Hey bébé, ça te dirait d'aller prendre avec moi... Un cheeseburger ? | Ft. Cassie

"Hey bébé, ça te dirait d'aller prendre avec moi... Un cheeseburger ?"

Si la loi devient crime, alors le crime n'est plus... - Juge

     Assis sur ma bécane, alors que je ressors d’une mission assez paisible pour une fois, neutraliser un petit méta-humain dans cette poubelle de Gotham. Une fois sur place, on s’est rendu compte qu’il ne s’agissait que d’un jeune mec, bon il était âgé d’un an de plus que moi, mais j’étais un cas particulier, je ne pouvais pas me considérer comme jeune à côté de lui. Notamment, parce que j’ai reçu une éducation bien plus mature et bien éprouvante que ce gamin, d’un an de plus que moi. Il n’était pas aussi dangereux qu’on nous l’avait décrit, il ne contrôlait simplement pas ses facultés, il avait dû subir un stress qui avait sans doute déclencher ses capacités. On n’allait pas l’incriminer pour ça, il n'y avait pas eu de blessés, c’était donc légèrement disproportionné même pour Waller. Il ne faut pas déconner. Évidemment, on l’avait quand même fait embarquer. On ne pouvait pas prendre le risque de laisser une arme chargée en liberté, c’était bien trop irresponsable de notre part. Il recevra sans doute de quoi neutraliser ses capacités, avant d'être relâché plus tard.
      Je n’étais pas repartie avec mon escouade, j’étais resté pour tenter de trouver un truc à ramener à N°4 autre que du chocolat. Ca m’embêtait qu’elle ne connaisse que ça du monde extérieur au niveau de la nourriture. Il y a tellement chose à goûter, elle n’en a pas idée. Mais avant ça, j’avais besoin de m’entraîner à être un beau gosse. Oui, monsieur. C’est super important dans la vie d’un homme que de l’être, il fallait que je sois à la page avec les nanas. Je suis resté trop longtemps dans cette foutue base et je n’ai pas eu l’éducation nécessaire pour parler avec les filles. Parce qu’on n’a pas vraiment eu la chance d’aller à l’école comme N°4, d’ailleurs, je ne comprendrais jamais pourquoi on le lui permettait alors que ses pouvoirs sont plus dangereux que les nôtres, leur logique m’échappe dans cette base de merde par moment. Mais ce n’était pas le plus important, le plus important était la vidéo que je regardais sur mon téléphone oui.

      Comment séduire une fille en cinq minutes ! Le mec est impressionnant, il faut que j’essaye. Bon avant de commencer la leçon, le youtubeur annonça sur la vidéo qui fallait étudier le comportement des films à votre égard pour commencer, afin de savoir si vous êtes attrayant ou non. Je pouffais de rire, car c’était évident que j’étais un beau gosse, non mais franchement… Regardez-moi cette beauté que je suis quand même. Je levais mes yeux alors, pour voir qui pourrait faire l’affaire. Il y eut une fille qui passa, une blonde, je lui fis un clin d’oeil sur ma moto en prenant la pose, elle fit comme si j’étais une vitre, regardant à travers moi sans réaction. Dieu... Suis-je mort ? Un fantôme qui est revenu pour draguer ? Que dit ce youtubeur à ce sujet ? « Si la fille ne vous a pas calculé, vous n'êtes pas très beau. » Quoi ! Mensonge que ceci ! « Je plaisante, c’est juste qu’elle vas vous prendre pour un idiot à la fixer comme ça, il ne faut pas faire ça les gars. Please. » Ajouta-t-il… Ah ! Je savais bien que j’étais beau et pas une vitre. Mais du coup, je fais comment si je ne peux pas les fixer et leur offrir mon sublime clin d’œil.
     « Leçon numéro une les gars : approchez-vous d’une fille de manière naturelle, surtout ne l’intercepter pas en vous mettant sur son chemin, c’est bizarre et très dérangeant pour elle, mettez-vous juste à son niveau et demander lui si elle peut vous accorder un instant. » Okey Sensei ! C’est partie ! J’étais gonflé à bloque, je relevais alors mon regard en rangeant mon téléphone, écouter toujours aux oreilles. Et la je la vis passer, cette asiatique. Elle était très jolie, vraiment très jolie, c’est parfait, elle sera la future mère de mes enfants, c'est une promesse ! Je descendis de ma bécane, je le rattrapai pour arriver à ces côtés et… Oh mon dieu, mon cœur bat trop vite dans ma poitrine tout d’un coup. Je stresse totalement, sensei ! « Euh… Bo… Bonsoir. » Je fis tousser ma gorge, prenant mon inspiration, putain, je parle pourtant bien et sans mal avec les femmes militaires à la base, pourquoi, là, je fais la tapette ? « Vous… Vous au... vous auriez une seconde ? » Je veux mourir ! Foudroyez-moi sur place seigneur !
 

