Caring too much is what I'm good at • Analia Jones

caring too much is what I'm good at

ANALIA JONES & CONNER KENT

◊ ◊ ◊

La patience est une vertu que Conner n'a jamais possédée et la difficulté qu'il éprouve à rester tranquille sur le banc de la station de bus ne fait que le confirmer. Il n'est même pas encore midi et le jeune homme a déjà dû soupirer une cinquantaine de fois à force de regarder l'heure sur son téléphone et d'être déçu de voir qu'il va encore lui falloir longuement attendre. Si lui-même trouve déjà ce temps de latence interminable, il n'ose pas imaginer ce que doit ressentir Analia, prisonnière entre les quatre murs d'un auditoire de l'université de Central City. Sa courte expérience de la vie universitaire l'a tellement peu intéressé qu'il part directement du principe que sa collègue de Cadmus doit tout autant s'ennuyer que lui à l'époque. Le fait qu'elle puisse possiblement plus apprécier cette expérience que lui ne lui passe même pas par la tête. Lui, il ne lui a pas fallu plus d'un semestre pour comprendre que passer des heures entières à prendre des notes, en étant entouré d'une centaine d'autres élèves qui ne savent pas non plus ce qu'ils font sur place, ne lui convenait pas. Puis, jusqu'à maintenant, rester parfaitement tranquille est un concept qu'il n'a jamais réussi à apprivoiser. C'est peut-être pour cela que les tâches que Tim lui assigne ne sont pas toujours réalisées comme ce dernier le souhaiterait. Ce qu'il lui faut, c'est bouger pour dépenser son énergie, ce qui explique son départ des bancs de l'école pour directement se lancer dans la vie professionnelle. Ca, les Kent l'ont bien compris puisque c'est à travers de longues semaines de jardinage et de plantages de graines qu'ils ont réussi à le rendre plus docile. Dans tous les cas, le demi-kryptonien est tout aussi heureux de la savoir loin des laboratoires qu'il est anxieux à l'idée de découvrir comme elle se porte en étant entourée de gens de son âge. Nouer des relations avec les autres n'est déjà pas facile au départ, et cela se complique encore davantage quand on est issu d'un projet scientifique qui ne se concentre absolument pas sur les liens sociaux. Se faire ses premiers amis en dehors des Teen Titans et de la Young Justice a été réel parcours du combattant pour lui, mais ceci est peut-être également dû à son mauvais caractère. Peu habitué à voir des inconnus l'approcher sans mauvaises intentions et peu ouvert aux autres par nature, Kent se souvient avoir effrayé les premières personnes qui ont essayé de sympathiser avec lui.

Son degré d'impatience ne fait qu'augmenter d'un cran quand la dernière de la fratrie Jones lui annonce être en route. Les voitures défilent sous ses yeux sans qu'il n'y fasse trop attention à cause de ses oreilles qui se sont involontairement mises à écouter les conversations aux alentours pour le distraire quelque peu pendant qu'il attend. Sans surprise, la majorité des sujets tournent autour des récents événements. Le bilan de morts et de blessés suite à l'attaque de Brainiac est beaucoup plus faible à Central City que dans d'autres villes telles que Metropolis, par exemple. Pourtant, cela n'a pas empêché une polémique d'éclater autour de la méthode utilisée par la Justice League pour y arriver. Kon-El a cru entendre parler de l'utilisation d'une toxine pour endormir les citoyens, mais n'a pas cherché à en savoir plus auprès de Clark. Il n'hésitera pas à interroger Analia sur la question en revanche, histoire de voir comment cette dernière a vécu l'invasion sans même se douter que cette dernière y a participé. Le jeune homme sort de son état de semi-distraction quand il entend le nom de Billie Dalton, le nom d'emprunt de celle qu'il attend, sortir de la bouche d'un étudiant à une trentaine de mètres de sa position. La suite de ce qu'il capte est cependant très loin de lui plaire. Le fameux James qui déblatère un nombre incalculable de bêtises a visiblement des plans bien précis pour sa protégée. Manque de bol, il ne s'attendait pas à ce que des oreilles indiscrètes traînent dans les parages.

