Happy time for us. [Ft. Cassandra Cain-Wayne]

Happy time for us

Depuis qu’ils étaient arrivés sur cette Terre, Tim avait pris ses habitudes, travaillant dans son coin pour retrouver tous les jeunes héros, se doutant bien que les membres de la ligue avaient déjà trouvé un moyen de se contacter et d’entrer en relation avec la résistance dans leur coin. Il fallait dire que certains de leurs homologues sur cette terre avaient fait de sacrés dégâts… Quant au sien, il avait peur de découvrir ce qui lui était arrivé, et il était pourtant encore bien loin du compte, même dans ses idées les plus folles. Toujours était-il que cette fois, il était en expédition spéciale avec Black Bat à Westminster. Trouver des objets en état de marche ou tout du moins réparables, quelques pièces de valeurs qu’ils pourraient échanger au marché noir contre des médicaments et du nécessaire pour les premiers soins… Ce n’était pas les enquêtes qu’ils faisaient sur leurs terre, mais entre les amazones, les pilleurs et les atlantes, c’était tout aussi dangereux et cela demandait beaucoup de discrétion.

Cependant, Tim avait, depuis le temps, pris en compte les rondes de chaque faction et les pics d’affluences des pilleurs pour éviter le plus de désagréments possibles lorsqu’ils se retrouvaient là. Après tout, il valait mieux éviter de se retrouver pris entre deux feux. Pour plus d’efficacité et par habitude, ils étaient partis de nuit. Les justiciers de Gotham étaient rôdés à parcourir les rues sombres à cette heure-ci et leurs techniques de dissimulations n’en étaient que plus efficaces. La Lune se montrait à nouveau après son cycle complet, éclairant le ciel, entourée de ses étoiles, leur laissant bien assez de lumières pour que de petites lampes torches puissent leur permettre de ne pas trop se faire remarquer s’ils les utilisaient avec parcimonie.

Et puis, c’était une autre occasion spéciale que Tim n’avait pas oublié et qui faisait qu’il était somme toute plutôt content d’être là avec Cassandra. Bien qu’ils soient dans un monde dévastés, qu’ils risquent leurs vies chaque jour et qu’ils ne savaient pas dans quel état ils se réveilleraient chaque lendemain, il n’allait pas pour autant oublier l’anniversaire de son amie, qui se trouvait être une semaine pile avant le sien. Il cherchait donc quelque chose par lui-même, un endroit où ils pourraient vraiment être tranquilles et baisser leurs gardes quelques instants, endroit qu’il finit par trouver dans un des coins des ruines du parlement. La salle était vétuste mais tenait debout. Quelques trous dans les murs et la fenêtre aux vitres cassées laissaient filtrer la lumière bleutée de la lune dans cette salle déjà vidée de ses meubles et où ne subsistaient que quelques gravats. Mettant sa main droite dans sa poche pour s’assurer qu’il avait bien tout ce qu’il fallait. Il n’avait pas le cadeau qu’il avait commandé sur leur Terre, mais en fouillant les décombres, il avait trouvé quelque chose pour patienter depuis quelques jours.

« Hé, Black Bat ! » L’interpella-t-il machinalement. Comme ils étaient en mission, il avait cet automatisme d’appeler tout le monde par leur pseudonyme. Même si ici, peu de monde pouvait les reconnaître avec leurs noms, il y avait toujours le risque qu’un de leur criminel à eux ne soit pas loin, et il ne voulait pas risquer de les mettre en danger pour une erreur pareille. « Je sais que c’est pas franchement le moment et que l’endroit paie pas vraiment de mine mais… Bon anniversaire ! » Dit-il alors en sortant un collier de sa poche. Beaucoup de pilleurs avaient dû passer à côté à cause de l’oxydation, mais lui rendre son apparence d’antan n’était pas si difficile que ça quand on savait comment s’y prendre. Le collier était un simple collier en argent, orné d’un trèfle à quatre feuilles. « Désolé par contre, je n’ai pas pu demander à Alfred de faire un gâteau… » Dit-il avec un léger sourire presque moqueur à l’encontre de sa propre réplique. Bientôt, cependant, il se rappela qu’ils étaient en mission et que si son amie n’aimait pas quelque chose, c’était le manque de concentration pendant ces dernières et se demanda si, finalement, c’était une bonne idée d’avoir fait ça pour son intégrité physique.

