american horror story (adopte un mec) | John, Caroline & Carol

La Nouvelle-Orléans. Paradis de l’occulte, du bizarre, de l’étrange, et de tout un tas de patchworks de croyances aussi diverses que variées qui transformaient l’endroit en véritable bazar de la magie. Quand on était mystique, il suffisait d’y poser le pied pour être assailli de toutes parts par ces innombrables effluves de magie, comme un pauvre hère dans une parfumerie en overdose. John Constantine, lui, affectionnait ce désordre ambiant, aimait se perdre dans ce dédale de couleurs, d’influences et de courants qui n’avaient ni queue ni tête, et dont tout le monde s’en foutait, qu’ils n’aient ni queue ni tête. L’anarchie battait au cœur de la Nouvelle-Orléans, dans ses viscères les plus profonds, et il aurait été bien marri qu’il en soit autrement. Et puis, évidemment, la Louisiane avait quelques autres connotations, dans le monde joyeux et bigarré de John Constantine. Des racines qui s’enfonçaient au plus profond du bayou, dans ces marais sans fin qui avalent le monde et où ne survivent que les monstres. Tirant sur sa cigarette, John se demanda si Swamp Thing avait senti sa présence – probablement, rien ne lui échappait, sur ses terre, à celui-là. Mais pour une fois, ce n’était ni Swampy, ni le reste de la famille du marais, qui avait attiré John sur les terres du vaudou. Un constat qui soulagerait sans doute sa plante verte géante préférée, tiens.

John n’avait jamais été très friand des foires, et encore moins de celles comme celle dans laquelle il venait de poser le pied – thème occulte, indiquaient les prospectus, et ma foi, il tenaient parole, pour le coup. L’imagerie évocatrice d’une certaine magie noire – pentacles, têtes de démon, grimoires, chaudrons de sorcière, tout y était – était absolument partout, à chaque stand, chaque attraction. Forcément, quand, comme lui, on en faisait sa profession, tous ces gimmicks profanes criaient au factice et perdaient de leur attrait pour la distraction pure, mais autour de lui, le public avait l’air de passer un bon moment, entre les gosses qui couraient dans tous les sens, les ados sortis en bande braver la maison hantée, et les couples et groupes d’amis venus passer un peu de temps dans un autre monde. Et lui ? Et lui avait rendez-vous, paraissait-il. Avec pas une, mais deux demoiselles. Après quelques minutes de marche, John atteignit le lieu de rendez-vous, juste devant la maison hantée, où il semblait être le premier arrivé. Timing impeccable, semblait-il.

Pendant un instant, très bref, John se sentit vaguement coupable d’avoir ainsi chipé la place d’un autre – mais il avait besoin d’une couverture pour obtenir un ticket d’entrée à cette foire, et voilà, il l’avait trouvée là, dans un bar, où un type s’était vanté auprès de ses copains de sa participation à un drôle de blind date, et John n’avait eu qu’à garder un œil sur lui et saisir la première occasion pour lui dérober sa lettre de confirmation et le billet pour la foire qui y était attaché. Et, pour ne pas éveiller les soupçons, John avait décidé d’aller jusqu’au bout de la chose, et de profiter de la compagnie des deux femmes pour jeter un œil discret à cette drôle de foire, dans laquelle, d’après une source plus ou moins sérieuse, l’occulte n’était pas que factice. S’il pouvait vérifier en s’amusant un peu, où était le mal ? Oh, en tout bien tout honneur, évidemment – il était un homme pris pour de bon, désormais – mais on s’amusait toujours plus en groupe que tout seul, à ce genre d’événement, pas vrai ? Adossé au panneau indiquant la maison hantée, John attendait, se demandant bien sur qui il allait tomber, quand une première silhouette sembla s’avancer vers lui. « ‘ello miss. Marraine la bonne fée m’a donné rendez-vous ici pour aller au bal. A toi aussi, à tout hasard ? » Savait-on jamais. Et puis, s’il ne s’agissait pas d’une de ses cavalières, il n’aurait qu’à attendre un peu plus longtemps. Il avait tout son temps, pour une fois.

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Adopte un mec? Sérieusement? C'était quoi ce concept encore? Carrie fit la moue devant le mail, un de ses amis l'avait inscrite sans vraiment la tenir au courant et avait accompagné le tout d'un magnifique et très classe "amuse toi bien" accompagné d'un smiley qdont la morale réprouve l'explication. Mouais, non pas que Carrie ne soit pas intéréssée dans le fait de trouver l'amour, mais ses critères étaient sans doute trop élevés pour le commun des mortels et pour les minables qu'on trouvait dans ce genre de rendez-vous, c'était d'un triste et d'un ridicule consommé, en plus ça attirait les pervers comme des mouches. Mais bon elle n'allait pas faire faux bon, même si sortir de sa Gotham natale la terrifiait au plus haut point, l'avion jusqu'à la Nouvelle-Orléans était fort heureusement piloté par un pro car aucune turbulence ne fut à signaler durant le trajet, à peine le temps de prendre sa valise qu'elle était embarquée par un taxi direction une foire de l'étrange, si elle avait voulu se taper un freakshow elle n'avait qu'à traîner à Gotham après 2H00 du mat, les gens bizarres y pullulaient, mais bon il faillit rester, ouverte, positive et joviale, c'était le plus important, après tout il était apparemment prévu que ce soit loin d'être barbant au vu du mone qu'il y avait, si le date était rasoir elle se rattraperait sur les lieux et les diverses curiosités, un peu d'exotisme ne faisait jamais de mal. Elle descendit du véhicule après un passage par la case hôtel, le thème de ce soir était propice aux déguisements alors elle avait pris un costume de ninja fait maison pour le dernier Halloween, vêtue de noir, un Ninjato factice dans le dos et sa cagoule remontée sur le nez, ses lunettes trônant avec fierté entre elle et sa tignasse rousse coiffée en pics. Elle était prête à débarquer.

Il y avait un monde incroyable et un membre de l'association la mena vers un lieu de rendez-vous, elle fut vite laissée dans un chemin un peu sombre ou elle semblait s fondre dans les ombres, bizarres tout ça, elle avançait prudement, les sens en alerte, quand elle vit plus loin quelqu'un qui sembla la remarquer alors qu'elle s'approchait, blondinet sur la fin de trentaine, elle pouvait sentir l'odeur de clope d'ici, un vrai cendrier humain. Elle avait le don pour tomber sur des champions internationaux visiblement. Pas de photo préalable, elle n'avait qu'à partir du principe que son ouverture originale était une salutation. Elle nota l'accent anglais, il était loin de chez-lui le rosbeef vieillissant, bon et bien ce n'était pas ce soir qu'elle tomberait sur l'élu, mais c'était bien tenté. Ses lunettes de vue brillèrent dans l'obscurité alors qu'elle faisait son apparition dans la lumière, elle observa de plus près le portrait étrange offert par son date de ce soir, sympa le trenchcoat de pervers, c'était pas de saison mais soit, c'était un style. Elle sourit sous le masque en le faisant un peu mariné.

-Tu as tué mon père! Prépare toi à mourir cabron!

Bon c'était pas exactement la réplique et elle avait pas le bon costume. Mais elle ponctua son entérée un scène d'un mouvement de kung-fu qui semblait tout droit sortit d'un mauvais film. Le tout se ponctua d'un éclat de rire cristallin.

-Salut le british, moi c'est "Pile électrique", Carrie Kelley.

Sa main se tendit vers le blondin dans un geste amical.

-On est au complet?