Un discret, mais visible sourire, apparaît sur son visage quand il pense enfin pouvoir la distinguer parmi la foule qui descend du dernier bus à s'être arrêté. Ceci n'est toutefois pas facile avec ce drôle de masque qui change ses traits. Kon-El sort son téléphone une dernière fois, jetant un rapide regard vers la photo que Numéro 4 lui a envoyée la veille pour s'assurer qu'il ne se trompait pas de personne. Non, c'est bien elle. Son aversion pour les démonstrations d'affection en public l'empêche de se lever pour la prendre dans ses bras. A la place, Conner se contente de lever la main pour à la fois attirer son attention et la saluer. « Je ne sais pas qui est ce James, mais j'éviterais d'accepter l'invitation qu'il s'apprête à te faire demain à la pause, si j'étais toi. La fête dans la villa de ses parents n'est qu'un prétexte pour attirer les filles un peu trop naïves dans son lit. »  Fait-il simplement en guise de salutations. Peut-être que commencer par dire bonjour aurait été plus poli ? Trop tard. Il leur a fallu attendre cinq ans pour finalement se rencontrer en civil, Conner ne sait donc pas si la rousse est parvenue à le reconnaître derrière ses lunettes rondes. Qu'importe, il continue de lui parler comme si c'était le cas et lui explique alors ce qui lui a permis de connaître les véritables intentions de ce fameux James. « Super-ouïe, tu te souviens ? » Si elle ne savait toujours pas qui l'avait interpellée, nul doute que mentionner ses facultés auditives a dû lui mettre la puce à l'oreille. Il quitte ensuite son banc et plie les genoux pour placer ses yeux à la hauteur de celle qu'il voit comme sa sœur de cœur. Ses yeux se froncent pour manifester sa contrariété pendant qu'il continue de détailler le revêtement qui cache son visage. « Je pensais plus apprécier ton masque en le voyant en vrai, mais ce n'est pas le cas, visiblement. Il te fait une sale tête, je ne l'aime pas. » Plus direct, tu meurs. Analia doit bien le connaître maintenant de toute façon, elle a donc probablement compris que ses commentaires ne sont pas forcément aussi vilains qu'ils le paraissent. C'est plutôt la frontière entre ce qu'il peut dire et ce qu'il doit garder pour lui qu'il a parfois du mal à déterminer. Le garçon d'acier n'est pas très bavard, mais quand il parle, il prend bien soin de toujours exprimer ses pensées sans détour. Il y a quelque chose qui lui déplaît ? Il le dit tout haut sans passer par quatre chemins.

(c) oxymort

caring too much is what I'm good at

ANALIA JONES & CONNER KENT

◊ ◊ ◊

Ils ne s'étaient pas forcément quittés de la plus joyeuse des manières sur Terre-IV, alors Kent est content d'entendre Analia rire. Il n'a cependant aucune idée de ce qu'elle a pu trouver de marrant dans sa déclaration. Enfin, le plus important est qu'elle ait bien compris qu'il n'y avait aucune mauvaise pensée derrière son commentaire. Ils ne se sont revus qu'une seule fois en quatre ans et demi - et pas dans des conditions optimales, il faut le dire - mais la complicité qu'ils avaient avant sa fuite ne semble pas avoir disparu. Le demi-kryptonien est bien plus heureux de la voir que son tout petit sourire ne le laisse présumer quand il sent ses lèvres toucher sa joue. A cause de son drôle de sms d'il y a quelques jours, il s'attendait à la voir dans un état bien pire, mais Numéro Un ne lui a visiblement rien fait de mal. Le jeune homme s'était grandement inquiété après qu'elle lui ait fait part de son évasion... Plusieurs mois après que cela se soit produit. Par chance, la demoiselle a l'air de bien aller. Ou alors, Cadmus n'a pas encore sorti les gros moyens pour la retrouver. Il l'interrogera sur tout cela dès qu'il sera sûr qu'ils ont peu de chance d'être écoutés. « Hm-hm. » Fait-il pour répondre positivement à sa question alors qu'il n'avait rien remarqué de différent chez elle jusqu'à ce qu'elle le mentionne. Trop concentré sur son horrible masque, ce détail lui a complètement échappé. Ses cheveux sont plus longs que lors du semestre précédent. « Ça te change. » Rajoute-t-il ensuite après avoir pris le temps d'un peu mieux inspecter sa tête. Il se fait ensuite silencieux quelques secondes pour réfléchir, hésitant à s'arrêter là ou à la complimenter un peu plus. Il ne sait pas vraiment quoi rajouter de plus. Les choses ont toujours été très simples et directes avec lui, soit il aime, soit il n'aime pas. L'argumentation dans ce genre de situation n'a jamais été son fort.  

