Unchained [PV Zatanna Zatara]

Unchained

Le temps passait, et la vie ne reprenait pas son cours. Pas pour elle, qui cherchait encore un moyen de vivre avec ce qu’elle avait fait, et pas pour le reste du monde qui semblait ne jamais vouloir retrouver sa routine d’antan. Difficile, quand il y avait tant à faire, sans parler du fait que la menace du retour de Brainiac était trop pesante pour que les gens aient seulement envie de vivre comme avant. Chaque jour qui se levait pouvait tout à fait signifier que l’ennemi allait débarquer sur Terre pour jouer à nouveau avec eux comme avec des pièces d’échecs. Zee devait bien s’avouer que de son côté, c’était un peu le cadet de ses soucis, et ça en disait long sur son état d’esprit. Elle ne se sentait tout simplement pas la force d’anticiper les moments difficiles à venir. Elle attendait simplement qu’ils arrivent, et alors elle se battrait, elle le savait, elle se connaissait. Mais elle n’avait pas la force de s’inquiéter avant que cela n’arrive et encore moins de bâtir des plans d’attaque et de défense. Depuis longtemps, elle aurait dû contacter Diana et lui demander si la Justice League et le reste des différentes équipes de super-héros qui se préparaient à la guerre avaient besoin de se coordonner avec la Justice League Dark. Parce que, pour ce qu’elle en savait, la JLD ne faisait rien, comme d’habitude. Les plans, ce n’était pas son genre, sauf quand Zee les forçait à se réunir autour d’une table pour en discuter au moins un minimum. Mais pas cette fois. Cette fois, elle n’en avait pas la force, et personne n’avait eu envie de le faire à sa place, a priori. Alors, comme toujours, tout ça se ferait à la mode Justice League Dark : dans l’improvisation la plus totale. Elle y pensait sur le chemin du retour de la maison et cela la fit sourire un peu. Ils n’en avaient pas l’air, comme ça, mais ils étaient efficaces, quand ils le voulaient. Même sans plan, ils sauraient faire face. Elle n’en doutait pas, enfin, pas trop.

En ce qui la concernait, se lever le matin était déjà un exploit. Depuis quelques jours, elle avait dit à John qu’elle devait se rendre chez elle, pour s’occuper du manoir et voir comment il avait traversé ces six mois de néant. Partir de la Maison du mystère avait été un déchirement pour elle, et cela l’avait étonnée, la rapidité avec laquelle elle s’était habituée à avoir John à ses côtés. Cela lui avait fait peur, aussi. Elle avait peur de devenir dépendante de lui, pour des tas de raisons, et surtout parce qu’elle s’attendait encore à ce qu’il l’abandonne, quand bien même jusqu’à présent il avait fait montre d’une attitude qu’elle ne lui avait pas connue depuis longtemps. Comme si le temps avait remonté, que tous deux n’avaient pas subi toutes les épreuves qu’ils avaient subies et qu’ils avaient de nouveau vingt ans et aucune raison de se fuir l’un l’autre. Là encore, elle sourit. Tout irait bien. Il le fallait bien. Elle tourna au coin de sa rue, et vit alors une silhouette plantée devant chez elle. Depuis son retour de Terre 4, elle avait eu pas mal de visites, et autant de grosses surprises, de sorte qu’elle ralentit un peu le pas. Quoi encore, cette fois ? En s’approchant, elle vit qu’il s’agissait d’une jeune femme, au look tout à fait particulier, que Zee trouva prometteur. Le cuir et le métal, elle aimait ça plus que de raison, n’en déplaise à ceux qui la voyaient comme une petite princesse fragile. Cela dit, en cette seconde, voilà à quoi elle ressemblait : leggings en résille, converses noires, sweat à capuche deux fois trop grand pour elle d’un beau rose layette, casquette défraîchie sur la tête et lunettes de soleil pour ne pas être reconnue au 7-Eleven où elle était allée s’acheter des pizzas surgelées et des chips. Voilà voilà.

Elle vit l’inconnue sonner chez elle sans pour autant presser le pas, avant de s’arrêter à côté d’elle en se raclant la gorge. « Excuse-moi, tu peux reculer d’un pas ? J’ai besoin de… » Elle se glissa entre la jeune femme et son portillon et, son sac en plastique dans une main, elle leva l’autre paume vers le ciel à hauteur de son visage. « nosiaM, ervuo-iot ! » Elle sentit les protections magiques s’abaisser, et poussa le portillon en fer forgé, fit quelques pas dans son allée puis se retourna vers l’inconnue. C’était pour cette dernière qu’elle avait abaissé les protections de sa maison, qui l’aurait laissée passée sans réagir, elle. Cependant, elle ne comptait pas la laisser aller plus loin son allée pour le moment, pas avant d’en savoir plus. Elle ôta ses lunettes de soleil et les glissa dans son sac de course avant de poser une main sur sa hanche, dans toute sa gloire de femme d’âge moyen mal habillée. « C’est moi que tu es venue voir, j’imagine. Ton allure ne m’est pas inconnue, je suis sûre d’avoir déjà vu ce look-là quelque part, même de loin. Alors dis-moi, amie ou ennemie ? » Elle souriait cependant. Elle préférait une visite amicale, franchement. Elle n’avait pas envie de se battre.

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Zee aurait voulu caresser un chat de gouttière qu’elle n’aurait pas obtenu de réaction différente. Au moins la jeune femme ne lui griffa-t-elle pas la main en sifflant. Mais la magicienne savait reconnaître une personne déjà trop abîmée par la vie à un âge trop jeune quand elle en voyait une. Elle n’en baissa pas sa garde pour autant, mais le mouvement de recul, le basculement du corps sur la jambe arrière, la crispation des muscles, tout cela lui envoya un message clair avant même que l’inconnue n’ait ouvert la bouche, et Zee se contenta donc d’attendre sans un autre geste ni un autre mot. C’était sa visiteuse qui était venue à elle, c’était elle qui avait quelque chose à lui demander. C’était donc à elle de s’expliquer. Mais déjà, la magicienne ne regrettait pas d’avoir acheté autant de junk-food, elle sentait que ça allait vite servir. Enfin, l’inconnue se présenta, et le visage de Zee s’éclaira en même temps qu’elle se souvenait d’où est-ce qu’elle connaissait Crush-des-Titans. Avait-elle jamais su son identité civile ? Elle n’en était pas sûre, et n’allait pas se risquer à des tentatives hasardeuses. Cela dit, elle se détendit un peu. Depuis qu’elle avait claqué la porte de la Justice League, elle les voyait moins souvent, tous ces jeunes qui étaient déjà devenus plus qu’une relève, mais carrément une ligne de défense supplémentaire. Malgré tout, elle continuait de garder le contact avec certains d’entre eux, et ne ratait jamais une occasion d’aller rendre visite à Kory et par-là même de prendre de leurs nouvelles. Des fois, Zee se demandait si les héros n’étaient pas de plus en plus jeunes, ce qui l’horrifiait, puis elle songeait que c’était elle qui vieillissait, aussi, ce qui l’horrifiait moins mais ne la consolait pas des masses non plus.

Elle fourra les mains dans les poches de son sweat-shirt, le sac en plastique autour de son poignet, pour écouter les explications de Crush. Au moins, ça avait le mérite d’être clair. Elle allait droit au but sans faire de détours. Elle voûta un peu le dos en apprenant que la jeune femme avait perdu ses parents. Comme si c’était une condition obligatoire pour défendre l’humanité, ou alors le monde était vraiment beaucoup plus merdique que ce qu’elle imaginait. Elle attendit jusqu’au bout des explications de Crush, puis la considéra quelques secondes, une expression indéfinissable sur le visage. En vérité, elle avait prévu de se couper du monde aujourd’hui encore. De ne pas être à l’écoute de l’humanité pour ne pas être tentée de repartir en croisade et d’y laisser sa santé mentale et physique. De ne rien faire qui fasse appel à un afflux de magie trop puissant au point qu’elle perde le contrôle ou n’entraperçoive l’ombre de Nebiros rôder dans les recoins de son âme. Mais la requête de Crush était raisonnable. Et la magie était bel et bien son truc. Retrouver les objets perdus, c’était le chapitre 1 du cours de début d’année. Elle aurait pu le faire à dix ans. Et elle ne pouvait pas refuser un service à une alliée. Cette dernière pensée balaya le brouillard qui pesait sur son esprit et lui remit un peu de baume au cœur. Elle n’était pas encore tout à fait morte à l’intérieur, donc. Elle sortit sa main de sa poche et fit signe à la jeune femme de la suivre. Dans le hall, elle lança le sac en plastique dans le salon et il alla sagement léviter jusqu’à la table de la cuisine. Elle ôta ses chaussures, sa casquette et ses lunettes, et rejoignit le salon en s’étirant.

