nasdrovia (mission 7)

"Cursed"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Les yeux d’or de Mehmet me fixaient avec un air dédaigneux, alors que je cirais depuis maintenant une bonne heure la tige de bois à coup de potion de lévitation. Évidemment, elle m’en voulait encore pour l’avoir transformé en Krampus le Noël dernier. J’avais beau m'être excusée une bonne centaine de fois, elle continuait à me bouder et davantage quand je retournais jouer les alchimistes fous avec mon chaudron, dès qu’une idée me traversait l’esprit. Et j’en avais eu une, en effet. Une potion qui pourrait octroyer la capacité de flotter dans les airs à un objet. « Même si tu réussis à enchanter un objet de la sorte, que vas-tu en faire ? » Glousse la chatte noire au regard d’or, non sans me fusiller de ses iris agressifs. « Sérieux, Mehmet ! Va donc lire Mildred, The Worse Witch ou Harry Potter. Et tu sauras que la première chose qu’un Fan de ses œuvres souhaite de tout cœur, c’est de voler sur un balai ou faire du Quidditch, pardi ! »
        La chatte ronronna un air désapprobateur, avant de fixer le balai dont le bois brillait à présent sous l’effet du liquide étalé sur son corps. « Si ce balai devient fou, je ne t’aiderai pas ! » Cracha Mehmet, avant de quitter la pièce. ''Quelle chieuse !'' C’était ce que j'avais pensée avant de me rappeler qu’elle était ma conscience et que par conséquent, c’était moi la chieuse ! Bordel, que j’avais un sale caractère quand même. Je fixais le balai en vérifiant encore une fois les gravures sumériennes sur le balai, imprégner de ma potion. Les gravures qui étaient faites de runes sumériennes, étaient sensées liées le balai à ma volonté. Du moins en théorie… Je n’avais jamais enchanté un objet auparavant. Main sur le menton, je me demandais alors comment je devais activer cette connexion. Je tentais alors une première fois de lire les runes sumériennes sans que rien ne se passe. Puis je posais une main sur le manche du balai avant de répéter à nouveau la formule, mais toujours.

         Puis une idée stupide me vint à l’esprit, mais sur le coup ça me semblait ingénieux. Je me levais en me plaçant à côté de mon balai, levant ma main au-dessus de lui avant de hurler : « Debout ! » But, nothing. Damn, J.K. Rowling... Ça ne marche pas ton astuce ! Le reste de la journée passa bien vite après cet échec, j’avais plongé dans mes notes à la recherche du moindre indice pour comprendre à quel moment, j’avais foiré. Est-ce que c’était durant la concoction de la potion, me serais-je gourée dans les ingrédients et la formule de préparation ? Ou bien, avais-je gravé les mauvaises runes ? C’était là toute une équation à revoir. Il faisait déjà nuit quand Mehmet revint enfin, un rat à la bouche… « Je croyais que tu n’avais pas besoin de manger en tant que familier, vu que tu dévores déjà mon essence. » Annonçais-je en refermant mon grimoire, la chatte déposa délicatement la bestiole morte au sol avant de se prononcer. « Sous cette forme, j’ai des instincts, j’y peux rien… Je voulais juste jouer avec elle, mais elle a fini par mourir entre temps. Du coup, mon instinct m'a dicté de te l'apporter pour que tu aies de quoi manger. » Je levais un sourcil, avant de lui ordonner de jeter cette chose hors de chez moi.  
       Cette nuit, le rêve avait été étrange… Je savais que la présence de Mehmet permettait aux rêves de se manifester beaucoup moins dans la réalité, Mehmet dévorant la moindre essence qui s'échappait de mon corps. Mais ce rêve-là, restait tout de même énigmatique… J’étais au milieu d’un champ, ou d’une Toundra plus exactement, il y avait au loin une silhouette qui me faisait penser de dos à Zatanna. Puis à la suite, une voix que je connaissais désormais que trop bien, m’annonça que c’était ma prochaine destination et tout devint clair dans mon esprit. En me retournant, j’étais face à une table et un paquet de cartes étalées sur sa surface dont une était posée à l’écarte des autres, avancée dans ma direction. « Nope ! » Je ne la retournerais pas, mais j’ai compris de toute façon que j’avais une mission. Au moment où je songeais à accepter celle-ci, sans vraiment savoir de quoi il en retournait, la table prit feu avant que je me réveille en sursaut. Les yeux d’or luisant de Mehmet me fixaient avec deux grands yeux sauvages et prédateurs, elle était devenue comme à son habitude une Lionne haute de deux mètres, au pelage noir comme la plus sombre des nuits. Mon téléphone indiquait qu'il était trois heures du mate, de l'horaire Gothamite. Saleté de voyante.