Les mains bien enfouies dans les poches de son blouson, Kon-El suit Analia sans broncher, les rues de Central City lui étant plus familières qu'à lui. Il se contente d'un simple haussement d'épaules en guise de première partie de réponse à sa question suivante. « J'étais à Metropolis quand Brainiac a frappé, mais comme tu peux le voir, je suis toujours vivant. » Lâche-t-il sur un ton nonchalant, comme s'il lui racontait une simple aventure anodine alors qu'il avait été confronté à l'une de ses plus peurs. Il ne doit principalement sa survie qu'à ses équipiers qui l'ont aidé à ne pas craquer sous la panique. Sans eux, il ne serait même pas là pour en parler avec l'étudiante. Bien sûr, Kon-El omet volontairement de mentionner cette partie-là, peu fier de sa piètre performance au départ face à Doomsday. « C'est trop naïf de ma part de penser que t'es sagement restée cachée sous ton lit tout le long de l'attaque sur Central City ? » S'il espère grandement entendre une réponse de sa part, le justicier connaît malheureusement la tendance de la rouquine à se mettre en danger pour tout un tas de raison. Il a déjà prévu de l'enguirlander pour son évasion de Metropolis, ce n'est donc pas comme si sa situation pouvait empirer si elle lui disait la vérité sur les dernières semaines. Les autres diront sûrement qu'il la surprotège un peu trop. Numéro Quatre a été créée pour ce genre de situation, après tout, ce qui fait d'elle une personne parfaitement capable de s'en sortir sans qu'il ne l'ait sur le dos au moindre pépin. Il viendra forcément un jour où le clone cessera d'être aussi lourd avec elle, mais il n'empêche qu'elle subira ses remontrances en attendant. « Tu ne pourras pas esquiver cette discussion indéfiniment, tu le sais ça ? M'enfin d'accord, j'attendrai qu'il n'y ait plus d'oreilles indiscrètes dans les parages. » Elle peut le faire patienter aussi longtemps qu'elle le voudra, la benjamine de la famille Jones se fera tout de même remonter les bretelles à la fin. Pouvoir passer du temps avec elle lui fait plaisir, bien sûr, mais il ne doit pas se laisser attendrir, au risque d'oublier la principale de cette centaine de kilomètres parcourus.

Puisque évoquer l'actuelle cavale de son interlocutrice ne semble pas être possible pour le moment, le garçon d'acier change de sujet pour parler de choses sur lesquelles, il en est persuadé, Analia se montrera plus bavarde. « Alors, qu'est-ce que ça fait d'être enfin libre ? Tu t'es habituée à ne plus avoir de couvre-feu et à boire des boissons beaucoup plus chargées en sucre ?» S'il évoque les sodas, c'est bien parce qu'il n'y en a pas à Cadmus, les diététiciens de l'entreprise faisaient toujours en sorte de fournir une alimentation saine à leurs expériences. La routine là-bas était plutôt stricte dans ses souvenirs. Ou alors, peut-être que ce n'était que le sien ? Il ne rencontrait les autres projets que pour quelques heures durant lesquelles ils ne faisaient que se battre, il n'a donc aucune idée des programmes que ces derniers suivaient. Dans son cas, son horaire était extrêmement précis et répétitif. On le réveillait à une heure bien spécifique, lui faisait subir chaque jour les mêmes tests jusqu'à ce qu'il atteigne les résultats escomptés, puis on le renvoyait dans sa cuve d'incubation jusqu'au lendemain. Du coup, une fois délivré de l'emprise des scientifiques, Kent s'était senti submergé par l'infinité de possibilités qui s'offraient à lui. Plus personne ne planifiait ses journées ou ne suivait son régime alimentaire, ce qui l'a amené à expérimenter bien des choses par lui-même et à en tirer ses propres conclusions. C'est d'ailleurs en sirotant un soda pour la première fois que le jeune homme a découvert que ses papilles gustatives étaient bien plus développées que celles des autres humains. La teneur en sucre à l'intérieur de la canette était bien trop élevée pour une personne qui n'était habituée qu'à boire de l'eau, et encore plus pour une personne aux sens améliorés.

(c) oxymort

caring too much is what I'm good at

ANALIA JONES & CONNER KENT

◊ ◊ ◊

Exaspération et amusement se mêlent dans le soupir que Kon-El évacue. Il secoue négativement la tête en même temps. Qu'est-ce qui lui a pris de penser qu'Analia serait restée tranquillement à l'abri pendant que d'autres remuaient ciel et terre pour protéger la ville ? Il note même une pointe d'insolence dans son ton en l'entendant l'autoriser à rajouter cette imprudence à sa longue liste de reproches. Le clone se demande si cela vaut même la peine de l'enguirlander à ce sujet vu la désinvolture dont elle fait preuve. Il se reconnaît un peu en elle, quelque part. Lui aussi a tendance à se lancer vers le danger de manière imprudente. Une partie de lui est donc fière de ses agissements, fière de constater que sa sœur de cœur est prête à prendre des risques pour défendre ceux qui n'ont rien demandé. Bon, c'est décidé, il ne lui remontra pas les bretelles pour ce qu'elle a fait à Central City. Superboy campe néanmoins sur ses positions par rapport à sa fuite de Metropolis, il continue de se dire qu'elle aurait dû mieux planifier son coup avant d'agir. Il lui a promis d'attendre qu'ils aient rejoint son appartement, donc il garde cette pensée pour lui pour le moment. A la place, il sourit en l'écoutant lui parler de sa vie d'étudiante. « T'as l'air de t'être habituée à ta nouvelle situation en tout cas, c'est le plus important. » Voir un rictus sur le visage de la rousse pendant qu'elle lui fait part de son expérience le rassure, tant il craignait que la transition soit dure à faire sans qu'elle n'ait personne pour l'épauler. Au final, Kent n'est pas tant surpris que cela qu'elle ait trouvé ses marques sans lui. Numéro Quatre est la plus sociable des deux, donc s'il a pu se mêler à la foule, nul doute qu'elle aussi peut y arriver. Et même avec plus de facilité que lui. Elle a réussi à sympathiser avec le gros concentré de mauvaise foi et de rage qu'il était à l'époque, ce n'est donc pas une bande d'adolescents cherchant à nouer des liens qui va l'effrayer.

