(Nate) Side by side

Le brouhaha s’était arrêté. Interminable, révélateur de ce combat acharné qu’elles avaient eu à mener Diana et elle, voilà que le ciel s’était teinté d’un voile nouveau. Révélateur d’une victoire, ou plutôt d’un changement d’état parce que l’usurpateur en avait décidé ainsi. Lorsque Donna se réveilla cette fois-ci, les fracas des architectures victoriennes n’étaient plus. Tout comme l’odeur nauséabonde avec laquelle ils avaient eu tous du s’accoutumer. Rien. Evanouie, dans la nature, comme un cauchemar duquel elle venait tout juste de se réveiller. Et pourtant, l’émotion persiste, la saisie de plein fouet l’amenant à la dérive. Parce que tout ceci a bien existé. Son corps se redresse sur le sable chaud, le soleil au-dessus de sa tête lui révèle que la donne a changé. Tous avaient réussi leur mission. Tous étaient parvenus à sauver le monde une fois encore, grâce à leurs cohésions. Mais beaucoup ne reviendraient jamais. Son cœur se serrait à cette idée et déjà ses yeux s’acclimataient aux environs et perçaient des éclats lumineux qui se miroitaient sur l’océan. Un soupir fatigué lui échappe. Son cœur n’arrive pas à s’apaiser de tout ce qu’ils avaient vécu. « Hola, estas perdido ? » L’Amazone se retourne rapidement pour trouver l’origine de cette voix. Ses yeux ne tardent pas à se poser sur la silhouette d’une petite fille qui l’admire comme si elle croisait une princesse. Donna n’attend pas plus pour s’abaisser à sa hauteur et lui sourire, avant de lui expliquer qu’elle vient d’ailleurs. De leur conversation jaillit la révélation grâce à laquelle la brune apprend l’endroit exact où elle se situe. Non loin de Cancun, un sourire amusé naît sur ses lèvres au moment où elle comprend combien ce fourbe aime se jouer d’elle. Il n’aurait pu choisir meilleure destination pour une amazone : les cartels de drogue étant l’exact opposé de cet enseignement qu’elles cherchent à étendre depuis Themyscira. Polyglotte, mais surtout investie d’une mission nouvelle à savoir sauver le plus d’innocents de ce réseau, l’Amazone ne tarde pas à mettre en œuvre des tentatives pour détourner les affaires des plus virulents. La détournant de son objectif premier pour quelques jours, deux semaines s’en suivent puis une troisième avant que ce qu’elle considère comme tempérer lui offre l’opportunité de quitter l’endroit.

L’homme a parfois besoin d’apprendre de ses erreurs. Ce crédo l’influe sur son départ et lui instigue la raison nécessaire pour aller de l’avant. Sa famille a besoin d’elle et inversement. Alors, elle attend la nuit pour disparaître dans le ciel et rejoindre la frontière. Tijuana. Les bidonvilles dénotent cet élan de capitaliste visant à recueillir les fantasmes suffisants pour s’enticher du rêve américain. Une frontière le sépare et pourtant beaucoup de personnes ici, pensent à tort qu’ils l’atteignent. La misère s’abat sur beaucoup, révèle combien les plus riches traitent du pouvoir avec une ambition débordante face aux plus pauvres. Le profit est le maître mot de cette ville, profil et luxure. Car les trafics renferment autant ceux de drogue que ceux de femmes et d’enfants. Une abomination humaine par excellence. Une injustice qu’il se faudrait rétablir dans les rails d’une justice entière. Si seulement Donna disposait de la sagesse d’Athéna… Peut-être aurait-elle pu induire le message d’un possible retour en arrière et ainsi imposer une sorte de justice valeureuse dans les esprits les plus mesquins ? Mais elle n’était pas une déesse, Diana y serait probablement parvenue. Mais pas elle. Alors elle se contente simplement d’agir dès qu’elle le peut. De frapper sans état d’âme les pervers qui s’approchent de trop près des filles et des enfants qu’elle croise dans ces rues. Mais une fois encore, il lui faut retourner auprès des siens. Pour mieux aider ces gens, il faut leur assurer un monde stable, un monde sans Brainiac. Le combiné d’un téléphone à son oreille, Donna n’hésite plus une seule seconde en composant le numéro de son meilleur ami. Soucieuse de son bien-être, mais aussi de ceux des neveux de ce dernier ainsi que d’Ethan… L’angoisse la saisit à l’instant où ses pensées les mènent à lui. Aucune nouvelle ne lui était parvenue et l’impression de l’abandonner grandissait de plus en plus en elle alors qu’elle n’avait jamais désiré cela. Elle n’était qu’une piètre personne. Sa culpabilité la ronge malgré l’appel, malgré cette assurance qu’elle n’est pas seule et qu’il viendra la chercher à la frontière. Comment se peut-elle clamer être amazone alors que le recul l’acquitte de toute vraisemblance.

Pourtant elle sourit. Pourtant, elle ressent la joie l’envahir au moment où elle découvre le véhicule mais surtout le chauffeur qui l’accoste. « Salut. » ne tarde-t-elle pas à lui offrir avec ce sourire chaleureux. Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui et l’inverse se veut également véridique. « Merci d’être venu. » Son étreinte amicale renferme ce message sincère de cette vérité. Mais surtout de cet apaisement qui lui exprime combien elle est rassurée de le voir en bonne santé. L’habitacle l’accueille, elle s’installe sans se faire plus attendre et déjà détaille les ruelles qu’ils quittent. « Avec la situation politique, je n’ai pas osé voler au-dessus de la frontière. Autant Superman peut encaisser un missile que moi… » Sa voix se meurt dans sa gorge dans sa tentative ratée. Elle espère simplement que l’allusion le fera sourire lui mais elle n’ose en prendre état. Les remords la rongent à nouveau et l’obligent à abaisser ses yeux. « Et toi ? ça va ? Nicole va bien ? » demande t-elle tout en essayant de dissimuler sa torpeur interne. Mais déjà le tout lui revient en pleine figure et il lui semble impossible de retenir cet aveu. « Quelle misère ici… A croire que l’arrêt brutal ne leur a rien fait. » commente-t-elle en espérant que son meilleur ami comprenne l’ampleur de sa culpabilité. Pour une fois de plus, l’impuissance la guette et lui assigne des réalités qu’elle aurait bien voulu contrer.

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Tijuana. La dernière – et unique – fois que Nate avait parcouru ces rues arides et disparates, il n’y avait fait qu’une escale passagère, le temps d’embarquer sur une navette qui l’avait conduit bien plus loin au cœur du Mexique pour une expédition archéologique sur laquelle on avait demandé son expertise. Autant dire que le décor, et le contexte, étaient bien différents d’aujourd’hui. Au volant de sa voiture, Citizen Steel avançant dans les rues bordant les bidonvilles à la recherche de Donna, gardant un œil attentif sur le décor environnant, à la recherche de l’endroit exact qu’elle lui avait décrit par téléphone. Qu’il avait été soulagé, de recevoir son coup de fil – et bien entendu que malgré le bruit sur la fréquence d’un téléphone en fin de vie, il avait entendu sa requête, et il avait immédiatement accepté. Quelques heures de trajet pour aller récupérer son Amazone préférée – sorry Diana – et éviter qu’elle ne se fasse abattre en plein vol sur un malentendu diplomatique, la question ne se posait pas deux fois. Ca n’était pas tous les jours que Donna Troy demandait de l’aide, alors il était hors de question qu’il ne réponde pas présent pour une fois qu’elle le faisait. Son absence s’était cruellement fait sentir lorsqu’ils avaient été propulsés de retour sur leur Terre à eux, mais maintenant, c’était à lui de jouer le rôle de l’ami fiable et solide et de se pointer quand on attendait son aide. Donna allait bien, c’était tout ce qu’il avait besoin de savoir pour calmer ses angoisses et être au rendez-vous ; peut-être réagissait-il en prenant les choses un peu trop à cœur, après tout, Donna était plus que largement capable de se défendre et se débrouiller seule, mais ces derniers temps, Nate avait perdu trop gens qu’il avait pris pour acquis pour baisser la garde. Rassuré, il ne le serait complètement qu’une fois qu’elle serait dans la voiture avec lui.

Et rassuré, il ne tarda pas de l’être, avisant enfin sa svelte silhouette au coin d’une rue. Arrêtant la voiture devant elle, il lui ouvrit la portière et lui dédia un grand sourire chaleureux, où se mêlaient soulagement et pur bonheur de la revoir après ces quelques semaines particulièrement chaotiques. « Salut. » lui répondit-il en l’accueillant dans l’habitacle, avant de lui rendre son étreinte – qu’il était bon de la sentir contre lui, bien réelle, bien vivante et, visiblement, en bonne santé aussi. « Je t’en prie, c’est la moindre des choses. Ca sert à quoi les amis si ça ne vient pas te chercher au Mexique en pleine crise planétaire, hein ? » Il plaisantait, parce qu’au fond, il valait mieux en rire qu’en pleurer, quand même. Et il attendit qu’elle soit bien attachée – les Amazones et les hommes d’acier n’échappaient pas aux règles de conduite sécuritaires, merci bien – pour faire à nouveau tourner le moteur, et repartir d’où il était venu. Il suivit son regard, à sa remarque, et balaya lui aussi de ses yeux clairs le paysage désolé tout autour d’eux. « Ouais. » soupira-t-il, pas plus réjoui qu’elle par ce triste spectacle. « Le monde a beau être repli de superhéros, il reste toujours des endroits qui passent entre les mailles du filet. » supposa-t-il – et un bref instant, ses pensées s’envolèrent vers ce meilleur ami d’enfance retrouvé à New Themyscira. Lui aussi passé entre les mailles du filet. Retenant un deuxième soupir en étouffant cette pointe brûlante de sentiment d’injustice qu’il sentait vibrer dans sa poitrine, il offrit à la place un sourire rassurant à Donna. Ils ne pouvaient pas sauver tout le monde, paraissait-il. Mais ça, ce serait toujours la malédiction des idéalistes qu’ils étaient. Autant qu’ils s’y fassent avant d’y laisser toute leur bonne volonté.

