Japan? Which state is that? [PV Seraphine Magpie]

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Japan? Which state is that?
Séraphine Magpie & Meave ArrowoodPeople are guests in our story, the same way we are guests in theirs. But most of all, we always meet each other for a reason as every person is a lesson waiting to be told.
Si je devais décrire les derniers mois en un seul mot, ironiquement je choisirais "indescriptible". Un tas d’événements s’étaient enchaînés les uns après les autres sans aucune logique, de telle sorte que je ne saurais même pas par où commencer s’il le fallait. Une seule chose était certaine; Je m’étais retrouvée soudainement sur une planète à la fois identique et complètement différente. Là-bas, moi et beaucoup d'autres qui avaient été téléportés y avions fait la rencontre de notre alter ego. S’en sont suivis des affrontements meurtriers qui, je le croyais bien, n’en finiraient jamais… Jusqu’à maintenant. Alors que j’étais affairée une seconde plus tôt à ne pas mourir sur le champ de bataille, je me retrouvai l’instant d’après au beau milieu d’une ruelle bondée de monde. Personne ne semblait comprendre ce qui venait de se passer et je ne faisais pas exception à la règle. Il n’y avait plus la moindre trace de mes assaillants et les alliés aux côtés desquels je m’étais rangée manquaient eux aussi à l’appel.

Je me redressai lentement et profitai de ce moment de répit pour scanner des yeux le nouveau décor autour de moi: Des édifices gigantesques coincés les uns contre les autres, de grands écriteaux aux multiples couleurs, d’étranges signes que je n’arrivais à déchiffrer… Mais qu’est-ce qui se passait ici? Visiblement, je n’étais plus à New Themyscira. Mais alors, la véritable question à se poser était plutôt : Où est-ce que j’étais? J’arrêtai un homme qui passait en le saisissant par le bras. Son regard paniqué se posa sitôt sur ma personne.

« Hey toi! Quel est le nom de cette ville? »

« Sumimasen, furansugo wakarimasen. »

Figée sur place, j’haussai le sourcil en réponse aux paroles indéchiffrables de mon interlocuteur. Je me remémorai mon français, puis mon anglais… Puis mon français une nouvelle fois, histoire d’être bien certaine. Non, ce que l’étranger venait de me répondre ne voulait absolument rien dire. Je lui renvoyai un air incertain, attendant que celui-ci comprenne peut-être le non-sens qu’il venait de sortir. L’homme se contenta de s’incliner brièvement et se sauva à la course, me laissant ainsi dans une incompréhension totale. Pas une seule fois n’avais-je entendu ce dialecte à Gotham. Mais qu’est-ce qui s’était passé en mon absence?

Je finis par reprendre moi aussi mon chemin vers je ne sais où, n’ayant qu’un seul but en tête : Trouver un moyen de rentrer au bercail. Je saisis l’un des journaux qui se trouvaient sur le comptoir d’un stand. Ma petite trouvaille ne me fut pas d’une grande aide puisque ce sont les mêmes signes incompréhensibles qui remplissaient les pages. Aucune lettre ne ressemblait à celles de l’alphabet latin. Mais quelle langue était-ce?

J’avais besoin de réponses à mes questions, mais plus encore, ce que j’avais absolument besoin à l'instant même, c'était de trouver de quoi m'équiper au cas. J’étais particulièrement vulnérable à présent, n'ayant rien à ma disposition pour me défendre si le besoin survenait. Mes ennemis n’étaient peut-être plus dans les parages, mais ça ne voulait pas dire pour autant que j’étais sortie du pétrin. Je m’aventurai dans cet endroit inconnu pendant une quinzaine de minutes, faisant passer mon regard d’une vitrine à l’autre à la recherche d’une arme qui pourrait m’être utile. La panique générale qui s’était déclenchée peu de temps après que je sois apparue avait déjà semé la zizanie. Les gens couraient dans tous les sens, se bousculant au passage sans se soucier d'autrui. Quelques bagarres avaient commencé tandis que des voyous s’étaient déjà mis en tête de cambrioler les boutiques du coin. Ce chaos jouait tout de même en ma faveur. Comme le dit si bien le dicton : À Rome, faites comme les Romains. Je m’arrêtai devant un présentoir de plusieurs épées et n'y pensai pas deux fois avant d'éclater la vitrine d’un violent coup de pied pour saisir l’un des manches.

« Mais qu’est-ce que c’est que ça? »

Je regardai l’arme sous tous ses angles possibles. La lame n’était pas aiguisée et le matériau utilisé pour sa confection ne semblait pas particulièrement solide. Je cognai d’un coup raide le pseudo métal sur le cadre de la vitrine brisée. Il n’en fallut pas plus pour que mon arme se démembre, ne me laissant que la poignée en main. Quel machin inutile. Un mouvement dans mon champ de vision détourna rapidement mon attention de ma déception. Je remarquai dans le verre brisé le reflet d’une caucasienne qui traversait la rue. Pivotant sur moi-même, je pris la direction de la femme d’un pas pressé afin de me poster devant elle.