       Avant que j’annonce à mon familier que Madame Xanadu nous envoie en mission, Mehmet me prit de vitesse. « J’allais te réveiller, il faut que tu voies ça ! »

 

          Je sentais le vent balayer ma chevelure, il y avait une sensation de liberté que je ne saurais pas expliquer, peut-être était-ce encore l’adrénaline dans le sang qui me faisait ressentir cela. C’était tout simplement génial, mais… « Putain, ça me rentre dans le cul ! » Crachais-je au bord des larmes. « Et à quoi tu t’attendais !? Un confort trois-étoiles, idiote ! C’est un BA-LAI ! » Se moqua Mehmet volant à côté de moi sous forme de corbeau. Je tentais différentes positions, mais ça faisait toujours mal. Cela dit, j’arrivais à apprécier le vol, même s’il m’avait fallu une bonne petite minute pour prendre en main le balai. Grand Dieu, je m’étais surprise à crier comme l’une de ses bitches dans les films d’horreur qui n’ont rien pour eux que leur beauté et leur stupidité face au tueur. Il faut dire, que mon poids n’aidait pas à trouver mon équilibre et je me retrouvais souvent la tête en bas. Bref… Je n’ai pas traversé l’océan en balai volant, je vous rassure, j’ai simplement triché en passant par l’Oblivion.
         Ce bar était fort pratique pour les voyages rapides. Ce fut une fois sur le sol de la Russie, à l’abri des regards, que j’avais cru sage de tester mon balai enchanté. D’après Xanadu, je devais apparaître non loin du lieu où se trouvait Zatanna, d’ailleurs, je l’avais directement contacté pour quand se donne rendez-vous à cet endroit en question. Alors d’une pierre deux coups, je pouvais tester le balai tout en attendant l’arrivée de Zatanna. Pas mal, non ? « Quand on était au bar, tu aurais pu demander à Xanadu, c’était quoi la mission quand même. » Cracha Mehmet. « Fuck ! » Réalisais-je.  

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"Cursed"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Je me posais délicatement sur le sol, ce qui n’était guère bien compliqué quand on flottait à seulement un mètre de ce dernier. Balai dans une main, baguette dans l’autre, je soufflais alors le sortilège qui permit à Mehmet de reprendre sa forme féline, et ce, avant d’adresser un regard à la magicienne et un sourire. Comme à son habitude, Mehmet s’empressa de filer en direction de la brune aux yeux couleur ciel pour passer gracieusement entre ses jambes en signe d’affection. Tandis que je balayais du regard la zone, mon expression sans doute bien plus grave. Comment ne pas l’être en prenant conscience de l’ampleur de cette mission. Je ne pensais point qu’une telle entreprise pouvait aussi concerner la Justice League Dark. Mais d’un côté, il était possible qu’une menace de cette envergur pouvait aussi indirectement nous menacer. Après Brainiac, ainsi que cette affaire avec les sorcières d’Ukraine, il fallait maintenant se coltiner d’autre abruti qui ne savaient plus comment pisser droit sans foutre le bordel dans ce monde.
        Je fixais alors la magicienne qui passa ses mains sous ses aisselles… Je ne savais pas pourquoi sur le coup, mais ce tableau m’apparut un instant choquant comme si dans mon esprit il m'était impossible d'imaginer une faiblesse quelconque chez elle. Je savais pourtant que nos magies étaient différentes, mais par moment j’avais l’impression qu’il n’y avait aucune frontière entre elles, qu’il n’y avait qu’une science et qu'elle comportait d’innombrables maîtrises. Depuis que j’avais le contrôle de mon essence, j’étais capable de rendre mon corps insensible au température qui peuvent pourtant sembler extrême. Et c’est devenue si naturellement de ne plus souffrir du froid, que d’un côté cet aspect de moi pouvait suffire à me trahir. Surtout que je n’étais pas habillée aussi chaudement que la magicienne. Devais-je être plus prudente ? Je me contentais de l’écouter silencieusement, quand elle rajouta que ce n’était pas leur point fort les missions d’infiltrations. Et pour être honnête, je n'étais pas certaine qu’on pouvait passer inaperçu… Après tout, n’était-elle pas une magicienne connue, quand moi-même, je perçais actuellement dans la musique ?