« Nicole va bien, par chance on a réapparu au même endroit, pas très loin de chez nous. On a retrouvé tout le monde, en parfaite santé. Finalement on était les deux seuls à s’être fait embarquer là-bas. » Digérer la nouvelle de la mort de Hank avait été difficile pour les enfants, mais, déjà trop mûrs pour leur âge, ils avaient tous encaissé. Maintenant, ils n’avaient plus qu’à se reconstruire tous ensemble. Sans le patriarche inénarrable de la famille. Rôle qui lui revenait désormais de plein droit, et dont il ne savait vraiment que faire. « Moi, ça va autant que faire se peut. » répondit-il, un peu évasivement, mais en même temps, qu’y avait-il d’autre à dire ? Elle était déjà au fait de ses tourments – et il avait appris à vivre avec, grâce à elle. « J’ai vu Diana aussi, avec le reste de la Ligue de Justice. Elle va bien, et de ce que j’ai compris, son mari et Ophelia aussi. » Mais il n’y avait pas que pour eux que Donna s’inquiétait, il s’en doutait bien. Il y avait sans doute quelques personnes dont elle était anxieuse d’avoir des nouvelles, aussi avait-il d’avance formulé un plan d’attaque pendant les longues heures de route qui avaient séparé son départ de Star City de leurs retrouvailles. « On a une dizaine d’heures de voiture entre ici et Star City – l’aéroport a rouvert, si tu veux rentrer chez toi en avion, ce sera sûrement plus facile de là-bas. On a deux heures et demi de trajet jusqu’à Los Angeles, l’aéroport est toujours fermé mais ils ont réussi à rétablir les réseaux téléphoniques. Donc, ce que je te propose, c’est qu’on aille là-bas, qu’on fasse une escale pour se dégourdir les jambes et reprendre des forces… et que tu en profites pour prendre mon téléphone et passer tous les coups de fil que tu veux. » Parce qu’elle avait l’air plutôt démunie, la pauvre Donna – en même temps, dans les bidonvilles mexicains, difficiles de trouver des affaires adéquates, sans doute, encore moins un téléphone portable ou internet, ces temps-ci. « Et si ce plan te convient, je vais même pouvoir te demander comment toi, tu vas. Parce que t’as l’air d’avoir eu un retour sur Terre un peu costaud, toi. »

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La chaleur étouffante des bidonvilles l’accable pour quelques instants encore. Elle l’enferme dans ce tumulte visant à lui faire remarquer son impuissance face au désarroi du monde. Seraient-ils tous suffisants un jour ? Pourraient-ils réguler cet interstice d’inachevée pour le rendre égal aux autres ? Le doute continue de la saisir alors qu’elle remarque quelques prostituées, jonchées partout dans les environs. Tout porte à croire que ce commerce est équitable ici, alors qu’il révèle une réalité bien triste : celle d’un abus de pouvoir, d’inégalités sociales desquelles ils ne peuvent encore rien faire. Alors, l’Amazone quitte cette région, décidée à y revenir lorsque le chaos arrêtera sa course. Lorsque les choses seront rentrées dans l’ordre, tant est si bien qu’elles puissent l’être un jour, quand Troïa tentera de sauver cette humanité ci. En attendant, son sourire demeure intact, chaleureux, heureux de retrouver celui avec qui toute cette aventure d’ailleurs a pu être possible et supportable. Nate. Son meilleur ami, grâce auquel il lui est possible de croire un peu plus en elle, parce qu’il l’accompagne, parce qu’il la soutient mais surtout parce qu’elle sait qu’il ne l’abandonnera pas. Preuve en était cette réflexion destinée à les faire rire. L’effet en est que plus évident, omniprésent, elle n’avait jamais douté de sa réponse et il le lui prouvait encore : toujours ensemble jusqu’au bout. L’Amazone s’attarde légèrement sur le visage de son meilleur ami encore rieur. Elle y recherche des traces éventuelles de douleurs internes et y trouve le réconfort suffisant pour apaiser ses inquiétudes. Pour l’heure, elle ne connaît pas encore la réalité et la gravité de la situation, néanmoins, elle ose se persuader que tout n’est pas vain. Même si le plomb chape ses poumons, Donna ose croire en quelque chose de meilleur, après tout, les voilà réunis sur la bonne Terre, loin des menaces Amazones et Atlantes. Et pourtant, la misère les entoure, leur renvoie cette image d’un non achevé. La révélation ne tarda pas à faire mouche dans son cœur, la plongeant un peu plus dans cette injustice dans laquelle ils s’enfermaient tous les deux à chaque fois. Donna sait que Nate la comprend à ce sujet, tant lui aussi recherche toujours à sauver le plus de monde possible. « Je crois que je reviendrai ici quand le temps sera venu. » conclut-t-elle comme pour attendre une quelconque approbation de la part de son meilleur ami. Non, elle ne pouvait retourner à sa vie d’avant, plus après ce à quoi elle avait assisté ici. Et l’Amazone veillerait à mettre tout en œuvre pour aussi bien sauver l’humanité de toute menace extérieure que de celle inscrite dans leurs mœurs.

Toutefois enchantée à l’idée de retrouver les siens, elle n’hésite pas une seconde supplémentaire à demander comment va Nicole. Cette jeune fille qui lui a beaucoup plus appris de son courage que tant d’autres. Cette jeune fille avec qui elle avait partagé une expérience qui les avait lié à jamais. La réponse de Nate la rassure, lui permet d’occulter ses angoisses pour laisser place à un allègement de ce poids qu’elle préservait sur ses épaules. Ainsi, tous étaient saufs et tous avaient pu se retrouver. « C’est une fille très courageuse, tu peux être fier d’elle. » lui partage-t-elle avec cette même bienveillance dans la voix. « ça me rassure de vous savoir tous réunis et en bonne santé. » Un sourire chaleureux étire finement ses lèvres avant de s’estomper devant le ton évasif prit par son meilleur ami au moment de ses propres nouvelles. Alerte, quant aux difficultés encourues depuis cet épisode dangereux, l’Amazone ne peut retenir le froncement de ses sourcils en quête de vérité. Surtout lorsque le jeune homme s’empresse de lui donner des nouvelles de Diana et sa famille. Certes, rassurée par cette révélation, la brune maintient cet air observateur et curieux. « Qu’est-ce que tu ne me dis pas ? » l’interroge-t-elle avec son calme olympien tout en appréhendant les nouvelles à venir. « Je savais déjà que Diana allait bien. » s’empresse-t-elle de rajouter tout en remontant son doigt pour l’appuyer doucement sur sa tempe gauche. Ce lien reste perpétuel et toujours enclin à la rassurer de l’état de santé de sa sœur. D’aucune frontière ou distance ne serait en mesure de leur ôter singularité qu’elles ont su développer avec le temps. Néanmoins, leurs sagesses s’arrêtent là où il est impossible d’établir cette télépathie si elles ne sont pas à proximité. « Tous sont revenus intacts ? » Sa curiosité demeure intacte alors que le désarroi la saisie à nouveau. Elle leur espère une bonne santé à tous, sans trop de traumatismes auxquels ils doivent tous faire face.

Le plan se dessine avec certitude et revêt des élans de bienveillance à son égard. Nate est vraiment un allié duquel elle ne saurait jamais se séparer. Un véritable ami, grâce auquel, il lui est plus facile de revoir la lumière plutôt que se laisser sombrer dans les ténèbres. Tout lui donne l’impression d’avoir été méticuleusement élaboré et elle ne peut retenir son sourire empli d’une gratitude sans précédent. « T’as l’air d’avoir pensé à tout. » son commentaire se veut bienveillant à l’image même de ce que son cœur ressent en cet instant. « Ok, on fera comme ça. Et puis Los Angeles nous changera beaucoup. » Un nouveau sourire lui revient avant qu’elle ne songe à ces fameux coups de téléphone. Bien sûr Diana serait la première, sa sœur avait besoin de la savoir sur le chemin du retour. Et forcément la pareille ne tarde pas à s’opérer sur elle afin de prendre de ses nouvelles. La question se veut banale et pourtant, il a bien compris l’envergure derrière ce faciès de marbre. « Je fais comme toi, ça va autant que faire se peut. » la vérité s’exhorte d’entre ses poumons et anime son âme. « Disons que… j’ai du mal à garder mon calme quand on s’en prend aux plus démunis. Ils utilisent les enfants pour élaborer leur trafic, ils sont tellement corrompus qu’ils leurs enlèvent toute cette innocence qui les caractérise et ça… » Elle s’arrête dans son récit parce qu’elle ressent cette colère à l’intérieur et qu’elle désire la contrôler. «… c’est toujours mon éternel problème, accepter qu’on ne peut pas sauver tout le monde. » Lassée de ce constat, elle inspire bruyamment et souffle pour essayer de canaliser cela. Ses onyx quittent la route devant eux pour venir se poser sur le visage de Nate, une fois de plus, elle sait qu’il la comprend. « Je m’humanise bien. » Sa moquerie ne tarde pas à la faire rire, mieux valait le voir sous cet angle pour ne pas sombrer dans les tourments. « Tu comptes me raconter vos retrouvailles familiales ou je dois te sortir les vers du nez ? » Son rire s’accentue et exprime ce besoin d’entendre de belles choses, des récits plus joyeux dans lesquels la simplicité a su redonner une joie de vivre à son meilleur ami.

