Dancing date [PV Cat]

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bruce & selina

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« Lars ? » Le chauffeur avait légèrement tourné la tête, essayant de rester concentré malgré l’agitation des paparazzis non loin. « Miss… Miss Kyle, il y a… » Elle n’avait pu s’empêcher de sourire, se penchant légèrement sur son siège. « Lars, tout ira bien. Tenez. Vous devriez pouvoir aller boire un verre ce soir. Profitez-en pour inviter une belle demoiselle. » Entre ses longs doigts, un billet de cent dollars. Une somme qu’elle savait indécente pour l’orphelin, habitué à des billets beaucoup plus modestes. « Pas plus de deux verres, promis ? Vous pouvez reconduire ma voiture chez moi, je rentrerai par un autre moyen ce soir. La soirée est à vous. » Sa première réapparition publique, depuis longtemps. Alfred lui avait trouvé un alibi parfait pendant son deuil : un voyage humanitaire en Europe, lui permettant de rester calfeutrée chez elle pour panser son chagrin. Mais le nouveau Bruce s’était confronté au monde des affaires, il était temps pour elle d’en faire de même. Elle savait que les journalistes jasaient ces derniers temps, inventant la rupture du couple le plus célèbre de la ville. « Miss Kyle, il semblerait juste de faire votre retour à Gotham, pour remettre quelques pendules à l’heure. » Les mots du majordome résonnaient encore dans sa tête, lui arrachant un sourire non dissimulé. Elle souriait parce qu’elle savait que ce n’était pas ce qui intéressait le vieil homme. Ce gala était pour lui une chance d’un rapprochement entre le justicier et la chapardeuse, lui qui désirait retrouver un semblant de sa vie précédente. Avant sa mort. Alfred, vous m’épaterez toujours. Bien sûr, qu’il fallait qu’elle revienne. Qu’elle fasse taire les rumeurs, qu’elle retrouve sa place. Selina ne pouvait refuser cette invitation, et l’honorerait du mieux qu’elle pourrait.

Dehors, des voituriers attendaient en ligne, gardant un calme total face aux paparazzis qui s’affolaient à chaque arrivée. Selina avait aisément deviné que son partenaire était déjà arrivé, constatant qu’ils étaient moins nombreux que d’habitude. Elle avait jeté un dernier coup d’œil dans son miroir de poche, soucieuse de son regard de biche et ses lèvres de poupée. « Souhaitez-moi bonne chance. » Un soupir de courage avant que la voiture ne s’arrête, que la porte s’ouvre avec lenteur. Une main gantée s’était présentée devant elle, l’invitant descendre ; elle l’avait saisi avec douceur, adressant un dernier sourire à son chauffeur. « Passez une bonne soirée Lars. » Une dernière seconde de répit. « …C’est.. Selina Kyle ! » Un sourire faussement tendre s’était glissé sur ses lèvres colorées, alors qu’elle avançait avec une facilité déconcertante sur ses talons noirs, décidée à affronter le monde cruel et hypocrite des galas de charité. « Mesdames, messieurs. » Elle était venue replacer une mèche de cheveux derrière une oreille, ne prêtant guère attention aux questions indiscrètes des journalistes. « Miss Kyle, les rumeurs sont-elles vraies ? Votre absence est synonyme de rupture ? » Ce soir, elle était Selina Kyle. Femme du monde, éduquée, tendre malgré son caractère souvent tranchant. Elle n’était pas Catwoman, la chapardeuse sauvage. Avec le temps, Selina était devenue un parfait mélange des deux, abandonnant la misère de sa jeunesse, sans renier son légendaire caractère. Elle était devenue ces personnages qu’elle s’était inventés pour se protéger : la femme riche et la voleuse insolente, et ne se soucier plus de quel rôle elle devait engendrer. « Vos questions stupides sont-elles synonymes d’un manque cruel d’inspiration ? » Son sourire satisfaisant avait de quoi rendre fou la plus perfide des Vicki Vale. Il ne lui en avait pas fallu plus pour provoquer quelques secondes de silence, les laissant sidérés. « Bonne soirée, messieurs dames. »
 
Finalement, elle y était parvenue. Elle faisait désormais face à une foule modérée, où se mêlait toutes sortes de gens. Des poules accrochées aux bras d’hommes plus mûrs, des femmes endimanchées, des hommes d’affaires, quelques personnalités notables, quelques connaissances. Encore une fois, la tenue de Selina dénotait des robes colorées des autres femmes : la sienne était plus simple, pourtant plus arrogante. Satin noir aux bretelles fines, laissait apparaître un décolleté dorsal qui offrait une vue imprenable sur la naissance de sa chute de reins. « Miss Kyle. » La voix n’était pas celle qu’elle s’attendait retrouver. « Votre présence ici m’enchante, votre absence s’est fait ressentir. Vous êtes ravissante. » Une coupe de champagne s’était présentée à elle, alors que son regard s’était posé sur son interlocuteur. « Merci, monsieur Damon. Mon voyage était un peu plus long que prévu. » Elle avait pris soin de saisir la coupe de sa main gauche, présentant ainsi l’alliance offerte par l’homme qu’elle avait perdu. « Rien à voir avec Bruce, n’est-ce pas ? Nous ne pensions pas vous voir, il est arrivé avant vous. » Elle avait senti son regard sur sa main alors qu’elle portait sa coupe à ses lèvres. « Aucunement. Vous savez comment sont les femmes… Je suis affreusement longue à me préparer. » Et son regard avait finalement croisé le sien, au loin. Bruce. Ses lèvres s’étaient étirées légèrement sans qu’elle ne s’en rende compte. Il était là, en un morceau, élégant dans son costume. Depuis l’arrestation de Nygma, elle ne l’avait qu’aperçu rapidement, préférant se faire discrète, le laisser respirer. Et respirer aussi. Ce soir était une première, pour eux. Mais surtout une première pour lui.