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     Elle m’avait répondu, par tous les saints. Formidable. Ce n’était pas si compliqué que ça de parler avec une totale étrangère finalement. Avais-je une réelle raison de me comporter avec elle autrement qu'avec celles que je fréquente à la base depuis tout petit ? Intérieurement, ce n’était pas nécessaire de ressentir autant de stress, c’était vachement naze de manquer de confiance. De plus, moi, N°2, n’ai pas à manquer de confiance en soi, oui monsieur, car je suis la réincarnation d’Apollon… Et d’Aphrodite à la fois. Mais passant ce dernier détail, Apollon est un fantasme suffisamment représentatif de moi-même et plus approprié que l’autre donzelle antique à nichon ! Enfin, maintenant qu’elle s’était arrêtée paisiblement, j’avais ressenti une certaine fierté que je ressentais autant que celle issue d’une mission avec ARGUS bien réussi et sans perte, ni décès à déplorer. J’étais… Comment dire. Oui, je crois que j’éprouvais un sentiment d’héroïsme. J’étais dans ce cas précis, un héros ! Celui qui sauve les demoiselles de leur triste célibat !
     Devrais-je avoir un surnom pour cet alter-égo héroïque ? Supermâle ? Futur fondateur de la Justice Love, accompagné de Batmâle et Wonder-Female ! Notre mission, si nous l'acceptons avec bravoure, serait de capturer tous ces viles sous-vêtements qui osent cacher la nudité et les charmes de ces innocentes femmes en détresse. BREF… Comme d’habitude, c’était impossible de rester sérieux plus d’une seconde dans mon fort intérieur, il fallait dire que je n’avais pas une grande estime pour les héros et leurs surnoms qui puaient des pieds. Du coup, comment m’empêcher de songer à une parodie d’eux à chaque fois que je les vois lever leur menton à la télé où quand ils sont idolâtrés par des ploucs ayant un besoin de louer un être supérieur à eux. Je la fixais un moment, silencieusement, lorsque mon regard croisait enfin les siens. Je vous arrête tout de suite, ceux derrière leur écran qui commence à se dire, il a vu l’amour à travers ses pupilles, c’est le coup de foudre. Cette notion clichée, je la laisse à ceux qui veulent qu’une femme dans leur vie… Me fermer à un seul coeur, ce serait renoncé à toutes celles qui battaient encore seules et m’attendaient, je ne pouvais délibérément attrister ces coeurs là ainsi.

      Non et puis, de toute façon, son regard ne m’évoquait rien d’autre que de la douleur. Un regard que je ne pouvais que connaître, il était si sensiblement identique aux miens. Plutôt que d’avoir un coup de foudre, j’ai eu un coup de froid. Un regard pareil, il n'y avait rien de séduisant dedans, car c'était celui qu’on avait quand on voyait la mort d'en face ou quand on la provoquait soi-même sous les ordres d’un autre par loyauté ou par devoir. Un regard que je partageais aussi avec les membres de mon escouade, ce regard lasse, épuisé par les nombreuses expériences éprouvantes, difficile, celles qui ne rechignent jamais à vous souiller l’âme et noircir votre cœur de regret. Chier. Voilà que par réflexe mon intuition commençait à faire surface malgré moi et que mon éducation militaire ‘’forcée’’ me soumettait à analyser la poupée asiatique comme s’il s’agissait d’une criminelle à interroger sagement. Je détournais alors mon regard pour me forcer à contempler autre chose, recentrer mon intellect sur quelque chose de plus « débile », hors de question d’être ce spécimen de laboratoire, je voulais juste être le Wyatt foutrement con pour l’instant.
     « Hum… En fait. » Commençais-je, alors que je me rendis compte que je ne savais pas ce que je devais faire après l’étape une. « Euh… » Je démarrais discrètement à nouveau la vidéo, écouteur à l’oreille, téléphone toujours dans ma poche. « Étape 2 : maintenant qu’elle est arrêtée, surtout ne lui demandez pas son numéro les gars, c’est grossier. Soyez naturel et dites-lui la raison pour laquelle vous l’avez arrêté. » Quoi ? Je devrais lui dire que je cherche à m’entraîner à draguer ? « PS : soyez pas trop honnête si ça risque de la faire fuir, faite en sorte d’avoir un dialogue où il y a de l’échange. » Putain, je fais quoi du coup, salaud ! Devrais-je changer de tutoriel ? Je fis tousser ma gorge. « En fait… C’est un peu nul d’arrêter une personne pour quelque chose comme ça, mais les solutions pour ne serait-ce que vous parler ne sont pas très nombreuse. » Je retirais mes écouteurs. « Je vous ai vu passer et je ressentais le besoin de faire votre connaissance, c’est aussi idiot que simple, je l'admets. » Je regarde autour de nous.

      « La plupart des personnes autour de nous ont leur regard braqué sur le téléphone et n’observe plus trop ce qui se passe autour d’eux, ce qui rend difficile la communication directe, un aspect pourtant si humain et essentiel pour se faire des amis. Ce n’est que mon avis, mais je trouve ça plutôt triste, si tout se passe sur internet. » Mon regard revient sur elle… « Mais vous, vous en pensez quoi ? »
 

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          Vous savez, aussi bête que cela puisse paraître à vos yeux, je me sentais extrêmement soulagé et soudainement détendu à l’entente de sa réponse. Il y avait en effet comme un poids qui s’était défait de mes épaules, une sensation qui me semblait dans cette situation plus que libérateur. Je ne serais pas trop vous expliquer la raison exacte de cette réaction, j’imaginais que d’être confronté pour la première moi fois à une femme de l’extérieur au lieu de celle habituelle de la base, celle que j'ai toujours connue quelque part, était sans doute la raison. C’était assez désagréable, ayant cette impression de manquer de confiance en mes capacités, ce qui était complètement absurde, en tout cas venant de moi. Il s’avéra que pour elle aussi, le contact humain était un point auquel elle donnait une certaine valeur. En effet, car pour elle aussi, il y avait de l’importance a communiqué, mais pour une simple salutation. J’en étais sans doute le plus heureux dans l’histoire, j’échappais au terrible recalé féminin.
       Elle m’expliqua ne pas comprendre pourquoi tant de personne avait une préférence pour le numéro plutôt que le réel. Et très sincèrement, je n’étais pas très bien placé pour répondre à cette question, car me baser sur mon avis personnel était aussi pertinent que d’écouter un gosse de cinq piges parler de politique. Il faut dire que ma relation avec le virtuel s’arrête principalement à Pornhub, rien que le tutoriel que je visionne est une exception pour cette mission de drague d’une extrême haute importance. Cela dit, je ne pus m’empêcher de noter cette erreur de prononciation qu’elle semblait avoir lâché avec un naturel déconcertant, comme si elle n’avait guère senti sa langue fourcher. Elle ne semblait pas non plus alarmée par cette faute de prononciation, y avait-il une raison particulière à cela ? Il serait cliché de conclure que c’était peut-être dû à ses origines asiatiques, mais fallait-il encore que ce cliché s’accompagne au moins de l’accent asiatique pour épouser au mieux cette erreur de prononciation qui sans cela, débarquait tout simplement de nulle part.