« Do you speak English? Français? Bon sang, j’espère que tu vas comprendre ce que je te dis parce que je commence à être à court de moyens là. »:copyright: 2981 12289 0

Japan? Which state is that? × ft. MEAVE & SERAPHINE

Les habitants de Tokyo, ce jour là, avaient été perturbés par l'apparition instantanée de nombres de personnes, un peu partout. Ils florissaient comme des coquelicots, aux pires endroits. Sur les toits des buildings, dans les maisons, au sommet du mont Fuji ou encore… au beau milieu de la route. C’était le cas de Seraphine. Assaillie par les klaxons et les cris des gens, elle frémit avant d’ouvrir les yeux. Elle avait la joue contre le béton et le corps recroquevillée, allongée là sur le béton. “Oi ! Daijōbudesu ?” hélait-on autour d’elle sans fin. La jeune femme se redressa enfin, éblouie par les phares d’une voiture qui beuglait tout son saoul. Dans un geste qui fut douloureux au possible, Seraphine se protégea des rayons lumineux qui semblait foncer droit sur elle la main. Elle suffoquait, bloquée dans l’incompréhension de se trouver dans un endroit si plein de monde, de bruit, de lumière. Sur Terre-4, elle était parvenue à se trouver un endroit pour dormir quelques minutes mais quand elle avait ouvert les yeux, le décor n’avait plus rien eu en commun avec le précédent.

Elle était sale, les cheveux en bataille cachés sous un gros bonnet en laine, les yeux cernés, et la mine choquée. Seraphine portait un pantalon cargo déchiré et un pull noir émaillé de trous. Son nez était encore empli de l’odeur de cendre et de sang coagulé.

Difficilement elle se releva. Où suis-je ? se demanda-t-elle en détaillant les grandes enseignes lumineuses qui lui renvoyaient des grandes orbes bleues dans la figure. Elle quitta la route à son rythme, son corps enrayé par les nombreuses blessures qui le parsemaient. Petit cadeau de l’autre monde qu’elle venait visiblement de quitter. Seraphine monta sur le trottoir, plissant les yeux alors que le trafic reprenait de plus belle. Un homme d’affaire pressa le pas lui rentrant presque dedans, mais son attention était maintenant portée sur l’immense passage piéton qu’elle venait de quitter. Merde... étonnant que personne ne m’ai écrasé, jura-t-elle la boule au ventre. Sa vue brouillée par les néons commença à s’habituer et les tâches luminescentes au milieu de sa vision s’évaporèrent comme les piétons qui s’étaient penchés sur elle.

Ne me dites pas que je suis… Hallucina Seraphine en levant la tête vers les immenses buildings. Elle pensa presque immédiatement à Hiro et trouva la coïncidence presque trop impensable :

Do you speak English? Français? Bon sang, j’espère que tu vas comprendre ce que je te dis parce que je commence à être à court de moyens là.

Seraphine baissa son cou douloureux vers la femme qui venait de lui brailler :

Je ...Oui je parle français.

Mon dieu merci… c’est pas avec mes quelques connaissances de japonais que je m’en serais sortie, réalisa Seraphine qui ne savait basiquement que draguer dans la langue nippone.

Vous aussi vous étiez…? Elle ne savait pas quoi dire : “sur une planète semblable à la nôtre mais qui ne l’était pas ? Dans un enfer parallèle ?” Seraphine soupira en regardant ses mains abimées. Puis la femme, sans doute la seule à des kilomètres qui parlerait sa langue.

Je crois...que nous sommes au Japon. Non je dirais même que j’en suis sûre.

Cette femme était très belle et paraissait aussi en très grande forme, mais Seraphine n’eut pas le temps de la détailler qu’elle remarqua le pillage qui avait lieu un peu partout. Elle était enfin rentrée sur Terre et n’était pas sûre de quel comportement adopter. Devait-elle sauter, les bras en l’air pour crier sa joie, ou bien regretter de rentrer et retrouver tous les problèmes terrestres, qui n’avaient cessés de s’accumuler ces dernières années ?

Putain mais qu’est-ce qui se passe ici ? C’est pas sensé être un pays calme normalement ?

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Séraphine Magpie & Meave ArrowoodPeople are guests in our story, the same way we are guests in theirs. But most of all, we always meet each other for a reason as every person is a lesson waiting to be told. « Je ...Oui je parle français. »

La jeune femme parut tout aussi soulagée que moi. Il faut dire que la situation était assez délicate. Ce n’est pas tous les jours qu’on apparaît au beau milieu d’une ville dans laquelle il impossible de communiquer avec autrui. Enfin, je parle surtout pour moi. J’espérais sincèrement que mon interlocutrice pourrait m’éclairer un peu sur notre situation commune.

« Vous aussi vous étiez…? »

J’entrouvris la bouche pour répondre à sa question, mais les mots me manquèrent. Je ne savais pas vraiment quelle avait été son expérience de Terre-IV, mais je pouvais deviner à ses habits que son séjour ne devait pas avoir été de tout repos non plus. Je me contentai de détourner le regard et d’hausser une seconde les sourcils, hochant lentement la tête d’un air qui voulait clairement dire : "Eh oui, quelle plaisante aventure ce fut hein?"

« Je crois...que nous sommes au Japon. Non je dirais même que j’en suis sûre. »

Sa remarque capta toute mon attention. Au Japon? Japon, Japon… Non, ça ne me disait rien. La seule chose dont j’étais convaincue, c’est que le Japon n’était pas aux États-Unis. Je sortis mon cellulaire de ma poche. C’était un miracle qu’il y soit encore, quoi que la vitre était maintenant craquée de bord en bord. J’appuyai quelques fois sur le bouton pour l’allumer. Idée stupide. Celui-ci s’était évidemment vidé de sa batterie. Ou peut-être avait-il tout simplement rendu l’âme. Dans tous les cas, mon gadget ne me serait d’aucune utilité pour me sortir de ce pétrin.