C'est avec énormément de curiosité que Conner entre premier dans l'appartement. Ses yeux s'attardent sur chaque détail du salon. Les meubles, la couleur des murs, l'éclairage de la pièce, ... Tout est passé au peigne fin avant qu'il ne relève un sourcil. « Wow, la décoration... assez fade ? » Pense-t-il à voix haute. Ce n'était pas à ça qu'il s'attendait, mais pourquoi pas. Il s'assoit sur le canapé qui lui est désigné et s'accoude sur l'appuie-bras pendant qu'il regarde son hôte préparer son plateau. « Un verre d'eau suffira. » Sa tête se penche légèrement sur le côté quand son cerveau réalise enfin ce qu'elle lui a dit avant de lui proposer à boire. Son logement ne se paie pas tout seul, logique, mais de là à imaginer qu'Oliver Queen est celui qui le finance... « Tu viens à peine de sortir de ta coquille et tu fréquentes déjà les milliardaires de Star City ? Je suis curieux de savoir comment t'as fait pour le rencontrer. » Leurs cercles respectifs sont tellement différents que le demi-kryptonien ne voit pas comment leurs routes ont pu se croiser. A moins qu'Analia n'ait fait escale à Star City avant de poser ses bagages à Central City ? Cela n'aurait pas été prudent de sa part, mais cette dernière lui a déjà prouvé qu'il fallait s'attendre à tout avec elle. Le muffin qu'il attrape l'aidera sans doute à mieux digérer son explication. Ou à s'étouffer si ce qu'il entend ne lui plaît pas. Le justicier mord dedans en souriant à son interlocutrice, heureux d'enfin pouvoir revoir son véritable visage après six mois. « Ah, enfin ! T'es bien mieux comme ça. » Il ne répétera jamais à quel point il l'apprécie au naturel. Si cela ne tenait qu'à lui, ce foutu masque aurait atterri dans la poubelle dès l'instant où ils pouvaient être certains que personne ne les surveillait.

Sa joie grimpe en flèche quand l'aînée de la fratrie Jones lui annonce qu'elle n'aura bientôt plus besoin de cacher son identité, puis descend tout aussi vite quand il en apprend la raison. Numéro Un n'est plus de ce monde, Waller a pris la décision de se débarrasser après qu'il se soit rebellé contre son organisation. Il ne sait pas trop quoi dire pour le coup. Ce scénario ne lui était pas passé par la tête. L'aîné de la fratrie Jones et lui n'ont jamais réussi à s'entendre durant la période où ils s'entraînaient tous les deux à Cadmus, mais Kon-El a toujours respecté son côté protecteur envers sa famille. Il n'aurait jamais souhaité sa mort, et encore moins dans ces conditions. Cette mauvaise nouvelle lui a bien sapé l'envie de tirer les oreilles de Numéro Quatre qu'il le voulait au départ, pour le coup. Il n'empêche qu'encore plus d'interrogations lui taraude l'esprit maintenant. Il s'apprête alors à faire ce qu'il ne fait que très rarement et qu'avec très peu de personnes, même parmi ses amis les plus proches. Il va faire preuve de douceur. Une main se dépose sur celle de son interlocutrice, de sorte à attirer son attention et la sortir de ses sombres pensées. « Commençons par le plus simple alors. Comment tu te sens ? » Les liens du sang forment un concept encore relativement abstrait pour l'hybride. Lui, il n'a aucun frère et aucune sœur. Il possède deux pères avec qui il préfère garder ses distances, par contre. Ce dernier ne peut avoir qu'une vague idée de la peine que ressent Analia, mais il imagine que cela doit être pareil que si lui perdait Martha ou ses amis de la Young Justice. Ils ne lui sont pas reliés biologiquement, mais ce sont eux qui ont été présents pour lui à chaque moment de sa vie, exactement comme les autres Jones avec leur benjamine. « Je l'aurais plus imaginé chercher à te ramener au bercail par tous les moyens plutôt que de te faire cette faveur. Qu'est-ce qui l'a poussé à agir comme ça ? » Dans ses souvenirs, le Projet Alpha ressemblait plus au petit soldat parfait, le genre à ne jamais se révolter contre ceux qui dictaient sa vie. Pour cette raison, Superboy l'aurait plus vu endormir sa sœur pour qu'elle retourne à ARGUS plutôt que rendre son dernier souffle en lui permettant de goûter à la liberté totale. Comme quoi ce dernier n'était pas un cas aussi perdu que le garçon d'acier le pensait. Le chagrin d'Analia se fait néanmoins plus intense que lorsqu'il faisait preuve d'autorité à son égard, donc Conner se demande si N1 a réellement fait le bon choix.