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Pando

Elle avait quel âge, cette gosse ? Dix-sept, dix-huit ans ? Pratiquement l’âge d’être sa fille, pour ainsi dire – presque l’âge qu’avait sa vraie fille, d’ailleurs, mais cette pensée-là, il la chassa très vite de son esprit, parce qu’il n’était pas venu pour se prendre une nouvelle crise existentielle dans la figure en plein blind date dans une foire locale. Mais au moins, elle avait l’air marrante, la gamine, à jouer le jeu jusqu’au bout avec son costume de ninja et ses références cinématographiques que Chas n’aurait pas décriées. Bien content de ne pas être tombé sur une gamine véritablement venue avec l’intention de rencontrer le véritable amour, visiblement, John se laissa même à rire, amusé par cette drôle de rencontre, et accepta la main tendue. « Easy, Inigo Montoya. Y a quand même plus épique qu’une foire comme coin pour une vendetta. » rétorqua-t-il en lui serrant la main. « John Constantine. » Voilà, présentations faites, lui n’avait pas de costume rigolo ni de double identité derrière laquelle se planquer, si sa dégaine la faisait fuir, au moins, elle savait à quoi s’en tenir. « Nan, il nous manque une participante. On fait une sortie de groupe, apparemment. » répondit-il à son interrogation, ses yeux scrutant la foule pour apercevoir la dernière luronne invitée.

Et la dernière invitée n’était pas tout à fait une inconnue au bataillon. Est-ce que c’était vraiment Carol Ferris, qui allait se pointer à la fête, ou est-ce que quelqu’un avait eu la facétieuse idée de se faire passer pour la femme d’affaires la plus prolifique de Coast City, et peut-être de la côte ouest ? Sa réponse, il l’eut bien rapidement, en avisant la jeune femme, sa longue silhouette drapée dans une élégante robe blanche, s’avancer vers eux. C’est qu’ils étaient presque en famille, dites. « Ravi de te revoir aussi, love. » dit-il en lui retourna sa salutation, avant d’arquer un sourcil et d’esquisser un sourire de fripouille. « Ferris-Jordan ? C’est donc officiel, eh ? » Constantine, suivre les aventures et mésaventures amoureuses des uns et des autre dans club des capes et collants ? Allons, un peu de sérieux. C’était son métier de tout savoir, c’est tout. « Félicitations alors, Mrs Ferris-Jordan. Ce bon vieux Hal a son propre blind date ou le mariage n’est qu’à moitié ouvert ? » demanda-t-il sans s’embarrasser et diplomatie, bien trop heureux de saisir la moindre occasion offerte de verser dans la gentille provocation. En toute amitié, en plus.

Et maintenant que la bande était au complet, ils pouvaient tous les trois se lancer dans l’exploration de cette drôle de foire. Carrie et Carol constitueraient la couverture parfaite pour lui permettre, à lui, de fouiner sans avoir l’air d’y toucher, alors il n’avait plus qu’à se laisser porter par le vent. Finalement, il avait vraiment bien fait de s’inviter à ce petit événement hors des clous. « Mesdames, j’espère que vous êtes prêtes à célébrer Halloween à l’avance. » lança John en commençant à marcher, un peu au hasard, en direction de la maison hantée juste à côté d’eux, puisqu’il fallait bien commencer quelque part. « Récapitulons. Dans notre petite bande, nous avons donc une femmes d’affaires spécialisée en aviation mariée, un occultiste en mal de sensations fortes, et… » Il tourna la tête vers la rouquine – de loin, on aurait presque pu croire à deux parents et leur gamine en sortie familiale, sauf que Carrie ne ressemblait ni à l’un ni à l’autre. Deux babysitters, à la rigueur. « Et toi alors, Carrie ? Qu’est-ce que tu fais quand t’es pas occupée à te déguiser en samourai… » Oui, la provoc’ était délibérée. « Et à aller à des blind dates avec des vieux croûtons comme nous ? »

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Sa mâchoire manqua de se décrocher, ce mec existait vraiment? Elle avait aidée des amies dans leurs délires occulto-chelous fut un temps, des trucs à base de bougies, de tables de ouijas et de doigts se touchant dans le noir, elle avait vu pas mal de truc sur un certain John Constantine, un nom tellement particulier qu'il se suffisait à lui-même pour le qualifier comme canulard, et pourquoi pas Bobby Istanbul? Après il ,fallait dire que les récits autour du mystérieux démonologiste qui hantait le dark web et certains forums de mecs complétements déjantés était peut-être réel. C'était à prendre avec des pincettes, Carrie n'avait pas vraiment eut d'intro au surnaturel en bonne et due forme, mais il y avait eut cette histoire étrange dans l'entrepôt avec un le masque funéraire. Elle frissonna un instant en imaginant les ramifications de tout ça puis le balaya, elle se faisait des films à force de voir des supers à tout les coins de rue ces dernières semaines. Calme toi Carrie, c'est peut-être juste un plaisantin aux goûts bizarres, en tout cas sa poignée de main est franche et avant de la doucher sur place avec son namedropping, il avait l'air cool, il ne semblait pas un si mauvais gars que ça le british. A peine confirmé que le petit veinard n'avait pas un, mais deux rendez-vous, qu'une voix se faisait entendre, Carrie cru reconnaître la voix au début et se retourna, frôlant la crise cardiaque devant la femme qui venait de faire son entrée.

Si elle n'avait aucune idée de ses liens avec les Star Saphires et les lanterns de manière générales, Carrie avait fait un exposé sur Carol Ferris au lycée, femme d'affaire et aventurière, pilote de talent, un genre de Amelia Earhart mixé à Beyoncé, en plus d'être une absolue et incomparable bombe sexuelle bien évidement. C'était l'air de la Louisiane ou il faisait un peu chaud là? Carrie se sentait soudain minuscule et insignifiante face à une femme de sa trempe. Sa robe blanche était du plus bel effet et incroyablement plus intelligent que son costume de Ninja, ses épaules se baissèrent un peu de désespoir en comprenant qu'elle n'aurait sans doute jamais la moitié de la classe de cette femme. Elle fut vite replongée dans la réalité quand Constantine la salua au calme, presque les mains dans les poches et un verre de bière à la main, comme un vieil ami. Attendez une minute, les éléments ne collaient pas là, c'était louche, bizarre, quelque chose se cachait là dessous. Elle ne laissa rien paraître, restant naturelle comme quand elle était troublée par un détail sur scène, son sourire ne disparaissant pas sous le masque. John avait en tout cas tout du beau parleur, prenant l'initiative sur l'excursion, le petit coquin, il sembla s'interroger sur la seule inconnue du groupe, elle porta la main au visage et baissa la protection camouflant son visage. Souriant suite à sa petite provocation amicale sur sa tenue, elle se doutait qu'il savait ce qu'était un Ninja. Elle parodia une révérence devant ses deux aînés en se présentant humblement.

-Etudiante le jour et barmaid la nuit, il faut bien gagner sa vie. Ce soir je vois le monde hors de Gotham pour la première fois.

Elle huma l'air maintenant que le masque n'atténuait plus les odeurs.

-Ça sent bizarre, mais différemment que là-bas.

Elle imaginait que eux deux avaient dut en voir de belles, Carol avait dut voyager dans le monde entier et John, et bien il devait venir à son accent caractéristique qu'il ne camouflait absolument pas de Londres, elle avait d'ailleurs une accent anglais proche de la perfection, elle s'entraînait toujours à maîtriser celui des écossais par contre. Bon il y avait aussi le fait qu'elle "omettait" ses activités de Robin non-officiel, mais ça ne regardait personne ça. En tout cas il s'était présenté comme occultiste, ce qui confirmait les dires d'internet, qui était ce mec bon sang?

-Occultiste hein? I ain't affraid of no ghost.

Son regard se porta sur Carol avec un sourire gêné et un peu de rouge sur le visage.

-Si je peux me permettre, je suis une fan, votre conférence au forum des entrepreneurs as tourné une fois par semaine sur mon ordinateur le mois après sa sortie, vous êtes une admirable oratrice.

Elle avait du mal à réaliser que c'était réel et que quelqu'un d'aussi cool soit en train de lui adresser la parole.