« Putain mais qu’est-ce qui se passe ici ? C’est pas sensé être un pays calme normalement ? »

Je m’étais déjà pas mal habituée à la pagaille autour, le chaos faisait en quelque sorte partie de ma vie quotidienne, mais il aussi vrai que les citoyens paraissaient anormalement hors de contrôle. Heureusement pour moi, la demoiselle semblait savoir de quoi elle parlait. Peu importe où se situait le Japon, ce ne devait pas être la première fois qu’elle y mettait les pieds ou qu’elle en entendait parler. C’était déjà ça de gagné.

« Aucune idée. Je crois bien qu’on est arrivées ici au même moment… Pour être honnête, j’espérais que tu puisses me renseigner davantage sur ce qui passe. J’ai bien essayé de m’informer auprès de quelqu’un d’autre, mais il semblerait que ça ne soit pas possible. Oh et ne parlons même pas de ces gribouillis aliens... Ils sont partout. » Ajoutais-je en pointant du doigt les écritures sur les énormes enseignes.

Je me figeai à mes mots, mes yeux s’agrandissant soudainement. Un doute venait de traverser mon esprit. Faites que ce ne soit pas réel.

« Nous sommes bel et bien sur Terre… N’est-ce pas??? »

Le tonna gronda à l’instant, ajoutant une touche dramatique digne d’un film hollywoodien. Il faut l’avouer, je n’avais pas particulièrement envie de retourner à la case départ sur une nouvelle planète. Déjà que j’avais eu du mal à m’adapter sur Terre, j’aurais sérieusement la flemme de devoir tout recommencer. Je sursautai alors qu’une goutte me tomba sur l’épaule, rapidement suivie d’une autre sur ma tête. En quelques secondes à peine, le ciel se mit à se déverser sur la ruelle. Je m’improvisai un parapluie boboche avec ma veste puis jetai un regard à la jeune femme.

« Continuons cette discussion ailleurs tu veux bien??? »

Je n’attendis pas son accord et me retournai pour prendre la direction de la boutique la plus près, celle à trois étages où j’avais trouvé ce qui s’apparentait à une épée. Grimpant le rebord de la vitrine brisée d’un pied maladroit, je sautai à l’intérieur.

Le magasin était rempli de bidules curieux : À l’avant, plusieurs habits aux allures étranges étaient entassés les uns contre les autres sur des supports. Des chevelures de différentes teintes éclatantes étaient posées sur des têtes blanches de mannequin qui donnaient sérieusement la chair de poule. Je m’avançai d’un pas méfiant à travers les rangées étroites, apercevant plus loin des tonnes de petits livres empilés les uns par-dessus les autres près de plusieurs dizaines, voire centaines de mini personnages en trois dimensions. Exaspérée, je saisis un chapeau de paille entouré d’un ruban rouge et le posai sur mes cheveux mouillés. Je me retournai vers celle qui, je l’espérais, m’avait suivie dans cet étrange commerce et lui tendis la main en esquissant un sourire en coin.

« Maintenant qu’on a un toit sur la tête, mon nom est Meave. Ravie d’être coincée dans ce bordel avec toi. »:copyright: 2981 12289 0

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Aucune idée. Je crois bien qu’on est arrivées ici au même moment… Pour être honnête, j’espérais que tu puisses me renseigner davantage sur ce qui passe. J’ai bien essayé de m’informer auprès de quelqu’un d’autre, mais il semblerait que ça ne soit pas possible. Oh et ne parlons même pas de ces gribouillis aliens... Ils sont partout.

Il n’y avait plus aucun doute sur le fait que la jolie jeune femme qui faisait face à Seraphine avait elle aussi atterrit dans le pays du soleil levant par inadvertance. La jeune femme rit alors, amusée de la candeur toute relative de sa nouvelle partenaire de galère. Le rire cristallin s’échappa de ses lèvres comme un tigre qu’on aurait enfermé pendant des années, elle n’aurait pas cru ça possible jusqu’à lors :

Nous sommes bel et bien sur Terre… N’est-ce pas???

Seraphine riait de plus belle tout en s’excusant.

Pardon, pardon, je ne me moque pas de toi, je suis juste étonnée que tu n’ai jamais vu de caractères asiatiques… Nous sommes sur Terre rassures toi, même si tu as raison on dirait du langage alien.

A peine eut-elle terminé sa phrase qu’une goutte de pluie s’écrasa sur son nez. Seraphine laissa la flotte couler sur son visage, la débarrassant de la cendre, de la suie et de la crasse. Puis elle emboîta le pas de l’occidentale qui se dirigeait déjà à l’intérieur d’un magasin. Seraphine manqua de glisser sur le rebord qui autrefois tenait une devanture et elle s’avança dans l’atipyque boutique avec un sourire. Hiro avait toujours été dingue de ces trucs. Elle saisit une figurine de personnage féminin aguicheur habillée en soubrette et la reposa en apercevant le prix. Elle leva les yeux vers la vitre qui avait réchappé du massacre. les néons bleus projetaient sur son visage des ombres inquiète mais un sourire s’était esquissé tant bien que mal sur ses traits. Il allait falloir du temps pour se remettre de tout ça mais maintenant qu’elle était rentrée, elle allait pouvoir reprendre sa vie en main :

Maintenant qu’on a un toit sur la tête, mon nom est Meave. Ravie d’être coincée dans ce bordel avec toi.