« Assieds-toi. Je veux bien essayer de t’aider à retrouver ta chaîne, mais il va falloir que tu m’en dises plus. Et mes questions vont probablement ne pas être agréables à entendre. Mais puisque tu es là, c’est que tu es prête à tout pour retrouver Obelus. » Zee voyait déjà venir une première difficulté, s’il s’agissait vraiment d’un objet doté d’une conscience. La chaîne voulait-elle être retrouvée, pour commencer ? Pourquoi n’avait-elle pas elle-même fait signe à sa propriétaire ? À moins bien sûr que quelqu’un ou quelque chose la détienne, ce qui rendrait la recherche encore plus fun. Mais Zee se détendit quelque peu. Elle aiderait Crush à localiser sa chaîne. Mais elle ne lui promettrait pas d’aller la chercher avec elle s’il y avait de la bagarre en vue. Elle n’avait pas encore assez confiance en elle pour ça. Et la petite remarque de la jeune femme trottait encore dans son esprit. « Si vous êtes toujours de notre côté. » Elle avait tapé juste sans même le savoir. Zatanna elle-même ne savait plus trop de quel côté elle avait le droit d’être. Elle s’assit par terre sur son tapis, posa les coudes sur sa table basse et son menton dans ses mains. « Pour commencer, j’ai besoin que tu confirmes quelque chose pour moi. Je ne sens aucune magie émaner de toi. J’imagine que ta chaîne n’est pas non plus un objet magique, n’est-ce pas ? Cela aurait été plus simple pour la localiser. » Mais pas forcément plus facile. Les artefacts magiques vibraient de leur propre énergie et les conflits que cela générait parfois étaient extrêmement pénibles. Elle s’était tapé un voyage inter-dimensionnel en compagnie du Joker, un jour, en lançant un sort sur un objet dont la magie était entrée en conflit avec la sienne. « J’ai aussi besoin de savoir d’où vient cette chaîne, ce qui la lie à toi et dans quelles circonstances tu l’as perdue… » Et ça, c’était forcément la partie désagréable pour sa jeune invitée.

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Une fois la frayeur initiale passée, cette fameuse Zatanna n'était pas si méchante que ça, loin du cliché de la vieille femme au nez crochu au dessus d'un chaudron fumant, elle semblait assez normale pour une magicienne devant sa baraque identique à toutes celles de la rue dans un long bloc répétitif. L'air étrange qu'elle lui lança, sorte de mélange entre une poker face et une resting bitch face, lui fila un bref instant la chaire de poule, elle n'était plus des leurs? Xiomara n'était pas vraiment prête là tout de suite à un combat, les cachetons dans son systèmes pouvaient revenir faire coucou à tout moment et du peu qu'elle avait lu, elle n'avait aucun chance contre une femme capable de l'envoyer dans d'autres plans d'existence, et elle avait senti cette espèce d'aura de puissance en elle, ce sentiment étrange de confiance totale et absolue face aux autres que dégageaient certains êtres comme son père, elle n'était qu'un moucheron face à ce genre de pouvoirs, elle avait eut l'occasion de voir son père affronter des mages et elle pouvait affirmer sans l'ombre d'un doute que les Czarniens ne possédaient aucune forme de défense contre les énergie magique. Mais il ne se passât absolument rien, aucune foudre ou boule de feu ne vint la frapper, aucun portail ne l'avala pour la jeter dans le néant, le seul signe qu'elle lui adressa fut pour l'inviter à venir, Xiomara observa rapidement les environs comme si elle vérifiait que des gaillards avec un sac allaient débarquer pour l'attraper avant, le bruit de ses rangers dans l'allée ressemblaient presque dans son esprit aux derniers battement de son palpitant, Crush avait également sans doute un peu plus peur en raison des énergies mystiques que Zatanna Maniait. Un domaine ésotérique incompréhensible pour son esprit fermé à ce genre de concepts un peu trop étranges, même si elle acceptait le fait que tout ça soit "réel" et que Obelus ait été un objet animé par cette énergie.

Elle lui emboîtait le pas en silence quand elle la vit décrire un mouvement leste du bras pour lancer le sac contenant ses achats, elle observa complètement médusée l'objet se mettre à sagement léviter jusqu'à une table, sa respiration se bloqua un bref instant et son cœur manqua un battement, le ressentir par instinct et le voir à l'oeuvre c'était deux choses complètement différentes, on aurait dit un effet spécial quelconque, mais du genre sérieux et bien élaboré. C'était aussi fascinant qu'effrayant à voir et elle avait la bouche un peu ouverte en observant le phénomène dans un silence total pendant que son hôte retirait une couche, elle conserva son manteau mais ôta ses rangers, après tout la fermeture éclair sur le côté servait à ça non? Et puis si son hôte se déchaussait, elle imaginait que c'était une des règles de la maison et ne voulait froisser personne, elle était en terrain inconnu après tout. Au final l'aspect très normal de cet intérieur et de Zatanna aidait finalement à la mettre à l'aise, la magie ça ne devait pas être si compliqué que ça, elle eut brièvement un sourire confiant en voyant la magicienne étirer ses membres fatigués avant d'entamer directement la suite, Xiomara aimait les gens directs ce qui fit gagner la mage une immédiate appréciation positive de sa part, surtout qu'elle ne se trompait pas, poussée psychologiquement par une impression diffuse de mort prochaine, elle voulait en effet régler tout ça une bonne fois pour toutes et passer à autre chose avant que... avant que Brainiac arrives et menace de tous les exterminer comme des cafards, on bien de les embarquer, avait-il des Czarniens dans sa collection? Une question intéressante. Quand elle commença le questionnement, Xiomara referma un peu ses épaules en signe de défense, elle n'imaginait pas que ça doive devenir aussi précis, elle avait pas un genre de détecteur cette magicienne ultra puissante? Un genre de radar magique ou autre? Peu importait. Elle ravala sa salive avec un certain inconfort. Restant d'abord debout devant Zatanna pour répondre à sa première question.

-J'y comprends rien en magie pour être honnête, mais Obelus est magique. C'est pas par ce que j'était gamine que je dit ça, moi je croyait que c'était une technologie alien vu que...

Elle passa sa main devant elle comme pour montrer l'évidence même, à savoir son physique atypique à la fan hardcore de Kiss.

-Mais depuis j'ai eut l'occasion de découvrir des résidus de magie avec les outils de la tour là ou il as été "repéré", mais il est déjà loin quand j'arrives. C'est son truc de détecter le danger, Obelus me protégeait.

Obelus, la chaîne qui avait fait partie de sa vie d'enfant et de pré-ado, presque un frère pour qui les mots étaient inutiles. Elle sentit cependant que la suite serait beaucoup moins évidente. Zatanna voulait des détails, un maximum d'information et si Xiomara avait pour le coup un certain nombre de choses à lui présenter, elle n'avait pas vraiment envie de le faire, elle commença à s'asseoir sans perdre Zatanna de son regard aux pupilles carmin, elle n'aimait pas parler de tout ça alors elle mit ses jambes devant elle avant de les entourer de ses bras, dans une position toujours défensive.

-Il est arrivé avec moi sur terre, je l'ai depuis que mes parents m'ont trouvé quand je n'était qu'un bébé. C'est lui qui leur as permis de prendre soin de moi et qui as veillé sur nous.

Combien de fois avaient-ils échappés à une quelconque créancier violent grâce à lui? Difficile à dire.