            Cela dit, elle paraissait soudainement bien plus adorable à mes yeux et intérieurement, je venais de recevoir une attaque charme d’une puissance inimaginable. Oui. Aucun doute, cette femme est un pokemon dangereux. Je me devais de résister, sinon je serais vaincu avant même d’avoir pu atteindre son cœur. Je ne tomberai pas dans cette bataille infernale pour l’amour, car je suis le héros qui va conquérir ce territoire inconnu qu’est cette beauté asiatique et aussi parce que serait trop la honte de perdre mes moyens tout d’un coup. J’avalais ma salive comme un besoin viscérale d’hydrater ma gorge qui m’avait donné l’impression de s’être asséchée instantanément. Un pouvoir bien terrifiant que possédait cette femme. Dans un moment d’égarement, je me demandais si je n’attisais pas moi-même ce genre d’effet émotionnel sur les hommes quand je suis moi-même dans cette apparence particulière. Peu probable, j'ai plus l’impression d’attiser chez eux leur pulsion plus tôt que leur sentiment. Après tout, pas une seul fois Sheppard m’a dit que j’étais mimi, il n'en avait qu’après ce corps que j’exècre désormais.
     «  Si je puis me permettre, je n’ai pas souvent l’occasion d’entendre une erreur aussi adorable que la vôtre et cela a son charme. » Dis-je en tentant de rester le plus poli et le plus respectueux possible, histoire qu’elle ne se sente pas ridicule après que je lui ai signalé ce fait. Je levais ma main dans sa direction dans l’espoir de me présenter à elle plus convenable. « Il est rare de trouver une personne qui partage intelligemment mon avis, je ne me suis pas présenté… Jones, Wyatt Jones. »

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          Cassandra Cain-Wayne, c'est ainsi qu'elle se présenta. Je levais brièvement un sourcil à l’entente du nom Wayne à la fin, la fixant avec un plus grand soin. Intérieurement, je me demandais alors si cette demoiselle n’était pas l'un des enfants adoptifs du très célèbre Bruce Wayne. Ce qui serait embêtant, étant donné qu'il n’y a pas vraiment de tutoriel sur comment séduire la fille d'un PDG. Et si elle est bien la fille de Bruce Wayne, ai-je vraiment une chance avec fille comme elle ? Je veux dire, je dois être à ses yeux une sorte de gueux, un paysan auquel elle offre son intérêt cinq minutes, elle, une princesse fortunée. Voilà un dilemme étrange, mais peut-être que ce n’est pas la fille de Bruce Wayne et que ce n’est qu’une coïncidence de trouver une autre Wayne à Gotham. Mais qu’elle me dise qu’elle est bien sa fille, ne serait guère étonnant… Après tout, Bruce Wayne est connu pour sa philanthropie et notamment le fait qu’il adopte des jeunes dans le besoin.
       Ce fut elle qui me posa une question à son tour et j’étais intérieurement très content qu’elle le fasse. En effet, car cela voulait dire que je ne l’ennuyais pas trop et j’irai même jusqu’à dire qu’elle avait peut-être réellement envie d’en savoir plus sur moi et d’entretenir la conversation. Joie. Je souriais comme un imbécile heureux tout en lui offrant une réponse des plus sincère sans toutefois trop en révéler. « Oh non, pas du tout… J’étais juste présent pour le travail. Je viens de la ville voisine, Metropolis. Si j’avais su que j’y ferai des rencontres aussi intéressantes que la nôtre, je serais venu plus tôt cela dit. » Il faut dire que Gotham n’a pas une très bonne réputation et je suis envoyé dans cette ville que pour neutraliser des méta-humains aussi fou que dangereux. Donc, forcément, je n’aurais jamais imaginé avoir une conversation avec une personne comme elle dans cette sombre ville. Je ne regrette pas de l’avoir interpellé dans tous les cas.

           

« Oh fait, ça m’intrigue… Votre nom de famille, y a-t-il un lien avec Bruce Wayne ou bien, c’est juste une coïncidence ? » Demandais-je finalement, embarrassé de ne pas savoir si c’est une fille qui appartient à un monde différent du mien. Riche, pauvre, bonne bouffe, mal bouffe, éducation ou manque de culture, etc… Le mur qui sépare nos classes sociales est gigantesque après tout. Toutefois, avant qu’elle puisse me donner une réponse, un coup de feu retenti non loin de nous, sous la panique la plupart des gens fuyaient autour de nous. Quant à moi, bien que bouleversé à l’idée d’abandonner une si belle rencontre, j’avais couru sans aucune hésitation vers l’endroit où le coup de feu avait été tiré, sortant mon arme de service à ma ceinture, dissimulée sous mon haut. Arrivée sur place, que fut ma surprise de constater que l’homme qui tenait l’arme, le pointait sur une femme et un homme. « Je… J’arrive pas à croire que tu me trompe avec mon propre frère, ca dure depuis combien de temps entre vous, répondez-moi  ! » Annonce-t-il, alors que les deux cibles, sa femme et son frère si j’ai bien compris, tentaient de le calmer, paniqués qu’il appuie sur la détente même sans faire exprès.
      « Monsieur, veuillez lâcher votre arme immédiatement. » M’annonçais-je alors, histoire de détourner son attention même un peu des deux personnes qu’il ciblait. Il m’observa tandis qu’il était en larmes, ceci avant de braquer les yeux fermés l’arme sur sa propre tempe et presque immédiatement sa femme et son frère qui étaient pourtant les cibles, criaient de ne pas faire ce qu’il s’apprêtait à faire. « Pense aux enfants, je t'en prie. » Rajouta la femme affolée. Sans toutefois ranger mon arme, n'ayant pas le droit de le faire face une personne armée, je décide m’avancer tout en restant à une distance de sécurité. « Okey, je propose qu’on se calme un peu. Monsieur, pourquoi ne pas me raconter votre histoire. » Il n’est pas le premier qui se suicide devant moi, mais il est le premier qui hésite à appuyer sur la détente. Ce qui veut dire qu’il est encore possible de le convaincre de ne pas se tuer.