Elle se tourna vers Meave et lui rendit sa poignée de main en acquiesçant :

Moi c’est Seraphine. Ne t’inquiète pas on va rentrer à la maison. Elle eut un temps d’arrêt. Mais… tu habites où d’ailleurs ?

Elle pouffa de nouveau en voyant le chapeau qu’elle portait, marque de fabrique d’un célèbre héros de manga japonais. Elle supposa que sa nouvelle compagne de voyage ne devait rien connaître à ce monde tout droit échappé de la troisième dimension. Une vague de nostalgie finit par envahir tous ses pores, et Seraphine sourit tristement. Elle n’avait jamais eu l’occasion de venir dans ce pays, et maintenant qu’elle y était c’était dans une situation merdique. Elle fouilla d’une pain la doublure de son soutien-gorge pour sortir quelques billets et vérifier de quelle somme elle disposait. Vieille technique qui lui avait permit de ne pas se faire entièrement dépouiller. Arrivée sur New Themiscyra, dans une robe élégante, maquillée et coiffée, tout droit sortie d’une réunion d’affaires, il n’avait pas fallu longtemps pour qu’on lui enlève ses bijoux, son sac et son petit contenant. Elle avait même manqué de se faire violer une fois ou deux alors elle s’était travestie en homme. Ça n’avait pas été simple, de dépouiller des morts pour se trouver un pantalon confortable et un haut portable. Mais elle était rentrée, et Seraphine avait survécu tout ce temps alors ça avait bien mérité quelques sacrifices

Y a un truc que j’ai toujours voulu manger, rêvassa-t-elle en regardant au dehors. Je suis sûre que toi aussi tu as faim, tu viens ? Je...je t’offrirais à dîner.

Oui elle avait bien évolué la précieuse bonne femme avare au possible payait désormais le repas à une étrangère. Mais ça permettrait peut être de sceller avec cette femme un accord muet, peut être de confiance mutuelle, pour s’entraider et avancer dans cette galère ensemble. S’il y avait jadis eut un temps ou Seraphine aurait refusé n’importe quelle main tendue, cette époque était révolue. De plus, pour une raison obscure, elle sentait qu’elle pouvait accorder sa confiance à Meave qui semblait en savoir autant sur le japon qu’un nourrisson. Après tout ce qu’elle avait vécu, Seraphine n’avait pas le cœur à la laisser en plan comme elle avait pu l’être sur NT. Seraphine fouilla les portants de vêtements et se dénicha un vêtement un peu plus chaud. Elle examina le bidule et en arracha sans violence l’étiquette “Mistgun” qui pendait sur l’accroche de la cape. La jeune femme abandonna son vieux bonnet et remit de l’ordre dans ses cheveux avant de désigner à son nouveau compagnon de route l’opposé de la rue. Là, à l’étage et à l’abri du chaos environnant, un petit restaurant sans prétention à la lumière chaude et rassurante trônait à la manière d’un phare planté au milieu de la mer.

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Seraphine. C’est un nom que j’aimais bien. Il faisait très classy, ce qui lui allait parfaitement selon moi. Enfin, la femme au joli prénom semblait me trouver étrange, ou du moins particulière. Son rire me fit à pouffer un peu à mon tour tandis que je levais les yeux au ciel. Depuis mon arrivée sur Terre, j’avais beau faire tous les efforts possibles pour me fondre du mieux possible dans la masse, on finissait toujours par me regarder curieusement. Il fallait comprendre qu'avec toutes ces normes, ces règles non-écrites et ces étiquettes, l’espèce humaine était si complexe que je finissais par m’y perdre. Et ne parlons même pas du fait que le monde semblait complètement changer d’un bout à l’autre de la planète. Le Japon par exemple : Je pouvais difficilement dire ce que ce pays et les États-Unis avaient en commun. Ah l’Amérique…J’avais hâte de retourner chez moi. Toute cette histoire avec Brainiac avait mis mes batteries à plat. Je souris aux paroles de ma nouvelle camarade de voyage qui tenta quelques mots rassurants. Bien sûr que nous allions finir par rentrer. J’étais convaincue qu’ensemble, nous allions avoir plus d’un tour dans notre sac.

-J’habite le East Side de Gotham, une ville aux États-Unis. Il n’y fait pas toujours bon vivre, mais c’est un endroit sérieusement sous-estimé. Si tu es à la recherche de sensations fortes et d’un nouveau départ, Gotham est la place parfaite pour toi. Ça vaut le détour. Et toi alors, d’où viens-tu?

J’observai la femme qui s’affairait à réunir les quelques billets qu’elle avait sur elle. Pour ma part, je ne pris même pas la peine de vérifier la présence de mon portefeuille. J’étais royalement fauchée depuis le début, alors un centime de moins ou de plus n’y changerait rien. J’inclinai légèrement la tête d’un air amusé. Un coup d’œil en direction de la caisse enregistreuse au fond me fit penser qu’il serait peut-être plus simple pour nous de faire un emprunt à la petite boutique, mais je n’allais pas non plus risquer de l’effrayer avec mes moyens douteux.