(c) oxymort

caring too much is what I'm good at

ANALIA JONES & CONNER KENT

◊ ◊ ◊

Superboy s'attendait à entendre tout un tas d'annonces tordues pendant qu'Analia lui parlait de toutes les péripéties qui l'ont amenée à s'installer à Central City. Cette dernière commence fort en lui racontant sa rencontre avec l'une des figures les plus populaires de Star City et se prépare alors mentalement à la suite. La nouvelle d'après est malheureusement moins amusante. L'air curieux sur son visage disparaît au fur et à mesure qu'il découvre les conditions dans lesquelles N1 a péri. Son mépris pour ARGUS ne fait que s'amplifier avec tout ce qu'il vient d'apprendre. Il n'a pas apprécié le traitement que l'organisation a fourni à la benjamine de la fratrie Jones avant qu'elle n'échappe à leur emprise et sa façon de se débarrasser d'éléments jugés perturbateurs ne plaide forcément pas en sa cause. Numéro Un a visiblement fini par ouvrir les yeux sur les monstres en costume à qui il rendait des comptes, mais à quel prix ? « Et tu es d'accord à 100% avec sa décision ? » Sa mort repose sur ses épaules, indirectement. Tout ceci n'aurait peut-être jamais eu lieu si elle était restée à sa place. Après, Conner imagine que l'adolescente n'a pas trop eu son mot à dire sur le sujet. Accéder à la liberté totale, comme elle en a si longtemps rêvé, doit soudainement avoir un arrière-goût bien amer. Trouver les mots justes pour la réconforter s'avère compliqué à cause du peu de sympathie qu'il éprouvait à son égard. « Lui et moi ne nous sommes jamais entendus, ce n'est pas une surprise, mais je n'aurais jamais souhaité que cela se termine comme ça pour lui. » Le demi-kryptonien peut compter les liens positifs qu'il a tissés à Cadmus sur les doigts de sa main, et l'aîné de la famille n'en fait définitivement pas partie. Il a constamment fallu que quelqu'un les sépare quand les hommes en blouse blanche décidaient de les opposer l'un à l'autre. Berzerk représentait tout ce qu'il refusait d'être, un bon soldat qui agit selon les bons plaisirs de ses supérieurs. L'idée de lui proposer de s'évader des laboratoires avec lui, comme il l'avait fait deux de ses cadets, ne lui était jamais venue en tête, tant il savait que cela était peine perdue. C'est pour cela qu'une telle mort l'étonne autant. Les liens du sang ont primé sur les obligations, semblerait-il.

D'aussi loin qu'il s'en souvienne, le quatuor Jones s'est toujours serré les coudes, ses membres forment une meute de lionceaux qui se défendent farouchement les uns les autres. S'en prendre à l'un d'entre eux, c'est tous se les ramasser ensuite. Même si certains possèdent une façon particulière d'exprimer leur affection, Kon-El n'a jamais douté qu'ils agissaient toujours pour le bien du reste de la famille, ou ce qu'ils estimaient être bien, quitte à parfois imposer leur volonté. « Qu'en pensent les autres ? Numéro Deux, Numéro Trois. Ils n'ont pas cherché à te retrouver, eux aussi ? » N2 n'est pas aussi étouffant que son aîné, mais n'en reste pas moins hyper protecteur à l'égard des siens également. Le garçon d'acier peine donc à croire que seul le plus âgé des quatre l'ait traquée, mais il n'est pas impossible qu'il se trompe. « Est-ce qu'ils sont au courant de ce qu'il a fait ? Ça ne doit pas être facile pour eux non plus. » Un grand-frère qui décède, une petite-sœur qui fugue. Tout ça en un très court intervalle de temps. Cela peut commencer à faire beaucoup à supporter. Leur foyer est en train de s'éparpiller dans tous les sens. Et qui sait quels autres problèmes ils ont possiblement rencontrés avec les petits jeux de Brainiac, en plus de tout ça. « Ça commence à faire beaucoup de questions, désolé. » Et c'est à peine si son répertoire d'interrogations vient d'être entamé. Il y a encore tellement de points sur lesquels Kent a besoin d'être rassuré avant de s'autoriser à moins la couver. Il relâche son étreinte sur les doigts de N4 pour saisir son verre d'eau avec une main et continuer de mordre dans son muffin avec l'autre. Conner souhaite ainsi lui ainsi un peu de répit avant que l'interrogatoire ne reprenne de plus belle. « Ces muffins sont vraiment pas, tu peux être fière de toi. » La félicite-t-il entre deux bouchées, avec l'espoir qu'aborder un sujet plus heureux puisse l'aider à balayer l'énergie négative que la mort de Numéro Un a dû apporter dans la pièce. Ce n'est pas tous les jours qu'il complimente ouvertement les autres, alors elle a intérêt à apprécier cette petite attention.