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Aaaah oui, c’est vrai, la télépathie des jumelles – dire qu’il avait failli oublier. Nate se fendit d’un rire, reconnaissant là sa propre défaillance, toujours admiratif et un poil curieux de cet étrange lien qui semblait unir Donna et Diana. Chez les humains aussi, on affirmait qu’une connexion particulière unissait les jumeaux, en particulier les vrais jumeaux, mais chez ses deux Amazones préférées, il avait bien cru comprendre que le paradigme était poussé dix fois plus loin encore. Un jour, s’était-il promis, il leur poserait plus de questions, si elles le lui permettaient – son grand rêve de réécrire les mythes des Amazones pour les historiens de sa génération n’était toujours pas exclu non plus, mais après ces six derniers mois, il n’était pas sûr que le moindre écrit concernant un peuple qui avait passé six mois, sur une autre Terre, à tenter de massacrer ce qu’il pouvait rester d’humanité, serait particulièrement bien reçu chez les maisons de publication. Mais il n’était pas le seul des deux à faire preuve de curiosité, et évidemment, Donna s’enquit de la santé de ceux avec qui elle ne partageait pas de connexion télépathique : « Ils vont… presque tous bien. Mais je t’en dirai plus quand on sera sortis d’ici. » promit-il, peu désireux de la laisser dans l’obscurité. Mais échanger les dernières nouvelles, surtout aussi importantes que celles-là, serait plus facile une fois qu’ils auraient laissé les bidonvilles et la misère et leur révolte intérieure derrière eux. De toute façon, Donna était perceptive et réaliste ; elle devait bien se douter que personne n’était revenu tout à fait intact de ces six mois particulièrement traumatisants. Finalement, par certains aspects, il ne s’en était pas trop mal sorti, comparé à d’autres. Même s’il se doutait bien que ça, ça n’était pas une excuse que Donna lui accorderait, soucieuse qu’elle était de son sort.

Le plan d’action était approuvé, parfait : Los Angeles, here we go. Elle avait raison, ça leur ferait changer d’air, et même s’ils allaient être témoins d’un autre genre de crise, au moins, rien ne pourrait être aussi terrible que New Themyscira, ou même que la misère qui régnait dans ces rues écrasées par la chaleur et la criminalité. Il ne savait pas ce qu’elle avait pu voir, pendant le temps qu’elle avait passé ici, mais elle se hâta de lui en dresser un portrait aussi concis qu’horrifiant, et dans sa voix il pouvait entendre brûler une colère sourde aussi sûrement que l’Olympe devait pouvoir entendre gronder la forge bouillante d’Héphaïstos. A travers le rétroviseur, Nate adressa à son amie un regard et un sourire conciliant. « Hé, si tu l’acceptais vraiment, tu ne ferais pas aussi bien ton boulot. Ca fait partie du métier. » remarqua-t-il. « On a beau prôner le pacifisme, pas grand monde ne s’attarde vraiment sur ce que ça veut dire. Toutes les grandes luttes ont été menées et gagnées par des gens en colère qui ont refusé d’accepter qu’ils ne pouvaient pas aller jusqu’au bout, pas ceux qui se sont résignés. » Nouveau sourire complice et amusé. « Franchement je trouve que tu t’humanises plutôt pas mal. » plaisanta-t-il – plaisanta, parce que si on lui demandait son avis, Donna était infiniment plus humaine, dans le sens le plus noble du terme, que la plupart des gens qu’il avait pu croiser au cours de sa petite existence. C’était les gens comme elle qui sauvaient véritablement le monde, pas à pas, brique par brique. Qui sait, à force de sauver un petit peu de monde à chaque fois, peut-être qu’à terme, elle réussirait réellement à sauver le monde entier. Lui, il avait bien envie d’être optimiste, en ce moment.

Et elle lui arracha un rire, Donna, à défaut de lui tirer les vers du nez ; pour la bête raison qu’elle n’avait vraiment pas besoin d’insister beaucoup pour qu’il crache le morceau, de toute façon. Le jour où Nate Heywood arriverait à dire non à Donna Troy ou lui cacher quoi que ce soit, alors là il faudrait vraiment commencer à s’inquiéter du sort du monde. « Tout le monde va bien. Tous les neveux et nièces ont été retrouvés en pleine forme, tout le monde a pu vite se retrouver, personne n’a fini au milieu du désert ou au sommet d’un volcan. » la rassura-t-il alors qu’il négociaient la sortie du bidonville, pour rejoindre une partie plus accueillante de la ville et mettre le cap sur l’autoroute – et au bout du chemin, la frontière américaine. « Malheureusement, notre grand-père n’est pas revenu de New Themyscira. » La voilà, l’annonce sombre de l’heure. Hank Heywood, Commander Steel, héros de la première heure avant même que le concept de superhéros ait jamais vraiment été formulé, avait perdu la vie pour sauver celle d’autres. Pour sauver, notamment, celle de son petit-fils. « Hank s’est sacrifié pendant une embuscade atlante. Il s’est fait engloutir, et on sait toi comme moi qu’avec autant d’acier dans le système… » C’était la noyade assurée. Nate l’avait vu disparaître, et ne jamais reparaître. La fin était indéniable. Une ombre de tristesse passa sur son visage qu’il s’efforçait pourtant de garder relativement optimiste, et bientôt, il articula quand même un sourire. « Il est mort en héros. Et les petits l’ont bien compris. Ce n’est pas la première fois qu’ils traversent un deuil, et ils savaient que leur papy risquait sa vie pour sauver le monde. Ils sont tristes, évidemment, mais ils sont aussi très fiers de lui. Ils préfèrent se concentrer sur les bons souvenirs et se serrer les coudes dans ces moments difficiles. Ils s’en sortiront. » Nate enclencha son clignotant pour s’engager sur la voie de l’autoroute, et remonta ses lunettes de soleil sur son nez. « La bonne nouvelle, c’est que la cuisine Heywood n’a jamais produit autant de pancakes. Donc si un de ces jours, tu es prise d’une envie irrépressible de brunch, tu sais où nous trouver. » Il fallait bien voir le bon côté des choses, non ? « Le plus sombre est derrière nous. Je me dis qu’on a le droit de se concentrer un peu sur le positif avant de retourner dans l’arène, tu crois pas ? »

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L’accalmie opère de sa magie doucement, prodigue des bienfaits dans lesquels il est plus aisé de recouvrer son intégrité pour s’apaiser des tourments vécus. L’équilibre se retrouve indéniablement dès l’instant où l’Amazone rejoint et discute avec son meilleur ami. Rassurée de le savoir à ses côtés, comme ils avaient eu l’opportunité de se retrouver sur New Themiscyra. Il lui prouve pour une fois supplémentaire la témérité de son courage et la bravoure qui anime son âme rien que par sa venue. Donna n’est pas abandonnée et sait pertinemment qu’elle ne le sera jamais. Là est sa plus grande force, celle de savoir que sa sœur, son meilleur ami mais également les êtres qui lui sont chers survivent et lui rappellent l’espoir duquel elle s’enivre. Alors son sourire lui revient, dissimule et éteint la colère pour quelques secondes alors que son cœur, lui, se plaît à retrouver ce visage ami, fraternel. Nate lui assure sa bonne santé et pourtant, la brune sent qu’une lourdeur chape son être. Néanmoins, il préfère en attendre un délai supplémentaire pour le lui rapporter. Chose qu’elle comprend et accepte sans attendre plus longuement. Elle lui espère simplement que l’épreuve ne lui ait pas trop difficile ou sinon qu’il trouve soutien auprès de sa famille et de ses proches. Mais le connaissant, Donna n’hésite pas plus pour se laisser admettre de la force brute de son meilleur ami. Il le lui prouve une fois encore par ce regard, par cette complicité qu’il n’hésite pas à lui transmettre pour que tous les deux recouvrent ensemble ce lien qui les définit. Les stigmates brûlent leurs chairs, éveillent les détails les plus sombres de cet endroit duquel ils ont réussi à s’échapper, mais elle le sait : ils parviendront à vaincre ces derniers. Le temps deviendrait un allié grâce auquel leur amitié n’en ressortirait que plus complice. Aussi, lui partage-t-elle ce sourire dans lequel il est à même d’y puiser l’image d’une main tendue, d’une étreinte amicale, toujours là dès lors qu’il l’appelle à l’aide.

Bien sûr, le plan prévaut des moments durant lesquels les confidences n’en deviendraient que plus poussées. Il lui tarde, d’ailleurs, de pouvoir en arriver à cette étape du voyage pour ainsi en savoir un peu plus sur la vie du jeune homme. Quelque chose l’a changé, aussi bien par ce qu’il ne lui a pas encore confié que d’un point de vue sentimental. Son observation lui a assez appris sur les humains pour savoir lorsque leur cœur se livre d’une manière différente. Et il lui semble que cela touche aussi Nate. Cependant, l’Amazone choisit d’en délaisser l’entrevue pour l’heure, au profit de cette confidence qui brûle sa colère. Arès profiterait de cette situation pour l’influer et l’y faire admettre l’horreur de certains Hommes. Elle l’avait vu par le passé et y avait été confronté par le biais de nombreuses épreuves et pourtant, l’Espoir lui résistait. Fidèle à son poste, paradigme quant à cette ébullition intérieure qui la consumait. Donna songeait à toute cette injustice qu’elle laissait derrière elle, à cette impuissance désastreuse qui la plonge un peu plus dans ses remords. Culpabilité, qui, elle le savait, serait bientôt comprise par l’homme qu’elle considérait avec le plus grand des respects. Les réponses de Nate lui rappellent bien des souvenirs. Ceux d’âmes braves, d’hommes et de femmes dont le courage revêtait aujourd’hui des allures d’exemples et de modèles. Il avait raison. « Venant de toi, je le prends comme un compliment. » s’amuse t-elle sur ce même timbre que celui de son meilleur ami. « Tu as raison quant à cette colère. C’est juste parfois difficile pour moi que de constater des restes d’Arès sur le monde. Diana a cette partialité, probablement grâce à Zeus, dont j’aimerai savoir faire preuve dans des moments comme celui que j’ai vécu. » Car là est aussi un grand problème pour elle, savoir où est la limite. « Comment savoir si la corruption est punie lorsque nous la livrons à la justice ? Il y a tellement de pots de vins et de marchés ici, que je crains avoir fais une erreur en laissant les forces de l’ordre se charger du sort de ceux que j’ai intercepté. Mais en même temps, je ne peux rendre justice, je ne suis pas Athéna. » finit-t-elle par admettre avant de soupirer avec cet air démuni. A vrai dire, il paraît judicieux de croire que cela n’aurait jamais de réponse. Sa mission s’arrête à cette limite et Donna n’envisage pas de la dépasser. Seule sa volonté de protéger les innocents anime ses actions et elle sait que cela touche également les convictions de son meilleur ami. « Il me faudra retourner à Themiscyra pour me ressourcer. » finit-t-elle par conclure à ce sujet, attendant également l’aval de Nate pour savoir si ses intentions seraient soutenues.