Pando

« Gotham born and raised. Toutes mes condoléances. » rétorqua John à Carrie avec amusement. Quoi, elle se payait sa tête, il se payait sa tête, c’était de bonne guerre dans ce monde injuste, et quiconque attendrait de John Constantine qu’il épargne une gamine sous prétexte que c’était une gamine, ne l’avait visiblement jamais rencontré. En attendant, c’était Carol, la célébrité du moment, apparemment, ce qu’il trouvait un peu vexant, parce qu’on lui disait plein de choses à John Constantine, mais rarement qu’il était bon orateur. Baratineur, escroc, casse-pied, menteur, parasite, ça oui, mais pour lui faire des compliments ou lui manifester un peu d’estime, hein ? Là, évidemment, y avait plus personne. « Nerds. » souffla-t-il dans sa barbe pendant que les deux jeunes femmes se laissaient aller à leur petit moment de complicité entre… passionnées d’entreprenariat, d’aviation et d’aéronautique, ou il ne savait quoi d’autre. Lui, en attendant, s’attardait sur les environs, tous sens aux aguets afin de repérer le je-ne-sais-quoi qui allait peut-être le mettre sur la piste de ce qu’il était venu trouver ici. Il y avait déjà du monde à cette foire, des couples, des familles qui riaient aux éclats. Et John de se demander, évidemment, si les rumeurs sur cet endroit disaient vrai – et si oui, combien d’entre eux étaient susceptibles de disparaître d’ici la fin de la nuit. Bienvenue dans le joyeux monde de Constantine.

La voix de Carol l’arracha à ses joyeuses pensées, et il se retourna pour la gratifier d’un regard interrogateur, puis d’un rictus de véritable sacripant, marque de fabrique de la famille et de sa Liverpool natale, qui ne produisait que des sales gosses dans son genre. « Tant mieux. Je m’en voudrais que mon charme de gentleman anglais ne te fasse oublier ton mari. A moins que l’accent ne suffise ? » demanda-t-il en connaissant très bien la réponse, mais ce n’était pas pour autant qu’il s’empêcherait de rigoler un peu, par la barbe de Merlin. Surtout aux dépens de ce brave Hal. Un chouette type, Hal. Enfin, de ce qu’il en avait vu. Et aussi le genre de type sur les nerfs duquel il prendrait sans doute un malin plaisir à taper si l’occasion se présentait – sorry Jordan. Mais, visiblement pas en reste, Mrs Ferris-Jordan passa son bras sous le sien, visiblement déterminée à transformé le cabot en prince charmant pour la soirée. Well. Good luck with that. John soupira, mais ne chercha pas à se dégager, acceptant son sort. Pour le moment.

« Bien, si vous n’avez peur de rien ni l’une ni l’autre, je propose de commencer par la maison hantée. Elle m’a tapé dans l’œil dès qu’on est arrivés. » Et, sourire de chat de Cheshire suspendu aux lèvres, il les regarda l’une après l’autre, ses étranges cavalières. « Mon sixième sens me souffle qu’il se passe quelque chose d’intéressant là-dedans. » Et si on ne faisait pas confiance au sixième sens d’un spécialiste, à quoi d’autre pouvait-on se fier, hein ? Encadré de ses deux compagnes, John poussa même le vice jusqu’à aider Carol et ses talons hauts à naviguer sur les planches de bois qui menaient au perron et à en gravir les marches. Un employé de la foire leur intima de patienter, le temps que les précédents visiteurs avancent assez dans leur tour pour éviter que les deux groupes ne se rencontrent trop vite et ne brisent l’immersion ; et enfin, ils obtinrent le feu vert, et sans se départir de son air de fripouille, John ouvrit la porte en bois à ses cavalières. « Mademoiselle, madame. Après vous. » Alors, hein ? Gentleman. John s’engagea à leur suite dans la maison, referma la porte derrière lui, et marqua un temps d’arrêt dans l’entrée pour lever les yeux et admirer le décor – un peu kitsch, mais convaincant, dans un drôle de mélange entre vieille maison gothique et maison de Norman Bates. « Alors, Carrie Kelley ? Etudiante en quoi, exactement ? On vous prépare à affronter des esprits frappeurs, à la fac ? » Bizarrement, il en doutait. « Fans de films d’horreur, toutes les deux ? Ou trop matures pour croire à toutes ces histoires ? » demanda-t-il en enfonçant les mains dans les poches de son manteau. Peut-être y avait-il quelque chose ici, peut-être n’y avait-il rien. Dans tous les cas, il avait drôlement envie d’en avoir le cœur net.

Spoiler:

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Si il était définitivement louche, ce Constantine faisait ce qu'il fallait pour se mettre Carrie dans la poche, elle adorait ces petits échanges de blagues, pas susceptible pour un sous, elle était fière de venir de Gotham, une ville qui faisait rêver bien d'autres mégalopoles malgré ce qu'on en disait et malgré les statistiques de criminalité, elle était tout aussi fière d'être une nerd patentée, le genre à regarder des vidéos obscures de conférence juste par ce qu'il y avait des trucs intéressants dedans, elle n'avait honte de rien dans ce qui la composait. Le veston rouge était piquant, mais il ne pouvait percer sa carapace de confiance, elle comptait de toute façon lui rendre la pareille si il était joueur, et puis elle ne sentait aucune malice dans ses moqueries, cela faisait visiblement partie de son caractère, autant dire que beaucoup de gens devaient exécrer un homme à la langue aussi pendue.

Carol de son côté la surprenait par sa proximité quasi immédiate, elle ne s'attendait pas à être tutoyée avec autant de sympathie par une personne de son calibre, elle s'attendait plutôt à se sentir comme un misérable vermisseau indigne de sa classe et de sa prestance, ça en disait long sur le charisme qu'elle dégageait, elle avait le chic pour mettre un rapport de confiance en quelques mots bien choisis. La suite fut cependant à la limite du cocasse quand Carol décida de prendre ce rendez-vous en main en bonne femme de pouvoir, saisissant leur incongru cavalier de la soirée sous le coude et l'intimant à faire de même, ce qu'elle fit sans même se poser de question, trop contente d'en apprendre un max. Ses deux compagnons de soirée semblaient bien se connaître, personne de sain d'esprit ne se permettrait de parler ainsi à une femme comme madamme Ferris. Leur petit jeu dénotait d'une relation quelconque, mais il ne voyait pas une scientifique comme elle engager un occultiste, ça semblait un peu farfelu.

Puis vint une proposition intéressante mais étrange au vu de la situation, il proposait d'aller dans une maison hantée ou "il se passe quelque d'intéressant", Carrie fronça brièvement le nez, elle savait que le surnaturel avait sa place dans cet univers, mais ils étaient à une attraction, c'était un attrape-nigaud forcément, non pas qu'elle ne ressente pas la peur ou déteste ces endroits, Amusement Mile proposait son lot d'attractions intéressantes à Halloween, mais elle était malgré tout curieuse, bien que méfiante, ce mec n'était pas entièrement clair même si il lui était sympathique. Elle préférait garder l’œil ouvert et se remémora ses mouvements de self defence, coup de coude à la gorge puis attaque de genoux au testicules avant de courir pour sa vie, pas forcément l'anglais, il était l'ami de Carol, il ne pouvait pas être si mauvais qu'il en avait l'air. Sa petite plaisanterie lui tira un sourire.

-Non, je suis trop occupée à construire les pièces des fusils à proton pour ceux qui embrassent cette noble carrière. J'ai pris électronique, autant obtenir un diplôme utile tant qu'à y être.

La suite acheva de l'installer comme un homme empli de facétie.

-Mr Constantine, nous vivons dans un monde ou une femme est capable de manipuler la fabrique même de la réalité avec une baguette magique, un costume de scène à bas-résille et un haut de forme pour seule arme. Ou un homme peut invoquer la foudre et faire trembler la terre. Si ça se trouve les licornes existent, vous vous dites occultiste, voyons voir ce que vous valez Sherlock Venkman.

Elle prit de l'avance et se trouva vite à cinq mètres devant, elle prit une pose assurée, les poings sur les hanches, les pieds un peu écartés, torse légèrement bombé.

-Je parie une tournée de barbe à papa que cet endroit est une attraction classique, vous tenez ou l'eau de la tamise qui coupe votre bière de détective à trenchcoat à affaibli vos tripes? Je vous prévient je prends toujours double dose sur les délices sucrés, c'est ma faiblesse. Vous en pensez quoi madame Ferris?

Impossible pour le moment de se résoudre à la tutoyer, mais elle était vraiment curieuse d'avoir l'avis d'une femme aussi respectée sur la question. Le sixième sens et le reste c'était peut-être abusé non?