-Il nous protégeait du danger en attirant l'attention pour que mes parents aient le temps de s'enfuir avec moi. Mais un jour je me suis disputé avec eux et ils... ils m'avaient énervée donc je suis partie pour me défouler en laissant Obelus derrière moi...

Son regard se perdit quelques secondes dans le vide quand elle repensé à comment elle avait rejeté son ami, sans aucun ménagement, un regret aussi grand que la dispute avec ses parents, Obelus avait toujours été un frère pour elle.

-... Quand je suis revenue le mobil-home était en feu, mes parents avaient été abattus et Obelus n'était plus là. Le meurtrier à dut le prendre avec lui.

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Oh goody. On parlait donc là d’un objet magique ET alien. Crush venait de le dire, Obelus était arrivé « sur Terre » en même temps qu’elle. Est-ce que la Terre était l’équivalent extraterrestre d’un parvis d’église où abandonner tous les bébés de l’espace ? Cela dit, c’était une bonne nouvelle. Tout objet magique dégageait une force bien spécifique. Zee ne connaissait pas la vibration d’Obelus, mais si la chaîne avait été faite pour Crush, et même dans le cas contraire d’ailleurs, elle était restée avec la jeune femme bien assez longtemps pour que le lien entre ces deux-là soit encore existant. La preuve, son invitée elle-même avouait avoir réussi à suivre sa trace. Elle en parlait comme d’une personne, un ami, et c’était un peu étrange, mais la magicienne avait vu des choses plus étranges que ça. Elle écouta l’histoire de la jeune femme, notant à part elle les détails importants, laissant le reste s’écouler hors de la pièce comme le filet d’eau d’une rivière. Pas étonnant que ce soit si difficile d’en parler, pas étonnant qu’elle soit autant sur la défensive. Et en plus, il fallait en parler à une quasi-inconnue. Savoir que l’on n’appartenait pas à ce monde devait déjà être une épreuve en soi. Trouver malgré tout une famille pour se la voir arracher, c’était encore pire, sans parler de la violence du crime. Et de la culpabilité évidente qui allait avec. Hélas, Zee ne pouvait pas prétendre s’aventurer sur ce terrain-là. Les émotions ne lui faisaient pas peur et son empathie naturelle la faisait toujours aller vers les autres, cependant ici, maintenant, ce n’était pas sa place, et elle n’était pas la personne qu’il fallait à Crush pour parler de ces choses-là. En revanche, elle était la personne qui pouvait localiser Obelus.

« Je comprends. J’imagine que tu as déjà fait le tour de tes ennemis. » Si elle était là, c’était qu’elle avait dû chercher partout, et tout essayer. Zee se releva et alla farfouiller dans une vieille armoire à côté de la cheminée. Elle revint avec un vieux globe terrestre à l’ancienne, aux couleurs de vieille mappemonde de la renaissance, et tout en bois. Mais peu importait, elle en avait juste besoin comme support. Elle posa le globe sur la table basse, s’agenouilla par terre devant lui et le fit doucement tourner du bout du doigt. « raP not mon ej elleppa’t, Obelus. » Le globe se mit à tourner plus vite, de plus en plus vite, sans bouger cependant d’un millimètre sur la table, puis ralentit doucement et s’arrêta. « Mh. Ça valait le coup d’essayer, j’imagine. Rares sont les objets qui ne répondent pas à leur nom quand on les appelle, mais les artefacts magiques savent se défendre. J’ai encore quelques questions. » Elle leva les yeux vers Crush par-dessus la mappemonde. « Tu n’as absolument aucun doute qu’il souhaite être trouvé, n’est-ce pas ? Avez-vous un moyen de communiquer, tous les deux ? Ou bien les choses entre vous étaient naturelles et spontanées ? » Comme si elle parlait de son petit copain. Mais cela dit, il fallait qu’elle sache à quel point cette chaîne était sentiente, justement. Si elle pouvait se lever sur ses petites pattes pour aller pousser la chansonnette comme la vaisselle dans un film Disney, ou s’il s’agissait de quelque chose de plus subtil, de plus complexe que ça. Elle penchait pour la seconde hypothèse, évidemment.

Elle se leva de nouveau, et revint quelques minutes après avec tout un attirail comme si elle s’apprêtait à soumettre Crush à la torture – allumettes, bougies, paquet de café moulu, couteau. « Tu as dit que tes parents étaient morts alors même qu’Obelus était avec eux. Il ne réagissait qu’à toi ? Jamais il n’a réagi à quelqu’un d’autre ? » Cela l’arrangerait, là encore. Un objet, une propriétaire, cela lui faciliterait la tâche, si seulement elle était capable de la mener à bien. Elle n’y connaissait rien en magie alien, et peut-être qu’elle aurait mieux fait d’aller demander conseil à quelqu’un d’autre, mais peut-être que la magie, c’était la magie, extraterrestre ou pas. Elle pouvait quand même se livrer à quelques expériences avant de s’avouer vaincue.

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Le tour de ses ennemis? Crush devait reconnaître qu'une des choses qu'il y avait de bon à ne pas faire partie des héros les plus en vue, même si elle avait sa petite popularité sur internet de ce que lui avait dit Garfield. Il y avait bien son père, mais dieu savait ce qu'il faisait en ce moment celui-là, plus il restait loin mieux c'était de toute façon ce sale enfoiré. Zatanna se leva pour aller farfouiller dans une armoire à l'aspect plus antique que le mot lui-même qui lui tira un petit sourire un peu moqueur, qui avait besoin d'autant de choses chez soit? Ça avait l'air compliqué d'être magicien si on devait se taper tout ce matos avec soit. Elle observa un peu mieux l'intérieur de la pièce qui semblait sortir tout droit du siècle dernier, elle passait jamais à Ikea la magicienne? Ça devait être triste de vivre au milieu de tout ses vieux trucs, elle ne pourrait pas, elle n'aimait pas vivre dans le passé, ce qui était ironique car c'était justement ce passé qu'elle recherchait désespérément en ce moment même, mais la vie était faites de ce genre de moments ou il fallait revenir en arrière. Crush c'était pas du genre à le faire souvent, le passé était un endroit trop douloureux à visiter pour qu'elle veuille s'y plonger. Sauf pour ce qui était de son père, lui ne perdait rien pour attendre. Elle fut sortie de sa mini-rêverie par le bruit du globe qui était posé sur la table, elle observa l'objet avec une certaine incrédulité, c'était sérieux là? Elle était juste trop défoncé ou tout ça était réel? La magicienne le fit tourner et ce dernier sembla faire quelques tours avant de s'arrêter, le regard de la jeune fille passât d globe à la magicienne, si elle avit eut à débourser le moindre dollar pour voir ça elle aurait demandé un remboursement immédiat, non pas qu'elle ais des doutes après le coup du sac plastique qui lui foutait encore un peu les chocottes, mais bon là c'était un peu pétard mouillé son truc. La phrase chelou par contre ça avait l'air particulièrement chiant à prononcer pour si peu.

La suite n'allait pas lui plaire, Zatanna la regarda après avoir expliqué que Obelus ne souhaitait pas être retrouvé, elle n'avait jamais vraiment pensé qu'en dehors de leur forme bizarre de symbiose et de sa volonté de la protéger il puisse être doté d'une volonté propre, d'envies, de désirs, de souvenirs, avec le temps elle s'était sans doute bien plus imaginé qu'il ne vivait que pour cela. Ces premières questions ébranlèrent soudain sa confiance en elle, le mobilhome, l'odeur de la déchetterie non lui revenait. Les cris pendant que ses parents tentaient de lui expliquer et le contact réconfortant d'Obelus autour d'elle, la chaîne se serrant autour d'elle avec une étrange douceur, puis l'explosion, elle l'avait saisit et l'avait repoussé avant de partir, et si elle l'avait perdu? Si son ami ne l'était plus? La pensée même était effrayante, Xiomara se sentait seule face à cette angoissante probabilité et si Obelus avait choisi de ne pas être retrouvé elle ne savait pas quoi faire. Elle détourna le regard par pure culpabilité, difficile d'admettre qu'on as put faire ça a un ami, l'abandonner derrière, Xiomara avait eut tout loisir de regretter la mort de ses parents, mais le poids de la révélation l'avait ébranlée car cela révélait potentiellement bien pire pour la suite. Comme un peu sonnée, elle bégaya un "naturel et spontané" étranglé et timide pendant qu'elle se prenait en pleine face tout ça. Elle avait un peu le vertige alors que Zatanna partait chercher des affaires. Elle mit son visage entre ses mains et entama de masser ses tempes du bout des doigts. Tout ça ne lui plaisait pas du tout, et la voir revenir quelques minutes plus tard avec tout un attirail fort suspect c'était encore pire, elle considéra la magicienne avec un grimace indiquant de manière visible qu'elle n'était pas super chaude pour coopérer sur ce coup là.

