser sur le porte-manteau. Okay, normal. Tu ne poseras pas de question. Quand le docteur s'approche, tu le détailles sans pour autant être impoli. Son allure est on ne peut plus particulière pour un médecin, mais tu n'en est pas réellement étonné, puisqu'il appartient en même temps au rang des super-héros de ce pays. « Bonsoir, Docteur. Merci d'être venu. » Parce que si la fièvre est un peu retombée grâce à la méthode de Jinny tout à l'heure, tu n'en restes pas moins fébrile aux jambes cotonneuses, et surtout, tu crains que ta blessure se soit infectée et que la situation ne dégénère rapidement. Tu t'installes sur le lit de sorte à ce qu'il puisse s'assoir à côté de toi, blessure bien apparente. « Hum. » Hum ? Ça veut dire quoi hum ? Tu jettes un regard à Jinny, avant de reporter toute ton attention sur Mid Nite, attendant le verdict avec une impatience non feinte. « Il y a effectivement une petite infection. » Bon, si elle est petite, c'est que ça va, non ? Soulagé d'être entre de bonnes mains, tu le laisses nettoyer à nouveau ta plaie avec son propre attirail, puis tu ne bronches pas quand il t'incite à avaler un médicament dont tu ignores le nom ou le but. Patient docile qui a juste envie de mettre le plus rapidement possible toute cette histoire derrière lui. Après voir pansé ta plaie et laissé une bouteille du produit et une plaquette de médicaments sur la table de nuit, il se relève, déjà sur le départ. Une consultation de cinq minutes, chrono en main. Redoutable efficacité. Tu te sentirais presque honteux de l'avoir ainsi dérangé. Il a probablement plus grave à gérer qu'un homme qui n'a même pas été foutu de prendre ses antibiotiques correctement. « Tout ira bien pour votre petit-ami, Jinny. Mais assurez-vous qu'il prenne bien ce que je lui ai donné. Et surveillez que la fièvre ne re-grimpe pas cette nuit. » Petit-ami ? Tu manques de t’étrangler avec ta propre salive, mais il est vrai qu'en étant à moitié nu dans son lit, le doute est on ne peut plus permis. « Prenez soin de vous, jeune homme. Et reposez-vous bien cette nuit. » Tu pourrais, si ton foutu don acceptait de refonctionner normalement. « Merci beaucoup, Docteur. » Après un hululement en guise d'au revoir – si, si, t'es persuadé que ça – le hibou Charlie s'accroche aux épaules de son maitre, et tous les deux referment la porte derrière eux.

Et vous voilà à nouveau tous les deux, sans trop savoir quoi faire de vous-mêmes, ou de cette relation de plus en plus... complexe ? Alors pour éviter qu'un malaise ne s'installe, tu prends le premier la parole, pour commencer par exprimer le plus évident. « Merci de l'avoir appelé. Il est vraiment chouette ce type. » Elle aura tout fait pour que tu t'en sortes, Jinny, et elle peut être certaine que tu n'oublieras pas ce qu'elle a fait pour toi. Ce n'est pas votre violente altercation que tu garderas de ces retrouvailles. Non, vraiment pas. Et maintenant que ça c'est fait, il reste un dernier détail à régler : où vas-tu dormir ce soir ? T'es vraiment désolé, mais t'es pour l'instant toujours coincé avec elle ici. C'est donc un peu gêné, car bien trop conscient de l'aura particulière qui vous entoure encore, que tu te lances : « Est-ce que je peux dormir avec toi ? Je vais pas réussir à repartir ce soir, je crois. » Haussement d'épaules et mou désolée. C'est un lit pour deux personnes, vous devriez réussir à dormir sans vous toucher. Enfin, si elle veut bien. Et c'est vrai que depuis tout à l'heure, tu n'es plus certain de ce qu'elle veut vraiment, Jinny.