Pando

Ni l’une ni l’autre n’avait peur des mauvais esprits – alors dans ce cas, c’était à leurs risques et périls, puisque John Constantine n’allait certainement pas se laisser pousser une conscience et renoncer à son job sous prétexte que deux jeunes femmes avaient décidé de lui tenir compagnie le temps de cette aventure. Et puis, parmi les deux femmes en question, il y avait une Star Sapphire, un poil plus héroïne que lui sur le spectre des capes et collants – si tout partait en couilles, elle sauverait forcément la gamine, pas vrai ? Mais oui. Tout irait bien. C’était donc en se débarrassant totalement et sans remords aucun de tout sens des responsabilités envers l’une ou envers l’autre que John haussa les épaules et contempla la pièce dans laquelle ils se trouvaient. « Oh, les licornes existent. Belles saloperies. Si t’en croises une un jour, fuis. Très loin. » Enfin, pouvaient exister, sous les bonnes conditions. Comme à peu près tout et n’importe quoi sur cette planète. En magie, ce n’était jamais les formules magiques et les ingrédients, qui comptaient : c’était la conviction, c’était l’imagination, c’était la croyance et la foi pure et dure, qui servait de fuel pour donner corps à l’impossible. Y compris des putains de licornes, si on le voulait. Ou des fantômes errant dans des maisons hantées en Louisiane.

« Bon, puisque vous voulez parier, pari tenu. Mais faites-moi plaisir, si un truc nous tombe dessus, ou si je vous dis de prendre vos jambe votre cou, vous le faites sans discuter, compris ? » suggéra-t-il en tapant dans ses mains, avant de prendre une longue inspiration. Allons, c’était juste une visite de routine. Tout irait bien, peut-être auraient-ils une belle frayeur, mais personne ne mourrait, pas vrai ? Curieux, John leva les yeux pour contempler le décor environnant – une réplique d’une maison southern gothic tout ce qu’il y avait de plus typique du coin, sombre, bardée de plantes grimpantes en tout genre et de tableaux datés d’un autre siècle qui conféraient aux lieux des airs de maison de Winchester sans le côté bordélique issue de l’esprit d’une vieille dame un peu dérangée. Et, supposément, dans cette maison, errait un truc qui n’avait rien à y faire. Et John était bien décidé à trouver quoi. Il suffisait de ne pas s’arrêter aux apparences – une attraction de fête foraine – et de soulever le voile du réel pour se permettre de jeter un petit coup d’œil derrière. La routine. Rien que la routine.

Finalement, John décida de s’engager dans un couloir au hasard, ses deux compagnes sur ses talons. Et, très vite, l’atmosphère changea – effets de lumière, ou véritable aura ? Plus aucun son ne leur parvenait de l’extérieur. Plus aucun bruit de pas qui auraient pu appartenir à d’autres visiteurs. Rien qu’eux trois, et un épais silence, et la pénombre épaisse à peine éclairée par quelques fausses bougies le long du corridor. « J’ai fait deux-trois recherches avant de venir ici. » déclara-t-il pour meubler le silence, tout en guettant attentivement le moindre mouvement dans le noir. Et par ‘faire quelques recherches’, il voulait dire qu’il avait demandé à Vestibulan, le démon enfermé dans son portable, de faire le sale boulot pour lui en exploitant la magie de Google. « Une ado s’est tuée dans cette foire il y a une trentaine d’années. Tombée d’un balcon de cette maison hantée après un pari stupide avec ses potes. Et, comme on est en Louisiane, il y a évidemment une dizaine de rumeurs de cimentières cachés sur lesquels la foire serait construite, ou de sorcellerie vaudou qui aurait maudit le site. » expliqua-t-il en effleurant un mur des doigts – comme si sa main effleurait un voile invisible. Oh oui, il y avait quelque chose ici. « Le tout, c’est de savoir quoi, exactement. » ajouta-t-il dans un souffle ; quand, soudain, un bruit sourd résonna au-dessus de leurs têtes. John tressaillit et leva les yeux vers le plafond. Le silence retomba, oppressant. « … vous avez entendu ça, vous aussi ? » Des fois qu’il perde la boule. Ce serait pas la première fois, après tout.

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Les licornes? De belles saloperies? Il avait trop bu l'anglais? Elle était assez perplexe, après tout, si toutes ces choses étaient du domaine du possible, ne pas y avoir été exposé plus que ça faisait que l'esprit de Carrie, aussi ouvert qu'il soit et réceptif, avait une certaine perméabilité au surnaturel, elle refusait de croire qu'à chaque coin de rue pouvait se planquer un esprit frappeur, c'était trop gros et la plupart de ces choses s'expliquaient assez bien d'elles même en général. Les gens voulaient souvent voir ce qu'ils avaient envie de voir, vouloir faire partie du surnaturel du monde, se croire investit de quelque chose, d'un pouvoir, la vérité c'est que ce monde était souvent cruellement ennuyeux et qu'on y pouvait pas grand chose. Bon ok enfiler une tenue de Robin et botter des culs c'était sans doute vouloir elle aussi échapper à un quotidien un peu morne, mais elle le faisait aussi pour Batman, pour suivre son exemple, pas pour un quelconque sentiment de réconfort, elle avait en elle sa propre force, sa propre énergie, voilà qu'elle commençait à penser aux mêmes conneries que ses parents, à croire que c'était génétique la philo new-age. Son cœur manqua par contre un battement quand madame Ferris, PDG et femme respectable l'encourageât à la tutoyer, un petit rire débile ne manqua pas de s'échapper de sa bouche et elle rougit au delà du raisonnable, ce qui avec sa peau diaphane ressortait d'autant plus. Ça faisait bizarre, le seul autre "personnage d'influence" qu'elle avait tutoyé auparavant était Damian Wayne, le fils du milliardaire Bruce Wayne, mais il était plus jeune qu'elle, là c'était clairement différent, elle se sentait soudain importante de pouvoir tutoyer quelqu'un de son calibre. Un sentiment nouveau pour elle. Le british eut cependant le don de faire retomber l'ambiance d'un seul coup, il se la jouait un max celui-là, comme si il allait réussir à lui faire peur avec son blabla sur les esprits et ses grands airs. Comme si la baraque était pas assez flippante en elle-même, c'était un truc à la scooby doo sans doute. Si il n'était pas ami avec mad... Carol elle aurait tout de suite pensé qu'il faisait partie de l'attraction ou un truc du genre, les caresses de mur, la petite histoire flippante digne d'un mauvais film d'horreur. Un cimetière indien franchement, du vaudou? Sornettes que tout ça, ils étaient dans un endroit qui devait faire entrer de l'argent, forcément que leurs effets spéciaux se devaient d'être cools.

Elle ricanait quand un bruit sourd résonna au dessus d'eux, la faisant sursauter, ok ils avaient de bon timing, elle revenait tout juste de baisser sa garde. Constantine semblait suspicieux, et elle se demandait si il avait pas préparé un coup tordu le blondinet, peu importait, elle nota soudain l'absence de bruit et fit une gimace, un réducteur de son? Sans doute un truc comme il y en avait pour couvrir les bruits d'hélice de hélicos furtifs, la pénombre au fenêtre devait venir d'une technologie de vitre sans teint quelconque, ils étaient bien équipés quoi, pas mal pour une fête foraine, ça devait foutre les foies aux gugusses qui perdaient leur temps ici, mas elle était fait d'un autre bois, elle se fendit d'un petit tsk méprisant en avisant l'escalier qui montait à l'étage, y'avait sans doute un guignol planqué en haut, ridicule. Elle s'approcha de l'escalier et regarda en haut, il y avait une porte, ses pied faisaient craquer le plancher des marches à chaque pas, ce truc était décidément très bien pensé, et elle ouvrit la porte, la poignée glacée fut vite relâchée et elle posa les yeux sur une grande salle qui avait dut servir à stocker quelque chose, aucun signe de personne, le mécanisme devait être intégré au plafond sans doute, u haut parleur quelconque. Elle ne ferma pas la porte et redescendit, toujours en faisant craquer les marches, elle sentait de l'air frais descendant de l'étage par la porte toujours ouverte, elle avisa Constantine du menton et lui fit signe de la main.