            Lorsque les premiers véhicules de la police arrivent, je sortie mon insigne dans leur direction afin qu'ils ne soient pas plus inquiet du fait qu’une jeune personne telle que moi porte une arme.

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Si la loi devient crime, alors le crime n'est plus... - Juge

     
          Le destin était réellement manipulé par trois connasses qu'on nomme les Moires ? Ou trois autres satanées sorcière qu'on nomme aussi Normes. Pourquoi fallait-il que je tombe réellement sur la fille d'un PDG. Dire qu'en plus celle-ci m’intéressait vraiment parce qu'elle ne semblait pas être complètement déconnectée de la réalité. Elle devait sûrement me voir comme un connard qui la drague pour le fric, alors que je la drague juste parce que je le vaux…. Giorgio Armani me veut dans sa pub eau de parfum. Okey, je me calme, je raconte des bêtises. Mais bon, en vrai, je n’avais pas vraiment eu le temps de m’extasier devant sa révélation que le coup de feu et la panique provoqué par le tireur m’avait fait réagir au quart de tour. Arrivée sur place, un homme semblait sans le moindre doute viser un couple qui se révéla être, d’après ce que j’en avais compris, sa femme en compagnie de son frère.
            Sa réaction changea dès lors que je manifestai ma présence, il était semble-t-il sur le point de vouloir finalement s’enlever la vie en désespoir de cause. Ce qui rendait mon intervention que plus sensiblement compliquée. Lui tirer une balle pour empêcher qu’il commette un meurtre, c’était une chose… Mais lui coller une balle parce qu’il était sur le point de se suicider, je risquais fortement de rendre des comptes à mes supérieurs. Mais il était hors de question de le laisser perdre la vie aussi simplement. Je n’avais que 19 ans bordel, pourquoi fallait-il que j’assiste tous les mardi gras à un suicide. Est-ce vraiment ce à quoi, j’inspire en tant qu’agent d’A.R.G.U.S. ? Je le fixais et l’espace d’un moment, je ressentis une lassitude certaine, une lassitude qui vint faire émerger en moi une tristesse que je ne saurais pas expliquer. Et comme si ma conscience hurlait sa frustration, j’étais envahie de regret.

             Et je le demandais alors intérieurement, pourquoi fallait-il que je sois un homme ? Pourquoi suis-je tombé amoureux d’un idiot qui n’a finalement pas su assumer ses ébats quand il le fallait ?  Pourquoi mon corps est ce qu’il est aujourd’hui et pourquoi je prétends ne pas l’aimer ? Est-ce que je me sens davantage rassurer si je me mets à haïr la féminité que lui semblait férocement aimer ? Vais-je encore longtemps jouer la carte du macho quand en vérité, je n’ai aucune forme d’attirance pour le corps ? Je me hais tellement, car je suis responsable pour avoir été faible face à mes sentiments qui me condamnent désormais à être l’idiot que je prétends être. Je suis finalement cet imbécile qui a vendu son âme à A.R.G.U.S. et j’ai payé le prix qui continue à s’alourdir, quand à chaque fois que l’image de cette fausse-couche revint me hanter. Cette vie que j’ai portée, envolée avant même d’avoir pu voir le monde extérieur.
        Une voix me sort de mes pensées, celle de la fille de tout à l’heure, Cassandra. Pourquoi elle était là, à quoi elle jouait ? Ah… Peut-être que je n’étais rien d’autre qu’un gamin à ses yeux, elle culpabilisait sans doute quant à mon sort, elle serait sans doute la première après mes frères et ma sœur, si c'est le cas. Les gens ont du mal à croire que je suis moi-même un agent, je ne suis qu’un gosse selon eux, mais pas pour l’état, pour eux, j’étais une arme à déployer sur le terrain et rien de plus. Ne m’imite pas Cassandra, moi, ma vie a sans doute moins de valeur que la tienne. Si je meurs, ils auront vite fait de me remplacer par un autre Jones. L’homme braqua à la suite son arme en direction de la jolie asiatique et mon sang ne fit qu’un tour à travers mes veines. Si elle était blessée, ou pire encore, si elle venait à perdre la vie à cause de moi, à cause du fait que j’ai voulu la séduire grossièrement, aurais-je toujours la capacité de me regarder dans un miroir ?

            Mon cœur s’emballe et je le sens, même si j’essaye de taire mes pensées pour regagner mon calme, c’est trop tard… Je la sens chuter cette force qui me garde digne, tandis que l’homme consentit à répondre à celle qui semblait braver la mort sans crainte. « J’ai tout sacrifié pour permettre de subvenir à ses besoins et surtout, ceux des enfants. J'ai saigné pour qu’ils ne manquent jamais de rien quitte à me priver pour leur bien. Quand il a fallu travailler, je l'ai fait !  En dépit, du fait que je passais moins de temps à la maison. Tous ses sacrifices, mes enfants ne savent même plus s’ils me doivent le respect, je ne suis qu’un étranger pour eux. » Sa main tremblait sur l’arme tandis qu’il s’efforçait de s’exprimer sans hurler, ce qui semblait être un challenge pour lui. Mais je m’en foutais de ses raisons, était-il près à prendre une vie ou la sienne parce que le monde ne tourne pas rond ? Je suis lasse, j’ai plus de force de supporter ses âneries et les miennes.
              « Au moins, vous avez des enfants qui ont eu la chance de naître et qui respirent encore. » Ma voix grave était devenue fluette, le silence s’installa aussitôt que les regards se braquèrent sur ma silhouette devenue bien plus petite. « Tu crois avoir touché le fond ? Je suis un mec piégé dans le corps d’une femme depuis la naissance. Au point que j'ai fini par douter de mon identité. Suis-je un homme ? Suis-je une femme ? Et un jour, un homme semblait s’être intéressé par moi, par celle qu’il voyait en moi. Je suis alors tombé amoureux parce que mon cœur a eu la faiblesse de croire qu’il m’aimait pour ce que j’étais. Moi, l’incapable qui a laissé ce type décider de mon genre, aveuglé par mes sentiments. Des sentiments qui m’auront fait naïvement écarter les jambes pour le laisser prendre ma virginité et tomber enceinte de lui. J’ai perdu l’enfant avant qu’il naisse et quant au père, il m’a abandonné alors je subissais encore le traumatisme d’une fausse-couche. »