Mais ce qui l’importe réellement prend le dessus sur tout le reste et l’impatiente au point de la guider vers cette question anodine et pourtant si révélatrice de pouvoir participer à son bien-être. A peine l’avait-elle prononcé que le rire du jeune homme l’amène à sourire à nouveau. Cela lui avait manqué. Tout comme cet air complice qu’elle lui voie en ce moment même, alors qu’il cherche le meilleur moyen de lui annoncer l’épreuve. D’ailleurs, son cœur se soulage dans un premier temps au moment où il lui révèle la bonne santé des plus jeunes. La tentative d’humour n’est qu’un signe annonciateur de ce soulagement. Même si, son sourire s’effondre devant les révélations qui suivent. Hank n’est plus. Emporté sur le Styx, probablement déjà aux côtés d’Hadès, l’un des héros les plus notoires d’une génération qu’elle avait connu par le passé s’était éteint. « Je suis sincèrement désolée Nate. » s’empresse-t-elle de lui témoigner avec ce timbre grave et peiné. Les détails lui prouvent combien la confiance qu’il lui porte est inconditionnelle et cela la touche énormément. Au point, qu’elle garde le silence et sourit tristement en reconnaissant bien là les traits de caractère du Commander Steel. Sauver le plus grand nombre. Voilà une noblesse qui sonnait en écho avec le cœur de l’Amazone et trouve résonnance dans ses propres retranchements. Ses yeux s’abaissent toutefois sans continuer la phrase restée en suspens. Elle comprend le dénouement, la noyade et ne veut en aucun cas raviver cette vision à son meilleur ami. Au contraire, elle lui souhaite de ne garder que les meilleurs souvenirs, ceux desquels Nate puiserait pour toujours une force et n’en ressortirait que plus grand encore. « Tu t’en sortiras toi aussi. » ne put-t-elle se retenir de rétorquer avec cette même conviction dans la voix que celle qu’elle lui entendait pour ses neveu. « Tu as énormément de lui en toi. Et si je peux dire une chose dont je suis certaine à propos de Commander Steel. C’est qu’il était aussi fier de toi que tu pouvais l’être de lui, parce que tu sais voir le meilleur en chacun de nous et que grâce à ça tu nous sauveras. » Son sourire n’en devient que plus grand, si elle avait pu, l’Amazone aurait serrer son meilleur ami contre elle pour lui prouver ses dires et appuyer un peu plus son soutien. Lui non plus n’était pas seul et ne le serait jamais. Et bientôt un rire franchit la barrière de ses lèvres devant l’évocation des pâtisseries. Mets qu’elle n’avait connu que sur le tard mais dont elle avait su reconnaître un caractère thérapeutique et confortable lors des étapes à franchir. « Je te promets de venir goûter ça. » Son sourire s’agrandit alors que ses yeux regardaient le profil du visage de son meilleur ami devant ce nouveau discours vivifiant. « J’en suis sûre oui. » acquiesce-t-elle doucement tout en souriant à nouveau. « En parlant de positif… Il n’y aurait pas autre chose que tu voudrais me dire peut-être ? » L’air innocent barre son visage, faussement innocent d’ailleurs, alors qu’elle retient un rire en se mordant la joue. « Je te trouve… plutôt en forme, comme si tu fréquentais quelqu’un. » Mieux valait se concentrer sur le positif et Donna apprécie toujours de le porter sur les êtres qui lui sont chers. Alors elle n’hésite pas et montre déjà dans ses onyx combien elle est heureuse pour Nate. Il mérite de connaître ce genre de soutien.

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Et comme ça, en quelques mots bien choisis, et même pas calculés, Donna lui mettait plus de baume au cœur que n’importe qui et n’importe quoi depuis qu’ils étaient revenus de New Themyscira – si on oubliait la rouquine qui l’attendait à Star City. Mentionner son héros de grand-père, et la façon dont il était tombé au combat, était toujours douloureux, remuait un couteau dans son palpitant qu’il aurait préféré garder parfaitement immobile, mais il savait bien, trop familier avec le deuil, que c’était juste trop tôt encore. Que le temps ferait son office, que la peine ne partirait jamais tout à fait, mais qu’au moins, il pourrait apprendre à vivre avec l’absence, et apprendre à vivre sans Hank. Le temps ferait son office, mais aussi, et surtout, les gens comme Donna qui savaient exactement par quel bout le prendre pour chasser les nuages noirs qui pendaient toujours au-dessus de sa tête et lui rappeler que malgré tout, la vie continuait. Nate n’avait jamais été du genre sûr de lui, et encore moins du genre à s’estimer arriver à la cheville de son illustre grand-père – lui qui avait pris le surnom de Citizen Steel pour éviter la connotation militaire de son aïeul et, par conséquence, la comparaison. Mais dans la bouche de Donna, ça sonnait vrai, qu’il était peut-être fier de lui. S’il sauverait tout le monde, il n’en savait rien ; mais quand elle, elle le disait, il y avait dans sa voix une conviction indiscutable qui aurait redonné du courage et de la vaillance au plus grand des pleutres. Alors Nate lui adressa un sourire en biais, un poids levé de son cœur et de ses épaules, ravi d’entendre son rire éclater dans l’habitacle comme ultime repoussoir à idées noires, et comme ça, les sales souvenirs de New Themyscira et du Mexique étaient jetés par la fenêtre. A la revoyure.

« Hm ? » Quelque chose de positif à lui dire ? Une lueur interrogatrice dans le regard, Nate l’observa à travers le rétroviseur, attendant qu’elle développe son propos parce que là il avouait qu’il séchait et… Oh. « Oh. » Celle-là, il l’avouait, il ne s’y attendait pas. Et il se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas laisser échapper un rire nerveux qui de toute façon n’avait même pas de raison d’être – il n’avait rien à cacher, après tout ! S’il ne pouvait pas dire ce genre de chose à Donna, où allait le monde ? Mais, tel un gosse pris en flagrant délit, il ne put s’empêcher de s’éclaircir la gorge, sans savoir s’il devait ou non être vexé que la perspicace Amazone ait lu en lui comme dans un livre ouvert. « Décidément, rien ne t’échappe à toi, pas vrai ? » répondit-il, sans pouvoir pour autant réprimer un sourire amusé. Ouiiii bon. Elle le connaissait par cœur. Et rien qu’une œillade à son adresse suffit à lui confirmer qu’elle ne posait la question que par amour de la rhétorique, et qu’elle connaissait déjà très bien la réponse. Ah, la maline. « Et moi je te trouve bien observatrice. T’es sûre que t’es pas Athena finalement, ou que quelqu’un ne t’a pas refilé sa sagesse ? » demanda-t-il, petit plaisantin lui aussi pour dissimuler la pointe de couleur qui lui était montée aux joues. De toute façon, au Mexique, même en mars, il faisait chaud, voilà. « Ca va, t’as gagné. J’avoue tout. » admit-il, sans faire la moindre difficulté. Il avait déjà parlé de Barbara à son ami d’enfance, maintenant, c’était le tour de sa meilleure amie – seul le triste contexte de New Themyscira l’avait empêché de le faire avant, de toute façon. Ca n’avait été qu’une question de temps avant que tout ne transparaisse.

« Ca remonte à avant Terre-4, pour tout te dire. Enfin, on a vraiment officialisé juste avant que Brainiac ne nous y téléporte. Je ne t’en ai pas parlé là-bas parce que… avec tout ce qui se passait, je ne sais pas. Je trouvais que ça n’était pas le moment. » confessa-t-il alors qu’ils roulaient à bonne allure en direction de la frontière, le soleil déjà haut dans le ciel malgré l’heure matinale. « Elle s’appelle Barbara. Elle est bibliothécaire et vit à Gotham, en temps normal. Passionnée d’informatique, probablement la personne la plus intelligente que je connaisse. Et la plus déterminée, aussi. » Et qu’il en coûtait, seigneur, qu’il lui en coûtait de devoir cacher un si grand pan de vérité à sa meilleure amie. Qu’il aurait voulu lui dire, même sans lui révéler que Barbara et Batgirl ne faisaient qu’une, que c’était à elle qu’il devait l’implant qui lui avait rendu ses sensations. Que c’était à elle qu’il devait sa libération de ce fichu costume-camisole, qui était devenu caduc sitôt que grâce à elle, il avait à nouveau été en contrôle de son propre corps. Mais il savait que Barbara voulait à tout prix garder ça secret, alors il se tut. Même si ça lui brûlait la gorge d’y retenir cette confession. « Mais il y a quelques jours, un peu avant que tu ne m’appelles, elle a débarqué par surprise à Star City, pour s’installer quelques temps chez moi. Elle sait pour Hank, elle savait bien que c’était pas la grande forme, alors elle a décidé de me rejoindre. » Et ça, ça l’épatait encore, Nate. Un sourire un peu idiot, mais surtout attendri, accroché aux lèvres, il soupira, songeur, alors que la route défilait devant eux. A part Floyd, c’était quand, la dernière fois qu’il avait pu annoncer ce genre de nouvelle à quelqu’un ? « Ca faisait près de douze ans que j’avais pas connu ça. Depuis l’hôpital et l’amputation. » Depuis le jour où sa vie s’était arrêtée, mise en pause, en suspens, noyée dans des cachets d’antidouleurs qui l’abrutissaient plus que de raison, parce qu’alors il n’avait eu aucun autre moyen de gérer la douleur. « Et maintenant qu’on retrouve un semblant de vie quotidienne, j’ai peur de rater un truc. De me planter quelque part, de mal m’y prendre. C’est idiot hein, mais je ne peux pas m’en empêcher. » Au moins, avec Donna, pas besoin de faire semblant, pas besoin de mettre de masque. Ses incertitudes, il le savait, elle ne les prenait pas comme des aveux de faiblesse, mais comme ce qu’elles étaient : les questionnements incessants d’un homme qui mettait un peu trop de cœur à se remettre en question, pour espérer devenir l’homme qu’il aspirait à être. « Mais pour l’instant tout se passe très bien. Donc j’imagine que ça me met plutôt en forme. » conclut-il sur le ton du badinage. Qu’il était bon, de renouer avec la vie, après autant de temps passé à danser avec la mort.