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyJeu 3 Sep - 22:58


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Dr Mid-Nite avait une allure des plus étranges et intimidantes, avec ses lunettes opaques qui ne laissaient rien voir de son regard, et sa silhouette qui, drapée dans ce costume et cette cape sombre, n’était pas sans rappeler la carrure d’un hibou semblable à ce brave Charlie – mais il était compétent, le docteur, effroyablement compétent, et était du genre à prendre son serment d’Hippocrate tellement au sérieux que Jinny ne s’était même pas demandé s’ils prenaient un risque en faisant appel à lui. Il viendrait, il ne poserait pas de questions, et il repartirait. Et plus il auscultait Cain, plus elle était convaincue qu’elle avait eu raison. Enfin, elle pouvait se détendre – et elle le fit en grattant la tête pleine de plumes du hibou perché à côté d’elle. Le plus dur était passé, se disait-elle. Le plus dur était passé, pour Cain qui était maintenant entre de bonnes mains et allait pouvoir revenir pour de bon du côté des vivants. Et peut-être que le plus dur était passé pour eux aussi. Sitôt que cette pensée lui traversa le cerveau, presque inconsciemment, elle s’interrompit dans son grattage de tête, et glissa un regard en douce au patient qui se remettait lentement de ses émotions. Sûr, ça, que le plus dur était passé ? Pas vraiment, non. La violence des mots qui lui avaient échappés résonnaient encore dans sa tête. La décharge électrisante qui l’avait tétanisée sur place dès que leurs peaux étaient entrées en contact ne s’était pas tout à fait complètement dissipée. Le plus dur était passé, ou le plus dur était encore à venir, c’était l’un ou l’autre, et elle n’était pas sûre de parvenir à le déterminer par elle-même. Pourquoi tout était aussi compliqué, quand il s’agissait de Cain. Ou plutôt, pourquoi tout était aussi compliqué, quand il s’agissait de Cain Turnbull ; parce que quand il était encore Cain tout court, tout était tellement simple, et naturel, et limpide. Même après leur passage chez cette maudite voyante, et l’éclosion de ce lien qu’ils n’avaient vu venir ni l’autre, même après cette réalisation, sous la pluie de la Nouvelle-Orléans, que ce qui était né entre eux était bien plus fort et bien plus inquiétant que la simple affection qui peut se tisser entre deux étrangers qui ont eu la chance de bien s’entendre. C’était compliqué, et en même temps, c’était tellement facile à accepter. Avec Cain tout court, peut-être bien qu’elle se serait laissé aller dans cette drôle d’histoire les yeux fermés, pour voir ce qu’il y aurait au bout du chemin. Avec Cain Turnbull, avec le sang dans lequel baignaient leurs deux familles, avec le sang qu’ils avaient respectivement fait couler, ça ne pouvait pas, ça ne pourrait pas être aussi simple. La voix grave de Mid-Nite la tira de ses tristes pensées pleines de regrets, et elle se contenta de rouler des yeux en affichant une moue grognon. « C’est pas mon petit ami. » Comme s’il en avait quelque chose à faire, Mid-Nite. « Merci d’être venu, doc. » Quand même. « Bye, Charlie. » Bye, hulula le hibou en suivant son maître.

Et hop, d’un seul coup, ils étaient à nouveau tous seuls. Tous seuls, avec un silence vaguement inconfortable, une montagne de choses à se dire, et une montagne d’autres choses qu’ils devraient probablement taire. Jinny referma la porte derrière leurs visiteurs et s’y adossa en soupirant, soulagée tout de même de la résolution favorable de cette visite médicale – Cain irait bien, son état s’améliorerait, et il n’y avait plus de raison de s’alarmer. Lorsque Cain reprit la parole, elle releva les yeux sur lui, et hocha la tête avec ce qui aurait presque pu passer pour l’ombre d’un sourire au coin des lèvres. « Ouais, il est cool. T’as capté qu’il était aveugle ? Moi il a fallu qu’on me le dise pour que je m’en rende compte. » C’était dire à quel point il était doué, le bonhomme. Mais évidemment, les bonnes choses ne duraient pas, et le peut-être-début-d’ombre-d’un-sourire sur son visage disparut sitôt qu’il formula sa requête, le malheureux patient. Merde. Dans l’urgence du moment, elle n’avait pas du tout pensé à ça. Pendant un instant, elle hésita, soupesant toutes ses options : la téléportation était visiblement hors course. Il avait débarqué en pyjama, donc n’avait probablement pas de carte de crédit sur lui pour se payer un hôtel ailleurs, et dans son état ne pourrait de toute façon probablement pas prendre de taxi. Et elle avait réservé la dernière chambre disponible du motel. Le choix était donc simple : dormir dans son pick-up, ou accepter l’improbable. Dehors, la