            Je pris une pause quand je réalisais que des larmes coulaient le long de mes joues depuis plusieurs secondes. « La question, êtes-vous prêts à gâcher votre vie et ternir votre image aux yeux de vos enfants, car vous avez été trop faible pour supporter ce que d’autres ont su endurer ? »

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          Bordel, quelle journée de merde tout d’un coup, c’était pour ce genre de raison à la con que je détestais Gotham. Les gens de cette ville ont un grain sérieusement. Pourquoi vouloir aller jusqu’à buter ou se faire buter pour une affaire conjugale qui tourne mal. Jusqu’à où peut aller l’obsession humaine et ce besoin de vengeance aussi ? Je dis ça, mais j’avoue que je ne sais pas moi-même tout compte fait, ce que je serais prêt à faire pour venger un être cher. Si on venait à arracher à ce monde l’un de mes frères ou ma sœur, il est possible que je deviendrais une personne que je ne reconnaîtrais pas. Peut-être qu’il vaut mieux ne pas penser à ce genre de chose triste… Oui, sachant que la vie de mes frères est exposée autant que la mienne, du moins sera amenée à être exposées à divers dangers, je préfère ne pas y songer. Car le faire, ce serait admettre qu’un jour un malheur puisse arriver. Je préfère continuer à endormir mon esprit à ce sujet.
          « Un cheeseburger, grande fritte, grand coca… Euh, non, potatoes à la place des frittes et sprite. Grand sprite, hein. » Le Mcdo. Oui. Figurez-vous messiers que ça été ma brillante idée pour invité la charmante dame à m’accorder un rattrapage et faire un peu plus connaissance. En plus, je me suis dit que je lui devais bien ça pour les risques qu’elle a prises en m’accompagnant. Oui, certes, c’était son choix. Mais je me sentais coupable malgré tout, j’aurais certainement vu rouge si elle avait pris une balle, sans doute, aurais-je tué cet homme sans aucune hésitation guidé par la simple furie qui aurait pu naître de ce même esprit de vengeance dont je parlais plus tôt. La culpabilité qui m’aurait habité, ne m’aurait pas fait changer d’avis. Oui. J’aurais massacré cet homme par pure haine. Merde… Quel genre de personne pourrais-je devenir si N°1, N°3 et N°4 venaient à disparaître de ma vie. J’aurais sans doute peur d’une vie comme celle-ci. C’est bien l’une des choses que je crains, me retrouver seul parce que ceux que j’ai finis par aimer, puisse mourir ou m’abandonner.

         Je paye pour ma commande et celle de mon invité, je ne lui laisse pas le choix. Je veux la remercier d’avoir participé à l’empêchement d’un drame et de ne pas s’être faite descendre au passage. Surtout de ne pas s’être faite descendre alors que je la draguais cinq minutes plus tôt. J’en aurais fait des cauchemars, très sincèrement. On a le numéro de table, on s’installe. On sera servie par de jolies serveuses quand tout sera prêt. Je me surprends à écouter la musique du restaurant un moment pendant que je m’installe, c’est pas trop fort, mais assez omniprésent pour qu’on ne l’ignore pas totalement. « Ah mince... » Songeais-je, alors que je réalisais un truc grave pendant que je m’asseyais. « J’ai oublié de prendre un Sundae fraise. » Celui que j’entends dire que c’est parce que je suis sous ma forme fille que j'ai cette envie de sucre, je l’éventre ! Oui, je brise le quatrième mur, en parlant à vous lecteur. Faites pas les enfoirés, même les gars virils comme moi, aiment les glaces à la fraise et les chocolats.
         « Bon, au pire, je peux toujours en commander après. » Rajoutais-je en enlevant ma chemise beaucoup trop grande pour moi. Je retire aussi ma ceinture qui contenait mon Holster, l’étui de mon arme de service. Je cachais le tout discrètement sous ma veste, je le renfilerais quand je devrais me lever. C’est juste que ce n’était pas évident de s’asseoir avec, c’était même assez désagréable. Aussi,  j’étais bien content de l’avoir retiré, mes hanches sont beaucoup plus large en nana, du coup c’était pas mal serrer autour de la taille depuis que j’avais changé de forme, là où je nageais dans mes vêtements. D’ailleurs en parlant de mon apparence. « Ca ne te choque pas ? » Lui demandais-je alors ? Je sais qu’avec ce qui se passe dans le monde, plus rien ne peut choquer qui que ce soit, mais je préfère demander quand même.

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Si la loi devient crime, alors le crime n'est plus... - Juge