Sa porte de sortie était juste là, devant elle. « Merci pour la coupe, monsieur Damon. Permettez-moi de m’éclipser un moment. » Son sourire poli trahissait toute l’hypocrisie dont elle pouvait faire preuve. « A plus tard. » Vieux dégueulasse. Le chemin jusqu’au chevalier lui semblait affreusement long, semé d’embûches. Elle sentait bien les regards sur elle, et savait que Bruce avait dû y faire face avant elle. Alors elle enchaînait les sourires, les hochements de tête, les politesses mondaines. Pour finalement l’atteindre, lui. Elle mentirait de crier haut et fort que sa présence ne la troublait pas. Il semblait si réel, trait pour trait, cicatrice pour cicatrice. Si charismatique dans ce costume qu’elle aimait tant, irradiant chaque être humain de la pièce. « Tu es très élégant. » Un sourire avait tendrement souligné ses pommettes, avant qu’elle ne vienne poser un baiser à la commissure de ses lèvres. « Tu m’excuseras pour ça. Nous sommes observés. » Son regard était venu se planter dans le sien, « Tu as meilleure mine que la dernière fois. » « Bienvenue dans le monde mondain de Gotham. Ces gens-là sont tous pourris jusqu’à la moelle. » Une gorge de champagne était venue rafraîchir son palais, avant qu’elle repose la coupe sur le plateau d’un serveur. « J’espère que tu aimes être le centre de l’attention. Tout le monde nous regarde. » Selina était amusée, son regard brillait de malice. En douceur, elle était revenue replacer sa cravate, provoquant de multiples murmures dans l’assemblée. « Prêt à faire face aux requins ? »

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Un frisson l’avait parcouru au contact de sa peau nue. Selina avait baissé le visage, cachant une moitié de rire nerveux. Ils étaient deux étrangers, connaissant pourtant beaucoup l’un de l’autre. Les Gothamites attendaient un mariage, alors que le baiser de la voleuse et l’étreinte du chevalier étaient les premières marques de tendresse qu’ils avaient échangées. Leur maladresse et jeux de regards paraissaient aux yeux des autres pour de la complicité, et c’était ce qui comptait à présent. Elle avait l’air heureuse, pourtant. Son aisance ne trompait personne, et certainement pas Bruce. Mais il le fallait. C’était sa façon d’avancer, de se faire violence. Elle tombait le masque lors qu’elle passait la porte de chez elle, et c’était déjà suffisant. Pourtant, tout était fluide, presque facile.

« Je suis prêt à tout, ce soir. La journée a été longue, notamment avec le conseil d’administration. La moitié des membres voulait faire virer Lucius. » La mine agacée de la chapardeuse en disait long : cette histoire, elle l’entendait souvent. « Lucius est le seul bon samaritain dans le milieu. Il est juste, et ses positions honnêtes ont toujours dérangé. » Ce pauvre Lucius avait toujours été sur la sellette, du plus loin qu’elle pouvait se rappeler. Elle savait sa place sauve, grâce à son ingéniosité et son talent pour la technologie. « Je vois que tu as pris ta bague. » Ses yeux s’étaient mécaniquement baissés sur sa main gauche, observant la bague. La sortir de son écrin avait été une épreuve plus difficile qu’elle n’aurait pu le penser. Elle avait passé des nuits à l’examiner, à noter chaque détail. De son Bruce, il ne lui restait plus rien. Une vieille chemise et cette alliance qu’il lui avait présentée, à genou devant elle. Un léger sourire était venu chasser la mélancolie, laissant sa main droite couvrir sa main gauche. De la pudeur, peut-être. « Je n’aurai peut-être pas dû. Mais je me suis dit que c’était l’occasion. » Elle avait haussé une épaule, reportant son attention sur le visage de son partenaire. Elle essayait de le jauger, de savoir comment il pouvait se sentir dans ce nouveau monde. Il ne semblait pas impressionné, observant les mondanités de cette Terre. « On dirait qu’ils ont tout prévu. Piste de danse, banquets à volonté, discours du collecteur de fonds, et même des chambres privées pour ceux qui voudront aller passer la soirée dans leur coin. J’espère simplement qu’ils vont au moins nous laisser profiter du champagne… » Des milliers de questions fourmillaient dans son esprit, et toutes se bousculaient. Comment c’était, dans ton monde ? Quelles sont les différences ? Comment était ta Selina ? Le chaos était aussi présent qu’ici ? Alfred était-il aussi bienveillant ? Étais-tu aussi amusé durant ces soirées de gala, à voir le beau monde se pavaner ?


Son visage s’était figé une seconde : ce sourire. Ce sourire était réel, il ne faisait pas parti qu’un quelconque jeu d’acteur. Il avait éveillé en elle de nombreux souvenirs, éloignant les heures les plus sombres. Juste la tendresse, la complicité, les nombreuses heures où elle restait dans ses bras, à lui raconter des histoires incroyables et à écouter les siennes. « Pousser les gens au vice est la spécialité de cette ville. Et les nombreux journalistes espèrent qu’un scandale éclate pour faire la une. » Ses yeux balayaient la salle, elle qui s’était donné une peine immense à retenir quelques noms de ces gens sans intérêt. « Le champagne n’est pas si mal, cependant. Ça aide drastiquement à supporter les discours égocentriques. » Et les questions se bousculaient, encore. Elles s’entrechoquaient, rêvaient de pouvoir se poser de façon concrète. Elle s’était toujours posé beaucoup de questions, Selina. Cela avait fait d’elle une enfant curieuse, mais aussi réfléchie. Le temps lui avait appris à bien les sélectionner pour tirer les réponses dont elle avait uniquement besoin. « Allons affronter les photographes et profiteurs. J’ai besoin de champagne, d’un peu de toasts. J’espère qu’il y aura au moins une activité sympa, sinon ce sera vite ennuyant. » Ses mots l’avaient quelque peu rassurée : il avait compris que ce monde-là était empli par de sombres personnalités. « Votre réputation n’est plus à faire, monsieur Wayne. Mais il va certainement falloir faire preuve d’imagination face aux torrents de questions concernant votre opération. » La brune se laissait guider par son partenaire, glissant quelques sourires et signes de tête à une poignée de connaissances. « Monsieur Wayne, Mademoiselle Kyle ! S’il vous plaît, une photo ! » Les crépitements s’étaient multipliés, les journalistes profitant de leur présence pour préparer la prochaine une de leur journal. « Comment expliquez-vous cette absence ? Avez-vous connaissance des rumeurs qui circulent ? » Pour seule réponse, la main manucurée de la chapardeuse était venue se dresser devant elle. « Nous nous ferons un plaisir de faire taire les rumeurs plus tard. Je vous prierai de ne pas utiliser cette œuvre de charité pour les plus démunis comme une séance d’interviews pour nourrir vos torchons. »