        D’ailleurs, que diraient nos fans ou nos managers, s’ils apprenaient que Zatanna et moi, on se la jouait James Bond et Jason Bourne en duo ? Qu’on n’avait pas les qualités qu’ont ces gars-là ? Eh bien, ils auraient foutrement raison. Je n’avais pas encore écrit de quick spell pouvant me permettre de la jouer agent secret. Mon sortilège le plus discret était aussi le moins efficace. Il s’agissait de la malice du sommeil, mais celle-ci ne marchait que sur des esprits faibles. Je m’écroulerais bien avant d’épuisement, si je tentais de plonger Zatanna dans le sommeil par exemple. Ca me laissait donc que les enchantements offensifs qui n’étaient pas du tout fait pour la discrétion. Et malheureusement, le sort que j’utilisais pour changer la forme et l’apparence de mon familier, qui aurait pu nous être utile, ne fonctionnait justement que sur son anatomie de conception purement magique, puisque ce n’est pas seulement sa forme que je change, c’est aussi sa manière de faire usage de sa magie et de sa puissance.
       Changer d’apparence demandait une science plus complexe, il est possible que mes rêves possède cette faculté… Mais je ne contrôle pas mes rêves. Je ne pouvais m’aider que de la magie de transformation, c’est-à-dire l’alchimie ou d'autres mots, l’art des confections de potion. Mais là aussi, créer une telle potion était laborieux, si je devais m'y mettre tout de suite, peut-être que dans un mois, j’y étais encore et sans la garantie d’une réussite. Un jour, j’ai voulu créer une potion capable de m’empêcher de rêver, avant même de finir celle-ci, le liquide avait rongé les parois du chaudron pour s’attaquer à la suite à mon parquet. C’est le plus grand risque, une potion ratée pouvait devenir un terrible poison. Je m’estimais heureuse d’ailleurs que ce balai se contentait simplement de flotter dans les airs comme convenu et rien d’autre. Tout ceci pour dire qu’au final, si on devait s’infiltrer, je n’étais pas certaine d’être la personne idéal pour ça… Foutre le bordel, ça me semblait plus rock'n'roll et donc dans mes cordes. Fuck yeah !

        Et puis sérieux !!! N'avait-on pas Boston, un fantôme qui pouvait prendre possession des gens qui, s'ils n'étaient guère magiques, étaient incapables de le voir. Pourquoi diable, n’est-il pas avec nous pour une infiltration, hein ?! C’est insensé quand même, la JLD, cette équipe de bras cassé et leur sens de la gestion à chier ! Zatanna leva sa main sans prévenir dans ma direction, je sentis sa magie et sur le coup, je n’avais pas eu le temps de réagir et la prévenir. Et c’était ma faute ce qui se produisit par la suite… Le balai s’imprégna de la magie de Zatanna avant d'absorber aussitôt cette énergie qui vibrait aussi simplement qu’un aspirateur avalant la poussière. Le balai alors se remis à léviter de manière agressive avant de s’échapper de mes mains avec force pour s’envoler seul sous l’accumulation d’énergie en son cœur. « Oh merde, je suis désolée... J’ai voulu te prévenir… Le balai était enchanté pour se lier à quiconque y versait son pouvoir. Mais je pensais pas qu'il réagirait comme ça. » Je ne savais pas trop quel sort venait de faire usage Zatanna, mais le balai l’avait probablement annulé. En tout cas, cela prouvait que le balai n’était pas totalement une réussite, puisqu’il est devenu fou au final.
        J’espérais juste qu’il n’allait pas finir en morceau quelque part avant la fin de la mission… C’est la voix d’un homme qui me fit reporter mon attention sur Zatanna qui semblait le connaître. Shit… À une époque, je me serais barrée une bouteille à la main si j’avais vu un type masqué pointer une arme dans ma direction. Là… Je ne savais pas trop, j’avais surtout l’impression que les machines de Brainiac m’avaient sagement vaccinées contre la peur des armes à feu. « Est-ce qu’il vient vraiment de me traiter de putain de chat ? Il me cherche ‘’le putain de primate sans poil’’ ! » Cracha Mehmet outrée… Je me tournais vers Zatanna et je lui demandais alors : « Dis-donc… Je vais finir par croire que tu ne sais pas les choisir tes potes... Bien que je sois l’exception. » Lol… Bah quoi ? Si on pouvait plus plaisanter. Je me retournais de nouveau vers les deux types masqués. Quand je remarquais alors que le masque du second type, me disait quelque chose. « Toi ! » Commençais-je en pointant l’espace d’un instant ma baguette sur lui afin de le désigner promptement. « On se connaît, non ? »    
 