     
          La tranquillité était revenue, mais je ne savais plus si j’avais envie de reprendre ce jeu débile auquel je jouais avant l’incident. Après ce que j’ai révélé sous le coup de la colère, il y avait ce goût amer qui était soudainement remonté dans ma bouche concernant ce passé impossible à oublier, à ignorer, mais que je pouvais pourtant honteusement cacher à ma propre famille avec une facilité déconcertante. Pourquoi… Pourquoi ai-je ressenti le besoin de dévoiler tout ça à un pauvre inconnu que je ne reverrais certainement plus jamais ? Je me sentais mal, intérieurement vide, un sensation qui engendrait un sentiment de malaise. Je venais ouvertement de prendre conscience que je n’avais finalement jamais réussi à me remettre de ce qui m’était à arrivé, il y a deux ans. Et cette idée suffisait à me glacer le sang et créer de l’effroi en moi. Je ne tenais pas à ce que ma vie soit enchaînée par mes plus noires expériences, sans doute parce que je ne tenais plus à me mentir à moi-même quelque part, au fond de moi.
       Je fixais l’espace d’un instant Cassandra alors que je m’installais confortablement, attiré par les gestes de ses mains. Et je détournais bien évidemment aussitôt le regard quand je constatais qu’elle employait le langage des signes, surtout pour ne pas me montrer soudainement intrusif. Ce qu’elle avait à dire et à la personne en question ne me concernait pas, autant respecter son intimité. J’arrivais tout de même à espérer malgré tout, qu’il ne s’agisse pas d’un petit copain. Je veux dire, il faut quand même que je retente mon coup quand je m’en sentirais mentalement capable. Elle est jolie et… je suis joli. Apparemment, c’est tout ce qui semble compter pour la société qui marche par attirance physique. Oui, ça ne peut que marcher par attirance physique, sinon pourquoi ce type n’a pas été là quand j’avais besoin de lui, quand tout mon être éprouvait un fort attachement pour lui ? Lui qui me fit réaliser que l’amour n’est qu’une chimère invention, une faiblesse dans laquelle je suis tombé, une notion qui continue à me hanter et me faire souffrir.

       Après lui avoir posé la question concernant mon apparence, elle me répond qu’elle ne voyait pas pourquoi elle devait me traiter différemment. Je souris avant de poser confortablement mon dos contre le dossier de mon siège. « L’inconnu, l’incertitude, la méconnaissance... » Répondis-je alors avant de rajoute. « Rien que pour ces trois notions, tu pourrais être plus que surprise… Être incapable de me traiter avec égalité, des notions qui, au fond de toi, peuvent créer une forme de peur liée à cet inconnu, cette incertitude ou cette méconnaissance. » Je penchais ma tête en arrière, sentant ma chevelure devenue plus longue, retomber dans le vide. « Quelque part, je n’en veux pas à ces gens de craindre ce qu’il ne comprend pas, c’est naturel. » La peur de l’inconnu, est sensiblement liée à celle du noir. Oui. Pourquoi on a peur du noir ? Être laissé seul dans l’obscurité avec votre imagination comme seule alliée, mais qui au final se révèle être votre pire ennemie dans ce genre de situation.
      Car après tout, elle sera là pour vous faire entrevoir le pire scénario dans votre tête, dû à une simple goutte d’eau s’écrasant non loin de vous, mais dont le son semble déformé par cette peur qui ne fait que s’accroître dans cette noirceur, vous donnant même l’impression que l’atmosphère lourde, devient palpable. J’ai eu peur du noir, j’en ai peut-être encore peur par moment, sans doute, est-ce la raison pour laquelle je comprends les réactions face au mépris de l’inconnu. On ne veut pas avoir peur, on ne souhaite pas sortir de notre zone de confort à laquelle l’obscurité ou l’inconnu peut nous arracher. Je n’en veux donc pas à ceux qui haïssent les êtres comme nous. Après tout, quand tu grandis chez ARGUS, on vous apprend très tôt que votre différence effraie. La serveuse arrive avec nos plateaux, on la sent un peu inquiète dans sa démarche à l’idée de faire tomber nos boissons, mais elle parvient jusqu’à notre table sans trop de difficulté.

        « Oui, bon appétit. » Lui répondis-je avant de m’octroyer un premier croc dans mon cheeseburger. Par tous les saints, c’était à mon sens, la meilleure invention humaine, tout âge confondu. C’était juste, simplement dommage que cette bouffe ne soit rien d’autre que de la merde pour la santé. Je gobe à la suite un potetoe et pendant un moment, seul le silence nous permettait de savourer ce simple petit moment de détente gustative. Car même si c’était de la merde, c’était grandement délicieux au point de devenir une addiction pour certaines personnes. Je ne déconne pas. Après avoir gobé un deuxième potetoe, je dépose mon sandwich et fixe Cassandra un moment. « Dis-moi. » L’interpellais-je avant de commencer à signer de quelques mouvements de main, pour lui annoncer quelque chose qui m’avait intrigué. Le fait qu’elle n’ait pas exprimé de peur quelconque lorsqu’elle fut menacer par une arme. Je lui demandais alors si ce n’était pas la première fois qu’elle était confrontée à ce genre de situation.

"Hey bébé, ça te dirait d'aller prendre avec moi... Un cheeseburger ?"

Si la loi devient crime, alors le crime n'est plus... - Juge

     
          Sa réponse était des plus étranges, j’en ai croisé des gens un peu spécial, c'est mon métier de stopper ceux qui sortent de l'ordinaire, mais plus je la découvrais et plus elle me semblait un peu plus particulière que les autres. Sa façon de percevoir le monde, et ce qu’elle peut interpréter d’une situation comme la mienne, à quelques détails près, me faisait penser à ma petite sœur. Je ne savais pas encore si c’était une bonne chose, car ce que je savais pour sûr, c’était qu’Analia n’était pas heureuse de la vie qu’elle menait actuellement. Peut-être que cette impression n’était finalement rien d’autre qu’une simple impression ? Peut-être que c’est finalement une chose normale pour une personne de ne pas forcément comprendre les peurs des autres. En même temps, j’ai grandi pour apprendre à ne pas chercher à avoir de l’empathie pour ce que pouvait ressentir de potentiels ennemis, une arme n’avait guère besoin de ses émotions, mais elle n'était pas une arme elle, si ? Et c’était tout particulièrement vrai pour Analia qui était forcée d’être ce genre d’arme, insensible aux réactions des autres.
       Sauf qu’elle était aussi têtue que je l’étais et qu’à sa manière, elle se construisait une identité et une personnalité qui entrait en conflit avec les projets de Cadmus. Mais c’était une gosse dont les réactions face à l’inconcevable restaient aussi ternes que naïves, n’ayant sans doute pas conscience des notions du possible et de l’impossible, elle qui était toujours confinée, entraînée, endoctrinée à la violence d’ARGUS. Qu’avait-elle pour apprendre à se sociabiliser de manière ordinaire ? Donc oui, je ne savais pas encore si c’était une bonne chose qu’elle me fasse penser à ma petite sœur. Surtout que je commençais à la suspecter à partir de son comportement irrationnel de tout à l’heure et de sa non-réaction fasse à l’arme à feu, qu’elle était bien plus qu’une simple citoyenne de Gotham. Ou alors, les rumeurs comme quoi cette ville était une poubelle à cingler n’était que pure vérité. Cela dit, j'avais beau l'observer, fixer ces yeux sombres si magnifiques, semblant emplis de tragédie, ne me donnaient pas l’impression d’avoir en face de moi une Harley Quinn.    