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L’amitié se résume en cette faculté de savoir compter sur l’autre, lui conférer ce soutien indéniable s’accroissant dans le temps. Cette aubaine anime et apporte tout autant que les liens familiaux. Parce qu’elle dévoile une sincérité, une confiance mutuelle dans laquelle il est évident de s’y plonger sans attendre plus longuement, sans même hésiter. Elle grandit au point de conférer des ailes et ainsi se raccrocher sur un fait simple et notoire : celui que nous ne serons jamais seuls. La tristesse, les épreuves, le deuil ne seraient jamais en mesure de tarir cette vérité, parce qu’il s’agit bien là d’une sûreté dans laquelle l’Amazone se plonge à cœur ouvert pour son meilleur ami. Les mots révèlent ses intentions et elle sait qu’il les entend avec la plus grande des attentions. Si elle avait seulement pu être face à lui, Donna n’aurait pas hésité plus à le prendre dans ses bras pour lui rappeler qui il est. Pour appuyer cette sincérité quant à cette fierté que son grand-père avait le concernant. Le chemin du jeune homme était semé d’embûches et pourtant, il s’était toujours relevé, avait toujours cru en du meilleur pour devenir cet homme si fort et si courageux qu’il était aujourd’hui. Alors, oui, elle lui rappellerait autant que faire ce peut combien ses qualités sont pures, combien ses manières de penser sont également uniques et valent la peine de tenir. Parce qu’il est animé de ce même espoir que Hank avait développé aux cours de ses aventures, et que cet héritage valait bien plus qu’il n’y paraissait. Le sourire de Donna grandit à mesure que leurs regards se croisaient. Fidèle à l’image de cette meilleure amie qui ne désirait en rien le laisser tomber. Jamais. Le rire le leur prouve à tous les deux et chante de cette mélodie qui leur avait terriblement manquer, surtout à elle. L’occasion se présente alors pour essayer d’en savoir un peu plus, pour émettre des hypothèses quant à cette légèreté qui envahie doucement l’habitacle. Ils en ont besoin tous les deux. « Oh ! » répète-t-elle tout juste après l’exclamation entendu de son meilleur ami. Son air faussement innocent se transforme petit à petit en quelque chose à placer sous le signe de l’amusement. Cela lui plaît de reconnaître un malaise de ce genre sur le visage de Nate, tant elle y trouve des affiliations avec un sentiment qu’elle ne connaît pourtant pas. La nature humaine est toujours curieuse dès qu’il s’agit des sentiments. Et la conversation se poursuit sous cet augure au moment où elle remarque les vaines tentatives du jeune homme quant à une volonté de détourner l’attention. Laissant échapper quelques soubresauts en raison de son rire à venir, la brune se contient mais ne peut s’empêcher de tourner totalement son visage pour prendre état du visage de son meilleur ami. « En cinq millénaires, j’ai eu le temps d’apprendre à observer ce genre de chose. » s’amuse-t-elle d’autant plus alors que son meilleur amie cherche probablement la meilleure façon de lui annoncer la nouvelle. Rien que par cela, Donna comprend l’envergure de cette dernière et ressent déjà un ravissement certain pour cette belle chose qui s’offre à lui. Mais ne pipant mot, elle se contente d’attendre, grand sourire sur les lèvres jusqu’au moment des aveux.

A peine débute-t-il ses explications qu’elle retrouve sa place sur son siège passager et en profite pour se mordre la joue pour se retenir de lancer un je le savais. Et malgré le sérieux dans les rappels des situations antérieures vécues sur Terre IV, l’Amazone préserve son sourire à mi amusé et attendri devant les révélations. « Tu n’as pas à t’excuser de ça. » préfère-t-elle relever dans l’espoir de lui prouver qu’elle ne lui en veut pas. Surtout pas pour cela. Nate est libre de ses choix et donc de ses confessions, elle n’est rien. Au contraire, son cœur se plaît plutôt à participer à cette conversation aujourd’hui et maintenant, pour ainsi voir à quel point les sentiments enivrent son meilleur ami dès qu’il lui décrit Barbara. Le soleil semble apparaître en lui et elle ne peut qu’en profiter en souriant, éblouie par tant de générosité. « Je suis très contente pour vous deux. Parce que si elle est aussi intelligente et déterminée que tu le décris, elle a trouvé un homme très sage et très courageux à son tour. » Son sourire s’agrandie devant cette vérité, croyance qu’elle ne cessera jamais de revendiquer à qui voudra bien l’entendre tant elle connaît son meilleur ami. Il mérite cela, cette euphorie dans laquelle Barbara et lui trouveront le parfait équilibre pour construire une relation qu’ils développeront avec le temps. Qui les rendra plus forts à tous les deux et qui saura être un parfait tremplin vers ce bonheur auxquels ils aspirent. Voici l’Espoir pour lequel les Amazones se battent : cet amour que les humains savent s’adonner pour aspirer vers du meilleur. Ses yeux accrochent pour quelques secondes ceux de son meilleur ami dans le rétroviseur, appuyant d’autant plus cette émotion de fierté qui la gagne, cette émotion de bonheur. Mais les révélations ne s’arrêtent pas là et continuent dans ce même sens, appuyant un peu plus la manière dont les deux protagonistes se sont trouvés et débutent une vie à deux. « C’est une perle rare. » admet-t-elle tout en préservant ce même sourire. Cela la rassure d’entendre qu’un équilibre tente de se créer pour Nate, que Barbara, dont elle ne connaît que le nom aujourd’hui, se veut présente pour lui et l’aide à traverser cette douloureuse épreuve. « J’ose espérer que tu me la présenteras un jour. » Ses sourcils se réhaussent en chœur pour essayer de le mettre mal à l’aise ne serait ce que quelques secondes, juste le temps de revoir le rose sur ses joues. « Je te promets que je ne ferai pas… tu sais… mes trucs d’amazones. » Donna s’en amuse et elle sait que son comportement rassurera beaucoup son meilleur ami. Car, elle ressent encore cette tension de toute à l’heure, cette gêne quant à ce secret qu’il lui a caché pendant tout ce temps et dont elle ne lui en tient aucune rigueur. « Tu mérites ce qu’il y a de meilleur, je suis vraiment contente pour toi. » rétorque-t-elle avec cet attendrissement dans la voix, cette fierté aussi, qui n’est pas prête de s’envoler. Le chemin qu’il a parcouru est si semé d’embûche qu’elle ne lui souhaite que le meilleur. Mais bien sûr, cela aurait mal le connaître que ne pas entendre des incertitudes quant à cette vie à deux qui s’offre à Barbara et lui. Riant de bon cœur devant cette révélation, l’Amazone ne peut se retenir de secouer la tête de droite à gauche. « Je te reconnais bien là. » commente-t-elle avant de regarder à nouveau en direction du profil de son meilleur ami et sourire. Ce sourire qui lui permet de délaisser cette pauvreté, cette injustice, cette culpabilité. Ce sourire qui lui rappelle la vie et combien elle a besoin de son meilleur ami. « L’idiotie serait de ne pas s’en inquiéter justement. » débute-t-elle tout en songeant à ce qu’Aphrodite a pu leur enseigner concernant l’Amour. « La clé réside dans l’acceptation de l’autre et dans la faculté à lui laisser faire ses propres choix. Quoi que tu fasses, quoi que tu dises, Barbara te connaît tel que tu es et saura toujours que tu cherches à la rendre heureuse parce que c’est dans ta nature. » A nouveau le sourire illumine son visage et elle préfère se détourner l’espace de quelques secondes pour regarder par sa fenêtre.

Le paysage change, dévale, rappelle la pauvreté quittée pour réapparaître dans d’autres détails. « J’imagine que tu ne vas pas me ramener chez toi. » L’amusement est trop tentant et elle en a besoin. Donna ne tarde pas à pouffer de rire avant de finalement se remettre sur les rails de la sagesse. « De toute les manières, il me faut retrouver Diana pour connaître ses intentions et savoir vers où ma présence est nécessaire. » admet-elle avec sérieux. « Barbara est au courant pour ta véritable identité ? » Cette fois-ci, son amusement disparaît pour laisser place à un regard interrogatif. A vrai dire, il lui est aisé de penser que oui si la jeune fille partage sa vie avec lui, toutefois, elle préfère en avoir la certitude afin de connaître également les avis de cette dernière quant à ce sujet. Être en couple avec un super héros ne devait pas être chose aisée à accepter, d’ailleurs, Donna se demandait toujours comment Lois Lane parvenait à affronter cela. Ou même comment Steve Trevor avait pu le faire au moment où il fréquentait Diana.