         Je n’en avais pas la certitude, mais il suffisait d’un rien pour que je reconnaisse des choses. Il faut dire qu’avec ma perte de mémoire, j’avais ressenti le besoin de retenir tout ce que je voyais, mais si à l’époque, je reniais mes cauchemars et mes pouvoirs. Cette qualité était restée avec le temps. Quoi qu’il en soit, lui et son masque hantaient ma mémoire, je devais forcément l’avoir croisé.   

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"Cursed"

Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Est-ce que j’aurais cru un jour le fait que je sois une sorcière aux capacités assez importantes pour en gêner celles de Zatanna Zatara ? Ne me faites pas rire, j’avais à peine du mal à croire que mes cauchemars étaient la raison de tous mes tracas, alors je vous aurais très certainement ri au nez, une bouteille de Whisky à la main. Parce que c’était bien la seule chose dont j’avais conscience, être qu’une sale merde d’ivrogne, squattant les bars les moins cher et les plus pourris de Gotham, comme un rat à la recherche de son bout de fromage moisi. Ce n’était qu’une expérience, sans doute idiote, mais qui aurait cru que cette idiotie allait être assez puissante pour annuler la magie la magicienne en personne. Évidemment que l’idée en soit n’avait rien d’excitant, je n’étais pas encore rassurée avec ma propre magie, alors si je commençais à faire déconner celle de Zatanna durant une mission aussi dangereuse… Eh bien, vous voyez le tableau, non ?
         Je ne pus qu’avoir un sourire gêné quand elle m’annonça qu’il fallait qu’on essaye de s’accorder la prochaine. Pression. Oui, de quoi mettre pas mal de poids sur mes épaules. Responsabilité. Fallait-il vraiment que je sois pliée à cette exigence ? J’imagine que si nos vies étaient en danger, je n’avais pas tellement le choix. Deux hommes masqués étaient apparus, étrangement, je n’avais ressenti aucune peur en leur présence, pas même un simple sursaut de surprise. Alors que quelques mois, auparavant, ma paranoïa aurait déjà rongé mes entrailles. Ma respiration était calme, mon cœur battant à un rythme posé. Ennemis ou pas, j’avais conscience d’une chose. Les deux seules personnes qui me faisaient réellement peur à présent, celles que je ne désirais en rien avoir pour adversaire, étaient la magnifique brune aux yeux couleur ciel qui me pressait le bras à l'instant et moi-même. Oui, j'étais mon propre adversaire, cela l’a toujours été. Mes propres cauchemars m’étaient mon corps et mon esprit en danger. Faith Cross est sans doute mon plus terrible ennemie.