      Alors forcément, j’avais besoin qu’elle m’éclaire de ce côté-là. Et je trouvais opportun de découvrir qu’elle pouvait communiquer via le langage des signes, ainsi le sujet ne pourrait pas être entendu par une oreille trop attentive à notre conversation. Ma question fut simple, pourquoi n’avait-elle pas eu peur face à l’arme à feu ? Je restais alors attentive devant ses gestuelles qui faisaient le récit de ce qui semblait être son histoire, du moins son passif plutôt horrible et qui me confirmait que cette femme n’était réellement pas différente de ma sœur, de mes frères, ou de moi-même. Si l’on croyait ce qu’elle disait, elle a déjà pris des balles… Mais la question que je me posais, c’était dans quel contexte elle avait pris ces balles en question ? A-t-elle été agressée ? Était-ce un accident ? Non. La manière dont l’information était amenée, me donnait l’impression que son père l’avait fait souffrir volontairement... Pourquoi ? Pour la renforcer ? l’endurcir ? Elle me donnait l’impression que celui que son père lui fit découvrir le goût de la souffrance en tirant lui-même sur sa propre fille.
       Est-ce que son corps était parcouru de cicatrice, de ces traces, vestiges de l’horreur de son passé qui étaient à jamais gravés dans sa chair ? « Je suis désolé d’apprendre ça, Cassandra. » Dis-je de nouveau à haute voix en me replaçant de nouveau correctement contre mon dossier. « Personne ne devrait avoir à vivre une pareille enfance. »

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          Assurément, Cassandra était un personnage qui semblait avoir sa part de mystère. Tout chez elle pouvait en un sens paraître suspicieux, mais aussi fascinant et intrigant. Quel genre de père lui apprendrait à ne pas avoir peur des armes à feu ? Ca ressemblait plutôt à ce que Waller attendait de nous, et par nous, je parle des produits du projet Cadmus. Oui. Cette histoire aussi triste que désolante, avait de quoi faire naître en moi de la curiosité. Pourtant, je me gardais de poser les questions évidentes, le but n’était pas de simuler un interrogatoire surprise, mais de la remercier pour l’aide qu’elle avait pu apporter plus tôt dans la journée. Loin de moi l’envie d’entrée de la sorte dans sa vie privée et ses secrets. Au final, je voulais juste savoir pourquoi elle n’avait pas eu peur lorsqu’une arme à feu fut pointée sur elle, j’ai eu ma réponse. Concernant les autres vérités qui se cachaient derrière son éducation, je n’étais pas pressé de les connaître.
         Je fixais à nouveau mon plat, avant de reprendre quelques bouchées de mon cheeseburger, je ne pouvais m’empêcher de songer à la vie qu’elle avait pu avoir, malgré tout. Quelque part, j’avais maintenant réellement envie de la connaître, elle m’intriguait énormément. Et sans doute, faisais-je preuve d’une réelle force mentale pour ne pas la submerger d’innombrables questions qui se trouveraient être irréfléchies si elles étaient posées dans ce genre de contexte. Alors je me tus et je mangeais en silence, faisant fi de mes pensées agitées par cette curiosité. Et mon intérêt existait sans doute parce que quelque part, j’arrivais à m’identifier à elle. Ce qui était un sentiment étrange, que je ne ressentais généralement qu’auprès de ma fratrie. Et d’ailleurs, je ne pouvais que me demander pourquoi je ressentais ce que je ressentais, sachant que je ne connaissais encore rien d’elle. Est-ce le fait de savoir qu’elle avait souffert pour apprendre à oublier la souffrance ? Qu’elle n’a pas eu de véritable enfance ?

         Je l’ignore, je ne sais pas si franchement j’avais envie de connaître la réponse dans le fond. Peut-être que connaître la vérité pourrait faire d’elle mon ennemi, car peu de gens ordinaires pouvaient se vanter d’avoir reçu la même éducation que moi. Et si elle n’était pas ordinaire, il y avait forte à parier qu’elle était une personne qui appartenait à un ordre ou un organisme similaire ou en opposition à ARGUS… Je ne serais pas non plus étonné si elle me révélait être un mercenaire ou l'un de ses justiciers à la con. A son tour, elle posa sa question par rapport à ce que j’ai pu lâcher bêtement sous les nerfs à vifs. Et c’était assez compliqué de pouvoir ressentir cela aussi facilement. Je ne me sentais pas capable de remettre des mots sur ce qui m’était arrivé deux ans plus tôt. Rien que d'y repenser suffisait à faire naître une forme de nausée en moi tant je ressentais ce malaise évident que pouvait provoquer mes choix passés. Ces choix qui me faisaient à nouveau haïr mon apparence féminine dès l’instant que j’y songeais à nouveau.  
        J’avais regardé cela dit mon plat, d’un regard vide, silencieux, me demandant comment réussir à lui parler de cette histoire quand finalement, elle proposa de remettre ça à plus tard. Je souriais alors, d’un sourire sincère. « Si ça me permet de te revoir, alors je préfère garder ce sujet de conversation pour une autre occasion. » Je n’étais pas vraiment friand à l’idée d’en parler, mais j’étais bel et bien content de pouvoir revoir cette fille plus tard. Elle est mon premier numéro que j’obtenais, il y a de quoi me rendre heureux. Sa dernière phrase pourrait paraître anodine, empathique… Mais elle révélait Ô combien, Cassandra était capable de lire à travers les lignes. En plus de lui apprendre à oublier les peurs des armes à feu, on lui avait aussi appris des notions de psychologie qui lui permettait de comprendre une personne à partir de signe de son corps, n’est-ce pas ? Cette fois, j’étais persuadé qu’elle était comme moi.