Happy time for us

Si une chose était sûre, c’était que Cassandre n’avait pas besoin de répondre par la parole pour faire comprendre qu’elle avait entendu le jeune homme lorsqu’il l’interpela. Elle s’approchait vers lui  et, de la même façon, ses actes parlaient pour elle lorsque le justicier lui offrit le collier remis à neuf. La surprise, le bonheur, tout ça se lisait sur son visage et Tim préférait voir cela que ce qu’il pouvait y lire depuis quelques temps, la peur et l’inquiétude. Pendant un instant, aussi court fut-il, il avait pu balayer cela d’un revers de la main avec un simple cadeau, et c’était une victoire vu la situation dans laquelle ils se trouvaient. Joignant la parole à ses actes, la jeune femme le remercia, lui précisant qu’elle n’allait pas le taper. Levant légèrement les yeux au ciel, Tim se dit que définitivement, essayer de cacher quoi que ce soit à sa camarade était compliqué, même pour lui. Un jour peut-être qu’il devrait le faire, mais ce serait sûrement une des tâches les plus compliquées qu’il aurait à accomplir, car ses yeux étaient de véritables détecteurs de mensonges ultra-perfectionnés. Cependant, le plus important était qu’elle souriait, fait bien rare depuis leur arrivée sur Terre-4. Alors qu’elle le remerciait, tenant fermement le collier dans ses mains avec un grand sourire sur le visage, Tim la regarda avec pleins d’interrogations se tourner vers son sac pour en sortir quelque chose qu’elle lui tendit, nerveuse, avant de lui dire que c’était, à son tour, un cadeau pour lui. Il était vrai que leurs anniversaires étaient à une semaine de décalage et qu’ils n’auraient peut-être pas la chance de pouvoir fêter le sien le jour où il tomberait, mais Tim était toujours surpris qu’on lui fête son anniversaire à lui aussi. Il fallait dire que c’était une chose dont il parlait peu, surtout depuis la mort de sa mère et le coma de son père. Pourtant, à chaque fois, il pouvait compter sur Alfred, Cassandra et les autres pour ne pas l’oublier à sa place.

Prenant le cadeau, il le déballa en faisant bien attention. Du coin de l’œil, il vit la nervosité dans chaque action de son amie, la peur que son cadeau ne lui plaise pas. Et alors qu’il l’avait en face des yeux, un sourire sincère vint se dessiner sur son visage. Le dessin était simpliste, il y avait des fautes, mais rien qui ne vaille le coup qu’il fasse une quelconque remarque ni une seule blague. Ce dessin était une preuve de la victoire de leur groupe et de la jeune femme sur ce que la ligue des assassins avait voulu faire d’elle. Ils avaient voulu en faire une arme et elle dessinait innocemment, ils avaient voulu en faire quelqu’un qui parlait avec ses poings, et elle écrivait malgré les fautes. Ils avaient tous réussi et ce simple dessin en étant la preuve la plus sincère et la plus tangible qu’il avait de cela.

« Merci beaucoup. C’est parfait. » Dit-il avec le même sourire encore affiché sur le visage avant de la prendre dans ses bras pour accompagner la parole avec les gestes et la remercier instinctivement. Ce monde était trop dangereux pour être dans la retenue maintenant alors qu’ils pouvaient disparaître à chaque seconde. Il se doutait aussi que lui et les membres de la Young Justice League seraient sûrement appelés à lutter contre Brainiac avec la Justice League et ce dernier n’était pas une menace à sous-estimer et que certains risquaient de ne pas revenir indemnes, dont lui.

« Et sinon j’ai aussi fait autre chose, mais je ne sais pas si c’est le bon endroit pour ça… » Dit-il un peu plus gêné. Une chose qu’il n’aimait pas faire en général, qui ne l’avait jamais attiré d’ailleurs et uns des raisons pour lesquelles il profitait souvent d’un moment d’inattention pour s’échapper des bals caritatifs.
« J’ai… Euh… Pris des cours de danse. Au moins comme ça tu pourrais danser avec quelqu’un que tu connais à la prochaine soirée de Wayne Enterprise, mais bon… On sait pas quand elle viendra, puis je sais pas si j’ai été un super élève. »

Une des rares choses pour lesquelles Red Robin n’était pas sûr de lui. Il n’était pas aussi renfrogné et solitaire que Damian ou bourru comme Jason, mais avait ce côté introverti qui ne l’amenait pas à vouloir se montrer en public ou à faire des choses qu’il aurait qualifié de mièvres à une autre époque. A vrai dire, si quelqu’un lui avait dit qu’un jour il apprendrait à danser, il lui aurait sûrement rit au nez en disant que danser lui donnerait probablement de l’urticaire.

Happy time for us

Autant dire qu’étreindre quelqu’un n’était pas dans les habitudes de Tim. En général, il était moins démonstratif, plus formel comme son mentor. Peut-être que de son côté, c’était aussi un peu de la maladresse. Son éducation avait été faite à base de professeurs particuliers pendant longtemps. Entre ça et ses parents rarement présents, il n’avait jamais l’occasion de jouer avec les enfants de son âge, ni d’apprendre à vraiment vivre avec une certaine ouverture sociale. Tous ses contacts étaient formels, froids depuis tellement longtemps que pendant longtemps, il préférait rester seul plutôt que de paraître bizarre aux yeux des autres, pas adapté à leur façon d’agir ou d’être, tout simplement. Bien sûr, il avait quelques passions, comme l’informatique, enquêter et regrouper les informations sur les héros mais… C’était des choses qui, à l’époque, auraient pu le faire passer pour un dérangé et il n’en avait que trop conscience. De fait, il ne se permettait ce genre de chose qu’avec les gens avec lesquels il était proche, et chaque personne de la batfamily en faisait bien sûr partie… Bon, il ne s’amuserait pas vraiment à tendre les bras à Damian, ce dernier étant encore moins sociable que lui, mais bon… C’était une toute autre histoire.