pluie s’intensifia, battant les fenêtres derrière elle sans merci. Bon. Jinny échangea un regard avec Sawyer, qui couina – pour une raison qu’elle ignorait, ce chien n’aimait vraiment pas la pluie, même à l’intérieur de l’habitacle de la camionnette. Bon. Il semblerait donc qu’ils n’aient le choix ni l’un ni l’autre. « C’est moi qui t’ai mis dans cet état, je suppose que c’est à moi de m’assurer que tu ne fasses pas une rechute. » finit-elle par répondre avec un haussement d’épaules. Elle avait tiré, elle avait accidentellement déclenché cette poussée de fièvre, peut-être que c’était comme ça que le karma la punissait pour ses fautes. En attendant, elle en connaissait un qui se marrerait bien, s’il savait – et elle se promit de ne jamais mentionner cet incident à Jason. Sawyer aussitôt sur ses talons, elle s’approcha de la commode pour récupérer son pistolet et, un peu gauchement, pas foutue de savoir quoi faire d’elle-même, s’approcha du lit ; avant de remarquer le regard qu’il posait sur son arme. « Oh. C’est pas pour toi – no offense, mais dans ton état, je pense pas que j’en aurais besoin. C’est pour… » Est-ce qu’elle devrait vraiment le dire ? Elle contempla l’arme dans sa main un instant, avant de la poser sur sa table de chevet, de son côté du lit. « Depuis notre affrontement, je fais gaffe. T’as raté ta cible, je me suis dit que c’était pas pour autant que ta famille s’en tiendrait là. C’est au cas où ils envoient quelqu’un d’autre. » Prudence était mère de sûreté. Ca, au moins, ils l’avaient définitivement prouvé.

Son arme déposée à portée de main, Jinny se laissa choir sur le lit, et croisa ses mains sur son ventre en laissant échapper un long soupir contrit. Quel bordel. Quelle situation de merde. Dans quel pétrin elle était en train de se fourrer, encore. Si sa mère la voyait – elle viendrait sûrement lui chatouiller les pieds, tiens. Tendant le bras, elle attrapa le carton à pizza, et le fit glisser entre eux. Au point où ils en étaient de l’absurde, hein. « Pizza froide ? Mid-Nite et tes médecins ont pas donné de contre-indication ? » demanda-t-elle, en se servant une part elle-même, même si elle n’avait pas vraiment faim ; mais c’était le seul moyen qu’elle avait, là, tout de suite, de retrouver un semblant de normalité dans cette situation qui avait totalement échappé à son contrôle. Dans le même mouvement, elle attrapa la télécommande de la télévision et ramena son film à l’écran – sauf que Pierce Brosnan avait visiblement vaincu l’éruption, et que maintenant, ils avaient droit à Scream. Honnêtement ? Bien mieux. Laissant tomber la télécommande à côté de la boîte à pizza, elle mordit dans sa part, puis, après quelques secondes de dégustation silencieuse, demanda enfin : « Et maintenant ? » Bah oui. Elle était là, la grande question, non ? Et maintenant. « On a essayé de s’entretuer. On a échoué. Je crois pas qu’on ait envie de re-tenter le coup ni l’un ni l’autre. Alors on fait quoi ? » C’était pas prévu ça, dans le grand plan de la guerre Hex-Turnbull. Elle s’était désintéressée du film pour tourner les yeux vers Cain. Non, vraiment, il n’avait rien d’un tueur, lui. Elle, un peu plus, malheureusement, mais elle n’avait strictement aucune envie de l’ajouter à son triste tableau de chasse. Mais ça ne voulait pas dire que tout s’arrêterait si facilement, pas vrai ? « Ma mère m’a toujours mise en garde contre ta famille, mais comme vous aviez rien tenté depuis un peu avant ma naissance, je l’ai jamais vraiment prise au sérieux. Et j’avoue que même si tout est finalement vrai, j’ai aucune envie de m’embarquer dans une quelconque guerre inter-générationelle pour régler de vieux comptes qui remontent au Far West. Je suis même pas sûre de comprendre pourquoi on est en guerre, exactement. » Tellement d’histoires qui racontaient tout et son contraire, entre Jonah, Jeb et Quentin. Trois noms qui revenaient en permanence, et toujours une version différente de l’histoire à chaque fois. Quel bordel. Tout ça pour ça. « Ta famille. Y a une chance qu’ils s’arrêtent, après ce fiasco ? » demanda-t-elle, le visage un peu plus grave. Parce que si la réponse était non, alors ce pistolet près de son oreiller était justifié. Parce que si la réponse était non, Cain ne constituerait peut-être plus un danger, mais elle, elle allait devoir réfléchir, très concrètement, à ce qu’elle devrait faire pour assurer sa propre sécurité. Même si elle n’en avait aucune espèce d’envie non plus. Qu’on les laisse vivre en paix, bon sang. Sans les sacrifier comme des agneaux pour satisfaire une soif de vengeance qui ne désaltérait plus personne depuis longtemps.