La situation l’agaçait. Elle n’avait pas pris la peine de prévenir Bruce de sa venue, et avait par conséquent mis en danger leur secret : ils ne s’étaient jamais concertés sur leur situation, bien qu’elle était sûre qu’Alfred avait fait son travail pour eux. « Alfred est content que tu sois là. » Alfred, ce bon vieux Alfred. Elle avait l’impression qu’il pouvait surgir de nulle part, apportant avec lui la sagesse qui le caractérisait tant. « Je suis content aussi, que tu sois là, d’ailleurs. Et de voir que tu t’es parfaitement remise de notre confrontation avec Nygma. » Silence. Son corps avait instinctivement pivoté vers le sien, pour lui faire face. « Oh, Bruce. » Son visage oscillait entre la surprise et l’amusement, alors qu’une main était venue se déposer sur son avant-bras. « Tu commencerais pas à te dérider un peu ? » Elle avait plissé ses yeux, l’air faussement suspicieuse. « Ma présence était bien moins attendue que la tienne mais mon absence t’aurait causé bien des soucis. Entre les journalistes et les harpies, je suis une véritable perle, crois-moi. » D’un geste habile, elle était venue quitter le bras du chevalier pour attraper deux coupes de champagne au serveur qui passait à proximité. « Je suis contente de te voir, de voir que tu te portes mieux aussi. Et tu étais beaucoup plus amoché que moi, mes blessures étaient superficielles. » Elle avait tendu la coupe devant elle, sans quitter son partenaire du regard. « A notre victoire, monsieur Wayne. » Le verre était doucement venu frapper le sien, avant qu’il ne rejoigne ses lèvres. Depuis bien longtemps, Selina se sentait bien. Elle avait presque oublié la dernière fois qu’elle ressentie cette sensation de presque quiétude, loin de la douleur qui la frappait lorsqu’elle repensait aux jours aux côtés de Bruce.

Une quiétude rapidement troublée par l’intervention opportune d’un personnage qu’elle avait précédemment rencontré. « Monsieur Wayne ! » L’air faussement réjoui de l’homme avait effacé le sourire de la voleuse, se rapprochant par réflexe de son faux fiancé. « Quel plaisir de vous retrouver parmi nous. Votre convalescence s’est bien passée ? Vous avez l’air en forme, en tout cas ! » Il agitait avec prétention son verre de whisky devant lui, l’air faussement intéressé. « Qu’est-il arrivé à votre alliance ? Les journalistes vont se régaler de l’affaire s’ils le remarquent… Une malencontreuse aventure avec le…bloc opératoire ? Ou avec mademoiselle Kyle, peut-être ? » Son rire résonnait autour d’eux, comme pour se donner de l’importance. Il voulait qu’on le remarque, qu’on le voit aux côtés de l’homme le plus influent de Gotham. « Veuillez nous excuser, monsieur Damon, Bruce et moi nous apprêtions à aller danser. » Selina avait fait mouche : si l’homme d’affaires semblait vexé, il avait rapidement transformé sa gêne par un rire bruyant. « Mais bien sûr, je vous en prie ! J’espère que vous m’accorderez une danse plus tard, mademoiselle Kyle. Si monsieur Wayne me l’autorise, bien sûr. » Elle s’était contentée de sourire, avant d’entraîner le chevalier un peu plus loin. « Ce rat espère une photo avec toi, j’en suis sûre. Il prend plus soin de sa réputation que de sa femme. » Un soupir s’était échappé de ses lèvres, avant que ses yeux ne rejoignent les siens. « Tu sais danser ? Ils nous laisseront certainement un peu de répit. » Et puis elle s’était arrêtée, brusquement, fronçant les sourcils. « Ou peut-être veux-tu te mêler aux autres ? Bruce essayait de fuir les requins, mais ce n’est peut-être pas ton cas. » Elle devait se faire violence, oublier les habitudes de son Bruce. Ils étaient différents, elle devait s’y faire.

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« Allons danser, miss Kyle. Ils veulent ça, alors autant leur donner. Ils n’iront pas fouiller ailleurs. » Un soupir de soulagement s’était échappé de ses lèvres colorées, sentant la colère en elle redescendre comme un soufflet. Elle s’était laissé porter sur la piste, découvrant avec surprise le talent de Bruce. « Je suppose qu’Alfred a été un tout aussi bon professeur avec toi qu’il a pu l’être avec moi. » Il avait pris du temps autrefois, Alfred, pour apprendre les danses de salon à la belle. De longues heures de pratique, sous les yeux amusés de Bruce. Elle avait beau le foudroyé du regard pour le faire taire, l’activité semblait beaucoup trop lui plaire. Danser, Selina savait faire ; seulement, les danses qu’elle connaissait n’étaient appropriées que dans les bars où elle traînait plus jeune, là où on lui jetait quelques billets pour qu’elle puisse arrondir les fins de mois. Cette sombre période était déjà bien loin derrière elle, dans les limbes de sa mémoire. Elle préférait penser au sourire du majordome, s’il les voyait ensemble sur la piste. Ses yeux baignés de tristesse se seraient illuminés, elle en était sûre. Il avait tant souffert, ce brave homme. Il avait vu son fidèle ami brisé, renaître, mourir. Il avait partagé ses joies et ses peines, élevé les enfants qu’il recueillait, supporter le caractère insupportable de sa voleuse. A ses côtés, Selina se sentait rassurée, apaisée. Il représentait pour elle la figure paternelle bienveillante qu’elle n’avait jamais eue, une sensation que Bruce avait sans nul doute retrouvée à la mort de ses parents. « J’ai hâte de lire les histoires qu’on va nous inventer demain matin. » On les épilait. Chaque mouvement, chaque pas de danse. On cherchait la petite bête, le petit détail. Malgré les flashs, elle avait réussi à oublier leur présence. Égoïstement, elle voulait juste profiter. Profiter de ce sosie parfait, de cet homme qui n’était pas lui, mais qui s’en rapprocher grandement. Profiter du parfum qu’elle recherchait en vain sur ses anciens vêtements, de ses mains, de sa peau. Profiter de l’enveloppe de l’homme qu’elle avait follement aimé, mais qui lui avait été arraché sans même qu’elle puisse lui dire au revoir.