          La magicienne me présenta donc à l’un des hommes avec qui elle discutait plus tôt, louant ses qualités de mercenaire, ce qui n'était pas rien. Pour être capable d’impressionner la magicienne, sans magie, c’est que ce type, c’est quelque chose. Quand il demanda si j’étais la padawan de la madame, j’eus un sourire et je levais alors mon pouce vers le haut. « J’espère avoir un meilleur avenir que celui de Kenobi, mais ouais, je suis son apprentie. » Je n'en serais pas là où j’en suis sans elle… Si aujourd’hui, j’ai conscience de l’étendue des capacités que je peux utiliser, c’est parce que Zatanna a su prendre le temps de me les faire étudier dans un bon environnement… Si j’avais utilisé le feu des djinns éfrits sans en connaître ses effets, j’aurais pu faire énormément de mal autour de moi et principalement à moi-même. Qui aurait cru que cette simple flamme dorée que j’avais lancée sur la plante de Zatanna, était en réalité d’une flamme détenant une forme de conscience, une volonté malsaine de détruire.
          La première fois que je l’avais lancé, la flamme s’était éteint immédiatement après que Zatanna l'ai arrosé… Mais j’avais à l’époque peu de volonté, pas encore la faculté d'invoquer l’essence même de la flamme qui n’était à ce moment-là qu’une flamme ordinaire. Quand il a fallu étudier le sortilège à nouveau, à un moment où j’avais davantage de maîtrise de ma magie, la flamme était différente… Plus terrible, plus terrifiante. Quoi que nous fassions, c’était impossible de l’éteindre. Quoi que nous fassions, nous ne faisions qu’alimenter sa volonté démoniaque. Couper ma connexion magique fut le seul moyen de stopper la flamme qui avait revêtu la forme d’un serpent gigantesque. Si Zatanna n’aurait pas été là et que j’avais tenté de jeter seul ce sortilège à nouveau comme je l’avais fait dans sa chambre à Seatle. Je n'ose pas imaginer, le cauchemar. C’est l’un des pouvoirs que je ne maîtrise pas car la flamme doit se plier à ma volonté pour faire ce que je lui demande et par conséquent, j’ai bossé avec la magicienne pour remplacer ce sort, par celui qui projette une flamme plus ordinaire, d’où l’apparition de ‘’Nara’’ dans mon grimoire.  

         ‘’On se connaît Mathias’’, fut la réponse du grand gaillard au côté de Deadshot, ça faisait longtemps que personne ne m’avait appelé par ce prénom. J’imaginais donc que j’avais bel et bien visé juste, on s’était bien rencontrés et s’il semblait que lui aussi avait une très bonne mémoire. « Tu m’as rencontré à une époque pas très subtile de ma vie, Slade. » Lui répondis-je alors sans vraiment ressentir de remords ou de honte, car j’assumais pleinement celle que j’étais avant. Ce n’est pas comme si cette nana avait totalement disparu. « Mais… Sache que je m’appelle réellement Mathias Cross, tu sais… Plus exactement, Faith Mathias Cross. Faith pour les intimes, Mathias pour les étrangers… » Rajoutais-je... Ce n’était pas toujours le cas, puisque je n'avais pas souvenir de m’être présentée à Zatanna sous Mathias, mais comme elle était sympathique et que j’étais déjà un peu défoncée, j’imagine que ça doit être la raison.
         Bref… La mission, Slade Wilson nota que notre présence magique devait avoir son importance, c’est vrai que quand madame la voyante nous envoie quelque part, il faut sérieusement s’attendre à véritable bordel. Cette histoire avec Baba Yaga, franchement pour une première mission Justice League Dark, ça ne rigolait pas. Les méthodes de recrutement de cette team est vraiment à revoir. Vous imaginez un peu ? ‘’Bon les gars, vous êtes nouveaux, ne vous en faites pas, tout ira bien... Si vous mourez, on boira à votre santé. Si vous survivez, eh bien… Bienvenue dans la Team !’’ Des fous ! Et puis ça parle de Waller… What ? C’était bien la directrice d’ARGUS, non ? Le souvenir de son visage aussi constipé qu’aigri me revint à l’esprit, je les aperçu durant une conférence de presse à la télé. Ce Deadshot n’a pas tellement l’allure d’un de ces agents d’ARGUS. D’ailleurs, ce denier annonça qu’on était déjà sûrement repéré. Zatanna et moi passions pour des civils un peu égarées, mais eux avec leurs costumes-là, pas moyen qu’ils puissent les ignorer et nous avec depuis qu’on tapait joyeusement la causette avec eux.