Lorsqu’après cela, il avoua avoir pris des cours de danse, il vit un nouveau sourire se dessiner sur le visage de Cassandra. Si c’était quelqu’un d’autre, il se serait probablement demandé si c’était moqueur, si elle se doutait qu’il allait rater quelques pas et si elle imaginait déjà sa tête lors des premiers essais et le nombre de fois où il avait pensé abandonner en se disant que de créer un hologramme de lui-même avec la capacité danse intégrée prendrait probablement moins de temps et d’effort. Mais là, il savait que le sourire de son interlocutrice était sincère. Elle n’était pas touchée qu’il sache danser, non, tout simplement qu’il avait fait des efforts pour faire un pas vers elle. Cela n’était qu’une preuve de plus qu’ils avaient fait un long chemin depuis leur première rencontre. A cette époque, Tim était plus intrigué et suspicieux face à elle. Après tout… Elle n’était pas très loquace, son costume cachait entièrement son identité et ce qu’il savait d’elle n’avait rien de rassurant. Lui-même était dans une passe qu’on pouvait qualifier de crise d’adolescence et souhaitait régler ses problèmes tout seul, mais Bruce avait envoyé la nouvelle batgirl dans « ses pattes » jugeait-il à l’époque. Et pourtant, en quelque sorte, il admirait déjà en elle cette capacité à être une héroïne malgré son éducation, malgré ses parents, malgré ce qu’on lui avait inculqué, sa capacité à avoir fait ses propres choix. Pendant longtemps, il n’avait pas cerné à quel point ils étaient similaires à ce niveau. Pourtant, lui non plus n’avait pas été embarqué dans cette histoire de justiciers masqués par un drame ou par un pouvoir. Lui aussi avait fait ses propres pas vers le symbole de la chauve-souris sans que personne ne vienne le chercher. Ils avaient choisi cette voie et depuis, peu importe les détours qu’ils avaient pris, ils avaient toujours eu ce lien particulier d’être la nouvelle génération de Batgirl et Robin, de toujours avoir été sparring partner, ce qui avait grandement amélioré les capacités martiales du jeune homme, mais ils apprenaient aussi à être plus sociables, elle en l’écoutant et en utilisant ses nouveaux gadgets permettant à la jeune femme de se faire comprendre de tous, et lui en apprenant à interagir avec quelqu’un de son âge, à surpasser son isolement pour aider quelqu’un non pas en tant que Robin, mais en tant que Tim Drake. Au fond, lorsqu’il y réfléchissait un peu, le jeune homme se dit que peut-être n’aurait-il pas été le même leader pour les Titans et la Young Justice s’il n’avait jamais fait sa rencontre.

« Je suis peut-être meilleur élève pour les combats que pour la danse… J’ai une bonne partenaire pour ça, faut dire. » lança-t-il, amusé et plus relâché malgré lui tandis que la jeune femme posait son sac et attendait quelque chose patiemment. Ho bien sûr, il savait ce que c’était mais cela restait une première pour lui. Stephanie avait la même aversion que lui pour les bals et tout le reste à l’époque et s’ils pouvaient s’éclipser pour aller se faire un ciné-popcorn ou une partie de jeux-vidéos, ils ne s’en privaient pas un seul instant. Et pourtant, c’était là une sensation similaire à sa première chute libre et rattrapage en grappin et il fallait qu’il se décide à faire le grand saut en espérant ne pas se rater.

Il pris alors la main de sa partenaire de danse d’une soirée, puis, plus pour se détendre que pour détendre l’atmosphère, lâcha un « Madame, m’accorderez-vous cette danse ?» caricatural et presque ridicule, comme ces gens pompeux qu'il avait croisé à différents bals de charité. A vrai dire, s’il avait vu cette scène sans en être l’acteur, sans doute aurait-il éclaté de rire dans son coin. Doucement, il passa son autre main vers le dos de Cassandra avant de demander « C’est bien comme ça, pour une valse, non ? » Il n’était pas l’expert, juste l’apprenti qui faisait de son mieux. Cela faisait tout simplement du bien, pendant un instant, d’oublier le monde dans lequel ils se trouvaient, de pouvoir évacuer la pression et, pendant quelques minutes, de ne pas penser à sauver le monde d’une menace extra-terrestre comptant mettre leur Terre dans une Pokéball. Vivre avec cette pression sur les épaules pendant autant de temps était quelque chose qu’il fallait évacuer et, à cet instant précis, c’était un peu ce qu’ils faisaient. Et puis si quelqu’un arrivait, tous les deux savaient parfaitement se débrouiller pour disparaître sans laisser de trace où affronter quelques adversaires qui auraient le malheur de les croiser.