La musique s’était arrêté une brève seconde, invitant leurs corps à faire de même. Elle avait pourtant résonné de nouveau dans la grande salle de bal, mais eux étaient restés là, figés. Bien sûr, que les mots et les questionnements se bousculaient, s’emmêlaient, s’entrechoquaient. Rien ne sortait de leur bouche, comme des secrets bien trop précieux. Mais il y avait leurs regards et le sourire malicieux de Selina qui trahissaient le silence. C’était étrange, presque perturbant. Comme un dangereux retour à la case départ, avec cet homme qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle connaissait pourtant par cœur. Une attraction intenable, comme une promesse d’un retour à la normale, un jour. Une promesse effrayante. « Esquivons-nous un moment. » Un sourire pour seule réponse, la brune avait saisi le bras de son partenaire, jetant un coup d’œil par-dessus son épaule. La soirée avait commencé il y a déjà quelques heures, mais le temps lui avait semblé passer à une vitesse folle. « Ca faisait une éternité que je n’avais pas dansé. » Le reste des invités, eux, avaient comme pris leur relai. Finalement, le champagne et la musique avaient permis aux autres d’oublier leur présence, laissant un peu de répit au justicier et la voleuse. Comme des ombres, ils s’étaient éclipsés sur le petit porche, loin de l’agitation. Elle avait posé ses deux mains sur le balcon, profitant de la brise fraîche et de la vue imprenable sur la ville. « Comment était Gotham, chez toi ? » Ses yeux n’avaient pas quitté l’horizon. Elle avait finalement osé une question, préférant rester neutre. Eviter les questions sur son autre elle, éviter de venir raviver les blessures qu’ils partageaient, encore fraîches. Selina pouvait se montrer cruelle, il devait bien le savoir. Mais elle n’avait aucune raison de le faire, avec lui. Surtout pas maintenant, surtout pas alors qu’il commençait à s’ouvrir doucement. Son corps s’était tourné vers le sien, ses mains retrouvant le balcon dans son dos. « Curiosity kills the cat, tu m’excuseras. » Une sirène au loin avait détourné son attention, laissant son regard se perdre à nouveau dans l’immensité des buildings. « …Cette ville est aussi pourrie que tous les gens qui sont présents ici. Mais elle au moins, n’a pas la prétention de se faire passer pour une autre. »

Cette fois-ci, c’était une sonnerie plus douce qui l’avait interrompue. « Mesdames, Messieurs. Nous vous invitons à rejoindre la salle de dîner. Nous allons procéder aux enchères, avant de clôturer la soirée par un dîner animé par un spectacle de danse. Rejoignez vite votre table pour admirer les danseuses ! » Un frisson s’était emparé d’elle, avant que ses mains ne viennent se poser sur ses bras. « Il est temps de sortir le chéquier, monsieur Wayne. C’est ce moment précis que tout le monde attend le plus. Le combat de coq terrible pour montrer qui a le plus d’argent. » La sécurité commençait à s’activer doucement dans la salle de dîner. Aux portes, deux molosses se tenaient prêt à intervenir en cas d’intrusion quelconque. Tous savaient que les galas de charités étaient une bête carotte pour les malfrats de la ville : ici, il ne suffisait qu’à se servir. Catwoman le savait, et c’était bien souvent fait réprimander par Bruce lorsqu’il avait découvert son identité cachée. Depuis, elle avait enfermé sa cleptomanie dans un coin, se contentant de faire du repérage pour ses prochains cambriolages. « Monsieur Wayne, Miss Kyle… On vous a réservé une table d’honneur, non loin de la scène, mais aussi de la porte de sortie. Nous ne sommes jamais à l’abris, vous savez… » Rire nerveux du serveur. Bien sûr, que tout pouvait basculer : chacun le savait, eux les premiers.

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Elle lui avait souri, avant de reporter son attention sur les enchères. Selina s’attendait à tout, ce soir : des lots improbables, des crêpages de chignons, des concours d’égo. Mais pas à des révélations, pas à la réponse à toutes les questions qui parasitaient son esprit. « Gotham était Gotham. Froide, pluvieuse, grise, sombre, corrompue et pourtant si accueillante et si débordante d’énergie. » Elle fixait un point imaginaire, dans le vide, écoutant attentivement son partenaire. Dans sa voix, elle sentait le ressentiment, la douleur. « Il n’en restait rien, la dernière fois que j’ai vu Gotham. Un immense cratère, d’où sortaient quelques ruines, dont le manoir. » Elle avait avalé sa salive, imaginait ses mots. Un constat effrayant, des images insoutenables.  « Alfred n’était pas là. Les garçons non plus, uniquement Barbara. Et tu…tu gisais quelque part dans la Bat-cave. Quand je t’ai retrouvée, tu n’avais pas cédé. » Ses yeux étaient finalement venus se poser sur lui. Il semblait vide, hanté, en colère, résigné. Une étendue de paradoxes qui la caractérisait elle aussi, et qu’elle ne pouvait que trop comprendre. « Bruce… » Elle avait sur lui un regard singulier, cruellement compatissant. Et puis sa main avait attrapée la sienne, la serrant en douceur, comme pour se donner du courage. « Ils ont essayé. De te faire parler, de te faire révéler qui j’étais, où je me cachais. Jamais tu n’as parlé. » L’horreur qui hantait ses yeux était toujours là. Elle imaginait les épreuves qu’il avait dû traverser, la déchirure de la retrouver à ses côtés. Entière, vivante. Selina avait la chance de posséder une image de son défunt fiancé en bonne santé, souriant. L’image d’un cadavre ne la hantait pas la nuit. Dans ses souvenirs, le sang et les blessures n’existaient plus. Ce Bruce, lui, devait vivre avec l’image de sa Selina décharnée, luttant contre la mort pour le défendre. La main de la brune s’était refermée sur la sienne, resserrant l’étreinte. Sa main libre était tendrement venue se poser sur sa nuque, caressant la naissance de son épaule du pouce. Elle aurait voulu lui dire que sa Selina et elle avaient un point en commun : la fidélité qu’elle avait envers le Chevalier Noir était sans borne, malgré toutes les craintes, tous les avertissements de ceux qui les avaient vus grandir, se sourire, s’aimer. Elle aurait aimé lui dire qu’elle ne céderait pas, jamais. Elle n’avait pas trouvé les mots, mais s’était contentée de resserrer un peu sa main, de chercher son regard pour qu’il comprenne. Et puis un sourire. « Alfred est là. Les garçons aussi. Peut-être qu’il leur faut un peu plus de temps. Mais tout le monde est là. Et personne ne t’abandonnera. »

