no church in the sea (kara, flashback)

La fureur des mers sillonne les courants en quête d'apaisement. Un apaisement qui ne passera que par l'extériorisation de ta colère. Voilà longtemps que tu ne sais plus faire autrement, rongé par tes échecs et ce qui t'a été volé, tu ne trouves aucun autre échappatoire. L'attaque du Syndicat du crime t'aura au moins permis de faire sauter les murs de ta prison de béton, cellule insupportable qui te tuait à petit feu. Côtoyer ces gens que tu méprises, en plus d'être privé de ton environnement naturel, était devenue une réelle torture. T'en as voulu à tout le monde, et surtout à Arthur, pour ne pas t'avoir ôté la vie quand tu lui as demandé. Ouais, t'aurais préféré mourir plutôt que de devoir subir tout ça. A quoi bon, de toute façon, sans Atlantis, tu n'es plus rien. C'est par lui que tout est arrivé, par sa faute que tu as été condamné à l'exil et envoyé à la surface, là où il savait pertinemment que tu deviendrais fou. Il se fait passer pour un héros, ton frère, mais il sait lui aussi être cruel. Tu en es la preuve. Il t'a pris royaume et fiancée, avant de te laisser dépérir en prison. Maintenant que tu es libéré, tu profites de ce retour dans les océans pour t'adonner à tout ce qui n'a pu faire pendant ton emprisonnement – et que tu n'avais pas le temps de faire en tant que roi. Traquer, chasser, et exécuter ceux qui osent s'attaquer à ton chez toi. Les Hommes tuent vos animaux, polluent votre eau, et pire que tout, ils n'en ont que faire. Il se fiche de détruire tout ce qu'ils touchent, trop habité par l’égoïsme pour se soucier des conséquences de leurs actes. Il ne regarde pas autour d'eux, non, beaucoup trop focalisés sur leur propre nombril. Ils te dégoutent, chaque jour un peu plus, mais au moins, ils te permettent de pouvoir te dépenser, et d'apaiser le mal qui te gangrène. Arthur a essayé de t'arrêter, mais ce n'est qu'une question de temps avant que tu ne parviennes à tes fins, et que tu te débarrasses une bonne fois pour toute de cette espèce nuisible.

Tu entends les baleines pleurer, et le son t'est insupportable. Tu pourrais les écouter chanter pendant des heures, cette mélodie magnifique et enchantresse, mais quand elles souffrent, tu souffres avec elles. Des chasseurs ne sont pas loin, l'odeur du sang arrive jusqu'à tes narines, et renforce encore ta haine. Les pauvres fous, ils ignorent tout du courroux sur le point de s'abattre sur eux. Aussi dévastateur qu'un ras-de-marrée, aussi brutal que la foudre. Sur le dos de ton tylosaure, tu te diriges vers l'origines du massacre, le cœur serré de plus en plus fort alors que les complaintes se rapprochent. Là, juste devant toi, des corps sans vie de plusieurs baleines, sombrants dans les profondeurs de l'océan. « NON ! » Ton cri est empli de colère, de tristesse et de désespoir. Pourquoi ? Pourquoi leur faire ce mal ? Au cours de ton séjour en prison, t'en as appris encore un peu plus sur eux, et tu sais qu'ils s'en prennent également au animaux de la surface. Leur cruauté n'a aucune limite. Ils les chassent pour de la peau, pour des défenses, pour des cornes, pour tout ce qu'ils pourraient exploiter ensuite. Pour de l'argent. Pour que d'autres puissent porter sur leur dos ce symbole de mort. Tu ne le toléreras plus. Plus jamais. Lancé à pleine vitesse, tu t'approches de chaque cadavre avec l'espoir que l'une d'entre elles soient encore vivante. En vain. Déjà, les requins arrivent pour venir se servir dans leur chair à disposition. Dents serrées, tu sens fulminer en toi cette colère pourtant déjà palpable. Ils ne s'en sortiront pas comme ça. Ils vont payer pour le mal qu'ils ont fait. Tes enfants sont morts, il est l'heure de venir porter le jugement et de donner la sentence. Nulle autre que la mort.

