A calm surrender to the rush of days [Ft. Cassandra Cain-Wayne]

A calm surrender to the rush of days

Prendre une pause après tous ces événements n’était pas du luxe. Se ressourçait, retrouver un peu de calme et se détendre était une bonne manière de ne pas perdre les pédales, de ne pas se laisser aller à faire des erreurs. Rester trop longtemps dans la peau de Red Robin ou de n’importe quel autre super-héros pouvait clairement vous laisser des séquelles, faisant oublier la part d’humanité en vous, celle qui a envie de prendre des nouvelles de ses proches, de se sentir soutenu et soutenir ses amis. Tim avait frôlé cette limite à de nombreuses occasions et souvent, des proches l’avaient ramené sur un chemin qui lui correspondait bien plus. Cette fois, c’était pourtant autre chose qui le tiraillait de l’intérieur. Une culpabilité qui entrait en contradiction avec ce qu’il savait au fond de lui : S’ils n’avaient pas agi, les dégâts causés par Brainiac auraient été bien pires… Et pourtant. Le nombre de morts qu’il avait sur les bras était insoutenable, lui faisant se demander ce qu’il aurait pu mieux faire, ce qu’il pouvait préparer pour qu’un tel cas ne se reproduise plus et quelles seraient les conséquences de ce drame sur le long terme. Alors c’était le bon moment pour se changer un peu les idées, surtout au vu des quelques dates encerclées au rouge sur son calendrier. De plus, il avait toujours une promesse à tenir et il avait un allié de taille pour mettre au point ce qu’il voulait faire.

« Monsieur Timothy. J’ai bien emmené Mademoiselle Cassandra au manoir comme vous me l’avez demandé. On vous attend à l’heure convenue. »

Le jeune homme remercia Alfred qui semblait étrangement enjoué pour quelqu’un d’ordinaire si flegmatique. Après avoir raccroché, le jeune homme se dirigea vers l’appartement de Black Bat et ouvrit la porte sans aucun souci, mettant dans le réfrigérateur de cette dernière l’énorme pot de glace au chocolat qu’il avait commandé. Elle venait du meilleur artisan glacier de Metropolis et quand ce dernier avait demandé la taille, Tim avait simplement répondu qu’il voulait la plus grosse possible et qu’il se moquait du prix. Ce n’était pas vraiment quelque chose qui lui importait après tout. Il ne manquait pas d’argent et en manquerait encore moins d’ici quelques temps, même si cela venait avec une idée qui ne le réjouissait pas forcément. Toujours était-il qu’il avait maintenant mis en place sa surprise et repartait, faisant attention à tout laisser comme il l’avait trouvé.

Le jeune homme traversa alors les rues de Gotham sur sa moto pour arriver au plus vite au manoir Wayne où il fut accueilli par nul autre que le majordome qui le regardait comme un enfant qui avait fait une bêtise lorsqu’il enleva son casque de moto.

« Monsieur Drake… Lorsque l’on invite quelqu’un au restaurant, la moindre des choses est d’avoir un peu de tenue. » Dit-il, laissant le jeune homme remarquer qu’il était, effectivement, en combinaison de motard. « Encore heureux que j’avais prévu cela, j’ai fait venir un costume à votre taille. Il est dans l’ancienne chambre de Monsieur Dick. Dès que vous serez prêt, vous me ferez le plaisir d’emprunter l’une des voitures présentes dans le garage du manoir. »

Les manières du majordome firent se lever un sourcil sur le visage du jeune homme. Pourquoi faire tant de manières pour une invitation au restaurant ? Il voulait fêter leurs anniversaires respectifs d’une façon bien plus calme que lors de l’année précédente, alors qu’ils étaient emprisonnés sur Terre-4. Un restaurant était donc logiquement plus calme que la ville de Londres en proie à des amazones et des atlantes. Tim ne comprenait donc pas vraiment pourquoi Alfred semblait tant prendre cela au sérieux. Alors qu’il y réfléchissait, il se retrouva donc dans la chambre de celui que l’on nommait maintenant Nightwing à s’habiller en costume comme lui avait appris le vieil homme depuis qu’il était devenu Robin. Cela faisait maintenant treize ans qu’il arpentait les rues de Gotham pour endiguer le crime. Il avait beau être jeune, il avait déjà une sacrée expérience à ce niveau-là, se disait-il en se regardant rapidement dans le miroir.