Tout le monde était là. Lui. Elle. C’était comme une seconde chance que l’univers leur avait offert, une chance de se reconstruire. Des inconnus, qui réapprenaient à se découvrir, à se soigner, à se sentir mieux. Les yeux verts avaient de nouveau rejoint la scène, encore baignés de tristesse. Elle n’avait pas lâché sa main, elle ne s’en était pas même rendu compte. Elle imaginait le chaos qui régnait en lui, la dualité insupportable de ce monde qui n’était pas le sien. Un monde où les souvenirs étaient fait de fantômes de chair, errants en crachant des reproches beaucoup trop futiles à côté de ses épreuves. Selina avait levé une main en l’air, enchérissant dans le vide pour une œuvre sans valeur à ses yeux. « Quatre-vingt-dix mille dollars pour la charmante Selina Kyle. » Un mince sourire avait fait guise de politesse, sentant à nouveau les regards sur eux. Dévisagés, enviés, adulés, détestés. Son visage fin s’était redressé, plein d’orgueil, prête à riposter à la première remarque misogyne qu’elle avait l’habitude d’entendre. « Cent mille pour monsieur Damon ! Cent mille dollars mesdames, messieurs ! » Elle n’avait pas sillé, refusant d’accorder un seul regard à ce vieux porc. Et elle savait que son égo s’en verrait blesser, elle qui connaissait si bien les hommes. Ils voulaient posséder le monde, soumettre ce qui était semblait plus fort qu’eux, s’approprier tout ce qui brille. Elle n’avait jamais ressenti la rivalité, ce désir de domination avant qu’elle ne soit une femme influente. Les hommes ne la regardaient plus de la même façon, leur désir était différent. Différent. Bruce. Bruce l’avait été. Le playboy de Gotham n’avait jamais cherché à la soumettre pour augmenter son égo, à l’humilier, l’exposer comme un trophée comme les autres faisaient. C’était un gentil coureur de jupons, se présentant toujours avec une bimbo en ultime provocation à ce genre de gala. Il n’était pas mauvais, elle l’avait tout de suite su. « Dieu soit loué, je ne repartirai pas avec cette horreur. » Elle avait finalement adressé un sourire enjoué à son acolyte, se concentrant finalement sur l’essentiel.

C’était sans compter sous la scène qui se déroulait sous ses yeux. « Bruce… » Non loin, les agents de sécurité semblaient s’agiter, dans la plus grande discrétion. Une main devant leur micro, avant qu’ils n’envoient des signaux codés à leurs collègues. Les sourcils de la belle s’étaient froncés, exprimant la curiosité et l’inquiétude qu’elle ressentait. « Il y a un problème. » Ses yeux étaient venus se planter dans les siens. Elle connaissait parfaitement le protocole. Les personnalités les plus influentes seraient invintées à quitter la salle discrètement, sans provoquer de vagues. Un signal rouge au plafond s’allumerait, avant que les lumières n’éclairent totalement la salle. Cette dernière serait évacuée, prétextant un départ de fumée. « Nous serons évacués avant les autres. Nous aurons probablement le temps de savoir ce qu’il se passe. » Elle avait vu juste : un serveur n’avait pas tardé à les inviter à rejoindre le hall, pour retirer un billet de tombola. Il n’avait fallu que quelques minutes pour que deux agents de sécurité les prennent en charge. « Miss Kyle, monsieur Wayne. Nous nous excusons du désagrément et de mettre un terme à votre soirée. Mais nous avons toutes les raisons de penser qu’une menace approche. Il nous a été demandé de vous évacuer afin que vous mettre en sécurité. » Bingo. Sans tarder, la voleuse prit un air affolée, lançant un regard désespéré au vigil, puis à Bruce. Son corps s’était rapproché du sien, une main posée sur le haut de son torse, prenant toute fois garde à ne pas appuyer trop fort ; le combat avec Nygma restait frais dans son esprit, et elle ignorait totalement l’état de la cicatrice. « …Chéri. » Son jeu d’actrice était bluffant, interprétant à la perfection son rôle de femme en détresse qu’elle n’avait jamais été. « Rentrons à la maison. » L’évacuation n’allait pas tarder à commencer, il fallait qu’ils agissent vite. « Avez-vous besoin d’une voiture, ou préférez-vous que l’on vous escorte ? » Faussement paniquée, les perles vertes de Selina se déposaient partout autour d’elle, cherchant les caméras, les issues de secours, et surtout les issues pour atteindre le toit. Gotham avait de nouveau frappée, ce soir. Et si Bruce et Selina devraient écourter leur soirée, Batman et Catwoman allaient commencer la leur.