Ce n'est pas la première fois que tu sautes hors de l'eau sur le pont d'un baleinier, mais à chaque fois, ces idiots commettent la même erreur. N'ont-ils jamais entendu parler de ta légende ? Du bourreau au trident qui leur rend de la monnaie de leur pièce ? Tu pensais pourtant qu'avec le temps, ta simple existence suffirait à en dissuader certains d'essayer, comme une menace invisible planant au-dessus de leurs têtes. Mais pas eux, visiblement. Trop téméraires, ou trop stupides. Leurs balles ne t'atteignent pas. Soit elles ricochent sur ton armure, soit tu les évites grâce à ta vitesse hors du commun, soit ils te ratent complètement, les mains tremblantes sous les émotions qui les assaillent. Un petit jeu sournois qui accroit leur peur et leur tension. Parfait, tu ne voudrais pas les tuer trop rapidement. Pas avant d'en avoir profité un peu, de les faire souffrir comme ils ont fait souffrir ces pauvres bêtes. Que le spectacle commence. Tu envoies ton trident voler à l'autre bout du pont, et esquisses un sourire satisfait quand les pointes s'enfoncent dans l’abdomen d'un homme cloué au bois de la cabine. « Je suis Ocean Master, roi des océans, et je viens réclamer justice pour vos actes ignobles. » Les hurlements commencent. Et chacun d'entre eux te procure un frisson jubilatoire le long de ton échine.

AVENGEDINCHAINS

Assis à la petite table ronde de ta cuisine, Clark et toi riaient aux éclats devant cette délicieuse tarte aux noix de pécan que tu avais préparé spécialement pour lui. Tu appréciais énormément ces moments de complicité avec ton cousin. Ils étaient devenus légion depuis ton retour d'Apokolips, depuis que Kal-El t'avait sauvé des griffes de Darkseid. Toi qui avais toujours eu le sentiment d'être une intruse, d'être inutile... Tu avais finalement compris que tu avais eu tout faux et qu'il t'avait tout simplement éloigné de lui un temps pour ton propre bien, et non pas parce qu'il ne voulait pas de toi à ses côtés. Prendre conscience de cela avait été une véritable libération et depuis, Clark et toi étiez devenus très proches, une vraie famille. Cependant, et ce comme c'était le cas dans de nombreuses familles, tu avais malgré tout quelques reproches à lui faire. Il était absolument adorable avec toi, il prenait soin de toi, il s'inquiétait même pour toi... justement, il s'inquiétait un peu trop. Clark avait tendance à te couver, à te surprotéger et, à tes yeux, il avait même tendance à te sous-estimer. Tu étais bien consciente du chemin qu'il te restait encore à parcourir pour ne serait-ce que te hisser à sa hauteur. Mais parfois, son attitude était blessante envers toi et tes capacités. Tu savais bien que ce n'était pas intentionnel, Kal-El ne te voulait assurément aucun mal. Mais le fait était là... Parfois, tu souffrais vraiment de ne pas être prise au sérieuse, d'être considérée comme une... apprentie justicière. Et c'était exactement ce que tu avais ressenti ce jour là, ce qui allait te pousser vers l'un des épisodes les plus sombres et les plus douloureux de ton existence. Et dire que tout cela n'était parti que d'une simple tarte.

Ce jour là, alors que vous partagiez un moment complice et agréable, Clark avait été contacté par la Justice League, une mission dangereuse, une mission de la plus haute importance. Tu ne faisais pas parti de la ligue, toi même tu savais que tu n'en avais pas encore la carrure. Tu devais continuer à faire tes preuves et mériter ton nom de Supergirl. Malgré cela, tu n'avais pu t'empêcher de proposer ton aide à Clark. Après tout, vous aviez les mêmes pouvoirs, à ses côtés, tu étais certaine d'être à la hauteur. Mais visiblement, lui n'avait pas partagé ce sentiment. Il avait esquissé un sourire, non pas hautain ou méprisant, mais un sourire affectueux et protecteur. Il avait décliné ton offre, préférant que tu restes en sécurité à Métropolis, que tu gardes un oeil sur les autres potentielles menaces. Il fallait un gardien en son absence et c'était toi. Mais à tes yeux, cela se traduisait par "tu n'es pas de taille Kara, reste à ta place" et tu en avais été profondément blessée. Orgueil et fierté mal placées d'une jeune femme en devenir, d'une jeune femme trop inexpérimentée qui voulait aller plus vite que la musique. Malgré cela, tu n'en avais rien montré à Clark, tu t'étais contentée de sourire, comme toujours, avant de prendre une bouchée de tarte. Et, en un coup de vent, littéralement, ton cousin s'était envolé, te laissant seule et abandonnée dans cette petite cuisine. Comme un sempiternel remplaçant sur le banc de touche. Etais-tu donc cela? Une simple remplaçante, attendant dans l'ombre de Superman de pouvoir montrer au monde l'étendue de tes capacités? C'était en tout cas le sentiment que tu avais eu à cette époque. Tristement, pathétiquement, tu avais fini ton bout de tarte dans le silence le plus complet. Puis, tu avais emballé les restes et lavé l'assiette dans l'évier. Tandis que toi tu jouais à la parfait bobone, ton cousin, lui, sauvait très probablement le monde quelque part.