(c) oxymort

caring too much is what I'm good at

ANALIA JONES & CONNER KENT

◊ ◊ ◊

Conner hoche la tête en silence. Inutile de s'attarder plus longuement sur ses frères restants si elle n'a plus de contacts avec eux. Puis son but n'est pas de remuer le couteau dans la plaie, l'événement doit déjà être assez douloureux comme ça pour qu'il vienne en plus la déranger avec toutes ses questions. Le demi-kryptonien quitte alors le canapé pour effectuer quelques pas dans le salon avant de s'arrêter devant une fenêtre. Le quartier a l'air plus accueillant que les bases militaires auxquelles elle était habituée. Ceci n'est pas tellement difficile aussi, il faut dire. Vu comment Analia semble déjà s'être habituée à la vie universitaire, nul doute qu'elle a déjà pris ses marques dans Brookfield Heights également. Sa fuite aura finalement eu de lourdes conséquences sur sa situation familiale, mais le jeune homme reste quand même heureux de la savoir loin des griffes de Waller. Un détail continue de le chiffonner néanmoins. « Tu m'as bien fait comprendre que t'enfuir n'était pas une option quand on était sur Terre-IV. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis entre-temps ? » Il lui a proposé de l'aider à disparaître quand ils étaient encore dans cet autre Londres et elle a refusé sous prétexte qu'elle craignait la réaction d'A.R.G.U.S qui s'ensuivrait. Il se souvient avoir insisté pour qu'elle le suive, avoir déballé tout un tas d'arguments qui ne l'ont finalement pas convaincue. Il a été difficile pour lui d'accepter sa décision. Il savait qu'elle souffrait, mais ne pouvait rien faire pour lui venir en aide si elle-même ne le lui demandait pas. Forcer la main aux autres n'est pas son genre. Pourtant, voilà qu'il apprend qu'elle s'est quand même échappée, au final. Et ça, il ne le comprend pas. Quel a été le déclic ? Qui a bien pu réussir là où lui a échoué ?

L'hybride dépose son verre vide sur la petite du salon, puis se remet à faire les cent pas dans la pièce. Un bras se place sous son torse, de sorte à pouvoir servir d'accoudoir au second et permettre à ses doigts de pincer l'arête de son nez. Ses yeux se ferment et il se remémore cette scène dans la forêt de Terre-IV, celle où Numéro Quatre lui explique les raisons qui l'empêchent de le suivre. Kent se souvient parfaitement de la frustration qu'il a ressentie en étant dans l'incapacité de lui venir en aide alors qu'elle se trouvait juste à côté de lui. L'étudiante l'a rassuré en lui affirmant qu'ils resteraient en contact, qu'il saurait quand les choses tourneraient au vinaigre pour elle. Ce n'est pas ce qui est arrivé. « Tu m'as promis de me tenir au courant, Analia. Tu m'as promis de ne rien tenter d'inconsidéré sans m'en parler avant. T'as pensé à ce qu'ils t'auraient fait si les choses avaient mal tourné ? » Et Kon-El s'y connaît en décisions non-planifiées. Sa manie d'agir sur un coup de tête lui est reprochée jusqu'à maintenant par certains de ses pairs. Elle lui a fait tout un speech pour lui faire comprendre à quel point s'enfuir sur un coup de tête comme il le lui avait proposé empirerait sa situation. Pourquoi l'a-t-elle dissuadé d'insister si c'est pour quand même réaliser son idée, mais sans lui ? Waller et ses sbires ne l'auraient probablement pas ratée si sa tentative d'évasion s'était soldée par un échec. Ils auraient sans doute usé de médicaments dont seuls eux connaissent la recette pour s'assurer que la rouquine se comporte comme une gentille petite soldate qui ne leur causerait plus de trouble. Ou peut-être auraient-ils eu recours à la torture pour lui faire oublier l'idée de recommencer. Cela n'aurait pas été joli à voir dans tous les cas et Superboy s'en serait encore plus voulu de ne pas l'avoir prise avec lui il y a six mois.