-Obelus n'a protégé que moi, mes parents pouvaient lui parler, il comprenait ce qu'on disait, mais il n'a jamais fait de mal à personne, mes parents partaient avant que les ennuis arrivent. Mais il ne détectait le danger que quand j'était avec lui. Ça doit être pour ça que le tueur a put l'embarquer.

La chaîne avait toujours été bien plus un moyen de détection des emmerdes comme le disait ses aprents qu'une arme, les Rojas étaient de toute façon majoritairement non violents et n'auraient sans doute pas acceptés que la chaîne fasse du mal à qui que ce soit. Elle se souvenait encore de son père tournant de l'oeil quand sa jambe cassé après une chute d'un toit avait été réparé sous ses yeux. Elle désigna les instruments étranges du doigt.

-Et sinon ces machins c'est pour quoi faire?

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Il y avait de tout dans ce monde, Zee le savait depuis qu’elle était toute petite. On ne pouvait pas se permettre d’être sceptique quand on avait pour mère une femme venue d’une autre dimension et pour père le plus grand magicien du monde. Les objets magiques étaient nombreux, en général toujours dangereux, et dotés de capacités tellement variées que personne depuis que l’homme existait n’avait ne serait-ce qu’essayer d’en faire une liste. De temps en temps, il y en avait un qui apparaissait sur le radar, de quelqu’un de bon ou d’extrêmement mauvais, ça se battait un peu pour mettre la main dessus, et puis le bidule disparaissait à nouveau pour quelques siècles, de sa propre initiative ou parce qu’une bonne âme le planquait chez lui – pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Elle savait que la Maison magique de John regorgeait de ces mini-ogives nucléaires magiques et d’ailleurs, statistiquement, elle aurait peut-être mieux fait de commencer par lui demander si ce n’était pas lui qui l’avait, cette fichue chaîne. Des êtres immortels comme Nabu ou Jason Blood étaient également de grands collectionneurs, et elle-même en possédait quelques-uns, sans parler de tout ce que son père avait amassé et planqué dans des dimensions de poche un peu partout dans le manoir. Certains de ces objets avaient la capacité d’effacer l’humanité de la surface de la planète, mais d’autres étaient beaucoup moins ambitieux que cela, et quelques-uns, rares, appartenaient réellement à quelqu’un, au sens ou n’importe qui ne pouvait pas s’en emparer pour s’en servir. Si quelqu’un avait pris Obelus, il y avait des chances pour qu’il n’ait pas pu en faire grand-chose jusqu’à présent. Et si Obelus se planquait de lui-même, alors Zee ne pourrait pas vraiment aider, mais Crush elle-même avait plus de chance de lui remettre la main dessus.

Elle répondit à la question inquiète de son invitée par un petit sourire en coin. Pendant que la jeune femme lui répondait, en ayant l’air d’avoir perdu de son assurance, Zee alluma deux bougies qu’elle plaça de chaque côté de sa table basse, une à sa droite, une à sa gauche, et passa les mains au-dessus des flammes en murmurant : « snaD tec ecapse sel sarua tnos seélévér. » Elle fit signe à Crush de ne plus bouger de là où elle était, assise face à la magicienne. Un léger voile s’éleva au-dessus d’elles, comme pour les englober, avant de disparaître aussitôt. Mais à présent, Zee voyait clairement quelque chose chez Crush qui était invisible à l’œil nu : son aura. En elle-même, cela ne lui apportait pas grand-chose, tout le monde en avait une, et celle des magiciens étaient souvent difficiles à planquer. Chacun la voyait ou la ressentait à sa façon. Pour Zee, en cette seconde, l’espèce de vibration qui émanait de son invitée, et qui lui picotait la peau désormais, comme si elle la repoussait, était simplement la preuve que Crush n’appartenait pas à cette Terre. Sa présence était en légère, très légère dissonance avec le reste de ce qui constituait la planète, la totalité de ses particules. Cela ne voulait rien dire d’autre, n’entraînait aucune conséquence. Si ce n’était… Zee pointa le doigt sur la jeune femme et son aura crépitante se tendit vers sa main comme pour la mordre. Elle déplaça le doigt et la petite pointe dorée suivit le mouvement tel un chien de garde. Elle éloigna sa main et le fil d’aura se tendit encore et encore, jusqu’à devenir invisible tant il s’affinait. « En tout cas ta chaîne n’est pas détruite, elle est bien là quelque part. Et elle est toujours liée à toi. Ce que tu vois, c’est votre lien. Même si loin de toi, Obelus réagit à ma magie et s’en méfie. »

C’était encourageant. Et franchement adorable. Oui, un lien entre un objet et un être vivant pouvait tout à fait faire fondre le cœur en mousse de la magicienne. « Je pense qu’on peut affirmer qu’il ne se cache pas de toi, sinon il n’essaierait pas de te protéger encore. Il est perdu. Ou retenu par quelqu’un ou quelque chose. J’aimerais juste savoir s’il est encore dans notre monde… » Elle commençait à parler toute seule. Cela l’ennuyait que on sort de localisation n’ait pas fonctionné tout à l’heure, mais c’était un petit tour extrêmement basique alors que visiblement, les forces en présence étaient bien réelles. Avant d’imaginer qu’Obelus soit dans une autre dimension ou pire, sur une autre planète – et alors Crush n’aurait plus qu’à aller demander leur aide aux Green Lanterns –, il fallait qu’elle réessaye de localiser la chaîne. « Tu penses que la personne qui a tué tes parents voulait Obelus plus que toi ? Et que c’est cette personne qui est partie avec ? » Elle se saisit du couteau et tendit la main vers Crush, sourcils levés, en un geste universel : il allait falloir que la jeune femme donne de sa personne, et pour commencer, sa main.

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Xiomara ouvrit de grands yeux à la vue du prodige qui se déroulait sous ses yeux. Avec quelques mots seulement, d'une simple phrase dise dans l'espace de charabia absolument imbuvable que la magicienne avait prononcé un voile éthéré les avait toutes deux couvertes et désormais une espèce de fumée visqueuse, à défaut d'un meilleur terme semblait la recouvrir comme des flammes léchant sa peau, elle ne ressentait pourtant rien de différent, elle tenta de retirer cette chose en se frottant les bras avec les mains mais rien n'y faisait, le visage paisible de Zatanna lui indiquant que tout ceci était cependant normal, elle prit quelques secondes pour jouer avec en essayant de souffler sur ses mains en coupe pour provoquer une langue de ces drôles flamme mais rien n'y fit. C'était étrange de voir ce genre de rayonnement émettre de ça, comme si elle était radioactive à la Atomic Skull.

Elle vit soudain le doigt de la magicienne devant elle et l'énergie sortant d'elle se mit alors à crépiter violemment alors qu'elle sentait soudain un picotement étrange la prendre, comme des fourmis, elle retira alors son doigt et une espèce de fil s'étira pour disparaître tellement il devenait minuscule. Les explications de Zatanna semblèrent de son point de vue apporter plus de nouveaux obstacles que de réelles réponses, mais elle sentait que tout cela avançait et que la magicienne cernait mieux ce qu'il faudrait faire par la suite. Elle était complétement suspendue aux lèvres de Zatanna dans l'attente de LA réponse qui ne venait pas. Quand elle mentionna le fait que quelqu'un pouvait en effet le retenir, Crush avait en effet émis l'hypothèse et c'était sans doute le plus probable, Obelus n'aurait jamais tué de son propre chef et toutes les victimes avaient un seul et même point commun, qu'ils partageaient avec ses parents, c'était tous des junkies. Le terme pouvait sembler fort quand elle parlait des gens lui ayant tout offert, mais c'était une vérité que eux-même avaient toujours assumés auprès d'elle, cela faisait partie de leur style de vie libre et décalé qu'elle n'avait jamais détesté, elle savait depuis que les meta-humains et aliens se vendaient des fortunes au marché noir, les Rojas auraient été tranquilles pour des années en la vendant au plus offrant alors qu'elle n'était qu'un fragile et faible bébé sans défense, mais ils n'étaient pas ce genre de personne, ils étaient des gens profondément bien, une réalité que peu pouvaient comprendre. Malgré cela, elle commençait à comprendre que c'est sans doute le tour des ennemis de ses parents qu'elle aurait dut faire.