-Peut-être un truc qui est tombé, cette baraque tombe en ruine. Je vous l'ai dit que tout ça c'est des histoires, leurs effets spéciaux sont bien foutus, mais honnêtement ça vaux que dalle si on s'y penche cinq minutes.

Elle haussa les épaules avec un petit rire, inconsciente que derrière elle, le haut du crâne et les yeux dépassant par dessus son épaule, une tête spectrale flottait, peu distincte, mais bien présente. Et ce depuis qu'elle était redescendue.

Pando

Est-ce qu’il le voyait, ce visage flottant à quelques centimètres à peine d’une Carrie complètement inconsciente de ce qui se tramait juste derrière son crâne ? Oh oui, il le voyait. Il le voyait, il le sentait, dans cette façon que l’air avait de changer et de refroidir, alors qu’ils venaient, tous les trois, tout juste de mettre un pied dans l’horreur. L’atmosphère avait une façon de glisser, comme ça, sitôt que l’on quittait le domaine du réel pour s’aventurer dans cet entre-deux dont les morts, les esprits, et le bizarre avaient fait leur royaume échappant à la compréhension humaine et à leur portée trop limitée d’être rationnels. Peut-être que Carrie et Carol n’en avaient pas conscience ; John Constantine, lui, avait trop souvent marché le long de cette route, vu sa raison divaguer à force d’être confrontée à l’insoutenable, pour ne pas en reconnaître les signes avant-coureurs. Ils avaient voulu une maison hantée, ils l’avaient eue. Ce que lui n’avait pas anticipé, c’était de s’y retrouver avec une Star Sapphire et une gosse de Gotham à laquelle un esprit énervé avait visiblement décidé de s’attacher parce qu’elle avait été un peu trop curieuse.

Un cri d’outre-tombe à glacer les sangs – John sentit la peau de sa nuque frissonner d’effroi alors que l’ectoplasme hurlant et vociférant entrait en collision avec le bouclier énergétique de Carol ; qui aurait cru qu’une flic intergalactique serait utile dans la lutte contre les fantômes, hein ? Learn something new everyday. En tout cas, Carol était sur l’affaire, Carrie avait l’air de plus ou moins toujours tenir sur ses deux jambes, alors jusqu’ici, il comptait tout ça comme une victoire, hein. « Je crois que t’as vexé quelqu’un, Carrie. Carol, retiens-la et rejoins-nous ! » s’exclama-t-il en entraînant la rouquine par le bras pendant que Carol continuait de faire ce qu’elle faisait le mieux – la superhéroïne pendant que l’expert du coin foutait le camp en kidnappant une ado parce que pour le moment, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire. Entraînant Carrie dans son sillage, John remonta le long du corridor à la recherche d’une échappatoire – ou plutôt d’une planque – et en trouva une en la forme d’une salle de réception à peu près aussi glauque que le reste de la baraque. « Carol ! » s’écria-t-il pour lui intimer de les rejoindre – et un vacarme infernal précéda la Star Sapphire, le fantôme renversant tout sur son passage en cherchant à les rejoindre. Dès que Carol franchit les portes de la pièce, John les referma brutalement derrière elle.

Une formule bricolée à la va-vite alors qu’il verrouillait la porte d’un tour de passe-passe, et ils étaient à nouveau en sécurité – pour le moment. Son sceau improvisé ne garderait pas leur nouvelle copine dehors indéfiniment. Il fallait donc penser à la riposte. « Esprit frappeur. Sûrement furieuse d’être coincée là au lieu de passer dans l’au-delà, se défoule comme elle peut sur tout ce qui passe. Pire que des ados en pleine crise, ces machins. Faut qu’on s’en débarrasse. Carol – continue de faire ce que tu fais, ça a l’air de marcher. Je vais commencer à préparer un cocktail qui la renverra où elle était censée aller, avant qu’elle ne s’accroche à cet endroit comme une ventouse. Et Carrie… » John contempla un instant la gamine – qu’est-ce qu’il était censé foutre d’une gosse, dans cette situation, hein ? « … t’es jeune, tu sais te servir d’un smartphone ? Essaye de nous trouver ce que tu peux sur cette fille. Doit bien y avoir des légendes urbaines ou des conneries du même genre. Plus on en saura, plus on aura de chance de l’attirer dans nos filets. » Et de s’en débarrasser une fois pour toutes.

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Quand Carole prit soudain un air sérieux, elle se figea, il était clair dans son esprit qu'une femme de son niveau ne s'abaisserait pas à une blague aussi minable, elle eut put s'attendre à un tel coup du maître du mystique qui les accompagnait, mais une PDG respectée c'était impossible. Elle obéit donc sans dire un mot aux ordres de celle dont elle ignorait les pouvoirs, simplement confiante dans le fait qu'elle avait sans doute mieux à faire qu'une plaisanterie minable, elle prenait bien garde à ne pas perdre même le temps de se retourner, la tête de Constantine ne faisait pas plaisir à voir non plus, comme si il avait peur, mais pas de la chose derrière elle, il avait plus la tête de celui qui s'attends à l'inévitable. Moins d'un demi-seconde après, un cri affreux la poussait à se jeter en avant et à rouler au sol à côté de Carol avant de se retourner, prête à faire face à tout ce qui voudrait bien se pointer, c'est là qu'elle vit l'aura Rose autour de la PDG, qu'elle vit l'anneau brillant d'une intense lumière à son doigt et le champs de force autour d'eux contre lequel s'écrasait la créature inlassablement. Pour une personne comme elle qui se documentait rigoureusement sur les supers ça ne voulait dire qu'une chose, et ce fut rapidement confirmé par la tenue qui se matérialisa au dessus de la robe.

Star Saphire. Elle ne put retenir sa mâchoire qui s'ouvrit comme pour y laisser passer son âme, ses yeux pétillaient d'excitation, elle avait TELLEMENT de questions. Mais pour l'heure, son courage insensé était requis pour une tâche bien plus importante, bien plus dangereuse aussi. Affronter l'esprit qui les agressait, mais comment ça s'affronte un esprit au juste? Elle sentit son bras entraîné par la poigne surprenament ferme de John, elle le suivit sans rechigner, laissant les pouvoirs de la bague se déchaîner derrière eux, il la précipita dans la salle et Carol ne tarda pas à les rejoindre dans le fracas impressionnant causé par l'esprit qui dévastait intégralement tout ce qu'il trouvait sur son passage tout en semblant ne pas trop souffrir des répliques de la Star Saphire. Une fois les trois fuyards dans la pièce, l'occultiste fit quelque chose à la porte qui semblait maintenir leur poursuivant hors de la pièce pour le moment, John pris en charge la situation avant de se tourner vers elle et... d'hésiter. Non pas qu'elle le prenait mal, elle avait conscience de ne servir à rien dans cette histoire, sauf si Carol lui laissait tester l'anneau, mais c'était impensable bien sûr. Il finit par lui donner un boulot exactement dans ses cordes.

Elle dégaina son smartphone d'un geste expert, il ne manquait qu'une punchline bien sentie façon Experts : Miami et elle avait presque l'air cool elle tapota frénétiquement sur l'écran, heureusement qu'elle avait doppé le matériel de base aux anabolisant car l'esprit semblait bel et bien avoir un effet sur le monde physique, c'était donc vrai ces histoire d'ondes électromagnétiques au final. Cela affectait malgré tout sa connexion et elle poussa quelques jurons en luttant contre les lenteurs de navigation. Cet endroit semblait surtout être le sujet de pas mal de rumeur, mais sur Dark Net une bande fondus de la chasse aux fantômes semblaient avoir fait un rapport plutôt exhaustif des faits.

-C'était pas une chute.

Elle hésita quelques secondes à parler.

-C'était un rituel selon les autorités locales, les responsables sont internés dans un établissement haute sécurité, des genres de satanistes sous Meth.

Le récit était horrible, le père de la pauvre gamine avait tout fait pour couvrir l'affaire et ne pas souiller le nom de sa famille et le potentiel avenir de ses autres enfants, un homme riche du coin mort depuis. Elle mit son écran sous les yeux de Constantine pour lui montrer le résultat de ses recherches.

-Quelle horreur.