Tu ne pouvais pas rester ainsi à te morfondre chez toi, tu ne pouvais pas rester ainsi avec toutes ces pensées négatives qui ne te ressemblaient pas. Non tu étais plus forte que cela Kara. Tu décidais alors de faire honneur à la mission que Clark t'avait confié, car finalement, il n'y avait que cela qui comptait. Protéger les innocents, contrer les menaces, quelles qu'elles soient. Et dans cette mission, il n'y avait pas de moindre mal, il n'y avait pas de petites ou de grandes victimes. Juste des vies à sauver ou à améliorer. En une fraction de secondes, tu te parais de ton costume de justicière, arborant fièrement l'emblème de ta famille. Eux aussi tu voulais les rendre fiers. Dans les heures qui suivirent tu avais donc enchainé les sauvetages sans rechigner à la tâche, sans en évaluer la moindre importance. Un chat perché dans un arbre, une vieille dame à qui on avait volé son sac, un carambolage sur l'autoroute principale, un incendie de forêt... Tes interventions avaient été plus ou moins héroïques et variées. Tu voulais faire plus, alors tu prenais le temps de jeter un œil aux infos. Un tremblement de terre au Japon... Trop tard un autre héro avait déjà tout réglé. Un avion et tous ses passagers en péril... Trop tard un autre héro avait encore une fois déjà tout réglé. Tu baissais les bras Kara Kent, ce n'était pas ce jour là que tu allais pouvoir faire tes preuves. Mais était-ce finalement si grave que cela? Tu souriais, alors que tu survolais le sud de l'Europe. Tu repensais au sourire de cette petite fille, ravie de récupérer son chat sain et sauf. Tu repensais à cette vieille dame qui t'avait chaleureusement tenu ta main et t'avait offert un caramel mou pour te remercier de lui avoir rendu son sac où se trouvait la seule photo de son défunt mari. Tu repensais à ces parents qui, les larmes aux yeux, t'avaient serré dans leurs bras parce que tu avais sauvé leur bébé de la carcasse d'une voiture en flammes. Tu repensais à tous ces animaux sans défense que tu avais préservé des erreurs des Hommes en sauvant leur habitat.

Oui tu n'avais pas sauvé le monde ce jour là, Kara Kent, mais tous ces sourires, toutes ces personnes que tu avais individuellement protégé et sauvé, ça en valait largement la peine. Et si c'était cela ta destinée alors tu l'acceptais volontiers. Il n'y avait pas de plus belle récompense à tes yeux que tous ces sourires sincères et bienveillants. C'était cela aussi, le rôle d'un justicier. C'était donc le cœur gonflé à bloc et le sourire aux lèvres, que tu reprenais le chemin de Métropolis. Tu ne repensais même plus à ce qui t'avait tant blessé et fait réfléchir devant cette tarte. Tout aurait donc pu s'arrêter là et ta vanité ne t'aurait pas pousser vers l'obscurité. Mais c'est bien connu... le destin aime jouer des tours. Et celui qu'il allait te jouer ce jour là serait bien corsé. C'est ton ouïe qui t'avait d'abord alerté. Le vent avait porté des cris et des coups de feu jusqu'à toi, pourtant à des milliers de kilomètres de là. Puis en te rapprochant, ce fut ton odorat qui confirmait le danger. L'odeur de la mort et celle du sang. Et finalement, ce fut ta vue qui t'informa sur l'ampleur de la tâche car le responsable de tout cela, tu le connaissais. Dès que tes yeux s'étaient posés sur lui, tu l'avais reconnu. Ocean Master. Frère d'Aquaman, ennemi dangereux, cruel, instable et éminemment recherché. Tu ne l'avais jamais affronté ni même rencontré, mais tu n'étais pas du genre à te laisser intimider. Tu devais intervenir. Tu savais que tu en avais les capacités. Tu aurais tout de même dû alors appeler du renfort, tu le savais... Pourtant... Tu ne l'avais pas fait... Finalement, l'épisode de la tarte était plus tenace que tu ne l'avais pensé, et inconsciemment tu avais saisi cette opportunité pour te confronter à un ennemi de taille, pour prouver ta valeur et gonfler ton orgueil. Tu ne contactais personne et entreprenais d'affronter l'Atlante seule. Grossière erreur Kara, tu t'en mordrais les doigts. Mais sur l'instant, sur le moment, tu avais été certaine des biens faits de ta décision. Tu avais été trop présomptueuse.