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Un sourire franc avait illuminé son visage fin, alors que ses mains étaient occupées à sortir son costume du paquet envoyé par la Batwing. « Je suis sûre que vous êtes aussi élégant vous aussi, Alfred. Vous l’êtes toujours. » Il n’avait fallu qu’une poignée de secondes pour que la robe glisse le long de ses courbes, dévoilant son corps presque nu, pourtant habillé des marques du passé. Quelques cicatrices, certaines plus impressionnantes que d’autres. De leur affrontement avec Nygma, il ne restait presque plus rien ; seulement la large ecchymose encore quelque peu violacée sur son flanc gauche. Elle n’avait pas eu le loisir d’observer le corps du chevalier, occupée à enfiler sa combinaison dos à lui. « Je suis prête. » La fermeture éclair venait chatouiller son menton, alors qu’elle ajustait les lunettes sur son visage et son fouet à sa taille. Désormais Catwoman, la brune s’était rapprochée au bord du toit, cherchant à jauger la situation devant la salle de gala. Les informations d’Alfred étaient toujours précieuses, et leur faciliter toujours la tâche. Puis des coups de feu. La silhouette de cuir s’était retournée vers son partenaire, prête à agir. « Je m’occupe du coffre-fort. Occupe-toi de ceux dans la salle de réception. » Je m’occupe du coffre-fort. Le faisait-il par peur que la voleuse retombe dans ses sombres habitudes, ou pour la protéger de l’éventuelle arrivée de la GCPD qui pourrait la prendre pour cible de ce cambriolage ? « Sois prudente, Cat. » Un sourire malicieux sur les lèvres, elle lui avait répondu d’un clin d’œil, avant de le voir disparaître à l’aide du grappin. « Sois prudent, Bat. » Un murmure perdu dans le vent, avant qu’elle se glisse avec aisance à travers une fenêtre ouverte, un étage plus bas.

Elle avançait prudemment, restant sur ses gardes. Catwoman connaissait les lieux : durant ses premières années d’entraînement, elle s’était longuement penchée sur les plans des monuments le plus prestigieux de la ville, pour esquiver les erreurs de débutant. Elle en connaissait les conduits, les trappes…Et les faux plafonds. La salle de dîner était avant tout une salle de spectacle ; elle y retrouvait tout ce qu’elle aimait. Des paillettes, des costumes, des robes toutes plus fabuleuses les unes que les autres, un repas quatre étoiles… et des perches pour prendre de la hauteur et avoir une vue imprenable sur les tables. Il ne lui avait fallu que quelques minutes pour déplacer la bonne trappe et faufiler son corps de cuir au milieu de la scène. « Un cambriolage et on n'appelle même pas l’experte ? » Elle secouait la tête pour exprimer son mécontentement, les mains sur les hanches. Il y avait eu une seconde de silence, quelques cris étouffés. Étonnement, la salle était vide…Ou presque. Les malfrats, cagoulés pour la plupart, avaient menacé de leurs armes les millionnaires et leur avaient intimé l’ordre de se cacher sous les tables. « C’est Catwoman ! » Un sourire quasi carnassier avait remplacé son faux agacement. « Bingo ! » Les coups de feu s’était multipliés en sa direction, relançant les cris de panique. Par précaution, elle était partie se percher sur la barre supportant les lourds rideaux de la scène. « Qu’est-ce qu’elle fout là, elle ?! Si le boss l’apprend, on est morts ! Elle va tout nous rafler, faut qu’on la bute ! » Elle scannait la pièce avec attention, programmant une trajectoire efficace pour limiter les dégâts humains. Un, deux…Trois, quatre…Cinq. Te foire pas Sel. « Où est-ce que tu te caches, sale garce ? » Elle était plus discrète, plus rapide, plus précise que sa dernière sortie. Alfred lui avait recommandé le repos le plus total après l’aventure Nygma ; elle n’en avait fait qu’à sa tête, encore une fois. Selina en avait profité pour courir seule sur les toits, ne s’éloignant jamais de chez elle. Des sorties courtes, qui lui avaient permis de trouver un peu d’agilité et de tonus musculaire. « …C’est pas comme ça qu’on parle aux dames. » L’assemblée n’avait pas même remarqué qu’elle s’était glissée derrière un des hommes de main, avant de glisser son avant-bras sous son cou pour l’immobiliser. Et tout s’était passé rapidement. Un premier coup de feu, de nouveaux cris. Le fouet claquait dans les airs, subtilisant une arme pour la faire voler plus loin, sous une table près de la scène. « TUEZ-LA ! » Les acrobaties se multipliaient, envoyant au tapis les hommes aux visages masqués. Le silence était presque religieux tant les otages retenaient leur souffle.

Elle en était finalement venue à bout, de cinq bœufs. Sa poitrine se soulevait dans son costume, essoufflée de sa course. Evacuer les otages. Il lui avait suffit de tourner les talons pour être de nouveau confrontée à cet imbécile de monsieur Damon. Il avait l’air ridicule, les cheveux plaqués par la sueur sur son front, le corps tremblait comme une feuille, sa main tenant maladroitement la première arme qu’elle avait neutralisée. « Tout ça est…de… de votre…fau… » Un lourd soupire avait fin à ses jérémiades, avant que le fouet de cuir ne vienne s’enrouler autour de son poignet. Un cri d’horreur était sorti de sa bouche, les yeux fermement clos. « [color=indianred]Trésor, si j’avais voulu vous dépouiller, je l’aurai fait avec classe et discrétion.[/color ] » L’arme était finalement retombée au sol. « Ne me comparez pas à ces grosses brutes, je suis quand même plus agréable à regarder. » Le fouet avait finalement relâché son emprise, permettant à la voleuse de se déplacer vers la porte de sortie. « Avez-vous remarqué des disparitions parmi vous ? » Silence. Excédée, la belle était frappée le sol de sa botte, provoquant une nouvelle vague de cris. « Je réitère ma question : avez-vous des connaissances qui auraient pu disparaître ? S’il y a des otages, nous devons en être informés au plus vite. » Les quelques noms qu’elles avaient réussi à obtenir étaient celui de Bruce, le sien, et ceux d’un couple puissant de la ville. « La voie de secours est libre. Vous allez vous levez chacun votre tour, table par table pour la rejoindre. Et par pitié, ne jouez pas les égoïstes. Je suis vraiment pas d’humeur. »