Pas besoin de cimetières indiens pour rendre le truc passionant, l'affaire ayant été étouffée, les citoyens n'avaient plus que les ragôts et la rumeur avait terminé de tordre l'histoire originelle, un classique.

Pando

Sitôt que Carrie fit mine d’avoir trouvé les réponses à leurs questions, John se précipita à ses côtés, fébrile, pris dans l’adrénaline du moment alors que ses yeux déchiffraient à toute vitesse le texte sur l’écran qu’elle prenait le soin de répéter à voix haute. Tout s’expliquait. Ils n’avaient pas affaire à une mort accidentelle et un fantôme qui n’avait pas envie de passer dans l’au-delà, ils avaient affaire à une jeune femme sacrément furibarde d’avoir payé le prix d’un rituel tordu. Probable que ces tocards n’avaient même pas réalisé quelle connerie ils étaient en train de réaliser, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Et qui c’était, qui devait rattraper les pots cassés, maintenant ? Toujours le même, hein. « T’es de Gotham, tu devrais avoir l’habitude de l’horrible, non ? » commenta-t-il en gratifiant Carrie d’une tape sur l’épaule en guise de congratulations pour ses talents de détective. « Beau boulot. Tu devrais envoyer ton CV à Batman. » Et du coup, comme disait si bien Carol, restait la grande question que tout le monde dans l’assemblée se posait. On s’en débarrasse comment, de ce machin furieux qui devait avoir sacrément envie d’arracher la tête à tous les visiteurs qui passaient dans le coin ?

Malheureusement, John n’eut pas le luxe de répondre à cette question, les portes volant en éclats sous l’énergie de leur esprit frappeur, sans sembler faire grand cas du bouclier énergétique de la Star Sapphire, ce qui n’était pas exactement bon signe pour eux. La force du choc fit voler des couches de poussière et quelques accessoires qui allèrent s’écraser avec violence contre le mur opposé – et Carol, leur protectrice malgré elle, était à terre. Shit. Shit shit shit. « Hey hey hey, reste avec nous, chérie. » Marmotta John dans sa barbe en s’agenouillant précipitamment auprès de Carol pour s’assurer qu’elle était encore en un seul morceau – ouf, juste un peu sonnée. Enfin, il croyait. Il n’était pas médecin, après tout. Le hurlement de la morte résonna dans toute la maison hantée, et probablement au dehors aussi – déchirant, meurtrier, un son suraigu qui glaçait les os et les sangs, qui créait ce nœud de terreur au creux des entrailles et des sueurs froides le long de l’échine. Souffle coupé, tous les poils dressés sur ses avans-bras, John se força à tourner la tête pour faire face à l’esprit furieux. « D’accord, d’accord. On a compris, t’as la haine et tu cherches à te venger ? A faire payer à ceux qui t’ont coincée là ? Désolé chérie, mais tu te gourres de cible ! Ca fait une paye qu’ils ont foutu le camp, tes tourmenteurs, alors il va peut-être falloir passer à autre chose, maintenant ! »

… bon, son discours n’eut pas l’air de la convaincre – mais pendant un instant, un bref instant, John vit un changement dans son attitude. Un bref silence, un bref instant de perplexité sur son visage difforme de fantôme en peine. Elle écoutait. Oh oui, elle écoutait, fantômette ! Et si elle rugit à nouveau face aux paroles impertinentes de John, elle avait écouté, et elle avait compris, et c’était tout ce qu’il avait besoin de savoir. « J’ai une idée. » souffla-t-il à ses deux comparses. « Distrayez-la. Parlez-lui ! Sympathisez à sa cause, maudissez ses meurtriers, essayez de la consoler, racontez-lui le dernier épisode de Love Island, j’en sais rien, mais tapez la causette pendant que je tente quelque chose ! » Et sans leur laisser le plaisir de le contredire ou de lui dire d’aller se faire cuire un œuf, John disparut en profitant d’un nouveau cri strident et d’une nouvelle bibliothèque qui s’effondre. Il l’avait repéré, ce miroir au-dessus de la cheminée ; et pour le magicien adroit, un miroir, ça pouvait servir à toutes sortes d’astuces bien commodes. Comme, par exemple, quand on avait la flemme de s’adonner à un exorcisme complet, et qu’on n’avait de toute façon pas le nom de l’entité en question, créer une illusion en conjurant l’image de ses bourreaux pour l’attirer dans le miroir ; et soit la convaincre de partir de son propre chef, soit la piéger dedans, là où elle ne pourrait plus s’en prendre à personne.

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Gotham ou pas, il était impensable pour une personne comme Carrie d'accepter que ce genre de choses puisse se produire, les divers et hauts en couleurs super vilains de la ville étaient tous capables de bien pire que cela, Deacon Blackfire n'aurait rien à envier au style des tueurs locaux, mais il n'était jamais normal de ne pas se sentir choqué, interpellé, c'était ce qui faisait des humains des êtres dotés de compassion après tout. Elle aurait volontiers fait une petite leçon à John sur ces paroles fort peu emplies de considération envers la défunte quand la chaos se déchaîna, la porte céda et Carol fut envoyée au sol sous son regard impuissant, Carrie vit le spectre continuer son assaut furieux et un hurlement se fit sentir, son premier réflexe fut de se recroqueviller sur elle-même, les mains sur les oreilles dans un geste de protection naturel et basique, à peine ses mains baissées, le flot de parole du mystique à l'encontre de l'esprit lui fit tourner un regard empli de surprise sur l'homme en trenchcoat. Il foutait quoi là? Il voulait que tous le monde crève? Il avait appris la diplomatie chez qui? Elle vit l'esprit l'observer avec attention, il les aidait en attirant son attention. La rouquine inspecta rapidement Carol mais elle semblait plus sonnée qu'autre chose, un rapide examen de son crâne par passage de la main ne laissa aucune trace de sang ou bosse, juste un rougissement prononcé de son teint pâle pendant un bref instant. Elle l'aida donc à se lever quand John se tourna vers elles, beau boulot monsieur le magicien, énerver le méchant esprit et demander aux autres de le calmer, quel plan génial. Carol devait encore reprendre ses esprits, elle la lâcha pour se mettre entre elle et l'esprit, son regard déterminé, cette chose devrait lui passer sur le corps si elle voulait un morceau de ses potes. Le cri ne la fit pas flancher cette fois-ci, sa volonté combattant son réflexe animal primaire. Ses yeux verts fixèrent l'esprit.

-Irene, justice as déjà été rendue, tout tes assassins sont enfermés pour longtemps, ils ne seront plus jamais libre.

Elle était contente d'avoir autant entraîné sa mémoire en bossant dur, le nom du fantôme n'était apparu qu'une fois ou deux et son cœur battait à cent à l'heure, le rythme sembla même s'accélérer quand la forme éthérée sembla se tourner vers elle, elle serra les dents, elle ne flancherait pas, ses yeux verts étaient attentifs au moindre mouvement de la part de la chose.

-Je m'appelle Carrie Kelley, je suis à peine plus vieille que toi quand ces hommes t'ont tuée, je...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'elle sentit la chose tenter de s'en prendre à elle. Elle se propulsa sur la droite et à l'endroit ou elle se trouait le plancher éclata, elle repartit droit devant passant par dessus une table comme au dessus d'un cheval d'arçon , le corps droit comme un I et la tête en bas, à peine avait-elle quitté la table qu'elle se craquelait, comme compressée par une force invisible, ce truc avait une puissance démentielle, c'était dingue, elle termina son mouvement par une roulade au sol et se retourna pour se trouver nez à nez avec la chose qui l'avait suivie de près. Elle tenta le tout pour le tout en prenant appui sur le mur derrière elle et tentant de sauter par dessus la chose, le chandelier au dessus de la table ne supporterait pas son poids longtemps, mais elle comptait uniquement s'en servir une fraction de seconde. Son corps s'arc-bouta pour éviter d'entrer en contact avec l'ectoplasme comme celui d'un sauteur à la perche et ses mains entrèrent en contact avec l'objectif qui céda immédiatement avec une petit explosion, comme si le fantôme avait vu son plan à l'avance. Elle lâcha le chandelier et tenta de se rattraper au mieux dans sa chute mais ses pieds rencontrèrent la table qui céda sous l'impact et elle se retrouva au sol, encore un peu déboussolée, mais heureusement pas blessée, murmurant dans un petit râle de douleur une phrase qu'elle seule put entendre.

