Ne jamais se fier aux apparences

☆ Deux semaines plus tôt ☆

Il n’y avait nul lieu où se cacher. Nous étions tous à découvert. Qui aurait penser que l’archer vert de Star City allait se pointer dans notre belle ville pour y semer le chaos. Car c’est bien cela que je vivais en cet instant, une scène de terreur au sein de Central City.
Nous nous étions posés à la terrasse d’un café en cette chaude soirée d’été et le soleil venait tout juste de coucher quand on vit la première explosion sur la hauteur d’un des buildings de la ville à seulement quelques mètres de nous. Tout le monde s’était aplatit au sol, les mains dessus la tête en espérant ne pas recevoir un débris de l’explosion.  Puis ce fut la panique et tout le monde se mit à courir dans tous les sens, dans un seul espoir… la survie.
Comme tout à chacun, je me mis à courir moi aussi mais pas dans le sens de la foule. Je mis à courir en direction du building en flamme. A l’ombre d’un bâtiment, je m’arrêtais et regardais l’épais anneau rose à ma main droite, alors l’énergie de l’anneau de pouvoir m’envahit. Et un éclair rose traversa le ciel de Central City.
Au-dessus, du bâtiment dont les flammes commençaient à ronger les étages, je fus arrêtée par une flèche qui passa si près de moi que… Elle n’avait pas été tirée pour me blesser mais pour attirer mon attention sur une sombre silhouette sur le bord de la corniche, dont l’arc bandé était dirigé dans ma direction. Le costume était sombre, d’un vert si sombre. Et l’homme sous la capuche ne cessait de me sourire d’une grimace sadique. Mais ce qui me frappa le plus ce fut ses yeux : d’un marron noisette si particulier.
Je me précipitais vers l’inconnu pour me confronter à lui, mais alors que j’étais à son approche un épais brouillard m’enveloppa. L’archer avait disparu.