-Y a un truc que j’ai toujours voulu manger. [...] Je suis sûre que toi aussi tu as faim, tu viens ? Je...je t’offrirais à dîner.

Je sourcillai à sa demande. Elle voulait passer un plus de temps ici? Décidemment, la demoiselle ne semblait pas pressée de tailler la route. Je suivis son doigt du regard et remarquai le petit restaurant au niveau supérieur de l’édifice d’en face. Il est vrai que manger serait un bon départ, sachant que mon alimentation sur New Themyscira n’avait pas été ce qu’il y a de plus nutritif. Et puis, pour une raison ou une autre, mon interlocutrice n’avait pas l’air dans son assiette. Si ça pouvait la remonter un peu, pourquoi pas? Je n’étais attendue à nulle part de toute façon. Je posai les yeux sur son nouvel accoutrement, un air vaguement gêné au visage. Peut-être qu’un habit chaud était effectivement plus utile qu’un simple chapeau de paille. Je saisis à mon tour un long haut noir : Le kimono d’un certain Renji Abarai, selon l’affiche. J’enfilai le costume d'un geste et prit une pose satisfaite, les mains sur les hanches.

-J’accepte ton offre volontiers. Allons nous remplir la panse!

Je fis marche vers le petit édifice, prête à affronter les intempéries qui n’avait pas cessé. Mon pas s’accéléra lorsque la pluie s’abattit de nouveau sur mon couvre-tête. Il ne me fallut que quelques secondes pour atteindre notre destination et déjà, mon chapeau avait une mine piteuse. Avec un peu de chance, la température allait avoir changé à notre sortie du restaurant. Je grimpai les marches pour atteindre le deuxième étage et m’arrêtai sec devant un grand présentoir.

-Woah! Mais qu’est-ce que c’est que tout ça?

Accroupie devant la vitrine, je contemplai toute rêveuse les plats multicolores : Des repas chauds à base de riz et de viande, des omelettes étranges recouvertes d’une sauce orangée, des crêpes enfouies sous une montages de fruits, des gaufres dégoulinant de chocolat, de gigantestques sundaes… Ça n’en finissait plus! Mon air enfantin se retourna vers Séraphine pour guetter sa réaction.

-Tu as vu??? Ça a l’air tellement bon!

Je réalisai un peu tard à quel point j’avais l’air bête. Toussotant faiblement dans ma main pour dissimuler mon embarras, je me relevai et ouvris la porte à ma camarade.

-Si vous voulez-bien…

Contrairement à son allure extérieure très modeste, l’intérieur de l’établissement était splendide. À notre droite se trouvait un énorme aquarium dans lequel on pouvait apercevoir un magnifique écosystème. Quelques poissons flottaient tristement à la surface de l’eau. Il fallait s’y attendre après tout. Je fis quelques pas devant pour détailler les alentours: Éclairées de lumières tamisées, plusieurs longues tables basses en bois étaient alignées les unes à côté des autres. Bizarrement, il n’y avait aucune chaise, seulement de petits coussins noirs éparpillés autour.

-Bonjour..? tentais-je, incertaine. Y avait-il non seulement quelqu’un?

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Seraphine écarquilla les yeux en apprenant que Meave vivait dans la même ville qu’elle. Que la jeune femme parle anglais déjà, c’était une chance, mais en plus elle habitait Gotha ? Quelles étaient les chances que ça se produise ? La brunette était trop fatiguée pour compter et était prête à accepter l’éventualité qu’il s’agisse d’un petit miracle.
L’antiquaire rit une nouvelle fois, d’un petit rire nerveux de ceux que l’incompréhension vous arrache :

Je n’aurais pas mieux dit pour décrire la ville du crime ! Je suis de Old Gotham, ajouta Seraphine en haussant les épaules pendant une seconde, les sourcils coincés dans l’expression de surprise qui ne parvenait à la quitter.

Sa vivacité et l’intensité dans le regard de Meave, donnait l’impression à Seraphine de la connaître depuis toujours. La brune qui s’était équipée d’une cape de personnage en 2D laissa le soin à sa nouvelle acolyte de trouver de quoi se couvrir. Oui, elles avaient l’air fines dans leur cosplays improvisés, mais Seraphine s’en fichait. Tant qu’elles rentraient sans encombres elle pourrait endurer le ridicule. En plus, elle s’amusait bien. Après ces longs mois de guerre, d’incertitudes, de douleur et de survivance, relâcher la pression de cette façon, dans des pseudos vacances improvisées la rendait euphorique. Seraphine se garda bien de montrer cet état qui la consumait mais elle n’en perdit pas une miette. Ça faisait tant d’années qu’elle n’avait pas ressentit ça, naturellement et sans alcool. Cette renaissance l’atteignit droit au cœur et pendant un instant elle oublia cet accord tacite qu’elle avait passé avec elle-même. Celui qui consistait à ne plus éprouver ni l’amour, ni la joie, qui proscrivait le bonheur tout simplement. Tant qu’Hiro ne pourrait ressentir toutes ces choses, elle ne les ressentirai pas non plus.