L’évacuation s’était passée en sécurité, dans un calme suffisamment spectaculaire pour être souligné. « Bat, tu m’entends ? » Désormais, la salle était vide, seulement habitée par les corps inanimés des braqueurs qui jonchaient le sol. « La salle a été évacuée, les blessés sont peu nombreux et pris en charge par la sécurité. L’alerte a probablement été donnée, je devrais recevoir de la compagnie sur le chemin. Tout se passe bien en bas ? » De la pointe de sa botte, elle cherchait un indice, quelque chose qui la mettrait sur la piste de cette invasion. Dis-moi à qui je dois trancher la gorge pour avoir gâché cette soirée. « Miss Kyle ? Il semblerait que votre présence ait été remarquée, vous aussi. Vos noms n’arrêtent pas de résonnaient sur les ondes. » Elle avait pris soin de regarder autour d’elle, prête à quitter la pièce. « J’espère que nos amis vont au moins nous distraire quelques heures. Je n’ai pas quitté cette magnifique robe à deux mille dollars pour rien. » Un rire étouffé se diffusait dans son oreillette. « Pour sûr, miss Kyle. Je suis sûr qu’elle n’a pas manqué de faire sensation. Maître Bruce devait être le premier ravi. » Un sourire en coin témoignait de l’amusement de la voleuse, décidée à rejoindre son partenaire. La soirée avait pris un tournant tout autre que celui qu’elle avait pu imaginer : loin du fiasco sur lequel elle aurait pu parier. Tu voulais de l’animation Bruce… La voici servi sur un plateau.

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dancing with your ghost

bruce & selina

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Elle avait repris la danse. Les longues jambes se déplaçaient habillement, les mains se dressaient dans les airs avec aisance. Un tango endiablé, qu’elle aurait préféré danser avec son prince de la nuit. La nuit avait préféré lui arracher pour le lui rendre dans un autre costume, plus sombre, plus noir. Le cuir brillait sous les projecteurs, le fouet claquait en suivant le rythme de la chorégraphie. Quelques minutes plus tard, il ne restait plus personne autour d’elle. La poitrine se soulevait doucement, reprenant doucement une respiration normale. « …C’est tout ce que vous avez dans le ventre ? » Elle finit par soupirer, avant de froncer les sourcils sous les paroles qui résonnaient dans son oreillette. « Quant à vous deux, les amoureux de la nuit, j’vous conseille de pas vous mettre sur mon chemin, ce soir. J’suis pas d’humeur, et j’connais quelqu’un à qui ça l’démange de venir vous casser les dents. » Elle n’avait pas pu s’empêcher d’arquer un sourcil avant d’étouffer un rire. « Il ne me manque de culot ce gros piaf. » Pas d’humeur ? Selina ne l’était plus non plus. Elle aurait préféré continuer de boire du champagne, déguster du homard et s’autoriser quelques confidences à son partenaire. Tu vas voir si je suis d’humeur, moi. «Je me charge de ceux dans la salle de stockage. Assure-toi qu’il n’y a pas quelqu’un d’autre avec nous dans le bâtiment. Cobblepot semble souligner qu’il n’est pas seul. » Il n’avait fallu qu’une seconde pour la silhouette fine se faufile dans les escaliers, telle une ombre sur les murs.


Il n’avait fallu que quelques minutes pour qu’elle retrouve de la compagnie. Elle était à couvert, avançant à pas de loup pour ne pas se faire repérer. Puis elle s’était arrêtée brusquement, se plaquant contre le mur pour se fondre dans l’obscurité. « …Pile, tu vis. Face…tu meurs. » Les cris et pleurs de désespoir avaient intimé à Selina que le criminel n’était pas seul ; à genou devant lui, un agent de sécurité, les mains liées, dans un état de panique le plus total. « …Face. Tu meurs. » Elle n’avait pas eu le temps d’intervenir, ni même de bouger. Le coup de feu avait brisé le court silence, sans même laisser au pauvre homme le temps de supplier le vilain aux deux visages. Ça lui avait arraché un frisson, à la femme-chat. Double-Face n’avait aucune pitié. Il était semblable aux autres, après tout. Et c’était certainement cette caractéristique précise qui faisait d’elle une femme bien : ce n’était pas une sainte, mais elle n’était pas une criminelle sans pitié. L’avais-tu vu avant les autres, Bruce ? Sans doute. Sans doute qu’il avait vu autre chose, au fond de son être déjà bien brisé. « Non, il n’est pas seul. » Ses sourcils s’étaient froncés, avant que son dos ne retrouve le mur. « …Double-Face. Il vient d’exécuter un agent de sécurité. » Un léger soupire s’était échappé de ses lèvres. « Je vais essayer de… » Courir. « HEY ! CATWOMAN EST ICI ! » Sans perdre une seconde, la voleuse s’était habillement dressée dans les airs à l’aide son fouet. Trouver une porte de sortie était primordiale si elle ne voulait pas finir comme le pauvre homme avant elle. « …Catwoman ? AH ! T’entends ça, Cobblepot ? On a mis la main sur le chat. Tu as trouvé la chauve-souris ? » Harvey était sans pitié, et elle savait qu’il n’en aurait aucune avec elle.


Selina connaissait le lieu. Arriver à s’échapper était une formalité ; tout du moins, elle le pensait. « Bat, ils m’ont repéré. J’essaie de les amener plus haut pour te laisser accéder au stockage plus sereinement, ils avaient l’air de s’y diriger. » Retour à la salle de gala. La pièce était d’un ennui terrible lorsqu’elle n’était pas peuplée. Elle ne s’y était pas réellement attardée, jusqu’à ce qu’on crie de nouveau son pseudonyme. « J'AI RETROUVE CATWOMAN ! » Et tout c’était rapidement enchaîné. Un, deux, cinq, sept, neuf, treize molosses armés autour d’elle. …Et merde. Il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’elle était en mauvaise posture. Quelques minutes de combat, avant la panique : une explosion et un nuage immense de fumée. La bombe fumigène avait touché sa jambe, brûlant la peau de son mollet à travers son costume. Cri de douleur, mais un réflexe habile : d’un coup de pied, Catwoman avait réussi à se dégager de l’emprise du malfrat qui l’avait attrapé, avant de se projeter plus loin pour se protéger des balles. « Je crois que j’ai vu un peu gros. » Puis le calme. Plus de balles, plus de cris. Juste elle, clouée au sol, paniquée par le manque de visibilité. Et à travers la fumée qui se diffusait doucement, le visage s’était dessiné, doucement. Un visage de terreur, déchiré par un sourire sadique. « …Et bien, Batman. Je crois qu’on a retrouvé la copine. » Elle n’avait pas osé bouger, ni ouvrir la bouche. Elle souhaitait que son sort soit différent de celui de l’homme avant elle.