Elle se sentait encore plus minée qu'en arrivant, surtout qu'elle n'ajoutait rien en rajoutant une couche. Elle prit sa tête entre ses mains et se mit son visage contre ses genoux. Elle se sentait tellement fautive, tellement en colère contre elle-même, leur gentillesse ne leur aura apporté que des problèmes, ils avaient sauvé une enfant et avaient été récompensés en étant dévorés par la cupidité d'un autre. Chaque centime qu'ils avaient mis dans ses vêtements, sa nourriture, ses couches, l'école à domicile, tout cet argent qui n'avait pas alimenté leur addiction, les poussant à parfois contracter des dettes auprès de gens dangereux. Elle sentait qu'elle avait été incroyablement conne de ne pas le comprendre plus tôt, ça ne lui était même pas venue à l'esprit.

-C'est... sans doute ça...

Sa voix était un peu étranglée, elle sortit de derrière son oreille et de sa tignasse le petit joint qu'elle avait préparé pour plus tard, mais là tout de suite, elle devait s'aérer l'esprit. Elle commença à farfouiller dans sa poche pour trouver son briquet, mais ce dernier semblait vouloir échapper à sa main. Elle poussa un petit juron en espagnol.

-Mes parents... ils avaient des dettes auprès de gens dangereux. C'est parfois eux qu'on fuyait, peut-être qu'ils m'ont vue, qu'ils ont vus Obelus, qu'ils ont voulus se renflouer.

Non c'était sans doute ça, elle en avait la certitude absolue. Elle sentit le briquet du bout des doigts et l'extirpa de sa poche d'une main désormais tremblante de stress. Elle tenta de l'allumer mais brisa entièrement l'objet en plastique et en métal qui éclata dans sa main en répandant du liquide sur le tapis en dessous et aussi sur son jean. Elle secoua sa main en poussant un autre juron, le joint entre le dents.

-Dites-moi que vous avez un feu.

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Zee contempla un instant la jeune femme avec compassion, sortant un peu de son attitude « professionnelle ». Inutile de lui demander si à l’époque il y avait eu une enquête de police, si elle avait essayé de retrouver le meurtrier de ses parents pour retrouver Obelus, si elle en avait appelé aux Titans. Elle avait probablement tout essayé, parce que lorsqu’on en venait à demander de l’aide à une magicienne, c’était qu’on était à court d’idées. La magie, le Hail Mary de quiconque en venait à s’en servir, pour quiconque n’était pas magicien. On n’y croyait pas vraiment, on n’y comprenait rien, on se disait qu’on était cinglé d’en arriver là, mais pourtant on y était parce qu’on n’avait pas le choix, parce qu’on avait épuisé toutes les autres alternatives, parce qu’on était à bout. « Je suis désolée. Peu importe la raison, de toute façon. Ce n’est pas ta faute ni celle d’Obelus. » Ils avaient croisé la route d’un salopard, comme ce monde en portait des milliers. Ce n’était pas toujours la faute du hasard, mais c’était toujours la faute des salopards. Elle regarda Crush se débattre avec son briquet jusqu’à ce que celui-ci connaisse à son tour un destin funeste, puis secoua la tête. « J’en ai, mais tu vas devoir remettre ça à plus tard. Tu dois choisir : perdre dix minutes de ton temps à t’en vouloir et à t’enfuir dans ce genre de mensonge, ou retrouver Obelus. Je crois que tu as eu tout le temps ces dernières années pour choisir la première option, alors je te propose qu’on fasse quelque chose de plus proactif, à présent. » Elle fit tournoyer le couteau entre ses doigts et se saisit de la main de la jeune femme.

« Je ne vais pas te faire de mal, alors essaye de te détendre. » La magicienne approcha la lame de ses lèvres pour y souffler une formule, et le couteau brilla fugitivement avant de reprendre son aspect normal. Zee l’approcha de la paume de la main de Crush, comme si elle comptait lui entailler la peau, mais la lame s’arrêta à un millimètre de sa chair et dessina ainsi une coupure dans le vide. Ce n’était pas de son sang dont la magicienne avait besoin, mais de son énergie, de son aura, de cette chose même qu’Obelus et elle partageaient. Au niveau de la paume de la jeune femme, son aura se mit à crépiter, comme si elle fuyait par cette minuscule entaille dans son aura. Zee en percevait clairement la signature, à présent, et si par hasard elle avait croisé la chaîne dans Gotham ou ailleurs, elle l’aurait reconnue grâce à ça, ce qui ne risquait pas d’arriver évidemment. Elle reposa le couteau, et fit signe à Crush de poser sa main sur la table basse, paume vers le plafond. Le filament quasi invisible qui la reliait à Obelus se renforçait au moins à la base, et s’élevait vers le ciel jusqu’à disparaître au-delà du plafond. Si la chaîne s’était trouvée un bloc plus loin, elles auraient pu simplement se servir de ça comme d’un GPS, mais là encore, c’était hautement improbable. Cependant, il ne s’agissait pas de se servir de ses simples yeux, dans cette histoire. « Est-ce que tu sens quelques chose de différent ? De familier ? Est-ce que tu sens Obelus quelque part, relié à toi ? »

Laissant la jeune femme se concentrer sur ce qu’elle ressentait – ou ne ressentait pas, d’ailleurs –, Zee rapprocha la mappemonde du centre de la table. Rien de mieux que les trucs old-school. Si elle avait eu affaire à un bon vieil artefact de magie noire ou de sorcellerie occulte, elle aurait travaillé directement avec une carte et le sang de Crush. Là, elle prenait plus de risques, mais avec un objet alien dont elle ne savait quasi rien, ce serait plus efficace. « Vu la force de votre lien, il ne doit pas être si loin que ça. Enfin je veux dire qu’il est toujours sur Terre, ce qui est déjà bien. Voyons si on peut resserrer le champ de recherches… » Mais pour ça, elle avait encore besoin que Crush donne de sa personne, ou plutôt, de son mental. « En ce moment même, s’il est aussi extraordinaire que tu le laisses penser, il doit sentir ton énergie courir le long de votre lien. Concentre-toi sur lui, sur ce que tu ressentais quand il était avec toi. Pas des souvenirs, enfin sauf si ça t’aide, plutôt des sensations. Est-ce que tu sens comme un écho revenir vers toi ? » Peut-être que, à l’autre bout du monde, ou de la ville, la chaîne appelait Crush, après tout. Maintenant que Zee avait boosté aura, magie et émotions, il y avait une chance pour que son appel soit entendu.

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Le refus provoqua un haussement de sourcil, extrêmement bref tant l'argument qui venait derrière était d'une solidité à toute épreuve et lui fit l'effet d'une gifle mentale. Il était vrai que Xiomara préférait la facilité à ce niveau, s'évader dans un paradis artificiel l'espace de quelques minutes, quelques heures, le temps que son physique purge tout, si cela avait l'avantage de ne provoquer aucune addiction physique, elle avait pris goût à ces moments d'évasions et sa psyché les réclamait à chaque fois que ça devenait trop difficile pour elle. Fuir était plus facile, après tout elle avait fait ça toute sa vie, mais elle voulait retrouver Obelus et tirer tout ça au clair, son ami trop longtemps lui avait manqué et son absence et le vide qu'il avait laissé ne serait comblé par aucune drogue, aucun alcool ni aucune fête, son regard défia un bref instant la magicienne avant que le joint ne regagnes son oreille en signe d'accord tacite.