La culpabilité qu’elle éprouvait en ouvrant les yeux chaque matin la rongeait au plus profond alors qu’elle n’était pas plus responsable que le japonais de son coma. Mais Seraphine pouvait encore marcher et parler tandis que lui restait figé dans ce curieux état d’entre-deux. Les pensées négatives qui l’assaillaient furent bien vite époussetées par Meave, qui accepta le deal avant de prendre le chemin du petit restaurant.
La pluie était affreuse et Seraphine était ravie de se retrouver dans un endroit un peu plus chaud. Ses mitaines avaient pris l’humidité et elle avait furieusement envie de les enlever mais elle n’était pas prête à être assaillie de flashs en tous genres, et voulait en savoir le moins possible sur sa partenaire de voyage, histoire de ne pas être désillusionnée.

Une fois au deuxième étage, toutes deux louchèrent sur les plats plus appétissants que dans un film Ghibli, effectivement comme le disait Meave : ça avait l’air super bon. Sa camarade de route lui ouvrit la porte et Seraphine la remercia avant d’entrer dans le restaurant pourvu d’un aquarium. Bizarre, c’était bien vide. Seraphine n’avait jamais mis les pieds dans ce genre d’endroits et si elles connaissait quelques mots et quelques coutumes elle était bien incapable de dire s’il fallait s'asseoir pour attendre ou pas. En voyant le panneau des toilettes, elle proposa à Meave de l’attendre et fila se débarbouiller.

En arrivant devant la vitre des cabinets, la jeune femme eut bien du mal à se reconnaître. Sa lèvre était abîmée, la suie avait subsisté à la pluie et noircissait par endroits son visage, et ses yeux étaient cernés. Ses cheveux étaient emmêlés et sales, et lorsqu’elle tendit le cou sur le côté pour constater les dégâts elle remarqua quelques ecchymoses sur ses clavicules. Non, vraiment elle n’était pas belle à voir. Une fois que Seraphine eut rincé son visage et bu un peu d’eau, lavé ses mains crasseuses et nettoyé ses mitaines poussiéreuses, elle eut tout de même meilleure allure. En ressortant, elle remarqua une petite porte et héla par curiosité :

Sumimasen, dareka imasu ka? demanda Seraphine d’une voix malhabile, rouillée par le temps et l’accent incertain. Elle espérait malgré tout qu’on l’aurait compris, là quelque part. Elle attendit une seconde avant de rejoindre Meave, quand un vieil homme fit dépasser sa tête de l'encadrement d’une porte pourvue d’un rideau court et sourit avant de lancer un pressé :

Irassahaimase !

Seraphine se tourna vers Meave pour traduire, le patron leur souhaitait la bienvenue. Elle se dirigea vers une table près de l’aquarium et remarqua alors les poissons morts qui le parsemaient. Puis elle s’assit en tailleur sur un des coussins sur le sol. Il devait certainement y avoir des serveurs comme aux états-unis non ? La jeune femme se saisit d’un flyer qui traînait sur une des tables, y jeta un œil et le tendit à Meave :

Alors ? Qu’est ce que tu as envie de manger ? Apparemment les yakitoris c’est à tester.

Seraphine avait survolé les images, bien incapable de lire la langue nippone. Elle décida d’expliquer à Meave ce qui lui était passé par la tête, se doutant que cette dernière aurait aimé partir directement pour les Etats Unis :

J’ai un ami qui vient d’ici, j’ai toujours rêvé de visiter ce pays mais n’ai jamais eu ni les ressources ni le temps… elle soupira. Je te promets qu’on ne traînera pas longtemps mais sur la route on pourrait tomber sur quelques trucs sympa, manger de la bonne bouffe et voir des choses qu’il n’y aura jamais à Gotham.

Elle offrit à sa nouvelle partenaire un sourire sincère parsemé de nostalgie.

Bien sûr je comprendrais si tu es pressée de rentrer, mais ce serait au moins le temps qu’on trouve comment prendre l’avion.

Seraphine venait tout juste d’y penser mais la question se posait effectivement pas mal. Comment allaient-elles traverser l’océan ? La situation était exceptionnelle mais certainement qu’on ne les laisserait pas prendre gratuitement un vol aller simple pour Gotham. Seraphine croisa le regard de Meave et percuta :

J’imagine que c’est un peu flou pour toi, l’endroit où nous nous trouvons… elle se gratta le menton en réfléchissant. Puis, dans un éclair de lucidité elle s’empara des petites baguettes en bois plastifié sur la table, les détacha et en utilisa une pour se remonter les cheveux sur la tête en un chignon hâtif. Elle attrapa le deuxième flyer et extirpa un petit crayon de bois de son soutien gorge, qu’elle avait récupéré sur Terre-1. Avec application elle dessina une brève carte du monde et marqua d’une croix Gotham puis le Japon. La ville était très grande mais elle n’était pas sûre d’être à Tokyo, ce pouvait tout aussi bien être Kyoto alors elle ne s’avança pas. Elle fit glisser le dessin jusqu’à Meave :

En gros on est là, et on doit aller ici. Ça ne paraît pas mais… ça fait une trotte.