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L’arme était chargée. Elle l’avait entendu, et Dent avait pris grand soin de le faire devant elle. Son visage carbonisé lui arrachait des frissons, lui rappelant indéniablement le terrible Black Mask. « Tu sais, j’ai toujours trouvé que c’était mélodramatique, cette histoire d’amourette avec Batman… » Il déambulait autour d’elle, toujours clouée au sol. Elle serrait les poings, pourtant désireuse de les coller dans son visage. « Une mauvaise représentation de Roméo et Juliette, en quelques sortes. Un chat de gouttière avec une chauve-souris immonde, quel paradoxe total. Les costumiers s’en seraient arrachés les cheveux… » Entre ses longs doigts, Harvey jouait de sa pièce, la faisant agilement rouler sans jamais qu’elle ne tombe. « …Je me demande qui meurt en premier… Tu t’en souviens, toi ? » Il avait plongé ses yeux dans les siens, lui inspirant le plus profond des dégoûts. « Romeo. » Puis un rire délirant. « Mais c’est qu’elle s’y connaît en théâtre la demoiselle ! » Catwoman était exaspérée. Elle était bloquée au sol, un pistolet armé avec une balle qui lui était destinée, et le monologue insupportable de son interlocuteur. « Elle s’y connait en beaucoup de chose. Elle sait aussi que Tybalt calanche en premier. » Bingo. Selina avait fait mouche, elle le savait. Le visage du criminel s’était déformé sous la colère. « Alors, Catwoman, prête à rencontrer le grand patron ? Ou est-ce que tu vas aller tout en vas ? Pour changer, j’aimerais bien voir ce que ça va donner, maintenant qu’on t’a coincée. » Batman arrivait. Elle le sentait, comme si c’était épidermique. Et bientôt… « Je vais compter jusqu’à trois. A trois, frappe Dent pour te dégager de là. Je me charge des autres. Si tu le peux, pars à la recherche de Cobblepot. On aura qu’à dire qu’on a simplement échangé nos tâches respectives. » Ça lui avait arraché un rire, à la voleuse. C’était plus fort qu’elle, et elle savait que Dent prendrait ça comme de la moquerie envers lui. « Ca te fait rire ? » Pour unique réponse, un sourire.

Tic. « Un…Deux… » L’arme braquée sur elle. Toc. La main de Dent qui tremble, en trance. « Alors, Catwoman ? Un dernier commentaire, avant de disparaître ? » Catwoman faisait mine de réfléchir. Peut-être gagnait-elle du temps, peut-être était-ce juste de la provocation. Certainement un peu des deux. «…Va te faire foutre, Dent. » Un sourire carnassier avait étiré ses lèvres, révélant ses dents blanches. « …Trois. » Le spectacle allait commencer. Les lumières s’étaient brutalement éteints, plongeant la salle dans l’inconnu. Son action était immédiate : d’un geste, elle avait fait rouler son dos en arrière, projetant ses jambes en l’air pour frapper le menton de son ennemi. Selina avait profité de sa pirouette pour envoyer valser un malfrat, avant de jeter à Bruce un clin d’œil complice. Inverser les rôles. Elle devait retrouver Cobblepot, et refuser d’échouer à cette mission. « Vous méritez une autre danse pour cet acte héroïque, monsieur Bat. » Cobblepot était un homme véreux, détestable, affreux, mais surtout avide d’argent ; Batman n’était sans aucun doute sur la bonne piste lorsqu’il s’était mis en quête d’un chemin vers les coffres forts. C’était donc tout naturellement qu’elle s’y était dirigée, non sans trouver des cafards armés sur son passage. « Ils ont profité de ton absence pour reprendre le contrôle de la zone Bat. Cobblepot doit certainement être en train d’élaborer un plan pour faire sauter le coffre. » Elle s’était appliquée à scanner la zone, cherchant le nombre d’armes présentes dans le secteur. « Je n’arrive pas à savoir s’il est présent dans l’enceinte du bâtiment ou s’il commandite le braquage à distance. » Réfléchis, Selina. « …J’aurai eu l’intelligence de le faire à distance en envoyant Dent au casse-pipe, mais j’aurai rapidement repris les rênes de peur qu’il fasse tout foirer… » Elle ne pouvait se mettre à sa place. Le Pingouin était un être qu’elle avait en horreur, un criminel minable à la canne dorée. Il avait juste eu la chance d’être bien entouré, et d’être assez perfide pour se créer un réseau en détruisant ceux des autres. « Je vais essayer de me montrer persuasive en attrapant un de ses petits canards. Ils parlent toujours. » Ou souvent. Et il fallait mettre ce plan a exécution, sans qu’elle ne fasse attraper cette fois. Et le petit oiseau était tombé entre ses griffes. Il ne lui avait fallu que quinze petites minutes pour trouver une proie idéale. Petite, chétive, perdue : cette recrue semblait suivre le reste du groupe sans même comprendre pourquoi il était là. Un gamin, probablement. Avec son agilité habituelle, la voleuse avait enroulé son fouet autour du bras de sa proie, avant de l’attirer avec rapidité vers elle pour s’empresser de coller une main gantée sur sa bouche. Elle avait choisi cet endroit précis pour son obscurité particulière, et ses recoins cachés. « Tu as perdu ta route, vilain petit canard ? »

Un jeu d’enfant. Si Selina n’avait pas eu de chance dès le départ, sa bonne étoile commençait à briller doucement. « Bat, tu m’entends ? On doit se retrouver. J’ai des informations. » Se retrouver. Bien sûr, elle avait envie de le revoir. Mais c’était aussi plus que ça : au-dehors, un camion avec antenne cherchait les discussions des amants de la nuit. Cobblepot pouvait arriver d’une minute à l’autre, décelant chacun de leur plan. « Envoie-moi ta position, je te rejoins. »

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