"There's something in the water" (Orm)

"It's creeping in, it's gonna get me by the end of the night I'm sinking deeper, still I'm reaching for the end of the light  ♪" J’attends ! s’agaçait Belladonna, la part la plus sombre de ton être. OÙ SONT-ILS ? Tu menaçais le commis -que tu avais surpris dans l’entrepôt- avec ton sabre. T’étais fatiguée, la colère te consumait et ce bien davantage après les récents évènements. Tous ces meurtres, ce temps passé à démonter pièce par pièce l’engrenage de la machine infernale de ce collectif sans visage, tu avais l’impression que ça n’avait servi à rien. Et tu passais tes nerfs sur cet homme, sans l’ombre d’un doute larbin de cette grande entreprise qui n’avait eut de cesse de te causer du tord. *** Tout ce que tu avais pu découvrir sur le peuple après ton enlèvement dans les Glades, les informations que tu avais dérobées avec Leonard, absolument tout avait conduit à des lieux disséminés dans le pays comme cette grande bâtisse. Tu avais cherché, traqué, analysé toutes les pistes avant de finalement décider de surveiller cet endroit pourvu d’étranges allées et venues. Enfin ce soir, tu avais décidé d’attaquer. Seulement, en arrivant à l’intérieur, tout était vide. L'entrepôt ressemblait à une carcasse évidée, ça et là de gros barils brûlaient encore : blindés de documents qu’il avait fallu détruire en urgence. Le personnel s’était évanoui, laissant les locaux que tu arpentais avec appréhension, dans un silence de mort. Ils étaient partis. Quelqu’un avait dû les alerter, ou bien toi-même tu étais bel et bien surveillée de près et n’avait jamais eut le moindre avantage ces derniers temps. T’avais fini par te dire que tout était calculé de A à Z, que tu suivais les miettes de pain qui te guidaient vers ta perte. Pauvre de toi, ridicule papillon de nuit attiré par le néon, tu te brûlerais les ailes avant d’embrasser pleinement la vengeance. Un sourire crispé s’empara de tes lèvres. T’avais pourtant pris soin de couvrir tes traces : c’était d’ailleurs déguisée en une autre femme que t’avais investi les lieux. Elle était plus petite, les cheveux longs et lisses, le teint de porcelaine, les yeux noirs et bridés, cette femme se glissait dans chacune des pièces en silence. C’est là que tu l’avais surpris : un jeune en train de refermer à l’aide de chaînes l’arrière du bâtiment, sur le qui-vive. *** Tu l’avais malmené, le charcutant avec ta lame dénuée de poison (il fallait qu’il reste en vie pour l’instant), mais il n’en avait pas démordu. Tu l’avais tout de même senti prêt à craquer, et ni le sang qui s’accumulait sur le béton autour de lui, ni ses insultes n’étaient parvenus à te décourager : au contraire. Tu sentais toujours plus profondément que tu coulais. Le gouffre -quoi qu’il pût représenter- s’approchait pour te tendre les bras. Est-ce que tu allais sombrer dans une folie dont tu ne pourrais pas réchapper ? Ou bien te transformer en un monstre qui sèmerait des cadavres ? Tu n’étais pas sûre d’avoir quelque chose à attendre de cette vie tant que tu ne te sentirais pas vengée. Le sang abreuvait la bête intérieure, la même qui avait bien faillit s’échapper lors de ton combat aux côtés de ton sauveteur dans les Glades. Et les gémissements de douleurs du type à tes pieds ne poussèrent qu’à l’envie de l'abîmer encore. Pourtant, tu lui accordais une pause. Une présence quelque part dans les murs éveilla tes sens. La pointe de ta lame reposait sur le sol, entre les jambes du jeune au corps de boxeur, juste assez prêt de ses bijoux de famille pour qu’il renonce à bouger. Tu attendis, dans la semi obscurité de l’entrepôt et, soudain tu eût cette certitude qu’on approchait. Le bruit derrière toi ne te laissa pas d’autre choix que de lâcher le commis pour faire tournoyer ton sabre en faisant volte-face. Le katana s’arrêta à quelques centimètres de la gorge de l’inconnu, et toi tu clignais des yeux, surprise. Tu en perdis instantanément ton apparence d’asiatique pour recouvrer la tienne, ta peau hâlée et tes yeux verts, ta personne sans nom et sans identité : ...Orm …? articulais-tu, pas bien sûre de ne pas être en face d’une sorte de mirage. Comme l’autre en profitait pour ramper, allant pour s’enfuir, tu te détournais de l’atlante pour décocher à ta victime un coup de pied dans la mâchoire, ce qui acheva de le faire tomber dans les vapes : il avait peut-être déjà aperçu ton visage, alors dans le doute... Qu’est-ce que vous fichez ici, je suis en train de travailler, lâchais-tu tout en attrapant le pied de Jack -ou quelque soit son nom- pour le tirer plus loin dans l’entrepôt. Il y avait là une chaise où tu le plaçais sans douceur avant de l’y attacher : bras dans le dos. Là, il ne bougerait plus. Tu revins vers Orm pour récupérer ton arme et en essuyer le sang avec une étole, puis tu la rangeais dans son fourreau. Tu savais que tu n’avais pas à prendre de gants devant lui et son passé criminellement fourni. Tu lui jetais un regard, certainement encore empli du feu vengeur qui t’animait depuis quelques semaines, plus ardent et destructeur qu’il ne l’avait jamais été. Pas d’yeux doux cette fois adressés à Ocean Master. Tu étais sobre et énervée de t’être fait devancer. D'un revers de main, t’essuyais le sang qui avait giclé sur ta joue : Il n’y a plus personne, si ce sont des fous en blouse que vous espériez trouver. Ces enfoirés ce sont tirés, et cet idiot n’a rien lâché encore, sifflais-tu en désignant le corps assommé sur sa chaise. Mais tu y arriverais : à le faire parler. Il le faudrait bien. Enfin, si tu ne mourrais pas avant de la main d’Orm Marius, pour ton abandon manifeste des convenances : J’avais pensé ne jamais vous revoir, il faut croire que vous n’avez qu’une parole, terminais-tu par admettre en te souvenant finalement de votre échange sur les laboratoires clandestins, et son offre de t’aider.

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Peu à peu, les pièces sur l'échiquier se mettent en place. Il y a encore un an tu étais tourmenté par ton errance, malgré le soutien inattendu que tu as trouvé chez une humaine qui a accepté de t'abriter chez elle sans jamais rien en retour, et te voilà maintenant sur le point de fonder un nouveau royaume. Il ne porte pas encore de nom, mais il est déjà porté par la volonté des laissés pour compte, des marginaux, des rejetés d'Atlantis. Tous ces parias oubliés dans les tréfonds de la cité pourront trouver un véritable foyer. Ces gens, tu ne vas pas prétendre le contraire, tu t'en fichais quand tu étais encore roi. Ils n’existaient pas. Ils ne méritaient pas ton attention. Mais maintenant que tu as touché du doigt cette même solitude, cette même impression d'abandon, tu vois les choses différemment. Bien sûr tu ne prétendras pas qu'il ne s'agit là que d'altruisme, pour fonder un royaume il faut obligatoirement des sujets, mais personne ne pourra t'enlever tout le chemin parcouru depuis ton époque de règne. T'as appris de tes erreurs, et t'as su tirer profit des fondations effondrées de ton existence. Parmi eux, il y a également tes partisans, ceux sur qui tu as toujours pu compter et qui n'ont eu de cesse de réclamer ton retour sur le trône. Ils ont tenté de renverser Arthur, ils ont essayé également de te faire sortir de prison, et c'est en toute logique qu'ils ont leur place à tes côtés. Pour l'heure, aucun rôle n'a été défini, il te reste encore tant à faire, tant à penser, et surtout tant à parler avec celle qui a également été ta partenaire et ton amie pendant ces longs mois, Layla. C'est elle à qui tu veux proposer la meilleure place, parce qu'elle lui revient de droit. Maintenant que tu as cette volonté, ces alliés, et surtout Lernaea, avatar du Clear lui-même, tu te sens inarrêtable. Ton ambition n'a jamais dérivée, tu as toujours pour unique objectif de sauver les océans, qu'importe le prix payer. Cette fois tu feras les choses différemment, mais tu resteras tout aussi intransigeants et sans pitiés envers les Hommes qui oseront salir ton environnement. Ocean Master va pleinement cohabiter avec Orm Marius, roi d'une nouvelle cité sous-marine.

Mais avant ça, il y a une chose que tu aimerais régler. Une aide proposée à une connaissance éphémère, une rencontre qui n'aura duré que quelques minutes mais qui t'aura quand même donné l'envie de t'impliquer dans cette quête. Ton premier acte en tant que nouveau roi sera de mettre un terme aux responsables des laboratoires expérimentaux qui se cachent un peu partout, et dont Jane a été la victime. La vengeance, tu la comprends plus que quiconque. Elle t'a habité pendant des années, elle t'a rongé inlassablement, et tu n'es clairement pas de ceux qui lui retire sa vertu. Tu sais qu'elle peut être salvatrice, et si tu peux l'offrir à cette fille, alors t'en serais sincèrement ravi. Avec l'aide de Lernaea, enfant élémentaire de l'océan qui a été longtemps enfermée dans une fosse, il t'a été plus facile de trouver des indices. Et tous les deux, vous avez remonté une piste fiable vers laquelle tu te diriges maintenant. Dressé de ton célèbre costume, tu arpentes l'intérieur du puant  entrepôt, surpris de ne trouver personne. Ou presque. Une silhouette se distingue peu à peu, alors que tes pas t'amènent vers elle. Tu ne pensais pas connaître cette femme aux élans visiblement revanchards – encore une – mais il n'a pas fallu longtemps avant que le masque ne tombe. Jane. Jane et un poisson dans ses filets. Elle est arrivée avant toi et elle a cueilli ce qu'il restait, un bon début. « Bonjour, Jane. » Tu lui adresses un sourire presque imperceptible, car surpris de la déranger dans ce qui s'apparente à une séance de torture. Curieux, tu l'observes s'adonner à une cruauté familière, guidée par la colère et la souffrance. Il y a quelque chose de fascinant dans la haine des autres, une douce sensation d'écho. « Surveillez votre ton. Vous m'avez l'air bien moins aimable quand vous êtes sobre. » Une pique savamment lancée pour répondre à son agacement de se sentir dérangée. Mais tu la comprends, tu t'amuses même de son étonnement de te voir ici. Bien évidemment que tu ne lui tiendras pas rigueur, mais tu aimes lui faire penser le contraire. Le goût du pouvoir, sans doute. On ne se refait pas.

Pour l'instant simple spectateur, tu continues de rester attentif à ses méthodes sans intervenir. Elles sont brutales et sanguinaires, mais seront-elles suffisantes ? Parfois, il ne suffit pas de s'attaquer au corps pour obtenir des réponses. Il faut s'en prendre au cœur. Trouver le point sensible et l'exploiter sans pitié. Tout le monde a des faiblesses, et souvent, il s'agit des gens que l'on aime. Est-ce que cet homme a une famille ? Il serait bon d'envisager de s'y attaquer, si c'est le cas. Enfin, une simple menace pour avoir des réponses, tu n'irais pas jusqu'à tuer des innocents. Bien que tu as appris que jamais personne n'est innocent, et encore moins les êtres humains. « Je n'ai pas que des défauts. » Mais c'est vrai, il y avait quand même une forte chance que tu oublies ta promesse, et tu ne lui en veux pas de l'avoir pensé. Maintenant que t'es là, autant que vous fassiez le travail ensemble. « Il finira par craquer. Il suffit d'être imaginatif. » Tu vois bien qu'il te fixe, que ta présence pourrait ajouter du poids dans les arguments musclés de Jane, mais pour l'instant tu préfères lui laisser toutes les cartes en main. C'est sa vengeance, si elle a besoin de l’exorciser, qu'elle le fasse. Tu n'empiéteras pas sur ton terrain si elle ne le veut pas. « Allez-y, je suis curieux de voir ce que vous avez dans le ventre. » Tu tapes bruyamment ton trident contre le sol. Juste au cas où. Un petit coup de pouce. Et qu'elle ne se retienne pas, pas de jugement ici.

AVENGEDINCHAINS

"It's creeping in, it's gonna get me by the end of the night I'm sinking deeper, still I'm reaching for the end of the light  ♪" Alors qu’il te menaçait sans sourciller, d’un ton grave et impérieux, un frisson désagréable dégringola le long de ton échine. Oui, toi qui t’étais prétendument accoutumée à croire que tu n’avais jamais eut peur de lui admettait sans le vouloir que c’était faux. Roi déchu marin, incarnation de tout ce que tu redoutais, puissance certainement mieux gérée que la tienne et rang supérieur, difficile de ne pas déglutir mais tu relevais le menton pour ne pas ployer. Il confirma malgré tout être venu dans les mêmes intentions que toi, et tu étais reconnaissante d’avoir ce type d’allié. Un sourcil réhaussé, tu plaçais une main sur ta hanche avec le moins de dédain que possible. Être imaginative hein ? Si seulement tu n’étais pas artiste dans l’âme tu l’aurais pris pour de la plaisanterie. Mais tu tournais la tête vers ta victime, qui avait repris conscience et vous regardait désormais tous les deux. Nouveau coup d’oeil à Orm et son costume impressionnant, qui était parvenu à se rendre jusqu’ici sans se faire remarquer. Le coup de trident résonna dans le large espace pollué, et ce fut dent serrées que tu répondis : Très bien. Sans te presser tu rejoignis l’homme sanguinolant, c’était ton tour de faire du bruit tandis que tes bottines foulaient le sol poussiéreux de l’entrepôt. Orm ne savait pas. Tu étais fatiguée. Avoir été obligée de fuir Central City après une tentative d’assassinat, ça n’avait pas aidé à calmer la rancœur sourde qui avait attendu toutes ces années. Tu fit craquer ton cou en soupirant avant de te tenir devant la chaise, droite, bras croisés. La douceur de ta voix contrasta violement avec les mots que tu finis par articuler à leur attention : De toute façon je n’ai encore coupé aucun membre, donc ça ne comptait pas vraiment. Si ? Jack suait. Et dans le bain de lumière lunaire, tout droit sortir d’un trou dans le plafond, tu pouvais voir à quel point sa peau était recouverte de poussière et de sang séché. La torture, il avait du la sortir mais il avait tenu bon. Tu fis la moue avant de te pencher sur lui : Tu sais, ce n’est pas mon genre de sectionner les doigts un par un. Le regard presque soulagé qu’il écarquilla ne dura qu’un bref instant : La main pour commencer ça me paraît bien, tu le contournais de ce fait, ignorant les suppliques ponctuées de “non” pour voir ses bras, attachés dans son dos. Tu posais les deux mains sur ses épaules, non sans enfoncer tes ongles dans ses trapèzes : Non ? Alors tu vas me dire qui avait pour objectif de me tuer, en novembre. QUI ? Il se contenta de se taire, ce qui te contraria davantage. T’attrapais le manche de ton katana pour le dégainer, et c’est sans grimacer que tu mis ta menace à exécution, sans te préoccuper des yeux bleus qui t’observaient. Le sang gicla et l’homme hurla tout son saoul tandis que tu reculais d’un pas, ton jean ruiné. Avec calme tu ramassais la main tranchée et tu la lui posais sur les genoux avant de te tourner vers Ocean Master : "Tout va bien, c’est assez aimable ?" pensas-tu. Presque comme en spectacle, presque comme sur scène t’avais l’impression de maîtriser le jeu. Lucarne jouant le rôle de projecteur, l'arme comme accessoire, l'agonie de l'homme comme musique. Mais Orm n’était pas un public ordinaire et l’objectif était on ne peut plus sérieux. Tu baissais les yeux vers les larmes amères qui ruisselaient le long des joues de celui qui -tu l’espérais- balancerait tout. Qu’ont-ils prévu de faire ensuite ? Et le peuple ? Comment ont-ils récupéré vos données ? Tu savais que tu ne parlais pas à un simple larbin, alors que son visage te revins en mémoire, inscrit dans les fichiers que Black Adam t'avais aidé à voler. L’homme trembla, éreinté, il tourna faiblement la tête vers l’atlante, mi-suppliant, mi-intrigué, dans l’expectative. Ceci eut le don de t’agacer, tu lui attrapais le menton pour le tourner vers toi et le forcer à te regarder dans les yeux : Sa majesté ne t’aidera pas. Et si tu ne dis rien, je vais laisser l’hémorragie faire son œuvre et tu mourras. Je...Je… Je ne veux pas mourir. Bien. Ils… On avait ordre de ne pas vous tuer à Central City, juste vous observer… On… Ils étaient au courant pour votre association avec le cambrioleur. Et… Ah ma main… Il faiblit et se mit à tourner de l’oeil. Non, non, non ! soufflais-tu, irritée. T’entrepris de le baffer mais tu te rendis à l’évidence que t’avais certainement fais une connerie, et tu te mis à panser son moignon, agacée. Il était inconscient et tu retins l’envie de crier toi aussi, frustrée. Mais, là encore, tu te retins, décidant d’employer ton énergie autrement alors. Tu t’adressais à ton confident de plage -oui, c’est comme ça que tu l’appelais mentalement alors : Comment êtes vous remonté jusqu’ici ? Ton attitude s’était sensiblement détendue et de nouveau t’allais à sa rencontre. Ces barges n’ont pas arrêtés de changer de place… Manière de dire, sans l'admettre, que trouver cet entrepôt avait été une tâche ardue et que tu étais impressionnée. Tu pris le temps de t’asseoir pour souffler, un œil sur l’homme, prête à intervenir dès qu’il se réveillerait. Mais tu accordais ton attention à Orm. Quelles rencontres bizarres. Quel lien étrange, et quels dialogues décousus. Tu ne sais pas à quoi tu t’étais attendue. T’avais remis les pieds sur la plage plusieurs nuits, dans l’idée que c’était là une routine mais la vérité c’était que tu avais guetté. Des trenchers, des nageurs tardifs, du bois flotté, n’importe quoi qui aurait pu s’extirper des profondeurs d’encre, sans rien y voir. Puis t’avais arrêté de venir. Enfin il y avait eu le casse qui s’était transformé en chasse à l’homme, pendant une longue période. Et tu avais été coincée loin de chez toi, à la fois traquée et en vacances, continuant tes recherches tout du long. Tu n’avais quand même pas oublié, cette rencontre insolite avec l’Atlante et son aveu de matricide. Les nerfs à vif, mais les envies de violence calmées, tu soufflais : Ok, je suis larguée. Je suis à court d’idées, et je n’ai pas l’habitude de les garder vivants. Tu levais tes yeux verts pour le regarder avant de pincer les lèvres, cela te coûta mais tu admis : Je crois que ça me plairait, de voir ce que vous appelez “être imaginatif”. Tu souris tout de même, purement, et ce malgré les atrocités que tu venais de commettre. Sur Terre, il n’y avait pas grand monde dans ton cercle de plus indiqué pour ce genre d’entreprise sanguinaire.

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Il y a une odeur particulière qui s'échappe de cet endroit et qui agresse tes narines. La peur, avant tout. Qui émane de l'homme attaché, mais aussi un peu d'elle. Est-ce qu'elle réalise maintenant que tu n'as rien d'un homme ordinaire ? Du moins, pas de ceux qu'elle l'habitude de manipuler. Ce n'est en rien ton arrogance habituelle, c'est un constat qu'il est aisé de dresser en tournant le regard vers ton passé. Ou ton présent. Prince d'une cité sous-marine et extraordinaire, couplé au titre de maître des océans. Tu espères qu'elle ne te méprendras plus avec ses précédents fréquentations, l'affront n'était pas loin. En plus de la peur, il y a aussi de l'excitation qui dérive en millier de particules émotives. L'excitation de prendre le dessus sur sa proie. La chasse est exaltante, tu le sais, tu la connais si bien, après être parti tant de fois à la poursuite de baleiniers. L'odeur de la mort t'est familière, et c'est bien de ça qu'il s'agit aujourd'hui. Ce savant mélange très particulier de plein de choses qui peut dérouter tout autant qu'intriguer. Mais si elle t'a sans aucun doute sous-estimé, tu veux bien admettre que tu en as fait tout autant. Tu lui as lancé ce défi pour la tester, mais tu n'imaginais qu'elle aurait le cran d'aller jusqu'au bout. Spectateur silencieux, tu restes impassible face aux cris de l'homme à sa merci. Et pas un seul de tes muscles ne tressaute quand la lame aiguisée s'abat sur sa chair déjà meurtrie. Ce qui ne signifie pas pour autant que tu n'éprouves rien. Difficile de rester indifférent face à la torture, surtout après avoir éprouvé un presque équivalent derrière les murs de Belle Reve. Jane ne se démonte pas, mais t'es prêt à parier que derrière cette apparence de contrôle absolue se cache en vérité une fébrilité évidente. Comment pourrait-il en être autrement ? Tu lui rends son regard, sans dévoiler ce qui se trame dans ton esprit tourmenté. Est-ce que tu es satisfait ? Oui, sans aucun doute. Et elle peut l'être tout autant, puisqu'elle est parvenue à te surprendre. Les pleurs, le sang, l'humidité de la pièce, la scène serait insoutenable pour beaucoup. Mais elle continue. Encore. Et encore. Il y a une cruauté inattendue qui se révèle, un aspect que tu n'avais pas anticipé.

La séance de torture touchant presque à sa fin – du moins, jusqu'à ce qu'il se réveille – tu portes désormais son attention sur Jane. Elle a donc été la cible d'une attaque, et c'est la pure et froide vengeance qui guide ses gestes aujourd'hui. C'est déroutant à quel point on en apprend plus sur les gens à travers leurs actes qu'à travers leurs mots. Elle te questionne, s'interroge sur comment t'es parvenu à retrouver leur trace, une curiosité que tu ne juges pas et à laquelle tu acceptes de céder. Pour cette fois. « L'océan recèle de nombreux secrets, et parfois, il accepte de les partager. » Une réponse bien énigmatique qui accompagne un sourire presque carnassier, ton air d'arrogant habituel. Tu as toi-même découvert ces laboratoires expérimentaux, où nombreux de tes congénères ont été torturés pour une science aliénée, et depuis lors, tu n'as eu de cesse de vouloir mettre un terme à leurs activités. Trouver les responsables n'a pas été simple, mais tu ne mens pas, au cœur de l'océan, les énigmes vont au gré du courant, et certaines parviennent jusqu'à tes oreilles. « Et puis, j'ai quelques fréquentations qui ont pu me donner un coup de main. » Tu parles de l'Injustice League et de certains de ses membres influents, capables de récupérer des informations à n'importe quel prix, y compris les plus secrètes. « Oh, vous arrêtez déjà ? » Tu prends un air faussement surpris et déçu par pure provocation, en vérité parfaitement conscient d'à quel point l'exercice est difficile. Toi-même tu ne prends pas plaisir à faire durer la séance, tu préfères de loin la brutalité. En finir vite et proprement. Là maintenant, il y a du sang absolument partout, ça fait désordre. Mais puisqu'elle tient à que le spectacle continue, tu veux bien essayer à ton tour. « Vous aimez faire le show autant que vous aimez le regarder ? » Véritable question, alors même que tu déposes ton trident précautionneusement au sol. Tu n'en auras pas besoin. Tout va aller très vite.

Tu t'approches de l'homme encore inconscient, et d'une pression maîtrisé tu malmène le nerf de son épaule pour l'obliger à revenir parmi vous. Il est en piteux état, il ne tiendra pas encore longtemps, ce qui signifie que tu n'as plus qu'une seule carte à jouer pour espérer obtenir les réponses que vous désirez. « Vous allez mourir. D'ici dix minutes. Ça vous laisse vraiment très peu de temps pour sauver votre femme et vos enfants. » Comment tu sais que cet homme a une famille ? Tu n'en sais rien. Mais en estimant son âge, et en voyant la bague qu'il porte à son doigt, le constat est plutôt simple à tirer. Et puis, n'est-ce pas une norme ici aussi, le mariage puis les enfants ? A voir ses traits passer de la souffrance à la peur, tu comprends vite que t'as tapé juste. « Par pitié, non... » « Ne perds pas de temps à supplier, et réponds simplement aux questions. Dix minutes. Si l'on obtient pas ce qu'on veut, ils subiront ce que tu viens de subir. Regarde-nous bien, est-ce qu'on te donne l'impression de bluffer ? » La démonstration au katana de Jane t'a grandement facilité la tâche, tu n'as plus qu'à terminer le boulot, le plus difficile a été fait, et ce, sans plus d'effusion de sang. « On travaille avec le Peuple, ils acceptent de nous donner des cobayes en échange de résultats. J'ignore qui ils sont et où ils se trouvent, mais nous, nous travaillons pour un homme qui s'appelle Max Schreck, un industriel de Gotham City, vous le trouverez facilement. Je sais pas ce qu'il veut faire, je le jure, je ne fais qu'exécuter les ordres parce que c'est bien payé... » Bien. Voilà qui est déjà bien assez. « Par pitié, épargnez ma femme et mes fils... » « Tu as ma parole. » Tu n'étais pas obligé de soulager sa conscience avant de partir, mais sans savoir pourquoi, tu as été pris d'un élan de compassion. Tu sais ce que ça fait que de tenir réellement à quelqu'un, et toi aussi tu serais prêt à tout. Tu portes maintenant ton regard sur Jane, si elle a d'autres questions, qu'elle ne se gêne pas c'est le moment. « Il est à toi. Fais ce que tu veux. » Sous-entendu qu'elle est libre d'abréger ses souffrances ou non.

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"It's creeping in, it's gonna get me by the end of the night I'm sinking deeper, still I'm reaching for the end of the light  ♪" Que de mystères, Orm Marius, glissais-tu d’un ton amusé et frustré à la fois. Pourquoi donc, rajouter à son charisme sans doute, se parer d’un voile épais pour paraître encore plus inaccessible possiblement. Tu soupirais. Qu’il était difficile de lire en lui, et ce même si vous aviez partagé beaucoup : l’atlante étant à ce jour l’être qui en connaissait certainement le plus sur toi. Ton passé et tes meurtres, tu les lui avais confiés sur un coup de tête, persuadée de ne plus re-croiser son chemin. Désormais tu ne savais plus quoi penser de cette décision hâtive. T’espérais ne pas avoir l’air plus faible à ses yeux, toi qui n’avais pas souvent cure de l’opinion d’autrui. D’un battement de cils las tu détaillais son visage, t’attardant sur son expression suffisante. Tu acquiesçais : oui tu lui laissais la main alors. T’en avais pour le moment fini. Sa question pourtant te laissa lui rendre son regard surpris, puis un sourire amusé se dessina lentement sur tes lèvres. Non, c’était mal te connaître que de penser que tu aimais laisser ta place à l’autre sur scène. Mais tu lui pardonnais, puisque jamais il ne t'avait vu là où était ta vraie place : sous les projecteurs. D’ailleurs cela n’arriverait sans doute jamais. Belladonna n’existait pas pour Ocean Master. C’est en suivant son geste des yeux, trident à terre que tu lui répondis à demi-mot, imitant son langage: Cette question n’existe que parce que vous ne connaissez rien encore de moi, mon cher. Tu n’avais pas honte, flirter pour mettre l’atlante mal à l’aise n’avait pas fonctionné la première fois, et cet endroit inadéquat rajoutait du ridicule à la situation. T’accoudais ton menton sur ton poignet pour devenir spectatrice à ton tour. N'étant plus qu’une paire d’yeux verts dans l’obscurité du hangar. Sa part d’ombre semblait affluer par tous les pores, et constater sa puissance ne le rendit à tes yeux que plus mythique. Qui était-il pour toi, sinon un personnage de conte ? Une entité sombre que t’avais crû avoir rêvé sur le rivage, un croque-mitaine marin, Nokken de l’atlantique. Ça serpentait dans tes entrailles, comme un constat paradoxal de ce que tu devrais éprouver pour un cas comme le sien. Il n’en était rien, t’en restait coite comme lors de votre première rencontre, à le contempler et le redouter sans savoir quelle était cette chose nouvelle qui te barrait l’estomac. Les aveux de l’homme te sortirent de ta rêverie. Marius ne devait pas en être à son coup d’essai tant les réponses fusaient, et ce qui sortit de la bouche du commis fut amplement suffisant. Tu gravais dans ta tête chaque mot de la petite frappe, bien plus au courant qu’elle ne l’avait dit, comme espéré. Ocean Master s’adressa alors à toi et c’est sans mot que tu te levais pour atteindre votre victime si peu innocente. Tu ne peux te défaire de ton insolente élégance, Jane, et c’est avec elle que tu t’emparais de ta lame pour la placer contre l’abdomen de l’homme sanguinolent. T’approchais de sa nuque pour murmurer : Oeil pour oeil Jack. Tu passeras le bonjour à tous les autres pour moi. Ton regard s’éteignit alors que tu pris appui sur le dossier de la chaise d’une main pour le transpercer de l’autre. Il n’y a pas de pitié, pas de compassion pour un énième monstre de son espèce. Tu posais le katana par terre près du trident avant d’atteindre ton sac en toile posé dans un coin. T’en tirais un jerrican d’essence que tu utilisais pour arroser le corps encore chaud du bougre, puis tu te postais là : Merci, adressais-tu à ta curieuse aide. T’allumais ta cigarette qui se mit à rougeoyer dans les ténèbres, t’étalant par mégarde un peu d’hémoglobine sur la joue : tes mains en étaient barbouillées. Il était plutôt rare que tes exécutions soient si salissantes, mais ça en avait valu la peine cette fois. Quelques bouffées seulement avant de jeter ta clope dans le tas, et la dépouille pris feu. C’est un peu plus brisée que tu jaugeais le brasier avant de tourner la tête vers le tempétueux roi déchu : Et maintenant ? T’appréciais son visage à sa juste valeur, éclairé par les flammes. Qu’avait-il pensé de toi ? Avait-il une image différente de ta personne à l’esprit ? Cruelle, sans doute que tu pouvais le paraître. Mais pour quelqu’un comme lui qui avait toutes les cartes en main pour entrevoir les raisons derrière les actes, ça ne pouvait qu’être compris, non ? Tu ne prenais pas plaisir à enlever la vie, c’était simplement nécessaire, acté. Pour survivre mais aussi pour empêcher de nuire encore : Allons-nous en avant qu’on ne remarque le feu, lui intimais-tu avant de te pencher pour ramasser l’impressionnante arme à trois dents et la tendre à son propriétaire, non sans fléchir sous son poids. En toute logique, c’est à vous de m’offrir à boire cette fois. T’empruntais le chemin de la sortie. De tes empreintes, ils ne retrouveraient rien : ta capacité de métamorphose avait été active tout le long, la pulpe de tes doigts imitant une matière plastique. Tu rangeais le sabre dans ton dos comme à l’accoutumée, prête à ce que l’atlante décline ton invitation.

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Une vie humaine ne tient qu'à un mince filet de chair. Un amas de muscles qu'il est si facile d’abîmer. Tu t'étonnes encore aujourd'hui de leur fragilité. Ils sont insignifiants, faibles, détestables, mais pourtant, tu dois admettre qu'il y a quelque chose de beau dans leur façon de sacrifier ce qu'ils ont de plus beau pour essayer de sauver ce qui compte le plus à leurs yeux. Là-dessus, tu peux aisément les comprendre, et sans éprouver de la compassion pour cet homme, tu ne peux qu'admirer ce courage qui fait souvent défaut à ses pairs. Toi-même tu as sacrifié ta propre mère pour sauver ta cité. Est-ce que tu serais prêt à y laisser également ta vie ? Fut un temps, quand tu n'avais absolument plus rien à perdre, tu aurais été capable de l'envisager. Absolument tout donner pour Atlantis, pour qu'elle puisse avoir une chance de sortir définitivement des griffes acérées de la race humaine. Mais maintenant, ta vision des choses a été modifiée par tout ce temps passé à la surface, à apprendre à te fondre dans la masse, puis à te reconstruire petit à petit sous les yeux de quelques âmes bienveillantes à ton égard. La rage qui t'habitait, et qui t'habite toujours quelque part, tu peux la ressentir chez Jane. A t-elle conscience que le chemin qu'elle emprunte ne la mènera nulle part ailleurs que vers une immense solitude et une rancune insatiable ? Ce n'est pas de la sagesse, seulement de l'expérience, et aussi un peu de stupidité parce que malgré ces évidences acquises, tu restes le prince déchu qui respire la colère et expire la vengeance. Tu es un être aussi imparfait que celui qui se trouve sur cette chaise, à la merci d'une femme qui cherche à rendre sa propre justice, et pour la première fois depuis votre rencontre étrange sur la plage, tu te sens proche d'elle. Pas physiquement ou intimement, simplement dans la similitude de ce qui vous habite et vous ronge, une gangrène que tu ne sais pas encore soigner. Et pour toi, l'Atlante le plus virulent des océans, c'est déjà pas mal, et elle devrait s'estimer satisfaite d'avoir au moins réussi à faire naître cette impression d'effet miroir inattendu. Après des années à t'être focalisé sur vos différences, voilà que tu commences à entrevoir vos similarités. Et en toute honnêteté, c'est un constat qui te déplaît fortement.

Sans surprise, la sentence fut l’exécution. Il aura au moins pu sauver sa famille avant de mourir, une faveur que tu rechignes à lui accorder, mais qu'est-ce qu'un roi s'il est incapable de tenir parole. Tu laisses ta partenaire terminer le travail, mettant ainsi fin à votre brève collaboration. Et maintenant ? Et bien, tu vas continuer de suivre la piste, pour mettre fin à cette immonde entreprise. Avec un nom, tu pourrais aisément remonter jusqu'au coupable. Ou du moins, à l'un des coupables. « Maintenant il reste encore du travail. » Qu'est-ce qu'elle s'imaginait ? Vous n'êtes pas amis, simplement deux personnes qui se sont retrouvées au même endroit au même moment avec un intérêt commun. C'est pourquoi tu restes surpris, alors que la pièce s'embrase, dévorée par les flammes, et que la métamorphe te propose une toute autre activité pour le restant de la soirée. Elle ne manque certainement pas d'audace, ça, tu ne peux pas lui retirer, et rien que pour ça, tu hésites un moment. « Je n'ai pas beaucoup de temps à accorder à ce genre d'activités. » Tu la suis, jusqu'à l'extérieur, sans donner une véritable réponse, réfléchissant à si oui ou non tu pourrais tirer quelque chose de cette proposition. Ce n'est pas un secret, tu n'aimes pas rester trop longtemps à la surface, encore moins dans des endroits bondés de monde avec une parfaite inconnue, mais l'idée est alléchante. Elle t'intrigue, et t'aimerais savoir ce qui se cache derrière tout ce mystère qui l'entoure. Tu as eu un aperçu la première fois, mais ce n'est pas suffisant. Une curiosité naturelle qui ne recèle aucune ambiguïté dans la démarche, tu n'es pas le genre d'homme à aller draguer dans des bars, c'est une conception bien trop humaine pour que tu y trouves le moindre intérêt. « C'est d'accord. Par contre, je n'ai pas d'argent de votre espèce, le verre reste à votre compte. » Quoi, comment ça t'es pas gentleman ? Elle t'a bien regardé ? Est-ce que t'es le genre d'Atlante qui collectionne les dollars ? Non. Si elle veut discuter avec toi autour d'un verre, elle le paiera pour vous deux. C'est évidemment à prendre ou à laisser.

Après un rapide aller-retour dans le cabanon de Layla pour enfiler une tenue plus passe-partout, tu retrouves Jane devant l'adresse du bar qu'elle t'a donnée. Des attroupements de gens avec des verres à la main se tiennent devant l'entrée, et déjà, tu entends la musique fortement désagréable s'échapper de l'intérieur. Quand ta partenaire te rejoint finalement, tu la suis jusqu'à votre table, l'air d'un homme qui n'a clairement pas envie d'être là, et dont les efforts sont gâchés par un air ronchon apparent. « Cet endroit est détestable. » Qu'elle ne le prenne pas personnellement, c'est juste ta révulsion pour ce genre de choses qui parle. Quoi que, il est vrai qu'en compagnie de Layla tu as eu l'occasion de parcourir quelques lieux sympathiques, sans être pour autant transcendants. Disons que tu fais de ton mieux pour t'habituer à la surface, et c'est plus facile quand s'agit de pizza quatre fromages que de bar bondé de gens avec les hormones en feu. Mais tu vas t'y faire. Ce n'est qu'une question de temps d'adaptation. « Pardon. Ce n'est pas un secret, je ne suis pas très à l'aise à la surface. » Pour cause, il y a quelques années tu avais pour projet certain de tous les noyer. Une envie de génocide qui s'est apaisée avec le temps, mais qu'ils évitent quand même de trop te chercher, la patience n'est pas compté comme l'une de tes qualités. Assis à votre table, tu fais de ton mieux pour retrouver un semblant de bonne humeur, aucun intérêt de dire oui si c'est pour faire la tête toute la soirée. « Pourquoi m'avoir invité ici ? » Pourquoi dans un bar et pas ailleurs ? C'est la curiosité à l'égard de son espèce qui parle, ils sont parfois tellement incompréhensibles qu'ils en deviennent fascinants. « Qu'est-ce que vous trouvez à ce genre d'endroits ? » Des questions que tu as déjà posé à Layla, mais ça t'intéresse de recueillir l'avis de plusieurs personnes.  

AVENGEDINCHAINS

"It's creeping in, it's gonna get me by the end of the night I'm sinking deeper, still I'm reaching for the end of the light  ♪" L’excuse du temps t’arracha une expression à mi-chemin entre le dépit et l’ennui, mais il ne servirait sans doute à rien de lui expliquer en quoi cette pause était un luxe que tu t’étais pas permis depuis de très longs mois. Manger une glace avec Zatanna cette fois-là avait été exceptionnel. Cela avait d’ailleurs réveillé ta soif de vengeance, alors que c’était sans nul doute l’inverse de son objectif. C’est si difficile de recevoir un rappel du passé, n’est-ce pas ? T’avais redoublé d’effort dès lors, et découvrir cet entrepôt vidé plus tôt avait anéanti beaucoup de travail de traque. Il n’y avait personne à rattraper et la piste obtenue grâce à lui mènerait à bien d’autres recherches. Donc, pour ce soir, c’était fini. Tu méritais ton verre, et il était exempté de laisser filer cette occasion de le boire accompagnée. Oh allez, y a certainement des choses que vous aimeriez oublier, non ? Comme tout le monde. T’avais tâché de le convaincre sans foi, mais avec un aplomb effronté. D’ordinaire, tu n’étais pas le genre qui invite à sortir mais t’avais saisi qu’Orm n’était rien de plus qu’une princesse qui se laissait désirer, qui exigeait. Si tu lui avais tout cédé la première fois, tu resserrerais la bride cette fois. Puis, Ocean Master accepta. T’arquais un sourcil, sans retenir une expiration amusée. Tu ne t’étais sans doute pas préparée à un deuxième tête-à-tête avec la furie des océans, et tu étais désormais prise de court. La surprise se transforma en une expression plus rayonnante, la chaleur se propagea dans ta poitrine malgré l’attitude ronchon de ton interlocuteur. Sans perdre la face, tu jouais l’œillade faussement contrariée, puis tu te remis à sourire avec un mouvement de tête entendu. Faisons comme si j’avais acheté un peu de votre temps alors. Le sous-entendu est cocasse, et ton esprit tordu se plut à imaginer un Ocean Master complètement différent. Mais les gens ne sont pas modifiables, et leur caractère échangeable à loisir. Tu n’en avais déjà pas espéré autant, alors tu n’en demanderais pas plus, pour le moment. Tu n’étais pas le type de femme qui se complaît dans la quête de l’inaccessible, et c’était exactement ce qu’incarnait Orm pour toi. Vous aviez fait les choses dans le désordre tous les deux : inconnus qui se font assez confiance pour se dévoiler et commettant désormais un crime ensemble. Pourquoi était-il allé jusque là, et ce alors que l’idée de sortir avec toi l’effarouchait. T’avais bien du mal à le cerner. *** T’avais fait un crochet par la petite location -ta planque-, déguisée de nouveau en asiatique. C’était sous ce visage que tu avais débarqué en ville, pour n’éveiller aucun soupçon, pour n’être remarqué par aucune caméra. Rapide nettoyage pour se débarasser du sang sur ta peau une fois à l’intérieur, t’avais enfilé une petite robe à sequins et un blouson avant de te transformer au détour d'une rue et de rejoindre Orm. Tu n’avais pas prévu de sortir en venant ici, mais il y avait toujours dans ta valise la panoplie de la femme normale, la tenue de celle qui ne viendrait pas de tuer quelqu’un par exemple. Si ton sac était fouillé, tu pouvais facilement prétendre être venue en vacances. T’atteignais le bar mains dans les poches, accueillant la mine déconfite de l’atlante avec un sourire ravi. Une fois à l’intérieur tu serpentait jusqu’à trouver un coin où vous asseoir avant de répondre à la foi à sa critique et à son aveu : Rassurez-vous, je n’avais pas l’intention de vous mettre mal à l’aise. Tu te penchais sur la carte des boissons avant de la lui donner. Mais c’était la moindre des choses, après m’avoir forcée à rester sous la pluie, au bord de l’eau. “Na” aurais-tu bien envie d’ajouter. Mais faire l’enfant ce soir-là ne t'apporterait rien. Tu avais simplement voulu lui signifier que tu te vengeais un peu à ta manière. T’avais été chercher vos verres avant de retourner t’asseoir sur la banquette en face de lui. Sous le bleu d’un néon, tu tapotais la table en rythme avec la musique avant d’être prise de court par sa question. Vous n’aviez rien qui se rapprochait d’un bar, à Atlantis ? Tu t’amusais du fait de connaître ce genre de détails, persuadée que tu serais encore moins dans ton élément que lui : au fin fond de l'océan, dans un monde où il était plus difficile de s’échapper. Ce que tu y trouvais ? Tu baissais les yeux vers les danseurs, puis sur le DJ avant de mettre un peu d’ordre dans tes cheveux : Hm… je crois que ça me rappelle la maison. Ce qui pourrait y ressembler plutôt, tu n’es pas certaine d’avoir déjà connu un endroit assez sécurisant pour que tu y dormes sur tes deux oreilles, un lieu où t’aurait envie de retourner une fois en voyage. Mais le spectacle et la foule avaient toujours eu cette place dans ta vie après le traumatisme d’avoir vécu en cage. Quand c’est vivant, que ça grouille, tu te fonds dans la masse Jane. Ces portes ouvertes te rassuraient, la joie sur les visages, le bruit, le monde, tout en faisait un univers où t’avais plaisir à plonger tête-bêche. Et puis, soyons honnête, t’étais bien moins angoissée que seule. Tes yeux revinrent se poser dans ceux de ton invité contraint: Et puis, c’est intéressant à observer. C’est comme une œuvre vivante, ça me grise. Tu lui souris sans penser à mal, ce fut léger mais sincère. T’avais d’ailleurs bien du mal à ne pas te sentir libre de parler avec lui. Sa connaissance de ton passé dans les grandes lignes facilitait ton ouverture : Est-ce que vous avez quelque chose qui vous fait cet effet ? demandais-tu avant de retirer ta veste. Un endroit, une personne ? Tu sirotais enfin ton verre, un Blue Mountain orné d’une paille en acier. Geste écologique qu’Orm manquerait peut-être de remarquer. Ce faux rendez-vous improvisé te mis presque le trac, tant il était inhabituel pour toi d’être assise à discuter avec quelqu’un, sans autre motif que d’en apprendre un peu plus sur l’autre. Des yeux aussi bleus que ta boisson perçaient les ténèbres, tant et si bien que tu hésitais à lui poser la première question qui t’étais venue à l’esprit en entrant dans ce bar : Pourquoi t’avoir suivi ?

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