Le terrible spectacle des cadavres de baleines encerclant les bateaux de pêche t'avait enserré le cœur. Tu aimais les animaux, tous les animaux. Qu'ils soient dans l'eau, sur terre ou dans l'air. Voir un tel massacre t'avait donc effectivement brisé le cœur et tu en avais eu le souffle coupé durant de longues et interminables secondes. Tu étais comme tétanisée. Puis ces cris... Ce chaos... Tu avais été rappelée à l'ordre. Oui c'était horrible, oui tu avais envie de pleurer ces pauvres baleines qui n'avaient en rien mérité un tel sort si cruel et barbare... Mais un autre mal était entrain de se jouer, d'autres vies étaient en danger et celles là tu pouvais les sauver. Ce n'était pas évident ni même agréable de se battre pour protéger de tels monstres. Mais si tout se réglait par la violence, si tout se réglait œil pour œil, dent pour dent, à quoi bon se battre pour un monde meilleur, plus tolérant et plus juste. Il n'appartenait à personne de décider de la vie d'autrui même lorsque cette vite appartenait à la pire pourriture que la Terre ait jamais porté. Voilà des valeurs auxquelles tu tenais, des valeurs envers lesquelles tu étais intransigeante. Tu comprenais la douleur et la fureur d'Ocean Master, vraiment, mais tu ne pouvais pas, tu ne voulais pas, le laisser faire. Et même si tu aurais préféré cracher à la face de ces pourritures plutôt que de leur tendre la main... tu te lançais vers eux pour sauver leur misérables et répugnantes existences. Car c'était cela aussi la mission ingrate d'un justicier. Le revers de la médaille. Tous méritaient d'être protégés et sauvés, mêmes les pires créatures. Dans la lutte contre le mal, il n'y avait pas de différence. Tu observais alors l'homme au casque, il était rapide, fort et terriblement efficace. Les humains hurlaient, ils étaient terrifiés. Ils n'avaient aucune chance contre lui.

Perdus au milieu de l'océan, tu allais devoir aller à la confrontation pour espérer tous les sauver. Voyant le trident de l'ennemi fondre vers un de ces pêcheurs encore en vie, tu te précipitais vers lui pour intercepter l'arme et sauver l'homme. La guerre était déclarée mais tu ne voulais pas de cela, tu ne voulais pas d'une guerre. Tu voulais d'abord essayer de parler, de le calmer. Peut être parviendrais-tu à le convaincre de ne pas commettre le pire, de stopper son massacre. En tout cas, tu l'espérais. Que tu étais naïve Kara Kent. « Arrête ça roi des Océans... » Disais-tu, le trident d'Ocean Master à la main, te dressant entre lui et ses futures victimes. « ...ces hommes méritent de payer mais pas de ta main, pas d'un tel prix. On ne combat pas un monstre en en devenant un. Laisse moi m'occuper d'eux et offre une sépulture décente aux tiens. Tu peux me croire, je ne les laisserai pas impunis. Je t'en fais la promesse. » Tu étais sincère Kara, tu compatissais réellement à la douleur du roi des Océans, tu la ressentais aussi, tu étais vraiment attristée par la mort de ces baleines. Mais malheureusement il était trop tard pour elles. Ni lui, ni toi, n'étiez arrivés à temps. Tu le déplorais sincèrement mais le passé ne pouvait être changé, tu devais t'occuper du présent. Lui non plus tu ne le laisserais pas impuni. Ocean Master devrait lui aussi répondre de ses actes mais pour le moment, ton objectif principal était de l'éloigner pour sauver toutes ces vies humaines. Et si pour cela tu devais le laisser t'échapper, alors tu le ferais. Tout ce que tu voulais, à cet instant précis, c'était faire cesser le bain de sang. Tu t'occuperais de son cas plus tard.