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« Evidemment que je te la présenterai. Même si tu le voulais, t’y couperais pas. » rétorqua Nate, un sourire ravi – et soulagé – aux lèvres. La bienveillance de Donna ne lui faisait jamais défaut, et l’accueil chaleureux qu’elle faisait à cette drôle d’annonce était, finalement, le test le plus concluant de normalité qu’il pouvait espérer en ces temps compliqués. Elle était la première personne à qui il confessait ce nouveau tournant dans sa vie, et maintenant qu’il prenait le temps d’y penser, il réalisait qu’il n’avait jamais eu le temps de s’en ouvrir à Hank. Dans sa poitrine d’acier, un pincement au cœur fit brièvement vaciller le sourire sur son visage. Le grand-père ne saurait jamais que le petit-fils, qu’il avait tellement encouragé au cours de ces douze dernières années, avait enfin remis les pieds sur les rails. Le constat était triste, et chargé de regrets ; mais la voix claire de Donna qui poursuivait son discours optimiste à côté de lui résonnait à ses oreilles comme une cloche cristalline qui le guida aussitôt à travers le brouillard. Et Nate retrouva son sourire, ravi de la voir ravie, elle aussi. Son histoire avec Barbara, il ne pouvait plus la partager avec Hank – mais il avait encore sa ribambelle de cousins, qui seraient ravis de savoir leur chef de file enfin casé, et surtout, il avait Donna. Cinq millénaires les séparaient peut-être, mais est-ce que ça avait la moindre importance, quand deux âmes se trouvaient et se reconnaissaient sans autre explication que ‘c’est comme ça’ ? S’il y avait bien une chose qui tournait toujours dans la tête de Nate, c’était sa famille ; et après que la sienne ait traversé autant d’épreuves, il avait appris, aussi, la fausseté qui voulait qu’une famille se limite au sang. Parfois, il se demandait s’il n’était pas possible d’être relié à quelqu’un d’autre par autre chose encore – ni tout à fait le sang, ni tout à fait un choix, un entre-deux, une évidence, une reconnaissance. Donna portait peut-être le nom de Troy, avait peut-être une connexion télépathique avec Diana, mais si vous lui demandiez à lui ? Elle aurait pu s’arroger le nom d’Heywood, que ni lui, ni personne dans sa petite troupe ne s’en serait offusqué. « Je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans tes pep-talks, Donna Troy. Qui sait, peut-être qu’un jour c’est toi qui te sentiras comme une adolescente maladroite, et moi qui te donnerai plein de conseils avisés. » sourit-il, trouvant – en toute modestie – le tableau très drôle.

La ramener chez lui ? Pendant un bref, très bref instant, Nate fut totalement pris de court – évidemment qu’il voulait bien la ramener chez lui, mais c’est vrai qu’avec la visite surprise de Babs, il n’aurait nulle part où la loger dans de bonnes conditions, mais peut-être qu’il pouvait appeler une collègue ou lui trouver un hôtel confortable pas très loin et… et elle se payait sa tête, évidemment. Il roula des yeux dans le rétroviseur, avant d’en rire. « C’est ça, moque-toi de mon bon cœur, joue avec ma culpabilité, maline que tu es. » ironisa-t-il sans le moindre mauvais esprit. Si Donna riait, après tout ce qu’ils avaient traversé, après les six mois qu’elle avait traversés sans sa sœur, et ces quelques temps dans la misère des ghettos du Mexique, alors c’était que le monde n’était pas encore totalement fichu. Los Angeles se rapprochait peu à peu, avec son soleil radieux et ses grands espaces, la grandeur d’Hollywood pour remplacer toute la misère du monde, la première étape de leur retour dans leur décor habituel – et à ce titre, il fallait bien, comme elle le faisait, se rappeler aussi de ce qui les attendait à l’arrivée. Une transition naturelle, en douceur, sans amertume et sans plus d’inquiétude que nécessaire, à ce stade. Nate hocha la tête, attentif, et lui adressa un regard de biais alors que sa question restait suspendue en l’air, mais il se hâta d’éclairer sa lanterne d’un nouvel acquiescement. « Elle sait. Depuis le début, en fait, bien avant qu’on ne soit ensemble. Elle a fait partie des gens qui m’ont soutenu quand je suis passé par les procédures qui m’ont rendu un semblant de sens du toucher. » expliqua-t-il en levant une main et en pliant et dépliant les doigts pour illustrer son propos, avant de reprendre le volant. Raaah quelle frustration de ne pas pouvoir lui dire que c’était carrément à Barbara qu’il devait cet implant miraculeux. L’héroïsme anonyme était décidément un métier bien ingrat, parfois. Un véritable miracle de médecine moderne et d’ingénierie dont personne ne connaîtrait jamais le détail ? La vie était injuste. Et il savait d’avance qu’essayer de convaincre sa nouvelle copine de briser le secret médical au moins pour Donna était peine perdue d’avance. Dommage.

Au moins, il pouvait répondre au reste de ses questionnements, et rien que ça suffisait à lui donner l’impression de ne pas être si impuissant que ça face aux désastres qui les avaient frappés en succession, finalement. « Ca, j’en ai une petite idée, si tu veux bien que je te fasse un compte rendu. » lança-t-il en ajustant son rétroviseur. « La Ligue de Justice a organisé une réunion d’urgence sitôt qu’on a réussi à rétablir le contact. Diana y était, évidemment. On a discuté des stratégies possibles pour faire face à un éventuel – probable, même – retour de Brainiac pour finir le travail. On va avoir un groupe qui va s’aventurer dans l’espace pour tenter de récolter un maximum d’informations sur Brainiac, un autre qui va partir explorer le Multivers pour voir s’il serait possible d’y trouver des alliés… » Nate marqua une courte pause, puis poursuivit : « Et un dernier groupe qui va avoir la double tâche d’essayer de trouver l’appui des dieux de l’Olympe, et de tendre la main à nos ennemis habituels, pour envisager une potentielle alliance de circonstance. C’est Diana qui mènera ce groupe-là. Elle et moi avons discuté après la réunion, et je sais qu’elle aimerait beaucoup avoir le soutien et la présence de sa sœur dans cette drôle d’entreprise. » Après tout, contacter les Olympiens, qui de mieux que les deux sœurs pour accomplir cette délicate mission ? Quant à la diplomatie requise pour frayer avec leurs adversaires, Nate ne pouvait réellement, objectivement, penser à personne de mieux équipé que Donna et son calme souverain. Sa présence aux négociations serait un atout considérable, il le savait. Oh, bien sûr, il aurait brûlé d’y aller aussi, surtout rencontrer les Olympiens, mais… Donna était clairement toute désignée pour ça. « Je crois qu’elle a déjà réussi à en contacter deux. Black Adam et Ocean Master – apparemment ils seraient légèrement moins siphonnés que les autres, assez pour accepter une entrevue. J’ignore si d’autres se joindront à eux, mais si tu te joignais à Diana, Arthur et Shazam, je sais qu’on aurait bien plus de chances de les convaincre. » Il parlait avec animation et passion, Nate, bien conscient que quelque chose d’important se dessinait là, sous leurs yeux. Une opportunité comme il n’en existait que trop rarement, une chance unique de préparer une riposte à laquelle même Brainiac ne devait pas s’attendre. « T’en penses quoi, Donna ? » demanda-t-il, en observant son profil, avant de se concentrer à nouveau sur la route. « Je suis historien, je sais reconnaître une manœuvre diplomatique risquée quand j’en vois une. Mais j’aime à penser que je sais aussi reconnaître ces personnes qui ont le potentiel de forger l’histoire. Avec toi là-bas ? Je serais beaucoup plus rassuré quant à nos chances de succès. Sans vouloir te mettre la pression. Et si tu ne trouves pas ça complètement foireux, comme plan. » Après tout, ils étaient encore en pays libre. Et surtout, désespéré, et prêt à se raccrocher à n'importe quoi pour répliquer.

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La bonne humeur habite entièrement l’habitacle du véhicule. Elle s’échange par le biais de ce sourire qu’elle perçoit à peine, par cette étincelle qui lui révèle combien son meilleur ami est heureux malgré la peine. L’Amazone ne peut que se réjouir d’une telle confidence, que désirer un peu plus encore que ce meilleur se perpétue pour des jours, des mois voire des années. Il le mérite. Tout comme il mérite ce soutien inéluctable duquel il grandira avec le temps. Entouré. Ce constat continue de ravir le cœur de la brune alors qu’elle prend pleinement conscience du tournant vers lequel Nate se penche. Elle lui souhaite le meilleur, le bonheur dans sa globalité par le biais de son regard fraternel, protecteur. Parce qu’elle sait qu’ils ne se quitteront jamais, qu’ils s’accompagneront pour de nombreuses années encore. Et cette confiance qu’il lui donne aveuglément ne fait que renforcer ce lien. Son sourire grandit, rendant les présentations presque impatientes au moment où il lui annonce qu’elle ne couperait pas à cela. Donna a déjà hâte de rencontrer cette Barbara, de pouvoir constater de ce lien qui unissait le couple comme elle avait déjà pu l’entrevoir au moment où sa sœur lui présentait Jason. Tout le monde mérite de connaître une si belle Fortune. Son rire ne tarde pas à s’échapper d’entre les pourtours de ses lèvres devant la remarque à peine échappée. Prise à la volée, l’Amazone ne peut se résoudre à songer en un tel dessein pour elle. Elle n’est que d’argile, même si son cœur l’emporte dans l’espoir. Elle n’est qu’une pierre dissimulée dans un corps de chairs et de sang. Mais si son meilleur ami y croit alors elle peut faire de même. Plus pour lui que pour elle. « Nous en reparlerons quand le moment sera venu. Personne ne sait de quoi l’avenir est fait. » Le ton qu’elle emploie démontre son amusement sur cette situation bien plus qu’un quelconque espoir sur la chose. Parce que l’idée est bien ancrée dans son esprit, si Diana y parvient ce n’est que parce qu’elle est l’élue, son propre cas est différent. « Mais j’espère bien que tu seras présent pour me rappeler cette conversation et inverser les rôles. » Cette fois son sourire amusé se transformer doucement en quelque chose de plus bienveillant.  Leur amitié sans faille s’exprime librement et les délivre de cette absence et ce silence qui leur avaient été imposé malgré eux depuis leurs retours sur Terre. Nathaniel Heywood lui avait manqué.