Le contact soudain de Zatanna ne lui fut étrangement pas désagréable, elle ne montrait aucune violence ni aucune agressivité malgré la situation, la vision du couteau dans sa main par contre provoqua une tension immédiate de sa mâchoire et son regard était fixé sur la lame. Elle n'avait pas peur de grand chose, mais avant tout ça elle avait fait un petit séjour dans cette ville et avait fait la rencontre d'un meta-humain dont les lames avaient tranchées sa peau habituellement pare-balle et capable de subir des dommages sérieux. Elle fit cependant de son mieux pour se détendre, consciente qu'elle devait faire confiance à l'experte si elle voulait que son souhait se réalise. Elle avait eut beau faire de son mieux, elle avait fait choux blanc à tout les niveaux, elle prit donc de grande inspiration par le nez pendant que le petit objet se rapprochait de sa peau et de la substance étrange le recouvrant. La lame trancha dans le vide et la paume de sa main se mit à crépiter sous les yeux ronds comme des soucoupes d'une Xiomara qui avait du mal à réaliser que tout ça était bien réel, son cerveau tentait encore de combattre la vision qui semblait sortie d'un film, difficile de s'imprégner d'un tel univers, elle laissa sa main se poser dos contre la table et vit le fil s'agrandir et manqua presque les questions de Zatanna, qui la surprit un peu. Complétement obnubilée par le quasi miracle sous ses yeux, elle en avait oublié de se concentrer là dessus.

Elle rassembla sa volonté pour se concentrer un maximum, ses yeux se fermant alors qu'elle tentait de prendre de grandes inspirations comme le père la défonce le lui avait appris pour ses crises nocturnes épisodiques. Elle ne ressentait pas grand chose, ce qui la frustra immédiatement, ses sourcils se froncèrent et elle commença à avoir la même tronche qu'une Saiyen chargeant son ki, ou bien une personne constipée. Zatanna lui donna plus d'explication, sans doute en sentant que le padawan galérait avec les concepts de base. Des sentiments, pas des souvenirs, c'était pourtant des souvenirs forts qu'elle partageait avec lui. Quand ils jouaient à chat, quand il s'enroulait tendrement autour d'elle et qu'elle leur faisait la lecture, quand il s'improvisait balançoire ou faisait peur aux enfants qui la rejetait par ce qu'elle était bizarre. Obelus avait tout été pour elle, un ami et un frère, un partie à part entière de l'étrange famille qu'elle formait à l'époque avec ses parents. Elle avait rejeté Obelus, voulait-il seulement encore d'elle? Se souvenait-il d'elle?

Elle sentit une douleur diffuse dans son abdomen, pas comme si elle avait faim ou que son corps combattait de manière passagère une maladie. Ce mal de ventre était différent, malaisant, profond, comme un mélange de colère et de peine comme si des zombies se disputaient ses entrailles, elle fit une moue profondément gênée en sentit alors un grand froid qui la fit trembler, ses dents claquant quelques instants alors qu'elle sentait un contact familier autour d'elle, elle porta les mains à ses bras et se sentit comme si Obelus l'enlaçait, elle sembla s'apaiser avant de sentir la pression s'accentuer, le planisphère se mit à tourner avec violence et elle sentait son souffle diminuer. C'était impossible, Obelus ne pouvait pas lui vouloir de mal, mais elle sentait toujours ce sentiment extrême de confusion à son contact, comme si il ne la reconnaissait pas, comme si il la rejettait. Elle entendait un rire, gras et cruel, un rire qu'elle avait déjà entendu, ses yeux s'ouvrirent sur des pupilles iridescentes, son visage déformé par la colère.

-ZEKE!

Elle se leva en cherchant du regard le bâtard immonde dont elle avait reconnu le rire, elle ne l'avait croisé qu'une fois ce sale fumier, mais elle s'en souviendrait longtemps. Ses dreads crasseux de rasta blanc avec un flingue, sa peau rongée par dieu sait quelle maladie, ses yeux bleus vitreux pleins de haine. Elle n'avait jamais réussit à lui mettre la main dessus, présumé mort depuis un an après une fusillade, il était donc en vie.

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Au début, il ne se passa pas grand-chose, et Zee n’était pas étonnée. Il s’agissait d’une discipline particulière, la magie. Elle-même n’avait aucun souci à tirer sur les différents fils occultes qui la reliaient à certaines personnes. Celui qui la reliait à jamais à Nick et à John était le plus simple, le plus présent, le plus envahissant, elle n’avait même plus besoin de réveiller sa magie pour faire appel à lui. Il lui suffisait d’y penser brièvement pour tirer dessus comme on toque doucement à une fenêtre, pour signaler sa présence quelque part dans le monde, toujours là – dans le monde, ou en enfer. Mais il aurait fallu qu’elle ait dix ans devant elle et beaucoup de temps à partager avec Crush pour lui expliquer ce qu’elle faisait, pour lui faire comprendre ce qu’elle devait faire, pour lui faire ressentir ce qu’elle était censée ressentir. Alors elle avait choisi la manière un peu plus forte, se substituant à tout ce que la jeune femme aurait dû faire, lui servant de force en avant, d’impulsion et bien sûr, d’assise magique. Tout ce que Crush avait à faire, c’était lâcher prise, se laisser entraîner par le flot et se tendre vers Obelus, tenter d’effleurer sa présence, où qu’il soit. Si de son côté, la chaîne répondait à cette appel, ce serait encore mieux évidemment. Il y avait de chances pour que ça ne fonctionne pas, mais au bout de quelques minutes, elle vit toute une palette d’émotions passer sur le visage de Crush, vit sa posture changer, et sut que quelque chose se passait. Que ce soit une bonne ou une mauvaise chose importait peu, tant qu’il se passait quelque chose : au point où elle en était de ses recherches, tout était bon à prendre.

Elle monitorait malgré tout l’essence de la jeune femme, gardait à l’œil son aura qui s’agitait dans tous les sens désormais comme sous les assauts d’un vent violent. La dernière chose qu’elle voulait, c’était qu’elle se blesse ou se perde dans ce réseau privé d’émotions personnelles et entrelacées. Le globe terrestre tournait à toute vitesse sans sembler vouloir se décider sur un endroit spécifique. Il était évident que quelque chose se passait mal, en tout cas pour Crush elle-même. Zee ne sentait aucune menace magique, mais resta attentive jusqu’à ce que la jeune femme se lève d’un bond en hurlant un nom. La magicienne, d’un geste vif, moucha les deux bougies et rompit le sort et la connexion. Cela suffisait amplement, pour le moment. Aussitôt, la mappemonde se figea, légèrement penchée sur son axe, plus que d’habitude en tout cas, comme si elle était cassée. Zee nota ce détail avec intérêt, mais reporta son attention sur Crush. « Tout va bien. Rien ne peut arriver jusqu’ici, quoique tu aies vu. » Elle se leva, se déplaça en personne jusqu’à la cuisine pour ramener des canettes de soda. Elle les posa sur la table basse, faisant disparaître bougies et couteau. « Bois ça. Cela demande de l’énergie de faire ce que tu as fait, un shot de sucre rapide ne te fera pas de mal. » Moins de mal que fumer un joint en tout cas. Elle-même s’ouvrir tranquillement une limonade et la sirota pensivement. Quelque chose s’était définitivement passé.

« Tu as obtenu une information intéressante ? Peut-être pas celle à laquelle tu t’attendais ? » Le moindre indice était bon à prendre, non ? C’était mieux que pas de piste du tout, évidemment. La magicienne approcha la main de la mappemonde, encore un peu chargée de magie qui s’évaporait peu à peu. Son axe présentait un endroit de sa surface un peu plus foncé, comme si le bois avait brûlé à cet endroit là, face à Crush. « J’imagine que ce Zeke est une connaissance à toi. Et j’imagine aussi qu’il sera probablement plus simple à trouver qu’Obelus. » C’était une bonne nouvelle, non ? La moins bonne nouvelle était toute la colère et toute la haine qu’elle avait perçues dans la voix de Crush. Mais elle ne pouvait pas la suivre jusqu’au bout de son voyage. Et puis, la jeune femme avait pas mal d’amis assez doués, toute une bande en vérité, qui se serraient les coudes et se feraient un plaisir de lui venir en aide, si seulement Crush le leur demandait.