AVENGEDINCHAINS

Ce n'est pas la première fois que tu t'adonnes à un tel carnage, loin de là, mais la satisfaction reste la même. Toujours, tu aimes entendre leurs cris vibrer jusqu'à tes oreilles, tout autant que tu aimes sentir leur sang sur les pointes de ton trident. Tu as toujours été ainsi, un dominant avec la farouche envie de prendre le dessus sur tes adversaires. Jadis, c'est dans l'arène que tu réglais tes comptes, avec la même détermination dont tu fais preuve aujourd'hui. Combien d'hommes as-tu tué au nom de la justice ? Beaucoup. Parfois parce qu'ils osaient s'élever contre toi, parfois parce qu'ils méprisaient ta fiancée, mainte et mainte raisons qui te poussaient à sceller leur destin dans l'anneau de feu. Habitude que tu tenais de ton père, et que tu as fait perdurer, désireux de maintenir le respect envers votre famille. Est-ce que c'était trop ? Est-ce que tu t'es perdu sur le chemin de la violence ? Probablement. Mais tu ne regrettes rien. Les Atlantes y voyaient une façon de se divertir, et toi, tu parvenais à tes fins, en éliminant définitivement les indésirables. Aujourd'hui, tu as été banni de la cité, mais la colère reste la même. Ces hommes que tu pourchasses à travers les océans sont l'équivalent de tes opposants à Atlantis. Tu ne supportes pas que l'on te tienne tête, c'est vrai, mais tu détestes encore plus que l'on touche à ton peuple. C'est un crime qui peut n'avoir aucune autre issue que la mort, et c'est bien elle que tu comptes propager sur tout le bateau. Le schéma, tu le connais par cœur, il va se répéter, inlassablement. Ils essayent de se battre, ils essayent de t'arrêter, mais leur combat est vain. Tu t'amuses de leur échec et de leur faiblesse, pitoyable tentative de mettre des bâtons dans une roue qu'ils ne pourront jamais stopper. Certains te supplient de ne pas leur faire de mal, cherchant à attirer ta compassion en te parlant de leur famille, et c'est sans doute eux que tu méprises le plus. Ceux qui n'assument pas leurs actes, et qui s'imaginent que leurs crimes puissent être rachetés sous prétexte qu'une femme et des enfants les attendent à la maison. Est-ce qu'ils ont eu de la pitié pour ces baleines ? Non, aucune. Alors tu en feras de même, tu les traiteras de la même façon, et avec la même rage. Impitoyable.

Mais cette fois, pourtant, est différente. Ton trident est arrêté brutalement dans sa course, et c'est dans la main d'une femme qu'il se trouve désormais. Qui ose ? Ce que tu peux les haïr ces êtres moralisateurs. Ce que tu peux haïr leurs discours vident de sens. Qu'est-ce que la justice, pour elle ? Que tous finissent derrière des barreaux ? Mais ce crime est autorisé, là est tout le problème. Personne ne les empêche de chasser. Que ce soit les baleines, ou toutes les autres espèces de la surface. T'as bien vu de quoi ils étaient capables, et t'as vu aussi que le crime restait impuni. Qui qu'elle soit, elle ne pourra rien arrêter. Quelle triste naïveté que de s'imaginer le contraire. « Ceci ne te regarde pas ! Va t-en avant de le regretter. » Tu grognes de colère à l'égard de la nouvelle arrivante. Sans doute l'une d'entre eux, l'une des héros de pacotille qui refusent de franchir la ligne de la moralité pour faire ce qui est juste. Cette planète se porterait mieux s'ils ne s'évertuaient pas à combattre des gens qui ne cesseront jamais leurs méfaits à moins d'être définitivement rayé de l'existence. Tu ne crois pas en leur combat, tu ne crois pas en leur pouvoir ou en leurs valeurs, alors non, tu ne te t'arrêteras pas. Tu ne laisseras aucun de ces pêcheurs rentrer tranquillement chez lui ce soir, et surtout pas pendant que l'océan pleurera encore de nouvelles pertes. Tu en as assez, tu ne veux plus entendre parler de leur justice caduque qui emprisonne ses criminels pour mieux leur permettre de ressortir peu de temps après. Le mal qui ronge cette planète, c'est eux, c'est les Hommes qui n'ont de cesse de détruire et de semer la mort partout où ils passent. Pourquoi ne le voit-elle pas ? Ce n'est pas toi l'ennemi, c'est eux. Et si elle veut vraiment t'empêcher d'abattre ton courroux, alors elle est elle aussi ton ennemi.

