I know and i'm sorry... [Ft. Cassandra Cain-Wayne]

Aspen écoutait tranquillement de la musique en observant les larmes du ciel déposer de multiples baisers sur le vitrage de la fenêtre à côté de laquelle il s’était installé. La mélodie, classique, pareilles à celles qui accompagnaient avec élégance sa sœur dans ses pas harmonieux, l’apaisait et l’aidait à réfléchir à tout ce qui avait bien pu se passer ces derniers temps. Cassandra et lui n’avaient eu l’occasion de se voir qu’à de brèves occasions ; les obligations, officielles comme officieuses, les séparaient assez régulièrement… en particulier depuis qu’ils étaient revenus de Terre-4. Beaucoup de choses s’étaient produites et le jeune homme avait beaucoup vécu, énormément appris.
La Ligue des Assassins, guidée par Talia Al Ghul, avait mené des attaques terroristes au sein de la Grande Gothique. Des morts. Des innocents disparus. Un lien, que l’ex-assassin espérait de tout cœur avoir su couper en travaillant main dans la main avec la Bat-Family. Avec Batman. Avec- Bruce Wayne… Il n’avait pas réellement eu l’occasion de le connaître, à proprement parler. Il n’avait côtoyé que son alter ego. Mais- cela n’avait plus d’importance. Il n’était plus là.
Le vingtenaire avait jugé qu’il était bien plus sage de ne pas suivre Cassandra : il n’avait pas eu l’occasion de tisser un lien aussi fort que celui que sa sœur et que les autres membres de cette grande famille avaient pu entretenir avec le milliardaire. Et pourtant il ressentait quelque chose… une sorte de pincement au cœur. Il se sentait triste, vide et perdu. Triste qu’une âme aussi courageuse et vaillante ait disparue de la planète, comme ça, en un claquement de doigt.
Un fébrile petit soupir, presque hésitant, soufflant sur la vitre qui rougit dans une douce buée fine et charmante, une buée qui semblait presque supplier que l’on dessine sur elle. Le souvenir de l’Ace lui revint en mémoire, puis celui de Felicity Smoak : deux rencontres, deux personnes diamétralement différentes. Deux camps opposés. Et pourtant une expérience en était ressortie. Et une image, plutôt floue, refit agressivement surface.
Ce jour-là, Aspen s’apprêtait à rentrer de mission : la patrouille n’avait pas été des plus éprouvantes et la plupart des crimes avaient été commis par de petites frappes. Le dessin. Il avait su au tracé tremblant et incertain que sa sœur n’allait pas bien. Pas bien du tout. Il l’avait raté de peu. De très peu. Ce jour-là.
Sa rencontre avec un membre du Royal Flush lui avait permis d’en savoir un peu plus… En quelque sorte. Quelque chose au fond de son esprit lui avait hurlé qu’il fallait qu’il creuse cette piste afin de comprendre ce qui s’était passé et ce que la jeune femme essayait tant bien que mal de lui cacher. C’est ainsi qu’il avait su pour l’attaque du Joker. Pour Cassandra. Et rapidement, il avait fait le lien.
Pourtant.
Pourtant… Il n’en a jamais parlé à Cassandra.
Il ne l’a jamais interrogée.
Et il se sentait mis à l’écart. Trahi.
Mais il ne voulait pas qu’elle ressente ce qui pouvait étreindre son cœur, car qui sait quelle réaction elle pourrait avoir en apprenant que son petit frère avait cherché à plus ou moins- violer son intimité ? Sa vie privée ? Peu importait désormais. Il ne pourrait jamais aborder un pareil sujet, surtout au vu des événements récents. Cassandra Cain-Wayne était en deuil. Mais son silence. Oui. Il savait que son silence risquerait d’être très communicatif et que la jeune femme devinerait presque ses pensées, une fois de retour à la maison. Et il avait- peur. Peur de la discussion qu’ils risqueraient d’avoir. Si elle ne voulait pas en parler, pourquoi voudrait-il ?