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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyJeu 10 Sep - 20:41


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C'est toujours extrêmement difficile pour toi de dépendre de quelqu'un. Toi qui a si souvent fais en sorte d'éloigner ceux qui cherchaient à un peu trop à s'approcher, dans la crainte de céder un tout petit peu de ton contrôle. Comportement nocif et autodestructeur qui ne t'a finalement jamais apporté quoi que ce soit, si ce n'est profonde solitude et handicape sociale. S'il t'est extrêmement aisé de maitriser l'art de la négociation, tu es en revanche une véritable calamité pour tout ce qui est du domaine du privé. T'aimes pas ça, être dépendant de quelqu'un. Ce qui est pour le moins paradoxale venant d'un homme qui a tant besoin de l'approbation de ses parents. T'es le paradoxe des Turnbull, celui qui a toujours embrassé sa destinée, tout en rêvant d'une autre à côté. Jusqu'à votre rencontre, tu faisais tout ce qu'on te demandait sans discuter. Fils docile et désireux de trouver sa place dans un clan qu'il portait en haute estime. Malgré les tâches sombres. Malgré l’extrémisme. Malgré tout ce qui te faisait honte. Mais maintenant, tout est différent. Pour une fois dans ta vie t'as fait ce que tu voulais, t'as trouvé la force d'épargner l'ennemi juré, dans une lutte qui s'est révélée bien plus coriace contre toi-même que contre cette cowgirl qui ne voulait pas plus que toi en terminer. Et te voilà, dans sa chambre, à demander asile. Une requête que tu ne pensais pas voir aboutir, encore moins après la douleur toujours vivace du rejet de tes parents après ton réveil. N'est-ce pas ainsi que les choses se déroulent à chaque fois, après tout ? Tu fais une erreur et plus rien d'autre ne compte. Plus de pardon. Plus de main pour t'aider à relever. Et maudissant à nouveau ton don en veille, c'est finalement un accord que tu trouves au bout de la ligne d'arrivée. Marathon difficile qui t'aura laissé épuisé, mais qui te promet quand même un repos bien mérité. Elle accepte que tu restes ici, faisant fi de toute votre histoire passée, et dans cette acception, tu y vois une forme minime de confiance. Un bourgeon de quelque chose qui pourrait éclore si tu fais l'effort d'en prendre soin. Une nouvelle chance. Ou du moins, ça s'y apparente, alors que tu tentes de cacher le sourire qui se dessine sur tes traits pourtant fatigués. Promis, tu seras sage – et jamais tu n'auras été aussi sage en partageant le lit d'une jeune fille. Mais c'est d'un regard à la fois confus et un peu paniqué que tu l'observes sortir son arme. Quoi, c'est la condition ? « Oh, d'accord. » Elle marque un point. Non, elle en marque deux. Tu n'es pas en état de lui faire le moindre mal – en plus d'en avoir aucune envie – et tu ne pourrais lui certifier qu'aucun autre membre de ta famille ne viendra finir le travail. « Et merci. » Encore merci. Des remerciements infinis pour des actes que tu ne mérites sans doute pas. Sur le point de rajouter quelque chose, tu t'en abstiens finalement. Non, t'as pas le droit de lui dire que tu feras en sorte de la protéger de ta famille. Pas maintenant. Si cette relation doit renaitre de ses cendres, tu la laisseras prendre le temps qu'il faudra.