☆ De nos jours, laboratoire scientifique du CCPD ☆

L’archer menaçait la ville depuis des semaines et je ne parvenais pas à retrouver sa trace. Seule dans le laboratoire scientifique, alors que Barry était je ne sais où, j’essayais de regrouper les indices. Quand on s’attaquait à un archer, il fallait remonter à la base de l’histoire. Et mes amis du département de police de Star City avaient eu l’amabilité de m’envoyer l’ensemble de leurs informations qu’ils avaient sur Green Arrow. L’homme que j’avais vu sur le toit, deux semaines plus tôt avait un costume trait pour trait semblable à celui de l’archer vert sur les photos les plus récentes que l’on avait eu de lui. Ce qui ne faisait que renforcer la conviction que les deux individus ne faisaient qu’un. Nous étions de plus en plus nombreux en croire en cela… sauf Barry qui ne démordait pas à l’idée que c’était inimaginable. Mon collègue avait beau être brillant, mais il idolâtrait beaucoup trop les héros pour être objectif ; Arrow était de la même trempe que le Bat de Gotham… des loups se cachant sous des masques pour dissimuler leurs natures de loups.
Dans ce foutoir de recherches dont les indices ne se démêlaient pas, en ce soir où je commençais à perdre patience, je ne m’attendais pas à ce qu’une voix ne s’éveille au milieu des ténèbres. Susan Lawton. Je fis plusieurs pas en arrière après avoir émis un petit hurlement. J’avais relevé les poings devant moi et ma bague luisait légèrement, comme si elle s’apprêtait à s’activer au moindre mouvement. Alors au milieu des ombres, je le vis.
L’archer se tenait à quelques pas de moi, au sein même du laboratoire d’analyse scientifique du département de police de Central City. L’univers avait un sens de l’humour à chier quand même. L’homme que je traquais dont je cherchais à déterminer l’identité dans le cadre de mon enquête se tenait devant moi… tout du moins, le suspect. Je n’avais pas d’armes sur moi, mis à part mon anneau, mais je ne désirais pas informer le suspect de mon identité de Star Sapphire. Dans la plus grande surprise, il me tendit un échantillon J'ai besoin de vos services . Je le regardais, comme j’aurais regardé n’importe qui d’autre qui venait de mes prendre par surprise. Avec un peu de haine et de colère, et surtout de curiosité. Que devais-je faire… je n’allais pas avoir de secondes chances et mon cerveau tourbillonnait à tout rompre.
Il ne pouvait pas savoir que j’étais la femme en rose au-dessus du toit car mon propre visage avait été masqué. Il venait donc à moi dans l’ignorance de mon identité. Et je devais profiter de ces quelques minutes de contact pour avoir des réponses à mes questions. Je devais tout faire pour avoir une petite chance d’obtenir son ADN.
Vous êtes bien loin de chez vous ! dis-je d’un ton hautain avant de faire quelques pas dans sa direction en restant hors de sa portée. Mais sans son coin sombre, même à cette distance, j’avais du mal à le distinguer. Hmmm… Vous êtes trop loin de vos ressources et vous avez besoin que je vous dépanne. Est-ce cela ? Je n’attendis pas de réponse de sa part et tendit la main dans sa direction ou plutôt dans celle du sac pour venir le chercher. Je vins à lui. Jusqu’à ce que je puisse mettre la main sur l’échantillon. C’était le moment ou jamais, et je me mis à scruter ses traits. Il n’y avait pas de sourire maléfique sur ses traits, il était affreusement sérieux. Mais ce n’est pas cela qui me rendit perplexe, à nouveau, ce fut ses yeux. D’un bleu clair transperçant. Avais-je mal vu ? Ou l’homme qui se tenait devant moi, n’était pas celui que je traquais ?
Je pris le paquet de sa main et lui tourna le dos pour observer l’échantillon à la lumière. Que désirez-vous en obtenir plus précisément ? Voulez-vous une information précise ou une analyse complète ? Car dans l’un des cas, je vous conseillerais de prendre un café pour attendre.
J’attendais. Je devais gagner du temps. Même si je n’étais plus très certaine que l’homme du toit fût celui qui était devant moi… Le Green Arrow ne valait pas mieux que le Bat ! Il était toujours bon de savoir qui se cachait sous le masque. Et peut-être avais-je mal vu sur le toit. En attendant, je ne parvenais pas à arracher mes pensées des yeux de l’homme qui se tenait devant moi. Car tout au fond de moi une petite lumière s’était allumée pour me dire que j’avais déjà vu ces yeux-là par le passé.

Respire Suzie… Respire ! Ça fait beaucoup d’informations d’un coup, je sais. Mais tu dois reprendre le dessus sur tes émotions… Respire Susan, maintenant ! M’avait un jour dit Miri Riam alors que nous étions sur Zamaron. Je n’aurais jamais cru que ces quelques mots deviendraient mon mantra. Que je me remémorerais ses paroles pendant mes quelques instants de panique. Il fallait que j’ordonne mes pensées et que je détermine un plan.

Premièrement, l’Archer Vert se tenait dans mon bureau, dans le département de police de Central City et me demandait de l’aide. Deuxièmement, il me demandait de l’aide pour retrouver la trace d’un psychopathe dont je pensais qu’il était l’entité. Troisièmement, il serait aberrant qu’il me demande de se retrouver lui-même, d’autant plus que j’ai pu les observer l’un et l’autre, et que leur regard n’est en rien similaire. Quatrièmement, ce n’est pas parce que l’homme, ici présent, dans mon bureau, n’est pas l’homme que je recherche que je ne vais pas trouver un moyen de déterminer son identité. Quiconque pourrait entendre mes pensées, pourrait penser que je suis folle de vouloir faire ça. Pourquoi vouloir faire une telle chose ? Parce que je n’avais confiance ni en l’Archer du toit, ni en celui qui me faisait face. Et que j’avais en ma disposition, bien des ressources pour identifier l’homme sous le masque.