Lassé et agacé par son intervention, c'est d'un saut rapide que tu réduis les quelques mètres qui vous séparent. Très bien, si elle veut t'arrêter, alors qu'elle le fasse. Ta main sur son cou, tu cherches à attaquer vite et efficacement, pour lui passer l'envie de se mettre en travers de ton chemin. « Ils ne méritent pas ton aide. Et ça ne vaut vraiment pas la peine de mourir pour eux. » Car si elle refuse de laisser tomber, c'est ce qui arrivera. Tu resserres ta poigne, l'emprisonnant sous tes doigts pour la priver de son souffle. Tu ignores qui elle est, ni de quoi elle est capable, mais de par son apparence et sa façon de voir les choses, tu devines déjà un amateurisme justifié par sa jeunesse. Elle ignore ce qu'elle vient de provoquer. Si la Ligue toute entière s'est rassemblée pour t'arrêter, que s'imagine t-elle pouvoir faire toute seule ? Dans un environnement qui n'est pas le sien, et où tu disposes d'un contrôle presque absolu. Déjà, la tempête se lève, les nuages gris recouvrent le ciel. La foudre approche, le tonnerre gronde au loin. Tout fait écho à la rage qui t'anime et qu'elle vient d'envenimer avec son intervention désespérée, et nourrie par un idéal de justice qui n'existe plus depuis longtemps en ce monde. Et bientôt, tu feras appel à la mer pour qu'elle exprime elle aussi sa colère. Tu n'as que faire de sa promesse, tu ne crois pas en ses mots, pas une seule seconde. Cette guerre ne la concerne pas, mais elle va en devenir l'un des dommages collatéral.  

AVENGEDINCHAINS

Tu le voyais au peu de son visage qui dépassait de son casque... tes paroles n'avaient aucun sens pour lui. Il était aveuglé par sa colère et sa rancœur. Aveuglé par sa tristesse et sa fureur... Tu savais alors d'ores et déjà que tu perdais ton temps. Il n'existait nul dialogue possible avec des êtres aussi en colère. Mais tu avais voulu tenter, tu n'avais pas voulu regretter car pour toi, la violence ne doit pas engendrer la violence. Tu avais eu une lueur d'espoir, très certainement naïve et stupide, que tu pourrais peut être trouver les mots pour régler ce conflit de la meilleure manière qui soit. Mais Ocean Master ne semblait pas disposé à t'en donner l'occasion. Tu fronçais les sourcils, sincèrement navrée. Tu croyais encore à ce moment là que tu pouvais peser dans la balance, que tu pouvais l'affronter et le repousser. Tu étais persuadée que tu pouvais sauver tous ces hommes d'une mort certaine à toi toute seule. Que tu étais présomptueuse et arrogante Kara Kent, tu ne t'en rendais même pas compte. Mais ta soif de bravoure, ton désir ardent de vouloir prouver ta valeur, t'avaient aveuglé toi aussi. Vous étiez donc deux aveugles, campés sur leurs positions. L'affrontement était inévitable et sa violence serait proportionnelle à la rage qui vous alimentait tous les deux. L'homme t'affirmait alors que cela ne te regardait pas, que tu devais partir si tu ne voulais pas le regretter... Les criminels pensaient toujours ainsi. Qu'il s'agissait de leurs histoires et qu'ils pouvaient donc faire ce qu'ils voulaient indépendamment des autres. Quel égoïsme, quelle suffisance. A partir du moment où des vies étaient menacées, cela te regardait car personne n'avait le droit de prendre la vie d'un autre en toute impunité. Personne n'avait le droit de se prendre pour Dieu, même pas Ocean Master. Le monde ne fonctionnait pas ainsi. Ça ne pouvait être œil pour œil et dent pour dent. Agir ainsi, uniquement guidé par la vengeance et la fureur... c'était s’enfermer dans un cercle vicieux de noirceur infinie. C'était devenir le mal absolu et cela te regardait. Tu ne pouvais laisser déferler une telle vague sur le monde que tu protégeais.

Le roi grognait alors de colère, tel un animal prêt à bondir sur sa proie. Et c'était exactement ce qu'il était désormais à tes yeux, un animal sauvage, une brute, que tu ne pourrais malheureusement raisonner que par la force. Dans tes yeux, la déception, la frustration et la résignation. Tu lui avais offert une autre option, une digne porte de sortie, il l'avait refusé, alors tu emploierais sa méthode pour le combattre, même si tu détestais cela. « Tu menaces la vie de ces hommes alors ça me regarde, que tu le veuilles ou non. Je ne partirai pas. » Répondais-tu en serrant les poings et en prenant bien appui sur tes deux jambes, prête à accueillir son attaque imminente. Sa colère le pousserait à agir vite et fort, tu le savais. Tout pouvait arriver d'une seconde à l'autre et tu devais être prête. Tu n'avais jamais affronté d'Atlantes, tu ne les connaissais que très peu à vrai dire, tu avais encore tant à l'époque à découvrir. Tu savais que tu devais rester vigilente à chaque instant, tu allais découvrir sur le tas un nouvel ennemi et tu allais devoir t'adapter, vite, très vite. Et ça commençait tout de suite, sans préliminaires ni préface. D'un bond, Ocean Master se plantait devant toi, enserrant ton cou de sa main ferme et déterminée. S'il avait pu séparer ton corps de ta tête à cet instant précis, nul doute qu'il l'aurait fait. Tu étais surprise, impressionnée, inquiète même... tu devais l'avouer, mais tu tentais de ne rien en montrer. Clark et Diana t'avaient inculqué cela, ne jamais dévoiler ses faiblesses à l'ennemi. Le roi des océans te disait alors que ces hommes ne méritaient pas ton aide. Il ne comprenait pas... Tu ne voulais pas aider ces hommes, tu condamnais leurs actes, au même titre que Master. Tu n'étais pas l'alliée de ces monstres, pas plus que tu n'étais la sienne. Mais tu ne pouvais pas le laisser les tuer en détournant le regard sous prétexte que tu étais d'accord avec lui. Cela était inhumain, cela était impensable. Et toi, même si au fond tu n'était justement pas humaine, tu ne voulais pas devenir le même monstre que ces sales types.

Saisissant avec fermeté et force le poignet du roi pour te dégager de son emprise, tu plongeais ton regard dans le sien. « Tu ne comprends pas, je ne veux pas les aider. Je condamne comme toi ce qu'ils ont fait à ces pauvres créatures sans défense. Je ne suis en rien leur alliée. Mais je ne peux pas te laisser les tuer ou ils gagneront. Nous devons les combattre et les faire cesser autrement. Tu ne dois pas forcément lutter dans les ténèbres. Ne fais pas d'eux des martyrs. » Disais-tu alors que tu te libérais progressivement de sa main. Le temps changeait alors autour de vous, la tempête montait. C'était lui bien sûr, qui d'autre? Une lueur d'angoisse traversait alors ton regard, tu n'avais su la retenir ou la dissimuler. Car tu le savais Kara, tu ne pourrais être sur tous les fronts. Et si les vagues se déchainaient, si elles engloutissaient le navire alors que tu t'acharnerais à combattre le roi, tu ne pourrais rien faire pour les humains. Tu t'étais faite prendre au piège et déjà tu sentais l'étau se resserrer autour de toi, mais il était trop tard. Tu commençais à comprendre ton erreur mais tu ne voulais pas perdre espoir, tu ne voulais pas perdre la face. Tu te battrais jusqu'au bout, tu ne reculerais pas face à l'adversité ou la fatalité. Une seule solution se dessinait alors dans ton esprit. Éloigner la menace autant que faire se peut. Le ralentir, le dissuader de continuer. Utilisant ta super force, et ta super vitesse pour donner plus de poids à l'impacte, tu frappais le roi avec son propre trident, l'expulsant du bateau, au moins pour quelques instants. Juste le temps que tu lances son arme à des kilomètres de là, comme un javelot. Puis, tu ordonnais aux hommes de s'enfermer dans la cale et d'attendre ton retour. La mer était déchainée, ce n'était même pas la peine qu'ils essaient de s'échapper. Ils feraient pire que mieux. Sans attendre une seconde de plus, tu t'élevais dans les airs, observant la surface de l'eau. C'était difficile avec la tempête qui grondait autour de toi mais tu ne lâchais rien. Dès lors qu'il surgirait à la surface, tu attaquerais...

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