Le jeune homme resta muet, gardant le silence et restant focalisé sur la musique qu’il écoutait, fixé sur les gouttes qui tapaient frénétiquement la vitre comme pour le supplier de les laisser se mettre à l’abri de la tempête. Finalement, Aspen poussa un faible petit soupir et se tourna en direction de sa grande sœur pour l’accueillir d’un simple et bref signe de tête. Une salutation bien froide, et surtout, silencieuse. Son cerveau repassait en boucles les derniers jours, les différentes informations qu’il avait amassé sur Le Joker et sur ce qui avait bien pu se passer entre lui et Cassandra. Il remarqua à peine les signes que la jeune femme lui adressa et se contenta de hocher la tête sans vraiment savoir ce qu’elle avait bien pu lui dire ou demander.
Le silence.
Le silence.
Puis une voix : celle de Cassandra, qui brisa le silence qui régnait jusqu’à lors.

« Tu commences… Ou je commence ? »

Aspen leva doucement les yeux vers ceux de la jeune femme et fit mine de sourire… avant que celui-ci ne s’efface dans une expression vide d’émotion : l’ex-assassin n’avait aucunement envie que sa sœur se rende compte qu’il était déçu et en colère, voire même agacé d’avoir appris ce qui s’était passé à la mairie, ce jour-là, entre elle et Le Joker, en côtoyant des personnes travaillant pour la fameuse Wild Card. Il déglutit et se calma en jouant avec la buée qui brouillait la vitre de la fenêtre à côté de laquelle il se tenait.

« Con- condoléances. Pour- Bru- Bruce. Wayne, commença-t-il d’une voix douce et fébrile… une fébrilité qui trahissait les émotions qui bouillonnaient en son sein. Triste. Qu’il- soit-… mort. Bien- battu, au moins ? » demanda-t-il en continuant, encore et toujours, d’éviter le regard de Cassandra.

Un soupir, une nouvelle fois, vint créer une nouvelle vague de buée sur la fenêtre que Aspen semblait avoir pris en affection, tant il y restait accroché. Probablement un moyen d’éviter le contact avec la fille Cain-Wayne… et il continuait de jouer à dessiner sur la vitre avec ses doigts, tout en s’excusant calmement pour la perte que la famille vivait en ce moment même : il était triste qu’un homme aussi grand que Bruce Wayne, que Batman, ne soit plus. Mais cette fixation n’était qu’un prétexte, afin d’éviter le sujet qui fâchait le plus. Oui. Le fameux cas Joker.

« J’aurais- voulu… conna- connatre, Bruce. Je- suis-… triste, marmonna-t-il en évitant encore et toujours, toujours autant, le regard de sa grande sœur. Vraiment triste. Tu- vas bien ? Cassie ? » conclut-il par une question. Ses mots trahissaient son désir d’éviter les autres sujets, des sujets tout aussi importants qu’il fallait aborder… et ça, Aspen se doutait que Cassandra l’avait deviné.

« Tu sais pour le Joker. Peut-être pas tout, mais je me doute que tu sais et que c’est pour ça que tu es en colère. Alors dis ce que tu as sur le cœur, d’accord ? »

C’était bel et bien la voix douce et délicate de sa sœur qui avait prononcé cette association de mots qui formaient cette phrase- douloureuse et agressive pour ses oreilles, pour son esprit troublé par ce sentiment de trahison qui rongeait son cœur. Cela ne l’étonnait guère qu’elle soit en capacité de lire en lui comme s’il était un livre grand ouvert : elle avait été formée pour être capable de lire le langage corporel après tout. Un faible soupir dans un affaissement d’épaules qui indiquaient tout deux que le jeune homme ne parlerait pas tout de suite… il avait besoin de réfléchir et de retrouver un semblant de calme avant de s’adresser à Cassandra. C’était tout à son honneur de vouloir éviter une possible dispute et il n’aimait pas crier sur celle qui l’avait sauvé, de toute façon… il appréciait d’ailleurs encore moins que cette dernière ne lui fasse des remarques sur son comportement parfois un peu agressif ou impulsif. Alors se mordit-il les lèvres jusqu’au sang, arrachant quelques bouts par inadvertance, sans s’en rendre vraiment compte et après quelques minutes qui avaient semblé des heures, il tourna ses deux prunelles en direction de celles de sa grande sœur.