Il arrête sa petite ronde lorsqu'il se trouve face à son interlocutrice, éloigné d'elle par la table sur laquelle reposent les muffins restants. Analia doit maintenant bien connaître le regard qu'il lui lance, celui du grand-frère déçu qui n'a pas fini de la sermonner. « T'as foutu un sacré bordel à Metropolis et c'est seulement maintenant que je l'apprends. Pourquoi tu m'as tenu éloigné de tout ça ? » De toutes les choses qu'il a à lui reprocher, c'est sans doute cela qui l'énerve le plus. Conner aurait pensé être le premier appelé, celui sur lequel elle savait pouvoir compter pour l'aider à quitter sa base militaire. Il ignore ce qu'il aurait pu apporter de plus, mais il aurait forcément été plus utile qu'en se détendant à Smallville pendant que sa camarade jouait avec le danger.

(c) oxymort

caring too much is what I'm good at

ANALIA JONES & CONNER KENT

◊ ◊ ◊

Cela aurait été trop beau que l'autre rescapée de Cadmus l'écoute sans broncher. Ses justifications sont valables néanmoins. Ce n'est pas elle qui a orchestré son évasion et les choses semblent s'être enchaînées assez rapidement sans qu'elle n'ait le moindre contrôle dessus. « Ça va, ça va. » Il accompagne sa phrase d'un vague geste de la main. Cela lui fait bizarre d'être celui qui réprimande pour une fois. Il est généralement celui qui se fait taper sur les doigts, donc il ne s'y prend peut-être pas de la bonne manière. Analia expérimente un tas de nouvelles choses et le garçon d'acier souhaite juste que cela se passe de la meilleure des façons pour elle. Ce ne sera malheureusement pas le cas si elle continue de s'impliquer dans toutes les affaires qui font la une des journaux. « T'as été chanceuse cette fois-ci, mais ce ne sera pas toujours le cas. T'as intérêt à te montrer plus prudente tant que tu seras recherchée. » Et si ARGUS était parvenue à la retrouver en tombant sur des vidéos d'elle lors de l'attaque de Brainiac ? Qui les aurait empêchés de lui remettre la main dessus ? Puisqu'il ignorait qu'elle avait fui sa base de résidence, même Conner n'aurait pas pu se déplacer pour lui venir en aide. La benjamine de la fratrie Jones aurait été livrée à elle-même.

Ses remontrances terminées, Superboy se détend un peu en venant attraper un nouveau muffin sur le plateau. Chez qui d'autre aurait-il pu manger de si bonnes pâtisseries si ARGUS avait remis la main sur elle ? « Enfin, je dis ça, mais tu sembles déjà avoir eu ton lot de rencontres et d'aventures depuis. » Certains citoyens mettent des années avant de rencontrer les super-héros. Elle, elle peut déjà s'égosiller d'avoir croisé Shazam et Oliver Queen en quelques mois. Analia a sûrement aussi eu l'occasion d'échanger avec d'autres justiciers en participant à la défense de Central City. « Je devrais peut-être m'installer ici pour te surveiller et terminer tes muffins ? » Il baisse les yeux pour la regarder et observer sa réaction. Le clone n'est pas sérieux cette fois-ci. Lui-même n'aurait pas aimé être chaperonné de la sorte. Ils sont faits du même bois, tous les deux, donc il sait qu'il ne se produira rien de bon s'il lui impose trop d'interdits. En a-t-il la légitimité, qui plus est ? Aucun lien de parenté ne les attache, ils sont juste deux projets de Cadmus qui se sont rencontrés. Kent adopte un rôle que personne ne lui a donné, mais il ne peut pas s'en empêcher. C'est justement parce qu'il a été à sa place qu'il se sent responsable de Numéro Quatre. Puis les explications de la rousse le montrent bien : les problèmes viendront à elle si ce n'est pas elle qui va vers eux, donc autant la laisser respirer un peu. Tout ce qu'il souhaite, c'est qu'elle ne pousse pas sa chance trop loin, qu'elle ne se lance vers le danger que si on ne lui laisse pas d'autres choix.

Alors qu'il se replace sur le canapé, un détail évoqué plus tôt dans la journée finit par être traité par son cerveau. Trop occupé à l'enguirlander, il était passé à côté du fait que son interlocutrice possédait un géniteur assez particulier, elle aussi. Et qu'ils étaient en contact, visiblement. « J'ignorais que Deathstroke était ton père, d'ailleurs. Tu devrais prendre tes distances avec lui si tu cherches vraiment à faire profil bas. Il ne t'arrivera rien de bon si tu continues d'accepter ses cadeaux, crois-moi. » Et Conner sait très bien de quoi il parle. Deathstroke est celui qui a tué ses amis Titans après tout. Ce sont ses actions qui ont forcé Bart à maladroitement jouer avec le temps pour les sauver. Cela l'avait laissé dans un sale état. Tôt ou tard, quelque chose de mauvais se produira si elle continue de se servir de sa cachette. De vieux ennemis pourraient croire qu'ils travaillent ensemble et s'en prendre à elle en pensant que cela affecterait Slade. Même avec de très solides arguments de la part d'Analia, son avis ne changera pas. Le criminel borgne est un homme à éviter à tout prix, d'autant plus pour elle qui a enfin l'occasion de mener une vie loin de tout danger.