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Emplie de confusion et prête à frapper tout ce qui lui passerait à portée, la voix de la magicienne perça le voile de confusion qui l'entourait pour lui faire reprendre pied, habituée à réagir au quart de tour Xiomara en avait presque oublié ou elle se trouvait, ses yeux redevinrent de simples lac blancs avec un ilot iridescent en leur centre alors qu'elle desserrait les poings, rien ne peut arriver.

Un peu confuse, elle regarde autour d'elle avant de croiser le regard de Zatanna qui la ramène alors complétement à la réalité, encore un peu sous le choc, elle détourna immédiatement le regard pour le porter sur le planisphère dont l'axe était désormais tordu. Xiomara tentait de reprendre contenance ainsi que son souffle après avoir bien cru terminer écrasé par Obelus, son esprit tentait d'assembler les évènements, Zeke était un dealer, elle s'en souvenait bien, mais à part son rire gras de psychopathe, sa maladie de peau, et ses dreads blonds elle ne se souvenait que de peu de détails sur un individu qu'elle n'avait pas vu depuis des années et qui était déclaré décédé depuis plus d'un an. La demi-czarnienne mit ses mains sur ses tempes pour les masser alors qu'elle tentait de réfléchir. Les victimes étaient toutes des drogués notoires, Zeke devait se servir d'Obelus pour accomplir ses basses besognes, la simple idée qu'Obelus ait vraiment fait tout ça, car en son fort intérieur elle avait espéré le contraire, la révulsait un peu puis elle pensa au début des meurtres, avant que Bart ne mette le bordel dans la timeline, pile quand son père l'avait embarquée pour un road-trip torture dans l'espace. Le lien, elle repensa à ce si fin fil qui la reliait à Obelus, combien de temps avait-il attendu? Espéré que Xiomara vienne le délivrer, son regard devint vide sous la simple réalisation de la chose Zeke avait disparu peu après.

La canette de soda devant son visage la sorti de son bad trip mental et elle bredouilla une remerciement en prenant la canette qu'elle manqua d'éventrer, l'ouvreur restant dans se doigts, la forçant à effectuer avec son petit doigt l'ouverture de la boisson dont elle s'envoya une bonne rasade, car en effet elle se sentait proprement épuisée, elle essuya de sa mitaine en laine la sueur froide sur son front pendant que Zatanna continuait avec des questions que Xiomara avait un peu de mal à bien écouter, l'air un peu ailleurs pendant que les pièces du puzzle continuait de s'assembler dans son esprit et qu'elle réalisait l'ampleur du désastre. Heureusement qu'elle n'avait pas tout dit à la magicienne, sinon elle n'était pas sûre que le sympathique brin de femme qui semblait profondément touchée par la situation la laisse partir d'ici pour aller chercher Obelus. Un petit silence un peu gênant s'installa quand Zatanna eut terminé de parler, Xiomara soupesait son niveau de confiance dans l'absolu envers cette femme, elle l'avait aidé après tout, son regard se posa sur la marque de brûlure dans le planisphère, Los Angeles. Elle tourna la tête sur le côté opposé à Zatanna pour ne plus avoir la magicienne ou son maudit globe sous les yeux.

-Zeke est censé être mort depuis plus d'un an, mais j'ai entendu son rire, j'ai reconnu le rire de ce sale enfoiré.

Sa mâchoire se serra et elle se gratta pensivement l'arrière du crâne.

-Obelus m'a rejetée... Il voulait me faire du mal... C'était bizarre...

Elle repensa à son père, ils étaient partis loin, très loin de la terre qu'elle n'avait jamais pensé revoir, qui savait à quel point ce minuscule fil qui devait être un espoir pour son ami avait put s'affiner, à quel point leur lien avait put s'amoindrir, devenir insignifiant. Il n'était déjà pas bien épais sur terre de ce qu'elle avait put constater, mais elle espérait sans doute trouver une manière quelconque de se dédouaner de son échec.

-Vous pensez qu'il faudrait s'éloigner de combien pour qu'un lien devienne imperceptible?

La question se posait, son père l'avait véritablement emmené a des années lumières de cette planète.

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Les premiers mots de Crush après qu’elle eut prit le temps de se remettre de ses émotions firent fleurir un sourire amer sur les lèvres de Zatanna. Ah, oui, les morts qui revenaient soudainement à la vie. La mort, c’était très surfait. La plupart des gens ne pouvaient pas l’imaginer, pour eux la mort était une disparition totale et irrémédiable que rien ne pouvait arrêter, qui, même si parfois elle était injuste et soudaine, restait un phénomène naturel et qui n’empêchait en rien le monde de tourner. Mais dans les sphères que fréquentait Zee, on le savait bien, que la mort, c’était franchement surestimé. La moitié des entités du monde occulte n’étaient même pas capables de mourir normalement ou correctement et l’autre moitié étaient probablement morts plusieurs fois sans que ça les empêche de mener à bien leurs petites affaires. Le dernier en date dans cette vaste collection n’était-il pas John lui-même, réduit en cendres près d’un an plus tôt dans une obscure grotte islandaise et qui aujourd’hui se baladait tout fringuant de bar en pub ? Un humain un peu dégourdi pouvait simuler sa mort, alors si ce Zeke avait un tant soit peu de jugeote et quelques talents surhumains, il pouvait très bien n’être jamais vraiment mort, ou être mort et être revenu… Quoiqu’il en soit, cette nouvelle ne semblait pas ravir la jeune femme du tout. Mais sur cette affaire, Zee ne pouvait pas vraiment l’aider. Elle écouta avec intérêt en revanche ce qu’elle lui dit d’Obelus. « Peut-être avait-il une bonne raison de le faire ? On a des fois de drôles de manières de protéger quelqu’un. » Bon, elle ne voulait pas que Crush se décourage, surtout.

Elle réfléchit un peu à la question de son invitée, mais pas longtemps. Son regard effleura la surface de la mappemonde, où Los Angeles était clairement marquée d’une brûlure. Elle aimait bien cette ville, mais elle lui trouvait aussi quantité de défauts. « Je ne crois pas qu’un lien pareil puisse devenir imperceptible, ou même être brisé, pas à cause de la distance, en tout cas. Peut-être à cause d’une force extérieure, mais même moi, pour faire ça, j’aurais besoin de beaucoup de temps et de beaucoup d’aide. » Elle effleura machinalement le tatouage sur son avant-bras. On en faisait, des choses idiotes, à vingt ans. Elle, elle s’était liée à deux hommes, leur avait littéralement abandonné un bout de son âme et abritait depuis un bout de la leur, un lien indéfectible qui, elle s’en était rendu compte avec angoisse, ne s’était même pas effiloché une fois Nick en enfer. Leur lien était toujours bien présent quand bien même ils se trouvaient dans deux dimensions différentes, et ultra imperméables qui plus est. Alors elle ne voyait pas comment Obelus aurait pu se couper de Crush tout seul, même s’il l’avait voulu. « J’imagine qu’il y a des moyen de se fermer à ces sensations, mais ça a des limites. Où qu’il soit, il ne pourra pas se cacher éternellement de toi. » Ce qui sonnait un peu comme une menace, dit comme ça.

Elle reposa sa canette vide sur la table basse et observa la jeune femme assise en face d’elle. « Est-ce que ce Zeke représente une bonne piste pour toi ? Tu comptes te rendre à Los Angeles pour lui mettre la main dessus ? » Elle s’en serait voulu d’avoir pointé la jeune femme dans une direction qui la mènerait directement à des ennuis, voire à la mort. Même si Crush était majeure et vaccinée, et n’avait pas du tout l’air d’être du genre à écouter les conseils de prudence d’une totale inconnue.