« Pourquoi- tu n’as rien dit ? Je- Je voulais pas le- savoir comme ça. Pas- en me battant contre cette- gamine. Pas- Pas... en fou- fouillant dans tes affaires ou dans les ar- ar-… archives de la mairie. Ou- ce qu’il en res- restait, commença-t-il en contenant sa rancune comme il le pouvait. Pourquoi pas- me faire con- confiance ? Je- J’ai… Je suis pas- de ta famille. De la Bat-Family. » déclara-t-il assez brutalement en se détournant de la jeune femme.

Oui. Oh que oui… Aspen était en colère et très en colère. Il se sentait exclu et mis à l’écart : un imposteur, un intrus qui n’aurait jamais sa place au sein de cette grande et excentrique famille. Il s’était caché derrière le masque de Dayazell pour oublier l’autre personne qui répondait au nom de Aspen afin de fuir ses problèmes personnels. Il avait rencontré cette Robin à la crinière rousse qui, comme lui, voulait appartenir à la famille… être acceptée. Il- il aurait voulu être accepté pour l’apprenti héros qu’il était devenu mais à ses yeux, ce que les autres voyaient- c’était un ancien assassin potentiellement dangereux pour la société ou bien un enfant innocent qu’il fallait à tout prix protéger et préserver du mal que Gotham accumulait depuis des années.

« Je- Je n’ai jamais fait partie de cette famille. »

Un coup brusque contre la vitre. Du sang qui s’écoule. Mais qu’importe : il ne ressentait pas ou très peu la douleur. Et la fenêtre était comme lui. Insensible. Brisée. Froide… en train de pleurer à chaudes larmes. Il avait mal. Mais ce n’était pas une douleur physique qui le rongeait en ce moment même. Loin de là. Très loin de là.

Il était et serait toujours d’une difficulté palpable de contenir ses émotions lorsque la personne responsable de ce déluge infernal vous invitait, sans aucune ironie, à cracher le morceau. Mais une fois ledit morceau lancé, plus rien ne pouvait l’arrêter : la musique de cet orchestre imaginaire ne pouvait être réduite au silence.
Cette bien triste mélodie qui s’élevait dans les airs était jouée par des instruments dont les noms ne pouvaient tout simplement pas être inconnus du grand public… un cœur brisé et une âme perdue. Le son discordant qui émanait de ces deux sinistres choses se perdait dans un tourbillon de sentiments, de ressentiments ; ce même tourbillon qui prenait de plus en plus d’ampleur à mesure que les applaudissement d’une nuée de larmes piquantes encourageaient, tout en se moquant de lui, le cyclone qui représentait votre être troublé à s’exprimer ouvertement sur ce qui faisait saigner en ce moment même votre cœur.
Aspen se sentait trahi… se sentait profondément blessé. Il était blessé de ne pas avoir été mis dans la confidence, blessé de n’avoir rien su avant que Ace ne lui révèle ce qui s’était passé entre la Wild Card et Black Bat. Ce qui s’était passé entre Le Joker et sa grande sœur adorée.
Il avait le sentiment d’avoir été laissé de côté, abandonné dans une brume épaisse qui était celui du silence de Cassandra. Il était douloureux de savoir qu’elle ne lui avait rien dit, qu’elle ne lui faisait pas confiance et- et... il ne comprenait pas et ce, peu importe à quel point il essayait cerner la raison pour laquelle la jeune femme avait gardé le silence : cette confusion entraînait une colère encore plus grande. Un chagrin encore plus grand.



Ce fut un discret mouvement perçu par sa vision périphérique qui sortit le jeune homme de sa transe… ou d’un point de vue extérieur de ce regard fixe vissé sur le sang qui dégoulinait de ses doigts blessés. Il fit alors face aux traits asiatiques de sa sœur adoptive qui s’était, semble-t-il rapprochée tout en prenant grand soin de respecter l’intimité de son adelphe. La jeune femme s’installa auprès de la petite chose perdue et écorchée qu’était Aspen. Et elle s’exprima. Elle s’expliqua. Elle- Elle lui expliqua.