« Aucune contre-indication qui impliquerait une pizza, pas d'inquiétude. » Sans vouloir passer pour un invité trop gourmand, c'est pourtant avec appétit que tu te jettes sur une part de pizza, tout en essayant de te concentrer sur le film qui passe à la télé. Sans vouloir l'offenser, cette situation est quand même vachement étrange, et tu préfères te focaliser sur Ghostface que sur Jinny qui se trouve allongée à tes côtés. Tu la ressens aussi sa confusion, et contre toute attente, alors que tu pensais que toute discussion était désormais terminée, elle brise le silence d'une question qui te laisse interdit. Et maintenant ? T'en sais foutrement rien. Tu acceptes de décrocher de l'écran pour poser ton regard sur elle, haussant les épaules dans un geste éloquent. T'as aucune foutue idée de ce qu'il adviendra de vous ensuite, tout ce que tu sais, comme tu lui as déjà fait comprendre tout à l'heure, c'est que t'as pas envie que tout s'arrête ici. Il y a trop de choses entre vous, ce serait un gâchis incommensurable que de reprendre chacun votre route sans se retourner. T'as pas envie de la laisser partir. Comment tu le pourrais, après avoir tant partagé avec elle, et pire encore, après qu'une telle connexion se soit révélée. Mais tu n'es pas le seul à apposer de l'encre sur les pages de votre histoire. Pas le seul à tenir le gouvernail du navire qui vous mène tout droit vers l'inconnu, et dont la destination finale ne dépendra que de vous. « J'imagine qu'on laisse faire le temps. » Quelle autre réponse à donner si ce n'est laisser faire les choses. Elle t'a dit qu'elle ignorait ce qu'elle voulait faire de cette relation, et toi t'as accepté de lui accorder tout le temps nécessaire pour qu'elle puisse prendre sa décision. « Et mes parents m'ont toujours mis en garde contre la tienne. » Il est là le cœur du problème, vous avez passé tellement de temps à haïr des fantômes, que maintenant il vous faut apprendre à accepter tout l'inverse à l'égard de visages devenus terriblement concrets et familiers. C'était facile de la détester avant, tu ne la connaissais pas, tu n'avais encore échangé aucun mot avec elle. Aucune chanson. Aucun tacos. Aucune danse sous la pluie. Aucune connexion troublante. Pourquoi vous êtes en guerre ? Il y a encore quelques semaines, tu lui aurais simplement répondu le nom de Jonah Hex. Soldat conditionné qui n'aurait eu aucune honte à recracher ses leçons durement appris. Mais maintenant, tellement de choses ont commencé à changer, et non seulement tu n'as plus la force de blâmer qui que ce soit, mais en plus, tu penses réellement que votre malheur d'aujourd'hui n'est aucunement dû aux ancêtres d'hier. C'est la haine corrosive et vicelarde qui vous a conduit tout droit dans ce pétrin, et cette haine n'est qu'un prétexte. Qu'une excuse pour apaiser une terrible frustration. Jonah Hex, Jinny Hex, ceux qui ont une couleur de peau différente de la leur, qu'importe, il y aura toujours des gens à mépriser et à détruire. Et c'est désormais à toi de l'accepter et de t'en détacher. Pour ne plus jamais devenir comme eux.