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Japan? Which state is that?
Séraphine Magpie & Meave ArrowoodPeople are guests in our story, the same way we are guests in theirs. But most of all, we always meet each other for a reason as every person is a lesson waiting to be told. Les bras croisés, j’attendais sagement Séraphine qui s’était éclipsée chez les dames en tapant distraitement du pied. Mon regard volait sur les environs avec curiosité. Pour être honnête, j’appréciais beaucoup le style du petit restaurant. En y entrant, j’avais eu l’impression de m’aventurer dans un nouveau monde, à l’abri du chaos qui régnait dehors. Les lampions rouges aux quatre coins de la pièce jetaient sur elle une lumière chaleureuse qui m’apaisait tout particulièrement. L’ambiance imposait le calme et ça me faisait un bien fou. Je m’approchai de l’une des sphères pour la frôler du bout des doigts avec curiosité lorsque la voix de ma camarade brisa le silence, bientôt suivie de celle d’un homme plus âgé. Celui qui me sembla être le propriétaire de l’établissement nous salua avant de nous inviter à une table tout près.

Je pris maladroitement place sur le coussin, alternant quelques fois de positions jusqu’à me résoudre à adopter la moins inconfortable d’entre elles. J’accompagnai le geste de Séraphine et attrapai un pamphlet à mon tour. Les images, parce qu’il n’y avait que sur elles que je pouvais bien me fier, nous offraient le choix d’étranges plats exotiques. "Des yakitoris?" M’interrogeais-je intérieurement. Par réflexe, mes yeux parcoururent le menu pour associer une image au plat en question. Ah, oui, c’est vrai…

-Heu..Bien sûr. Tu t’y connais sans doute beaucoup plus que moi en incontournables culinaires de la région.

J’écoutai la Gothamienne d’une oreille attentive, le menton enfoui dans la paume de ma main. Un ami qui vient d’ici? Nul besoin d’être une empathe pour savoir ce que ressentait la jeune femme. Son sourire en disait déjà bien long. Je demeurai silencieuse et me contentai de la laisser continuer. La demoiselle se mit à habilement dessiner une esquisse de je ne savais quoi. Mon regard s’éclaircit lorsqu’elle m’expliqua son croquis. Je parcourus quelques fois la distance entre les deux croix avant que je ne lâche un soupir, incrédule.

-En effet, ça ne me semble pas être la porte d’à côté… Mais bon, c’est toujours mieux que d’être coincé sur une autre planète.

J’étais si concentrée sur la carte devant moi que je ne remarquai pas immédiatement l’homme âgé de tout à l’heure qui s’était désormais approché de nous. Mon cœur sauta un bond lorsqu’il s’adressa à nous d’une voix mielleuse.

-Ah…Heu…

Je retournai le flyer d’un côté et de l’autre avec empressement, gênée de ne m’être toujours pas décidée. Mon choix s’arrêta enfin sur un assortissement de petites bouchées aux couleurs variées. Étrangement, ce plat-ci me rappelait quelques peu ce que j’avais l’habitude de manger sur Titan. Ça avait l’air si bon que je ne pouvais pas me tromper. Le prix ne me disait strictement rien. Après tout, je n’avais pas pour habitude de payer en… Y. Je cherchai l’accord de Séraphine des yeux puis bégayai quelques mots en posant mon index sur la photo carrée.

-This…And…Yaki..Yakikokiris?

Je jetai un coup d’œil rapide au dépliant en coinçant doucement ma lèvre inférieure entre mes dents. J’espérais seulement que mon repas soit… inanimé. J’avais entendu parler d’endroits dans le monde où les humains mangeaient des machins encore vivants, ou du moins qui bougeaient dans leur assiette. L’imaginer m’avait carrément horrifiée. Un article en particulier attira mon attention : Un duo de deux plats en bois vernis contenant des dizaines de minuscules personnages aux allures adorables. Je sourcillai, abasourdie par la beauté exagérée d’un simple repas. Mon doigt indiqua l’objet de mon intérêt à Séraphine.

-Woah, tu as vu le détail? C’est tellement mignon… Il n’y a pas de ça d’où je viens en tout cas, c’est certain…

Je passai une main dans mes cheveux eux aussi emmêlés, une mine pensive peinte sur le visage.

-Pour revenir à nos moutons, j’avoue que l’endroit me déstabilise complètement... Mais ça n’est pas la fin du monde. Déjà, je m’y adapte un peu. Et puis, je n’ai pas vraiment un horaire chargé qui m’oblige à rentrer à Gotham dès que possible. Donc, si tu veux bien faire le guide touristique, je ne vois pas pourquoi nous passerions à côté de cette chance. Je crois bien qu’après les derniers mois, nous méritons de souffler un peu…

Je fis une pause l’espace d’un instant pour réfléchir, le regard dirigé vers le plafond.

-Il y a deux choses par contre… Premièrement, je ne sais pas pour toi, mais moi je ne dirais pas non à une douche. Et à de nouveaux vêtements. Ceux-là sont bien, mais j’ai comme l’impression que ce ne sont pas des habits communs par ici. Je ne dis certainement pas ça à cause du regard que les passants ont pris la peine de nous lancer dehors…

J’esquissai un sourire en coin avant de reprendre avec mes conditions.

-Deuxièmement, il va nous falloir de l’argent… J’hésitais à t’en parler, mais il va falloir aborder la question de toute façon. Si l’on veut pouvoir visiter le…Japon… à notre guise, nous allons devoir trouver un moyen d’amasser quelques pièces. Heureusement pour nous, je peux nous faire sauver des coûts par ci et par là. Et ne t’inquiètes pas pour l’avion non plus. Si les aéroports sont bien comme dans les films, je peux très bien nous faire éviter la sécurité si tu me promets de ne pas…paniquer.