« C’était nouveau pour moi. Même face à ma mère, je ne m’étais pas sentie comme ça. C’est différent de quand je dois assister à la mort. C’est différent de ce que je ressens quand… je prends la vie. C’était différent de tout ce que j’avais pu ressentir auparavant... Je… Je ne savais pas vraiment quoi faire. J’étais complètement perdue, Aspen… »

« Il… laisse une marque. C’est ça ? demanda le jeune homme avant de détourner le regard ; il n’attendait pas de réponse de la part de Cassandra. Il a besoin- de faire... savoir qu’il existe. »

Du coin de l’œil, l’apprenti héros observait avec attention le moindre geste que pouvait effectuer sa sœur pour être en capacité de déchiffrer les choses qu’elle avait l’air d’être incapable de dire avec des mots tels que nous les connaissions. Le langage corporel exprimait parfois bien plus de choses que le langage verbal. Et Aspen le savait : sa sœur n’était pas particulièrement douée pour cacher les signaux que son corps pouvait envoyer. Mais il feint l’ignorance, se retournant vers la vitre qu’il avait blessée quelques minutes auparavant.

« Je-... J’appréhendais ta réaction. J’avais peur que tu ailles le rencontrer. Je ne voulais pas qu’il te fasse du mal comme à moi. » renchérit-elle.

« Tu- ne peux pas me protéger. C’est déjà… un miracle que je- je n’ai pas… encore renc- rencantré ce… ce salopard de clown. » répondit-il.

À sa façon de se tenir, à sa façon de se mouvoir et même, encore plus, à sa façon de s’exprimer… Aspen trahissait ses intentions futures concernant le Clown Prince du Crime ; intentions futures qui le mèneraient un sombre chemin qui le pousserait à agir d’une manière un tantinet brutale et froide lorsqu’il participerait à ce fameux assaut sur le convoi de l’organisation ARGUS qui aurait lieu à Metropolis dans- un avenir proche.
Le jeune homme ne le savait pas encore mais son envie de venger Cassandra allait le conduire à de bien mauvaises manies… et même si sa sœur pouvait se douter de la tournure qu’allaient prendre les événements, elle- ne pouvait pas deviner à quel point sa rencontre avec Le Joker allait affecter les actions futures de son petit frère.

Nous savons bien, vous comme moi, que la société ne fut jamais des plus érudites ; si cette dernière venait à développer une forme d’intelligence, quelle qu’elle soit, alors les dirigeants, riches et égoïstes, tomberaient comme des mouches. Malheureusement même les plus sages et les plus cultivés d’entre nous ont toujours eu cette fâcheuse tendance à négliger une arme puissante et ancestrale. Une arme qui surpassait la plus fine et la plus tranchante des lames. Cette arme, c’était la parole et son interminable palette de mots. Et les mots qu’avaient choisi Aspen avaient blessé Cassandra… ils l’avaient mise en colère.

« Bien sûr si ! Si je peux te protéger, Aspen ! Et je ferais ! »

Si la réponse de la jeune femme était une chanson, celle-ci se composerait d’une partie instrumentale pleine de chagrin, de désespoir où la douceur de la mélodie contrasterait très nettement avec un texte des plus sanguinolents ; un texte trahissant une blessure béante qui s’imprégnerait d’un poison que l’on aimait appeler "Colère". Elle avait peur.
Cassandra avait peur. Cassandra était morte d’inquiétude… en témoignait cette complainte sur laquelle dansait son corps sans qu’elle ne puisse le contrôler. Une chorégraphie qui était révélatrice de l’état psychique dans lequel elle se trouvait à cet instant bien précis. Un ballet empoisonné par la discorde, par le chaos le plus total. Aspen serrait les poings en silence : il allait tuer ce clown.
Sa grande sœur était tout à fait incapable de décrypter ce que pouvait bien exprimer son corps meurtri par les marques d’un passé à bannir. Ainsi les meurtrières intentions du jeune homme ne seraient pas révélées au grand jour. C’était un mal pour un bien, supposait Aspen, persuadé qu’il avait raison de planifier une telle action dans un futur proche.
Mais comment savait-il ? La réponse est pourtant évidente : il était en quelque sorte l’élève de Cassandra et il lisait donc le langage corporel, les expressions et surtout les micro-expressions de sa sœur adoptive pour entendre ce que les cordes vocales de la jeune femme refusaient de lui dire. Et Cassandra… elle était submergée. Incapable de se dissocier de cette détresse qui avait pris entière possession de son enveloppe charnelle.
La bouilloire qu’était devenue sa sœur lui tourna le dos, partant se réfugier près du comptoir de la cuisine sur lequel son attention fut soudain portée sur divers objets qu’elle pouvait manipuler à sa guise. C’était comme si elle ressentait le besoin de manifester physiquement le désordre qui embrumait son esprit de manière à réorganiser celui-ci, de manière à le ranger pour mieux se retrouver. Pour mieux se calmer. Afin de retrouver de la force et surtout du courage.
Aspen ne fit rien. Il ne dit rien. Il n’était pas sûr de vouloir dire quoi que ce soit. Alors le jeune homme se contenta d’observer la bouilloire qui, tout doucement, semblait redevenir Cassandra. Elle se retourna pour lui faire à nouveau face et la détermination avait remplacé tout le reste. Tout le reste ? Pas tout à fait. Mais le petit frère se tût. Un instant.