Délaissant ton dernier bout de pizza, tu te redresses un peu pour retrouver de la prestance, sentant le tournant beaucoup plus sérieux de cette discussion arriver. Bien sûr qu'elle est inquiète, Jinny, comment ne pas l'être quand toute une famille menace d'attenter à sa vie. T'aimerais pouvoir lui enlever, cette crainte, mais ce serait mentir. Et plus jamais de mensonges, tu te l'es promis. « Non. » T'es sincèrement désolé. Un seul mot qui va peut-être avoir un effet dévastateur sur elle. « Si c'est pas moi, ce sera quelqu'un d'autre. Mon frère, sûrement. » Qui lui ne manquera pas de saisir cette occasion. Qui lui n'est pas attaché à elle comme toi tu peux l'être. Lui qui ne ratera peut-être pas son coup. Et ce qui la terrifie te terrifie tout autant. Tu refuses que qui que ce soit lui fasse du mal, et surtout pas ta propre famille. Ta chair, ton sang, aussi dévastateur pour toi que pour les autres. Et à nouveau, tu hésites, avant de cette fois aller jusqu'au bout de tes pensées. « Mais je les laisserai pas faire. » Tu ne lui donneras pas ta parole parce que tu sais qu'elle ne vaut plus grand chose pour elle désormais, mais t'espères quand même qu'elle pourra lire la détermination dans ton regard et la sincérité dans ton cœur. Elle le sait que tu mens pas, pas vrai ? Que tu feras tout ce qui est en ton pouvoir pour mettre un terme à cette vengeance, ou au moins, les empêcher de l'atteindre. Si toi tu n'as rien d'un tueur, d'autres pourraient causer bien plus de dégâts, et c'est une éventualité que tu ne parviens même pas à envisager sans te sentir tomber d'un immeuble d'un millier d'étages. Une chute vertigineuse à en couper le souffle. « On devrait essayer de dormir. » Parce que t'es fatigué. Mais surtout parce que tu ne te sens pas très à l'aise avec cette discussion devenue bien trop complexe et troublante à ton goût. Tu te sens responsable de son besoin de garder une arme près d'elle même pour dormir. Responsable de ce réflexe de se retourner pour surveiller qui pourrait se trouver dans son dos. C'est de ta faute si elle ne se sent pas tranquille, pas en sécurité, et t'as aucune idée de comment renverser la tendance. Tu débarrasses le carton de pizza, éteint la télé, prends un autre cachet, et tu te glisses dans les draps à ses côtés. Bon. C'est bizarre ça aussi. Allongé sur le dos, les yeux fixés sur le plafond, t'oses ni bouger ni te tourner vers elle. Raclement de gorge. Et tentative de briser le silence gênant. « C'est la première fois que je vais passer une nuit avec une fille. » Euh, non, rectification. « Enfin, dormir avec une fille, je veux dire. » Mon dieu, t'as l'impression d'empirer la situation. « Surtout sans, tu sais... L'avoir touchée avant. » Au secours. Idiot. Terriblement mal à l'aise tu finis par changer de position et t'allonger sur le côté pour lui tourner le dos. Voilà qui est mieux, au moins il n'y a aucun risque de croiser son regard noisette. « Bref. Bonne nuit, Jinny. » Une confidence destinée à alléger l’atmosphère mais qui aura eu l'effet inverse. A croire que c'est un don de faire l'exact inverse de ce que tu veux vraiment. Et finalement, contre toute attente, c'est rapidement que tu trouves le sommeil. La soirée a été longue, mais c'est apaisé et avec l'impression d'être exactement là où tu es censé être que tu t'endors. Paisiblement.