Mon discours fut interrompu par le propriétaire qui déposa sur la longue table un cabaret sur lequel reposaient une théière et deux verres en terre cuite. J’hochai doucement la tête en guise de remerciement, espérant qu’il s’agisse bien d’un signe de courtoisie universel. L’homme s’inclina brièvement avant de s’éloigner à nouveau.

-Aussi, tu m’as parlé de ton ami tout à l’heure. Vit-il toujours ici…? Si tu veux, nous pourrions peut-être passer le voir en chemin, histoire de s’assurer qu’il va bien…? Ça c’est s’il n’a pas réapparu à l’autre bout de la planète comme nous… Je ne dis pas ça pour t'inquiéter hein!

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Japan? Which state is that? × ft. MEAVE & SERAPHINE

L’estomac noué par la faim, Seraphine plaisanta cependant bien volontiers avec Meave qui regardait médusée les petits plats colorés qui peuplaient la carte de l’humble restaurant. Cet endroit avait l’air hors du temps, et la jeune femme imprima ces sensations dans sa tête, prête à se créer des souvenirs plus heureux que ceux de Terre-4. Elle était contente que Meave accepte de partager avec elle la visite du pays du soleil levant. C’était plutôt triste de faire des découvertes d’une telle ampleur seule, et ça Seraphine le savait bien.

Ah oui ? Et d’où viens-tu ? demanda Seraphine en triturant ses gants. Je te rassure on ne voit ce genre de trucs qu'ici, c'est inédit pour moi aussi.

La femme face à elle avait cet air de leader, l’assurance parcourait chacun de ses pores, et ses yeux pétillaient de vivacité. Seraphine était heureuse, sa partenaire de voyage avait l’air digne de confiance, forte et intrépide, tout ce dont on a besoin pour braver la réalité. Elle acquiesça à ses dires, elle aussi voulait désespérément être propre et retrouver une apparence décente. Seraphine avait toujours énormément aimé prendre soin d’elle, et depuis qu’elle était sorti de la misère et avait pu mettre la main sur des objets de luxe (vêtements, parfums, maquillage), son apparence était devenue une religion. On ne pouvait pas dire d’elle qu’elle était coquette et superficielle. Le regard que lui portaient les autres était capital pour son business, c’était plutôt un investissement que de la vanité. Elle n’y était pas accro comme en avait témoigné ces mois de galère dans un monde parallèle, et pouvait aisément se déguiser en gamine des rues comme d’antan. Ses costumes chic lui manquaient, la boutique lui manquait, Hiro lui manquait. La jeune femme sourit à l’évocation des tenues volées dans la boutique de cosplay et la laissa continuer :

Deuxièmement, il va nous falloir de l’argent… J’hésitais à t’en parler, mais il va falloir aborder la question de toute façon. Si l’on veut pouvoir visiter le…Japon… à notre guise, nous allons devoir trouver un moyen d’amasser quelques pièces. Heureusement pour nous, je peux nous faire sauver des coûts par ci et par là. Et ne t’inquiètes pas pour l’avion non plus. Si les aéroports sont bien comme dans les films, je peux très bien nous faire éviter la sécurité si tu me promets de ne pas…paniquer.

L’antiquaire haussa un sourcil, loin d’être désemparée mais plutôt curieuse. Un silence vint ponctuer son discours alors que le vieil homme déposait le thé sur la table. Grande adepte de cette boisson chaude, Seraphine était ravie. Elle souleva le couvercle de la théière à l’aide de ces gants, et manqua de se brûler. Une douce odeur de thé vert vint lui chatouiller les narines et elle ferma les yeux pour mieux en profiter : ça c’était un petit bout de paradis. Dans la théière, la couleur commençait à s’étendre calmement tandis que les feuilles infusaient juste le temps nécessaire. Elle entreprit de les servir et tint comme elle le pu cette théière à la forme étrange, et en versa le contenu dans la tasse de Meave sans se précipiter. La chaleur du breuvage qui s’élevait en volutes de buée lui mit du baume au coeur :

Ah… sourit tristement Seraphine à l’évocation d’Hiro par sa compagne de voyage. Malheureusement il n’est pas ici mais à Gotham. Elle se servi calmement avant de se rasseoir et de terminer son explication. Le thé était de toute façon trop brûlant pour en boire et elle averti Meave avant qu’elle n’y trempe ses lèvres :

C’est une longue histoire mais… il est dans le coma. Je n’ai vu aucun invalide de notre monde sur Terre-4, je crois que le plan c’était plutôt de confronter des individus capables de se battre alors -je l’espère- j’imagine qu’il n’a pas bougé de son lit. Comme depuis trois ans maintenant, soupira-t-elle en observant ses mains. Elle cligna des yeux : Désolée je ne voulais pas gâcher l’ambiance.

Elle souffla doucement sur le thé, posa ses mains gantées autour de la terre cuite pour les réchauffer.

Je suis d’accord pour le soucis du blé, si tu as un moyen d’en récupérer je te laisse faire, je crois que les circonstances nous pardonnerons le recours au crime. Et pour l’avion, nous verrons au moment venu, mais je te fais confiance là dessus aussi. Elle hocha la tête.

Meave avait l’air de savoir de quoi elle parlait, et ça eut le mérite de rassurer davantage Seraphine. Elle imagina cette dernière en espion ou en militaire, quelque chose dans ce goût là :

Juste par curiosité, c’est quoi ton job dans la vie ?

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