« Une- blessure de plus… Une blessure de- de moins, baragouina-t-il avant d’élever la voix en montrant sa main écorchée. Mon corps- a eu très mal pendant très- longtemps. Il- peut plus- sentir ce qui fait… mal. C’est pareil pour- pour l’esprit. Je- ne perdrai rien. Mais… On peut perdre les gens qu’on aime. Et tu as pas dit- que tu as failli partir. » reprocha l’ex-assassin à la jeune femme.

Le jeune homme réfléchissait. Il n'avait pas particulièrement envie de répondre à sa sœur. Certes, cette dernière était particulièrement désolée : il était visible, si visible, qu'elle s'en voulait sincèrement. Mais que serait-il advenu de Aspen si sa sœur avait été tuée par le Joker ? Il ne le savait pas. Non, il ne le savait pas. Peu de chance que la Bat-Family accepte de le prendre sous son aile si jamais Cassandra venait à disparaître. En tout cas, l'ex-assassin doutait très franchement que cette grande famille puisse l'accepter et l'adopter s'il devait un jour arriver malheur à la jeune femme.
Mais lorsque votre sœur vous tend les bras d'un air coupable, que pouvez-vous faire contre ça ? Que pouvez-vous faire contre cet air désolé ? Que pouvez-vous faire contre ce visage triste ? Vous ne pouvez rien faire. Aspen essayait vainement de ne pas craquer. Il ne devait absolument pas céder face à Cassandra. Il lui en voulait. Il lui en voulait toujours. Ses lèvres tremblèrent... son regard observait les moindres mouvements de sa sœur. Il la regardait, puis baissait les yeux vers les bras de cette dernière. De haut en bas, ses deux prunelles contemplaient alternativement ce visage si doux pour ensuite fixer, d'un air hésitant et fébrile, ces bras si accueillants.
En fin de compte, il céda. Il accepta l'étreinte de sa grande sœur. Le jeune homme serra Cassandra de toutes ses forces, affreusement fort contre son petit corps tout frêle. Et lorsqu'il se rendit compte de sa faiblesse, il s'écarta très vite de la jeune femme. Il était en colère contre elle ! Alors pourquoi avait-il accepté de la prendre dans ses bras ? Pourquoi ? Et alors que l'apprenti héros s'interrogeait, Cassandra prit la parole :

« Tu dois alors comprendre pourquoi je ne veux pas que tu ailles le voir. J-je… Je ne veux pas te perdre non plus, Aspen. Tu comprends ? Moi, je comprends… ce que tu ressens. Et je… désolée, vraiment. »

Cassandra lui expliqua ensuite qu'il fallait qu'il comprenne pourquoi elle ne voulait pas qu'il aille voir Le Joker ou qu'il essaye de la venger. Les deux actions ayant tout l'air indissociables l'une de l'autre. Le jeune homme prit le temps de réfléchir aux paroles de la jeune femme. Et alors que Cassandra s'excusait, Aspen restait sourd à ses mots. Pas volontairement. Loin de là. Il était juste... absent du monde réel. Il était enfermé dans sa petite bulle. Tout dans son langage corporel indiquait une profonde plongée dans son monde à lui, dans son esprit. Il voulait être certain de bien tout comprendre. Il voulait être sûr de bien digérer les informations qui lui étaient données avant de prendre la parole. Il leva ensuite les yeux, affaissa les épaules et s'avança vers Cassandra pour la prendre dans ses bras.

« Je t’aime, grande sœur. » dit-il simplement.