Cinquièmement, il me fallait un plan. Mais comment faire ? J’observais l’échantillon de sang dans ma main, dont j’étais sur le point d’extraire une goutte pour le placer dans l’appareil d’analyse de génome associé à un séquenceur d’ADN. Une goutte de sang et une demi-heure de temps était nécessaire pour obtenir les premiers résultats. Mais à côté, je vis l’anneau de pouvoir magenta. Je pouvais m’en servir contre lui, mais pas frontalement. Même s’il était « théoriquement » sans pouvoir, il n’en demeurait pas moins dangereux. Je devais trouver une solution pour obtenir son génome sans qu’il ne s’en rende compte. Il me fallait quelque chose de petit, de fin, d’autonome, de quasiment indétectable à la vue. J’eus alors la vision d’un… moustique. Cela peut paraitre aberrant certes, mais ces animaux sont souvent imperceptibles jusqu’à ce qu’il pique et parfois même il est trop tard pour les tuer. Même si un moustique légèrement rose se promenait dans le laboratoire qui pourrait croire à une construction plutôt qu’à un être naturel. En vérité, je n’avais pas vraiment le choix sur une manière d’obtenir son ADN, il était emballé de latex de la tête au pied. Il n’y avait que sa gorge et son visage qui soit accessible et dans cette configuration, je doutais qu’il y ait suffisamment de peau morte et de cheveux tombant au sol que je pourrais tenter de récupérer après son passage. Bref… autant avouer que je n’avais pas le choix sur la démarche à adopter.

Je pris une micro-seringue pour prélever la goutte de sang avant de la placer dans un capillaire pour l’analyse. Alors que je glissais le fin tube de verre dans l’analyseur, j’écoutais ce que me racontait cet individu de sa voix déformée. Notre inconnu serait un métahumain, j’étais assez surprise par ses propos, pourquoi un méta aurait désiré prendre l’identité de l’Archer Vert ? Quelle était sa capacité intrinsèque ? J’avais beau réfléchir il y avait des dizaines de possibilités. Mais dans l’immédiat et sans plus d’informations, j’avais un plan plus important à mettre en œuvre que de tergiverser sur notre inconnu. Alors que je tournais le dos à l’Archer, une minuscule construction sortit de l’anneau. Elle était si petit qu’il fallait jouer sur les effets de lumières pour l’apercevoir réellement. J’espérais que ça allait fonctionner alors que l’insecte s’envolait dans la pièce… J’essayais de ne penser qu’à elle et à la meilleure façon de la faire aborder sa cible. Vous avez déjà étudié les méta-humains ? Ces quelques mots captèrent mon regard, mais mes pensées restèrent accrocher au moustique rose voletant dans le laboratoire. J’appuyais sur la machine pour lancer l’analyse.

Je me retournais vers lui avant de me diriger un peu plus loin vers une machine à expresso. Voyez-vous, Monsieur… l’Archer, quand on vit à Central City, les métahumains sont notre lot quotidien ! Un peu comme les psychopathes à Gotham ou les extraterrestres à Métropolis. On ne peut pas avoir une place dans ces locaux qu’en étant bien informé sur le sujet. Mon collègue Barry a dû apprendre sur le tas, mais comme je suis arrivée ici après les événements de Star Lab j’ai dû me spécialiser au préalable. Ce qui fait de moi une experte. Je pris une tasse que je glissais sous la machine et appuyais sur le bouton pour faire couler le chaleureux mets. En parlant de méta, qu’est-ce qui vous fais penser que notre homme en est un ? Rien nous a fait remarquer jusqu’à présent que ce soit une possibilité ! Rien mis à part sa surprenante disparition sur le toit. Le café coulé, je le pris et le mis de côté avant de prendre une autre tasse pour l’agiter devant le nez de mon hôte.

Un café ? A moins que votre rôle de justicier, ne vous empêche de patienter avec un bon café ? Demandais-je alors que ma construction s’approchait dangereusement de l’Archer Vert. Si le moustique ne prenait pas son sang et qu’il acceptait le café, j’avais peut-être une chance de récolter son ADN. Mais en toute vérité…. Je n’y croyais pas vraiment !