-On coupera la fin quand on parlera de ça à Batman je crois.

Pando

Bon, pour l’enquête discrète, il repasserait, hein, songea-t-il en entendant des bruits de bois qui craquent, de coups portés et d’explosions – ou alors c’était son imagination qui s’emballait – dans son dos. Rapidement, John jeta un œil par-dessus son épaule pour jauger de la situation, et constata qu’elle était à peu près aussi catastrophique que ce à quoi il pouvait généralement s’attendre. Il était presque agréable de constater que même avec une Star Sapphire dans les rangs, les affaires dont il se mêlait pouvaient inévitablement tourner au désastre. Au moins, il aurait ça à raconter à la Justice League Dark, la prochaine fois qu’ils auraient le malheur de se réunir pour une fin du monde ou autre prophétie catastrophique. Allez Constantine, remue-toi un peu, se sermonna-t-il face au miroir, devant lequel il se planta en espérant que les filles faisaient assez diversion pour que leur esprit frappeur préféré ne fasse pas attention à ses bêtises à lui. Un regard dans le reflet lui confirma que Carrie avait apparemment fait mouche – peut-être pas de la façon dont elle aurait voulu – et qu’elle était une admirable acrobate. Peut-être bien qu’il devrait la présenter à Batsy un jour, tiens. Elle n’était ni un garçon, ni brune, mais il avait bien une batgirl rousse, non ?

A nouveau, John interrompit ses préparatifs pour jeter un œil dans le miroir lorsqu’il entendit la voix de Carol retentir, visiblement bien énervée – uh-oh, shit’s getting serious. Attendez une seconde – mets-toi à l’abri derrière John ? « Je suis occupé ! » protesta-t-il, évidemment sans le moindre effet. Il grommela dans sa barbe, et décida qu’il était décidément temps de mettre fin à cette mascarade. Attrapant le vase posé sur le rebord de la fausse cheminée au-dessus de laquelle était suspendu le miroir, il le brisa contre un coin et ramassa un éclat trancha qu’il n’attendit pas une seconde avant de l’enfoncer dans la paume de sa main en grimaçant. Puis il pressa sa paume ensanglantée contre le miroir, dessinant dessus une série de signes dans un alphabet oublié en marmonnant dans sa barbe, à peine conscient de Carrie qui l’avait rejoint. Du travail bâclé, mais vu les circonstances, ça ferait l’affaire. « C’est maintenant que tout va se jouer. » marmonna-t-il, pour lui-même autant que pour la jeune fille, vers laquelle il se tourna pour lui tendre un chandelier attrapé là. « Quand le machine est dans le miroir, tu le casses. Sans hésitation. Compris ? »

Puis il se retourna, regardant par-dessus la balustrade pour voir où en étaient Carol et leur esprit frappeur et… « Bloody hell. C’est moi ou Carol a un peu changé ? » demanda-t-il en avisant le monstre qui semblait avoir pris la place de leur acolyte. Parfait. Formidable. Un esprit frappeur et une bête extra-terrestre possiblement meurtrière. Bon. Une chose à la fois, pas vrai ? « Plus qu’à espérer qu’elle se souvienne qu’elle est de notre côté, hein ? HEY. IRENE. » beugla-t-il à l’intention de l’esprit frappeur, oubliant tout ce qu’il avait pu leur dire sur la sympathie et l’empathie. Ils avaient, visiblement, dépassé ce stade-là depuis longtemps. Et dans le miroir derrière lui, des silhouettes s’agitèrent, moqueuses, tentatrices – ceux-là même dont Carrie avait dit au fantôme qu’ils croupissaient en prison pour les sévices qu’ils lui avaient infligés. C’était moche, c’était cruel – mais si ça marchait, ça ne faisait, à ses yeux, aucune différence. L’esprit frappeur laissa échapper un long cri, furieux, rageur, glaçant, brise-cœur, fit trembler l’air de la maison à son tour, visiblement perdu entre son envie d’en découdre avec Carol et celle de se précipiter sur ce miroir. « Carol ! Reste pas plantée là ! Vise le miroir ! » Et c’était maintenant que tout se jouait. « Carrie, si t’as une idée en plus, je suis preneur. » Plus on était de fous, plus on riait, pas vrai ?

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Le combat ne s'arrêtait pas, pendant un bref instant elle aurait juré voir un visage déformé par la rage dans l'amas d'ectoplasme, "bloody hell" comme dirait le Johny English qui les accompagnait. Elle entendit clair et précis Star Saphire l'urger de se mettre à l'abris, si elle doutait que l'amateur de trenchcoat soit un bouclier, elle n'avait pas le temps de mettre en perspective ses options. L'instinct pris le relais et elle roula sur le côté alors qu'un rayon d'énergie irradiait la zone, personne allait la croire si elle osait seulement parler de ça, elle prit appui sur le haut de son dos avant de se relever d'une impulsion agile, ses pieds connectés avec le sol, elle se précipita vers Constantine pendant qu'un rugissement retentissait dans son dos, faisant trembler tout dans les alentours, elle sentit ses jambes fléchir, mais des années d'excellence athlétique avaient fait d'elle un véritable chat et elle parvint à rejoindre John juste à temps pour voir Carol déchaîner les enfers sous ses yeux. Il semblait s'affairer sur un miroir avec... son sang? Merde! Il avait pas peur du tétanos celui-là, mais elle n'eut pas le temps de s'en inquiéter, il murmura quelques trucs bizarres et lui expliqua qu'il fallait briser le miroir une fois l'esprit dedans, Carrie aurait en temps normal émit quantité de doute, mais il n'y avait pas lieu de nier le surnaturel de la situation et le fait que Carol ait semblé connaître John, aussi incroyable que semblait sa demande, elle la remplirait sans hésitation.

Il sembla noter le changement d'humeur de Carol et elle se retint de lui dire que son emploi du terme "un peu changé" était emplis d'un ironie qui ne lui échappait pas le moins du monde, mais l'adrénaline dans son cerveau avait coupé toute sa verve habituelle, chaque fibre de son être se concentrait sur la survie et sur le moindre morceau d'information qu'elle pouvait tirer de cette situation ou elle n'avait aucune sorte de connaissance. John restait en retrait, ils restaient tous en retrait, à distance de cet esprit qui les attaquait, ils jouaient en défense, tentant de le piéger, Carol était la première à faire preuve d'un esprit plus frontal dans l'approche. Et pour la première fois l'esprit avait reculé, elle se maudit pour son idée et nota que Carol avait maintenu en respect là ou la table était fracassée. Elle réfléchit une demi-seconde avant que son courage insensé ne prenne le dessus et qu'elle saisisse l'imposant miroir avant de se précipiter vers l'amas d'ectoplasme en hurlant bien fort pour attirer son attention. Au fond d'elle Carrie priait tous les dieux existant que son plan fonctionne, un hurlement glaçant lui répondit et elle propulsa le miroir devant elle, ce dernier sembla effacer l'ectoplasme sur son passage avant de s'éclater sur les deux parties de la table fendue par le passage de la rouquine auparavant, Carrie sembla se préparer à la suite, les bras positionnés devant elle prêt à se défendre de quelque chose quand l'irradiation rose émanant de Carol la ramena à la réalité, elle passa son regard sur John.

-Et on fait quoi maintenant?

Pando

Un esprit frappeur de moins. Un… truc bizarre et propre terrifiant venu de l’espace en plus ? John avait beau s’être fait une spécialité de jouer au fanfaron, face à une Star Sapphire en évidente roue libre, il n’en menait pas tout à fait large ; et face à une Carrie qui posait les bonnes questions, du genre ‘et on fait quoi maintenant’, il n’avait strictement aucune idée de la réponse. Il était spécialiste des fantômes, des démons, des légendes urbaines pas si légendes que ça, des dieux et de tout ce qu’il pouvait bien se balader de surnaturel sur cette foutue Terre – ce qui pouvait venir d’autres planètes, en revanche, ça sortait complètement de son domaine d’expertise. « Euh… si jamais t’es croyante, je crois que c’est le moment où tu fais une ou deux prières pour nous tirer de là. » rétorqua-t-il à la gamine, les yeux rivés sur la monstruosité rose et violette qui avait l’air sacrément déterminée à en découdre ; et très vite, John passa en revue toutes ses options possibles. Un portail dimensionnel pour échapper à la furie de ce nouveau monstre à toute vitesse ? Un sort d’illusion pour se carapater pendant qu’il regarderait ailleurs ? Une invocation pour appeler Trigon à la rescousse ? Bordel, voilà, c’était pour ça aussi qu’il n’aimait pas travailler en équipe. On ne savait jamais vraiment quand les copains pouvaient débloquer et devenir les nouveaux méchants de l’histoire.