La légèreté s’empare à présent de l’atmosphère, conférant par ce biais un humour enfantin, quasi innocent. Cela leur fait du bien à tous les deux, autant à elle qu’à lui. Elle lui prouve qu’elle accepte tout, qu’elle accueille cette nouvelle vie qui s’offre à lui comme une évidence qui coule de source. Rien ne saurait les détourner de cet instant présent, de cette confiance mutuelle dans laquelle ils s’adonnent sans retenue. Malgré les épreuves qu’ils ont pu traverser, malgré les peines qu’ils ont eu à affronter, ils réussissent à s’octroyer un peu d’innocence qui les amène à rire de bon cœur. Du moins, c’est ce qu’il en est pour l’Amazone dans un premier temps. Devant cet intermède qui semble mettre à mal son meilleur ami concernant son éventuelle colocation à venir. La répartie immédiate de son ami ravive l’éclat de son rire d’autant plus. Cela lui fait du bien de le retrouver intégralement. Ne disant mot de plus, préférant bien plus profiter de ce moment pour que ses onyx croisent brièvement les aciers avec ce même air amusé. Mais bientôt le sérieux revient pour laisser place à une interrogation. Cette dernière aussi évidente soit-elle, renferme de cette part de conscience derrière laquelle tous dans leurs conditions s’enferment : s’accepter. Il est difficile d’avouer réellement qui nous sommes à autrui, surtout lorsque cette personne compte énormément pour nous. La protéger révèle également d’une mission qu’il se faut tenir, pour son meilleur, pour sa survie plus que pour nous même. Un sentiment égoïste d’une certaine manière, mais qui révèle combien l’attachement que les méta-humains portent à leur entourage est entier. La bienveillance reprend de ses droits, rappelle la présence de la brune auprès du jeune homme dans les moments les plus difficiles. Mais la révélation tend à détendre cette pression imperceptible. Les secrets le quittent et déjà trouvent échos dans le cœur de la meilleure amie, rassurée quant à l’histoire qui unie Barbara et Nate. Elle le connaît entièrement et sait tout de son histoire. Les bases n’en sont que plus solides pour leur couple, chose qui rappelle combien la confiance est un cadeau que tous doivent chérir avec le plus d’attention possible. « Alors il n’y a rien qui ne puisse vous séparer. » Sa réponse se veut chargée de cette bienséance sans retenue. Son sourire perdure encore pour quelques instants. « Je suis vraiment contente pour vous deux. » Elle le répète une fois de plus, comme pour prouver de cette parole d’or. Si heureuse pour lui, pour cet avenir dans lequel elle le sait déjà, il y trouvera des valeurs profondes et une vie bien meilleure que ce qu’il a pu connaître.

Et puis le sérieux et la réalité de la situation leur reviennent en pleine figure. Donna ne peut songer en un avenir sans que son cœur et son esprit répondent aux appels de sa sœur. Déjà, la mission s’inscrit dans ses veines, la dirige vers celle qu’elle accompagne depuis sa naissance. Elle désire tant la retrouver, la suivre, l’épauler devant cette menace grandissante. Elle n’est pas dupe pour autant, Brainiac les a libérés pour mieux les affronter plus tard et cette fois, il semblerait qu’il ait choisi leur réalité pour mieux les atteindre. Silencieuse quant aux informations révélées par son meilleur ami, l’Amazone a l’impression qu’une éternité les a séparés depuis qu’elle est revenue sur Terre. Sa culpabilité la ronge secrètement, elle aurait dû puiser de ses ressources pour revenir auprès de Diana plus tôt. Mais comment le faire ? Comment délaisser de telles injustices ? Athéna ne lui a pas laissé de sa Témérité, mais elle préféré délaisser ses propres ressentis au profit du plan élaboré par les plus Sages. Les divisions lui paraissent être une option tout à fait adaptée à la menace devant laquelle ils sont confrontés. Même si, les destinations se révèlent dangereuses, ses idées lui donnent déjà quelques noms quant aux choix des participants en fonction des lieux. Un sourire parvient, toutefois, à se dessiner sur le rebord de ses lèvres au moment où l’évocation de l’Olympe se délie dans l’habitacle du véhicule. Sa sœur sera parfaite dans cette mission. « Vous disposez tous les deux de la répartie nécessaire pour œuvrer dans cette cause. Votre désir de paix est une richesse dont l’honneur et le respect sont des bases solides pour mieux le partager. Ce serait un honneur pour moi que de vous accompagner tous les deux sur cette voie. Vous pouvez compter sur moi. » Donna sait qu’il n’y a pas seulement Diana qui requiert sa présence mais que son meilleur ami tient également à elle. Et bien entendu, ses aspirations ne la font pas douter quant à ce rôle qu’ils désirent qu’elle joue. Pour toujours, ils pourront compter sur elle et elle tentera du mieux qu’elle le puisse de garantir ses promesses devant le pacte qui se joue devant eux. Apprendre que sa sœur a déjà réussi à convaincre deux des Vilains de se joindre à une réunion lui rappelle combien la parcimonie de cette dernière est unique. Jamais, elle ne pourrait douter d’elle et ce n’était pas maintenant que cela commencerait. Sa tête se mit à se secouer de manière positive dès l’instant où les nom d’Aquaman et de Shazam furent évoqués. Diana avait déjà tout élaboré, elle le comprenait. « J’en pense que ma sœur est probablement plus Sage qu’Athéna elle-même. Et que vous pouvez compter sur ma présence pour vous soutenir. » Le commentaire qui suit eut tendance à raviver son sourire, une certaine forme de malaise l’oblige à pincer ses lèvres devant le tableau qu’il lui dépeint la concernant. « Tu fondes beaucoup trop d’espoir sur ma personne. Je ne suis qu’une simple Amazone. » débute-t-elle doucement alors que ses yeux quittent le lien qui les unie pour se diriger vers l’extérieur. Sa réflexion la mène instinctivement vers ce plan duquel Nate attend ses propres avis. Et déjà, elle sait que l’entreprise sera difficile. « Je trouve que c’est un très bon plan. Nous ne pouvons vaincre qu’un tel fléau qu’en nous alliant tous, nous venons tout juste de le découvrir par le biais de Terre IV. »  Une pause marque les élans de sa réflexion avant que son visage ne revienne sur la route devant eux. « Nous ne pouvons nous permettre de rester divisés et d’après ce que tu viens de m’apprendre, je comprends également que vous cherchiez à trouver d’autres versions de Brainiac pour trouver une faille, n’est-ce pas ? » Cette fois, ses onyx retrouvent le profil réfléchi de son meilleur ami, concentré sur la route, mais dont elle est certaine qu’il pèse les mots pour mieux partager ses propres avis sur la chose. « Le plus difficile sera de donner de l’espoir à ceux qui ont perdu beaucoup, mais je ne doute pas que nous y arriverons. D’une manière ou d’une autre, nous vivons tous sur cette Terre et nous la chérissons. » Conclue-t-elle pour ainsi parfaire cette promesse qu’elle est en train de donner à sa sœur, son meilleur ami et l’humanité toute entière. Elle n’est pas prête à baisser les bras et fera tout pour partager ce même ressentis auprès de ceux qui furent jadis des adversaires.

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Lors de ses débuts à la Ligue de Justice, Nate avait eu droit à nombre de récits de ce à quoi leur groupe avait pu ressembler à sa création, et si certains épisodes variaient selon qui les racontaient, une constante restait la même : dans beaucoup de cas, les membres fondateurs de la Ligue étaient des gens qui avaient l’habitude d’œuvrer seuls, et qui avaient dû apprendre, bon gré mal gré, à travailler en équipe. En cela, peut-être, Nate se démarquait-il de ses camarades : lui, au contraire, ne se sentait jamais plus efficace que lorsqu’il était entouré d’équipiers qu’il ne devait pas décevoir. Peut-être était-ce parce qu’il venait d’une famille si nombreuse et si soudée, doublé d’une carrière avortée de professionnel dans un sport d’équipe, mais le constat était indiscutable : Citizen Steel n’était pas fait pour travailler seul, et plaçait travail d’équipe et confiance au sommet de sa pyramide de valeurs. Une approche qui lui avait valu d’immédiatement trouver terrain d’entente avec Diana, sans surprise – et maintenant, il retrouvait exactement les mêmes réflexes avec Donna. Enfin, pas seulement maintenant. A la réflexion, ces maîtres mots avaient été les socles fondateurs de leur amitié, dès le départ ; c’était simplement la première fois depuis longtemps qu’ils avaient l’occasion d’effectuer ce retour aux sources à un niveau plus conséquent que leurs vies personnelles. Un sourire ravi et confiant vint éclairer son visage, peu surpris mais toujours heureux évidemment d’entendre Donna immédiatement accepter de rejoindre leur périlleuse entreprise. « Donna Troy, tu es beaucoup de choses, mais une simple Amazone, certainement pas. » rétorqua-t-il, volontiers malicieux. Mais elle était modeste, Donna – voire un peu plus que ça, et comment la blâmer. Lui-même se sentait tout petit à l’ombre de son Commander Steel de grand-père, et même de son cousin, Steel, et tous les deux étaient morts. Alors vivre en étant la jumelle de Wonder Woman… il était lourd, le poids de l’héritage. Alors il n’insista pas ; hors de question de la mettre mal à l’aise alors que les langues se déliaient avec aisance et qu’ils retrouvaient enfin un semblant de normalité, même si ça ne devait être que pour quelques heures.