(c) oxymort

caring too much is what I'm good at

ANALIA JONES & CONNER KENT

◊ ◊ ◊

Le demi-kryptonien s'accoude au bord du canapé, le regard peu convaincu tourné vers Analia. Il hoche la tête pour faire mine d'approuver alors qu'ils savent l'un comme l'autre qu'elle ne tiendra pas sa promesse. Ils sont faits du même bois après tout, ce n'est pas en leur faisant la morale assis sur un fauteuil qu'ils changeront. Insister pour qu'elle soit plus vigilante ne le mènera à rien, Superboy aborde donc un autre sujet et sourit en entendant la réponse favorable de son interlocutrice. Il aurait plus pensé que celle-ci râlerait en écoutant sa fausse proposition, mais elle a plutôt réussi à le surprendre en retournant sa taquinerie contre lui. « T'es sûre de vouloir conclure un tel marché ? Tu risques de devoir piocher dans ton budget cafétéria si tu veux avoir assez de farine pour que je sois satisfait. » Ce ne devrait pas vraiment être un problème pour elle, vu sa récente source de revenus. Passer un pacte de ce genre n'était pas même vraiment nécessaire, Kent serait venu l'aider dans tous les cas. Il ne lui aurait sûrement pas laissé le choix non plus, il aurait suffi qu'elle lui annonce qu'elle a prévu de déplacer de nouveaux meubles pour qu'il lui impose de lui-même sa présence.

Un frisson parcourt son échine à l'évocation de ce qu'Analia aurait pu devenir si ses créateurs avaient réussi à mettre la main plus tôt sur des cellules kryptoniennes. « J'ose même pas imaginer ce que ça donnerait. » Rien de beau, ça c'est sûr. Le pire est que la rousse a raison. Cadmus l'aurait sûrement fait s'ils avaient obtenu l'ADN de Superman plus tôt. Cette dernière serait devenue une véritable abomination, au vu de la difficulté que manipuler le matériel génétique de Krypton représente. Ça, Kon-El est bien placé pour en parler. La plupart des autres répliques viables et venues avant lui de l'Homme d'Acier ont justement viré fou à cause de cela. Il aurait probablement partagé le même sort que ses douze frères s'il on n'avait pas décidé de lui rajouter des gènes humains pour stabiliser son organisme et le rendre sensiblement plus docile.

Conner ne peut s'empêcher de rire en voyant la tête qu'elle fait pendant qu'elle évoque ses nouvelles expériences avec la nourriture. L'hybride aurait donc payé très cher pour être présent au moment où Analia a mordu dans un burger bien gras pour la toute première fois. Il la comprend très bien, cela dit. Cela avait été pareil pour lui, manger s'était avéré être bien compliqué durant ses premiers mois d'indépendance. On s'y habitue, heureusement. « T'es libre de manger ce que tu veux dorénavant, mais fais quand même un effort pour varier ton alimentation. On devient vite accro à certaines choses. » Aussi fades soient-ils, les repas de Cadmus ont au moins l'avantage d'être sains et équilibrés. Ce n'est pas le besoin de goût qui dicte le contenu de l'assiette là-bas, mais plutôt l'apport nutritif transmis pour garder un soldat en bonne santé. Maintenant que l'on ne peut plus rien lui forcer à manger, il va falloir qu'elle trouve elle-même ses propres règles pour éviter de développer une addiction à la malbouffe et toutes les bêtises peu gastronomiques que l'être humain a inventées. « Cadmus, ARGUS, ... Tout ça appartient au passé. Il n'y a plus personne pour te dire comment vivre. » Pas même lui, quand bien même il aimerait rester derrière elle en permanence pour émettre un avis sur chacune de ses décisions et éviter qu'elle n'en prenne de mauvaises. « Quels sont tes projets maintenant que t'as le droit de penser par toi-même ? » Ce ne sont pas les options qui manquent avec l'argent que Queen lui fournit. Il lui est possible de se rendre là où elle le souhaite. Et dans les meilleurs conditions de voyage, qui plus est. Ou bien peut-être a-t-elle eu sa dose d'aventures et va-t-elle simplement profiter de sa nouvelle indépendance pour passer des week-ends entiers devant la télévision.

(c) oxymort