Heureusement, la voix de Carol perça à travers le voile du monstre intergalactique – convainquant aussitôt John que peut-être, juste peut-être, ils n’allaient pas mourir d’une manière horriblement humiliante et ridicule par attaque d’alien alors qu’ils se baladaient juste dans une maison hantée de fête foraine. Cachez-vous ? Pas besoin d’en dire plus : John attrapa Carrie par le bras et l’entraîna derrière lui avant de renverser une table en guise de bouclier, d’extirper un couteau dépliable de son imperméable, et de s’entailler la main avant de dessiner des symboles sur la surface boisée à la hâte et de marmonner un sortilège à la va-vite. Et d’un seul coup, une explosion de lumière – il n’y avait vraiment pas d’autre mot. Une lumière aveuglante, une énergie terrassante qui lui coupa le souffle et l’aurait probablement fichu par terre sans cette table et ce sort de protection improvisé sur l’instant ; Constantine grimaça, leva un bras pour se protéger, espéra que Carrie y avait pensé aussi avant de devenir aveugle… Et d’un seul coup, c’en fut fini. Un silence presque palpable retomba dans la pièce, et John rabaissa son bras, et consentit à rouvrir les yeux. Ils étaient encore en vie. Quel coup de bol.

Prudemment, John se releva de sa planque pour s’assurer que tout danger avait bien été écarté ; puis il tendit la main à Carrie pour l’aider à faire de même et s’assurer qu’elle ne s’était pas trop fait mal dans tout ce capharnaüm. « C’est comme ça à chaque fois que tu fais équipe avec quelqu’un, ou c’est contre moi en particulier que tu tiens rancune, madame Ferris-Jordan ? » demanda-t-il, sans parvenir à réprimer un demi-sourire moqueur et soulagé, qu’il allégea d’une cigarette rapidement coincée entre ses lèvres. « Dommage, si on oublie le petit dérapage de fin, tu t’en es plutôt bien tirée comme exorciste du dimanche. » ajouta-t-il, toujours plein d’esprit, avant de se tourner vers Carrie. « Navré de t’avoir embarquée là-dedans, kiddo. Mais tu t’es bien débrouillée, toi aussi. Si jamais finalement l’école et les sciences, ça te gonfle, t’auras peut-être un avenir dans les investigations paranormales. » Il farfouilla un peu dans les poches de sa veste, et en sortit une carte de visite à moitié pliée en deux, qu’il aplatit entre ses mains avant de la tendre à la jeune fille. « Tiens, si jamais. Il se passe toujours des trucs louches à Gotham. Va savoir quand tu pourrais avoir besoin d’un expert – et je t’en dois une. » Bon. Mission accomplie, personne n’est mort – enfin, de ce qu’il en sait – et c’est encore l’heure d’aller boire une pinte. Finalement, elle n’aura pas été si perdue que ça, cette journée, songea-t-il en remontant le col de son imperméable d’un air satisfait. « Mesdames, je vous dirais bien à la revoyure, mais… pour votre bien à toutes les deux, c’est sans doute mieux que je m’abstienne, c’est ça ? » Sans rancune, hein. Mais pour aujourd’hui, au moins, le bilan n’était pas trop catastrophique.

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La chose qu'était devenue Carol avait bien failli finir le travail de l'esprit, Carrie avait sentit tout les poils de son corps se dresser face à ce qui aurait put être la dernière chose qu'elle verrait sur terre. Si au fond d'elle elle n'avait pas douté une seule seconde que Star Saphire ne leur ferait aucun mal, la pensée avait fait plus qu'effleurer son esprit. Elle avait déjà affronté bien des dangers, le syndicat du crime avait plus d'une fois mis ses petites missions de sauvetage avec les volontaires en danger, mais jamais elle n'avait ressenti l'imminence et la proximité de sa mort à ce point, elle avait compris que face à une telle puissance, elle n'était rien, qu'elle ne pouvait pas agir si il avait pris à Carol l'envie de les oblitérer, là tout de suite. Elle voyait les rouages de l'esprit de Constantine travailler à toute vitesse, le british avait plutôt bien joué ses cartes jusqu'à maintenant, mais il semblait à cours d'idée, Carrie devait agir, elle se releva en posture basse, une main au sol, presque en position de starting block, dieu ne les sortirait pas de là, aucun dieu.

Les paroles de Carol, prouvant qu'elle luttait pour le contrôle, était déchirantes, snnaient presque comme un adieu, mais Carrie savait qu'elle ne pouvait rien faire pour l'aider en cet instant, ce n'était pas son rôle. Le contact de la main de John la guida sur le chemin à suivre pour sortir de là, à ce stade, elle aurait suivi Darkseid en personne pour se sortir de ce merdier, mais bizarrement elle faisait confiance à John, elle savait que derrière ses manières étranges, il y avait quelqu'un de bien. Elle se mit en position foetale, pieds et fesses sur le sol, les mains sur les oreilles, la bouche entrouverte, elle ne savait pas ce qui allait se passer, mais si cela devait être de nature explosive elle savait quoi faire. John s'entailla la main et fit rapidement une sorte de dessin improvisé, le pauvre semblait avoir besoin de souffrir beaucoup pour faire usage de cette dernière, comme si le miroir juste avant n'avait pas suffit. Ses yeux se fermèrent et un puissant flash lumineux se fit sentir au delà de ses paupières, le coc la traversa et elle tomba au sol en basculant, toujours en position fœtale.

Elle ouvrit les yeux pour voir la main de John, elle n'allait pas mentir, c'était un soirée qu'elle n'oublierait pas de sitôt, elle attrapa l'avant bras de l'anglais pour se relever et le remercia avec un grand sourire, au moins il n'avait pas laissé ses manières de gentleman au fond de son paquet de cigarette en traversant l'atlantique. Elle s'en sortait plutôt bien, sa tenue de ninja aurait besoin d'être refaite et elle aurait quelques bleus et égratignures mineures, mais rien de bien méchant, une bonne douche, une nuit de sommeil et un peu de désinfectant devraient faire l'affaire, elle cicatrisait plutôt bien. John se fendit d'une petite plaisanterie, elle avait perdu le pari, mais rencontré des gens intéressant, la soirée n'était pas si mal que ça quand elle y pensait.

-Je vous avait bien dit que je n'avait pas peur des fantômes. Et je penserait à vous la prochaine fois que je tomberait sur une maison hantée, c'était amusant.

Elle observa quelque secondes sa carte de visite avant de la prendre, étonnamment sobre pour un expert en paranormal aussi haut en couleur, mais elle imaginait qu'il préférait une certaine discrétion. Elle la saisit avant de la ranger dans une sacoche à sa ceinture, qui contiendrait normalement les armes d'un ninja, mais qui contenaient présentement ses effets personnels. Elle ne manquerait pas de garder précieusement ce numéro dans un coin. Carol semblait revenue à elle et encore un peu marquée par l'expérience, mais bien vivante. Carrie lui fit un coucou de la main enjoué, elle ne manquerait pas de lui demander à elle aussi sa carte... pour sa collection personnelle cette fois-ci, elle n'imaginait pas déranger une femme aussi occupée.

-N'imaginez pas vous défiler comme ça le rosbeef, je vous doit une barbe à papa. Et j'espère bien vous revoir si vous passez par Gotham, on ne s'ennuie pas au moins avec vous.

Elle éclata dans un rire franc et cristallin, cette soirée était vraiment au delà de ce qu'elle aurait put imaginer.