          Comme j’ai toujours été le plus faible des Jones, j’ai dû apprendre à me servir d’autre qualité pour pouvoir me battre en tant qu’arme de Cadmus. Lire le mouvement de mes adversaires afin de pouvoir en prédire l’attaque, c’est ma spécialité, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je reste le plus fort au corps à corps parmi ma fratrie. Mais c'est ma seule et unique qualité qui trouve sa faible face à une autre personne pouvant psychologiquement déceler mes intentions en m’analysant. J’aurais pu penser qu’elle n’était peut-être rien d’autre qu’une psychologue ou une psychanalyste, si elle était restée à mes yeux une simple personne ordinaire. Je devais faire désormais attention à mon attitude devant elle, si je ne voulais pas continuer à être un livre ouvert. Je pris cela dit son numéro et le rangea précieusement, non sans fixer Cassandra. J’ai toujours aimé me venter que j’étais Robert Downey Jr dans Sherlock Holmes… Mais, je n’aurais jamais cru que la fille qui m’intéresserait, serait pour sa part, le professeur Moriarty.
          « Je n’hésiterais pas Cassand... » Allais-je lui répondre quand mon téléphone se mit à sonner. « Je suis désolé, je dois répondre. » Dis-je avant de décrocher en me remettant à l’aise sur mon siège. J’écoutais silencieusement, avant de répondre. « J’étais sur le point de revenir, je suis là dans quarante minutes. À plus. » Je raccroche avant d’adresser un sourire. « Il est temps pour moi de retourner au travail, encore merci d’avoir accepté de venir ici et désolé de partir aussi vite. J’ai vraiment hâte qu’on se revoit de nouveau Cassandra. » Dis-je en me levant et remettant mon arme de service autour de la taille avant d’attraper ma barquette de fritte et mon cheeseburger. « D’ailleurs, y a-t-il des jours où tu es libre ? »

"Hey bébé, ça te dirait d'aller prendre avec moi... Un cheeseburger ?"

Si la loi devient crime, alors le crime n'est plus... - Juge

     
          C’était une journée qui se terminait plutôt bien pour moi, du moins c’était le sentiment qui en ressortait de cette journée qui a faillit pourtant partir en cacahuète. Il faut croire que les tutos sur youtube méritaient leurs pouces bleus. J’étais peut-être sur la bonne voie pour devenir un professionnel de la séduction, j’avais assurément déjà le physique, il manquait plus que la technique. Il était peut-être pas trop fou de dire avec fierté, que peut-être que la technique, je l’avais peut-être déjà. Après tout, cette pauvre fille a mis sa vie en danger en me suivant, on pouvait aussi imaginer que c’était parce que je lui plaisais. C’est évident. Sourire débile coller au visage à la sortie du Mcdo, ce dernier finit néanmoins par disparaître alors que mon regard se porte un instant vers le paysage nuageux. Je ne peux m’empêcher de me cracher intérieurement, Ô combien je suis stupide.
         Au final, pourquoi je m’amusais à faire ça, hein ? Regarder du porno pendant que les autres se concentrent, visionner des tutos Youtube comme si je n’avais pas mieux à faire. M’imaginer draguer la premier venue. C’était stupide, car dans le fond, je n’éprouvais guère le besoin de me salir l’esprit à ce genre d’activité. Pourtant, je le fais, car je sais que par un moyen ou un autre, il apprendra, il saura ce qui j’ai fait. Il a toujours su tendre l’oreille quand une histoire touchait de près ou de loin à  ma personne. Dans le fond, je le sais sans toutefois l’assumer, mais j’agis comme j’agis simplement pour créer en lui une forme de souffrance. Est-ce que je souhaite le rendre jaloux, sans doute. Est-ce que je le veux l’entendre se maudire sous les regrets, assurément. Car au final, je lui en veux énormément de créer en moi ce sentiment de solitude qui pèse sur mon cœur depuis qui a choisi la lâcheté dans la fuite.

             Une solitude qui alourdit de nouveau mes épaules depuis que je suis sortie de ce fast-food, poubelle à cochonnerie dans laquelle je noie au fond cette si éprouvante mélancolie. J’ai un regard pour la belle asiatique… Et quelque part, il est vrai, j’ai sans doute passé un bon moment en sa compagnie. À travers elle, j’ai comme eu l’impression de lire en moi et peu de gens peuvent réussir à m’évoquer ce genre d’impression. Mais je lui ai peut-être menti. Non, pas peut-être. Je lui ai bel et bien menti, c’est un fait. Je ne chercherais pas à la revoir, car je le sais, le besoin de découvrir son histoire va hanter cet esprit si étriqué qui est le mien. Et je doute qu’elle reste une amie à notre prochaine rencontre, alors autant croiser les doigts pour ne plus la recroiser. Enfilant mon casque peu après mettre installer sur ma moto, je prends un malin plaisir à la faire ronronner un peu au démarrage.
            Conduire cette moto, me donne envie de rouler ma bosse dans mon coin, loin de toutes les complications. Mais il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas là une liberté à laquelle j’ai le droit. Car c'est par leurs chaînes mentales qu’ARGUS me retient parmi eux, ils n’ont nu besoin de m’éprouver pour savoir que tant qu’il leur reste un Jones sous la main, je n’irais nulle part. Et puis de toute façon où irais-je et que ferais-je ? Exactement… C’était-là une pathétique et stupide idée. La liberté n’est qu’un mensonge que l’on se souffle à soi-même, pour supporter un peu plus une réalité dans laquelle l’existence même n’a au final aucun sens.