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MessageSujet: Re: lost on you (jinny)   lost on you (jinny) EmptyMer 16 Sep - 21:55


lost on you


Est-ce que c’était pas un peu injuste de lui demander ‘et maintenant ?’ juste après l’avoir envoyé dans les roses quand il avait posé la même question ? Peut-être. Mais peut-être pas non plus, parce que cette fois, les rôles étaient inversés. La situation avait changé, trêve forcée par son malaise et sa poussée de fièvre couplée à ce lien si particulier entre eux qui leur laissait à peine le choix, et cette fois, ça n’était pas l’un qui cherchait à forcer la main de l’autre, mais un juste milieu duquel ils pourraient s’éloigner pour aller réfléchir chacun de leur côté. Un status quo plus apaisé, qui lui convenait mieux. Et elle n’avait pas vraiment envie de se sentir coupable de cet égoïsme de survie. Même Cain avait l’air de commencer à remettre les choses en perspective. C’était bizarre et inexplicable, ce qui leur arrivait, c’était violent et brutal, et l’entendre, lui, confirmer qu’il valait mieux laisser du temps au temps, lui ôtait un poids terrible des épaules. Comme si, pour la première fois depuis le début de cette discussion, ils se mettaient à vraiment partager ce fardeau, au lieu de le laisser les écraser, un coup l’un, un coup l’autre, toujours de la pire manière possible. Qu’ils le veuillent ou non, il existait, ce foutu lien, et qu’ils le veuillent ou non, la guerre entre leurs deux familles persistait, malgré l’échec de Cain à aller jusqu’au bout de sa mission. Peut-être vaudrait-il mieux qu’ils coupent les ponts. Complètement. Qu’ils sortent de la vie l’un de l’autre, pour s’assurer de ne plus jamais se retrouver dans une situation aussi douloureuse. Et elle n’avait même pas envie de nier la boule qui se forma dans son ventre alors que cette possibilité s’attardait dans son esprit. Aaaah wifi brain. A quoi bon s’en défendre. Elle n’avait pas vraiment envie de couper les ponts avec lui, pas après ce soir, pas après… tout, en fait. Mais il fallait qu’ils envisagent toutes les possibilités, à tête reposée. Même celles auxquelles ils ne voulaient pas penser. Ce serait ça, leur façon d’être courageux, d’être plus raisonnables que leurs aïeuls, et de vraiment réparer ce qui s’était brisé sur les docks de Gotham. Réfléchir, sérieusement, et faire le choix qui leur garantirait de ne plus jamais avoir à se déchirer de la sorte. Parce qu’il était évident, maintenant, que la déchirure ne serait jamais complète, et qu’elle en serait d’autant plus douloureuse à chaque fois.

Non. Evidemment, non. Elle s’attendait à la réponse, mais ça n’empêcha pas la lassitude d’affaisser ses épaules une fois la confirmation obtenue. Ils ne s’arrêteraient pas, ces fichus Turnbull. Cain, oui, ça elle en était certaine, maintenant, mais l’entité derrière lui, ces gens qui avaient juré sa perte au nom d’une vengeance dont elle n’était même pas sûre de comprendre les tenants et les aboutissants ? Eux, ils continueraient. Elle avait une cible sur le dos, et sa tête était mise à prix, à leurs yeux. Pendant un instant, elle eut envie de demander à Cain de lui expliquer. Pourquoi toute cette haine. Pourquoi elle – parce qu’elle, elle n’avait que la version très tronquée de sa mère, alors, vraiment, elle voulait comprendre ce qu’elle avait fait pour mériter ça, parce que chaque histoire avait deux versants, pas vrai ? Peut-être que c’était justifié, finalement. Peut-être qu’à leur place, elle aussi, elle en voudrait à la terre entière et n’aurait que vengeance en tête pour assouvir sa douleur et soulager sa peine. Mais Jinny se tut, trop dépitée, et devinant Cain lui aussi trop abattu pour tirer ça au clair ce soir. Elle avait compris qu’ils ne s’arrêteraient pas. C’était, cette nuit, tout ce qu’elle avait besoin de savoir. « Hé, qui sait. Peut-être que mon charme naturel marcherait sur ton frère aussi. » trouva-t-elle la force de sourire – jaune, parce qu’elle n’avait franchement aucune envie de partager une connexion télépathique bizarre avec une deuxième personne, et encore moins un autre Turnbull qui en avait après elle. Son esquisse de sourire s’effaça, et elle tourna la tête vers Cain pour étudier son expression ; elle aussi plus grave, lorsqu’elle lui répondit : « J’apprécie le sentiment, mais t’as pas à t’en mêler. C’est eux qui m’en veulent. Ils ont sûrement leurs raisons. Tu t’es désolidarisé d’eux. Mais ça ne veut pas dire que tu dois choisir un camp. Tu ne devrais pas avoir à choisir entre ta famille et moi. » Plus facile à dire qu’à faire, évidemment, mais à ses yeux, ça ne faisait pas de mal de le dire quand même. Bien sûr qu’elle lui en voulait, pour ce qu’il avait fait, mais il était tellement évident qu’il n’avait plus aucune envie de prendre part à cette vendetta… elle, elle n’avait pas le choix. Mais si Cain pouvait l’avoir, lui, alors elle espérait, vraiment, très sincèrement, qu’il puisse être épargné par ce qui allait bien pouvoir suivre, si les Turnbull reprenaient leur croisade. Même si ça la touchait, vraiment. Parce que c’était sûrement la première fois depuis cette soirée fatidique qu’elle ne doutait pas un instant de sa sincérité ni de ses bonnes intentions, et que la solitude terrible de leur situation devenait, imperceptiblement, un peu moins difficile à porter.

Sincérité qui, visiblement, était un peu difficile à gérer quand on avait un trou dans le bide et une poussée de fièvre, alors elle accepta, sans discuter, de le laisser mettre fin à cette discussion périlleuse. Son revolver sur sa table de nuit, Sawyer allongé au pied du lit, Jinny s’enfonça à son tour dans son oreiller et sous les draps et… et ouais. Franchement, c’était bizarre, comme situation. De quoi ils avaient l’air, tous les deux ? Deux idiots allongés dans le même lit, à fixer le plafond pendant qu’un ange passait et que le malaise en devenait si palpable qu’ils auraient presque pu l’entendre se marrer ? Et puis Cain brisa le silence, une première fois. « … ah ? » réagit-elle, sceptique, en arquant un sourcil. Puis il brisa le silence de plus en plus gênant une deuxième fois. « … » Fronçage de sourcils, alors qu’elle était à peu près certaine d’avoir entendu un autre son de cloches, à Metropolis. Troisième tentative de justification. Et enfin, le message passe. Jinny tourna la tête vers lui, estomaquée, juste à temps pour le voir lui tourner le dos et sentir comme une véritable radiation la gêne et l’inconfort intenses qui lui retournaient le bide et qu’évidemment, elle ressentait sans qu’il ne puisse lui cacher quoi que ce soit. Seigneur. Elle qui se pensait pas très adroite, elle estimait soudainement avoir trouvé plus fort qu’elle dans l’art de toucher le fond et creuser encore plus. Et surtout, ce réflexe de lui tourner le dos alors que leur lien wifi… et tout d’un coup, Jinny se mit à rire. Un rire qu’elle tentait de garder aussi discret que possible, presque silencieux, mais un sacré fou rire quand même. Les nerfs qui craquent. Le comique de la situation. L’impossibilité de leur situation à eux. Ce pauvre Cain n’était même pas le sujet de son hilarité ; mais le pauvre en était indéniablement le déclencheur, et elle se sentit aussitôt coupable de rire comme ça, mais seigneur, que c’était bon de constater qu’elle pouvait encore se marrer, après tout cet enfer. S’ils pouvaient encore rire, alors peut-être que, vraiment, tout n’était pas perdu. Même s elle ne riait pas pour les bonnes raisons, même si c’était juste les nerfs qui lâchaient, c’était au moins ça. « C’est ça. Bonne nuit, Casanova. » répondit-elle en reniflant, une fois sa respiration retrouvée – et à son tour, elle lui tourna le dos, et la pénombre regagna ses droits, apportant avec elle ses fantômes et ses craintes. Ses yeux restaient fixés sur son revolver, à quelques centimètres de sa main, et malgré tout, elle se força à rester éveillée jusqu’à être sûre d’entendre la respiration régulièrement d’un endormi à côté d’elle. Puis elle tenta de se forcer à ne dormir que d’un œil. Parce qu’il l’avait dit, Cain, que d’autres viendraient après lui. Mais, après une demi-heure de lutte féroce avec elle-même, elle ferma les paupières à son tour, et glissa inexorablement vers un sommeil profond et réparateur. Une nuit sans rêves, une nuit sans cauchemars, sa première nuit sans se réveiller en sursaut au moindre bruit. Plus apaisée et plus tranquille qu’elle ne l’avait été depuis leur affreux duel, enveloppée dans un sentiment de sécurité qu’elle ne chercha même pas à s’expliquer avant de sombrer tout à fait. C’était, c’est tout. Comme, semblait-il, tout et n’importe quoi sitôt que le nom de Cain Turnbull y était associé.

FIN.


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