Donna rejoignait leur joyeuse équipée pour aller négocier la trêve avec Ocean Master et Black Adam, et en plus, elle le faisait avec conviction, contrairement à Shazam qui avait émis de sacrés doutes quant à la validité de leur entreprise – et Nate ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, vu qu’ils allaient se frotter à sa némésis personnelle. Malgré tout, il était bon de voir quelqu’un rejoindre l’aventure en cours de route et être convaincue de son bien-fondé. Elle l’avait bien compris, c’était la force dans l’union qu’ils recherchaient, aussi absurde et surnaturelle cette union soit-elle. A sa question, Nate hocha doctement la tête. « On va essayer, en tout cas. Les Gardiens d’Oa, le multivers, va savoir, on trouvera peut-être des réponses dans tout ça. » En tout cas, il l’espérait très fort. Parce qu’en bon académique qu’il était, il partait du principe que le savoir, c’était le pouvoir – et Brainiac n’était clairement pas de ces adversaires dont ils pouvaient espérer se débarrasser d’un coup de poing dans la tronche, alors à moins de trouver une faille, comme disait Donna… Nate préférait ne même pas penser aux conséquences. Il repoussa ses lunettes de soleil sur son nez, laissant les paroles de Donna s’imprimer dans son esprit et y fermenter quelques instants, songeur. Donner de l’espoir à ceux qui en ont perdu ; l’essence même des héros, l’essence même de ce que représentait la Ligue de Justice. Il le savait, il avait été du côté de ceux qui levaient les yeux vers eux quand tout allait mal. Alors se retrouver maintenant de l’autre côté de la barrière pour sa première crise interplanétaire ? La pression était indéniable.

« Ouais, et pour en arriver là, il va falloir remotiver nos troupes à nous aussi. Tout le monde a perdu quelqu’un ou quelque chose, pendant ces six mois. Même les nôtres. » Brainiac n’avait épargné personne, pas même ceux qui étaient restés derrière. « Héros ou non, humain ou non, tout le monde a un point de rupture. Je pense que même dans nos rangs, il y en a beaucoup qui n’osent pas se l’avouer, mais qui sont découragés, ou terrifiés, par ce qui est en train de se passer. » Barry était revenu infecté par la negative speed force, Atom avait disparu, Arthur avait vu à quelles dérives son propre peuple pouvait être poussé, et tous avaient été témoins d’innommables atrocités. Comment ils étaient, tous, censés se relever de ça ? « J’ai pas encore croisé la Young Justice ou les Teen Titans, mais j’ose même pas imaginer ce qu’ils vivent, les plus jeunes. Je sais qu’ils sont solides, mais quand même… tout ça, c’est tellement plus flippant que ce qu’on a eu à vivre ces derniers temps. » Même le Syndicat du Crime faisait presque pâle figure à côté. Presque. Mais peut-être s’inquiétait-il pour rien, Nate. Déformation professionnelle du type en charge d’une ribambelle d’ados et enfants qu’il aurait tellement voulu préserver de la laideur du monde et de ses dangers. Nate soupira, et passa son bras par la fenêtre pour profiter de l’air chaud qui s’engouffrait dans l’habitacle, et du soleil qui faisait doucement chauffer la route. « Mais on va y arriver, hein. Je me doute bien que la Ligue a eu ses moments difficiles avant, mais quand t’es dans le public, tu le vois jamais, cet envers du décor. Et j’ai confiance en le reste de l’équipe. Même quand tout va mal, ceux qui tiennent le coup arrivent toujours à remettre le reste d’aplomb pour faire face. Montrer l’exemple au reste du monde, ça commence par nous, pas vrai ? » remarqua-t-il, sourire aux lèvres, avant de lever le poing pour le faire doucement cogner contre celui de Donna – esprit d’équipe, fraternité, sororité, leurs mots d’ordres, envers et contre tout. Eux deux, peut-être plus que le reste.

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Le côté personnel laisse peu à peu place à ce devoir pour lequel ils s’en inquiètent. Prompts à relever le monde de cette chute sans précédent, décidés à éclairer de quelques rayons tenaces les obscurités les plus terribles devant lesquelles ils ont à faire face. Les plans œuvrent pour l’Humanité, pour cette cohésion devant laquelle rien ne laisse présager en un quelconque échec. Certes, la naïveté serait de rigueur que de croire en une réussite directe, néanmoins l’entreprise est telle qu’elle ne peut que laisser libre champ à l’espoir pour refaire surface. Sous sa forme la plus naturelle, sous ses élans les plus instinctifs, l’Amazone se plaît à partager ce sentiment d’union duquel ses aspirations ont toujours trouvé place et force. Tout comme son meilleur ami, la brune sait à quel point l’esprit d’équipe est un moteur pour affronter les fléaux. Qu’ils se représentent sous une envergure plus ou moins élargie, il n’en reste pas moins que l’union avait toujours préconiser la force et la réussite. Ainsi, tout comme lui, elle répond à cet appel, à ce désir enfoui de sauver l’Humanité d’une menace terrible et sait pertinemment que l’entreprise n’en sera que plus forte. L’union de tous préconisera les meilleures tactiques face à ce fléau duquel ils en sont ressortis blessés. Leurs sourires se mêlent, s’inscrivent naturellement dans cette amitié qu’elle chérie tout autant que son lien unique qu’elle partage avec sa sœur. Que ferait-elle sans Citizen Steel à ses côtés ? L’Amazone n’ose envisager un avenir sans lui tant ce dernier se révèlerait trop douloureux et pâle. Nathaniel l’avait toujours poussé vers cet espoir qu’ils partagent encore aujourd’hui, vers cette vision de ce meilleur dans lequel, il sourit comme il est en train de le faire en ce moment-même. Alors oui, elle se battrait toujours pour préserver cela, pour que cet instant éphémère se répète à l’infini. Les plans exploités par sa sœur lui ouvrirent l’esprit quant à cette bonne réalisation. Cette équipe, même difficile pour quelques membres, lui prouvent déjà combien le travail de chacun sera à même d’apporter un espoir supplémentaire. Elle ose y croire. Tout comme son meilleur ami lui prouve par ses remarques qu’il s’en détermine également. « Toute tentative sera certainement bonne à envisager. » lui répond t-elle sur ce même ton convaincu. Qu’ils partent dans une autre dimension, qu’ils extrapolent vers d’autres orientations, Donna sait qu’avec cet ennemi commun, toutes les ressources ne seront pas inépuisables. Pas alors qu’ils survivent à peine de cette dimension et qu’ils en sont meurtris à tout jamais.

Leurs discours la mènent déjà à envisager une conversation avec Dick et Kory. Les Teen Titans, tout comme la Justice et les Jeunes Justiciers seront également amenés à faire équipe tous ensemble. Elle n’ose déjà imaginer les réactions des plus récalcitrants et pourtant, ils devront trouver un terrain d’entente pour sauver le monde. Heureusement, cette cause commune saurait, du moins l’espère-t-elle, amoindrir les tensions comme cela se présage déjà entre les membres de la Justice Ligue. Mais si les adultes savent se contrôler, les adolescents, eux, sont beaucoup plus imprévisibles. Délaissant ceci pour l’heure, l’Amazone teint son visage d’une mine compatissante devant la remarque de son meilleur ami. Devant ce rappel duquel, elle désire lui apporter un soutien indéniable face à ce deuil qui le hantera pour le reste de ses jours. Sa main s’appose doucement sur celle de son meilleur ami, consciente de cette véritable force qu’il dégage pour contenir sa peine. « L’inconnu a toujours effrayer et c’est justement en restant soudés que nous réussirons. Nos peines deviendront des moteurs pour tous nous allier. » Ce qui est vraiment triste en soit. Mais qui reflète une réalité. Si d’ordinaire la survie est une aspiration pour rétablir l’équilibre, ils devront ici, envisager une tactique aux antipodes de leurs motivations pour toucher le plus grand monde. « Je déteste avancer ce que je vais dire, mais il me semble que nous devrons nous tourner vers le passé pour envisager un meilleur avenir. Alors que nous sommes habitués à envisager le meilleur pour la suite, si nous voulons nous faire entendre de ceux que nous combattons habituellement, il nous faudra envisager cette option. Voilà pourquoi, nous devrons trouver un équilibre entre nous pour nous soutenir. Sinon, je crains que certains se perdent… » Elle ne sait si elle est claire dans ce qu’elle vient d’avancer mais une part d’elle ose à croire que son meilleur ami comprend. « Dures seront les rancunes à enterrer. » Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’elle regarde à nouveau vers l’extérieur.

L’optimisme du jeune homme l’amène à replacer son regard sur son profil. Etirant ses lèvres dans un sourire qui se veut sincère et fidèle à cette croyance qu’il évoque du bout des lèvres. Bien entendu, les doutes les gagneront à tous à certains moments, mais elle retrouve exactement ce dont elle a évoqué toute à l’heure dans le courage de son meilleur ami. « Bien sûr qu’on y arrivera. » Sa conviction répond derechef à celle de Nate pour lui prouver qu’elle veut y croire à son tour. Leurs équipes y arriveront, et ils permettront à ce monde, leur monde, de se relever de ce fléau. « Tant que nous resterons ensemble pour une même cause, il y aura toujours de l’espoir. » Le discours est un peu archaïque, mais elle le préserve en son sein pour qu’il puisse guider des actes. Le plus difficile reste à venir et pourtant, l’émoi de son être ressent une sûreté permanente et intacte pour envisager tout ceci. Son poing vient à taper amicalement celui que Nate lui présente. « Pour toujours. » commente t-elle avec ce même sourire. Il ne lui suffit que d’un regard, un seul, pour savoir qu’il pense la même chose.

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