           « Bon… bah si on est déjà repérée, inutile de parler d’infiltration plus longtemps, hein Zatanna ? Il y a qu’un moyen de reprendre l’avantage… Je reviens. » Je m’éloignais alors du petit groupe afin de me rapprocher de l’endroit ou je sentais la ‘’vie’’ grouillé sous nos pieds… Je n’étais sans doute pas aussi précise que Zatanna qui avait repéré avant que j’en prenne conscience DeadShot et Deathstroke, mais remarqué une concentration d’individu, ça devait être dans mes cordes. Tenant fermement ma baguette dans mes deux mains au-dessus de ma tête comme s’il s’agissait d’une lame rituelle, je prononçais la formule que Zatanna reconnaîtra assurément. Dès les premières notes psalmodiées, ma voix semblait résonner dans un écho surnaturel, alors que les vents se levèrent sous le chant occulte. « Hu’ra Tatan, Tiyou, Hu’ra Allah-ïn ! » Je répétais trois fois cette phrase alors que ma baguette dans mes mains se voilait d’une lueur argentée, brillant comme une étoile en pleine nuit. Quand je cessais enfin mon chant, j’abattis alors ma baguette sur le sol et il y eut alors comme un choc, comme si la région venait d’être frappé d’un séisme.
          Il y eut un silence, un calme inquiétant… Puis, à l’endroit où ma baguette s'était enfoncée dans le sol, la terre s’effondra sur lui-même, un trou apparu, un trou qui devint subitement une crevasse de plus en plus large, de plus en plus profonde. « Oh zut… C’est bien des bads guys là-dessous, hein ? » Réalisais-je en me retournant vers Zatanna, au pire je m'excuserais auprès des blessées pour mon manque de diplomatie. Et puis quelle idée de mettre une base sous terre, hein ?    

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Quand les corbeaux chantent, c'est votre ombre que la mort hante... - Faith

       Me suis-je déjà questionnée sur ma peur ? À vrai dire, je dois faire partie de ceux et celles qui ont été le plus confronté à leurs terreurs, le plus souvent dans mon cas, je n’en comprenais pas réellement l’origine. Il faut dire qu’à l’époque, j’étais la cible de mes propres cauchemars qui prenaient vie sans que jamais je n'en comprenne le sens. J’étais la victime d’une peur qui me semblait aussi insaisissable qu’inéluctable, issue de mes plus profonds tourments intérieurs, sans doute exagérés par une amnésie imposée. Une peur aux visages multiples, donnée vie par une psychologie torturée et incomprise par moi-même en premier lieu. Mais j’ai vécu beaucoup de choses entre cette époque et aujourd’hui, je n’étais plus cette pauvre fille que l’on pouvait trouver ivre dans un bar douteux de Gotham et qui ne cherchait qu’à noyer ses pensées dans le Whisky. Et peut-être souffrais-je davantage à l’époque, car je n’étais rien de plus qu’une lâche fuyant ses problèmes intérieurs.

Mais toujours est-il que j’avais longtemps appris à accepter ce que j’étais et ceux qui me tourmentaient en les affrontant directement, et ce, avec l’aide indispensable de la magicienne au tout début de notre relation. Découvrir mon passé, mon histoire, avait en quelque sorte libéré cette nature latente qui n’attendait que de fleurir en moi. J’étais délivrée des chaînes de mes anciennes terreurs, en un sens, je n’étais plus la même Faith. Une part de moi était peut-être un peu redevenue ce qu’était dans le temps Ahmanet, même si je ne pouvais pas réellement être elle, car mes souvenirs n’étaient pas vraiment et complètement revenue, encore moins sa personnalité. Mais c’est pourquoi aussi dérangeant que pouvait être celui qui jouait avec nos tourments, je n’étais pas un adversaire pour lui, si son seul talent était de remuer le couteau dans la plaie. Mes peurs, je les connaissais bien, je les affrontais encore tous les jours ou plutôt, tous les soirs, eux qui continuaient encore à prendre vie en d’oniriques manifestations.          

Et donc qu’avait-il à me montrer que je ne voyais pas déjà ? Rien, si ce n’est qu’une cassette foutrement plus mal rembobinée pour correspondre à sa fichue capacité. Et alors que cette enfant au visage déformé que j’avais jadis vu dans le manoir de Zatanna, réapparaissait dans une bien sinistre apparence, seule la colère anima tout mon être... C'était certes cette enfant qui me tourmentait le plus, mais lui, il en souillait l'image en se l'appropriant. Elle qui était pour moi, autant une énigme qu'un potentiel morceau d'un souvenir effacé et sans aucun doute mélancolique. Je prononçais alors sur un ton froid. « Mehmet ! » Le chat noir et familier, dont le regard brillait à présent d’une lueur aux reflets d’or, se tourna vers celui qui nous confrontait à nos peurs, avant d’avancer vers lui d’un pas de velours. « La peur, je la jette en pâture à celle qui s’en délecte... » Les ronronnements de Mehmet devinrent progressivement des rugissements aux notes de plus en plus grave, au fur et à mesure que la bête grandissait en taille et prenait en masse à chacun de ses pas. « Elle se délectera de toi, si tu t’estimes si digne de toucher mes peurs. »     

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel