Alexandra Winslow | If you can't face the wolves, don't go into the forest

Le 9 janvier 1987 fut le jour où j'avais découvert le monde pour la première fois. Smolensk, cette petite ville russe, était là où ma mère m'avait donné la vie. Ce fut à cet endroit que j'avais poussé mes premiers cris, mes premiers pleurs. Ce fut également ce jour là où mes parents étaient tous les deux émus pour la première fois.
Ce jour que je n'aurai jamais voulu oublier, mais qui avait pourtant disparu de ma mémoire à cause de mon bas âge.
Ce jour là, mon père était déjà à la tête de son entreprise. Une entreprise pharmaceutique dont je préférais oublier le nom, mais qui faisait frissonner tous ses concurrents. Tout n’y était pas toujours très net. Dès mon plus jeune âge, papa voyait que je possédais déjà un grand potentiel de leader. L'entreprise grandissait en même temps que moi, et un jour, il m’avait demandé de la renommer.
Zetrov, fut le nom que je lui avais donné. Et ce fut, ce jour là, le début des problèmes. Je disais sans cesse à mon père que je ne voulais pas de cette grandeur. J'avais essayé de le lui faire comprendre mais il ne voulait pas m'écouter. Je l'aimais, certes, mais je refusais de devenir comme lui. Une personne froide et sans cœur. Une meurtrière.  

Mon père avait beaucoup d'ennemis. Il n'avait même pas assez de doigts sur ses mains pour les compter. Je le croyais intouchable. Je nous croyais intouchable. Mais j'avais tord.
Je n'étais âgée que de seulement treize ans lorsque ce drame avait eu lieu. Je pouvais encore me souvenir de tous les détails. Je pouvais me souvenir de la chaleur des flammes près de moi. Je me souvenais de ma mère qui criait, et de ces coups de feu qui avait retentit. Je me souvenais de tout.
Une attaque avait eu lieu dans notre manoir. Je me trouvais à l'étage lorsqu'il y avait eu une explosion qui avait enflammé les murs. Je n'avais aucun moyen de prendre la fuite. Les fumées toxiques commençaient déjà à faire leur effet. J'avais peur. Que dire… J'étais même terrifiée. Je savais qu'à partir de ce soir là, rien ne serait plus comme avant. Mais je ne pouvais m'empêcher d'espérer. Mon père m'avait attrapé par le bras et m’avait tiré vers lui pour que je le suive. Mais il n'y avait pas ma mère. Personne ne savait où elle se trouvait. Il m'avait rapidement emmené dans l’une des chambres et m'avait obligé à me cacher sous le lit, ce que j’avais fait sans hésitation. Je voyais les flammes m'entourer. Cette fumée toxique entrait dans mes poumons un peu plus chaque seconde. Puis la porte avait fini par s'ouvrir.
Et deux coups de feu avaient retenti. J'avais essayé de crier, mais aucun son n’avait pu sortir de ma bouche. Je regardais mon père tomber sur le sol, et je ne pouvais rien faire pour lui venir en aide. Il avait prononcé mon prénom une dernière fois avant de s'éteindre. J'étais sous le choc.
Ce jour là, je m’étais  jurée de lui faire honneur, et de le venger, même si la mort était ce qui m'attendait. Une dernière larme coulait le long de ma joue, j'avais maintenant sa montre dans l'une de mes mains, puis mes yeux s’étaient doucement fermés. Je tombais dans l'inconscience.

À mon réveil, j'étais surprise de pouvoir constater que j'étais toujours en vie… Sauf que je n'étais plus chez moi. M’enfin après tout, ma demeure avait été réduite en cendre.
Lorsque je m'étais redressée, j'avais pu faire face à un homme. Son nom était Vladimir. Et je pouvais lire dans son regard toutes les mauvaises intentions qu'il avait à mon égard.
Il m'avait obligé à rester, et mon nouveau refuge était maintenant ce bordel. Un bordel… Voilà où j'avais fini lorsque j'avais treize ans. Et dès cet âge, il avait commencé à me faire prendre de l'héroïne pour pouvoir m'obliger à réaliser les fantasmes d'autres hommes, des pervers sexuels. Cette drogue était pour moi la seule raison de ma "coopération" dès lorsque j’en étais addicte. Plus il m'en donnait, plus j'en voulais.
Ce jour là, une nouvelle identité s'était offerte à moi. Tout le monde me croyait morte et s’ils savaient que j’étais en vie, je signerai sans doute mon arrêt de mort. Je ne pouvais donc plus être Aleksandra Mahnovski au risque de me faire tuer, alors j'avais décidé d'être maintenant Alex Winslow.

Les jours étaient longs. Vraiment très long. Jusqu'à-ce que Vladimir ne décide de nous déporter jusqu'aux Etats-Unis dans le but de gagner plus d'argent en trouvant plus de clients. Qui dit nouveau pays, dit nouveaux papiers. J’espère pour lui que ça en valait le coup…
Je ne m'étais jamais habituée à cette nouvelle vie. Plusieurs fois, j'avais tenté de fuir ou bien même d’en finir, mais il avait toujours réussi à m'en empêcher. Il ne voulait pas perdre l'une de ses meilleures filles. J'étais son joyau, me disait-il…

Jusqu’à-ce que j’y parvienne. Oui, j’avais enfin réussir à m’échapper du bordel. Après plus d’un an à sa merci, mes efforts n’avaient pas été vains. Je courrais sans jamais m’arrêter, je savais qu’il ferait tout pour me retrouver. Je courrais, mais j’étais en manque. Il me fallait ma dose. Et je me disais que ce n’était peut-être pas si terrible en échange d’une dose… Non, la drogue, le manque… Commençaient à me faire disjoncter, je devais trouver une autre solution. Il y avait forcément une autre solution…
Et après plusieurs jours à errer sous les ponts, la solution était venue à moi. Une femme, mince et élancée, des cheveux longs et noirs, un regard doux… Un regard qui reste gravé dans votre mémoire de par sa bonté et sa gentillesse.
Elle s’était approchée de moi et m’avait confessé que ça faisait plusieurs jours qu’elle avait remarqué ma détresse, qu’elle se voyait quelques années plus tôt. Elle voulait me venir en aide. Et c’est ce qu’elle avait fait.

Elle vivait dans la rue voisine, c’était sans doute pour cela qu’elle m’avait vu errer, seule, sans rien ni personne. Lorsque j’étais entrée dans l’appartement, j’ai eu la sensation que la vie me souriait enfin. C’était un endroit qui semblait à la fois chaleureux et accueillant. Le genre d'endroit où je n'avais pas été depuis longtemps. Elle me donnait une chance de pouvoir devenir ce que je voulais être, ou enfin… Qui je voulais être. Et je n'allais pas rater cette chance.
J'acceptais son aide. Je voulais bâtir mon futur, devenir quelqu'un. Elle connaissait mon potentiel. Et elle m’avait promit de rester à mes côtés quoi qu'il puisse arriver.
Nous étions maintenant à Washington DC, ville où elle était née, où elle avait toujours vécu. Elle voulait que je reste avec elle afin qu'elle puisse veiller sur moi.
La route fut longue pour me débarrasser de mon addiction à la drogue, mais elle connaissait visiblement une bonne technique. Une très bonne technique, même.


Les mois s'étaient écoulés rapidement. Et comme promis, elle allait m'aider à devenir quelqu'un. Alors nous avions commencé de durs entraînements au combat. Elle voulait que je puisse me défendre, tenir tête à Vladimir pour le jour où il arriverait à me retrouver. Nous avions commencé par les techniques de base, par le combat à mains nues. C'était difficile, elle était très forte, mais avec du temps, j'arrivais à suivre le rythme. Je savais que je ne pourrais jamais la surpasser, parce qu'après tout, un élève ne surpassera jamais son maître, même si je m'efforçais d'essayer. Je voulais devenir meilleure et elle me montrait que j’en étais capable.
S'en suivit les armes blanches… Malgré quelques égratignures, rien de grave bien évidemment, je commençais à en avoir une bonne maîtrise. Au fil du temps, j’avais même fini par exceller au lancé de couteau.
Et pour en finir avec tout cela, elle m'avait apprit le maniement des armes à feu. Elle m'avait apprit à contrôler le recul, à savoir viser correctement ainsi qu’à m'habituer au poids de l'arme pour enfin cesser de trembler telle une enfant.
Puis vint le jour où elle m'avait annoncé que j'étais prête. Que j'étais maintenant apte à me défendre seule, que je pouvais faire maintenant tout ce que je voulais sans qu'aucune de nous n'ai la peur que je me fasse tuer par une tierce personne mal intentionnée.
Tout cet entrainement avait pris des années. Quatre pour être exacte. J'avais aujourd'hui 19 ans. Je voulais faire le bien, sauver la vie des innocents en péril. Je voulais le faire pour moi, mais aussi pour mon père. Alors j'avais réussi à intégrer la D.C Police. J’étais déjà bien habituée aux efforts physiques, à courir des kilomètres sans m'arrêter, et j’allais maintenant apprendre à me battre pour sauver la vie d'autrui. C'était quelque chose qui me plaisait.

Quelques mois après mon intégration au D.C Police, le Capitaine m’avait présenté mon nouveau coéquipier, Sean Garvey. Malgré mon refus catégorique, il ne me laissait pas le choix. Je devais maintenant travailler avec cet homme. Tout le monde ici savait que je n'avais pas peur du danger, que je fonçais souvent tête baissée, que j'avais risqué ma vie plus d'une fois et surtout, que je préférais travailler seule. Sauf que  le Capitaine voulait que quelqu'un puisse changer ça, puisse faire attention à moi et m'empêcher de prendre de telles décisions. C’était la principale raison de pourquoi je n'aimais pas ce Sean. Il avait toujours des airs de Boy Scout, toujours prêt à faire ce qui était juste, et à m'empêcher de faire mon travail comme je le voulais.
Je n’avais encore aucune idée de ce qu’il adviendrait de cette relation tendu.

Avec le temps, et sûrement aussi le danger de nos interventions, j’avais fini par me rapprocher de lui, bien plus que je ne l’aurais voulu. Je commençais à développer des sentiments profonds envers lui. Nous étions très différents, mais il savait me canaliser. Lorsque je commençais à m’énerver, il avait toujours les mots pour me calmer. Il s’inquiétait sans cesse pour moi… Et moi pour lui.
Ce n’était qu'après quelques mois que nous pouvions nous considérer comme étant un couple.
Nous étions devenus très fusionnels, que ce soit au travail ou dans la vie quotidienne, nous étions toujours là l'un pour l'autre. Il était devenu ma raison de vivre.

Un jour, notre Capitaine était venu vers nous pour nous proposer une mutation dans une autre ville. Nous étions de très bons éléments, mais le crime de la capitale était en baisse et une autre communauté avait besoin de renforts. C’est ainsi que nous avions atterri à Central City.
Cette ville m’était si étrangère… Je n’arrivais pas à m’y sentir chez moi. Pendant deux ans, la seule chose que j’avais envie de faire était de retourner en Russie pendant au moins quelques mois. J’avais besoin de retrouver mes racines, de ne pas oublier qui j’étais. Je voulais voir ce qu’était advenu de ma maison, si elle avait été rachetée et restaurée ou si elle était toujours dans un état de ruines. Je voulais également me recueillir sur la tombe de mon père, j’en avais besoin… Alors, après en avoir discuté avec Sean, j’avais pris la décision de prendre un congé sabbatique après la mise en marche de l’accélérateur de particule, un évènement que je voulais voir de mes propres yeux.

Ce soir là fut d’ailleurs un soir très particulier. J’avais assisté au discours du Dr. Harrison Wells, May m’avait même rejoint pour l’occasion. Cependant, pendant l’allocution, je fus appelée pour une urgence au niveau des quais de la ville. Nous nous y étions donc rendues toutes les deux, elle ne voulait pas que je m’y retrouve seule, en cas de problème… Une fusillade était en cours et mes deux collègues qui étaient déjà sur place avaient trouvé la mort ce soir là. Par chance, ils avaient eu le temps d’appeler les renforts avant de se faire abattre. May et moi étions restées à couvert pendant un moment. Je n’avais qu’un seul chargeur sur moi, et je venais déjà de tirer six fois. Après quelques minutes d’échanges de tirs, je n’avais plus de balles, et eux non plus, Dieu merci. Mais ils refusaient de se rendre. Au nombre de quatre, ils nous tenaient tête, mais ils ne savaient pas à qui ils avaient à faire. Prise dans le feu de l’action, tout ce dont je me souviens, c’était d’un bruit sourd. Une explosion. Je pouvais voir May se prendre un dernier coup avant d’être envoyée contre un grand tableau électrique. Je pouvais l’entendre hurler lorsqu’elle se faisait électrocuter, seulement, au moment où je voulais tenter de lui venir en aide, quelque chose me projeta dans les airs et mon corps, inerte, coula dans la rivière qui traversait la ville.

À mon réveil, j’étais à l’hôpital, Sean était à mon chevet. Les renforts étaient arrivés au bon moment et il m’avait vu tomber dans l’eau. Quant à May… Elle était dans le coma. Les médecins étaient pessimistes quant au fait qu’elle puisse se réveiller un jour, après le choc électrique qui a traversé son corps. Elle était fortement brûlée à plusieurs endroits, des brûlures, des cicatrices, qui ne partiront sans doute jamais.

Cet évènement avait repoussé mon départ de quelques mois. May était toujours dans le coma, et je ne pouvais plus rien faire pour lui venir en aide. Sean était tout ce qu’il me restait…
Mais il fallait que je parte, ne serait-ce que quelques jours, je devais vider mon esprit, faire le deuil de mon père et éventuellement chercher des indices qui pourraient me dire qui était à l’origine de l’incendie et de son meurtre.

Lorsque j’étais arrivée dans mon pays d’origine, je pouvais constater que l’entreprise de papa était maintenant dirigée par un vieil ami de la famille. Dans un sens, j’en étais soulagée… Je ne m’attendais pas à ce qu’elle tombe entre de bonnes mains après tous les problèmes qu’elle nous a crée, à moi et à ma famille. Mais ce n’était pas ce qui m’importait le plus ce jour là. Non, la plus grosse surprise que je puisse avoir… C’était de voir notre manoir entièrement restauré et plein de vie. Celui qui avait récupéré l’entreprise s’était aussi octroyé le droit de rétablir notre demeure, comme si rien ne s’était jamais produit. Alors j’avais pris la décision de m’infiltrer. Je voulais voir ce qu’il en était réellement une fois à l’intérieur, surprendre des conversations, en savoir plus sur cet homme qui s’était permis de remplacer mon père.

Et c’était là que je l’avais vu. Ma mère…

Ma mère… Elle avait survécu à l'incendie, elle était ici depuis tout ce temps, et je ne le découvrais que maintenant.
Les larmes m’étaient montées aux yeux rien qu'en la voyant. Quant à elle… Et bien, elle semblait tout aussi surprise de me voir ici. Elle me croyait morte, disparue pour l’éternité.
Elle avait fini par s’approcher de moi afin de me prendre dans ses bras. Je ne pouvais plus retenir mes sanglots. Si j’avais su qu’elle était toujours en vie…

Malheureusement, nos retrouvailles furent brèves.
Un coup de feu avait retenti.
La douleur dans ma poitrine fut insupportable mais aucun son n’avait pu sortir de ma bouche.

Je reculais doucement en regardant ma mère. Son regard était rapidement devenu vide, terne. Elle m’a entrainé dans sa chute. J’avais essayé de la réveiller, en vain… La balle ne m’avait pas seulement touché… Elle m’avait en fait traversé puis avait terminé sa course dans la poitrine de ma mère. Dans son cœur.

Elle était morte.

L'adrénaline, mais surtout la colère que je ressentais, faisaient en sorte que je ne ressente aucune douleur quand à ma plaie.
J’étais prise d’une rage incommensurable. Une rage que je ne pouvais pas contrôler.
Le tireur était pétrifié après s’être rendu compte qu’il venait de tuer la femme de la maison, et moi… Je m’étais relevée, tête baissée, avant de me tourner vers lui. Mon regard glaçant l’avait fait réaliser qu’il n’allait pas survivre. Je ne contrôlais plus rien, et lorsque j’avais repris mes esprits, je pouvais le voir recracher de l'eau, étouffant, ne trouvant aucun moyen de respirer. Je le regardais mourir, droit dans les yeux, avant de me rendre vraiment compte de ce que je venais de faire. Il tomba à terre, c'était terminé.

Je venais de tuer un homme.

Je lâchais son corps inerte et regardais ensuite mes mains. Qu'étais-je devenue ? Et surtout, comment avais-je fait ça ? J’avais du sang sur les mains, et ce n’était pas le mien.

J’avais promis à Sean de ne rester que quelques semaines, mais les semaines s’étaient rapidement transformées en mois. J’étais meurtrie. De loin, J’avais observé les funérailles de ma mère. Je ne pouvais même pas lui rendre d’hommage cette journée là… Je ne pouvais plus risquer d’être la prochaine à mourir. Cette tristesse à l’intérieur s’était rapidement transformée en rage, mais la personne responsable était déjà morte. J’étais en colère contre le monde entier, mais surtout… Surtout contre moi-même. Si je n’étais pas venu en Russie, elle serait toujours en vie.

J’avais fini par refaire surface à Central City après trois longs mois d’absence. Sean ne comprenait pas ce soudain changement de comportement. J’étais froide, et toujours en colère. Une colère que je ne pouvais pas maîtriser et qui se ressentait dans chacune de mes interventions.
Mais ce qui avait réussi à m’apaiser un peu, c’était l’inattendu réveil de May. Elle était en vie, Dieu merci… En vie mais… Différente. Elle était devenue comme moi.
L’électricité qui avait parcouru son corps en ce soir d’octobre 2012 l’avait transformé. Elle pouvait maintenant contrôler l’énergie électrique, elle pouvait la créer. J’étais la seule à être au courant de son pouvoir, et elle était également la seule à l’être pour le mien.
Je pouvais contrôler l'eau, mais pas que...  J'avais la faculté de transformer la glace, ainsi que la vapeur, à l'état liquide.
Nous avions passé les mois suivants à nous entraîner à maîtriser ces capacités hors du commun, et plus le temps passait, plus nous devenions fortes. Cependant, cette aptitude était toujours principalement dirigée par mes sentiments négatifs malgré le temps qui était passé.
Mais nous n’étions pas les seules dans ce cas, d’autres personnes comme nous parcouraient les rues de la ville, la plupart n’étaient pas des enfants de cœur, ils ne cherchaient que le chaos.

Puis le 15 décembre 2013 arriva. Ce jour… Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Sean et moi étions en intervention jusqu’à-ce qu’une fusillade éclate soudainement. C’était une embuscade. Il y avait beaucoup d’échange de tirs et peu d’endroits où se mettre à couverts, alors j’avais entreprit de me rapprocher de celle qui semblait diriger le groupe pendant que Sean faisait diversion. J’avais réussi à la désarmer, mais suite à ça, elle m’avait repoussé en m’infligeant un coup de poing au visage. Pendant que je reprenais mes esprits, elle s’était saisit d’une nouvelle arme et tirait en aveugle. J’avais été obligée de l’abattre. Une fois à terre, les trois autres malfrats avaient fini par se rendre, puis les renforts arrivèrent.
Nous avions attendu l’arrivée du médecin légiste afin qu’il prenne en charge le corps. Nous devions rendre un rapport sur ce qu’il s’était passé, et pendant que je discutais avec le Capitaine, je pouvais remarquer du coin de l’œil que Sean n’avait pas l’air très en forme. Il pensait qu’une de ses côtes était cassée, mais j’étais dubitative.
Nous nous étions assis sur des marches d’escaliers, et il m’avait avoué qu’il avait vraiment besoin comprendre ce qui n’allait pas chez moi. Alors j’avais décidé de lui parler enfin de ma mère, ainsi que de mes pouvoirs. Je ne voulais plus lui mentir. J’avais bien cru que j’allais le perdre ce jour là et je me devais de lui dire qui j’étais vraiment. Je me devais de lui faire comprendre pourquoi j’étais si différente depuis mon retour.
Après notre longue discussion, nous nous étions levés afin de l’emmener voir un médecin, mais après quelques pas, s'écroula sur le sol. C’était en soulevant son pull que j’avais pu me rendre compte du réel problème. Il avait reçu une balle… Et elle s'était logée au niveau de son abdomen en sectionnant au passage une artère principale, ce qui avait crée une hémorragie interne.
Je ne pouvais rien faire.
Même mes pouvoirs m'étaient inutiles.
La balle n'étant pas ressortie, rien de ce que je pourrais faire ne le sauverait.
Sept ans… Plus de sept années qui partaient en fumé.
Sean était devenu la personne qui m'importait le plus. Il était la seule raison pour laquelle je n’avais pas sombré dans cette noirceur qui me tendait les bras tous les jours.
Nous avions des projets. Nous voulions construire tant de choses ensembles, nous voulions fonder une famille.
Je ne voulais pas le perdre. Je ne pouvais pas le perdre. Pas lui. Pas maintenant. Pas après tout ça… Je voyais qu’il ne pouvait plus lutter contre la mort, alors j’avais fini par l'embrasser une dernière fois, et c'était terminé. Son pouls s'était arrêté. Je me sentais si faible, si abattue. J'ignorais si je pourrais faire face à cette nouvelle perte. J'ignorais si je pourrais m'en remettre après tout ça.

J’avais alors fait une pause. Une pause dans mon travail. Une pause dans ma vie. J’en avais besoin. J’avais promis à Sean de rester dans le droit chemin, juste avant son dernier souffle. Il ne voulait pas que sa mort me transforme, il ne voulait pas que je devienne comme toutes les personnes que nous pourchassions tous les jours. C’était difficile. Je m’étais isolée pendant un long moment.
Je m’étais complètement coupée du monde, coupée de May. J’avais besoin de me retrouver seule avec moi-même.
Un mois à peine après la mort de Sean, j’avais commencé à remarquer quelques changements sur mon corps. Des changements qui… J’avais besoin de faire un test, de me faire examiner, il fallait que je comprenne.

J’étais enceinte. Malgré les contraceptions, j’avais réussi à tomber enceinte.
La lumière au bout du tunnel.
Ça faisait déjà quatre mois que cette vie poussait à l’intérieur de moi. J’avais l’impression que le destin me souriait enfin à nouveau. May fut la première personne au courant, elle voulait être là pour moi, me soutenir à chaque étape que j’allais passer. C’était ainsi qu’elle avait emménagé avec moi.
Ce miracle ne m’avait pas fait oublier mon douloureux passé, mais il m’avait aidé à mieux le supporter. La mort de Sean était pourtant toujours la blessure la plus pénible, je ne cessais d’y songer chaque jour. Mais dès lorsque je voyais l’échographie, mon cœur arrêtait de battre. Le bonheur que je ressentais était incommensurable. C’était une fille. Une petite fille… Et elle était la preuve que Sean fera toujours parti de moi, de nous.
Lorsque j’avais enfin tenu ce bébé, le 13 juin 2014, j’étais si émue. Je ne pouvais pas rêver mieux, hormis la présence de son père. May était présente, si heureuse pour moi, pour nous. Je savais que je pourrais compter sur elle jusqu’à la fin. J’avais l’immense honneur de lui présenter Maddison Garvey-Winslow dit Maddy.



Un an et demi après la naissance de ma fille, la Terre s’était faite attaquer pas des extraterrestres. Heureusement, l’attaque n’avait pas duré plus d’un mois et j’étais forte heureuse de constater que j’avais bien fait de prendre des vacances avec Maddy sur un autre continent : la Russie. Nous étions certainement plus à l’abri dans ma ville natale qu’à Central City.

2017 fut une année éprouvante. Maddy n’avait que trois ans, et elle avait déjà dû assister à des drames. Entre les attaques à Central City en mars, les attaques des méta-humains à travers tout le pays, dont principalement Washington que j’étais heureuse d’avoir quitté à ce moment là, en avril, et l’humanité plongé dans l’obscurité totale depuis le mois de juillet… C’était de véritables épreuves pour nous. Il y avait également eu un système de recensement pour les personnes comme May et moi, mais ça ne nous avait pas empêché de rester dans l’ombre. Personne n’a jamais su ce qu’on était, et personne ne le saura jamais.
La nuit éternelle avait duré plus de six mois. Il faisait si froid… Enfin, moi j’arrivais à le gérer grâce à mes pouvoirs, mais ma pauvre Maddy… Je la surveillais constamment, je la réchauffais sans cesse, j’avais peur qu’elle ne survive pas. Malheureusement pour les Forces de l’Ordre, je ne pouvais pas leur venir en aide face à la hausse de criminalité, et ce n’était certainement pas moi qui ferais une différence de toute façon. Ma fille était ma priorité. Après tout ce que j’avais traversé par le passé, je me devais de protéger la chose la plus précieuse à mes yeux avant tout.

En 2019, le monde avait sombré dans la folie. J’étais prise par une colère que je ne pouvais pas contrôler. Une colère qui avait duré plus de deux mois et qui m’avait fait faire des choses atroces. Je ne rentrerai pas dans les détails… Mais j’avais tué des gens. Plus que je ne pourrais compter sur les doigts d’une main. C’était une période de ma vie que je préférais oublier. Fort heureusement, je n’avais pas touché à la chair de ma chair, et cette sombre période était maintenant derrière nous.
Après cet incident, j’avais longuement hésité à quitter la ville, pensant qu’elle était maudite. Et ce qu’il s’était passé en octobre 2020 me l’avait bien confirmé.
Une nouvelle attaque extraterrestre avait eu lieu, et je remerciais le ciel de nous avoir donné des pouvoirs à May et moi afin d’être capable de protéger Maddy. Heureusement, cette attaque fut de courte durée et nous étions toutes les trois saines et sauves.
Puis récemment, j’avais lu dans le Daily Planet, après que ce soit passé aux infos, qu’ils avaient relayés les identités secrètes de nombreux héros, ainsi que de méta-humains. Par chance, mon nom n’était pas cité. J’avais certainement bien fait de ne jamais me recenser en tant que méta-humaine, surtout lorsque je pouvais voir ce à quoi ils devaient tous faire face aujourd’hui.

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