Descendant dans le salon, il vit encore une fois le majordome qui semblait fier de ne pas avoir perdu l’œil pour la taille de costume de ses protégés et, après avoir acquiescé à son auto-satisfaction, il précisa qu’il allait prévenir Cassandra que son « rendez-vous » était arrivé. Autant lorsqu’il était venu en moto, cela lui semblait n’être rien de plus qu’une petit fête d’anniversaire, autant avec les machinations du majordome et les mots qu’il utilisait, Tim ressentait clairement une toute autre pression sur les épaules, se demandant si au final il n’avait pas lui-même était pris au pièges dans les machinations du majordome.

A calm surrender to the rush of days

Alors qu’il attendait patiemment, assis dans le fauteuil de la salle principale du manoir, Tim ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il pouvait bien se passer dans la tête du majordome pour faire un aussi grand cas d’une simple fête d’anniversaire au restaurant. Ce n’était pas vraiment la première fois qu’il se faisait un restaurant avec d’autres, comme cela avait pu être le cas avec Stephanie, Dick ou Barbara. Bon, dans le premier cas, c’était effectivement différent à l’époque et en plus elle était plus du genre à préférer des hot dogs mangés sur les toits de la ville. Mais il avait aussi partagé des repas avec ses camarades de la Young Justice, des Titans et autres sans que qui que ce soit n’en fasse tout un foin.

Se relevant, il attrapa le tisonnier et attisa un peu le feu de cheminée en restant devant ce dernier en attendant. La chaleur du feu lui caressait doucement le visage tandis qu’il regardait patiemment les flammes. Ce mouvement et ces couleurs avaient toujours quelque chose d’apaisant pour ses pensées quand, même selon lui, il réfléchissait trop pour pas grand-chose. Il n’y avait pas vraiment de raison de s’inquiéter des lubies du majordome puisqu’il n’allait pas les suivre plus tard de toute façon. Le crépitement du feu fut peu à peu dépassé par les bruits de pas dans les escaliers du manoir et le jeune homme reposa le tisonnier à sa place avant de se diriger vers l’origine des pas où il se retrouva nez à nez avec Cassandra qui portait une robe noire ornée de dentelles. N’ayant aucun doute que cela venait aussi du majordome, il lança un léger regard exaspéré et inquisiteur à Alfred. Pourtant, il ne pouvait pas nier que cet accoutrement allait parfaitement à la jeune femme et la mettait en valeur, pour peu qu’elle en ait besoin, se disait-il. Comme à son habitude, la jeune femme le prit dans ses bras pour lui dire bonjour et lui souffla que son costume lui allait bien. De son côté, il lui rendit sa légère étreinte et répondit avec un léger sourire.

« Tu devineras jamais qui en a eu l’idée. Et la robe te va bien aussi, t’es superbe dedans… Enfin je veux dire… Bref. » Les compliments et lui, ça faisait deux. Des fois il ne faisait trop, des fois pas assez… Mais être mesuré ? Jamais. Sinon ses relations sociales seraient bien plus simples et peut-être arriverait-il à s’entendre avec Damian en mettant plus de subtilité dans ses paroles ? Non, il ne fallait pas rêver. Et avec Alfred qui ne partait pas, il sentait une pression supplémentaire sur ses épaules qui ne devrait pas exister. En tout cas, son invitée de la soirée semblait aussi peu à l’aise que lui et demanda s’ils ne feraient pas mieux d’y aller.

« Si bien sûr ! J’ai réservé une table au Ocelot, on peut prendre ma Mo… Je veux dire on a même le droit d’emprunter une voiture de Bruce, ce sera plus confortable avec ta robe. » Il allait machinalement parler de sa moto mais le regard noir qu’avait lancé le majordome à cet instant semblait lui annoncer que s’il prenait sa moto maintenant, il risquait fort d’y avoir des représailles et des triples rations de sandwich au concombre. Commençant à se diriger vers le garage puis vers l’une des voitures de sport du maître des lieux, il ouvrit la porte côté passager de cette dernière et invita Cassandra à prendre place d’un geste de la main. « Après vous mademoiselle ! » Dit-il en imitant d’une façon légèrement moqueuse le majordome qui leur en faisait voir de toutes les couleurs.

Une fois lui-même au volant de la voiture et se dirigeant vers le restaurant, il finit par dire. « Par contre je pense qu’on va devoir faire confiance aux autres si jamais y’a un pépin dans Gotham. Si y’a bien un truc qui me fait peur da ns cette ville, c’est un Alfred en colère… Pas toi ? »