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Des bonnes raisons de faire du mal? Xiomara baissa les yeux à ces mots, Obelus avait donc fait comme elle, montrer les dents pour éloigner les autres. Elle ressentait un immense et profonde peine pour son ami qui devait se sentir seul et isolé, de là à penser que ce qu'il y avait là-bas quelque chose de si dangereux que la chaîne la repoussait, c'était un peu effrayant comme pensée, mais savoir que le lien avait put persisté quelque soit la distance, qu'Obelus et elle ne faisait qu'un depuis toujours, c'était une pensée plus que réconfortante, Xiomara sentait en elle une étrange assurance, celle que tout ceci ne durerait pas et que son ami lui reviendrait, cette certitude était gravée au plus profonds de son être. Peu importait ce qu'elle devrait endurer, quel danger l'attendait à Los Angeles, elle affronterait les flammes de l'enfer pour cela, surtout que maintenant qu'elle y pensait, vu que la magie existait, ce genre de choses pouvait très bien être réelles aussi, ça faisait froid dans le dos. Elle regarda dans le fond de sa canette comme pour y trouver la vérité de l'univers par le plus pur des hasards, un lien que rien ne pouvait détruire, Obelus et elle avaient visiblement connus des trajectoires semblables depuis leur séparation, le toucher frais et réconfortant de son ami lui manquait désormais, elle ne s'était pas sentie aussi bien depuis longtemps lorsqu'elle l'avait senti l'enlacer avec tendresse.

Tout ça faisait remonter beaucoup de choses à la surface, des choses qu'elle avait préféré laisser derrière elle, mais elle savait qu'elle devait affronter son passé, elle ne pouvait pas laisser des cicatrices la définir indéfiniment, elle avait besoin de reculer afin de mieux avancer. Ses parents n'auraient certainement pas péris en vain, elle s'en faisait la promesse, le responsable payerait pour ses actes, une promesse murmurée dans les ténèbres de son âme, dans la partie la plus sombre. Si ce serment noir devrait être brisé pour sauver son âme, en cet instant précis il était la lueur d'espoir dans l'ombre, la pensée sinistre qui tenait en place sa volonté et sa détermination, celle qui lui permettait de rester ici et de ne pas foncer directement là bas sans recherche et sans préparation pour y tout y casser jusqu'à trouver ce qu'elle cherchait. Après tout, si Obelus ne pouvait se cacher d'elle, il serait facile à retrouver, mais sa sombre détermination la poussait à se préparer et à tomber sur Zeke avec tout ce qu'elle avait. C'était aussi ce qui lui permettait de ne pas exploser devant Zatanna, de rester calme, une canette de coca entre les mains, ce qui lui permettait de la regarder avec une étrange sérénité et de lui parler sans trembler jusqu'au plus profond d'elle-même.

-Sans doute, si par "lui mettre la main dessus" vous voulez dire qu'il va regretter d'être né. Il...

Elle jaugeât un instant Zatanna et observa les lieux, difficile de juger correctement cette femme et elle voulait éviter de trop en dire à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas bien. Si elle lui était reconnaissante au delà des mots de son aide, elle restait réticente à trop se livrer.

-Il m'a pris mon ami...

Et pour ça il paierait le prix fort, Xiomara n'était pas du genre à tendre l'autre joue, mais plutôt à briser le bras qui l'avait giflée. Zeke avait du soucis à se faire maintenant que la trace de sang remontait à lui, car ce qui venait à sa poursuite était prêt à tout pour avoir sa peau ravagée par la maladie. Sa main se serra un peu autour de la canette qui craqua un peu alors que son regard se perdait un peu dans le vide.

-C'est à mon tour de le protéger.

Elle engloutit le reste de la canette en silence, reprenant un boost de sucre après quelques minutes très mouvementées, elle se leva et jeta la canette d'un geste précis dans la poubelle, un air un peu gêné sur le visage.

-Je vais pas vous embêter plus longtemps, je vous remercie beaucoup, sans vous je sait pas ce que j’aurai fait.

Elle se figeât quelques secondes devant Zatanna avant de l'enlacer rapidement, sans doute un petit quart de seconde, timidement, bien que suffisamment pour que Zatanna puisse sentir son corps brièvement compressé par une force un peu mal maîtrisée dans la rapidité de l'exécution de l'action. Elle lui fit un sourire gêné et se frotta l'arrière du crâne.

-Et si vous avez besoin de casser un truc, c'est ça mon domaine d'expertise.

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Unchained

Bon, de toute évidence, Crush repartirait de chez elle avec quelques éléments de plus que ce qu’elle avait en venant. Zee n’était pas sûre qu’elle lui avait rendu service en remettant accidentellement sur son radar quelqu’un qui semblait être un ennemi mortel. Puis elle se rappela qu’elle n’était pas la mère de toute l’humanité et que les gens étaient libres de faire ce qu’ils voulaient, comme ils voulaient. Peut-être le faisaient-ils à tort, mais ça aussi c’était leur droit et il n’y avait rien qu’elle puisse y faire. Et si elle se mettait à cogiter cette discussion et à penser à ce que ses actes à elle allaient avoir comme conséquences sur la vie de Crush, elle n’en dormirait plus de la nuit, elle voudrait la retrouver, savoir si elle allait bien, régler son problème à sa place et faire probablement un tas de conneries dans le processus. Non, il fallait qu’elle se détache de cette encombrante partie d’elle-même, non pas qu’elle se coupe de sa sensibilité et de son empathie qu’elle avait à revendre, parce que ce n’était pas elle, ce serait jamais elle, mais qu’elle apprenne à parfois choisir de rester sur le côté et de voir les autres mener leur vie comme ils le voulaient. C’était leur vie. Elle esquissa un sourire léger. Crush n’était pas seule au monde, qui plus est. Et il lui paraissait évident qu’Obelus n’était pas perdu à jamais et qu’ils ne pourraient pas faire autrement que se retrouver. Tous deux étaient uniques l’un pour l’autre, de sorte qu’en vérité la question ne se posait même pas. « Eh bien, comme je te disais, on fait parfois de drôles de choses pour protéger ceux qu’on aime. Je te fais confiance pour te débarrasser de tes ennemis et retrouver ton ami. »

En fait, la détermination de la jeune femme était une précieuse leçon. Elle était venue ici quelque peu désespérée et méfiante, et elle avait, en quelques minutes, dû se confronter à pas mal de cauchemars personnels, mais loin de se rouler en boule dans un coin pour se plaindre de son existence, elle prenait déjà le contrepied de ce qu’elle avait appris et envisageait déjà ses prochaines actions. C’était peut-être l’enthousiasme de la jeunesse, en tout cas Zee prit un coup de vieux à la voir faire. Elle se laissa enlacer avec surprise – mais la magicienne ne refusait jamais, jamais un câlin – puis se leva pour raccompagner Crush à la porte, en bonne maîtresse de maison. Elle faillit lui demander de lui donner de ses nouvelles, puis songea qu’elle en aurait probablement de toute façon. Dans les journaux. Elle espérait simplement que ce ne serait pas de mauvaises nouvelles. Elle songea un instant à appeler Kory pour lui parler de cet étrange échange, pour être sûre qu’à la tour des Titans, quelqu’un était au courant de ce que traversait Crush et de ce qu’elle s’apprêtait à affronter. Peut-être bien qu’elle le ferait. Ce n’était pas se mêler de ce qui ne la regardait pas que d’être responsable. Une adulte responsable. Un bon compromis entre fourrer elle-même son nez dans ce qui ne la regardait pas et l’abandon total d’une personne qui malgré tout avait besoin d’aide, ou en tout cas méritait qu’on lui en propose.

« Je tâcherai de garder ça en tête. Et vous souhaite, à toi et à Obelus, de vous retrouver. Reviens me voir quand ce sera fait. J’aimerais beaucoup faire sa connaissance. » Et ce n’était que la vérité vraie. Cette chaîne avait l’air tout bonnement extraordinaire, et Zee était toujours curieuse de découvrir les merveilles de ce monde ou d’ailleurs dont elle n’avait jamais entendu parler. Heureusement que la vie réservait encore et toujours ce genre de surprise. Elle regarda la jeune femme s’éloigner, le regard dans le vague, puis rentra chez elle, rangea ses affaires, et décida soudain de ne pas fourrer tout de suite le museau dans ses paquets de chips. Il y avait probablement quelque chose de plus proactif à faire, dans cette maison, et dans sa vie en général.

Codage par Libella sur Graphiorum